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     « Vous ferez plus de cabrioles à Agen en un mois que dans dix ans à Bordeaux » écrivait Montesquieu dans une lettre à sa fille (Lettre...

Tripots et Cabrioles à La Réole - Michel Balans

    « Vous ferez plus de cabrioles à Agen en un mois que dans dix ans à Bordeaux » écrivait Montesquieu dans une lettre à sa fille (Lettres Persanes - 1721)
(La Réole est sur la Garonne à 85 kilomètres en amont d’ Agen).
La Réole, terre de joyeuses cabrioles.

    La Réole n’échappe pas à cette « autre règle ». La règle des petits plaisirs.
    Le séjour du Parlement de Bordeaux à La Réole ( pendant 40 ans au 17ème siècle : 1654 / 1678-1690 ) a amené avec lui les plaisirs coquins bordelais.
Il en restera sans doute quelques traces.
    La cité réolaise avait accueilli en son temps le fameux « escadron volant » de Catherine de Médicis au secours d'Henri IV. En route pour Nérac.
    Les nombreux couvents féminins n’étaient pas toujours en odeur de chasteté. Portugaises ou réolaises les religieuses ne sont pas à l’abri des tentations de la chair.
     Les mariniers du port réolais n’étaient pas en reste pour animer les tripots du port près de la Garonne.
    La chanson « Jean de la Réoule » en dit plus long qu’il n’y paraît.
La «Maristengo» lui répond avec malice. Il n’y a qu’à regarder les danses de la félibrée pour se rendre compte du goût prononcé pour la cabriole des danseuses dans les bras de leur vigoureux cavaliers.
    Les lieux coquins réolais naturels ne manquaient pas : des Jettins de la Garonne, près du Charros, aux fossés des Quat’sos en passant par les confessionnaux et autres processions. Les cafés du centre-ville tenaient à leur réputation. Les notables y venaient avec leur régulière. La périphérie était moins regardante. On dansait le rigodon dans bien des plaçottes.
    L’impasse des Galants n’a pas trouvé son nom par hasard. Le chapitre de St-Michel fournissait des clients assidus et discrets. Les occasions festives et musicales offraient des occasions faciles de retrouvailles. Les Agenaises venaient en excursion. Le bateau de nègres venu d’Agen semant le trouble a contribué à la mise-à-mort des malheureux frères Faucher.
La Réole : ville de musique, ville de divertissements furtifs.. ville de cinéma .. .
    En 1962, sur les indications de Molinaro Nikos Papatakis, patron de la Rose rouge à Paris et réalisateur de cinéma, vient à La Réole tourner une adaptation de  « Les Bonnes » de Jean Genet : les Abysses. Les deux sœurs Bergé, Colette et Francine, comédiennes, logent à l’Hôtel du Centre. Le tournage a lieu à Loubens dans le château des deux sœurs Mlles De Mallet.
Ces braves demoiselles très croyantes ignorent tout des Bonnes et de Jean Genet. Elles découvriront l’histoire à la première projection à Bordeaux où elles sont invitées. Horreur !
    Pendant le tournage, une des sœurs Bergé a un problème de santé (intestinal) que Parvaty Chavoix soigne. Une troisième sœur De Mallet est supérieure de religieuses. Ce tournage restera la tache d’huile sur le parchemin familial.
Souvenirs personnel :
* Ma mère et mon père se sont rencontrés sur les planches du patronage. Chacun jouait sa pièce de comédie. Les entre-actes donnaient à chacun l’occasion d’échanger des impressions artistiques et autres …
    Une trahison féminine ourdie par une camarade jalouse a accéléré leur mariage. La communauté paroissiale les absous du moment qu’ils convolent dans la ligne du droit chemin. Ma sœur puis moi sommes nés ! Heureux dénouement.

    Ville de patrimoine religieux, forcément ville de récréations secrètes. Sur ce sujet les historiens sont peu bavards. Nous n’avons que de vagues indications. Il faut s’appuyer sur des exemples de voisinage. 

    Sur le triste épisode de la Libération de 1944 où la vengeance sordide s’abat sur les malheureuses femmes tondues comme partout en France.
    Hélas, la Réole n’a pas échappé au phénomène dégradant. Des photos de ces malheureuses sont restées longtemps en vitrines de Saubat, exhibant des actes peu glorieux.

    Il n’y a pas de traces précises de bordels réolais.
Un temps, l’Hôtel Terminus, sur les quais, aujourd'hui disparu, avait une douteuse réputation.
En 1940 certaines rues avaient encore mauvaise côte parce que malfamées. La rue Lamar parallèle aux quais, avait côté port, des maisons à double entrées et sorties, très commodes pour des passages discrets des tavernes portuaires. 
    La rue de Argentiers où des femmes seules ouvraient leur porte à des âmes en peine au pied des remparts. Voisines d'artisans ferrailleurs.
    La statuette de Jean de la Réoule du haut de son piédestal du Turon se frise la moustache en souriant. Il sait bien des choses mais garde le secret.
    A l’heure du portable la drague gay se fait à la sortie de la ville vers Marmande sur la 113 à l’aire-de-repos du Flaütat (la flûte). Chaque bourgade à ses repaires. Chaque époque ses pratiques.
Les boîtes de nuits ont du mal à survivre. Chaque voiture a sa musique.
    Cabriole, ribouldingue, partouze, vont et viennent. Le cinéma s’en faisait une joie argumentaire pour les raconter. C’est un sujet épuisé. Le cinéma, lui-même s’épuise. L’écran réolais tangue tant bien que mal pour rester à flot.
    En milieu rural les municipalités liées à la pratique associative contrôlent les Centre de loisirs, les salons de massages deviennent Cabinets de relaxation. Restons correct !
    Aujourd’hui La Réole, ville de tourisme, de patrimoine redresse la tête après une longue traversée du désert. Des habitants ouvrent leur maison d’accueil en chambre d’hôte. Le plaisir dans le partage participe à l’évolution citoyenne.
    L’Europe ouvre grandes ses portes. Les divertissements s’adaptent forcément. Le virtuel frôle le réel. Même le X ne fait plus recette. La révolution culturelle est en marche et respectons la barrière sanitaire.

Affiche de Toulouse Lautrec


Tripots et cabrioles à La Réole au 17e S- II -

    Lors du séjour du Parlement de Bordeaux en exil à La Réole à la fin du 17e siècle la petite cité se transforme.
    La population augmente, les rues se tracent, le commerce s’enrichit, divers métiers s’installent. Quelque deux cent personnes s’ajoutent à la population.
Les parlementaires logent avec leur famille et leurs serviteurs. Beaucoup d’entre eux ont laissé leur femme à Bordeaux. Ils logent dans des maisons construites à la hâte ou dans des couvents (les Cordeliers).
    Les tripots s’améliorent. Des dames venues d’Agen et Marmande descendent la Garonne pour égayer les soirées mornes des magistrats célibataires. Les luthiers ouvrent boutiques.
    Les marchands ambulants doublent leur passage. Les imprimeurs tirent les arrêts.
    Durant une quinzaine d’années la vie réolaises, transformée, s’émancipe. Il en restera des traces pour l’avenir. La topographie des rues, l’économie, la culture subissent des transformations notables. Les petits métiers, maréchaux-ferrants, tailleurs, porteurs d’eau, fleurissent.
    Cet exil voulu par Louis XIV pour punir les Bordelais frondeurs a participé à la fortune de La Réole.
    Nous avons peu de détails sur cette période réolaise. Les historiens restent muets.
    C’est par l’Histoire de France que l’on peut imaginer ce qu’était cette période et les traces architecturales qui en restent.     A une autre période, la guerre de 1940, des réfugiés du Nord et de l’Est, sont venus habiter. Ils ont, à leur manière, marqué la ville.
    Auparavant, en 1936, des Italiens, des Espagnols sont venus s’installer dans la campagne environnante.     Aujourd’hui des jumelages entretiennent des relations avec le Portugal et l’Italie.


Michel Balans         



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