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Un destin exceptionnel et dramatique GEMIN (Pierre Jean) est né à Caudrot le 9 juin 1921.      Fils de Jean Robert, charpentier puis cafeti...

Pierre Gemin, fusillé en 1942 (article en construction)

Un destin exceptionnel et dramatique

GEMIN (Pierre Jean) est né à Caudrot le 9 juin 1921.

    Fils de Jean Robert, charpentier puis cafetier et de Jeanne née Dubourg, Jean Gemin, fut élève de l'Ecole laïque de Caudrot du 1er octobre 1927 au 14 juillet 1933, puis du Collège de La Réole du 1er octobre 1933 au mois de juillet 1939, date à laquelle il passa brillamment les épreuves du baccalauréat.

    Il entra ensuite au Lycée de Bordeaux d'octobre 1939 au mois de mai 1940, puis passa au Lycée Saint-Louis, à Paris, pour y suivre les cours supérieurs de mathématiques spéciales et préparer l'Ecole de l'Air.
     Les succès qu'il avait obtenus dans ces divers établissements justifiaient tous les espoirs et l'accès des grandes écoles allait s'ouvrir à ce sujet d'élite quand éclata la guerre de 1939.

    Après avoir participé à la bagarre des étudiants à l'Arc de Triomphe au 11 novembre 1940, (Voici un film relatant cette manifestation du 11 novembre 1940 ICI)

    Il est, comme ses camarades, licencié et rentre à Caudrot. Il en repart aussitôt, gagne l'Espagne en traversant à la nage la Bidassoa et va demander au consul d'Angleterre, à Bilbao, de le faire passer en Angleterre pour s'engager dans l'aviation.

    Le consul ne s'y prête pas et lui conseille de rentrer en France, où ses services peuvent être plus utiles. Pierre Gemin rentre à Caudrot en traversant à nouveau la Bidassoa à la nage et en évitant de justesse les balles des carabiniers, en sautant d'un train en marche.
    Grâce à un contact avec Albert Baudrillart, il rejoignit le réseau Chabor, sous-groupe du réseau Kléber-Terre, animé par des officiers du 2e bureau qui coopéraient avec le SOE. (Le Special Operations Executive est un service secret britannique qui opère pendant la Seconde Guerre mondiale. Le SOE est créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissout le 30 juin 1946. Wikipedia)

    Il fut chargé de relever les plans des défenses secrètes du fameux mur de l'Atlantique. Il accompagna, entre autres missions, à la frontière espagnole trois officiers anglais tombés en parachute à La Réole.
    Il est d'ailleurs impossible de savoir avec exactitude les services qu'il a pu rendre, car la procédure allemande a été détruite, lors de la fuite, par les services de l'ennemi, et le chef direct de Pierre Gemin, déporté en Allemagne, est mort en captivité. Mais son rôle dut être important, car depuis son arrestation, le 9 août 1941, au café des Arts, à Bordeaux, jusqu'au 8 juillet 1942, date de sa condamnation à mort 
pour "aide à l’ennemi", il fut l'objet d'une longue instruction serrée et sévère.
    Les Allemands ne ménagèrent aucune torture pour le faire parler : sévices, écrasement des doigts, privations presque totale de nourriture, au point que cet athlète, à certains moments, ne pouvait plus se lever de son lit. Puis, de temps à autre, régime meilleur dans des cellules communes, succédant à l'emmurement dans un cachot sans fenêtres, pour abattre sa volonté et sa résistance morale et physique.

(extrait de sa biographie ci dessous)


   
    Dénoncé avec d’autres membres de son réseau, arrêté à Bordeaux lors d’un rendez-vous le 9 août 1941, il fut incarcéré au fort du Ha dont il tenta vainement de s’évader. Il fut torturé, puis condamné à mort pour "aide à l’ennemi" et fusillé le 13 juillet 1942.
    Dans sa dernière lettre à sa famille, il écrivit :"Dites-vous que votre Pierrot est mort pour une noble et grande cause."
    Il fut homologué au grade de Lieutenant des FFC, et reçut la Croix de Guerre avec palmes et la médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume.
Son nom est inscrit sur les monuments aux mort de Souge, de Caudrot et sur le Monument commémoratif des Services Spéciaux de Ramatuelle (83).

Un commémoration eut lieu le 15 août 1945 à Caudrot
Voici un film de cette cérémonie

Actuellement 2 rues lui sont attribuées à Caudrot et Gironde sur Dropt :





Le réseau Kléber, Vénus, Chabor (ceux du SSDN)
    Le service de renseignement Kléber-Terre est un service permanent des armées en France. 
    Dissous par les allemands, mais maintenu dans la clandestinité, il apporte une aide décisive aux alliés. Son activité consiste à suivre toutes les évolutions des positions des troupes allemandes. Vénus, Chabor sont des sous groupes régionaux : Limoges et Périgueux en la circonstance.
    Plusieurs jeunes chrétiens venant du Nord de la France et voulant entrer en résistance rejoignent ce mouvement et traversent à de multiples reprises la ligne de démarcation. Six membres de ce réseau ou travaillant avec lui sont fusillés à Souge. Un agent double les a tous «
donnés ».

https://www.fusilles-souge.asso.fr/gemin-pierre-souge/

Service historique de la défense

GR 28 P 4 25 / 59 Dossier individuel de Pierre GEMIN 1941 1948 GR 16P 249873


Documents trouvés aux archives départementales de la Gironde

Lettre d'appel au préfet de la Gironde pour la libération de Pierre Gemin 



Transcodage de cette lettre :

10, rue d'Anjou 9 Mai 1942

Mon cher Préfet et ami,

 J'ai beaucoup hésité à vous écrire cette lettre mais après mûre réflexion, je ne crois pas devoir m’y soustraire.
    Voici le cas : je suis très lié avec une famille de Caudrot (gironde), ou j'habite en temps normal l’été.
    L’aîné des fils Pierre Gemin qui poursuivait de brillantes études en mathématique spéciales a été arrêté le 8 août par les allemands.
    Il va paraît-il passer en jugement ces jours ci.
    Je crois savoir qu'il est mêlé à une affaire d'espionnage  mais  je ne sais dans quelle mesure ni dans quelles conditions.
    Il ne peut être question d'intervenir dans le jugement et c'est pour cela que je vous écris n'y aurait-il pas lieu, en accord avec les autorités Universitaire de suivre l’affaire et pour intervenir en cas de condamnation très grave.
    Laissera-t-on fusiller un enfant de 20 ans ?
    D'autant que c'est un très brillant sujet.
Je ne regrette pas de vous avoir écrit et de vous demander de vous intéresser à cette cause.
    Vous imaginez l'angoisse de sa famille et de ses amis dont je suis.
    Je pense aller à Bordeaux le 23.  
    Je demanderai à votre secrétariat si on peut vous serrer la main au moins entre deux portes.
Merci d'avance car je suis sur que vous compatirez 
Croyez cher Préfet et ami, à mes biens cordiaux sentiments


Transcodage de ces notes de l'avocat :




H. KAPPELHOFF-LANCON      27.5.42.
AVOCAT A LA COUR D APPEL DE BORDEAUX
8.rue Esprit des Lois 53-60

Monsieur le Directeur,

    Un appel du Tribunal militaire Allemand  hier matin dès mon arrivée à mon cabinet m’a obligé de tout abandonner et je suis revenu à mon cabinet après midi n'ayant pu pour cela me présenter à vous.
    Ce matin encore je commence à plaider à 8h30 pour une affaire qui durera la majeure partie de la journée.
    Je ne veux pas retarder davantage à vous donner tous les renseignements que vous désirez..
    Je ne connais pas le dossier de Pierre Gemin et ne le connaîtrai jamais, car c’est une affaire d'espionnage tout à fait caractérisée : je ne serais même pas admis à la plaider en raison du caractère ultra secret de l'affaire. Je n'ai pas pu voir l'intéressé et ne le verrai pas -
    Je puis cependant affirmer qu’il est poursuivi pour espionnage et vu ce que je sais - mais le secret professionnel m’interdit de révéler - je sais qu'il ne peut échapper à une condamnation à mort s’il est jugé.
    J’ai connu son activité dans l'affaire des 2 frères Lapeyronnie, fils du docteur Lapeyronnie de Bordeaux : et je n’ai pas été autorisé à voir le dossier.
    J’ai seulement assisté comme avocat aux deux audiences : le rôle de Gemin est certain ; il a déclaré travailler pour les services français. Gemin était présent et entendu comme témoin car il avait  cherché à enrôler les deux garçons .J'ai eu  l'occasion de parler de lui à des gens qui l'avaient approché notamment à des membres de professorat du lycée. Il est ai je compris, très intelligent et très doué -  Il en donne l'impression indiscutable - je ne  cache pas que j'ai été très ému en le voyant a ces deux audiences et sachant le sort qui l’attend tôt ou tard.
    J'ai fait pour aider moralement sa mère tout ce qui était possible.
    Il m'apparaît que la famille comme le garçon indépendamment de l'accusation que je n'ai pas à juger, sont absolument dignes d'être aidés.
    J'ai fait et ferais l'impossible pour eux.
    Voilà Monsieur le directeur ce que je voulais vous dire hier. Je passerai vous confirmer et vous donner un commentaire sur ces éléments de fond.
    Je vous prie……..


  1. Concernant les dernières lettres des 70 otages fusillés de 21 septembre 1942, les familles des fusillés ont rendu publiques la plupart d’entre-elles. À ce sujet, on lira les dernières lettres d’otages de Louis Laverny et Pierre Gémin dans le livre de Christophe Dabitch, 24 octobre 1941, Bordeaux, les 50 otages, un assassinat politique, Éditions C.M.D, 1999, page 121-122, ou bien celles de plusieurs fusillés (pages 215 à 218) et en fin de couverture celle de René Mellier dans l’ouvrage du Comité du souvenir des fusillés de Souge (ouvrage collectif), Les 256 de Souge, fusillés de 1940 à 1944, Le Bord de l’eau, 2014.





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