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       En l'an 2000, " Le Réolais" reprenait une série d'articles de L'Union , son prédécesseur jusqu'en 1945. Vo...

     En l'an 2000, "Le Réolais" reprenait une série d'articles de L'Union, son prédécesseur jusqu'en 1945.
Voici ces articles transcodés à partir des archives du "Réolais".

I - La Réole, sous préfecture de Gironde (François Cantegrel)

II - Quand le tabac fermentait à la Réole (1908-1983) (Alexandre Georgeault)

III - Échouage du “Ville de La Réole” 

IV - La lumière électrique

V - L'éclairage de la Gare



I - La Réole, sous préfecture de Gironde

    En 1900, La Réole est sous-préfecture, ainsi que Bazas. Elle l'est restée pendant 126 ans, de 1800, date de la création des arrondissements(an VIII) de la République), jusqu'à la réforme administrative du gouvernement Poincaré (1926) qui en supprima une centaine.
    Qu'il s'agisse de la formation des découpages nouveaux, entre 1789 et1900, ou de leur révision en 1926, le cas de La Réole est un cas à part.
    Un ouvrage très récent (octobre 1999), publié et édité à Paris par Claude Martin, "Ces sous-préfectures oubliées" , fait état de ces particularités.  Article de François Cantegrel

Découper la Guyenne 

    “C'est (...) le 29 septembre 1789 que le comité de constitution de l'Assemblée Nationale présente une première ébauche de la nouvelle carte administrative du pays. Il avait divisé la Basse Guyenne en trois départements dont les chefs-lieux devaient être Bordeaux, Dax et Agen. Le Bazadais était compris dans le département de l'Agenais. 
    Ancienne capitale de “cité" gallo-romaine, évêché important, chef-lieu de sénéchaussée, siège de présidial, Bazas pouvait protester à bon droit (malgré sa décadence économique et démographique) contre la désinvolture avec laquelle on la traitait. De son côté, La Réole, cité la plus active du Bazadais, et qui pouvait s'enorgueillir, elle aussi, d'un passé glorieux, protesta énergiquement contre son rattachement à l'Agenais. (...) 
    Lavenüe (député de Bazas) présente au comité de constitution un plan qui divise la province en quatre départements au lieu de trois, donc. Il s'agit de ceux de Bordeaux (...), d'Agen (...), de Dax (...) et“ des Landes ” (...). 
    Aucune ville ne pouvait s'imposer indiscutablement comme chef-lieu du département “sans nom”, aussi la rivalité qui opposa La Réole à Bazas fut peut-être la cause principale de l'échec du projet.” (C. Martin, ouvrage cité, p. 22-23)
    Pourtant les Réolais et Bazadais avaient eu gain de cause sur un point : ils ne dépendaient pas d'Agen, mais de Bordeaux. Finalement, le Consulat créa, en 1800, les arrondissements, circonscription intermédiaire entre les cantons et les départements, à une époque où les trajets jusqu'à la préfecture étaient fort longs. Et, à la tête de l'arrondissement, les sous-préfectures et les sous-préfets. La Gironde, premier département de France par l'étendue, n'avait pas moins de cinq sous-préfectures: Blaye, Lesparre, Libourne, Bazas et La Réole.     Jugement de Salomon : faute d'attribuer une préfecture à l'une des deux, on dotait chacune d'une sous préfecture... 
    A La Réole, la sous-préfecture fut installée dans le prieuré bénédictin, récupéré par l'Etat en 1791 en tant que bien national. 

    Elle occupait le côté sud du cloître. Parmi les “locataires” du vénérable bâtiment, l'histoire a surtout retenu le nom du premier, Constantin Faucher, l'un des deux jumeaux. 
Le premier démissionne ; le dernier déménage 

    Ce que Claude Martin dit (ouvrage cité, p. 30) du célèbre jumeau est édifiant: “Le Sieur Faucher fit, dès 1803, détruire deux des quatre galeries du cloître (...). Il n'eut pas le temps de détruire les deux autres comme c'était son intention. Il faut dire que le sous-préfet vendait à son profit les matériaux ainsi “ récupérés ”. Les agents des domaines réussirent à mettre fin à l'entreprise. Le sous-préfet fut invité à présenter sa démission, ce qu'il fit immédiatement (dès 1803) en devenant probablement le premier sous-préfet démissionnaire de l'histoire
    Le dernier sous-préfet de La Réole s'appelle M. Botton... Nommé ici en 1925, il eut à fermer dès l'année suivante la maison que son lointain prédécesseur avait tenté de démolir.    Mais il n'eut pas à déménager très loin, comme bien des sous-préfets déchus. Cas presque unique parmi la centaine de suppressions de 1926, celle de la sous-préfecture de La Réole, en même temps que celle de Bazas, a eu pour effet d'en faire apparaître une à Langon. Comme en 1800, les deux cités rivales sont renvoyées dos à dos. Cependant, le nouveau sous-préfet de Langon n'est autre que M. Botton, qui eut donc à aménager ses bureaux à moins de vingt kilomètres de son précédent poste. 
    Comme il arrive parfois, le décret du 10 septembre 1926 n'était pas d'une clarté éblouissante. S'il prévoyait bien la suppression de la sous-préfecture de Bazas, nulle mention n'était faite de celle de La Réole. C'est ce qui explique, semble-t-il, les réactions mesurées des Réolais, à commencer par leurs élus. Bien sûr, ils relevaient que le canton de La Réole faisait partie du nouvel arrondissement de Langon, à côté de celui de Bazas.
    Le chroniqueur anonyme de l'Union (19 septembre 1926) fournit des explications à cette bizarrerie administrative : “L'anomalie du décret qui ne nous supprime pas ne peut avoir d'explications que dans l'inertie de nos mandataires d'une part et de l'autre dans la vigilance de nos voisins qui nous ont très habilement supplantés”.
    Et d'appeler à la formation d'un Comité de Défense des Intérêts locaux. En vain.
 
Protestation de la ville de La Réole 
    Quelques jours plus tard (26 septembre), l'Union donne un compte rendu du Conseil Municipal où “la Municipalité tout entière est disposée à protester par tous les moyens contre cette mesure arbitraire, protestation allant jus qu'à la démission collective si nécessaire". 
Avant de citer en entier la “protestation de la ville de La Réole”, portée à Paris par le Maire, Claude Martin (ouvrage cité, p. 400) revient sur la particularité du cas de La Réole. 
"Les édiles de Langon, bénéficiaires du transfert, ne veulent pas “jeter de l'huile sur le feu”.
    Un adjoint au maire de cette ville adresse, le 29 septembre 1926, une lettre à M. Grillon, maire de La Réole. L'auteur (agissant ou non pour l'ensemble de sa municipalité ?) dément que M. Papon, maire de Langon, ait effectué un voyage à Paris pour obtenir le transfert de la sous-préfecture de La Réole à Langon, comme M. Grillon le croyait. Il rappelle que ce n'est qu'à cause du décret du gouvernement, que Langon est devenue sous-préfecture et que cette décision a été prise sans que l'appréciation de M. Papon ait été sollicitée. 
    L'auteur ne se permet pas d'ajouter ce que les Réolais contemporains n'ont pas dû manquer de penser, à savoir que cet adjoint anonyme pouvait avoir été chargé de mentir à la place du maire... 
    Le maire ne s'avoue pas vaincu pour autant. “Jusqu'au 14 mars 1931, soit près de cinq ans après la suppression, M. Grillon adresse encore une lettre aux sénateurs de la Gironde et aux députés de l'Aquitaine. Prenant argument des conséquences néfastes du transfert pour la ville, il demande l'appui de ses correspondants pour réclamer le rétablissement de la sous préfecture...”(C. Martin, ouvrage cité, P. 401). 
    A cette date, Raymond Poincaré n'est plus Président du Conseil. A Paris, le gouvernement de la République a d'autres soucis. A Langon, le sous-préfet arrondit comme il peut les angles dans son nouvel arrondissement. A La Réole, sous le pont suspendu, la Garonne suit son cours. 
François Cantegrel


II - Quand le tabac fermentait à la Réole (1908-1983)
Un article de Alexandre Georgeault
Alexandre Georgeault nous a quittés le jeudi 29 mars 2012, à l'âge de 85 ans.

    A la sortie Est de la ville, en bordure de l'avenue Gabriel Chaigne (R.N. 113), de beaux et vastes bâtiments, abritent depuis novembre 95, les musées de La Réole (musée automobile, du matériel agricole, militaire et ferroviaire). Ils ont été créés par André Sagne, Réolais bien connu, dynamique et passionné qui a toujours fait preuve d'une activité débordante. 

“L'entrepôt” 
    Aujourd'hui encore, pour de nombreux Réolais, ces bâtiments sont “ l'Entrepôt” (sous-entendu “des Tabacs ”). C'est une appellation qui est restée dans les mémoires. Or les dénominations successives ont été “Magasin des Tabacs en feuilles" dans les premières années seulement, puis Entrepôt des Tabacs jusqu'en 1961, enfin “Centre de Fermentation des Tabacs”  jusqu'à sa fermeture en 1983. 
    Ces appellations n'ont modifié aucunement les missions de l'établissement à savoir l'achat, la fermentation, le stockage et les expéditions dans toute la France à la demande des manufactures. Ce centre était très important, il a traité jusqu'à 2000 tonnes en une année.
    Les retombées économiques furent considérables. 

Répondre au désir des planteurs 
    Avant la création de l'entrepôt de La Réole, les planteurs livraient leurs récoltes à Langon, ce qui n'était pas simple pour les cultivateurs des communes riveraines du Lot et Garonne.
    La distance était grande. En outre, pendant la dernière décennie du siècle dernier et au début de celui-ci, l'Etat accorda, à plusieurs reprises, des augmentations des droits de plantation. Le Réolais en fut grandement bénéficiaire. Le tabac était cultivé dans presque toutes les exploitations (elles étaient petites et nombreuses à cette époque).
    Les nombreux séchoirs que l'on voit encore dans nos campagnes en témoignent.
Pas tout à fait cependant ; beaucoup ont disparu du paysage, et certains de ceux qui résistent encore aux outrages du temps sont parfois dans un état de santé inquiétant. 
    Il n'y a plus de “médecin" pour veiller sur eux ! Les petites exploitations sont de plus en plus rares et les tabaculteurs de moins en moins nombreux : ils ne sont plus que 80 en Gironde. 
    Dans notre région, le tabac a longtemps été la principale source de revenus pour beaucoup d'agriculteurs. 
    Au tournant du siècle, l'augmentation des surfaces plantées imposait soit l'agrandissement de l'entrepôt de Langon, soit la création d'un entrepôt à La Réole. Les planteurs voulaient que soit retenue la deuxième solution et leurs organisations exercèrent de fortes pressions auprès des autorités de l'arrondissement de La Réole (député, sénateur, conseillers généraux, municipalité de notre ville). 
    Dès les dernières années du siècle dernier, les responsables prirent conscience de l'intérêt économique d'une telle création et œuvrèrent en conséquence. 

Une longue et douloureuse gestation 
    Les premières démarches auprès des pouvoirs publics furent effectuées par la municipalité de La Réole dès 1892. De très nombreuses suivirent. Le député Gabriel Chaigne et le sénateur Thounens intervinrent également.
    On fit valoir que 1700 planteurs étaient intéressés par cette création. 
    Mais l'Etat tardait à prendre une décision. Hésitant entre l'agrandissement de l'entrepôt de Langon et la création d'un établissement à La Réole, il faisait alterner le chaud et le froid, monter les enchères. 
    La ville de Langon, soutenue par le député Constant, de Bazas, hostile au projet de La Réole, s'engageait à supporter la totalité de la dépense inhérente à l'agrandissement de son établissement. Malgré les difficultés, le maire de La Réole, M. Perrein, ne baissa jamais les bras. Il fit nombre de voyages à Paris pour plaider le dossier auprès des ministres successifs et des personnalités influentes. Le député Chaigne et le sénateur de l'arrondissement ne restaient pas inactifs. Le combat fut rude et long. Finalement, l'Etat fit le choix de La Réole.
    La convention entre la ville et le directeur général des Manufactures de l'Etat fut signée le 4 novembre 1905. La Réole faisait don du terrain et mettait à la disposition du ministre des finances la somme de 150 000 francs au titre de sa contribution au financement des travaux.     Seulement 27 communes acceptèrent d'aider financièrement la ville. 
    L'adjudication eut lieu le 17 mai 1906. Après plusieurs années d'efforts, La Réole allait enfin avoir son “ Magasin des Tabacs en feuilles “ qui finalement fut terminé en 1907. 


Les premières livraisons 
    La première campagne de livraison dura du 9 janvier 1908 au 19 mars, au profit de 51 communes. Grande fut la satisfaction des planteurs : ils n'avaient plus besoin d'aller livrer à Langon dont l'entrepôt fut quand même agrandi. 

De l'achat à l'expédition 
    Après le triage par longueurs et couleurs, la confection des manoques (assemblage de 25 feuilles dont l'une servait de lien), la confection des balles (assemblage de 200 manoques), les planteurs livraient leur récolte selon un calendrier fixé par l'administration. 
Arrivée des balles...(collection. C Laroque)

    Suivant les années, la campagne commençait courant décembre ou début janvier et elle se terminait courant mars. 
    La matinée même de la livraison, le tabac était pesé, examiné en présence du planteur, par deux experts : l’un représentait l'administration, l'autre les producteurs. Chacun prélevait une manoque dans les balles pour déterminer contradictoirement la qualité de la récolte et arrêter un classement (A1, A2, B1, B2, etc...). A partir de 1959 fut accordée une prime au tabac léger, ce qui entraîna une modification des indices de classement: L1, L2 pour le tabac léger; P1, P2 pour le tabac nourri; PP1, PP2, PPK pour le tabac lourd. Ce classement transmis aussitôt à la comptabilité permettait à celle-ci d'établir le montant de la somme à payer.
    Le titre de paiement était remis le jour-même au planteur, en fait à celui ou celle qui était propriétaire de l'exploitation. Il y avait des satisfactions, il y avait des déceptions; certains planteurs estimant que leur récolte était sous-évaluée. 
    Mais bien sûr, la décision appartenait aux experts et à eux seuls. 
    L'expertise terminée, le tabac était transporté dans les salles de fermentation. En effet, après séchage les tabacs ne constituent pas encore une matière première directement utilisable en manufacture. Il est nécessaire de leur faire subir un traitement : la fermentation qui a essentiellement pour but de développer leurs qualités particulières et de rendre la conservation plus facile. Les méthodes utilisées varient en fonction du type de tabac. 
    Dans notre région on ne cultivaient que le Paraguay entrant dans les mélanges utilisés pour les Gauloises et le Scaferlati (tabac pour la pipe ou les cigarettes roulées à la main). 
    Et la fermentation du Paraguay se fait en masses
    Ces masses sont construites sur le plancher, elles se composent de plusieurs bancs construits côte à côte. La longueur des bancs est fonction de la largeur de la pièce : leur largeur peut aller jusqu'à 2 mètres pour une même hauteur. Dans ces bancs sont placés des tubes en bois contenant un thermomètre. La température ne doit pas dépasser 50°
    Pour éviter le dépassement de température, le banc est défait et un autre est construit. Les manoques du dessous passent dessus et celles de l'extérieur à l'intérieur. 
    Cette opération s'appelle le retournement, dont le nombre varie en fonction de plusieurs facteurs. Trois sont parfois nécessaires avant que la température ne se stabilise.
La fermentation peut durer de 2 à 3 mois. La construction des bancs, les retournements incombaient aux femmes. C'était un travail désagréable: chaque fois, il fallait secouer les manoques pour les aérer et les débarrasser des saletés. L'abandon du manoquage au début des années 70 a permis de monter et de retourner mécaniquement les bancs ce qui a simplifié le travail, mais hélas, entraîné une diminution sensible de la main-d'œuvre. 
    La fermentation terminée, le tabac était pressé, emballé dans les toiles, stocké et expédié à la demande. 

Un bon employeur 
    Il existait deux catégories de personnel : les permanents (ils avaient le statut d'employés de l'Etat) et les saisonniers
    Appartenaient à la première catégorie, l'entreposeur (chef de centre), le chef d'atelier principal, les chefs d'ateliers (3 à 4), les agents techniques (3 à 4 également) et les administratifs (peu nombreux). 
Entrepôt 56 Mmes Dubourg, Mongie...(collection. C Laroque)
Entrepôt 56 : Michel Rapin, Jean Artins...  (collection. C Laroque)

    Les saisonniers étaient employés en fonction des besoins. Les hommes, une trentaine, assuraient la manutention.
    Un petit nombre, payé par la fédération des planteurs, travaillait seulement pendant la période de livraison : il prenait le tabac sur le quai de déchargement pour le transporter dans la salle d'expertise.
    L'autre groupe, payé par la SEITA, assurait la manutention entre la salle d'expertise et les pièces de fermentation. On faisait également appel à lui pour le stockage et le chargement des wagons lors des expéditions. 
    Ces expéditions se faisaient à dates fixes. 
    Les femmes (environ une centaine) montaient les bancs de fermentation et procédaient au retournement. Certaines travaillaient seulement quelques mois, voire un mois, d'autres (un petit nombre) presque toute l'année. 
    Le centre avait la réputation d'être un bon employeur. A qualification égale, les salaires étaient nettement supérieurs à ceux pratiqués dans le privé et un acompte était versé le 15 du mois. 

Les retombées économiques 
    Cet établissement a grandement bénéficié à l'économie locale. Il assurait des revenus non négligeables aux planteurs dont profitaient le commerce réolais. Et, lors de la livraison de la récolte, ils mangeaient au restaurant (le repas était souvent payé par le propriétaire de l'exploitation). 
    Tous les saisonniers hommes avaient une autre activité. La plupart étaient agriculteurs.           Nombreuses aussi étaient les femmes ayant un emploi. Ainsi les salaires versés par l'établissement augmentaient les ressources des ménages dont bénéficiaient largement l'économie locale. 

Une mort programmée 
    Hélas le déclin du centre de fermentation a commencé dès le début des années 1970 avec la diminution de la production qui chutait d'une année sur l'autre de 10% en moyenne avant de se stabiliser à un niveau très bas. La mécanisation du travail liée à la fermentation a joué, elle aussi, un rôle important. 
    Il en a résulté une diminution progressive de l'activité et du personnel.
    La dernière récolte livrée a été celle de 1982 et l'établissement a fermé définitivement en 1983 au profit de celui de Langon. Ainsi ce centre qui avait tant apporté à l'économie locale, succombait, terrassé par l'évolution du monde agricole, la mécanisation et la nouvelle politique de la SEITA, en recherche constante de compétitivité, qui fermait petit à petit ses centres.
    Le progrès est parfois cruel. 
A. Georgeault 


Elian Crampes
En ce qui concerne l'entrepôt des tabacs, j'ai travaillé en tant que saisonnier pendant 30 années, trois mois par an, décembre, janvier février. J'ai embauché à la Réole de 1971 à 1983 et à Langon de décembre 1983 à la fermeture en 2001.
Langon a été le dernier centre de stockage et de fermentation à fermer en France.
Les planteurs avaient leurs propres établissements pour réceptionner et acheter le tabac aux planteurs et ensuite il était transporté au centre de Langon. Nous recevions tout le tabac de la moitié sud de la France.
Actuellement il ne reste que 4 producteurs en Gironde qui produisent du tabac blond. 


En 1995 André Sagne reconvertit l'immense bâtiment en Musée de l'Automobile
Le musée ferme en 2006.
Le contenu du musée est vendu aux enchères



2009 - 41 appartements dans l'ancien musée.
La société Les Cuisines AS, a revendu cet immense immeuble, à un particulier
Une quarantaine d'appartements de 120 à 200 m², vont y être installés.
L'Atelier d'architecture Baobab, de Bordeaux, assure la maîtrise d'œuvre du «Clos du Musée»

2012 - Marché Fermier : organisation du marché nocturne ce samedi 25 août dans l’ancienne manufacture de tabac  Reconversion réussie pour la manufacture

Avril 2012 : Article de Christo Laroque
Défilé...
Sacré Lydie ! 
Elle te fait des trucs incroyables !
Dans un ancien entrepôt de tabacs d'un village de 4.000 habitants ! En pleine cambrousse !
Non seulement les gens se pressent sur cinq rangs et cinquante mètres pour applaudir, mais elle t'habille d'un coup de patte les Réolais par générations entières! Grand-mère, mère et fille défilent, mari et femme, ados et fillettes se baladent, à l'aise, portant la mode Carpe Diem sous les projecteurs... Pas de chichis, pas de mannequins figés dans des attitudes étudiées.
On est là pour voir ce qu'on pourra porter tous les jours et ça enlève le côté guindé de ceux qui se prennent trop au sérieux. Pari gagné : on ira dès cette semaine au magasin de la rue Armand Caduc, jeter un coup d'œil à la petite robe sixtie's en couleurs parce qu'on sait qu'on pourra la mettre, même à La Réole, même ailleurs!
    Et le monsieur au premier rang a déjà presque sur le torse la chemise de lin blanc qui lui a tapé dans l'œil! Je le sais : je l'ai vu... La Réole défile pour la mode, et en plus on connaît tout le monde! Magie de la rencontre, du lieu, de la convivialité et de la simplicité. Après, on mange et on boit en qualité! Et, mecs et nanas mélangés, devinez quoi : on parle chiffons! Même dans les années 50 personne n'aurait osé faire ça! Et les serveurs qui amènent le punch et les verrines ne sont même pas en smoking! Inutile, ça ne pourrait que casser l'ambiance «bon-enfant»...et d'ailleurs il y en a au moins deux qui n'entreraient plus dans leur costume de mariage! Mais après avoir vu ça ils sauront où aller pour se fringuer... 
«Carpe Diem», ça veut juste dire que le moment présent a un avantage sur tous les autres:il nous appartient.
    Et ça signifie aussi qu'une femme qui en a dans la tronche peut cueillir le jour pour l'offrir à ses contemporains, afin qu'ils se revêtent de sa beauté. Il est plus de onze heures du soir et on discute encore. Il n'est pas impossible non plus que samedi soir Lydie soit parvenue à apprivoiser et à cueillir aussi la nuit..
    Aujourd'hui, l'ancienne manufacture est utilisée pour des événements festifs ponctuels et à partir du mois d'octobre 2014, elle va devenir un lieu de «coworking»: plusieurs entreprises vont s'y installer pour travailler dans un espace de travail partagé et collaboratif.

2014 : L'ancienne manufacture de tabacs s'est reconvertie sous l'impulsion de l'association «Manufacture et Cie» en un haut lieu d'exposition pour un marché des créateurs mais aussi culinaire avec la gastronomie.

2016 : Arrivée d'entreprises : Champ de Pub, en décembre 2014 + Solutions Natures, l'INSUP, (organisme de formation), l'ADAPEI, (personnes en situation de handicap), l'association Reliance, (Développement personnel). un cabinet d'infirmiers, une entreprise de construction et d'assainissement.

2018 : Huit entreprises installées ces dernières années. Véronique Booker, chargée de la commercialisation et de la location des bureaux, indique qu'il ne reste que « 40 m² à louer ».
Des travaux ont été entrepris par la SARL Cedreloup pour remettre en état certaines parties du lieu. 


III- Échouage du “Ville de La Réole” 

    La Garonne était un fleuve très fréquenté au début du siècle, le “Ville de La Réole", qui effectuait le transport de marchandises La Réole-Bordeaux, faisait partie de cette flotte.
Nous relatons aujourd'hui son échouage et son renflouement sur les quais de La Réole en 1907. 

    Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 avril 1907, le bateau à vapeur“ Ville de La Réole”, appartenant à M. Brassens et faisant le service de marchandises entre La Réole et Bordeaux, s'est échoué à quai. On avait commis l'imprudence de l'amarrer trop court ; les eaux ayant baissé, le bateau s'est couché sur le flanc. Il avait encore à bord une partie de sa cargaison qui a été perdue ou bien avariée. Toute la journée de dimanche, on a procédé au sauvetage et nombreux étaient les curieux qui assistaient à cette opération. 
    Bien que nous ayons eu cette semaine une  petite crue de la Garonne, on n'a pu encore le renflouer. Ce travail ne pourra avoir lieu que dans quelques jours avec des éléments venus de Bordeaux. 

Bateau échoué 
    Le vapeur, “Ville de La Réole", qui s'est échoué à quai dimanche dernier, ainsi que nous 
l'avons déjà annoncé, est toujours dans la même position, le niveau de la Garonne étant trop élevé pour permettre à l'entreprise des opérations de renflouement.
 
Opération de renflouement 
    Le remorqueur n°2, un chaland et un bateau de service de l'administration des Ponts Chaussées apportant le matériel nécessaire au renflouement du vapeur “Ville de La Réole" échoué à quai, sont arrivés le mercredi 24 avril 1907. Les opérations préliminaires ont aussitôt commencé ; la pose des chaînes qui doivent servir à redresser le bateau avant de le soulever, paraît devoir être longue et difficile étant donné la nature du lit de la Garonne où de nombreux piquets empêchent le glissement des chaînes. Le scaphandrier Deubagnet fait partie de l'équipe envoyée par l'administration.

Premier échec 
    Les opérations de renflouement du vapeur “Ville de La Réole” n'ont pas réussi dans la première partie de leur exécution. 
    Le jeudi 3 mai 1907, une manœuvre va être tentée qui donnera, il faut l'espérer de meilleurs résultats. Il s'agit de fermer toutes les ouvertures de vapeur et de pomper l'eau contenue à l'intérieur. Le bateau ainsi allégé se relèverait en partie de lui-même; des palans feraient le reste.

Renflouement réussi 
    La deuxième tentative de renflouement du vapeur “Le Ville de La Réole ", ce jeudi 3 mai, a parfaitement réussi. Le scaphandrier Deubagnet, énergique et adroit autant qu'intelligent, a bouché toutes les ouvertures du bateau qui a été rapidement aidé par une pompe à grand rendement.
    Le bateau, une fois redressé, a été réparé provisoirement et conduit à Bordeaux où il sera mis en chantier de réparations, avant de reprendre ses activités de service de marchandises entre La Réole et Bordeaux.

Le "Ville de La Réole"
    Le bateau de transport à  vapeur “ Ville de La Réole “ qui, on se le rappelle, resta longtemps échoué à  quai, où il fut renfloué à  grand renfort de matériel, est devenu la propriété d'une société composée de MM. Boyer, Lecourt et Grillon de La Réole, qui l'a fait remettre complètement à neuf, pour reprendre le service régulier des marchandises entre La Réole et Bordeaux.
    Dimanche 1er décembre 1907, vers 6 h 1/2 du soir, le vapeur faisait tapageusement sa rentrée dans les eaux de La Réole. Les pétards, bombes et fusées signalaient son arrivée, tandis que le bateau évoluait lentement dans la nuit, éclairé de ses feux multicolores.
    Un public nombreux assistait à l'atterrissage et le soir une fête intime réunissait le personnel en un banquet où on a copieusement fêté le retour du bateau à la vie commerciale.

IV - La lumière électrique 
    Dès son arrivée à La Réole, la lumière électrique fut source de conflits. On en était aux balbutiements de l'électricité qui soulevait beaucoup d'inquiétudes chez certains Réolais de l'époque. En 1907, partisans et adversaires de la lumière électrique s'affrontaient par journaux interposés. 
L'Union s'en était fait largement l'écho. Il nous apparaît intéressant de publier in-extenso quelques articles de l'époque relatant l'arrivée de l'électricité aux deux cafés du Rouergue, pendant les fêtes de ce quartier et à la gare de La Réole. 

L'Union du 30 mai 1907 
La lumière et les contribuables 
    C'est sous cette rubrique "La lumière et les contribuables” que le correspondant du journal “La France du Sud-Ouest” du samedi 25 mai 1907 raconte (oh! sans méchanceté) une petite histoire d'électricité qui n'est qu'une diatribe de plus contre la municipalité de La Réole. 
    Évidemment, on ne peut se fâcher en lisant les balivernes qui sont étalées dans les colonnes de ce journal et même les adversaires du maire, habitant le Rouergue, ont dû sourire en songeant combien le parti pris peut aveugler ceux qui ne veulent pas voir. 
    Mais, en dehors du faubourg du Rouergue, beaucoup de personnes peuvent prendre à la lettre les affirmations du correspondant de ce journal, et il est bon de leur faire toucher du doigt un fait qu'ils ignorent, mais qui montrera la bonne foi de l'article. 
    A propos de la fête du Rouergue de 1905, La France du samedi 25 mai 1907 dit : 
Le café Pareau possédait une installation fixe et éprouvée, utilisant l'énergie électrique conduite au Rouergue par une canalisation installée pour longtemps, c'est-à-dire sérieusement. Aussi, ce soir-là, le soir de la fête, la municipalité, prévoyant que l'énergie électrique produite par le câble conducteur de l'usine du Rouergue serait insuffisante en raison de la quantité de lumière consommée chez les particuliers, et par exemple dans les deux établissements principaux, donnant individuellement une fête ; la municipalité fit procéder à l'installation hâtive d'un câble conducteur volant devant fournir, au café voisin, c'est-à-dire à Mme Amoureux, établissement de la Bastide, la quantité de lumière nécessitée par la grandeur de sa maison, de ses jardins, et surtout par l'éclat qui devait obscurcir la gloire du pauvre café voisin". 
    Vous avez bien lu, le café Pareau possédait une installation fixe, éprouvée, sérieuse. Et bien, prenez le contraire, et vous serez dans la vérité. Avant ce jour de fête, aucune lampe électrique n'avait jamais brillé au café Pareau, tandis que Mme Amoureux possédait, la première au Rouergue, et depuis longtemps, installation fixe et éprouvée dont il est parlé. 
    Après cela, jugez du reste de l'article, et comprenez, si vous pouvez, comment le “parti politique" qui voulait favoriser Mme Amoureux ne lui fournit pas, ce soir-là, la lumière dont elle avait besoin pour écraser l'établissement rival, celui qu'il fallait enfoncer par esprit politique et qui fut, dit “ La France”, resplendissant de lumière. 
    La réalité est plus simple : sans y chercher la politique, nous devons faire connaître la vérité, en rétablissant les faits. 
Mme Amoureux, abonnée au service d'électricité de la ville, avait déjà utilisé chez elle la lumière électrique pour la fête de 1904, et le résultat avait été des plus brillants tant au point de vue de la lumière que du succès. Quelque temps avant la fête de 1905, M. Pareau, maître d'un établissement non abonné à la lumière de la ville, demanda une concession de quelques jours, sans doute pour rivaliser avec l'établissement Amoureux qui, l'année précédente, avait obtenu les faveurs du public. 


    M. le Maire eut, selon nous, le tort de consentir à cette concession provisoire, car les câbles conducteurs, même supplémentaires, furent insuffisants pour le nombre considérable de lampes installées. Un seul établissement eût dû être éclairci : l'abonné. 
    S'il en eût été ainsi, le procès qui vient de se terminer par la condamnation partielle de la ville (et qui, oh! dérision, a été intenté par celui des deux établissements que “La France " désignerait comme l'ami politique de la municipalité), n'eût pas lieu. Mais alors, l'établissement Pareau n'ayant pas eu de lumière, ses amis eussent crié : "À l'arbitraire ! à la partialité!” 
    Telle est la vérité dans sa simplicité; elle se réduit à une question de boutique. 
La France” a entrepris depuis longtemps une campagne contre la lumière électrique et y mêle la question politique. Tous ses efforts pour envenimer la querelle n'y réussiront pas et elle n'empêchera pas les demandes de concessions d'électricité de devenir chaque jour plus nombreuses, ce qui est la preuve manifeste de son peu d'influence et du mal-fondé de la guerre qu'elle fait à la municipalité. 
    On aurait pu s'en arrêter là ! Mais non bien sûr ! Partisans et adversaires de la municipalité, ont continué à se chamailler par articles de journaux interposés et finalement la conclusion de cette affaire (si on peut appeler cela une affaire !) sera livrée dans l'Union du 2 juin 1907 par un dernier article du rédacteur à l'encontre du journal “La France”: 
A “La France" 
vous leur fîtes seigneur 
en les croquant beaucoup d'honneur 
    “La France” se sert à notre endroit d'une appellation qui n'a rien pour nous déplaire et qui nous fait beaucoup d'honneur, le "journal officiel de la municipalité" dit-elle en parlant de l'Union !
    Certes, c'est là un titre que nous ne dédaignerions pas d'inscrire en manchette, s'il nous était décerné par d'autres. Néanmoins nous la remercions de la petite réclame qu'elle nous fait ainsi inconsciemment. Malheureusement le restant de l'article n'est pas à l'avenant et nous lisons quelques lignes plus loin, par exemple, "mieux vaut un sage adversaire qu'un maladroit ami”. Or, dans l'espèce, le sage c'est lui, le correspondant, et le maladroit, c'est nous; trait charmant de modestie et qui peint bien l'homme. 
    Mais pour revenir à l'affaire de lumière, nous constatons avec plaisir que notre contradiction nous donne satisfaction sur le seul point que nous avons discuté, à savoir que l'établissement Amoureux, possédait l'installation dite sérieuse, fixe et éprouvée et non pas l'établissement Pareau, comme il était écrit dans “La France”. Dès lors, le premier article de ce journal tombe de lui-même et nous arrivons à notre conclusion que la politique n'avait rien à voir dans cette affaire d'éclairage d'établissements rivaux. 
    Quant au procès qui vient d'être jugé et où il a été question d'insuffisance de lumière, il est la condamnation des adversaires de l'éclairage électrique, qui, par esprit de politique, critiquèrent, dans une mémorable séance du Conseil municipal, le projet d'installation de la municipalité qui, à leurs yeux, était trop fort, trop grand et trop beau pour La Réole. 
    Nous, Réolais de cœur, qui avons fermement soutenu la municipalité sur la question de la lumière, nous n'avons pas oublié le temps encore rapproché où, à la date exacte que nous tenons aujourd'hui, les valets de ville décrochaient nos modestes quinquets à pétrole pour les remiser dans les greniers de l'hôtel de ville, laissant ainsi à la lune et jusqu'au mois de septembre le soin de nous éclairer à l'occasion.
    Aussi nous remercions une fois de plus la municipalité Perrein de nous avoir doté de cette brillante lumière, qui sera certainement sa plus belle œuvre, à la faveur de laquelle nous pouvons circuler en toute sécurité et aller au besoin le soir, jusque sous le hall de “La France”, lire, en fumant un petit londrès, un journal, fût-il le plus mal imprimé.” 



“Le Réolais" le jeudi 23 décembre 1999 
“Malgré ces querelles, le progrès était en marche et les cafés Pareau, Doux, Girault, La Bastide, et bien d'autres, ont fait la renommée du quartier du Rouergue... et aujourd'hui force est de constater que l'énergie électrique est partout, qu'elle est devenue nécessaire et qu'elle rend un maximum de services... mais, pendant ce temps-là, le Rouergue ne possède plus de cafés ouverts à tous et ça... c'est vraiment dommage!” 


V - L'éclairage de la Gare

Après l'article, publié la semaine dernière, concernant la lumière électrique et son arrivée aux cafés du Rouergue, voici celui concernant l'éclairage de la gare qui met toujours en évidence l'affrontement des partisans et adversaires par journaux interposés. 

6 Janvier 1907 
    La “France du Sud-Ouest” se fait l'écho de plaintes au sujet de l'éclairage de la gare et ce n'est pas la première fois qu'elle bat cette corde. Comme elle, nous partageons cette manière de voir et nous trouvons extraordinaire que la Compagnie du Midi ne sente pas la nécessité de rompre avec de vieilles traditions et ne cherche pas à améliorer cette situation. Éclairer la gare est indispensable, mais la bien éclairer est utile et nécessaire. On évite ainsi bien des accidents et elle devrait savoir ce que ça coûte, ne serait-ce que le procès Dentière. 

    Mais là où nous ne partageons pas la manière de voir de ce journal où plutôt celle de son correspondant, c'est lorsqu'il semble vouloir faire retomber la faute de cet état de choses sur l'administration municipale. 
    Le soin d'éclairer la gare incombe à la Compagnie et non à l'administration municipale.
Si la gare n'est pas bien éclairée, c'est donc la faute à la Compagnie. 

    La ville, à grands frais, a établi l'électricité. Déjà un grand nombre de maisons sont éclairées par ce procédé et tous les jours on opère de nouvelles descentes. Elle a un tarif uniforme pour tout le monde. S'il était exagéré, on ne verrait pas cette lumière se répandre d'une manière aussi suivie. 

    Faudrait-il à la Compagnie un tarif spécial et pour elle baisser les prix ? Ça nous paraîtrait assez singulier. Nous connaissons en ville bien des maisons qui ont un nombre d'ampoules au moins égal sinon supérieur à celui que pourrait prendre la gare, et ces maisons sont soumises au tarif commun. Si on faisait des faveurs à la Compagnie, elles ne manqueraient pas de se plaindre et elles auraient raison. 

    Nous félicitons M. le Maire de se tenir ferme et personne ne pourra le blâmer de mettre toute son énergie à défendre les intérêts de la ville qu'il administre avec tant de dévouement et de zèle. 

    S'il avait deux poids et deux mesures, s'il favorisait les gros au détriment des petits, on lui tomberait dessus à bras raccourcis et on aurait raison. Il ne commettra pas cette faute. Que la Compagnie se le tienne pour dit, et si elle veut satisfaire les voyageurs et avoir sa gare bien éclairée, qu'elle s'incline devant les faits acquis. Tout le monde y trouvera son profit. 

    Ce même journal se plaint de la malpropreté des trottoirs et en attribue la responsabilité au manque absolu d'édicules *.
Il semble également en faire retomber la faute sur l'administration.

    Il serait bien aimable de nous signaler les endroits où, dans nos rues étroites, on pourrait placer ces édicules et de s'informer auprès des propriétaires s'ils laisseraient adosser à leurs mai sons des foyers d'infections. 
La critique est aisée, mais l'art est difficile. 
La polémique continue au sujet de l'éclairage de la Gare 


    Dans notre édition du 6 janvier 1907, nous avons parlé de l'éclairage de la gare au sujet de deux articles parus dans la “France du Sud-Ouest” et, comme ce journal, nous avons regretté que notre gare ne fut pas mieux éclairée. 

    Le correspondant de ce journal semblait insinuer qu'il y avait de la faute de l'administration municipale; que la municipalité aurait dû faire des concessions. Nous avons trouvé ce procédé mauvais et nous avons soutenu qu'il existait un tarif et que ce tarif devait être égal pour tout le monde, aussi bien pour les gros que pour les petits. Voilà le résumé de notre article. 

    Le correspondant de “La France” prétend aujourd'hui n'avoir jamais demandé de concessions. Qu'on en juge par l'extrait suivant de l'article paru dans le numéro du 29 octobre dernier. Après avoir rendu le conseil municipal responsable dans une certaine mesure de “l'obscure clarté" de la gare pour n'avoir pas voulu accorder une concession raisonnable à la Compagnie du Midi pour la fourniture de l'électricité, il ajouta “Cette parcimonie nous étonne étant donnés les bénéfices considérables que l'entreprise d'éclairage procure à la ville. Aussi avons-nous le timide espoir que la municipalité interviendra dans cette importante question et qu'avec la générosité qui la caractérise elle offrira ses chers lampions à la Compagnie du Midi”. 

    Oui ou non, est-ce demander une concession ? Oui, certes, et cela ne fait de doute pour personne. A qui la demande-t-on ? À la municipalité. 
La municipalité est une collectivité et dans une collectivité, c'est toujours à la tête qu'on s'adresse. Ici, la tête c'est M. le Maire, voilà pourquoi nous ne l'avons pas mis en cause et nous avons pris sa défense. 

    La querelle que nous cherche le correspondant de “La France" ne tient pas debout. Il a cru devoir l'agrémenter de quelques... aménités à notre adresse. Ces... aménités ne nous touchent pas, nous n'en avons cure. Elles partent de trop haut pour arriver jusqu'à nous. Nous n'avons jamais, nous, rêvé de nous abriter sous la coupole du Palais Bourbon !!!
Le café devant la Gare (concession tenue par Valmy Chardon) collection Daniel Outteryck

17 janvier 1907
    Toujours l'éclairage de la Gare 
Le correspondant de “La France du Sud Ouest” a un véritable talent : celui de déplacer les questions. 
L'autre jour, il soutenait qu'il n'avait jamais demandé à la municipalité et, par suite, au maire, de faire des concessions à la Compagnie du Midi pour l'éclairage à l'électricité de la gare. Nous lui avons démontré par A + B qu'il avait tort et, à l'appui, nous avons donné un extrait de sa correspondance. 
Devant cette preuve irréfutable, il vire de bord et prétend que nous nous fâchons. Il a même recours à Rabelais qui doit se trouver bien étonné de se voir mêlé à cette sauce. 

    De colère, chez nous, il n'y en a point ; nous avons répondu du tac au tac et voilà tout. 
A bout d'arguments, il revient aux édicules. Il se complait tellement dans cette question qu'il entre dans les détails peu poétiques et encore moins bien odorants. 

    Quand il aura répondu à notre invite et qu'il nous aura dit quels sont les propriétaires qui subiront sans déplaisir ces édicules à côté de leurs maisons et qui préfèrent leurs senteurs nauséabondes aux parfums d'Arabie, nous courberons la tête. Nous plaindrons ces individus dont l'odorat est oblitéré, mais, nous, nous aimerons toujours mieux le parfum des roses. 

Cinq ans plus tard 
Dimanche 4 février 1912 

A la Gare de La Réole
 

Nous croyons savoir que la Compagnie du Midi, cédant au désir qu'a maintes fois manifesté la population réolaise, par l'intermédiaire du Conseil municipal, relativement à l'éclairage défectueux de la gare de La Réole, vient d'entrer en pourparlers avec l'administration municipale pour faire poser une quarantaine de lampes électriques. Cette amélioration depuis longtemps désirée sera favorablement accueillie. 

* Edicule : Petite construction placée sur la voie publique (toilettes...) 

Dans l'agenda de Jean, article paru le 19/11/2020   

Le 3 mai 1875: allé à la commission chargée par le Conseil municipal de trouver des emplacements pour lieux publics. Je suis chargé d'étudier un petit projet.




 


  Voici quelques extraits choisis du journal L'Union 1842-1944 EXTRAITS DE L'UNION, journal local    1842-1944 L'Union , le 6 ju...

 Voici quelques extraits choisis du journal L'Union 1842-1944

EXTRAITS DE L'UNION, journal local 

 1842-1944

L'Union, le 6 juin 1889       AccidentsVers 7 heures, l'omnibus du Grand-Hôtel de La Réole se rendait à la gare à une allure très vive. Au contour du Salès (?), la rue se trouvait encombrée par une autre voiture et des gens qui suivaient une procession. Le conducteur voulut éviter la voiture et tourna précipitamment son cheval. Un cri d'émoi s'échappa de la foule: on crut qu'une femme et un enfant avaient été écrasés. Heureusement, il n'en était rien. Le postillon eut une telle frayeur qu'il tomba en syncope et on fut obligé de le porter dans une maison voisine pour lui faire reprendre ses sens. La leçon a été rude, espérons qu'elle sera profitable.

Deux jours plus tard, vers 7 heures, des chapeliers de La Réole se rendaient avec leur voiture chargée de marchandises à la foire de Sauveterre. Au Martouret, leur cheval, un peu ombrageux, s'effraya d'un individu qui remuait des sacs de plâtre et prit le mors aux dents. L'animal, emporté, ne tint plus le milieu de la route et la voiture, déjà cahotée par le poids de la charge, versa dans le caniveau. Les chapeliers, fortement projetés à terre, ont été recouverts par la capote de la voiture. Les voisins, accourus aussitôt, se sont empressés de les dégager et de leur prodiguer les premiers soins. Tous deux ont été assez fortement contusionnés. Un moment, le docteur Tronche a craint pour la dame des lésions internes, mais ce ne fut pas aussi grave. 

Vers 4 heures du soir, près du Pas Saint George, commune de Casseuil, deux hommes et une femme étaient occupés, sur le Dropt à traverser de l'osier. Ils sont tombés à l'eau et se seraient infailliblement noyés sans les secours de quelques personnes, qui ont pu les retirer sains et saufs. 

Incendies: vers 6 heures et demi, à Fontet, un incendie s'est déclaré dans une grange attenante à une maison d'habitation. La nouvelle récolte de foin y était emmagasinée depuis une huitaine de jours. Les flammes ont fait, en quelques instants, de si rapides progrès que les gens de la maison, endormis, ont eu à peine le temps de se sauver. Tout secours étant inutile, on a dû se borner à préserver un séchoir situé à peu de distance. La maison et la grange ont été complètement détruites 

Vers 10 heures, un incendie considérable a détruit le moulin de Saint Exupéry. Les bâtiments, mobilier, farine ont été consumés en entier. On ignore la cause de ce sinistre, on croit cependant que le feu a pris au criblage.

Fausses pièces: avis aux commerçants. On signale une émission de fausses pièces de vingt francs à l'effigie de Napoléon III, millésime de 1865, d'une imitation presque parfaite; elles sont un peu plus grosses que les vraies; le son est à peu près le même. Aussi, les reconnaît-on difficilement.
Avis : le maire de La Réole, Jean Renou, informe que la Bibliothèque de la ville, récemment installée au premier étage de l'Hôtel de ville sera désormais ouverte au public, les premier et troisième jeudis de chaque mois, de deux à cinq heures du soir, du 1er avril au 1er octobre et d'une à quatre heures du soir pendant le reste de l'année. 

Panique à Pellegrue : lors de la foire, une panique a eu lieu, mais c'était plutôt une panique de gens que de bétail. Un taureau ayant sauté une vache, les personnes qui étaient à côté se reculèrent un peu précipitamment. Les personnes derrière prirent peur et sautèrent, qui dans une haie, qui dans un champs. Un moment, le désarroi était complet, mais on revint bientôt de cette erreur et le calme se rétablit. Pendant ce temps, le bétail n'a pas bougé. Aucun accident grave de personnes à signaler. 

Crue de la Garonne: cette semaine, petite crue (la sixième de l'année). Les quais ont été partiellement recouverts. Depuis deux jours le décroissement a commencé, mais lentement. Aujourd'hui, cependant, il s'est accentué et avant peu la rivière sera rentrée dans son lit. 

Grave imprudence: un domestique d'un marchand-drapier de La Réole allait à Cocumont conduisant un camion de marchandises. Il commit l'imprudence de mettre sur sa charrette un fusil chargé. En route, il voulut prendre l'arme et la saisit par le canon. Le coup partit et toute la charge lui laboura le bras, depuis le poignet jusqu'à l'épaule. Après deux jours de soins, son médecin voyant que son état était des plus graves, le fit transporter à l'hospice; on ne parlait de rien moins que de lui amputer le bras. Heureusement, depuis, la situation s'est améliorée. Les médecins espèrent aujourd'hui de ne pas être obligés de faire cette pénible et douloureuse opération.

Éden réolais: prochainement, le directeur de théâtre, connu du public réolais, commencera, à l’Éden, une série de représentations. 

Classe 1884 : on a annoncé que les soldats de la classe 1884 seraient renvoyés dans leurs foyers par anticipation, au mois de juin prochain. Cette nouvelle serait, paraît-il, inexacte. Le ministre de la guerre n'a pris encore à ce sujet aucune décision et n'en prendra pas avant la fin du présent mois. Il est probable, toutefois, que tout ou une partie de la classe 1884 prendra part aux grandes manœuvres de 1889.  Ligue de l'Enseignement : M. le ministre de l'instruction publique et des Beaux-Arts a accordé dernièrement à la société réolaise de la Ligue de l'Enseignement une magnifique collection de volumes divers pour la bibliothèque populaire.


L'Union, en mai 1891 

Débordement de la Garonne (Lettre envoyée au journal par un propriétaire) 

"Je viens protester une nouvelle fois contre le système employé par M. les ingénieurs chargés du service hydraulique de la Garonne. La dépêche officielle annonçant la crue n'est arrivée à La Réole qu'à 9 heures du soir, alors qu'un commerçant des quais était fixé dès 5 heures de l'après midi ! Que de pertes auraient été épargnées si l'armée d'employés était dirigée par des chefs plus expéditifs, moins routiniers. Il ne faut pas espérer porter remède à cet état de choses, car les délibérations de notre Conseil municipal à ce sujet ont été probablement jetées au panier ou enfouies dans les cartons de la préfecture. Quant aux démarches de nos représentants au Conseil Général et d'arrondissement, elles ont été sans doute considérées comme nulles, puisque les autorités supérieures n'en tiennent pas compte. Contentons-nous de plaindre sincèrement nos pauvres cultivateurs, nos malheureux industriels auxquels on ne songe que lorsqu'il faut leur faire payer les impôts..." 

L’ Union, le 26 juin 1892 

Accident : au contour de la place du Turon et de la rue des Frères Faucher : deux voitures se sont heurtées ; l'une a renversé le cheval de l'autre, qui heureusement allait au pas. Son conducteur a sauté sans se faire du mal. Aussitôt, un attroupement s'est formé. Les voitures ont pu repartir rapidement.  

Les gendarmes en bicyclette : après les facteurs, un certain nombre de gendarmes vont obtenir des vélocipèdes. Cette innovation, qui a pour but de faciliter et d'accélérer le service de ce corps d'élite, sera bien accueillie par eux.

La grève des ouvriers fabricants de balais de Gironde continue. Aucune conciliation a abouti, mais il n'y a aucun incident. Du reste, ces ouvriers sont occupés, qui aux champs qui aux tuileries. Tant qu'ils auront de la besogne, il est probable que l'entente sera difficile à obtenir. La foudre est tombée sur une métairie à Bagas, provoquant un incendie sérieux. Grâce aux prompts secours des voisins, on a pu sauver le bétail et la majeur partie du mobilier du fermier. Tout le reste a été la proie des flammes. Les pertes sont assez importantes. 

Le débordement : les eaux ont atteint 8 mètres au-dessus de l'étiage. La Garonne est restée étale de 7 heures jusqu'à une heure de l'après midi. La décroissance fut très lente. Les dégâts ne s'étendent guère au-delà des digues. À Bourdelles, quelques prairies et champs de blé (jusque par dessus l'épi) ont été inondées, mais le mal n'est pas considérable. Par suite de cette inondation, les quais étant couverts, le marché a été tenu aux Tilleuls et la foire sur la route de Marmande, à partir de la Porte Saint Martin

Circulation, particulièrement abondante, de fausses pièces de 10 francs en or à Bordeaux, depuis un à deux mois. Ces pièces, en cuivre doré, sont au millésime de 1855, sonnent creux et pèsent un gramme de moins que les vraies. Un adroit voleur : lundi soir, à l'entrée de la nuit, un individu se présente dans une boulangerie de La Réole et demande un pain de 2,5 kg pour M. X. Comme il n'y en a plus, la boulangère lui propose un de 5 kg. L'individu fait semblant d'aller voir M. X et revient peu après pour emporter ce pain. Le lendemain, M. X fait prendre le pain. La boulangère s'en étonne et comprend vite qu'elle a été dupe d'un filou, qui s'est servi du nom d'un client pour lui extorquer une miche. Décoration du Mérite agricole: M.R, propriétaire et éleveur à Saint André du Bois, vient, par arrêté du Ministre de l'agriculture, d'être nommé chevalier du Mérite agricole. Il est celui qui a obtenu, dans les concours régionaux et généraux, le plus grand nombre de récompenses. 

L'Union, le 30 avril 1893  Débordement de la Garonne : les grandes pluies de ces jours derniers ont entraîné une crue de la Garonne, qui a pris les proportions d'un petit débordement. Toutes les basses plaines ont été submergées et la plupart des maisons du quai ont été inondées. Les eaux ont atteint hier vendredi, 7 mètres 62 ; la Garonne, après être restée étale pendant une heure, a commencé à diminuer. Cependant, le temps est toujours très mauvais, il tombe de fréquentes bourrasques. 

Accident de voitures : ce matin vers 9 heures, un accident est arrivé au contour de la place du Turon et de la rue des Frères Faucher. Le courrier de Castelmoron et la voiture d'un commissionnaire de Bazas se sont rencontrés. Heureusement, ils allaient à allure assez lente. Néanmoins le contre-coup a projeté à terre trois personnes, dont le facteur de la gare, mais sans grandes contusions. Les autres personnes, entre autres une femme et son enfant, qui étaient dans la voiture du courrier, n'ont eu aucun mal. Cet accident ne serait probablement pas arrivé sans un camion qu'on lavait à la pompe et qui obstruait en partie le contour. 

Nomination d'un juge : M. Caine, juge d'instruction depuis plus de dix ans à La Réole, 

vient d'être nommé à Périgueux. Il est remplacé par M. Ramon, avocat. Le pigeonnier de Fontet, refuge de tant de mendiants, a failli devenir, cette semaine, la proie des flammes. Le feu a pris, par imprudence d'un de ses hôtes de passage, à la paille placée devant la porte et s'était communiqué à l'intérieur. Des voisins sont arrivés et ont pu éteindre ce commencement d'incendie. Ainsi a été préservé ce nid de vermines de toute espèce ! 

Battue au loup à Saint Hilaire de la Noailles : on y recherche un loup qui pourrait bien n'être qu'imaginaire. Suivant certaines versions, on aurait vu plusieurs fois cet animal qui serait porteur d'un collier; se serait-il échappé d'une ménagerie? Ce loup ne serait-il pas plutôt l'énorme chien du médecin à Cours (les Bains), que celui-ci a fait réclamer ces derniers jours, à La Réole, à son de caisse (tambour). S'il en est ainsi que les braves habitants de Saint Hilaire se rassurent. Après avoir erré pendant quelques jours, il a réintégré son domicile. Impôt sur les vélocipèdes : dans la séance de mardi 28 mars, le Sénat a abordé la discussion de l'impôt sur les vélocipèdes. La Chambre avait porté celui-ci à dix francs. Le Sénat l'a diminué de moitié. On attend la décision de la Chambre. 

Projet de canal des Deux-Mers: proposition de jonction de la Méditerranée et de l'Océan Atlantique au moyen d'un canal maritime d'une longueur totale de 525 kilomètres. Ce canal, d'une largeur de 44 mètres en simple voie et de 63 mètres en double voie, aurait une profondeur de huit mètres 50. Il y aurait vingt-deux écluses ou groupes d'écluses avec élargissement de 1200 mètres de longueur devant servir de voies d'évitement et de garages. Il y aurait en outre cent quarante ponts tournants et sept ponts canaux.  Le canal partirait des bassins à flot de Bordeaux pour aboutir à l'étang de Gruissan, près de Narbonne. Il passerait par Castelsarrasin, Toulouse, Castelnaudary et les cols de Moux et Montredon. La dépense totale de construction est estimée à 668 millions.  

L'Union, le 5 novembre 1896 

Fête de la Toussaint : Beau temps favorisant les marchands, notamment le marché aux oies et dindons, la foire au bétail, dont celle des chevaux. Tohu-bohu infernal de cuivres de toute nature durant jusqu'au soir. La foire est surtout un lieu de réunion où se rend toute la jeunesse des environs. Ainsi, seuls y trouvent leur grand profit, les hôtels, les cafés et les amusements divers. Profitant du beau temps, les paysans étaient occupés aux semailles retardées par des pluies diluviennes de ces derniers jours. Les pickpockets, eux, étaient au rendez-vous. 

l'Union, le 30 décembre 1897  Pour les facteurs ruraux: Sans doute, il n'est pas trop tard pour parler d'eux et surtout pour leur annoncer une bonne nouvelle. Leur traitement, dès cette année, va être augmenté... On sait que les facteurs ruraux sont payés au tarif kilométrique à 7 centimes et un quart le kilomètre, sans qu'il soit tenu compte de la quantité de lettres ou journaux à distribuer et de la défectuosité des routes, accidents du sol, dureté du climat. Le ministre va substituer un traitement fixe par classes, au nombre de neuf. Dans la neuvième, ils auront 700 francs et de trois ans en trois ans, ils auront une augmentation de 50 francs en changeant de classe, de façon à obtenir, à la vingt septième année, le maximum de 1100 francs. Que cette bonne nouvelle vienne compléter les étrennes des facteurs ! 

Démolition d'un mur  Dans la nuit du 21 décembre dernier, on a démoli au Rouergue, le mur bâti par le Syndicat de Fontet à Bassane, faisant partie de la digue élevée contre les inondations. Ce travail s'est fait entre minuit et quatre heures du matin. L'équipe, qui a opéré, est venue de Bazas. Une enquête est ouverte et menée avec la plus grande activité. L'équipe est à peu près connue, ou du moins, on est sur une bonne trace. Avant longtemps, on saura à qui en incombe la responsabilité. Les ouvriers savaient bien à quoi ils s'exposaient, car ils avaient pris toutes les dispositions pour ne pas être connus. Des individus étaient apostés au bout du pont et à la Madone ; lorsque quelqu'un arrivait, ils faisaient cesser la besogne par un coup de sifflet. On a travaillé tout le temps avec des lanternes sourdes (lanterne dont certaines parois sont opaques, de telle façon que celui qui la porte puisse voir sans être vu et masquer complètement la lumière en cas de besoin). Le travail devait être bien rémunéré, car il a été mené avec une rapidité extraordinaire, malgré les difficultés qu'on a rencontrées. Les tirants de fer enchâssés dans les murs n'ont pas offert grande résistance aux efforts des démolisseurs bien outillés. Nous avons tout lieu de croire que cette brèche sera promptement fermée, car il y aurait un réel danger pour le Rouergue, s'il survenait une inondation pendant qu'elle est ouverte. 

Réglementation de la pêche fluviale 

Les périodes d'interdiction édictées par le décret du 5/9/1897, sont fixées comme suit (pour tous les procédés de pêche, même à la ligne flottante tenue à la main):  - du 1er septembre exclusivement au 10 janvier inclusivement, est interdite la pêche du saumon  - du 20 octobre au 31 janvier est interdite celle de la truite et de l'ombre-chevalier - du 15 novembre au 31 décembre est interdite celle du lavaret - du 18 avril au 19 juin est interdite celle de tous les autres poissons et de l'écrevisse. Est exceptée de l'interdiction, la pêche des poissons suivants, vivant alternativement dans les eaux douces et dans les eaux salées, savoir: l'alose, l'anguille, la lamproie, le muge dit mule ou mulet, la feinte dite gatte, la plie franche ou carrelet, l'esturgeon dit créac et la crevette. Cette exception s'applique exclusivement aux cours d'eau suivants: la Gironde, la Garonne, la Dordogne, l'Isle, la Dronne, le Dropt, le canal latéral et l'étang de Cazaux. 

Char mortuaire Nous apprenons avec beaucoup de plaisir que notre ville va être dotée d'un char mortuaire.... L'exécution de ce travail est d'ores et déjà confiée à l'un des meilleurs faiseurs de Bordeaux et à M. Lacroix, carrossier à La Réole. Cette innovation donnera aux sépultures un caractère plus solennel et plus imposant et nous n'avons que des félicitations à adresser à la Société de secours mutuels (fondée en 1843) pour l'heureuse idée qu'elle a eue en prenant cette initiative et en a menant à bonne fin. 

L'Union, le 15 septembre 1898 

La chasse : on nous prie d'insérer l'article suivant: "Il n'y a plus de perdreaux dans l'arrondissement de La Réole. De tous côtés, on entend dire qu'il est inutile de renouveler son permis de chasse et les résultats de l'ouverture de la chasse de 1898 viennent corroborer cela. Devons-nous rester dans l'inaction en présence de cette pénurie de gibier et les pouvoirs publics ne doivent-ils pas s'en préoccuper? C'est par millions que l'État et les communes empochent le produit des permis de chasse; laissera-t-on tarir cette source de revenu? Le département de la Gironde a dépensé sans compter pour repeupler les rivières; pourquoi n'en ferait-il pas autant pour nos campagnes, autrefois si giboyeuses? Tout le monde y trouverait son profit : l'État, en encaissant le prix des permis de chasse, qui seraient d'autant plus nombreux qu'il y aurait de gibier et en vendant une plus grande quantité de poudre; et les particuliers en s'adonnant à un sport hygiénique et en se procurant des ressources agréables pour leur alimentation. Tout le monde est d'accord sur ces deux points. Recherchons donc quels sont les solutions possibles :  - Interdire la chasse pendant deux ou trois ans? C'est peu pratique, car les braconniers redoubleraient d'astuces et d'activité.  - Installer des gardes particuliers dans chaque commune? C'est un moyen coûteux et peu pratique, car les braconniers siffleraient les perdreaux au nord de la commune, quand les gardes seraient au midi. Nous n'en voyons qu'un d'efficace: ce serait de fonder une société au chef lieu d'arrondissement, qui aurait pour but de grouper dans chaque commune un certain nombre de chasseurs. On leur demanderait une cotisation de cinq francs par an, qui servirait à l'achat de perdrix à installer près de chez eux, de façon à les pouvoir sauvegarder des braconniers. Du moment où cette société serait fondée, elle s'adresserait à nos conseillers généraux chasseurs, les Becquet, Roll ... et on leur demanderait d'obtenir du Conseil général une somme égale à la somme totale obtenue par les cotisations. Dés la première année, on pourrait acheter deux cents couples adultes. Chaque couple faisant au minimum une couvée de dix perdreaux, voilà deux mille perdreaux à canarder à l'ouverture de la chasse. Comme on calcule qu'un volatile, avant d'aller à la broche, essuie une dizaine de coups de fusil, en voilà vingt mille qui seront tirés par nos chasseurs. Que de permis, que de poudre vendue, que de fusils achetés, que de plomb, que de bourres, que d'argent, en un mot, mis en circulation et que de bons rôtis succulents ou de perdreaux mis en vente! Les élections sont terminées: laissons la politique de côté; que toutes les bonnes volontés se groupent pour faire réussir ce projet. Allons, Messieurs les chasseurs de La Réole, organisez-vous, formez un comité!" 

Puits artésien:    Les préparatifs d'installation pour le forage d'un puits artésien à côté du viaduc du chemin de fer, à La Réole, au bas de la rue de La Mar et de la rue Sainte Colombe, sont menés avec la plus grande activité. Déjà, même les travaux de creusement à la surface sont commencés. Mais tout ne marchera bien que dans quelques jours, alors que l'installation sera définitive. Conseil municipal de La Réole    Le maire rappelle à ses collègues qu'un crédit de 300 francs est inscrit aux chapitres additionnels de l'exercice 1897, pour améliorations à apporter dans les dispositions d'évacuation, en cas de sinistre, de la salle du Casino. À savoir, un escalier avec palier à la hauteur de la fenêtre du premier étage. Quand il n'y aurait pas de représentation, cet escalier devrait se rabattre le long du mur. Une demande sera faite auprès du voisin de l'établissement pour savoir s'il consentirait à laisser créer une large ouverture donnant accès dans son jardin et qui ne serait ouverte que lorsque les circonstances l'exigeraient.

Le maire, M. Perrein, donne connaissance au Conseil :  - de l'état comparatif des recettes de l'octroi à la fin février 1898, qui accuse une plus-value de 149 francs 14 sur l'année précédente à pareille date. 

- des travaux de restauration du pont sur le ruisseau du Charros, confiés à l'entrepreneur Ranchoux, qui a consenti un rabais de 5% sur le prix dressé par M. Coiffard, architecte.  - de papiers concernant les frères Faucher, qui ont été compulsés par la commission des finances et des tableaux (des parents Faucher) qui y étaient joints. Ils ont été examinés avec attention pour en apprécier le prix. Ils n'auraient point une grande valeur commerciale, mais certains manuscrits et les tableaux rappellent les traits des illustres jumeaux.

La commission estime donc que, malgré les ressources limitées de la commune, il convient d'offrir une somme de 500 francs pour acquérir les dits documents et tableaux . 

     Sur la demande du maire, le Conseil ouvre sur les fonds en caisse les crédits suivants: 100 francs accordés à la Société philharmonique; 250 francs pour travaux au cimetière; 14,85 francs pour travaux à l'École d'agriculture; 154 francs pour travaux effectués pour l'établissement de la bascule sur la place du Turon (pour peser les charrettes). 

 Alambic L'alambic est appareil de distillation se composant d'une chaudière à laquelle est relié un col de cygne. Le vin alcoolique est porté à ébullition dans la chaudière, tandis que les vapeurs, qui en résultent, circulent dans le serpentin. Ce tube en spirale, fixé au col de cygne, recueille les émanations qui s'y condensent. Un récipient récupère ensuite le produit distillé, qui est souvent repassé dans l'alambic pour remonter le degré alcoolique.  L'alambic était déplacé dans les villages où subsistent encore des bénéficiaires du droit de faire brûler, privilège républicain acquis pendant la Révolution et que l'état récupère progressivement.  Il était lié à un territoire et à un lieu de stockage précis. Il était plombé et contrôlé par l'état. Le vendeur et l'acquéreur de l'alambic s'obligeaient solidairement, ainsi que leurs héritiers.



      Prospectus sur le collège de La Réole 

Grâce aux libéralités du Conseil municipal et de l'État, le collège, avec ses cours spacieuses dominant la vallée de la Garonne, ses longues galeries, ses beaux dortoirs et leurs vestiaires, offre aux famille toutes les garanties désirables d'hygiène, de confortable et de salubrité (Collège réservé aux seuls garçons). 

L'éducation religieuse est donnée, sauf avis contraire des parents, par un aumônier attaché à l'établissement. 

L'enseignement secondaire est soit classique (baccalauréat math-élem, lettres) ; soit moderne (conduisant aux écoles vétérinaire, supérieure de commerce, d'arts et métiers; emplois administratifs sans bac (service vicinal, Pont et Chaussée, contributions indirectes, postes et télégraphes, diverses carrières de l'industrie, agriculture...). Un cours spécial d'agriculture est obligatoire de la cinquième à la troisième de l'enseignement moderne, facultatif pour les autres. Des professeurs spéciaux sont chargés des langues vivantes, du dessin, de la comptabilité et de la gymnastique. Le prix de ces leçons sont comprises dans celui de la pension ou de la rétribution collégiale. 

Admission des élèves: un nouvel élève doit produire son acte de naissance, un certificat de vaccine (BCG) et s'il sort d'un autre établissement, un certificat de bonne conduite. 

- pensionnat: outre l'uniforme (veston, pantalon, gilet, casquette drap bleu), chaque pensionnaire doit avoir un trousseau ainsi composé: une pèlerine d'hiver, douze serviettes de table ou de toilette, deux paires de drap, dix chemises, huit paires de bas ou chaussettes; douze mouchoirs de poche, deux cravates de soie noire pour l'uniforme, deux paires de souliers, un couvert, une timbale ou verre, un couteau de table, un nécessaire de toilette, un sac à linge. À la sortie du collège, l'élève emporte son trousseau, sauf deux draps et six serviettes, qui sont réservés pour l'infirmerie. Tout pensionnaire doit avoir un correspondant en ville (accepté par le Principal) si les parents ne sont pas domiciliés à La Réole. Les sorties ont lieu le premier dimanche de chaque mois; davantage pour les bons élèves. À l'occasion des vacances, ils sont accompagnés par un maître à la gare ou au bureau des voitures ("bus"), ainsi qu'à leur retour. Les parents sont instamment priés de déposer entre les mains du Principal l'argent destiné à leurs menus plaisirs. Le parloir est ouvert aux parents ou correspondants pendant les récréations Aucun livre de lecture ne peut être introduit, s'il n'a été préalablement soumis à l'approbation du Principal. Un bulletin trimestriel tient les familles au courant de la santé, la conduite, le travail, ainsi que les notes et places de leurs enfants. 

- demi-pensionnat : les élèves prennent le dîner (déjeuner) et le goûter. Ils sont astreints à l'uniforme. 

Paiement : en trois termes et d'avance (1er octobre; 1er janvier; 1er avril). Total pour les pensionnaires: 550 francs; demi-pensionnaires: 350 francs; entretien des bibliothèques de quartier: 5 francs. Réduction pour les fils d'instituteurs et gendarmes; pour une fratrie. La fourniture des livres, papier, plumes, taille des cheveux, frais de maladie et visite du médecin ou dentistes sont à la charge des familles, ainsi que le blanchiment, menu raccommodage, leçons de musique, d'escrime et les bains. 

- externat : nul n'y est admis si la famille n'habite pas La Réole. Un externe ne doit, sous aucun prétexte, se charger d'une commission pour un pensionnaire.

 Louis Bosch, principal 

PS : Chaque année, la rentrée se fait début octobre à 8 heures. Par décision rectorale, une composition a lieu dans toutes les classes, le jour même de la rentrée. Elle compte pour l'attribution des prix à la fin de l'année scolaire


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