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    Trois "justes parmi les nations" dans un rayon de 5 km entre La Réole, Montagoudin et Hure, c'est pour le moins exceptionnel !
    Avant La Réole et Montagoudin, Hure a tenu à célébrer la mémoire de ses enfants, honorés par cette distinction.
    Selon l'encyclopédia Universalis :
L'appellation de Juste parmi les Nations adoptée par l'État d'Israël, selon une loi de 1953, désigne les non-juifs qui ont pris des risques importants, mettant souvent leur vie en péril, pour secourir les juifs voués à l'assassinat massif par l'Allemagne national-socialiste. L'État hébreu a créé pour ces bienfaiteurs une distinction spéciale, accordée par une commission présidée par un juge de la Cour suprême. Ceux qui en sont honorés reçoivent une médaille à leur nom, accompagnée de cette maxime biblique : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier. »

Mauricette Beaucaillou
Année de nomination : 1996
Date de naissance : 10/10/1920
Date de décès : 10/01/2013
Profession : Femme de ménage

René Beaucaillou Année de nomination : 1996
Date de naissance : 11/12/1920
Date de décés : (avant Mauricette)
Profession : Mécanicien, ouvrier garagiste

Localisation
Ville : Hure (33190)
Département : Gironde
Région : Nouvelle-Aquitaine

Personnes sauvées
Mlle Torrès Clairette

Lieu porteur de mémoire

Place René et Mauricette Beaucaillou à Hure

Cérémonies

Mairie de Targon (33760) 21 septembre 1997

Mauricette Beaucaillou, Clairette Torres, René Beaucaillou

    Mauricette Beaucaillou travaillait comme femme de ménage chez ses voisins dans son village natal de Hure, dans la Gironde. René, son mari, était mécanicien dans un garage des environs.
    Au début de 1944, les Beaucaillou acceptèrent d'abriter chez eux une fillette juive de deux ans et demi, la petite Clairette Torrès. Ses parents s'étaient enfuis de La Réole et étaient venus habiter Casseuil, village voisin de Hure, où ils travaillaient dans un vignoble.
    Les arrestations de Juifs se multipliant dans la région, les parents, sachant qu'ils devraient peut-être s'enfuir précipitamment, se préoccupaient du sort de la petite.        Ils la laissaient régulièrement chez un voisin, un négociant en vins nommé Reynaud, par l'intermédiaire duquel ils firent connaissance de René et Mauricette Beaucaillou.
    Ces derniers accueillirent la petite fille juive à bras ouverts ; Clairette les appelait Tatie et Tonton. Les Torrès versaient aux Beaucaillou une modeste somme pour l'entretien de l'enfant. Ces derniers la présentaient partout comme la fille d'amis de Bordeaux qui n'arrivaient pas à s'en occuper. Les temps étaient difficiles.
    Les Juifs de La Réole étaient victimes de dénonciations; les soldats allemands patrouillaient dans la région et certains d'entre eux avaient réquisitionné un café situé à une centaine de mètres de l'appartement des Beaucaillou.
    Clairette resta chez “Tatie et Tonton” jusqu'à la libération de Bordeaux. Après la guerre, les familles restèrent amies de longues années durant.

Le 12 mars 1996, Yad Vashem - Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Mauricette et René Beaucaillou le titre de Juste parmi les Nations.


Le témoignage

Au début de l'année 44, Marcel Torres, sa femme Eugénie et leur petite fille Clairette, âgée de 2 ans et demi habitaient Bordeaux. Ils partent se réfugier en zone libre, à La Réole. Rapidement, La Réole devient zone occupée. M. & Mme Torres souhaitent mettre leur petite fille à l'abri au cas où ils seraient obligés de fuir très vite. Par une relation, ils sont mis en contact avec quelqu'un qui a un poste important à l'Assistance Publique. C'est un jeune couple sans enfants, très modeste, qui accepte de garder la petite fille juive en promettant de garder secrète son origine. Clairette restera chez les Beaucaillou jusqu'en novembre 44. Elle y fut aimée et choyée et conserva des liens constants avec eux.


Articles de Presse :
Sud-Ouest 23-09-1997


Mauricette Beaucaillou a reçu la médaille des Justes (Photo Y. Feyzean)


Mauricette Beaucaillou, 77 ans, a reçu, dimanche à Targon, la médaille des Justes qui lui a été décernée en son nom et au nom de son mari décédé, René, pour avoir sauvé une petite fille juive en 1942 (Lire « Sud-Ouest » du vendredi 19 septembre 1997).


    Clairette Torres

qui est aujourd'hui âgée de 53 ans, assistait à cette cérémonie organisée
à la salle polyvalente de la commune, en présence du Maire, Firmin Luro, aussi du représentant de l'institut Yad Vashem, du premier secrétaire de l'ambassade d'Israël, de Michel Slitinsky, partie civile au procès Papon, Mr Gérard Boulanger, avocat des parties civile et président de la Ligue des droits de l'homme de Gironde, et de nombreux amis qui lui ont témoigné leur sympathie et leur reconnaissance.
Mauricette Beaucaillou, très émue, a raconté ses souvenirs de cette année-là et surtout les circonstances dans lesquelles son mari et elle avaient accueilli et hébergé Clairette de février à novembre 1944 Désormais, les noms de René Mauricette Beaucaillou seront inscrits sur la colline du souvenir à Jérusalem

Hure rend hommage à Mauricette et René Beaucaillou qui avaient protégé une enfant juive durant l'Occupation.

Hure va inaugurer, samedi 28 mai 2022, une place au nom de René et Mauricette Beaucaillou, en présence de Clairette, la petite fille juive qu'ils ont protégée durant l'Occupation.

Lieu porteur de mémoire
Place René et Mauricette Beaucaillou à Hure

Inauguration de la place à Hure



   sommaire-tous-les-articles 31 mars 1918 - 28 décembre 2006 Philippe Girardeau ______      Arrivés début années 50 à Montagoudin plus préc...



31 mars 1918 - 28 décembre 2006


Philippe Girardeau

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    Arrivés début années 50 à Montagoudin plus précisément, mes parents devinrent très rapidement amis avec la famille Vincelot qui habitait à l'époque dans une ferme au Flaütat en bordure de la RN113. Plus tard cette ferme laissa la place à une station service, puis un bar restaurant et une boite de nuit, « L'Ermitage ». 

    C'est par hasard que je suis tombé sur la page de Wikipédia concernant Pierrette Vincelot.  Voici le lien, toute son histoire y est racontée, hormis quelques erreurs.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierrette_Vincelot

Pierrette Vincelot 1943

Extraits de la fiche Wikipédia : Engagement dans la résistance

    À la suite de l’appel du 18 juin 1940, par le général De Gaulle, elle décide avec sa mère de faire partie de ceux qui participeront à l’effort de guerre. Son père est plus modéré, il veut bien aider mais fait très attention car il est sous surveillance de Vichy car son appartenance à la Franc-maçonnerie est connue. La ligne de démarcation, séparant la zone libre, où s’exerce l’autorité du gouvernement de Vichy, de la zone occupée par les Allemands, passe par Langon et Sauveterre-de-Guyenne, non loin de chez elle. Domiciliée à une quinzaine de kilomètres de cette frontière, elle commence à passer, de France occupée en France libre, des messages dans le cadre de son vélo, et parfois transporte des enfants en les faisant passer pour siens. Dans le courant de l'année 1941, sa mère et son père sont révoqués par le Régime de Vichy pour suspicion d’acte de résistance et appartenance à la franc-maçonnerie.

    Pierrette Vincelot entre au début de la guerre dans la clandestinité sous le nom de « Fernande » ou "Pierrette" suivant les réseaux. Avec l'appui du maire de l'époque, Monsieur Lavergne, elle devient secrétaire de la mairie de Montagoudin pour capter toutes informations pouvant aider la résistance. Ce poste lui permettra également, tout au long de la guerre, de réaliser de faux documents d'identité et autres. Avec son réseau, elle commence à organiser et réaliser les passages de la France occupée en France libre des familles juives pourchassées, des agents parachutés, des pilotes alliés tombés dans la zone occupée et des réfractaires au STO qui veulent rejoindre l'Angleterre. Elle leur procure des fausses pièces d'identité. Pour les pilotes, elle organise leur rapatriement vers l'Angleterre via l'Espagne. En ce qui concerne les familles juives menacées, elle leur procure asile. La résistance commençant à se structurer, elle intègre avec sa mère le maquis de Lorette, sous les ordres du lieutenant Daniel Faux alias Papa. 

    Concomitamment, elle œuvre également avec sa mère, de concert avec Renée Augeyrolles responsable locale du réseau Buckmaster, Simone Savariaud du réseau Jove et les membres du groupe Rigoulet.

    Par son poste à la mairie, elle voit défiler les dossiers de recherches envoyés par l'administration allemande et les consulte avec attention. Pour exemple, un jour, elle y remarque deux noms de familles juives qui sont de ses connaissances : Lévy et Rosenthal5. Elle les contacte immédiatement et avant la rafle les envoie se réfugier dans les Landes. Elle en fit de même à d'autres moments, avec les familles Lang-Lévi, Holchaeker et Pérostel.

Un autre site qui doit être consulté : 

    Pierrette Vincelot-Laurens résidait à Montagoudin (Gironde). Pendant l’occupation allemande, sa mère démissionna du poste de secrétaire de mairie et le maire demanda à Pierrette de la remplacer. De par sa fonction et son ralliement à la résistance, Pierrette put continuer le travail entrepris par sa mère et assister les familles juives en danger de Montagoudin.
    Elle leur procura des faux papiers d’identité et des titres de ravitaillement. Au moment des rafles, ayant accès aux listes des personnes recherchées, elle put prévenir à temps les familles Lévy et Rosenthal du danger imminent. M. Lévy accepta de partir à Lados dans les Landes tandis que sa famille était dispersée en divers endroits. M. Rosenthal, resté avec les siens, fut arrêté et déporté. 
    En relation avec Anne-Marie Estève, propriétaire de la résidence «Point du Jour», elle put y cacher clandestinement et en d’autres lieux le Dr. Lang-Lévy et sa femme, Norbert Holchaker de 5 ans et ses parents, les familles Rosenthal et Perostel. Pierrette s’est particulièrement distinguée dans les rangs du réseau Buckmaster et sa filière d’évasion par l’Espagne, acheminant des parachutistes cherchant à rejoindre l’Angleterre ou des réfractaires au STO cherchant à rejoindre la France Libre. 
    Elle fut décorée de la Médaille de la Résistance. «C’est parce que nous étions tout naturellement, ma famille et moi, des républicains patriotes et humanistes que nous avons fait notre devoir de Français».     

Le 10 janvier 2001, Yad Vashem – Institut Internationale pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Pierrette Laurens le titre de Juste parmi les Nations.

    Dans ce site vous pouvez écouter un interview de Pierrette Vincelot évoquant les anecdotes de l'époque de l'occupation et de ses actions.


Remise du diplôme et de la médaille de juste parmi les nations.
Présents de gauche à droite en premier plan : 
Mme Tamar Samash, consul d'Israël en France, Dr Holchaeker (une des personnes sauvées par elle, alors qu'il était enfant), le représentant pour la France de Yad Vashem, Michel Slitinsky, écrivain et porteur du dossier concernant Pierrette Vincelot et le préfet Jean Paraf.

Souvenirs personnels

    J'ai bien connu Madame Vincelot Marcelle la maman de Pierrette, ancienne institutrice à Montagoudin, Pierrette Vincelot, veuve de Monsieur Foucaud et sa fille Marie-France Foucaud. Bien que résidentes de Montauban elles faisaient souvent le déplacement au Flaütat, en particuliers pour les vacances scolaires ce qui donnait lieu à de nombreuses journées à passer ensemble, les grands pour discuter et les jeunes pour jouer ! 

    Ces liens d'amitié se sont prolongés longtemps, même une fois leur départ définitif pour le Tarn et Garonne, dans les années 60 nous allions à Montauban et réciproquement elles venaient quelques jours à La Réole. 

    Le temps est passé, Mme Vincelot est partie puis en 2002 disparaît sa fille Marie-France à 56 ans dans des circonstances douloureuses. C'est à ce moment que j'ai repris contact avec Pierrette devenue Madame Laurens de par son mariage avec Robert Laurens. 

Nous avons évoqué longuement nos souvenirs, mais pas un instant Pierrette a fait état de son remarquable parcours pendant la seconde guerre mondiale. 

    Les occupations de chacun dans ce monde qui avance à grande vitesse ont fait qu'une fois de plus j'ai repoussé jusqu’à ces derniers mois le moment de reprendre contact avec Pierrette. 

    Hélas ! Beaucoup trop tard et je m'en veux beaucoup. C'est en consultant par hasard internet que je suis tombé sur la page de Wikipédia concernant Pierrette Vincelot-Laurens (je rajoute Foucaud bien sûr).      Toute son histoire y est racontée, quelques erreurs comme le fait de leur présence à Montagoudin jusqu'au milieu des années 50, de l'existence de sa première fille Marie-France (née à Montagoudin)... :  

    J'ai contacté Monsieur Joël Doux, maire de Montagoudin, afin de mettre en place un hommage à Pierrette. 

    Son accueil sympathique et sa motivation laissent envisager une action mémorielle de qualité à la hauteur du personnage courageux et discret qu'elle fut. 


Philippe Girardeau



 

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     sommaire-tous-les-articles   Quand La Réole fait la Une du magazine Télérama Surprise dans les marchands de journaux ce mercredi 16 oct...


 
Quand La Réole fait la Une du magazine Télérama
Surprise dans les marchands de journaux ce mercredi 16 octobre 2019 : la Une du magazine Télérama affiche la cité millénaire de La Réole (Gironde), avec quatre pages spéciales.

La cité millénaire de La Réole (Gironde) fait la Une de Télérama ce mercredi 16 octobre 2019. (©Le Républicain Sud-Gironde)
Par Damien Pavis
Publié le 16 Oct 19 à 20:32

sommaire-tous-les-articles Chapellerie La Réole        Introduction. Des banalités sur la mode du chapeau aux siècles derniers - 1 La vie d&...

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Chapellerie La Réole

     Introduction. Des banalités sur la mode du chapeau aux siècles derniers
- 1 La vie d'une chapellerie à La Réole. Origine de 1725 / 1730 jusqu'en 1840 environ. A travers la vie des HUGONENC, quel est le travail d'un chapelier ? Différentes étapes. Les risques (poison : le mercure)
- 2 La fin de cette chapellerie HUGONENC  (le dernier meurt en 1809).  Les repreneurs (CHARRASSE, GUERINEAU). Au début du 19ème siècle. La fin (causes)

    C'était au temps où personne n'aurait songé à sortir sans être couvert : passer le seuil de sa maison sans chapeau constituait une faute de goût, une entorse à la tradition, voire même une provocation pour les voisins.

    On n'en changeait que lorsque "lou capett" (en insistant sur le t final) avait fait son temps : trop petit, trop fané, trop élimé.

    Le chapeau avait, non seulement un rôle de protection contre les intempéries, mais il était aussi, un marqueur social, selon la forme, mais également selon la matière utilisée. 

Au 16ème siècle, les chapeaux en poils de castor produits par le Canada, et donc onéreux, sont remplacés par ceux produits à partir des ressources locales de la France.

Les chapeaux en poil de castor ont été si appréciés qu’ils ont contribué à la forte régression de cette espèce en Europe, mais aussi au Canada, où s'est portée la demande européenne.

    A La Réole, les couvre-chefs étaient faits en feutre de poils de lapin ou de lièvre. Mais dans d'autres régions de France, où la matière première produite en abondance était liée à l'élevage des brebis, les feutres étaient confectionnés à partir de la laine des agneaux : sud / sud-ouest de la France : Pyrénées audoises, Provence, Aveyron...

    C'est pourquoi on peut expliquer une activité chapelière intense dans un lieu, par la "ruralisation" des matières premières.

1) L'aventure humaine

    Dans les années 1720/1725, un jeune homme, la vingtaine passée, arrivait à La Réole : il était  chapelier. L'endroit lui plut, il décida de s'y arrêter. Était-il Compagnon, faisant son "Tour de France" pour renforcer ses acquis appris chez son père et développer diverses techniques pour atteindre une meilleure maîtrise de son art ? Cultivait-il les belles qualités du Compagnonnage, esprit d'amitié, de fraternité, sens de l'honneur, loin des jalousies et des rivalités ?

Les écrits ne le spécifient pas.

    Il venait d'un village aveyronnais, près de Rodez : Le Monastère.

Ce village était réputé pour ses tanneries et ses fabricants de chapeaux de feutre en laine.

En effet, le long de l'Aveyron, s'étaient installés des artisans travaillant la peau et la laine des brebis.

    François HUGONENC (en occitan HIGOUNENC) avait quitté son pays natal (né le 10 novembre 1701), ses parents Jean HUGONENC et Anne ROUBOIS, mariés le 3 novembre 1697 à Le Monastère, et sa jeune sœur Catherine née le 3 mars 1703.

Dans ce village, on comptait pas moins de 28 chapeliers dans la 1ère moitié du 17ème siècle et il avait décidé de fuir cette abondance de concurrents pour tenter sa chance ailleurs.

Sans doute, à son arrivée, se fit-il embaucher par un Maître Chapelier à La Réole ?

Certainement chez Pierre LEGENDRE, marié à Izabeau LARRIEU, cité dans les registres réolais dans ces années-là ?

    Sur place, il fit, bientôt, la connaissance d'une jeune veuve, Marie MEYNIER qui, vaillamment éduquait ses 4 enfants : Marguerite °1716, Catherine °1718, Dominique °1721 et Jeanne °1723, nés de son union avec Michel GAY, Maître Cloutier, décédé en décembre 1724.

    Il l'épousa le 25 octobre  1728.

Mariage de François Hugonenc et Marie Meynier

" L'an 1728, le 25 octobre après avoir publié trois bans au prône des messes paroissiales, par trois dimanches du futur mariage entre François Hugonenc chapelier, fils légitime de Jean Hugonenc et d'Anne Roubois d'une part. Et Marie MEYNIER, veuve de feu Michel Gay, Maître Cloutier d'autre part, tous deux habitants de cette paroisse et n'ayant découvert aucun empêchement, je soussigné Curé leur ai donné la bénédiction nuptiale en présence de Bertrand Dumas tisserand, de Jacques Coutures chapelier, de Jean Fouilloux et d'Antoine Fouilloux, Sacristain, témoins qui n'ont signé pour ne le savoir" Lacourt Curé.

Dès lors, il créa sa chapellerie artisanale dans une pièce aménagée de la maison de Marie. Un poêle pour faire chauffer l'eau et de grosses cuves commandées chez le tonnelier lui suffisaient !

    Courageusement, seul au début, il arrivait à réaliser 2 feutres par jour, en poils de lapin. Ses premières fréquentations étaient des marchands qui écoulaient, à la vente, sa production de feutres : François CHAMBAUDET, Jean SABATIER, Jacques MARSAN, Nicolas LORRAIN.

    Il faut relever que dans les écrits, dès 1732, il est cité comme Maître Chapelier : sa dextérité dans l'art de la chapellerie était désormais reconnue.

    Sa chère Marie lui donna de nombreux enfants : François °1729, Marie °1731, 3 enfants nommés Jean °1732, 1733, 1737, tous décédés en bas âge, et un dernier, Michel °1741.

    Le noyau s'agrandissait. Des amis chapeliers, choisis pour être les parrains de ses nouveaux nés, aidaient à présent dans cet atelier : François RICHÉ, Bernard LAPORTERIE, Jean CABANNES.

2) Le travail du chapelier

    Pénétrons dans cette pièce aménagée et observons les différentes actions des chapeliers pour confectionner leurs feutres. 

    La technique employée est celle du feutrage : elle repose sur la propriété qu'ont les poils de s'emmêler et de s'agglomérer entre eux, quand ils sont soumis à un double mouvement, qu'on appelle foulage. Et quelle est donc l'origine de la découverte de ce procédé ?

    On dit qu'au Moyen Age, les chevaliers de Malte, pour se protéger des meurtrissures, avaient glissé des poils de chameau dans leurs bottes et, avec l'action de la transpiration et du frottement, un feutrage rudimentaire s'était formé.

1ère étape : le "bastissage"

    On "bastit" une cloche : ce ne sera pas encore un chapeau ; elle aura vaguement la forme d'un bonnet. Dans cette étape, on distingue 3 opérations successives : l'arçonnage, le simoussage et le foulage.

a) On coupe le poil des peaux de lapin

    Peau retournée, cuir dessus et poil en dedans. On déplisse la peau et on l'étend. Ensuite, on déjarre : enlever le jarre, c'est-à-dire enlever la pointe grossière du poil pour ne conserver que le duvet. Seul, le poil fin sert au chapelier. 

    On arçonne maintenant. Pour cela, on utilise l'arçon. C'est un arc de 2,50 m environ, suspendu à une petite distance d'une table où sont mis les poils fins. La corde vibrant au milieu des poils les agite et les projette à une certaine hauteur. En retombant, les poils s'enchevêtrent et forment une masse que l'on divise en plusieurs lots : les capades que l'on ébouillante pour leur donner un maximum de consistance.

b) On simousse  

    Le simoussage consiste à réunir, entre elles, 2 capades, voire 3 ou 4. On les place dans une toile mouillée qu'on appelle feutrière mise alors sur une plaque de fer chauffée.

    Le chapelier presse la feutrière et la roule en marchant avec les mains. Il répète et répète cette opération jusqu'à ce qu'elle soit assez consistante. Il croise, décroise l'étoffe sans faire de plis, à chaque marche.

c) On foule et on secrète

    Le travail se fait avec une foule, genre de lavoir. Dans la cuve de l'eau tiède mêlée d'une substance feutrante : à cette époque ci, c'est de la lie de vin, genre de vinaigre. 

    Pendant 4 heures, on foule le feutre dans tous les sens avec les mains nues (des durillons se forment sur les paumes des fouleurs). On presse aussi avec des manicles, espèce de semelles en bois. Alternativement, on trempe la cloche dans cette solution acidulée, puis on foule en faisant de nombreuses "croisées" successives. Puis pour faire sortir le maximum de liquide de trempage, on passe un rouleau de bois. On arrive enfin au stade de : "le feutre est atteint de foule".

2ème étape : le dressage

    C'est afin d'atteindre le brillant et la douceur qui font la beauté d'un feutre, qu'on va l'approprier.

    On ramollit les feutres, à la cave 1 ou 2 jours. Puis on met une toile mouillée et avec le fer chaud on forme de la vapeur d'eau, ce qui rend le feutre plus élastique. On le tire de toutes parts afin qu'il s'adapte bien sur une forme de bois. On mouille le chapeau et au fer chaud on le sèche. Apparaissent alors quelques jarres qu'il faut, bien sûr, arracher. Lorsque le chapeau est bien sec, on le sort de la forme ; il est poli à la pierre ponce et à la peau de chien de mer (petit requin).

Le poil va trouver tout le brillant, tout le lustre et tout le velouté possible. 

Attention à ne pas brûler le poil du feutre ! Bien le soumettre à la vapeur d'eau !

    La garniture des chapeaux est confiée au marchand chapelier qui finalise une tournure et une coupe convenable. Il a souvent recours à une modiste.

    En conclusion, le travail du chapelier est épuisant, harassant, en travaillant près des bacs d'eau chaude acidulée dégageant des odeurs âcres, et foulant pendant 4 heures.

Grâce à ses ouvriers, François HUGONENC produit rapidement une douzaine de feutres par jour.

3) La suite de l'histoire de cette famille

    Combien de générations HUGONENC se sont-elles succédées ?

    "Notre" François meurt en 1765 (il a 64 ans). Puis c’est au tour de Marie MEYNIER d’être rappelée par le Seigneur  à 81 ans en 1774.

    Les fils,  François °1729 et Michel ° 1741, par leur descendance, cherchent à maintenir et même faire progresser cette activité familiale artisanale. Mais, malheureusement, ils se heurtent à un taux élevé de décès de leurs enfants, soit bébés, soit en bas âge. 

    Michel, marié à Marie GENIVAUT en 1769, va perdre 2 de ses filles. Pour François, malgré 2 mariages : Catherine LAMON en 1759, et Pétronille DUPEIRON en 1774, il ne lui reste que 2 enfants en vie en 1800 : François né en 1780 et Marie née en 1781.

    Lors des maladies infantiles, certainement sans médicaments car ils n'avaient pas assez de fortune pour consulter un officier de santé, ils préféraient  consulter un rebouteux qui donnait quelque poudre ou onguent miracle ! Mais, hélas, la sélection naturelle s'appliquait, implacable.

    Michel meurt en novembre 1802, à 61 ans. 

    Entre-temps, des ouvriers chapeliers ont dû gonfler l'effectif. J'ai relevé, dans les archives en 1800 et années suivantes quelques noms de chapeliers qui pourraient travailler chez les HUGONENC, mais il se peut qu'ils soient ouvriers dans une autre chapellerie artisanale de la ville ?

    Louis ASMAR, Jean et Jean-Pierre PARSON, Joseph TIBBAL, Bernard LEYLAUD, Bertrand CHARLOT, Jean CAUBET.

4) Les années noires

    Déjà à Paris, on utilisait, pour secréter, "une eau forte", et on abandonnait la lie de vin, préalablement utilisée. Cette "eau" consistait à dissoudre 3 livres de mercure dans 16 livres d'acide nitrique !!

En 1780, 600 Compagnons chapeliers consomment, à Paris, 6 tonnes de mercure. 

En 1810, la consommation annuelle du mercure à Paris, atteint la centaine de tonnes : c'est de la folie !!!

Bien sûr, cette nouvelle manière de secrétage est  arrivée à La Réole.

    Quelles étaient les réactions nocives du mercure sur les chapeliers?

Être constamment exposé aux vapeurs du mercure empoisonnait le système nerveux des utilisateurs.

    "Fou comme un chapelier" disait-on !!!

Et à La Réole ? Déjà, dès les premières manipulations pour secréter avec la solution mercurielle, il se dégage dans le petit atelier des HUGONENC, une poussière noire, toxique.        Les yeux des ouvriers réolais sont irrités. Ils crachent énormément. Ils ont soif, ils boivent beaucoup, de l’eau de vie souvent !

    Le travail à la foule, dans cette atmosphère chaude, emplie de vapeurs nocives et irritantes, devient vite absolument intenable !

    Apparaissent vite des signes qu’ils ne ressentaient pas avant : sueurs, maux de tête, insomnies, faiblesse musculaire, lenteur dans les réflexes. Les conditions de travail sont déplorables !!

    Irritabilité, dépression, délires, pertes de mémoire, changements de personnalité, telles étaient les manifestations de cette maladie. Les chapeliers usés, malades et fous, ne vivaient pas âgés !

    Mais pourquoi donc avoir abandonné la lie de vin inoffensive et l'avoir remplacée par ces solutions mercurielles ? La santé du chapelier serait-elle moins importante que la brillance d'un feutre ?

Deux cas, parmi la famille HUGONENC,  pourraient se rapporter à ces empoisonnements.

    Comment expliquer le décès de François HUGONENC, le 13 décembre 1808, à l'âge de 29 ans ? Et celui de François CHARRASSE, époux de Marie HUGONENC, le 29 février 1808, à l'âge de 42 ans ? Trop jeunes pour mourir !

5) La chapellerie, à partir de 1810  

    En 1809, le patron de la chapellerie est encore François HUGONENC. 

    Il a 80 ans. Mais en novembre de ladite année, il meurt.

Qui va prendre la direction de cet atelier toujours prospère ?

    François GUERINEAU, né à Poitiers en 1785, chapelier dans cet atelier,  épouse Marie Hugonenc, vendeuse de chapeaux, veuve de François CHARRASSE,  le 22 septembre 1810 et ainsi "hérite" de la chapellerie.

    Il le développe au point d'avoir 70 ouvriers chapeliers travaillant au sein de la chapellerie en 1829. 

    Quelques noms de chapeliers relevés dans les registres en 1820 :  Antoine BERTRIN ° 1784, Etienne CORTIADE ° 1797, Jean CHAMBON ° 1797, Jean BOUCHEREAU ° 1797, Pierre GLANE ° 1779, Antoine LABORDE ° 1795, Michel BIRAC ° 1798, Bertrand DUBREUIL ° 1797, Pierre LESPINASSE ° 1793, Jean MAU ° 1786.


En haut à gauche on aperçoit la cheminée du chapelier

    La cheminée  haute, dépassant les toits de la ville, servait à évacuer les fumées s’échappant des cuves d’eau chaude, et de celles qui contenaient la solution mercurielle âcre, la vapeur d’eau si présente lors de l’opération du dressage et les milliers de poils de lapin qui volaient constamment dans l’espace de travail : c’était insupportable de travailler dans de telles conditions ! Aérer, aérer, telle était l’exigence absolue. De plus, dans le quartier tout autour, des nuisances olfactives devaient absolument être supprimées.

    On peut rappeler qu’en 1823, le gouvernement français avait imposé une norme technique de sécurité. Pour protéger ouvriers et riverains des risques d’intoxication, il était important de ventiler tout local.

    En 1839, elle ne comptait plus que 25 ouvriers !

"La chapellerie à La Réole est déchue" constate, laconiquement, l'historien Michel Dupin.

6) L’aventure chapelière continue…

Chapellerie Tomas
    Certes, c’est le déclin de la fabrication de feutres en poils de lapin. Mais l 'explosion de celle en chapeaux de soie ou de paille. 

    Place, alors, au commerce des chapeaux en paille (famille BECQUET jusqu'à l'incendie dans la soirée du 30 mars 1870 (7) du magasin de Louis BECQUET dans la Grand’ Rue avec malheureusement la perte de tout son dépôt).

    Néanmoins, quelques artisans isolés continuent le flambeau, pour la renommée de La Réole, cité chapelière : Denis SIRON °1835, son fils Pierre Noël °1853. La petite-fille de Pierre Noël, Blanche NEUVILLE, épouse de Pierre Antoine TOMAS, reçoit les formes des chapeaux depuis les ateliers fabricants, et en tant que modiste créatrice, les teint selon les goûts des clientes, et les sublime par l’ajout d’ornements tels que rubans, plumes, feuilles, fleurs, fruits, oiseaux...puis les vend dans dans son magasin, rue de la Vieille Halle, tout au long du 20ème siècle.

Monique Berland-Becquet

Quelques articles en ligne :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelier

https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_2005_num_117_251_7507

Chapeaux, casquettes et bérets : quand les industries dispersées du Sud coiffaient le monde

(7) Incendie du 30 mars 1870                                                                                        

Translation 

On nous écrit de La Réole, le 30 mars : «Un incendie qui aurait pu prendre des proportions considérables, si les secours n'eussent pas été aussi prompts, a éclaté, hier au soir, à La Réole, Grande-rue, dans la maison occupée par M. Louis Becquet, fabricant de chapeaux de paille.

On a eu un instant de sérieuses appréhensions pour les maisons voisines, dont quelques-unes sont vieilles et légèrement construites.

Grâce au dévouement de la population, qui était tout entière sur pied; grâce surtout au courage et à l'intrépidité de nos sapeurs-pompiers, le feu a pu être localisé, et seule la maison Becquet a été la proie des flammes.

» Dans cette pénible circonstance, comme toujours, chacun a fait son devoir, et fort heureusement personne, nous  quantité de marchandises, et on n'a pu en sauver qu'une insignifiante partie, Pas du tout de mobilier.

L'immeuble était assuré à la compagnie la Paternelle.-B..


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