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Michel Balans : je me souviens !

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Sommaire Cahiers du Réolais



1 - Histoire de La Réole au XXI° siècle

2 - La ville de La Réole en 1940 - 45...

3 - Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle

4 - Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle - (suite)

5 - Musique et Musiciens à La Réole

Histoire de La Réole au XXI° siècle  

« voix plurielles»

    Au 19e et 20e siècle, des historiens, Michel Dupin, Octave  Gauban, Marc Malherbe, Pierre Coudroy de Lille,  Lucien Jamet et ses cahiers du réolais, J. Delors, R. Arambourou, F. Cantegrel, ont rédigé chacun un sujet ou une histoire de La Réole.
    De nos jours, à l’aide de l’informatique, d’internet, l’Histoire se raconte à plusieurs voix. Christo Laroque, Alain Lamaison, Michel Balans, J.- Pierre Trouillot, avec leurs amis, mémorisent les évènements du siècle passé et consignent ceux d’aujourd’hui.

    Pour dater, mettre un nom sur une photo de groupe, il est fait appel aux amis lecteurs.

    Ainsi la mémoire chorale mise en commun gagne en précision. La transmission n’en sera que plus facile.

    Je participe à ce travail collectif avec des écrits titrés : Je me souviens

    Les sujets divers de ma famille, de mon enfance, nourrissent ces récits. Ma mémoire est bonne. J’utilise mes notes, anti-sèches. J’ai une mémoire visuelle fidèle. J’espère que cela intéressera  les nouveaux habitants qui viennent repeupler notre ville. Celle-ci renaît après avoir subi les affres de la mutation nationale. Son histoire depuis l’origine est en dents de scie.

    Pour ma part mes créations plastiques ou autres (théâtrales, filmique, etc.) constituent un contre-point complémentaire original non négligeable.
    Passionné d’histoire, en participant aux travaux de la Mémoire de Bordeaux, de l’Institut d’Histoire de la CGT, je suis devenu un homme de bon-vouloir, acteur et témoin de son temps.
    Mon activité professionnelle est consignée dans des fiches personnelles qu’il me faudra un jour rendre convenables.

    Il reste encore beaucoup de choses à rendre lisible.
Exemple : le plan de la ville en 1940 / 50 avec le nom des rues et leurs habitants.
Ce matériel devrait trouver sa place pour être consulté dans un lieu municipal en projet ? 

    Il y a  encore beaucoup de trous noirs dans l’Histoire de La Réole. Par exemple sur le long séjour à La Réole du Parlement de Bordeaux qui a pourtant beaucoup modifié la cité. (multiplication des points d’eau potables, installation d’imprimeries-librairies, etc.). 

    L’imprimerie, activité familiale, est un sujet qui me passionne. Mon père, imprimeur-typographe, a imprimé pendant 8 ans un hebdomadaire politique géré par une rédaction engagée contre les idées du Front populaire. La Réole avait à cette époque trois journaux d’idées en plus de la Petite Gironde bordelaise.
    Jean Maur, premier imprimeur en Gironde, venu de Constance, s’installe à La Réole en 1517. Il ouvre la voie à des imprimeurs artisans bordelais.

    La période de l’occupation allemande en 1940 est mal connue. La Réole était en zone libre, Langon en zone occupée.
Le Journal Officiel de Vichy fait un passage de deux jours en route vers Toulouse et Alger.
La Réole, ville de passage, encore une fois, est devenue stratégique sur tous les plans, religieux, politiques, économiques.

    Les multiples activités militaires, les péripéties culturelles, sociales, sanitaires ont fait de cette cité importante de Gironde, une histoire riche, dense, qui colore les pierres de son superbe patrimoine architectural.
    La guerre de Cent ans commence à la Réole avec le premier tir de bombarde sur les tours du château des Quat’Sos et se termine à 60 km de là, à Castillon la Bataille !

    Accrochée à un rocher dominant la Garonne c’est un lieu de passage, de traversée à gué de la Garonne, que les moines avisés ont su gérer en créant la ville Régula, (la Règle en latin qui donne La Réole) à côté de leur monastère. .
    Ils deviennent riches et très convoités par le voisinage noble laïque et religieux. Ceux-ci, malgré eux, fournissent un Saint Abbé :  Abbon, venu  de Fleury, mort martyr à La Réole en 777.

    Dans les projets futurs un CIAM est prévu dans une maison ancienne de la rue Peysseguin, propriété de la commune. L’ancien prieuré bénédictin vidé de ses administrations sera consacré à la culture. Deux espaces publics pour développer les différentes approches de la mémoire  réolaise. Bel avenir pour un passé, un présent, un futur.
    La ville a d’autres projets dans ses cartons.

L’actuelle écriture plurielle de La Réole propose parfois  plusieurs éclairages d’un même sujet. Contradictoire parfois le récit s’articule au plus près du sujet pour en révéler sa richesse et sa complexité. Les oublis sont rares. Ce qui a échappé à l’un ne l’est pas forcément à l’autre.

Ainsi la mémoire demeure vivante et accessible à tous.

Michel Balans, Mai 2023 

La ville de La Réole en 1940/45...

ville zone libre / ville zone occupée

Je me souviens...

    La France est en guerre contre l’Allemagne depuis 1939. Le maire de La Réole est le docteur Boé (divers-droite). Mon père est rappelé sous les drapeaux. Ma mère le remplace à l’imprimerie du journal, au clavier de la linotype. Henry Maumy fait tourner la boutique avec Pierrot Barbillat... La Tribune Républicaine, hebdomadaire de sensibilité de droite est dirigé par une comité de rédaction avec R. Bourillon, J. Counilh, H. Choisnet, G. Roux, Bonnet, Fournier. etc..

    Nous habitons l’appartement en-dessus de l’imprimerie au n°14, rue Camille Braylens avec un grand jardin qui donne sur une colline dominée par l’École de garçons et l’École maternelle .

    Le "Journal Officiel", JO de Vichy, (deux personnes, un journaliste avec son chien et un metteur en page) en route pour le sud, s’arrête deux jours, pour imprimer son journal sur le matériel moderne, unique de la région,

    La France est coupée en deux, nord/sud, séparés par une ligne de démarcation qui passe à 15 km, à Pian sur Garonne entre Langon et St-Macaire. Pour traverser et aller à Bordeaux il faut un laisser-passer et subir une fouille. Le gouvernement est à Vichy.

    Les années s’annoncent noire avec les restrictions, la défense passive, il y aura des collaborateurs, et des résistants. FFI -  (le colonel  Cabane, père de Claude, futur rédac-chef de l’Huma, se marie avec Marcelle Larrieux- Goletzinowsky qui devient Mme Cabane).

Des combattants anglais posent des mines sur des bateaux allemand dans le port de Bordeaux (opération Frankton en 1942), blessés, recueillis par des réolais, soignés à l’hôpital par le docteur Chavoix, avec la complicité de tout l’hôpital, religieuses comprises. (Ils seront capturés à l'hôpital et fusillés).

    Chassés par les bombardements des réfugiés du Nord et de l’ Est se replient sur la région. 

La Réole après les réfugiés Italiens, Espagnols, Portugais d’avant guerre, accueille  les Polonais les Alsaciens les Lorrains, juifs parfois.

    A l’école nous sommes avec les nouveaux qui s’appellent Rosenthal, Holchaker. Un professeur de violon polonais en ville se nomme Goletzinowski.

    Les denrées viennent à manquer. Les tickets font leur apparition. Les restrictions imposent leur dure loi. Le rationnement réduit l’alimentation et les denrées principales.

    Un temps, par sa position géographique, La Réole en première ligne de la France non occupée retrouve sa place de sous-préfecture, politiquement, administrativement, religieusement. Le chanoine Larrue, curé de La Réole, suppléait à distance pour le Sud, l’évêque Feltin à Bordeaux.

    La Résistance fera de La Réole une plaque tournante. Puis toute la France devient entièrement occupée en 1942 et une garnison allemande habillée en vert de gris (les doryphores) est logée au Collège et dans l’École de garçons. Il s’y tiendra également les bureaux de la Komandatur.

    Le couvre-feu, l’éclairage public éteint donnent à la ville le soir un aspect lugubre.

La défense passive fait peindre les vitres de fenêtres en bleu. La sirène des alertes, sur le toit de l’église, résonnent de façon sinistre. Le Secours National s’installe rue des Menus dans une ancienne usine. C’est une réserve de matériel de premiers secours dirigée par une assistante sociale : Jeanne Gaubert, et par M. Korf, un réfugié de l’Est, concierge.

    Mon père, prisonnier, travailleur dans une mine de cuivre allemande, s’évade avec un camarade. Ils traversent la Forêt noire pour rejoindre la Suisse. Le passage chez les scouts lui a appris à se diriger avec l’étoile polaire et les étoiles. Ils circulent la nuit avec une boussole de fortune fabriquée avec une lame de rasoir aimantée et une boîte en carton.

Il reprendra son travail de typographe au journal.

    Pierre Laville, professeur de dessin au collège, prisonnier, ramera un carnet de croquis précieux reportage sur la vie du stalag qui sera édité et exposé au musée Jean Moulin de Bordeaux.

    Le gouvernement de Vichy et sa propagande adresse des articles pour le journal toutes les semaines.

    Dans les écoles on chante «Maréchal nous voilà !.»

A la radio unique, André Dassary ressasse le même refrain. La photo du Maréchal est partout avec la francisque tricolore. Il adresse des lettres à tous les enfants. On distribue en classe  des biscuits vitaminés et du lait en poudre, une horreur. L’école de garçons repliée dans la seule école maternelle non occupée part l’après-midi dans les prés  en classe verte. Le soir, tout volet fermé, on écoute Radio-Londres et ses messages personnels codés.

    Après la Libération à l’école on chantera  avec M. Kremps, « La République nous appelle, ou Sambre et Meuse. Et la Marseillaise ».

Mais avant, au repas, les rutabagas, les topinambours, les salsifis remplacent les pommes de terre. Le pain devient noir, le lait écrémé. Les restrictions suppriment la viande des étals du boucher et du charcutier. Des abattages clandestins se font à St-Aignan et St-Sève où mon père se rend en vélo pour prêter main forte. Un soir, il se fait arrêter par les gendarmes qui confisquent le beau morceau de bœuf tout frais qu’il ramenait.

    Le rationnement touche tous les produits. Les tickets permettent l’obtention de certaines denrées de première nécessité. Le pain, le beurre, le lait. Parfois il faut faire la queue chez le commerçant. Le sucre est remplacé par la saccharine. Le gland remplace le café. Les bananes et les oranges ne reviendront qu’à la Libération avec le chewing-gum, les stylos Parker et les bas nylon.

    La pénurie d’essence oblige les véhicules à s’équiper de gazogène. La société Autobus, dirigée par Jean de Saint Denis, ingénieur venu de Lille, qui assure la liaison avec le département, a équipé ses véhicules de cet engin encombrant, peu gracieux mais utile.

Les jeunes gens sont appelés au travail obligatoire en Allemagne. (STO).

    La Réole est au cœur de  différents réseaux de résistance. Des héros seront célébrés, Albert Rigoulet, Jacques Terrible, abbé Boudot, (vicaire) Mme Thérèse  Estève, (honorée comme Juste, qui cachera des juifs dans sa propriété de Montagoudin) Jean Badets, radio, aide aux parachutages (capturé et interné à Buchkenwald), Daniel Faux, de Lorette (St Michel Lapujade ) surnommé papa Faux et sa femme animent le maquis local Buckmaster où un combat fait des victimes des deux côtés ainsi qu’à Blasimon (où des maquisards sont fusillés) et à Mauriac. Natif de Caudrot, Pierre Gemin du réseau Chador est dénoncé, incarcéré au Fort du Ha, fusillé à Souges en 1942, à 22 ans.

    Une semaine, je servais la première messe de 7h de l’abbé Boudot, vicaire, à la chapelle de la Vierge. J’avais ses chaussures à hauteur des yeux quand j’étais à genoux au bas des marches. J’étais frappé par l’état de ces chaussures, pleines de boue et de paille. Depuis le presbytère à côté de l'église, le chemin est court et propre. J’étais intrigué. Je restais muet..     J’ai su plus tard qu’il passait la nuit en parachutages clandestins avec des maquisards et n’avait pas de temps de se changer pour être à l’heure pile pour sa messe basse. Je n’en parlais à personne. Ainsi à ma façon, sans le savoir, j’étais complice et résistant.

Nommé ailleurs, l’abbé a eu une fin tragique en plongeant dans une piscine avec peu d’eau.     C’est l’abbé André Grenié qui lui succède pour créer le Centre St-Jean Bosco en 1947.

Au nord de La Réole, Massugas, localité de Ste-Foy la Grande, abrite une propriété de Maurice David Matisson, psychothérapeute bordelais, très actif avec son réseau de maquisards. Robert Bry, avocat bordelais, Roger Cabane, militaire gradé, mari de Marcelle Larrieu, sont avec lui. Les réseaux acheminent des combattants de l’ombre pour aider les plasticages, les sabotages. D’autres résistants plus discrets œuvrent dans l’ombre. Simone future Savariau, réfugiée de Longwy, employée au secrétariat de la mairie, fait partie d’un réseau. Elle fabrique des faux papiers avec un faux tampon réalisé avec des pommes de terre. Rustique et efficace.

    A la Libération un Comité de Résistance présidé par M. Trey (Tabac-Presse - grand-père du docteur Henry) assisté du docteur P. Chavoix, précède l’élection du maire Jean Delsol (rad-soc),

    Nous étions, ce dimanche 31 août 1944, chez nos amis Marcelle et Raymond Cartier, à St-Aignan pour le dépiquage. Le matin, la machine à dépiquer était en train de fonctionner avec les hommes sur un terre-plein devant le séchoir tandis que les femmes préparaient le repas à l’intérieur de la ferme. Une horde de soldats mongols allemands débarque fuyant devant les maquisards, du sud vers le nord. Les femmes leur offrent de l’eau et font monter les enfants au grenier. Ils repartent vite. Pendant ce temps, le dernier allemand quitte la ville de La Réole. Le temps de la France libre est arrivé.

    Les tractions-avant Citroën arborent le V de la victoire avec la croix de Lorraine. FFI, trois lettres, complète la décoration. Des jeeps américaines font leur apparition. Des hommes armés sillonnent la ville. Le Collège est devenu le siège FFI. Un va et vient anime la ville.

    Pour fêter la Libération un grand bal populaire est organisé sur la place du Turon par les Femmes Françaises. Avec un groupe de jeunes réolais de la paroisse (Rapin, Filleau, etc) je tire les cordes des cloches de l’église à toute volée qui nous soulèvent dans les airs. Un autre grand bal a lieu sur la place des Tilleuls où quelques jours suivants sur le kiosque, des femmes dénoncées pour collaboration allongée seront tondues et filmées par Jean Saubat. Triste spectacle.

Le garde municipal Chasserey et ses fils tirent des petites charges au canon d’alarme face à la Garonne. Des oriflammes tricolores traversent les rues. Le portrait de De Gaulle commence à apparaître.

    Dans les jours qui suivent Saubat filmera à la gare le retour par le train des prisonniers. Scènes émouvantes. 

    La vie reprend lentement son cours. Les mauvais souvenirs s’effacent bien que les règlements de compte apportent leur lot de sévérité et d’injustice : R. Bourillon,  J. Counilh, P. Tracou, sont déchus de leur droits civiques. Mon père, ancien  prisonnier évadé, échappe aux sanctions politiques mais l’imprimerie est vendue. La Tribune républicaine disparaît. 

    Il restera deux journaux hebdomadaires. Pour quelque temps Beylard imprime l’Indépendant, Henry Vigouroux imprime le Réolais. Josette Vigouroux-Gimenez (sa fille)  finira par vendre à Florence Mothes en 1999 qui à son tour fermera boutique trois ans après.

Une grande page se tourne. 

    En 1946 ma famille se replie au n°18, rue Armand Caduc, chez les Fayaut.

    En 1950 j’y ferait une année d’apprentissage à l’atelier sans conviction, avant de partir à Bordeaux définitivement faire les vitrines des Nouvelles Galeries. 

    Marius vend son petit matériel d'imprimerie. Il sera simple ouvrier typographe dans une grande imprimerie bordelaise (Bière-Biscaye), il a une chambre en ville et prend ses repas au Foyer Henry Bazires. Avec le train, il revient à la Réole tous les week-ends.

Ma mère Madeleine, devient employée de mairie, auxiliaire, à l’État civil.

    En 1943, un curé zélé de Dieulivol, l’abbé Demazière, qui a creusé une petite grotte sur le modèle de Lourdes, en dessous de l’église, lance le Grand Retour de Notre-Dame de Boulogne. Transportée à pied elle doit rejoindre Boulogne en passant par Bordeaux. C’est une statue de la madone sur son bateau. Il y a cinq exemplaires en France. Je suis dans le cortège qui l’accueille au petit matin sur la route à St-Hilaire. La procession, avec Jean Rapin,  chante « Chez nous soyez Reine ..et  Reine de France, etc, etc.. » (des Cantiques disparus depuis), jusqu’à l’Église St-Pierre où N. D. reste un jour avant de repartir.

    Cette longue période agitée, (1940 / 45 / 50) peu évoquée, non répertoriée, complexe, a laissé des traces profondes, en ville et alentours. Elle précède la période dite des «trente glorieuses» ou le pays se redresse vaillamment. Mais La Réole poursuit son déclin économique, social, culturel. Le point zéro sera atteint en 1980. L’agriculture a disparue, le activités se déplacent. Le centre-ville vide devient une friche. La périphérie gagne quelque peu en logements et grandes surfaces.

Puis, à nouveau, elle remonte la pente avec courage.

Grand Zig - zag de la vie. 

    Objectif 2020, 2050 ! la route est longue. Les projets abondent. Ville d’art et d’Histoire elle utilise son patrimoine en guise de moteur économique. Elle attire les artistes, de nouveaux habitants.

Récemment, la revue Télérama lui consacre une couverture et un article qui la compare à la proche banlieue bordelaise grâce à la route et au chemin de fer. Ville où il fait bon vivre.

C’est le  village qui m’a vu naître, où j’ai grandi, qui m’a inspiré, qui m’inspire encore. J’ai encore quelques souvenirs à mettre au jour.

                                                                Michel Balans Mai 2023


Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle


Ce  panorama du théâtre à la Réole s’attachera davantage à la pratique du théâtre amateur plus qu’à une activité professionnelle. Seul le théâtre ambulant au 19e répondait à des critères professionnels.

    Au 20e et 21e quelques troupes professionnelles, rares, de passage à La Réole, représentent cette catégorie. 

    Surtout, comédies et comédiens passent de l’état du pur divertissement à l’état du service public, de l’éducation.

    Au 21e siècle, les comédiens devenus «intermittents», sont organisés pour défendre leurs droits et assurer leur formation. Les communes pilotent la culture municipale, y compris l’activité théâtrale.

    Aucune indication sur la présence de comédiens à La Réole durant les 18e et 19e siècles.

Les parvis d’église accueillaient des mystères du Moyen-âge.

Est-ce que la paroisse St-Michel avait un parvis ? Il semble que non. 

    Par « l’Agenda de Jean », nous apprenons que le Café Gallaud du Turon accueillait des artistes, des saltimbanques ambulants et des séances musicales. 

On peut imaginer les spectacles de cirque en plein air sur les quais ou place des Jougadous. Jean, dans son Agenda, signale le passage des cirques Bazola et Rolla avec leurs numéros équestres. La troupe équestre Farina fera également un passage.

    Les informations sont plus précises pour le 19e et surtout le 20e siècle.

    Il s’agira de noter davantage les productions et les comédiens amateurs.

    Au 19e siècle : 

Dès 1865, à l’Eden-théâtre (futur Casino) on peut voir des pantomimes et au Café Gallaud plus tard on peut entendre des chanteurs, chanteuses, (du Grand-Théâtre de Bordeaux), des opéras ( ? ) Lucrèce Borgia ! ?

    En 1870 on refait le buffet de l’orgue Stoltz, installé en 1843 à St-Pierre.

Les sociétés de musique : l’Orphéon et la Philharmonie receuillent des prix dans des concours régionaux.

    Au 20e siècle : 

    Dès 1920 la Salle de la Phalange réolaise, (patronage paroissial ) dans l’ancienne École libre, les groupes de la paroisse se produisent. Les garçons, avec la « Phalange réolaise » jouent des comédies, burlesques, style comiques troupiers avec Marius Balans, Peres, Duranthon, etc.. Les jeunes-filles, “Enfants-de-Marie”, jouent des classiques avec Molière ( les Femmes Savantes ) ou  « le Flibustier ». de Jean Richepin.

    Un professionnel parisien à la retraite, habitant Fontet, Jean Harlet ( Saujeon ) met-en-scène Madeleine Penelle (future Balans), Geneviève Giresse, ( future Darvand ), Rose Cocut ( future Labrousse ) ...etc .

    Mes parents, chacun jouant de son côté, se rencontrent dans les coulisses ou dans la cour d’entrée. Quelques mois après le traquenard d’une jalouse, ils se marient.  Avec ma sœur, je suis né de ces rencontres théâtrales. . . !

En 1946 avec ma voix de soprano je monte, à mon tour, sur les planches de cette salle avec mes camarades Vidal, Descos, Lanoire, Barbe, de St-Denis, Darvand, Filleau, Grisel, Lanoire, etc. 

Je chante des opérettes écrites par les parents bordelais de l’abbé André Grenié.

La salle fera aussi Cinéma. Edouard Molinaro y présente ses premiers courts-métrages (disparus).

En  1952, Le théâtre amateur fait partie de la politique culturelle d'État depuis la Libération. La décentralisation théâtrale est une préoccupation importante. 

Dès 1959 un Ministère de la Culture pilote l’organisation de cette décentralisation avec l’Éducation Nationale et le Ministère de la Jeunesse et des Sports. 

Le théâtre fait partie de l’éducation. Chaque région est dotée d’une structure, un Centre Régional Art Dramatique ( CRAD )  qui consiste  à former, aider les troupes amateurs.

En 1950 c’est Jean Lagénie qui préfigure le poste d’instructeur et directeur du CRAD d’Aquitaine à Bordeaux. 

En 1952 il vient à La Réole jouer « Numance » de Cervantès, adapté par Marrast, avec Raymond Paquet, en plein air, au cloître du Prieuré. La venue de ce spectacle est un événement artistique et politique majeur.

En 1964 Raymond Paquet qui le remplace viendra faire la mise en scène des Jeunes du théâtre réolais et jouer la « Foire aux farces ». 

En 1984 c’est Jacques de Berne qui succède à Paquet et dirigera un stage où à  cette occasion j’écris une adaptation d’une pièce de Tirso-de-Molina  «Mais qu‘est-ce qui fait courir les filles, le soir, sur les bords de la Garonne ? » Jean de la Réoule en est le héros.  Ce spectacle sera joué en plein air au cloître et à St Macaire. 

Un deuxième stage en 1989 ramène Jacques de Berne, CTP de jeunesse et Sports sur le bord des quais pour jouer un texte de Marie Dulac : «le Pavillon de la MarieJeanne ». Quatrième stage de Jeunesse et Sports à la Réole dont je suis un peu à l’origine

 Dans les années 1946-47, en plein air, place des Jougadous, le théâtre Ferranti et la famille Durozier donnent des spectacles. ( ce sont des théâtres privés ).  

Toute la semaine, chaque soir, une pièce est présentée : drames, comédies alternent devant un public attentif. ( il n’y a pas encore de télé !). C’est une famille entière qui joue tous les rôles. « Les deux orphelines, Ces dames au chapeau vert, le Cheminot, les Misérables, les Trois mousquetaires, etc. etc.. ».

Au 20e siècle à La Réole, il y avait trois salles qui accueillent des spectacles réguliers. Dans la salle du Casino, un grand bâtiment en deux parties : une grande salle avec balcon, deux issues rue des Tilleuls et une petite salle en rez-de-chaussée, entrée rue Armand Caduc. L’ensemble est séparé par un petit café et son logement, rue des Tilleuls. L’ensemble a été détruit pour faire un parking.  Des tournées et des spectacles du Collège voisin trouvent place.  

Dans la salle de l’Amicale Laïque, place des Justices, le Gymnase, des tournées, des spectacles scolaires, des productions locales trouvent une scène. Et des spectateurs.

En 1946, sur la scène du Patronage paroissial, les Ames Vaillantes ( groupe féminin, adulte : Yvette Noël, Simone Jude, Monique Rapin, etc ) jouent : ces “Dames au chapeau vert”, et des extraits de “La maison de Bernada Alba” de Garcia Lorca : mise en scène collective.

En 1948 sur la scène du Patro, mon père joue ”Gardien-de-phare” avec un fils Gaboriaud. Ils font leur propre mise-en-scène.

En 1968, la Compagnie-Universitaire-de-Bordeaux joue “Electre”, de Giraudoux, à l’occasion du Mois de l’Amitié au premier étage de la vieille Halle. Mise en scène de Jacques Albert-Canque. J’ai réalisé les costumes et le décor. 

Au Casino, en 1946, le Collège présente son spectacle de fin d'année. 

Michèle Barbe, future Michèle Perrein (surtout connue pour ses romans, elle écrira deux pièces de théâtre) et Edouard Molinaro (Doudou) (futur réalisateur qui fera plus de 58 mises-en-scène de films ) ils jouent « la Paix-chez-soi » de Courteline. Grand Succès.  Ils deviennent des professionnels à Paris, chacun dans sa spécialité.

En 1947 à l’Amicale Laïque le Cours Complémentaire de Filles présente son gala de fin d’année, un des meilleurs. Mme Laborde, directrice et son équipe, avec Marcelle Cabane, prof-de-gym, chorégraphe, présente des spectacles remarquables, celui de 1947 est particulièrement réussi spécialement les ballets.  

Ma sœur Suzy joue Dandin dans les “Plaideurs” de Racine.  

L’orchestre « l’Union Musicale » se produit également. 

En 1947, Germaine de St-Denis, pour l’Association des familles, à l’occasion de la Fête-des-mères, met en scène une pièce de Berhe Bernage, dans laquelle avec d’autres (J.Pierre Bonnac, etc.)  je joue un enfant de “mon paternel”  qui lui joue un père de retour de captivité avec Mlle Jandel, sa femme, (future Mme Larroze). 

En 1970, le Théâtre-des-Jeunes de La Réole qui s’est créé à la suite des trois représentations de 1963-64-65 présentera ses propres productions avec les frères Jacques et Christian Larroque, Max Labadens, Pierre Carasset, M. Terracher, Jean Virepinte, Oris Braga, sa femme Jacqueline, , etc.. 

Oris Braga et Jacqueline créeront un atelier café-théâtre à Loubens.  

Le Casino, et la salle des Gymnases feront cinéma pendant longtemps. En 1949 viendra le Rex, où s'installera l’ Écran réolais et son complexe de deux salles.

En 2000, une strasbourgeoise, la fille d’un architecte réolais, conseiller municipal, Antonia de Rendinger, joue avec succès les humoristes solos à Paris. Sous le nom d'Antonia.

Le Théâtre des Jeunes, en 1963-64-65 avait joué en plein air des montages de Jean Pérot, Simone Artins, Guy Rapin, Michel Balans. Sur la place de la Halle, au Cloître, devant le mur de ville des Jacobins. ( J. Avadjian, J. Pauly, R. Vanetelle, Jean Virepinte, Pierre Falloux, etc.)

Dans les années 1970-80, un professeur de lettres du Collège, Paul Esquinance, fait des mise en scène dans la troupe qu’il a créé  « I-Corrigi ». Son talent est reconnu.

Sa disparition prématurée laisse la population stupéfaite et on donnera son nom au collège.

De cette troupe amateur sortira Frédéric Vern, qui créera à son tour la Compagnie professionnelle « Aurore » basée  à Lamothe-Landerron. Des ateliers s’y multiplient : la Grange, la Fabrique. Ils accueillent en résidence d’autres compagnies. Ils se spécialisent dans la marionnette.

Une troupe : « Vivacité »,  crée un festival et présente plusieurs productions. Ils joueront avec le théâtre de la ville jumelée, italienne : Sacile, la pièce de Goldoni : « Barouffe a Cogghia ».

On y rencontre : Michel Collin, Olivier Bayle-Videau, Bernard Lasserre, Isabelle Maille, Frédéric Vern, d’autres. En 2010 ils montent : Le Malade Imaginaire  mis-en-scène par Frédéric Vern. Ces troupes mi-amateur mi-professionnelles bénéficient  de petites et multiples subventions des Pouvoirs Publics. On parle de théâtre-de-rue. 

    Les grands cirques ne tournent plus. Finies les parades de Pinder, de Bouglione dans les rues réolaises.

      Le Conseil Général de la Gironde installe à la Réole (dans l’ancienne usine de caoutchouc, rue des Menuts) une antenne de l’IDDAC (structure culturelle du Conseil Départemental) avec du matériel scénographique de prêt.

La danse avec Art et Santé, en 1938-39 présente des spectacles au Cloître.

En 1946 Marcelle Larrieu fait danser les adolescentes avec le Cours complémentaire de filles.

          Le groupe  Lous Réoulès, infatigable, danse les rondes du folklore. Dans les années 70 des Écoles de danse (Arrouays-Hass) présentent leurs galas à l’Amicale.

  Au 21e siècle, l'École de danse “Élodie-St-Martin” présente son travail au Prieuré.  Aujourd’hui « A corps-danse » présente son gala aux Bénédictins. Ses cours se donnent au Studio-Lévite. 

Une agence de spectacles, rue Jean Moulin, les Givrés-du-Plumeau, fédère le spectacle vivant.  

Maintenant les mairies, les Communautés de Communes subventionnent davantage la culture et apportent leur soutien financier au théâtre amateur et pro. de la ville et autres activités artistiques.  

En 2002, le Conseil Départemental de la Gironde lance chaque été un programme de spectacles itinérants : Scènes d'été.

Certains passent par La Réole, en plein air ou à la salle de l'Amicale Laïque. Cela dure jusqu'en 2021.

Des spectacles équestres se présentent dans l’église et devant le porche ou au pied du château. Les jardins de l’Espace Jean-Bosco accueillent des groupes de théâtre de rue, de danse et de musique électro. 

Durant l’été 2021, ”Chemin-des-Arts” (soutenu par la mairie) invite un spectacle parisien sur « Jeanne d’Arc » par les « Ateliers-d’Amélie ». - Spectacle professionnel. 

Dans les années 2020 la pratique théâtrale amateur (et professionnelle) se dilue dans l’air du temps. Des scolaires s’y frottent timidement. La décentralisation a fait long feu. Le Conseil Départemental apporte son aide avec les ”Scènes d’été” qui coordonnent entre les productions et les communes. 

Mais la flambée des années 40 / 90 s’éteint doucement. D’autres activités apparaissent, timides, orientées marionnettes ou images projetées. Les publics se dispersent. Les Pouvoirs publics aident un navire qui coule. La société mute.  

Les divertissements se multiplient sous des formes différentes et variées. L’éducation n’est pas sûre d’y trouver toujours son compte. 

Avec patience, les comédies et les comédiens attendent en coulisse. . .

Cité remarquable avec courage et ténacité, La Réole reste une terre d’artistes.

Au fil du temps femmes et hommes ont partagé leur art inspirés par la Garonne et les pierres ouvragées.

Ville d’art et d'histoire, elle offre au futur matières à créer encore.

Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle - (suite)

Durant la période 1920 / 1930 un groupe de jeunes filles de la paroisse St-Pierre, les Bérets Blancs, dirigée par les Filles de la Charité, religieuses  de l’Hôpital, jouent la comédie sur les planches du patronage  de garçons : la Phalange réolaise. Le metteur en scène est Jean Harley, retraité du spectacle parisien, habitant Fontet. Madeleine Penelle ( ma mère ), Geneviève Giresse, Rose Cocut jouent Molière et Jean Richepin.

Laure Touzet, fille du Bibliothécaire, récite des vers de Lamartine en plein air, sous les arbres du château d’Aillas.

Marius Balans ( mon père ) joue les troufions, comiques troupiers, avec Peres et d’autres de la Phalange réolaise.

A mon tour, dans les années 40 / 50, je monte sur les planches du Centre St-Jean Bosco, dirigé par l’abbé André Grenié. Je chante et joue dans des opérettes ou en solo ou en duo avec Jean Rapin. C’est le cordonnier-organiste Louis Roche qui m’accompagne au piano. Les parents bordelais d’André Grenié ont écrit deux opérettes, le Prince Colibri, la Foire de Séville, dans lesquels j’ai le rôle principal.

Ma sœur Suzy chante et joue la comédie avec le Cours complémentaire de filles dirigé par Mme Laborde. (rôle de Dandin dans les Plaideurs de Racine). 

Mme Cabane  chorégraphie de superbes ballets aux Gymnases.

Le CRAD de Bordeaux vient jouer dans le cloître : Numance, mis en scène par Jean Lagénie. ( 1947 ? )

Un retraité du spectacle parisien Cathalot, chanteur de fantaisie se produit au Casino ou sur la scène de l’Amicale Laïque. Il se promène en ville avec une magnifique rose de son jardin à la boutonnière. 

La scène de l’Amicale accueille des tournées et le spectacle de fin d’année du Cours complémentaire de filles. Une troupe s’y produira à partir de 1665. Sur la scène du Casino, pour le spectacle de fin d’année du Collège, Michèle Barbe ( future Perrein ) et Doudou Molinaro, jouent la Paix chez soi, de Courteline. Elle chante en solo la Chèvre. Grand succès qui la suivra longtemps après dans la cour du collège.

Mme Marchand, professeur de chant, chante en solo « le cher anneau d’argent ». 

Goletzinovski, réfugié polonais violoniste virtuose se produit sur les planches du Patro et de l’Amicale.

Dans les années 1940-1950, sur la place des Jougadous un théâtre ambulant, en plein air, joue chaque soir un programme différent. La famille Ferranti, concurrente de la famille Durozier, produit des mélodrames comme : les Deux orphelines, Jean Valjean, le Cheminot, la Porteuse de  pain,  etc.

Pendant une vingtaine d’années, avec le groupe folklorique Lous Réoulès, qu’il préside, Luc Mothes récite des poèmes et chante en patois. Suzy Lesbat, la fille du boulanger, récite la Cigale et la Fourmi version patoisante.

Michel Vidal, habillé en fille, chante une chanson de petite fermière au patro avec Pierre Cazalas qui chante un répertoire zazou dans la mode du temps. 

Monsieur Jolibert, réfugié, chante à l’église pour Noël, un vibrant Minuit Chrétiens.

Jeannot Rapin chante son succès : Beth Ceu de Pau.

Les Routiers de Bordeaux, les trois cousins Grenié, Michel, François, Bernard, les  Escholiers de Guyenne de Bordeaux viennent chanter au patro pour des Kermesses des Séminaires.

Mme Simone Grollier et le coiffeur Lucien Léger chantent à l’Amicale laïque. Mme Bouts présente ses chorégraphies.

La chorale de l’église assure les offices, une quinzaine femmes et hommes dirigés par « Chubert » ( Louis Roche ). 

Mlle Suzanne Darbrun, professeur de musique au collège, donnera quelques récitals (vieille halle ).

Dans les années 1990, un professeur du collège, Paul Esquinance, produira des spectacles d'élèves en fin d’année de bonne tenue. Frédéric Vern, un de ses élèves,  dirigera par la suite la compagnie Aurore, basée à  Lamothe - Landerron.  

Trois années, 1963, 64, 65 des jeunes réolais jouent en plein air des montages de Simone Artins, Guy Rapin, Michel Balans. Le thème récurrent est La Réole. Le CRAD vient jouer les Farces du Moyen-Age. En 1968, pour le Mois de l’Amitié, la CDUB vient jouer : Electre,  de Giraudoux, dans la vieille halle.

A l’Amicale laïque une troupe se met en place, le Théâtre des Jeunes avec Oris Braga, Jacqueline sa femme, J. Virepinte, V. Beylard, C. Boutet, P. Carasset, M. Terracher, Danial-Fortin, J. Laulan, M. Lussac, J. Fortin, Ch. Maumy, Espaignet, Debès, F. Siret, Orlandi, Boulin, Cazaudumec, Dauriac, Ribera, Roqueflot, Maurin, Baloup, Pividori, Galy, Beylard, Boutet, Teynier, les frères Laroque, Max Labadens, G. Carrasset auxquels se joindront Daniel Villatte et Jacky Maurin de Langon, et d’autres.

 Plus tard, une autre troupe, I Coriggi, avec M.F. Marichella, Tomasella, Dupart, Doux, Bourbon, Ventriboux, Richin, puis Bernard Lassere, Olivier Bayle-Vigneau, Michel Colin, verra le jour sur plusieurs saisons. Elle ira  à Sacile, ville jumelle italienne jouer son spectacle  Barouf à Coggia. Son Malade imaginaire fait un malheur.

Deux stages de réalisations d’Art dramatique initiés par la Direction Régionale de la Jeunesse et les Sports, sous la direction du CTP Jacques De Berne, se tiendront à la Réole. Je signe l’adaptation d’une pièce de Caldéron  : Mais qu’est-ce qui fait courir les filles, le soir, sur les bords de la Garonne ? Qui est représenté dans le cloître du prieuré et à St-Macaire.

Le Conseil Général de la Gironde crée un dépôt de matériel scénographique, relais de l’IDDAC, à La Réole, ancienne usine, rue des Menus. Ce dépôt ira par la suite à Aillas.

Le Festival Vivacité anime la ville avec du théâtre, de la musique électrique. 

En 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française, dans le cadre de sa convention avec le Conseil général, le Petit Atelier de Bordeaux joue à l’Amicale Laîque sa création : Entracte 89 de Max-Henri Gonthié  J’avais fait le décor et la mise-en-scène.  

Le public d’aujourd’hui jouant celui du 18e siècle. Le public réolais est chauvin : la salle était vide.

L’école de musique produit son concert-spectacle de fin d’année. Les écoles de danse produisent également leur spectacle de fin d’année. 

Les pratiques culturelles évoluent avec le temps. La musique amplifiée séduit davantage les jeunes. Le théâtre vivant perd de son attrait.

En périphérie, durant l'été, une troupe d’amateurs et de professionnels présente : l’Opéra de Barie. Entre Barie, Bassane, Castets en Dorthe, Pondaurat, en plein air, des opérettes à l’ancienne, brûlent les planches.

En 2022, une nouvelle venue, Elise Dubroca, comédienne, ouvre rue Jaganeau,  le «5 bis» un atelier alternatif pour l’accueil et la formation de professionnel du théâtre vivant. Dans un garage aménagé  elle propose des activités..

Une nouvelle expérience artistique à La Réole s’annonce !

                                                 Michel Balans  Avril 2023


Musique et Musiciens à La Réole

    A l’origine la ville s’est construite autour d’un monastère. Le chant des moines a résonné très tôt et sera avec la cloche et la crécelle les premières sonorités qui retentissent.

    Les processions hors les murs, entre les maisons ou dans la campagne porteront le chant en plein air. Des instruments à vent ou à cordes viendront renforcer la voix.

    Les bergers de Laubessa jouent de la flûte de roseau. Les bruits qui ne pensent pas rempliront la ville. L’enclume du forgeron, sous la main de Charlut, la sonnaille du charretier, l’appel des trompettes lors des attaques, des sièges, etc.

    Les troubadours, les Pèlerins de Compostelle, de passage, pratiquent leur musique.

On peut penser que le séjour du Parlement de Bordeaux à La Réole pendant plusieurs années a amené des pratiques de musique de salon, avec clavecin, épinettes, etc . Des facteurs ont dû s'installer en ville.

    Au 18e siècle les Bénédictins font construire un orgue pour leur église. Jean-Baptiste Micot est choisi. Son fils Pierre et sa famille s'installent à La Réole. Un de ses enfants est baptisé à l’église St-Michel. Des souffleurs actionnent la soufflerie. Des religieux musiciens jouent parfois accompagnés du serpent. Cet instrument est davantage utilisé dans l’église paroissiale Saint-Michel pour accompagner le chantre. Les bateliers de la Garonne venus d’Agen ou de Bordeaux apportent leurs chants repris par les lavandières réolaises . Un air domine tous les autres : Jean de la réoule moun amic...avec la maristingo, etc..

    Début 19e siècle l’orgue Micot est enlevé par l’archevêque de Bordeaux pour remplacer le sien saccagé par la Révolution française. Les réolais avaient su protéger le leur malgré la transformation de l’église en grange à foin. Au début du 19e siècle la paroisse St-Pierre se dote d’un nouvel orgue. C’est J. Baptiste Stoltz, choisi par le conseil de fabrique qui effectue le travail pour le compte de la maison Daublaine-Callinet de Paris en train de faire faillite. Il est inauguré par Félix Danjou organiste titulaire de N. Dame de Paris.

La chapelle de l’Hôpital abrite deux harmoniums qui deviennent trois lors de ma donation de l’instrument acheté chez Jeanne Barbe, dont l’amie Madeleine Ortel avait hérité de l’harmonium de son père pasteur protestant dans le Lot-et-Garonne.

    Début 20e siècle 

Un orgue de chœur Commaille vient s’ajouter derrière le maître autel au grand orgue de tribune. Les souffleurs sont recrutés chez les malades handicapés de l’hôpital. Ils sont systématiquement baptisés Auguste. L’orgue Stoltz sera électrifié en 1920. L’organiste est un aveugle Claude Marchat qui sera le professeur de Louis Roche, des années plus tard.

    Vers 1860 un nouveau clocher plus important est construit sur l’église. Il abrite trois cloches qui carillonnent gaiement. Seul le tocsin résonne pour les évènements graves comme les incendies ou la crue de la Garonne. En 1940 une sirène électrique sur le toit de l’église alertera pour prévenir des bombardements ou les crues de la rivière. L’ancienne Halle possède une horloge avec une cloche qui sonne les heures. La chapelle de l’Hôpital a également une petite cloche. Quand le vent tourne, souffle venant de l’ouest on entend la cloche de Fontet qui sonne l’Angelus .

    L’orphéon municipal joue le dimanche sur la place des Tilleuls, vers 1900, où sera construit un kiosque à musique. Une deuxième formation philharmonique verra le jour avec un concours qui rassemblera plusieurs villes.

Dans les années 40 / 50 « l’Union musicale regroupe des musiciens enseignants qui jouent ensemble à l’occasion des fêtes, de la Ste Cécile, ou diverses occasions, etc. On y compte Louis Roche au piano, à la contrebasse, au violon, cordonnier, professeur de piano, organiste, accordéoniste dans les bals du dimanche, violon à Lous Réoulès, etc, M. Saint-Guily, violon, Mme Bomaty, piano, Mme Vidal, violon, Mlle Larrieux, piano, son père M. Larrieux, violon M. Dumestre, violon, M. Mougenot, hautbois, M. Chabane, clarinette, M. Merlin, violon, M. Cluzan, violon, M. Lacombe (dit Cigale), trompette, , etc.

    Vers 1936 - 40 chaque dimanche soir sur les bords de la Garonne un bal populaire, champêtre avec une sono éraillée attire les danseurs..

    En 1952, le curé Pierre Grenié paye de ses deniers la réfection de l’orgue par Puget.

Le Stoltz est séparé en deux parties pour se voir complété par l‘orgue de chœur Commaille.

A l’église Simone Gratias, suppléante de Louis Roche, accompagne les offices à l’harmonium. Mme Germaine de St-Denis et sa fille Colette jouent de l’orgue ainsi que la fille du président Buffandeau.

    Les paroissiens chantent en extérieur lors des processions de la Fête Dieu, de reposoirs en reposoirs ou lors des Rogations dans la campagne environnante. La chorale à l’église regroupe une vingtaine de chanteuses et chanteurs Mlle Roux, Mme Laffargue, Jean Rapin, S. et M. Balans, M. Jolibert, et sa fille, Monique Rapin, André Laroche. Mme Cholet, la fille de Toto, Roger Guillemin, Sabine Ladougne, etc. Dans les années 2000 Olivier Richin est l’animateur paroissial du chant de l’assemblée, alors que Michel Vidal accompagne la messe du dimanche.

    En 1940 les Gardes mobiles à cheval de Frimont ont une musique qui parfois défile en ville.

Plus tard, Prélude, chorale dirigée par Claude Cuvilier de Morizès, et Michel Pac, deviendra Point d’orgue avec Olivier Richin. Pierre Goumarre dirige un chœur de femmes Artis Voces. Mme Poudens dirigera un temps la chorale Point d’orgue.

M. Lahy est le tambour de ville qui déclame des annonces dans la rue. M. Diars joue le tambour à Lous Réoulès et dans la clique batterie fanfare de l’Amicale laïque dirigée par Boyvineau. Deux fanfares sont face à face, la clique de la Phalange réolaise, côté paroisse, et la batterie de l’Amicale Laïque, non confessionnelle.

François Genet, le fils du Notaire, l’oncle de Pierre Coudroy de Lille, à Paris, sous le pseudo de François Pouget produit et présente l'émission "Gravures précieuses", chaque dimanche sur la RTF, présentant l'actualité discographique (33 tours). Une voix voilée inimitable. Parfaitement ignoré des réolais.

    Fin 20ème siècle la Fête de la musique offre l’occasion à divers groupes de musiques électriques de jouer en ville. Musicacité rendra l’espace Bosco un lieux d'événements divers.

Un professionnel, chef de chœur de musique ancienne s’installe à La Réole : Jean-Christophe Candau. Avec sa formation Vox Cantoris il organise des concerts, des masters classes, un Festival : les Riches heures de La Réole. Il enregistre différentes musiques arabo-andalouses, mexicaines. Parfois antérieures au grégorien. Il chante dans les petites églises du canton. Il utilise l’église de diverses façons pour en tirer la meilleure acoustique. L’église St-Pierre possède une acoustique exceptionnelle en Gironde.

    Chaque année des concerts de musique classique sont programmés par Raymond Vallier et Franck Glaunès dans la salle de Conférences du Prieuré ou dans le couloir de la mairie. (Espace St-Benoît). Le piano à queue monte l’escalier tournant seul, grâce à un petit robot manipulé par l’accordeur.

Avec le retour du nouvel orgue récupéré de Bordeaux en 2015, des concerts d’orgue sont offert dans l’église. Des organistes réputés sont invités dans la tribune (Thierry Escaich, Françis Chapelet, Paul Goussot, Michel Bouvard, etc.)

La Communauté des Communes met en place une École de musique dirigée par Fabienne Pasquet et Marielle Guillon, qui offre un concert donné par les élèves en fin d’année.

Il n’y a pas de classe d’orgue. Pépino Ripamonty, Jean-Laurent Coezy, Pierre Goumarre, Anne Monferrier, suppléent Catherine Torralba, titulaire, conservatrice de l’orgue Micot-Wenner-Quoirin à la suite de Uriel Valadeau et présidente des Amis de l’orgue de La Réole.

Le lycée Renou  accueille un club de jazz pour les élèves.

La proximité de Monségur où se déroule depuis des années le célèbre Festival de Jazz renforce la pratique musicale.

La Réole est une ville de musique. Il reste encore des projets à réaliser comme le réemploi de l’orgue Stoltz, conservé, pour un plan « Santé et musique d’orgue ».

La Réole est une Ville d’Art et d’Histoire.

Michel Balans


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