Rechercher dans ce blog

sommaire-tous-les-articles Michèle Perrein Michèle Perrein , née Michèle Barbe le  30   octobre   1929  à  La Réole  en  Gironde  et morte l...

sommaire-tous-les-articles


Michèle Perrein

Michèle Perrein, née Michèle Barbe le  à La Réole en Gironde et morte le  à La Réole, est une journaliste et écrivaine française, lauréate du prix Interallié en 1984.

Fiche Wikipédia

Michèle Perrein lors de la fête du Lycée de La Réole juin 2000
   

Biographie

    Michèle Barbe est la fille de Roger Barbe, un entrepreneur de travaux publics, et de Anne-Blanche Perrein.
    Elle fait des études classiques au Collège de La Réole,

Souvenirs du collège (le 4°mur)

 suivies de deux années à la Faculté de droit de Bordeaux. À Paris, elle travaille comme secrétaire en expédiant des voitures vers l'Amérique du Sud tout en suivant en parallèle des cours du soir au Centre de formation des journalistes.

    Hélène Lazareff, directrice du magazine Elle, trouve que son patronyme « Barbe » est difficile à porter, elle décide alors de prendre celui de sa mère « Perrein ».
    Son métier de journaliste la conduit à suivre plusieurs procès, certains pour lesquels elle publie des articles dans Elle (Affaire Minou Drouet 1955) où elle met en doute l'authenticité des œuvres de Minou Drouet, ou Paris Match (Affaire Patrick Henry).
    Mariée avec Jacques Laurent, avec lequel elle entretiendra jusqu'à la mort de celui-ci une indéfectible amitié, elle divorce quelques années plus tard pour suivre sa propre voie de romancière .
    C'est en Gironde, que Michèle Perrein trouve l'inspiration pour beaucoup de ses œuvres littéraires, dont Le Buveur de Garonne et Les Cotonniers de Bassalane sont les plus connues.     Côté théâtre, elle fait jouer sa pièce, L'Hôtel racine, à la Comédie des Champs-Élysées. Elle est également coauteur du scénario et des dialogues du film d'Henri-Georges ClouzotLa Vérité. Elle réalise également des reportages, enquêtes, interviews ou chroniques pour CombatElleArts et SpectaclesVotre beauté et rédige certains articles pour Paris MatchMarie ClaireF Magazine.
    Après le décès brutal de son compagnon Michel Adam, dit Adam Thalamy (avec lequel elle a coécrit Ave Caesar en 1982), elle cesse son activité de romancière et se retire dans la ville de son enfance. Elle meurt des conséquences de la maladie d'Alzheimer.

Féministe d'avant-garde et indépendante

    Très tôt intéressée par les relations entre les sexes, son écriture s'attache à les dépeindre au travers des carcans qui à ses yeux limitent l'homme et la femme dans leur épanouissement réciproque.
En avance sur l'avènement du Mouvement de libération des femmes, dans lequel elle ne se reconnaîtra ni dans la manière d'agir ni dans celle de penser, elle refusera toute opposition à l'autre sexe pour faire reconnaître un droit naturel à l'équité.

« Je suis devenue féministe par amour des hommes »

    De l'innocence coupable de la Sensitive (1956) à Ave Caesar (1982) où un homme ose sa mise à nu, en passant par La Partie de plaisir (1971) qui revendique avant la loi de 1975 le droit à l'avortement, Michèle Perrein s'est attachée à une meilleure reconnaissance des spécificités comme des similitudes parfois refoulées des deux sexes.

Œuvres

Romans
  • 1956 : La Sensitive (Julliard) – Prix des quatre Jurys 1957
  • 1957 : Le Soleil dans l'œil (Julliard)
  • 1960 : Barbastre (Julliard)
  • 1961 : La Flemme (Julliard)
  • 1962 : Le Cercle (Julliard)
  • 1965 : Le Petit Jules (Julliard)
  • 1970 : La Chineuse (Julliard)
  • 1970 : M'oiselle S. (Julliard)
  • 1971 : La Partie de plaisir (Flammarion)
  • 1973 : Le Buveur de Garonne (Flammarion) – Prix des libraires 1974
  • 1975 : Le Mâle aimant (Julliard)
  • 1976 : Gemma Lapidaire (Flammarion)
  • 1978 : Entre chienne et louve (Grasset)
  • 1980 : Comme une fourmi cavalière (Grasset)
  • 1982 : Ave Caesar - rencontre avec Adam Thalamy (Grasset) – Grand prix de littérature de la ville de Bordeaux, 1982
  • 1984 : Les Cotonniers de Bassalane (Grasset) – Prix Interallié 1984
  • 1984 : La Sensitive ou l'innocence coupable (Grasset)
  • 1989 : La Margagne (Grasset)

Pièces de théâtre
  • 1966 : L'Hôtel Racine jouée à la Comédie des Champs Élysées
  • 1968 : Un samedi, deux femmes (Ein sonntag, zwei frauen / Stück)
Articles de Presse

Entre Garonne et féminisme
La romancière, essayiste et journaliste Michèle Perrein s'est éteinte à La Réole (33) (11/02/2010)

    Une sale maladie, celle qui met les femmes et les hommes hors le monde et les réduit à un corps sans passé et privé d'avenir, aura eu raison de Michèle Perrein. La romancière, essayiste et journaliste s'est éteinte à la fin de la semaine dernière à La Réole (33), où elle était née en 1929.

    Fin d'autant plus douloureuse que Michèle Perrein était la vivacité même, toujours prête à s'enflammer pour un sentiment, pour une cause, pour un lieu. Ce n'est pas par hasard que son premier roman, publié dès 1956, avait pour titre  "La Sensitive". Par-delà la métaphore florale, elle y avait déjà mis beaucoup d'elle-même.

    Fille et petite-fille d'industriels installés à La Réole, elle commence des études de droit à Bordeaux avant de s'échapper vers Paris où elle vivra quelque temps de petits boulots, tout en suivant les cours du Centre de formation des journalistes.

"Le Buveur de Garonne"
    Elle sera vite attirée par les faits divers, et surtout par le théâtre judiciaire qui la passionnera tout au long de sa vie et lui vaudra de collaborer avec Clouzot au scénario et aux dialogues de "La Vérité", film qui réunissait Gabin et Bardot alors au faîte de leur carrière.

    Romancière « lancée » comme on dit alors, journaliste sollicitée, épouse de Jacques Laurent, alias Cécil Saint Laurent elle va jusqu'au début des années 70 publier une dizaine de romans (entre autres "Barbastre",  "Le Petit Jules", "La Chineuse",  "La Partie de plaisir"...). Le dixième, précisément, "Le Buveur de Garonne" va rencontrer un grand succès public et sera couronné par le prix des libraires.

Prix Interallié
    Paradoxalement, c'est à ce moment-là que la journaliste va reprendre le dessus sur la romancière et publier une suite d'essais et de réflexions sur la condition féminine: "Le Mâle aimant", "Entre chienne et louve", "Ave Caesar" vont faire d'elle une avocate de la cause des femmes, en marge cependant du courant militant de l'époque alors dominé par le MLF.

    Elle reviendra au roman en 1984 avec "Les Cotonniers de Bassalane", largement inspirés d'un lieu précis du bassin d'Arcachon, le domaine de Certes, et qui cette fois lui vaudront le prix Interallié.
    D'une manière générale la Gironde, les Landes où elle aimait se retirer dans la forêt, près de Garein, auront servi de cadre à beaucoup de ses œuvres. Elle trouvait là des lieux, des paysages qui étaient à la fois défi et refuge pour des personnages en quête d'eux-mêmes. Comme s'il fallait toujours partir ou rêver au loin pour mieux revenir.

    Depuis vingt ans et "La Margagne", Michèle Perrein n'avait plus rien publié. Très affectée par le décès brutal de son compagnon, Michel Adam dit Adam Thalamy, avec qui elle avait écrit "Ave Caesar", elle s'était séparée de l'abbaye de Saint-Ferme dans la restauration de laquelle elle avait investi autant d'énergie qu'elle en mettait à écrire.

    Ses obsèques se dérouleront ce matin, à 10 h 30, en l'église de La Réole

Thomas La Noue (Sud-Ouest) 

Interview vidéo :
Le Buveur de Garonne




Le premier livre de Michelle Perrein
en 1957 dédicacée à Lucien Jamet


L'apprentie et la sorcière

Ecrit à Saint-Ferme, en Gironde, et à Garein, dans les Landes, le sixième roman de M. Perrein raconte une histoire universelle.
    MICHELE PERREIN appartient à la catégorie des gens doués pour l'hérésie. Hérétique elle l'est en littérature comme elle l'est en féminisme. Faire bande à part n'est pas chez elle une attitude, c'est une nécessité.

    Naguère, on la croyait bien ancrée dans le roman dit réaliste, le roman de société. Mais en 1976, avec "Gemma lapidaire", elle s'installe près du récit symbolique, non loin du fantastique. La critique, gardienne sourcilleuse de l'orthodoxie, fait alors les gros yeux et se dit prête à pardonner pour peu que l'accusée fasse amende honorable. La réponse a mis quatre ans à venir parce qu'entre-temps il y a eu d'autres questions à poser et d'autres réponses à esquisser - et elle vient comme un défi le contraire eût été étonnant. "Comme une fourmi cavalière" est dans le droit fil de "Gemma lapidaire" mais se révèle plus achevé et porteur d'une plus grande force. C'est la confirmation éclatante d'un choix sans ambiguïté.

    Au commencement de ce dixième roman de Michèle Perrein, il y a Rhada, la fille d'Osman et de Djinnih. La tribu lui a tracé sa voie séculaire et sans surprise; personne n'a jamais manqué à ses règles. Personne? Si. Osman et Djinnih précisément, qui à deux reprises ont dû affronter le regard des autres. Chez la petite fille Rhada, il s'est fait blessure, puis interrogation.
Et c'est pour trouver une ou des réponses qu'elle fuit sur un cheval noir, flèche filant vers une cible imprécise placée quelque part derrière les montagnes, et derrière l'horizon.

    Son parcours est bien sûr jalonné d'épreuves et de rencontres; pourtant "Comme une fourmi cavalière" est moins un roman initiatique qu'un roman d'apprentissage. Dans sa cavalcade obstinée, Rhada naît au monde. Mais difficilement. Car l'apprentie qui refuse la loi reconnue par le plus grand nombre n'est jamais loin d'être prise pour une sorcière. A travers les expériences qu'elle vit avec Yané, le nomade, le soldat, l'ermite, et Prisko, l'homme enfant qui va partager son errance, elle découvre l'essentiel : Eros et Thanatos et leur éternelle dame de compagnie, la violence. Elle identifie ainsi le pouvoir sous toutes ses formes et redécouvre sans cesse l'exigence de liberté.

    "Comme une fourmi cavalière" n'a rien d'une œuvre anecdotique. Tendue, vibrante, elle est toute de sensibilité. Rhada ne raisonne pas au sens intellectuel du mot, elle entre en résonance avec son interlocuteur ou le milieu. Entre elle et le monde, c'est une histoire d'ondes, de courant qui passe ou ne passe pas. Dans ce domaine, Michèle Perrein est parfaitement à l'aise : c'est elle qui prête à Rhada cette capacité à comprendre d'un regard ou d'un geste, à dire d'un silence. Laquelle des deux saisit ce «regard en appel, ce regard en détresse, ce regard profond comme les victimes seules savent en avoir et jamais les bourreaux» ?

    Ce regard-là est celui des prisonniers du temple, un lieu de nulle part comme les déserts, les montagnes, les cimetières de camions que traverse Rhada, un lieu de nulle part comme l'hôpital à la blancheur aveuglante et stérilisante, des lieux de nulle part que nous reconnaissons quand même : ce sont ceux que nous habitons.

    Du dernier livre de Michèle Perrein, nous retiendrons une musique grave et dépouillée, où s'entendent parfois des accents plus sereins, presque joyeux, les mouvements successifs d'un chant profond accompagnant une quête impossible et cependant fructueuse.

Patrick Berthomeau.

Texte transcodé ci dessous

Le souffle du Bassin
par Jean-François Mézergues

Dans le silence de la lande, où elle a achevé son dernier roman, Michèle Perrein parle des "Cotonniers de Bassalane", dont nous avons publié de "bonnes feuilles ", il y a quinze jours.

ON NE SE JETTE PAS dans les Cotonniers de Bassalane comme on fait trempette. Au départ, j'ai éprouvé quelques craintes. Dans la situation du baigneur qui redoute l'eau froide autant que la gifle des rouleaux et que l'immensité effraie. L'appréhension surmontée, je n'en suis plus sorti. Porté par l'ampleur du récit, bercé ou balloté par son rythme, je me suis abandonné au plaisir de la découverte. Piégé et pas mécontent de l'être.

"Les Cotonniers de Bassalane" n'ont pas la force tranquille, presque immobile, du Buveur de Garonne. lis sont plus nerveux, peut-être plus denses.

"Les Cotonniers de Bassalane", c'est d'abord Marthe, un caractère, un tempérament, ancrée dans le passé et baignée par ses souvenirs mais tendue vers l'avenir. Marthe à qui son fils Julien échappe inexorablement. Marthe que harcèle la mort de Vania, l'amour-ami Marthe qui déroute Martin Gahus, l'amant-copain, un peu paysan, un peu pêcheur, un peu chasseur, même pas parqueur... Espèce de bricoleur, ramendeur de filets, ramasseur de cépes, peintre, plombier, autant dire rien du tout ! Travailleur au noir, bouche trou, citoyen à la manque, flambeur. Marthe qu'Alexis, le mari d'avec lequel elle a divorce, visite par téléphone. Marthe qui ne renonce jamais et qui se bat avec le temps, contre le temps.

"Les Cotonniers de Bassalane". c'est encore une foule de personnages typés, authentiques. Et, en toile de fond, ou au premier plan, le Bassin, avec ses odeurs particulières, ses bruits, sa respiration. Ses roseaux, sa vase, ses oiseaux et ses poissons. Un monde qui échappe au regard des vacances et qui renaît chaque année quand le dernier touriste a tourné le dos.

Sous l'auvent de sa maison landaise, enfouie au nord de Mont-de-Marsan, dans une mer de pins, Michèle Perrein parle de ses personnages avec des tendresses et une passion complices. Elle confesse la naissance du livre, les doutes et les chutes de tension, les relances de réditeur et la bagarre quotidienne pour tracer le mot fin dans les délais.

"Comme j'avais eu envie de parler de Garonne, le fleuve, j'ai voulu montrer le Bassin que j'aime et que les touristes ne connaissent pas. J'y ai vécu sept mois l'hiver. Un hiver. La durée du roman. J'ai accumulé et compulsé une documentation énorme. Puis, j'ai commencé en février 1983. Je me suis arrêtée. Et je m'y suis remise au début de l'été. De nouveau, une sorte d'entracte. Stimulée par l'éditeur qui m'a poussée comme la marée, j'ai repris en décembre 83".

L'écrivain est un joueur

Dès lors, obéissant à un emploi du temps rigoureux, elle a écrit tous les jours.
Lever 6 heures, papier blanc et stylo de 8 heures à 17 heures ou 17 h 30. "Pas de plan. Je crois au déterminisme de la page. Elle appelle la suivante et je me laisse porter. Ce livre, ce sont les êtres, les gens du Bassin, ces hommes et ces femmes, qui me l'ont écrit".

Que ceux-ci ne s'inquiètent pas. Michèle Perrein ne les a pas trahis. Ils sont auprès d'elle quand elle confie. "Ah, si je pouvais devenir écrivain !" Elle ne les reniera pas, même si elle nourrit d'autres projets et n'oublie pas ses autres livres. "On va ressortir la Sensitive, auquel j'ai ajouté une partie. C'était le plus jeté, le plus violent".

Au dehors, la pluie s'est tue. Michèle Perrein se promène et bavarde sans contrainte : loin de Paris qui ne lui manque pas - "Pour mol, ce n'est pas celui des cocktails et des mondanités, mais celui des cinés du théâtre et des musées quand j'en ai envie, le Paris de l'anonymat qui me plaît" - elle prolonge ses retrouvailles avec le Sud-Ouest de son enfance.

Avant l'heure de la séparation, une ultime confidence. "L'écrivain est un joueur, il ne sait jamais s'il réussira son coup. Et c'est toujours le lecteur qui décide".
Rassurez-vous, madame, on aimera vos Cotonniers de Bassalane ».
_______
Michèle Perrein, les Cotonniers de Bassalane Grasset.


Texte transcodé ci dessous
5 MARS 1978

Le mirador et la palombière

MICHELE PERREIN
ENTRE CHIENNE ET LOUVE Grasset

    En ces temps de campagne électorale où le langage s'affole comme une boussole dans le triangle des Bermudes, il n'est pas de cause bonne ou moins bonne dont les maîtres ou les aspirants-maitres ne s'emparent dans l'espoir de grappiller, çà et là, quelques-unes des précieuses voix qu'ils convoitent. Les jeunes, le troisième Age, les handicapés ont fait naguère l'objet de toutes les sollicitudes : c'est aujourd'hui le tour des femmes.     De tout bord. c'est à qui sera le plus féministe. Les femmes-ministres, jolies plantes destinées à masquer la tristesse du paysage, ont bien poussé ces derniers mois et tous les leaders de parti, la main sur le cœur, protestent de leur bonne volonté. En substance, tous expliquent que ces dernières années leur mouvement a fait un effort considérable, que le nombre des femmes dans les instances dirigeantes est passé de deux à deux et demi pour cent, et que s'ils viennent ou s'ils restent au pouvoir, on va voir ce qu'on va voir.
    Il n'est pourtant pas besoin d'être grand clerc pour prévoir que les règles, les coutumes, les habitudes, tout l'acquit culturel qui régit les relations entre les hommes et les femmes ne céderont pas sous la poussée de deux jours de congé de maternité supplémentaires et de trois allocations de plus.

    Pour cette raison électorale et pour quelques autres, "Entre chienne et louve" est un livre qui vient à temps pour faire le point sur cette cause des femmes bien malmenée et devenue si confuse. Comment s'y retrouver entre les femmes alibis qui viennent à la rescousse du pouvoir masculin et les pétroleuses de choc qui prêchent la guerre des sexes comme d'autres en d'autres temps prêchaient la guerre sainte ? J'ai envíe de répondre en lisant Michèle Perrein.

L'os de l'injustice

    On pas que son livre soit un livre raisonnable, une de ces œuvres de juste milieu, insipides, inodores et sans saveur. "Entre chienne et louve" est un livre ardent, un livre de passion où l'on retrouve Intacte toute l'énergie de l'auteur du Mâle aimant et tous les hommes qui ont souffert à la lecture de cet essai sauront de quoi je veux parler. Mais cette énergie est mise ici au service d'un plaidoyer pour l'avenir, la dénonciation de la situation héritée n'étant qu'un moment de la réflexion.

    C'est pour cette raison qu'il faut éviter la chausse-trappe qu'est ce titre "Entre chienne et louve" ; le prendre à la lettre serait une erreur. Loin de signifier qu'il n'existe qu'une alternative, qu'un seul choix entre la soumission et l'état sauvage, il rappelle simplement que cette alternative est celle dans laquelle les femmes se sont toujours fait piéger.
"Entre chienne et louve" vous pouvez toujours chercher la femme, vous ne la trouverez pas en tout cas, vous ne trouverez pas celle que Michèle Perrein appelle de ses voeux, cette femme en projet qui lui permet d'écrire : "Je demeure persuadée de la nécessité pour toute femme, non pas d'avoir à rester soi, mais bien de le devenir".

    Voilà ce qui sous-tend son propos, lequel s'appuie sur une démarche qui "consiste à rester à ras-de-conscient", mais fait intervenir aussi bien l'histoire que l'anecdote, le fait divers que l'expérience personnelle. Pour cette femme qui se demande si elle n'est pas née avec l'os de l'injustice en travers du gosier, une gifle, une agression dans la rue, les camps et les massacres, la mort d'un père et d'une mère sont autant d'occasions, de provocations à lire et à dire l'ordre du monde, cet ordre de violence et d'intolérance, cet ordre des hommes-entendez des mâles. Et c'est cet ordre-là, et rien d'autre, qu'il faut briser.
    Les femmes irlandaises, catholiques et protestantes mêlées, qui descendent dans la rue "pour crier qu'elles en ont assez du massacre de leurs enfants" ne montrent-elles pas la vole, une des voies ? "Cette histoire irlandaise, ajoute Michèle Perrein, a surtout prouvé la différence des objectifs masculins et féminins. Les hommes se tuent pour des droits, pour des idées; les femmes se réveillent pour crier qu'on n'a pas le droit de tuer leurs enfants.
Et le monde les applaudit, le monde des hommes et des femmes qui n'est pas irlandais, car celui qui est irlandais les prend pour des vendues. (...) Il est très facile d'applaudir ce courage féminin à condition qu'il se manifeste chez les autres."

    Du viol aussi, il est bien sûr question. Sujet à la mode dira-t-on, comme s'il y avait une mode pour les drames. Michèle Perrein y voit un point limite, une aberration révélatrice, le détour par le crime permettant d'éclairer la situation générale. La femme, dit-elle, peut porter un enfant de son tortionnaire, "c'est-à-dire que dans l'enfant, sa création privilégiée, le signe de sa puissance spécifique, la femme une fois de plus peut-être eue. (...) Les femmes n'ont pas pris tous les risques parce qu'elles seules couraient le pire des risques, celui qui, passant par le viol, leur faisait mettre au monde l'enfant de la force, donc l'enfant haï."

Pour l'utopie et le désarmement


    Loin du stalinisme en jupons que dénonce avec vigueur mais de manière un tantinet élitaire Annie Le Brun (1), "Entre chienne et louve" et un livre qul, partant et parlant des femmes, parle d'oppression, donc de liberté. Il est significatif de notre époque parce que lucide et sans illusion. Au bout du combat, il n'y a pas la terre promise des femmes, pas plus que celle des hommes : il y a la nécessité de voir clair en soi, en l'autre, la nécessité d'essayer dès maintenant d'inventer de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, donc de changer le visage des sociétés.
    L'utopie, ce mot pris non pas dans le sens politicard et péjoratif qu'on lui donne habituellement, mais dans son sens littéral, le lieu de nulle part, devient la seule forme possible de l'espoir. "Notre planète, je ne parle pas de quelques pays, mais de presque tous, se présente comme un immense camp, dont les barbelés sont plus ou moins serrés, plus ou moins pointus, les miradors plus ou moins espacés, plus ou moins camouflés de feuillage pour nous faire croire qu'ils ne sont pas miradors mais palombières".
    J'aime cette dernière phrase parce qu'elle nous rappelle que Michèle Perrein reste avant tout écrivain et écrivain venu de quelque part en l'occurrence du Sud-Ouest et qu'il lui importe moins d'élaborer une doctrine où seraient désignés les bonnes et les méchants, que de témoigner. Elle nous donne à voir, à travers son expérience, à travers ses mots et ses images. Elle nous invite à faire avec elle un bout du chemin qu'elle connaît pour l'avoir déjà fait. Quant à sa proposition de « désarmement », je ne peux pas m'empêcher, par les temps qui courent, de trouver cela violent.

Patrick Berthomeau.
(1) Lâchez tout ! Editions du Sagittaire

Texte transcodé ci dessous

"L'autre vérité des mots écrits"

Avec « Ave Caesar», Michèle Perrein règle de nouveaux comptes. Pour cette nouvelle bataille, elle a trouvé un compagnon d'écriture.

NOTRE IDEE de départ était simple puisque nous sommes des fous de parole, pourquoi ne pas écrire tous ces débats d'idées auxquels nous nous livrons depuis dix ans. Mais en commençant par “Ave Caesar”, Michèle Perrein et son compagnon Adam Thalamy ne soupçonnaient pas qu'ils s'y impliqueraient aussi profondément, aussi intimement.

Je pensais que ce serait un livre facile à écrire dit-elle qu'en trois mois nous en viendrions à bout. En fait, il nous a fallu plus d'un an de lettres, de travail, de remise en question.

Nous nous sommes livrés à une analyse sauvage, sans l'aide d'un analyste, et ce fut d'autant plus éprouvant que chacun de nous était directement engagé. Un ami psychiatre, d'ailleurs, a baptisé ce livre notre enfant épistolaire Nous avions quant à nous le sentiment d'être entrés dans un étrange jeu de la vérité car les mots écrits ont une autre force, une autre résonance que les paroles. Tous les problèmes actuels sont des problèmes de communication. On perd l'habitude d'écrire parce qu'il est plus pratique de se téléphoner. Or, c'est en écrivant, en se retrouvant seul face à une feuille blanche, sans le secours du regard, de la voix pour convaincre, pour tricher ou pour nuancer sa pensée que l'on peut extirper tout au fond de soi, ses vérités cachées.

Nous sommes allés si loin dans notre mise à nu que je suis tombée malade. Et l'affrontement a été si fort que nous avons failli rompre

Avec Ave Caesar Michèle Perrein imaginait poursuivre un dialogue homme-femme à travers une pensée construite. Elle ne supposait pas que leurs actes passés, les événements et les choix qui avaient marqué leur enfance et leur vie d'adultes devraient ressurgir et qu'ils auraient à s'en expliquer. voire s'en justifier.

J'ai été dépassée par ce que l'écriture va plus loin que la parole. On essaie d'être un individu et l'on découvre au fil des lettres toutes les couches sédimentaires qui nous écrasent, tous ces gènes familiaux, toute cette pesanteur sociale qui ont modelé notre personnalité. J'avais besoin, en tant que femme, de comprendre où, comment et pourquoi le femme était piégée par la société, et j'ai découvert que je m'étais sur-conditionnée, que je m'étais piégée moi-même et que l'homme avait autant, sinon plus, de démons à exorciser »

Ave Caesar c'est précisément la (re) naissance de l'homme et c'est une femme qui raide à s'accoucher du petit César qui vit en lui. Tout au long du livre, même si elle s'en défend, c'est elle qui mène le jeu. J'ai l'impression de mener un combat avec la vie pour lui faire cracher le plus de choses possibles, reconnaît Michèle Perrein, qui dans chaque livre se donne avec la même passion et la même fougue.

Pour moi, ajoute-elle, chaque roman est une construction qui appelle une autre construction. Ave Caesar est, en conscient, la suite de “Comme une fourmi cavalière” en inconscient. Le prochain sera le roman de l'inconscient dans le concret, la rencontre du “Buveur de Garonne” avec “Gemma lapidaire”

Adam Thalamy a délivré César, Michèle Perrein elle aussi a accouché d'Eve...

Recueilli par Régine Magné.

Michèle Perrein ; Ave César Grasset

En 1978, le journal "Elle" lance une grande enquête sur les femmes en France.
Pour la Gironde c'est Michèle Perrein qui en est la rédactrice.

ELLES EN FRANCE

Raconter par la voix d'une romancière les Françaises, leurs soucis, leurs rêves, ce qui est drôle et irritant dans leur vie quotidienne et, surtout, ce qui a changé profondément dans leur sensibilité et leur manière de vivre: tel est le but que nous nous proposons dans les six semaines à venir.

Aujourd'hui voici Michèle Perrein avec les femmes de la Gironde. Des femmes qu'elle connaît bien, elle qui est née à La Réole, elle dont la famille habite la région depuis 300 ans.

Lien vers l'Article complet

Cliquez ici 


4 vidéos sur Michèle Perrein 



OBSÈQUES RELIGIEUSES DE MICHÈLE PERREIN

Annie Grillon

Le 16 Février 2010 à 10 heures 30

Parents, amis, voisins, nous voici réunis nombreux, ce matin dans notre belle église St Pierre, pour accueillir Michèle Perrein, journaliste et écrivaine de talent, ravie à l'affection des siens à l'âge de 80 ans, et lui rendre un dernier hommage.

Michèle Perrein, (Michèle Barbe pour l'état-civil) naît le 30 octobre 1929 à La Réole. La fratrie se compose de 3 enfants dont elle est l'aînée de 2 frères, Alain et Jean-François. Son père est entrepreneur de Travaux Publics (extraction des graviers dans la Garonne). Sa famille réside dans la belle demeure « Les Charmettes », route de Marmande.

Elle fait des études brillantes au collège de La Réole jusqu'au baccalauréat avec son ami Edouard Molinaro, metteur en scène internationalement connu. Elle poursuit deux années à la Faculté de Droit de Bordeaux. 

Sa vie n'est pas un long fleuve tranquille : dans son enfance et son adolescence, la disparition de plusieurs de ses proches dont celle accidentelle de son père la marquent profondément.

Elle travaille à Paris comme secrétaire et suit en parallèle des cours du soir au Centre de Formation des journalistes. Elle choisit de s'appeler Michèle PERREIN, nom de jeune fille de sa mère, famille honorablement connue sur La Réole depuis 1850.

Ses talents, en tant que journaliste judiciaire, l'amènent à suivre plusieurs procès, notamment ceux de Minou Drouet en 1955 et l'affaire Patrick Henry. Elle réalise des reportages, enquêtes, interviews ou chroniques pour Combat, Elle, Arts et Spectacles, Votre Beauté, et certains articles sur Paris-Match, Marie-Claire et Femme Magazine.
Côté Théâtre : une pièce en 1966: "L'hôtel Racine" jouée à la Comédie des Champs Elysées et en 1968 : "Un samedi, deux femmes"  Elle est également coauteur du scénario et des dialogues du film de Georges-Henry Clouzot "La Vérité".

Ses talents de romancière :
Parmi ses 18 romans : le premier La Sensitive obtient en 1957 le Prix des 4 Jurys.
A propos du 3° roman Barbaste, le critique du Monde Henri Henriot, la compare à Flaubert.

Suivent   Le Buveur de Garonne   en 1973, Prix des Libraires en 1974, Ave Caesar, écrit sous forme épistolaire avec son compagnon Michel Adam.  Grand Prix de la Littérature de Bordeaux en 1982.

En 1984, Les Cotonniers de Bassalane Prix Interallié. Merveilleux reportage sur la vie des marins et des gens du bassin d'Arcachon  Un monde dur où les femmes accomplissent le même travail que les hommes.

Elle fait de nombreux voyages dans le Sahara dont elle n'oublie pas la lumière, en Israël, aux Etats-Unis et en Extrême-Orient.

Elle épouse à Paris en 1966 Jacques Laurent plus connu sous le pseudonyme de Cécil Saint Laurent et père de la série des « Caroline Chérie »>.

Ils se séparent, mais, Michèle entretien jusqu'à la mort de celui-ci, une amitié très profonde.

Elle s'installe en 1980 à St Ferme avec son compagnon Michel Adam qu'elle épouse en 1985. Malheureusement, la mort subite de celui-ci et celle de son frère Alain la laisse en plein désarroi.

Elle décide alors de retrouver ses racines à La Réole, avenue Jean Jaurès où elle peut contempler sa belle Garonne.

La personnalité de Michèle en quelques mots : sa grande intelligence, sa vivacité d'esprit, sa franchise, son caractère bien trempé, son dynamisme, sa simplicité, son amour de la mer et de la nature qu'elle décrit si bien dans ses livres. Elle a des yeux rieurs et malicieux.

Son état de santé se dégradant, elle rejoint la résidence des Jacobins, puis la maison de retraite de La Réole où elle s'est endormie dans la Lumière et la Paix du Christ, entourée par l'amour de sa famille et de ses proches amis.

Seigneur, ajoute un couvert à ta table, aujourd'hui, tu as une convive de plus, reçois- là bien chez toi, car elle est notre amie.

Annie Grillon







Sommaire-tous-les-articles      Guy Rapin , qui a dirigé "le Mois de l'Amitié" de 1964 à 1974 m'a transmis plusieurs centa...


Sommaire-tous-les-articles

    Guy Rapin, qui a dirigé "le Mois de l'Amitié" de 1964 à 1974 m'a transmis plusieurs centaines de diapositives que j'ai numérisées.

D'abord un article sur le Mois de l'Amitié :  Article sur le "Mois de l'Amitié"

Les Photos

Lien vers la totalité des diapositives

Lien vers les groupes

Lien vers Photos solo

Lien vers Photos 1964-1969

Certaines diapositives n'étaient pas datées... 

    Selon l'ordinateur que vous utilisez vous avez une possibilité de commentaires en bas à droite de l'écran, n'hésitez pas si vous reconnaissez des personnes, ou si vous avez des anecdotes










  sommaire-tous-les-articles Guide Vigouroux 1962 - La Réole  (illustrations Pierre Laville) Lien vers les gravures    Le texte complet du g...

 

sommaire-tous-les-articles


Guide Vigouroux 1962 - La Réole 

(illustrations Pierre Laville)

Lien vers les gravures  

Le texte complet du guide est en fin de page après les images ou ici


















ORIGINE ET ÉVOLUTION de LA RÉOLE


Quelques rares objets préhistoriques, des ruines de villas gallo-romaines, sont, aux abords immédiats de la ville actuelle, les seuls vestiges de l'occupation humaine en ces lieux avant le haut moyen-âge.


Alors apparaît, à une date fort imprécise VIII ou IX siècle le monastère qui est à l'origine de la localité. Donné aux Bénédictins de Fleury-sur-Loire, il assure par la suite le passage de la Garonne aux pèlerins qui, par la " voie limousine", s'en vont à Saint-Jacques-de-Compostelle.


La plateforme, isolée par deux ruisseaux : Charros à l'Est, Pinpin à l'Ouest, dominant au Sud le fleuve, devient vers le XIe siècle, le centre d'une agglomération qui s'élève sous la protection du couvent d'abord, de ses remparts ensuite. De la règle de Saint Benoît suivie par le monastère, la ville tire son nom: " Regula " La Réole. Sa position et ses défenses en font, à la frontière franco-anglaise, une place forte dont l'importance est soulignée par la construction de la première forteresse, qui, remaniée plus tard, devient le château des QUAT'SOS. 

Le port en Garonne assure la fortune et la puissance d'une bourgeoisie marchande assez forte pour parvenir à l'indépendance communale et bâtir le symbole de ses libertés : l'Hôtel de Ville. (le plus ancien de France). La prospérité de la petite cité et de ses marchands est liée à l'occupation anglaise en Guyenne. En fournissant un large débouché à la production locale, en particulier au vin, elle permet un fructueux trafic sur le fleuve.


La reconquête de cette province par la France marque la fin de cette première période d'expansion au cours de laquelle La Réole a pris corps et occupé l'espace que marquent successivement ses trois enceintes, dont la dernière, construite au XVe siècle, va pour longtemps délimiter la ville.


Du XV au XVIIe siècle, La Réole subit les malheurs des guerres de religion, puis de la Fronde, et surtout les contre-coups des progrès du pouvoir royal.


De cette période subsistent quelques vieilles maisons à colombages et surtout deux édifices remarquables. L'un est appelé tantôt « Logis du Parlement », en souvenir de l'un des séjours que fit à La Réole le Parlement de Bordeaux, et le plus souvent " Maison du Prince Noir " par référence à la période la plus prospère de l'histoire locale. L'autre est un hôtel particulier, de style classique, aux lignes assez pures, bâti en 1679, avec sur la façade, au-dessus de la porte, l'emblème du soleil.


Le XVIIIe siècle est une époque de renouveau. La Réole expédie aux " Isles" des minots d'une farine de qualité capable de supporter le voyage aux Antilles. Des tanneries, des mégisseries, des fabriques de peignes, d'épingles, de chapeaux, assurent un certain renom à la ville qui, devenue le siège d'une subdélégation de l'Intendant de Guyenne, fait figure de petit centre régional.


Au cours de ce siècle fut édifié, assez lentement d'ailleurs, le nouveau couvent des Bénédictins. Commencée en 1704, la construction se termine en 1763 avec la pose de la grille en fer forgé et l'installation de l'escalier qui lui donne accès sur la façade sud.


Les rampes des escaliers intérieurs du monastère, des balcons et des impostes en différents points de la ville, sont les œuvres remarquables de l'atelier de ferronnerie d'art qu'illustra Blaise Charlut de 1748 à 1792.


Du XV au XVIIe siècle, La Réole subit les malheurs des guerres de religion, puis de la Fronde, et surtout les contre-coups des progrès du pouvoir royal.


La Révolution et l'Empire paralysent par leurs guerres le développement économique, mais confirment le rôle politique de La Réole, qui devient chef- lieu de district, puis d'arrondissement. La Sous-Préfecture, le Tribunal et le Collège sont dès lors, et pour longtemps, les attributs de ce centre administratif.


Si la paix ramène la prospérité, jamais plus cependant le commerce réolais ne retrouve son activité d'autrefois. L'essor viticole girondin touche peu La Réole, par contre, le développement des moyens de transport l'atteint durement. La gare, installée en 1855, concurrence très vite le port, et la proximité trop grande désormais de Bordeaux tend à confondre chaque jour davantage la ville et son arrière-pays.


Après la guerre de 1914-1918, le succès de l'automobile accélère l'évolution commencée, et en 1926, la Sous-Préfecture est transférée à Langon pour y être réunie à celle de Bazas. Le fait qu'en un siècle, de 1846 à 1946, le total de la population n'ait augmenté que de 10 %, chiffre extrêmement faible, en dit assez long sur le déclin de la ville au cours de cette période; et encore, sans l'apport constant fourni par l'immigration, les recensements auraient enregistré régulièrement un recul du nombre de ses habitants.


Quelques signes de renouvellement commencent à se manifester travaux d'aménagement urbain, création d'une coopérative fruitière, etc..., mais il reste encore fort à faire.


Cependant, à défaut d'activités modernes, le touriste est assuré de trouver à La Réole un pays accueillant.


Dans le calme désuet de ces petites rues provinciales, il rencontrera maints témoins d'un passé qui ne fut pas sans grandeur et qui demeure toujours attirant parce que intimement mêlé à la vie quotidienne.


R. ARAMBOUROU.


VISITE DE LA VILLE


Départ de la place Georges-Chaigne (anciennement place Craberie).



Monter la côte Saint-Michel. En haut, à gauche (1). vieil hôtel daté de 1679, bel exemple d'architecture civile de cette époque. Un peu plus loin, à droite, en suivant l'ancienne sortie de la ville vers la porte des Menuts et Monségur, LOGIS DU PARLEMENT, XVe siècle (2).


Un mur pignon très aigu sert de façade sur la rue. Il est agrémenté de crochets sculptés en assez mauvais état; au bas des rampants sont deux curieuses sculptures à droite un lion tient un écusson aux armes de France, lui faisant pendant à gauche, un monstre serre un écusson effacé. La fenêtre du premier étage est ornée de deux anges avec écussons, mais les têtes et les bustes ont été abattus.


La façade principale est sur la cour : belles fenêtres à meneaux, lucarne du grenier surmontée d'un gâble. Tour octogone contenant l'escalier avec, dans l'angle au-dessus de l'étage, une tourelle.


La partie Est du bâtiment remonte au XVIIe siècle. Elle fut construite lors des séjours que le Parlement de Bordeaux fit à La Réole, en 1653 et 1678.


Revenir sur ses pas et voir à l'entrée de la rue de l'Ecole, numéro 33 et 42, quelques beaux exemples d'hôtels du XVIIIe siècle avec impostes de Blaise Charlut (3). Puis, traverser la place vers l'ANCIEN HOTEL DE VILLE encore appelé VIEILLE HALLE (4).


Ce bel édifice de la fin XIIe siècle aurait été construit par Richard Coeur de Lion. Il se compose d'une vaste nef au rez-de-chaussée, partagée par une ligne de piliers à chapiteaux très primitifs. L'entrée était la porte en arc brisé que l'on voit sur la façade méridionale. Les deux ouvertures de la face Est ont été pratiquées à la fin du XIXe siècle.


Le premier étage forme maintenant une seule et vaste salle. Jadis, deux étages existaient à chaque extrémité, comme en témoignent les cheminées aujourd'hui suspendues. Un magnifique balcon orne la façade nord où la première enceinte s'appuyait ; on en voit les vestiges sur les maisons voisines.


Par la rue Peysseguin, qui a conservé beaucoup de son caractère primitif (château de Pey Seguin XIV", vieilles maisons de chaque côté) (5), gagner la rue Armand-Caduc, tourner à droite jusqu'à la rue Bellot-des-Minières. A l'angle de cette rue, bel immeuble à balcon de fer forgé (Blaise Charlut) avec curieuse porte et imposte datée de 1763 (6)..


Descendre la rue, puis tourner à droite, passer devant le Collège communal, traverser la place des Tilleuls (esplanade du Général-de-Gaulle) pour atteindre le MONASTERE DES BENEDICTINS (7).


L'édifice actuel, construit au début du XVIIIe siècle (1704), par Maurice Mazey, occupe l'emplacement de l'ancien prieuré, détruit et rebâti à plusieurs reprises. Bien national, il fut utilisé à partir de la Révolution par la Mairie, le Tribunal et la Sous-Préfecture.


On y pénètre par la porte de la Mairie et l'on va jusqu'à l'escalier du Tribunal (rampe, peinture au plafond). Ressortir et rentrer par la porte de la conciergerie on admirera l'élégance de la cage de l'escalier éclairée par une coupole ovale, et la magnifique rampe de Blaise Charlut.


En sortant, on longe le chevet de l'église, où l'on pénètre par l'entrée principale (porte en bois du XVIII). Actuellement église paroissiale, jadis chapelle du monastère, on peut y voir une Nativité attribuée à un élève du Collège.


Revenu sur la place Rigoulet (ex-place Saint-Pierre), on entre par la porte de la Sous-Préfecture (imposte). pour admirer, au bout de la galerie du cloître, cette étonnante dentelle de fer forgé, une des œuvres maîtresses de Charlut, qui clôt l'entrée méridionale du monastère.

Descendre le perron, traverser l'esplanade et gagner par le petit Jardin Public, la rue du Sault. Après en avoir traversé les portes (8), on remarquera, au bas de la rue André-Bénac, au nº 7, un hôtel particulier du XVIIIe siècle avec un très beau balcon (9).


A quelques pas de là, dans la rue de la Mar, au n° 10, se trouve la maison des frères Faucher (10) (imposte), les « jumeaux de La Réole », généraux victimes de la Terreur Blanche.


On va ensuite sur les quais jusqu'à la croix du port (11); quelques maisons ont conservé leurs vieux balcons de bois si pittoresques.


Si l'on a du loisir on continuera jusqu'au pont suspendu. A l'entrée du pont, sur la rive gauche, on a une très belle vue d'ensemble sur la ville. Voir au passage de vieilles maisons installées sur les remparts. avec un escalier de pierre qui menait autrefois sur le quai (12).


Pour ceux qui disposent de moins de temps, il vaut mieux continuer vers le Terrain de Sports et l'embouchure du Charros, passer le pont du chemin de fer et s'arrêter au pied du CHATEAU DES QUAT'SOS (les quatre sœurs) (13).


Ce surnom lui vient de ses quatre tours d'angle. Démantelées en 1629 sur l'ordre de Richelieu, l'une d'elles a même été rasée par la suite.


La plus imposante par ses dimensions (14 mètres de diamètre) et qui reste la mieux conservée, est celle du Sud-Ouest la Thomase. Le rez-de-chaussée est, à l'intérieur, un hexagone dont les murs ont 4 m10 d'épaisseur; le premier étage est une salle octogone aux accès compliqués ; le deuxième étage, au niveau de la cour intérieure, a une salle haute, voûtée, dont les nervures retombent sur des culs-de-lampe à tête. humaine, c'était, jadis, la salle d'honneur. Cette tour s'élève aujourd'hui à 25 mètres au-dessus du sol, mais celui-ci a été remblayé d'environ 4 mètres. Ainsi s'explique que la porte en arc brisé qui ouvre sur les lices de la façade sud, soit en contrebas de la route. Cette porte donne accès, par un court tunnel et une tranchée, à la Thomase.


Le corps de logis où habitait le capitaine du château a été refait; sa galerie sur la Garonne est de style Renaissance, sa façade sur le parc du XVIIe siècle.


Anciennement, le Charros confluait avec la Garonne devant la façade méridionale. Celle-ci mesure environ 70 mètres, le côté ouest 65 mètres. Mais la forteresse, le long de la vallée du Charros qui forme un fossé naturel du côté du Couchant, se prolonge jusqu'à un vieux logis qui surveillait l'ancien accès de La Réole par le chemin de Bordeaux.


Après avoir longé ainsi le château, on atteint et on passe le petit pont sur le Charros (14). Jeter, à droite, un coup d'œil sur la rue Glacière bordée par les murs de ville. Vers la gauche, rue des Argentiers où s'étaient établis les orfèvres, au temps du séjour du Parlement de Bordeaux, et, par la suite, des potiers d'étain.


On continue à suivre le Charros jusqu'à la fontaine de la MARMORY (15). Au pied des remparts (deuxième enceinte) se trouve le pittoresque quartier des anciennes tanneries. Tourner à gauche, monter vers la route nationale et le viaduc d'où l'on jouit d'un très beau coup d'oeil (16) sur la ville, l'église et le château.


A l'angle de la rue des Frères-Faucher et de la place de la Libération (le Turon), on peut voir, à la hauteur du deuxième étage, la statuette en bois d'un garde-français armé d'une pique.

C'est JEAN DE LA REOULE. héros d'une vieille et gaillarde chanson :

Jean de La Réoule moun amic, 

Ah! que ta femme es maou couyade..



PROMENADES À PIED


Quelques promenades agréables peuvent être effectuées dans les environs immédiats de La Réole :

a) En sortant de la ville par la route de Bordeaux, on gagne le plateau de Frimont, d'où l'on jouit d'une belle vue sur toute la plaine de la Garonne. Par un petit chemin qui passe derrière la caserne des Gardes Mobiles (quartier Billotte), on atteint, à 1.500 mètres environ, la route des Esseintes, et l'on rentre à La Réole par le Martouret, après avoir traversé le Charros non loin de la Fontaine du Barbaou.


b) Prendre la route de Monségur et passer devant l'annexe de l'Hôpital. Aussitôt après le sommet de la côte, un chemin, sur la droite, permet, en suivant les crêtes, de redescendre sur le Mirail et la route nationale. Du Mirail (alt. 132 m.), admirable point de vue.


Au bord de la route nationale, en revenant vers La Réole, on aperçoit, au pied d'une ancienne croix de pierre, un pan de mur en petit appareil, vestige d'une très ancienne chapelle dite "de la Recluse". Presqu'en face, des bancs permettent une halte de ce lieu, appelé "Les-Sept-Péchés-Capitaux", on peut admirer la riche vallée de la Garonne. Dans l'ancienne île de Mijema, maintenant rattachée à la rive droite, s'élèvent les tribunes de l'hippodrome.


c) Une promenade plus courte conduirait, par Les-Sept-Péchés-Capitaux, en suivant la route nationale, jusqu'au hameau du Flaütat, où se voient, au sommet du coteau, les restes d'une ancienne maladrerie. En redescendant, on prend à droite pour remonter le ravin de la Hosch, aux frais sous-bois parsemés de pervenches, de jonquilles ou de violettes, au milieu de vigoureuses fougères.


d) Après avoir traversé la Garonne, par la route d'Auros, on gagne, au milieu des prairies et des champs cultivés, l'aérodrome de La Réole-Floudès. En poursuivant, on atteint le canal et le coteau de Puybarban.


Si l'on tourne à gauche, par la route d'Aillas, on trouve, au bord du Canal, à trois kilomètres environ, la charmante commune de Fontet, dont l'église du XVe siècle est très pittoresque.


De toute la rive gauche, vue magnifique sur La Réole et les coteaux.



EXCURSIONS


1. LA RIVE GAUCHE


Traverser le pont suspendu et, avant d'atteindre Fontet, à 3 kilomètres, on prend la route qui, parallèle au Canal, conduit à Hure (l'Ussubium de la Voie Romaine Bordeaux-Agen). Près de l'église subsistent des vestiges de mosaïque. Il est possible de continuer sur Meilhan (3 km. 500), d'où l'on admire, depuis Le Tertre, le très beau panorama sur la plaine.


De Meilhan, gagner Saint-Sauveur-de-Meilhan, Aillas-le-Vieux (pèlerinage régional), puis Aillas, dont l'église romane a conservé son très beau porche et des peintures dans le chœur. De là, on peut, soit aller à Bazas, ancienne ville épiscopale (12 km.): cathédrale, remparts, vieilles maisons, etc..., ou rentrer à La Réole par Auros, Savignac et Pondaurat (église et prieuré du XIIIe siècle).


SAINT-MACAIRE


On quitte La Réole par la route de Bordeaux. Peu après Gironde et le pont sur le Dropt, on traverse Casseuil (Cassinogilum), où Charlemagne eut un domaine. On atteint ensuite Saint-Martin-de-Sescas, dont l'église possède un porche roman remarquable, qui mérite un arrêt. Au milieu des vergers et des vignes, on arrive à Saint-Macaire.


Cette ville, encore en partie ceinte de ses murailles, vaut bien une longue visite. On y pénètre par la Porte de l'Horloge. Des rues étroites, aux maisons souvent dignes d'intérêt, mènent à la place du Mercadiou, entourée de cornières. De là, on peut descendre vers la Porte du Turon. On revient ensuite vers l'église, bel édifice du XIIe siècle, qui possède, sur les voûtes du chœur, d'intéressantes peintures du XIV. Puis on gagne le faubourg et la Porte de Rendesse, quartier des maîtres de bateaux et des tonneliers, jadis plein de mouvement et de vie. Aujourd'hui, des arbres poussent au milieu de ces maisons, dont certaines montrent, par leurs vestiges, qu'elles furent imposantes. Des rues entières sont désertes... L'activité a reflué vers le nouveau faubourg, le long de la route nationale.


De Saint-Macaire, par Verdelais (2 km. 500, pèlerinage régional), on gagne Sainte-Croix-du-Mont et Cadillac.


En passant la Garonne, on peut encore, depuis Langon, petite ville à 18 kilomètres de La Réole et 15 kilomètres de Bazas, parcourir le Sauternais, aux crus universellement estimés.


Le retour à La Réole s'effectuera par la rive gauche et Castets, terminus du Canal latéral.


SAUVETERRE-DE-GUYENNE


Sortir de La Réole par Le Martouret, puis prendre, à droite, la route de Bagas. A l'entrée du pont sur le Dropt, un petit chemin sur la droite permet d'atteindre, à 150 mètres de la route, un curieux moulin fortifié du XIV siècle. A gauche, sur le coteau en face, s'élève le pittoresque village de Camiran, dont l'église a un portail roman intéressant. On arrive ensuite à Sauveterre-de-Guyenne.


Cette vieille bastide anglaise, fondée au XIIIe siècle, a conservé ses quatre portes, quelques restes du mur d'enceinte et sa place à cornières. La Mairie possède le sceau et quelques chartes.


En sortant par la Porte de Saint-Léger, on se dirige sur Blasimon, dont l'abbaye, fondée au VIIIe siècle par les Bénédictins, a gardé son église du XII", avec un très beau porche. À 800 mètres, sur la route de Pujols, moulin fortifié sur la Gamage.


On revient par Clairac et, après avoir franchi la Vignague, on tourne à droite vers Castelmoron-d'Albret. Cette ancienne Sénéchaussée, bâtie sur un rocher, domine la vallée du Ségur et ses maisons à encorbellement surplombent la route nationale. Dans les environs existent des galeries souterraines (Font-Barrique et Trou-Noir), d'où sortent des ruisseaux à écrevisses.


De Castelmoron, on regagne La Réole par Landerrouet, jadis " Sauveté ", sur la route du pèlerinage de Compostelle, Loubens (moulin sur le Dropt) et le château de Lavison, XV-XVIe siècles, au pied duquel le ruisseau de Marquelot est abondamment peuplé de goujons et d'écrevisses.


De Blasimon, il est aisé de redescendre sur la vallée de la Dordogne par Rauzan (ruines imposantes du château-fort), Saint-Jean-de-Blaignac, et de pousser jusqu'à Saint-Emilion..


IV. FRONTENAC


Le départ s'effectue par Le Martouret, puis on prend, à gauche, la route des Esseintes, on traverse le Dropt, et l'on poursuit sur Saint-Brice. Après le passage-à-niveau, on laisse la route de Bordeaux pour tourner à droite, sur Martres (église romane) et Frontenac.


Cette agréable localité est bien connue pour ses carrières, dont quelques-unes servent de champignonnières. Autour de Frontenac, à peu de distance, s'échelonnent, entre autres curiosités, la Cella gallo-romaine de Fauroux, l'Oppidum et l'allée couverte de Roquefort, les églises romanes de Courpiac et de Cessac, aux très intéressantes sculptures. Enfin, la vallée de l'Engranne, dont les versants ombragés possèdent de magnifiques chênes plusieurs fois centenaires, est jalonnée par une ligne presque continue de monuments mégalithiques (dolmens et menhirs) et flanquée de mystérieuses murailles.


On regagne, par Martres, la route de Bordeaux que l'on traverse pour aller sur Coirac et Castelvieil: L'église de cette commune a le plus beau porche ro- man de la Gironde. Dans une venelle, se trouve une porte surmontée d'une énigmatique inscription datée de 1664.


On descend ensuite vers Saint-Félix-de-Foncaude et l'on reprend la route de La Réole.


De Castelvieil on peut, par Gornac et Arbis, aller voir les imposantes ruines du château de Benauge et gagner Cadillac.


On prend la route de Saint-Hilaire-de-la-Noaille (porche roman de l'église) et l'on passe au pied du village de Roquebrune. La route longe le rocher sur lequel sont juchés l'église et la Commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, XII-XIV. On suit la vallée du Dropt; sur la droite, se dressent les ruines du château de Cazes (XIV), un petit chemin permet d'aller voir, à 1.500 mètres, le château de Guilleragues très belle porte Renaissance.


A Monségur, bastide anglaise du XIIIe siècle, dont les chartes ont été réunies au XIVe siècle dans le livre de l'Esclapot, conservé à la Mairie, voir les cornières, quelques fragments des murs de ville et de vieilles façades.


On peut poursuivre jusqu'à Duras (8 km. 500), dont le château bien délabré reste encore imposant sur l'éperon rocheux où s'allonge la petite ville.


En descendant de Monségur vers le Dropt, à Bordepaille, en prenant à droite, on va sur Sainte-Foy-la-Grande (28 km.), la route à gauche mène à Saint-Ferme. De l'abbaye, fondée au XIe siècle par des Bénédictins, il ne subsiste guère que l'église, dont le choeur et le transept sont particulièrement imposants, et une partie des bâtiments claustraux adjacents.


De Saint-Ferme, il est possible de gagner Pellegrue, bastide du XIII, et Soussac par la butte de Launay, point culminant du département (138 m.).





SYNDICAT d'INITIATIVES :


Mairie, Place du Général de Gaulle, La Réole.


AMIS DU VIEUX RÉOLAIS :

 78, Rue Armand Caduc, La Réole.










Anciens articles

Recevoir les nouveaux articles

Nom

E-mail *

Message *