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     « Vous ferez plus de cabrioles à Agen en un mois que dans dix ans à Bordeaux » écrivait Montesquieu dans une lettre à sa fille (Lettre...

    « Vous ferez plus de cabrioles à Agen en un mois que dans dix ans à Bordeaux » écrivait Montesquieu dans une lettre à sa fille (Lettres Persanes - 1721)
(La Réole est sur la Garonne à 85 kilomètres en amont d’ Agen).
La Réole, terre de joyeuses cabrioles.

    La Réole n’échappe pas à cette « autre règle ». La règle des petits plaisirs.
    Le séjour du Parlement de Bordeaux à La Réole ( pendant 40 ans au 17ème siècle : 1654 / 1678-1690 ) a amené avec lui les plaisirs coquins bordelais.
Il en restera sans doute quelques traces.
    La cité réolaise avait accueilli en son temps le fameux « escadron volant » de Catherine de Médicis au secours d'Henri IV. En route pour Nérac.
    Les nombreux couvents féminins n’étaient pas toujours en odeur de chasteté. Portugaises ou réolaises les religieuses ne sont pas à l’abri des tentations de la chair.
     Les mariniers du port réolais n’étaient pas en reste pour animer les tripots du port près de la Garonne.
    La chanson « Jean de la Réoule » en dit plus long qu’il n’y paraît.
La «Maristengo» lui répond avec malice. Il n’y a qu’à regarder les danses de la félibrée pour se rendre compte du goût prononcé pour la cabriole des danseuses dans les bras de leur vigoureux cavaliers.
    Les lieux coquins réolais naturels ne manquaient pas : des Jettins de la Garonne, près du Charros, aux fossés des Quat’sos en passant par les confessionnaux et autres processions. Les cafés du centre-ville tenaient à leur réputation. Les notables y venaient avec leur régulière. La périphérie était moins regardante. On dansait le rigodon dans bien des plaçottes.
    L’impasse des Galants n’a pas trouvé son nom par hasard. Le chapitre de St-Michel fournissait des clients assidus et discrets. Les occasions festives et musicales offraient des occasions faciles de retrouvailles. Les Agenaises venaient en excursion. Le bateau de nègres venu d’Agen semant le trouble a contribué à la mise-à-mort des malheureux frères Faucher.
La Réole : ville de musique, ville de divertissements furtifs.. ville de cinéma .. .
    En 1962, sur les indications de Molinaro Nikos Papatakis, patron de la Rose rouge à Paris et réalisateur de cinéma, vient à La Réole tourner une adaptation de  « Les Bonnes » de Jean Genet : les Abysses. Les deux sœurs Bergé, Colette et Francine, comédiennes, logent à l’Hôtel du Centre. Le tournage a lieu à Loubens dans le château des deux sœurs Mlles De Mallet.
Ces braves demoiselles très croyantes ignorent tout des Bonnes et de Jean Genet. Elles découvriront l’histoire à la première projection à Bordeaux où elles sont invitées. Horreur !
    Pendant le tournage, une des sœurs Bergé a un problème de santé (intestinal) que Parvaty Chavoix soigne. Une troisième sœur De Mallet est supérieure de religieuses. Ce tournage restera la tache d’huile sur le parchemin familial.
Souvenirs personnel :
* Ma mère et mon père se sont rencontrés sur les planches du patronage. Chacun jouait sa pièce de comédie. Les entre-actes donnaient à chacun l’occasion d’échanger des impressions artistiques et autres …
    Une trahison féminine ourdie par une camarade jalouse a accéléré leur mariage. La communauté paroissiale les absous du moment qu’ils convolent dans la ligne du droit chemin. Ma sœur puis moi sommes nés ! Heureux dénouement.

    Ville de patrimoine religieux, forcément ville de récréations secrètes. Sur ce sujet les historiens sont peu bavards. Nous n’avons que de vagues indications. Il faut s’appuyer sur des exemples de voisinage. 

    Sur le triste épisode de la Libération de 1944 où la vengeance sordide s’abat sur les malheureuses femmes tondues comme partout en France.
    Hélas, la Réole n’a pas échappé au phénomène dégradant. Des photos de ces malheureuses sont restées longtemps en vitrines de Saubat, exhibant des actes peu glorieux.

    Il n’y a pas de traces précises de bordels réolais.
Un temps, l’Hôtel Terminus, sur les quais, aujourd'hui disparu, avait une douteuse réputation.
En 1940 certaines rues avaient encore mauvaise côte parce que malfamées. La rue Lamar parallèle aux quais, avait côté port, des maisons à double entrées et sorties, très commodes pour des passages discrets des tavernes portuaires. 
    La rue de Argentiers où des femmes seules ouvraient leur porte à des âmes en peine au pied des remparts. Voisines d'artisans ferrailleurs.
    La statuette de Jean de la Réoule du haut de son piédestal du Turon se frise la moustache en souriant. Il sait bien des choses mais garde le secret.
    A l’heure du portable la drague gay se fait à la sortie de la ville vers Marmande sur la 113 à l’aire-de-repos du Flaütat (la flûte). Chaque bourgade à ses repaires. Chaque époque ses pratiques.
Les boîtes de nuits ont du mal à survivre. Chaque voiture a sa musique.
    Cabriole, ribouldingue, partouze, vont et viennent. Le cinéma s’en faisait une joie argumentaire pour les raconter. C’est un sujet épuisé. Le cinéma, lui-même s’épuise. L’écran réolais tangue tant bien que mal pour rester à flot.
    En milieu rural les municipalités liées à la pratique associative contrôlent les Centre de loisirs, les salons de massages deviennent Cabinets de relaxation. Restons correct !
    Aujourd’hui La Réole, ville de tourisme, de patrimoine redresse la tête après une longue traversée du désert. Des habitants ouvrent leur maison d’accueil en chambre d’hôte. Le plaisir dans le partage participe à l’évolution citoyenne.
    L’Europe ouvre grandes ses portes. Les divertissements s’adaptent forcément. Le virtuel frôle le réel. Même le X ne fait plus recette. La révolution culturelle est en marche et respectons la barrière sanitaire.

Affiche de Toulouse Lautrec


Tripots et cabrioles à La Réole au 17e S- II -

    Lors du séjour du Parlement de Bordeaux en exil à La Réole à la fin du 17e siècle la petite cité se transforme.
    La population augmente, les rues se tracent, le commerce s’enrichit, divers métiers s’installent. Quelque deux cent personnes s’ajoutent à la population.
Les parlementaires logent avec leur famille et leurs serviteurs. Beaucoup d’entre eux ont laissé leur femme à Bordeaux. Ils logent dans des maisons construites à la hâte ou dans des couvents (les Cordeliers).
    Les tripots s’améliorent. Des dames venues d’Agen et Marmande descendent la Garonne pour égayer les soirées mornes des magistrats célibataires. Les luthiers ouvrent boutiques.
    Les marchands ambulants doublent leur passage. Les imprimeurs tirent les arrêts.
    Durant une quinzaine d’années la vie réolaises, transformée, s’émancipe. Il en restera des traces pour l’avenir. La topographie des rues, l’économie, la culture subissent des transformations notables. Les petits métiers, maréchaux-ferrants, tailleurs, porteurs d’eau, fleurissent.
    Cet exil voulu par Louis XIV pour punir les Bordelais frondeurs a participé à la fortune de La Réole.
    Nous avons peu de détails sur cette période réolaise. Les historiens restent muets.
    C’est par l’Histoire de France que l’on peut imaginer ce qu’était cette période et les traces architecturales qui en restent.     A une autre période, la guerre de 1940, des réfugiés du Nord et de l’Est, sont venus habiter. Ils ont, à leur manière, marqué la ville.
    Auparavant, en 1936, des Italiens, des Espagnols sont venus s’installer dans la campagne environnante.     Aujourd’hui des jumelages entretiennent des relations avec le Portugal et l’Italie.


Michel Balans         



       " Je me souviens ". Le  livre de Georges Perec en 1978  pourrait être la devise de ce blog. Des souvenirs numérotés, brefs...

     "Je me souviens". Le  livre de Georges Perec en 1978  pourrait être la devise de ce blog.
Des souvenirs numérotés, brefs, et qui parlent à toute une génération.
    Je vous propose une version un peu plus longue avec possibilité de compléments si vous avez envie de rajouter des détails. J'attends vos souvenirs... réolais bien sûr.

Sommaire :

1 - Gendarmes en prison
2 - La Télévision arrive au Mirail
3 - Vaccinodrome Réolais en 1950 
4 - Incendie maison Vinemey un soir d'août dans les années 1950
5 - Ils ont marché sur la Lune
6 - Matinée théâtrale à Saint Jean Bosco
7 - Les guirlandes du Rouergue 
8 - Conduite légèrement accompagnée
9 - Débuts journalistiques 
10 - Les mains de Louis Roche
11 - Les demoiselles du téléphone
12 - L'imprimerie à La Réole
13 - Le secours national 1940


13 - Le Secours National à la Réole en 1940

La  guerre amène la mise en place à La Réole d’une antenne locale de l’organisme national “le Secours National”. Logé dans une ancienne usine de chaussures, rue des Menuts. 


Taxe de 2F pour le Secours sur timbre à 80F

Dirigée  par une assistante sociale, Jeanne Gaubert, avec un concierge M. Korf, un alsacien réfugié, de grande taille. Cet entrepôt abrite du matériel de secours.
Des châlits, des couvertures, des masques-à-gaz, des conserves de nourriture de première nécessité, du matériel de santé, Croix Rouge, etc. Il disparaît en 1944.

C’est aussi un lieu de propagande du gouvernement de Vichy. Les photos de Pétain s’étalent sur les murs.

Sur le plan national, de nos jours, la Protection Civile joue le même rôle.

Après plusieurs destinations ce bâtiment abrite aujourd’hui l’antenne de l’IDDAC*, avec un matériel scénographique de prêt.

Michel Balans

* Iddac (Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel), agence culturelle du Département de la Gironde.


12 - L'imprimerie à La Réole (Michel Balans)

Presse typographique Heidelberg - Format colombier- 0,60 x 0,80

Je me souviens de l'imprimerie rue Camille Braylens.          

    Mon père dirigeait cet atelier moderne de 1936 à 1944. Il avait appris le métier à l'Imprimerie FAYAUT, 18, rue Armand Caduc, avec Maurice et sa fille Marguerite. En même temps il avait appris le métier de relieur et de papetier.
    J'ai grandi dans le bruit des machines et l'odeur de l'encre. Il y avait une nouveauté, rare à l'époque ; une linotype qui fabriquait des caractères en plomb. Plus faciles à manier, plus rapide, pour concevoir les colonnes d'un journal. 
    Un clavier, type machine-à-écrire permettait la rédaction et la composition.
Un petit four électrique maintenait du plomb en fusion. Chaque ligne sortait de la machine.. La  rotative Heidelberg grand format imprimait le journal et ... affiches des bals de l'époque. 
    Deux presses à pédale et à moteur servaient pour les travaux courants.
Il y  avait trois ouvriers. Henry Maumy, le principal,  l'apprenti Pierrot Barbillat et un autre occasionnel.
    Le vendredi était un jour d'effervescence avec la mise sous bande et l'expédition du journal aux abonnés de la région.

Presse typographique à pédale puis à moteur

    La place permettait l'installation de nombreuses casses typographiques de caractères, anciens et modernes, en bois et en plomb. Un comité de rédaction se réunissait dans le bureau chaque semaine pour préparer le numéro suivant.
Ce comité se composait de René Bourillon, Jean Counilh, Choisnet, Roux, Tracou, Fournier.
    A La Réole Il y avait deux autres journaux chaque semaine.   
Ce journal, la Tribune Républicaine, qui professait de idées de droite disparaît en 1944.
    Les dirigeants, sauf mon père, seront inquiétés, condamnés à la perte de leurs droits civiques. Le matériel du journal est vendu.
    Nous déménageons de notre logement qui était au-dessus de l'imprimerie avec un grand jardin. Nous habitons maintenant au 18, rue Armand Caduc. Le matériel d'imprimerie va dans la première cave. Je ferais une année d'apprentissage avant de partir à Bordeaux.
    Finalement mes parents vendent l'imprimerie et le commerce qui sera loué à
M.
Sanfourche pour devenir magasin de chaussures.

Casse typographique 

    Ma mère travaille à la Mairie de La Réole. Mon père, devient employé, chaque semaine, travaille dans des imprimeries de labeur à Bordeaux jusqu'à une année avant la retraite. Il travaille chez H. Maumy son ancien ouvrier, aujourd'hui patron d'une grande imprimerie, successeur de Beylard.
Sa fille, Catherine Aristéguy, continuera à porter le flambeau.
L'autre imprimerie, Vigouroux, dirigée par sa fille Josette Vigouroux Gimenez continuera le journal, le Réolais jusqu'en 1999 (total 56 ans).  
Florence Mothes le rachète pour le vendre par la suite ? 
    En 2021 il n'y a plus qu'une imprimerie à La Réole (à Frimont).
    Le graphisme, le design, la communication, la reproduction, l'ordinateur ont bouleversé de fond en comble ce métier d'imprimerie.
    Il demeure réservé à une élite cultivée, rare et riche. 
    L'image est reine sur le plan technique mais à quel prix ? 
    Le livre relié est cher. Les journaux sont sur internet. Le papier est menacé.
    Les emballages de la grande distribution avalent les forêts.


11 - Les demoiselles du téléphone  (Suzy Labadens)

    Bien avant le smartphone et jusque vers 1970, le téléphone n'était pas automatique. Il fallait contacter un opérateur, qui souvent était une opératrice (ou standardiste).

    En composant le 0 sur son téléphone on était en contact avec l'opératrice qui vous connectait manuellement via une fiche avec votre interlocuteur.
    Les numéros de téléphone avaient juste 3 chiffres : pour téléphoner au lycée on demandait à l'opératrice le 15, pour la gendarmerie le 46 et le notaire Me Gravier avait le numéro 3 ! Qui avait le numéro 1 ? réponse ci dessous (merci Christo)




    Suzy Labadens née Sauvignon se souvient de l'équipe qui travaillait à la poste en 1955 : 
Surveillante : Mme Rabier
Opératrices : Mmes Meynier, Deloubes, Olivier, Bernard, Bahègne, Pistrin, Pareau (épouse de Marcou), Yéyé Delech, Jeannette Monteau, Renée Sage, Suzy Sauvignon, Mado Villatte 
Les nuits étaient assurées par Mr André Morillon
4 choix d'horaires de travail : 
9-12//14-18h ou 8-12//14-17h ou  7-12//19-21h ou 12-19h
 
    En 1970 les numéros passent à 6 chiffres 610 indicatif de La Réole suivi de 015 pour le Lycée. 610 015
Le 25 octobre 1985 ajout du 56 pour la Gironde : 56 610 015
Le 18 octobre 1996 10 chiffres. La zone 5, dont le préfixe est 05, correspond à la région sud-ouest, incluant les collectivités et territoires d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane) : 05 56 610 015 (c'est le numéro actuel du lycée !)
    Les standardistes ont donné lieu à sketches dans les années 60 :
Le 22 à Asnières de Fernand Raynaud est longtemps resté dans les mémoires...


10 - Les mains de Louis
(Michel Balans)

    Je me souviens de Louis Roche (1914-2001), un musicien artisan réolais. Cordonnier, pianiste, organiste, accordéoniste, bassiste, violoniste, artiste touche-à-tout, il a enseigné, fait chanter, fait danser la jeunesse de sa contrée pendant des lustres. Très jeune il a appris l’orgue du titulaire aveugle Claude Marchat sur l'instrument de tribune Stoltz de l’église puis sur l’orgue de chœur Commaille
    J’ai filmé Louis, surnommé ”Schubert” à deux reprises. Seul à la console de l’orgue de l’église St-Pierre en 1977 où il est resté soixante-dix ans et en figurant un artisan dans le court-métrage sur St-Abbon – Régulamore
     Lors de mes dix ans il m’a accompagné au piano dans mes solis sur la scène du Centre St-Jean Bosco. Dans la chorale paroissiale j’ai chanté sous sa direction.     
    Il m’a enseigné quelques rudiments de piano sans déclencher une passion pour la lecture musicale. Ma trop grande facilité à jouer d’oreille et à improviser m’ont découragé du solfège. 

    Le dimanche sitôt la messe de 10h terminée il partait vers d’autres musiques.
    Il jouait surtout de l’accordéon musette. 
Il «faisait les bals» du canton.
    Il a reçu la médaille du diocèse et celle de la ville de La Réole.
    Sa santé à la fin de sa vie a fait construire une cabine en verre au-dessus de la console d’une laideur remarquable pour le protéger du froid !
    Une cabine abribus néo-gothique. En 2000, j’ai réussi à la faire enlever. Elle n’avait plus de raison d’être. Ses partitions sont parties dans un camion à la déchetterie...
    Son élève et suppléante, Mlle Dupuy, a quitté la ville. Avec le projet « retour du Micot » une page s’est tournée. Une autre vie musicale résonne sous les voûtes de St-Pierre.
    Lous Réoulès danse toujours avec un autre accordéoniste.

Louis Roche, violon en main, embarquant pour la procession de l'Ascension, derrière Thérèse Nadeau présidente de Lous Réoulès et devant Colette de SaintDenis 
Cliquer ici pour voir l'extrait en entier (2")

    En 2021, Ville d’Art et d’Histoire la ville célèbre les mains du Patrimoine.
Louis aurait pu y figurer grâce aussi à l’organe indispensable : son oreille.
    Nous, à deux mains, pouvons encore l’applaudir. Côté musique sous les voûtes Vox Cantoris assure la relève vocale.



9 - Débuts journalistiques (Michel Laville)

En 1952, j'avais 13 ans et j'étais déjà un fidèle supporter de La Réole XIII.
Un jour, M. Lapeyre qui était dirigeant du club et aussi secrétaire de mairie, m'a demandé si j'aimerais faire des compte rendus de matches pour la presse locale.

Match de bienfaisance pour Turin après d’importantes inondations en Italie .
Debout de gch à drte Labat (en civil) Suspereguy (arbitre)-x-Paul Lamaison-x-Lhoste - Ducuing-Claude Bouilleau-Marcel Gimenez-Geay-Guiteriez-Pareau-Laffont-Rapin (Infos : Claude Henry)

    J'acceptais avec enthousiasme. A l'époque, La Réole jouait en division fédérale avec, en particulier, les équipes de Facture et, surtout, Lavardac qui était devenu une sorte d'ennemi héréditaire.
    Je n'ai été censuré qu'une fois, pour avoir décrit avec précision le coup de poing magistral qu'un pilier de mêlée réolais (il travaillait chez Larroze) avait asséné à son vis à vis de la première ligne. Parmi les joueurs de l'époque, je me souviens de Gimenez, Lamaison, Bouilleau, pour les trois quarts, Hausséguy, grand troisième ligne, et Cazaban demi de mêlée du genre feu follet qui venait de Grignols.
    Un jour, une équipe de l'Aude est venue à La Réole et le journal local n'ayant pas de correspondant m'a demandé d'assurer le reportage, et surtout de le communiquer le soir même par téléphone. Je suis donc allé dans la cabine du café du Turon ; pour envoyer mon reportage en PCV.
    Mes souvenirs s'arrêtent à la finale de 1953 que nous avons jouée et perdue à Tonneins contre Lavardac, et son maitre à jouer, l'implacable Bareteau.
     Le retour dans le car des supporters fut plutôt maussade ...

8 - Conduite légèrement accompagnée (Michel Laville)

    En 1955, j'avais 16 ans, mes parents ont acheté chez Couteilhas une onze chevaux Citroën de couleur noire, avec la roue de secours incorporée au coffre.
Mon père n'aimait pas conduire et rapidement, je suis devenu le chauffeur de la famille dans ce qu'on appelait déjà la conduite accompagnée (Hum hum, la conduite accompagnée n'existe officiellement que depuis 1987 !! NDLR.).

Nous sommes allés en particulier à Salies de Béarn, où mes jeunes frères faisaient une cure. La cure avait lieu le matin, et l'après midi était consacrée à des ballades ; nous sommes beaucoup allés à Sauveterre de Béarn, mais aussi à Saint Jean de Luz avec le cousin Alphonse Saint Guily, que nous avions retrouvé à l'occasion. Avec cette voiture, nous sommes allés jusqu'à Lons le Saunier en 1958, pour le baptême de mon neveu Olivier, aujourd'hui disparu. Cette voiture a péri (et j'aurai pu périr avec elle) un soir d'octobre 59 : je rentrai de Bordeaux, où je venais de passer un examen, et pour ramener un copain à Sauveterre, nous étions passés par la rive droite. En arrivant à Camiran, je me suis endormi au volant, et après un demi tonneau, je me suis retrouvé assis dans les gravillons sur le bord droit de la route, cependant que la voiture gisait sur le toit du côté gauche. Le choc avait entrainé la chute d'un poteau électrique, d'où une panne de courant chez un paysan qui était en train d'accrocher son tabac dans son séchoir. Le brave homme, comprenant ma détresse, m'a finalement ramené chez moi à 3 heures du matin où je suis arrivé assez penaud...
    
7- Les guirlandes du Rouergue 
(Alain Lamaison et Martine Alis-Richard)
Cette année encore la fête du Rouergue n'aura pas lieu...
    Je me souviens, dans les années 60, pour les fêtes du Rouergue, avoir fabriqué
les guirlandes qui décoraient les rues.


On se retrouvait dans le garage de chez Duzan à côté du café de Mme Doux, route d'Auros.     Je me rappelle des ficelles en sisal (qui servaient pour suspendre les manoques de tabac dans les séchoirs noirs disséminés dans la campagne ?)
    Ensuite la colle à papier était préparés dans des boîtes de conserves ... Sur ces ficelles on collait des rectangles de papier (avec un côté triangulaire) de différentes couleurs qui venaient de chez Maumy. 
    Il y avait là tous les enfants du quartier. Ensuite les grands installaient les guirlandes entre deux poteaux ou accrochées aux murs depuis la Madone (limite Fontet) jusqu'en face de chez Crampes, la dernière ferme du Rouergue. 
    Quelques guirlandes étaient accrochées aux câbles du pont suspendu.
(Popaul Sauzet était le spécialiste des montées sur les câbles jusqu'au haut du pont et retour par l'autre série de câbles) 
    Aucun souvenir de la récupération !! Laissait-on les guirlandes de dégrader ?

6 - Matinée théâtrale à Saint Jean Bosco (Michel Balans)

"Je me souviens" ...
à la vue d’un programme que m’adresse Alain Lamaison, titré :

Phalange réolaise  

Grand Concert  

le dimanche 14 avril 1920, à 15h. 

Salle du patronage. 5, 3, 2 francs.

J’y vois des noms de pièces, avec distributions, des titres de films, des noms de  participants.

    En effet ce programme très éclectique présente : la batterie fanfare, des jeunes, des comédies, du cinéma burlesque (américain ).
    Il est imprimé chez Fayaut (par Marius Balans, sans doute ?).

    Mon père joue du tambour à la Batterie fanfare avec Raymond Cartier
    Je me pose la question sur le titre 2 : la Ronde des Fifis par les plus jeunes. ? ?
Les deux pièces mobilisent plus de dix acteurs. Cette salle sans balcon à l’époque peut donc présenter des spectacles et du cinéma. J’ai connu (en 1940) la salle avec balcon et au rez-de-chaussée, au fond, une estrade où se tenait le projecteur avant la construction de la cabine normalisée en 1946.
    Je ne connais pas l’auteur de la première pièce : Le Poulet, de Guillot de Saix.(Auteur dramatique, parisien, critique théâtral). Les acteurs sont Ciré, Roux, Pujol, Genet. S’agit-il de Jacquot Roux ? d’André Pujol ? De François Genet ? Certains jouent également au football-association .
    Le chanteur Espérandieu est sans doute le futur grand-père de Philippe Saujeon. On le retrouve dans la pièce de Courteline : “Un client sérieux”.
    Scène de tribunal avec ? Payou, Rapin ( Pierre ? ), ? Hamon, Henri Dubourdieu, son frère, Louis Dubourdieu, Jean Lanoire, André Pujol et ? Couture.
    La curiosité de cette matinée est la composition du programme, le mélange de pièces de théâtre et de projection de films. Les deux films sont dans le genre burlesque américain,
    Le thème du deuxième film, l’Aventurier, sera repris par Marcel Lherbier en 1934.
    Le programme est introduit par la Batterie-Fanfare. La Phalange réolaise présente ainsi ses activités masculines. Pas de nom de responsable. C’est le curé Maurice Larue qui est curé-archiprêtre avec l’abbé Commaney, vicaire. Qui dirige ? Est-ce au petit bonheur ?
    L’accompagnement musical du chanteur est-il Louis Roche ? Il joue déjà de l’orgue avec son professeur aveugle Claude Marchat.
    A un autre moment les jeunes filles de la paroisse avec leur groupe « les Enfants de Marie » font du théâtre avec un metteur-en-scène professionnel à la retraite, Jean Harlet (1), résidant avec sa femme à Fontet. Ma future mère Madeleine Penelle joue la comédie avec Geneviève Giresse, Rose Cocut, etc.
    La scène sera mieux équipée techniquement en 1946 avec l’abbé Grenié.
    A mon tour, en 1946-47 je chante et joue la comédie dans des opérettes écrites par les parents d’André Grenié, sur des musiques populaires. ”Le Prince Colibri” sur l’air de Compère Guillerie, par exemple.
    Je chante en duo avec Jean Rapin ou en solo: “Oh ! Nuit“ de Rameau, ou « le chant du prisonnier ». Michel Vidal chante ; Pierre Cazalas chante. Il joue dans les films, 9,5m/m, de Doudou Molinaro
    Cette salle de théâtre et de cinéma a une histoire riche en évènements culturels sur une très longue période (1920-1950).
(1) Monsieur Jean Harley (avec un y) son nom d'artiste, nom de famille : Louis Saujeon, (2 juillet 1885 à Pessac, mourut paisiblement à Fontet le 9 Avril 1961). il se disait "Poète en sabots"; oncle de Philippe Saujeon, mari d'Eugénie Laurence Champmas dite Ena Harley-Information Anne Laborde


5 - Ils ont marché sur la Lune (Alain Lamaison)

    Le 20 juillet 1969, l'aéro-club Réolais organisait un grand meeting aérien dont la touche finale devait être un saut en parachute en nocturne. Pierre Berson, gérant l'entreprise de travail aérien Les Visiteurs du Ciel,  basée à l'aéro-club, m'a proposé de l'accompagner pour ramener la voiture à la Réole.


C'est Michel Le Collen qui pilotait son Cessna 172 et je pris place dans l'avion dont une porte était enlevée pour permettre le saut.

1960, le pilote pianote sur toute la gamme des appareils photographiques : couleur, noir et blanc ou cartographie, dans son Cessna 172, aux couleurs de notre journal. PHOTO M. LE COLLEN © Crédit photo : Michel Le Collen

    

    Nous avons traversé le hall de l'aéroport de Mérignac, Pierre équipé en parachutiste au milieu des passager attendant leur vol.

    Décollage sur la grande piste, vol de nuit, disparition du parachutiste dans le noir au dessus de l'aérodrome la Réole-Floudès, avion  Mérignac, voiture La Réole.

    A 4h du matin nous étions un petit groupe à l'aéro-club, en train de regarder Neil Amstrong faire le premier pas sur la Lune ; je me souviens m'être gavé d'esquimos Miko car le congélateur était tombé en panne... Wikipedia :

Eagle atterrit à 20 h 17 min 40 s UTC le dimanche 20 juillet 1969, 

Neil Armstrong effectue le premier pas sur la Lune le lundi 21 juillet 1969 à 2 h 56 min 20 s UTC (3 h 56 min 20 s heure française).

    Pendant que Neil restait bloqué dans sa boîte de conserve, j'avais eu le temps de faire tout cela et lui a dû surement attendre une bonne semaine pour manger un Esquimo.



4 - Incendie maison Vinemey un soir d'août dans les années 1950 (Jean Marc Patient)

    Je me souviens de cet incendie assez proche de chez ma grand-mère Thérèse Beylard chez laquelle nous passions nos vacances avec ma famille. Je ne peux préciser l'année.... je suppose dans le milieu des années 1950 (entre 1954 et 1957, je dirai) un soir d'été, où tout le monde dans les rues faisaient la veillée, chacun amenant sa chaise..... les enfants (dont j'étais) en profitant pour s'amuser sans trop s'éloigner....     Rarement la sirène venait troubler la relative quiétude de la ville, parfois un seul coup (feu de cheminée), plus souvent 2 coups (incendie en campagne) et rarement 4 coups (incendie en ville)


    Il devait être aux alentours de 21h-22h (attention à l'heure de l'époque, soit l' heure d'hiver de maintenant) et il faisait déjà nuit.
Donc 4 coups de sirène et tout le monde aux aguets..... Une odeur encore lointaine de brûlé arrive jusqu'à la rue Doumer au coin du chemin de Ronde.... il n'en fallait pas plus pour que les enfants, moi y compris, aillent fureter pour découvrir cet incendie... remontant la rue du Docteur Rougier... accompagnés d'autres curieux...pour prendre la rue du Midi et déboucher derrière chez BONNAC et découvrir enfin le sinistre !.... 

    C'était la maison de Mr VINEMEY, photographe, au coin de la rue du Midi et de la rue Orcibal qui brûlait!....  De la fenêtre en haut de la maison sortaient des flammes très actives... Je suppose que chez un photographe, on doit trouver hélas beaucoup de substances particulièrement inflammables.
    Les pompiers étaient déjà sur les lieux au milieu de curieux de plus en plus nombreux....ce qui ne devait pas faciliter leur travail....
    D'après mes souvenirs d'enfant, mais cela demande à être confirmé, je crois me rappeler que les pompiers de La Réole n'avaient pas de voiture citerne mais seulement un camion tractant une motopompe. 
    Donc beaucoup de monde dans ces petites rues étroites. J'ai entendu des personnes dire que les pompiers avaient du mal pour avoir de l'eau en quantité, que les prises d'eau fonctionnaient mal... 
    Je suis resté un moment puis je suis revenu vers chez ma grand-mère pour les informer de ce que nous avions vu et entendu, quitte à aller faire plusieurs visites jusqu'au lieu de l'incendie…
    Peu après nous avons vu arriver quelques pompiers déroulant des tuyaux de la rue Orcibal jusqu'aux cuves de la SNCF afin de s'y alimenter en eau après avoir demandé l'autorisation du chef de gare. Ces cuves étaient situées sur un monticule dominant à la fois le chemin de Ronde, la sortie du tunnel et la gare.

Les cuves de la Gare
         Le tuyau posé à même le sol traversait le chemin de Ronde au droit de la rue Doumer et un pompier était posté là pour empêcher la circulation automobile, car l'avenue de la Victoire et le chemin de Ronde supportaient le trafic, pas très important, de la N113 dans le sens vers Agen à cette époque.      Les pompiers sont venus à bout de l'incendie....et peu à peu, chacun est rentré chez soi.... Je dois dire qu'une fois couchés, mon frère et moi nous guettions le moindre bruit dans la crainte d'un éventuel incendie avant de nous endormir paisiblement.     Pour en revenir à ces cuves, dans le quartier de la rue Paul Doumer-chemin de Ronde-tunnel côté gare, nous les enfants, nous les connaissions bien car elles faisaient partie de notre terrain de jeu, nous servant à l'occasion de "cabane ou d'abri". On pouvait s'y faufiler dessous, étant posées sur des supports en béton. Ces cuves ont sans doute été supprimées fin années 1960-début années 1970, du fait de l'abandon de la traction à vapeur des trains entre 1965 et 1971.     D'ailleurs, je crois me souvenir que Michèle PERREIN a fait mention de ces cuves en évoquant sa jeunesse dans un de ses livres, mais c'est à vérifier, et si oui, savoir quel est le nom de cet ouvrage ?

3- Vaccinodrome Réolais en 1950 (Yves Vaillier)
    Je me souviens des vaccinations à l'école primaire au milieu des années 50.

    Cela se déroulait directement dans les classes, les élèves n'étaient pas prévenus de l'arrivée de Mademoiselle Croizé ancienne infirmière militaire qui entrait énergiquement dans la classe, tout le monde se levait, on étaient tous terrorisés à son arrivée, elle avait un langage militaire fort et prenait tout de suite la parole,'' mettez vous contre le mur, quittez votre blouse grise (école des garçons, les écoles n'étaient pas mixtes dans les années 50) relevez vos manches et avancez''.
    Elle avait une coupelle en émail et en forme de haricot dans laquelle se trouvaient des plumes métalliques.
École Primaire La Réole 1954
Photo : École Primaire La Réole 1954
Haut  : ?, J.François Meynier, ?, Jacky Grollier, Lassere, ?, ?
Milieu : Laquini, Para, Lescombe, Christian Henry ,?, ? , Pigot, Béziade.
Bas  : Yves Vaillier,?, Berton, Christian Raténi,?, Dariet, Bernard Lataste


    On passaient les uns derrière les autres en serrant les dents, elle prenait une plume et crac, crac, deux scarifications sur l'épaule et au suivant, 70 ans plus tard nous avons toujours des traces sur l'épaule de cette opération. Il n'y avait pas de câlin à la sortie, nos parents n'étaient pas sur le terrain.
    Ouf c'est terminé, on retournait se rhabiller à sa place ; je n'ai jamais vu l'un d'entre nous tomber dans les pommes.
    Nous étions soulagés quant on la voyait partir en remontant dans sa 2CV Citroën.

2 - La Télévision arrive au Mirail (Jean Marc Patient)

    Je me souviens de l'expérience du fils Coutheillas qui avait réussi à capter la télévision à partir de l'émetteur de Bourges.     L'antenne était installée au point haut du Mirail à côté d'une ferme et la difficulté de captation faisait que la qualité des émissions reçues était pour le moins incertaine, compte tenu de la distance entre l'émetteur de Neuvy les 2 clochers et La Réole (360 km à vol d'oiseau contre 155 km entre La Réole et le Pic du Midi).     Il faut donc saluer cet exploit du fils Coutheillas surtout avec les matériels de l'époque et les moyens à sa disposition !...



    Je situerai cet essai de télévision au Mirail de préférence en fin juillet-août 1956 le soir (les programmes débutaient en général le soir vers 18h30). Il faisait encore jour, ce qui exclue septembre car il faisait nuit à 20h à partir de début septembre à cette l'époque. 
    
    Les émetteurs de télévision concernés ont été mis en service :
19/05/56 = Bourges (Neuvy les 2 clochers)
14/09/57 = Pic du Midi
Décembre /57 = Bordeaux-Bouliac  
    Il est possible que ce soit l'année suivante en juillet-août 1957 juste avant la mise en service de l'émetteur du Pic du Midi, mais je penche plutôt pour 1956..     

    J'y étais allé en vélo avec Michel Beyssac le fils de Jean et petit fils de Marcel Petiteau. 
Il y avait bien une centaine de personnes assises dans l'herbe sur un petit monticule dominant très légèrement la ferme devant laquelle le poste de télévision avait été installé par le fils Coutheillas. 
    Regardant la télévision depuis avril 1955 en région parisienne, je pouvais "faire l'intéressant" en donnant des explications sur les programmes, speakerine et présentateurs de la télévision, que la quasi totalité des réolais ne connaissaient pas....

1 - Gendarmes en prison (Michèle Lyzée épouse Chevillot)

    Mon père René Lyzée venait d’être muté de la Réunion à la gendarmerie de La Réole. La rigueur de l’hiver 1956 a fait que les canalisations d’eau de la gendarmerie ont été gelées. Nous avons emménagé pendant les travaux dans l'ancienne prison …     J’ai en mémoire une grande pièce à droite en rentrant qui nous servait de chambre, mes parents avaient tendu des draps entre murs pour créer 2 espaces et avoir un peu d’intimité … Je faisais du vélo dans le hall qui donnait accès aux geôles… qui étaient fermées…     Nous arrivions de La Réunion et n’avions pas d’équipement pour la neige… C’est dans les bottes de ma mère que je déambulais ...les chaussettes de mon père permettaient de les adapter à ma pointure. Nous étions la seule famille logée à la prison..

Mme Lyzée devant la prison

Commentaires de Yves Vallier     J'ai bien connu Michelle Lyzée lorsqu'elle est arrivée à la gendarmerie de La Réole.     Michelle est arrivée l'année du terrible hiver avec 1 mètre de neige dans les rues, les canalisations d'eaux avaient gelées et les pompiers passaient tous les matins pour nous livrer de l'eau, nos parents faisaient la queue avec des bassines et des bidons de fortune, il n'y avait pas de bidons en plastique comme aujourd'hui. Il n'y avait pas d'isolation sur les tuyaux d'eau à cette époque.     Au printemps 1956 il y a eu la réorganisation de tout l'intérieur des appartements de la Gendarmerie, les travaux ont été réalisés par la jeune entreprise Grigoletto.     Dans la caserne il y a avait 10 familles à cette époque, parmi les enfants que nous étions il y avait plus de filles que de garçons. Annie et Mady Lalanne, Mireille Broux, Françoise Ménard, Christiane Vaillier, Michelle Lyzée, Michelle Fradon, Chantal Niaussat etc... et notre voisine Michelle Meynier.     Pour les garçons, Yves Vaillier, Alain Mille, Raymond Vaillier, et notre voisin Jean-François Meynier, Christian Meynier.     Nous faisions du vélo avec les enfants de la gendarmerie autour de la place Albert Rigoulet et dans le couloir de la sous-préfecture qui était notre lieux de jeux préféré à cette époque.             Puis en quelques années, les parents ont été mutés déménagé de la caserne et la vie à fait que nous ne nous sommes plus revus.

     Tous ceux qui ont fréquenté le Collège (devenu Lycée Jean Renou) entre 1947 et 1972, gardent le souvenir de cette cantinière au grand c...

    Tous ceux qui ont fréquenté le Collège (devenu Lycée Jean Renou) entre 1947 et 1972, gardent le souvenir de cette cantinière au grand cœur, qui, avec le concierge Faligon, sont restés dans la mémoire des élèves de cette époque.

Georgette en 2000 pour le fête du lycée


LE BILLET D’HUMEUR D’ANDRE ELCE


GEORGETTE NATIONALE


«-  Hé salut Georgette ! Comment tu vas ?  - Mais qui es-tu toi ? - Quoi ? Tu ne te souviens pas de moi ? Tu m’appelais petit morpion quand je sautais sur la place des Tilleuls depuis la fenêtre de la Salle d’Etudes du Collège pour me tirer sans que Faligon me voie ! 

- Ah oui ! Mais t’as un peu changé non ?

- Nature ! Georgette j’ai quarante ans de plus ! Comme toi d’ailleurs… »

    Ce genre de conversation pouvait encore avoir lieu dans n’importe quelle rue de La Réole il y a encore quelques jours.  Maintenant c’est terminé.     
C’est au tour de Marie Georgette Castaing d’avoir fait l’école buissonnière pour la première et la dernière fois de sa vie. Ce n’est pas en sautant par la fenêtre du vieux bahut qu’elle a déserté la planète mais en montant les marches de son domicile à quatre-vingt-treize ans passés ! Une mort pas comme les autres pour une femme en dehors des normes .     
    Sacrée Georgette, décidément tu nous auras étonnés jusqu’au bout. 
    Nous tous, anciens élèves du Lycée qu’on nommait plus modestement Collège à l’époque, avons eu au moins une fois dans notre scolarité affaire à Georgette Nationale, puisque c’est comme ça qu’elle nous avait demandé de l’appeler !
    Dans ces périodes ou le vouvoiement était la marque de politesse numéro un nous étions environ deux-cent cinquante à tutoyer allègrement cette femme de plus de trente ans notre aînée sans que celà puisse passer pour un manque de respect quelconque.  Et puis comme les profs nous envoyaient du « vous » à la pelle c’était quand même drôlement plaisant de tutoyer celle qui disait elle-même : « Ici c’est moi le professeur des assiettes ! »
    Et d’ailleurs c’était tout à fait vrai. Parce qu’il faut vous dire qu’au réfectoire, au sous-sol comme on disait, personne n’avait intérêt à trop la ramener, qu’il soit élève, prof ou surveillant !  
    Même le père Pons qui n’était pas spécialement réputé pour sa tendresse mais qui dirigeait tout de même l’établissement avait tendance à raser les murs devant cette maîtresse-femme !  Il est vrai que si les beignes de cet austère principal étaient craintes par tous, celles qu’auraient pu donner Georgette, vue sa carrure, auraient encore pété davantage ! Seulement voilà : des beignes elle n’en a jamais donné ! Et pourtant, vous pouvez me croire, elle aurait eu beaucoup plus de raisons de le faire que son directeur parce que nous n’étions pas toujours très supportables, surtout lors des mémorables « rencontres basques » de fins de repas durant lesquelles les cuillères servaient de chistéras et les Petits-Suisses de pelotes !         
Mais la Georgette Nationale elle savait s’arranger de tout ! Et je la soupçonne même de s’être terriblement marrée en rangeant ses casseroles ! Vous pensez : une femme qui avait passé la plus grande partie de sa vie à gagner des concours de valse dans les bals et à vendre des radis en bottes sur les marchés, ça devait drôlement la changer d’essayer de garder à la sienne de botte, les idiots boutonneux que nous étions, toujours prêts  aux canulars dont la longue élaboration tenait lieu de révision pour le bac !

    Vingt-cinq ans ! Un quart de siècle passé à faire manger des collégien(nes) qui avaient tout un tas de trucs en tête sauf l’envie de se nourrir ! Mais vingt-cinq ans aussi consacrés à consoler le «petit de sixième» pleurant sur sa condition de pensionnaire, à faire les gros yeux à l’adolescente de troisième qui se rapprochait un peu trop de son homologue masculin au moment du dessert, à sermonner gentiment la demoiselle de première moderne surprise en train «de se faire embrasser» dans l’escalier du réfectoire, et surtout à priver de flan-vanille le grand benêt dans mon genre sous prétexte qu’il avait fait l’impasse sur la tomate farcie !     « C’est pas parce que tu as dix-sept ans que je vais me gêner pour te priver de dessert si tu bouffes pas tes lentilles ! Et puis arrête de me dire madame , je m’appelle Georgette et finis ton assiette s’il te plait… ». Franchement c’est maintenant, vu avec le recul du temps et compte-tenu de mes souvenirs personnels, que je me demande, sans faire injure à mes chers professeurs, s’il n’était pas largement plus difficile d’enseigner à la cantine que dans les classes du bahut !      Bon, allez j’arrête.      Contrairement à ce que tout le monde pense je déteste faire les nécros dans le journal et c’est pour ça que je me débrouille toujours pour que ça ne soit pas trop triste même quand j’ai envie de pleurer ! Alors je vais juste citer une des phrases dont Georgette Nationale avait le secret !     Lorsqu’on lui demandait comment elle faisait pour conserver cette pêche d’enfer à un âge assez avancé elle répondait invariablement : « Mon père et ma mère étaient meuniers, alors comme je suis née dans la farine ça m’a donné beaucoup de force ! ». D’accord Georgette, d’accord, mais nous, en te rangeant pour l'éternité dans ton joli réfectoire tout en marbre c’est encore un peu de la nôtre, force, qui a foutu le camp, et puis beaucoup aussi de nos souvenirs…     Et un lundi en pleine matinée par dessus le marché ! A l’heure où autrefois tu commençais à allumer tes fourneaux ! Tu sais pas, mère Georgette ? On va être un paquet de tes «anciens petits» à ne pas bouffer ce midi…


André Elcé
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Georgette dans les bras de sa mère au Moulin de Piis

Georgette jeune : période Valseuse !


La famille Castaing à Piis

31.03.2008 CÉRÉMONIE d'INHUMATION de Marie, Georgette CASTAING Nous voici réunis pour accompagner dans son dernier voyage Mademoiselle CASTAING, Marie, Georgette. Comme elle aimait à le rappeler Georgette Nationale.
C'est en ma qualité de Tuteur, que je me permets de l'honorer, et de dire sa personnalité, car Georgette était une femme de caractère, avec un grand cœur. Je dirai même, vous étiez Georgette une Grande Dame. Vous êtes née le 9 mars 1912, au moulin de "Piis", commune de BASSANNE. Vous êtes la deuxième enfant d'un couple de meuniers. Comme vous le disiez : "Je suis née dans la farine, ce qui m'a donné beaucoup de force." Vous arrivez quatre ans après votre sœur Marie, Lucienne. Deux ans après votre naissance, votre père change de métier, et devient agriculteur dans la commune de PONDAURAT. La Grande Guerre survient, et sûrement votre père est mobilisé. De cette période, vous en aviez aucun souvenir. Vous fréquentez l'École de PONDAURAT, et vous ferez votre Première Communion dans cette belle église, à côté des majestueuses cascades. Vers 1923, votre famille quitte PONDAURAT, et s'installe au moulin de Lariolle entre FONTET et HURE. Vos parents louent des terres sur lesquelles, ils feront du jardinage. Avec votre sœur, vous participez aux différents travaux. Vous confectionnez des paquets de cresson et des bottes de radis. Que de fois, je vous ai entendu dire : "Les petits radis. au milieu du paquet, et les grands en couronne”. Les années passent, et vous êtes une belle jeune fille. Vous aimez beaucoup la musique, et aussi la danse. Vous devenez une très bonne valseuse. Vous gagnez de nombreux concours de valse.
Vous valsez à l'endroit et à l'envers. Parfois avec un bon cavalier, vous valsez sur une table ronde de café. Vous aimez la vie, et la joie de vivre. Durant la guerre de 39-40, vos parents décèdent. Vous voilà seule à la tête d'une exploitation de jardinage. Vous êtes volontaire, et vous apprenez à conduire. Vous posséderez d'abord une Rosengart, puis une Fiat. Chaque semaine, vous êtes présente sur les marchés de GRIGNOLS et de LA RÉOLE, où une clientèle fidèle, s’approvisionne en paquets de cresson, bottes de radis, et autres légumes. En 1945, sur les conseils de Madame ABRIBAT, vous quittez le moulin de L'oreille, pour venir habiter à LA RÉOLE en bas du tunnel. Selon vous, c'était la belle époque, car on se fréquentait entre voisins. Que de belles soirées, vous avez dû passer en bavardant avec ces derniers durant l'approche de la nuit. Par Madame LADEVEZE, vous êtes embauchée à la Clinique FOSSART, où se trouve actuellement la pharmacie TROUILLOT. Puis à nouveau, Madame ABRIBAT vous vient en aide. Vous entrez en 1947 comme employée de service au Lycée de La Réole. Vous êtes affectée au réfectoire. Comme vous le disiez avec humour : "J'étais le professeur des assiettes". Vous resterez 25 ans au Lycée de LA RÉOLE, et toujours au réfectoire, jusqu'à votre retraite. Vous avez eu comme Proviseur : Messieurs PONS, GARRIGUE, PARIS, MULLER et JOLIVET. Combien de fois, j'ai entendu l'énumération des noms de ces Messieurs. Au réfectoire, vous donnerez le meilleur de vous-même. Vous servez les repas. Vous êtes surveillante. Consolatrice des punis. Votre bienveillance et votre grand cœur arriveront à donner du courage à tous ces jeunes. Vous stimulez les appétits. Vous obligerez le difficile à finir sa viande ou ses légumes, afin d'obtenir son dessert. En un mot, vous deviendrez la seconde maman des nombreux lycéens, qui ont fréquenté le réfectoire. Je suis sûr que de nombreux jeunes en lisant le faire part de votre décès, ont eu un sentiment de reconnaissance. Car tous gardaient de vous, un souvenir ému et affectueux. Parfois, en vous accompagnant à la Poste ou dans les administrations, nous croisions des jeunes de l'époque qui venaient vers vous :"A qui, ai-je l'honneur", vous vous exclamiez Mais Georgette, tu ne me reconnais pas. J'ai été élève au lycée durant de nombreuses années. Ils étaient heureux d'évoquer leur jeunesse et les souvenirs de l'époque. Après un court passage à la RPA "Les Jacobins", vous venez habiter 12, rue Leylaud. De votre fenêtre vous aviez une vue magnifique sur les différents villages de la rive gauche. La Garonne majestueuse s'offrait à votre regard. Vous étiez heureuse de nous faire connaître votre horizon. Vous vieillissez, et il y a peu de temps, vous me disiez : "Mais qu'est ce que je fais sur cette terre?'' J'aurai bientôt 93 ans. Que j'aille rejoindre mes chers parents dans mon château au cimetière de FONTET. J'ai un beau caveau que j'ai fait marbrer". Dieu vous a écouté, et vous a entendu. Vous êtes morte brutalement alors que vous montiez les marches menant à votre appartement. Combien, nous vous regretterons, car nous ne pourrons plus faire appel à votre mémoire et à votre joyeux humour. Depuis de nombreuses années, vous avez été entourée par Corinne Vieillefond votre aide ménagère, qui appréciait votre gaîté et votre affection. Vous aviez une grande amie Madame CLUZEL MARTINOT qui souvent le dimanche vous invitait à partager le repas dominical. Vos deux nièces Jeanine et Maryse étaient bienveillantes. Elles étaient soucieuses de votre santé et de votre confort. Vous aviez des voisins agréables. Vous aviez pour compagnie, votre petite chatte "Charlotte" que Corinne continuera à choyer. Merci chère Georgette, merci pour votre gaîté communicative, merci pour votre générosité. Au moment de nous quitter, sachez que je perds non pas une tutelle, mais une Grande Amie.

Au revoir Georgette, dormez en paix.


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