La deuxième édition des Carrelets de Garonne aura lieu samedi. L'épreuve de nage en eau vive se déroulera ce samedi. L'occasion de revenir sur un exploit, celui de Louis Lourmais, qui, avec sa femme Liliane, a nagé en 1963 dans les eaux de la Garonne durant 300 km de Toulouse à Bordeaux en passant par La Réole

La nage en eau vive serait apparue à la fin des années 1950 avec Louis Lourmais, qui descendit le Saint-Laurent, le Rhin, mais aussi la Garonne, de Toulouse à Bordeaux sur 300 km. Les Archives de « Sud Ouest » ont conservé les traces de cet exploit réalisé en plein hiver 1963 par le couple de nageurs, Louis et Liliane Lourmais.

Il leur aura fallu cinquante six heures d’effort dans une eau glaciale pour rejoindre Bordeaux. Louis Lourmais, dit « l’homme grenouille » s’arrêta, une nuit, à La Réole, vaincu par le froid. Quant à sa femme, Liliane, « blême de fatigue et de froid, elle dut être arrosée d’eau chaude », raconte le journal « ».

Le couple de nageurs termina son expédition, en apothéose sous les acclamations de dizaines de milliers de personnes. « Toute proportion de taille gardée, le “Normandie” n’eut pas plus belle entrée dans le port de New York », conclut le journaliste de l’époque, qui décrit sans modération le calvaire enduré par Louis Lourmais. Le martyre commence à La Réole, à cause d’une combinaison neuve, trop petite , qui obligea « Lou » à s’arrêter et remettre la vieille qui prend l’eau de partout. « Faire 300 kilomètres n’est pas une entreprise tellement facile, mais avec du mauvais matériel en plus… », déclarait-il avant de replonger dans l’eau glaciale de la Garonne.

« Peu après le pont de Langon, franchi à 7 h 30 , « Lou » rampait sur l’eau, il ressemblait à un arbre mort flottant au fil du courant », témoigne le journaliste de « Sud Ouest ». À 9 heures, à Cadillac, Liliane a pris 2 km sur son mari. À 10 h 45, à Langoiran, elle conserve vingt minutes d’avance. Louis Lourmais, jambes ankylosées, visage tuméfié par près de quarante heures dans l’eau, « prolongea volontairement son supplice, pendant près d’une heure, en nageant le long de la berge entre deux paquets de roseaux ». « Un squale blessé et pris au piège », décrit le journaliste, qui raconte comment, à ce moment précis, « l’ingénieur Poudré, transforma l’échappement de l’eau du moteur de la pinasse en geyser d’eau tiède, avec un tuyau de caoutchouc ». À 15 h 45, Le « fauve marin » décrit par le journaliste, « cessa de cracher et de battre l’eau dans son coin, avala deux pilules et prit la Garonne à bras le corps » jusqu’à son arrivée triomphale à Bordeaux avec Liliane.

Cet exploit inspira un jeune Agenais paralysé des deux jambes, répondant au nom de Guy Noël, qui imita l’exploit du couple Lourmais, six ans plus tard. Celui-ci plongea dans la Garonne, au petit matin du 15 août 1968, à Toulouse pour rejoindre Bordeaux, 300 kilomètres plus tard.