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Un destin exceptionnel et dramatique

GEMIN (Pierre Jean) est né à Caudrot le 9 juin 1921.
    Fils de Jean Robert, charpentier puis cafetier et de Jeanne née Dubourg, Pierre Gemin, fut élève de l'Ecole laïque de Caudrot du 1er octobre 1927 au 14 juillet 1933, puis du Collège de La Réole du 1er octobre 1933 au mois de juillet 1939, date à laquelle il passa brillamment les épreuves du baccalauréat.

    Il entra ensuite au Lycée de Bordeaux d'octobre 1939 au mois de mai 1940, puis passa au Lycée Saint-Louis, à Paris, pour y suivre les cours supérieurs de mathématiques spéciales et préparer l'Ecole de l'Air.
     Les succès qu'il avait obtenus dans ces divers établissements justifiaient tous les espoirs et l'accès des grandes écoles allait s'ouvrir à ce sujet d'élite quand éclata la guerre de 1939.

   Il a  participé à la manifestation des étudiants à l'Arc de Triomphe au 11 novembre 1940, (Voici un film relatant cette manifestation du 11 novembre 1940 ICI)
    Le lendemain de la manifestation, le commandement militaire allemand de Paris fait fermer tous les établissements d'enseignement supérieur de la capitale. Les étudiants provinciaux doivent rentrer chez eux.
     Il  rentre à Caudrot. Il en repart aussitôt, gagne l'Espagne en traversant à la nage la Bidassoa et va demander au consul d'Angleterre, à Bilbao, de le faire passer en Angleterre pour s'engager dans l'aviation.
    Le consul ne s'y prête pas et lui conseille de rentrer en France, où ses services peuvent être plus utiles. Pierre Gemin rentre à Caudrot en traversant à nouveau la Bidassoa à la nage et en évitant de justesse les balles des carabiniers, en sautant d'un train en marche.
    Grâce à un contact avec Albert Baudrillart, il rejoignit le réseau Chabor, sous-groupe du réseau Kléber-Terre, animé par des officiers du 2e bureau qui coopéraient avec le SOE. (Le Special Operations Executive est un service secret britannique qui opère pendant la Seconde Guerre mondiale. Le SOE est créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissout le 30 juin 1946.

    Il fut chargé de relever les plans des défenses secrètes du fameux Mur de l'Atlantique
    Il accompagna, entre autres missions, à la frontière espagnole trois officiers anglais tombés en parachute à La Réole.
    Il est d'ailleurs impossible de savoir avec exactitude les services qu'il a pu rendre, car la procédure allemande a été détruite, lors de la fuite, par les services de l'ennemi, et le chef direct de Pierre Gemin, déporté en Allemagne, est mort en captivité. Mais son rôle dut être important, car depuis son arrestation, le 9 août 1941, au café des Arts, à Bordeaux, jusqu'au 8 juillet 1942, date de sa condamnation à mort pour "aide à l’ennemi", il fut l'objet d'une longue instruction serrée et sévère.

    Les Allemands ne ménagèrent aucune torture pour le faire parler : sévices, écrasement des doigts, privations presque totale de nourriture, au point que cet athlète, à certains moments, ne pouvait plus se lever de son lit. Puis, de temps à autre, régime meilleur dans des cellules communes, succédant à l'emmurement dans un cachot sans fenêtres, pour abattre sa volonté et sa résistance morale et physique.
(Extrait de sa biographie ci dessous)

    Dénoncé avec d’autres membres de son réseau, arrêté à Bordeaux lors d’un rendez-vous le 9 août 1941, il fut incarcéré au fort du Ha dont il tenta vainement de s’évader. 
    Il fut torturé, puis condamné à mort pour "aide à l’ennemi" et fusillé le 13 juillet 1942.
    Dans sa dernière lettre à sa famille, il écrivit :"Dites-vous que votre Pierrot est mort pour une noble et grande cause."
    Il fut homologué au grade de Lieutenant des FFC, et reçut la Croix de Guerre avec palmes et la médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume.
Son nom est inscrit sur les monuments aux mort de Souge, de Caudrot. 
et, avec 299 membres de services spéciaux, sur le Monument commémoratif des Services Spéciaux de Ramatuelle (83).

Un monument unique :
    Le Mémorial de Ramatuelle est l’unique monument dédié aux membres des Services spéciaux morts pour la France, lors de la seconde guerre mondiale. Différentes cérémonies du Souvenir sont organisées chaque année, notamment pour le Débarquement de Provence (aout 1944 ) et la Commémoration du 8 mai 1945. Le monument est entretenu par la  Ville de Ramatuelle, avec la participation de l’AASSDN.(Association des anciens des services spéciaux de la Défense nationale).

Liste des noms inscrits
    Ce monument permet à l’Amicale d’honorer la mémoire des 299 héros morts pour avoir servi la France, dans l’ombre de l’histoire.
Une commémoration eut lieu le 15 août 1945 à Caudrot
Voici un film de cette cérémonie
Film Jean Saubat

Actuellement deux rues portent son nom à Caudrot et Gironde sur Dropt :

Le réseau Kléber, Vénus, Chador (ceux du SSDN)
    Le service de renseignement Kléber-Terre est un service permanent des armées en France. 
    Dissous par les allemands, mais maintenu dans la clandestinité, il apporte une aide décisive aux alliés. Son activité consiste à suivre toutes les évolutions des positions des troupes allemandes. Vénus, Chabor sont des sous groupes régionaux : Limoges et Périgueux en la circonstance.
    Plusieurs jeunes chrétiens venant du Nord de la France et voulant entrer en résistance rejoignent ce mouvement et traversent à de multiples reprises la ligne de démarcation. Six membres de ce réseau ou travaillant avec lui sont fusillés à Souge. Un agent double les a tous «
donnés ».

https://www.fusilles-souge.asso.fr/gemin-pierre-souge/

Service historique de la défense

GR 28 P 4 25 / 59 Dossier individuel de Pierre GEMIN 1941 1948 GR 16P 249873
Documents trouvés aux archives départementales de la Gironde

Lettre d'appel au préfet de la Gironde pour la libération de Pierre Gemin 


Transcodage de cette lettre :

10, rue d'Anjou 9 Mai 1942

Mon cher Préfet et ami,

 J'ai beaucoup hésité à vous écrire cette lettre mais après mûre réflexion, je ne crois pas devoir m’y soustraire.
    Voici le cas : je suis très lié avec une famille de Caudrot (gironde), ou j'habite en temps normal l’été.
    L’aîné des fils Pierre Gemin qui poursuivait de brillantes études en mathématique spéciales a été arrêté le 8 août par les allemands.
    Il va paraît il passer en jugement ces jours ci.
    Je crois savoir qu'il est mêlé à une affaire d'espionnage  mais  je ne sais dans quelle mesure ni dans quelles conditions.
    Il ne peut être question d'intervenir dans le jugement et c'est pour cela que je vous écris n'y aurait-il pas lieu, en accord avec les autorités Universitaire de suivre l’affaire et pour intervenir en cas de condamnation très grave.
    Laissera-t-on fusiller un enfant de 20 ans ?
    D'autant que c'est un très brillant sujet.
Je ne regrette pas de vous avoir écrit et de vous demander de vous intéresser à cette cause.
    Vous imaginez l'angoisse de sa famille et de ses amis dont je suis.
    Je pense aller à Bordeaux le 23.  
    Je demanderai à votre secrétariat si on peut vous serrer la main au moins entre deux portes.
    Merci d'avance car je suis sûr que vous compatirez 
Croyez cher Préfet et ami, à mes biens cordiaux sentiments


Notes de l'avocat : (Transcodés à la suite)




H. KAPPELHOFF-LANCON      27.05.1942.
Avocat à la cour d'appel de Bordeaux
8.rue Esprit des Lois 53-60

Monsieur le Directeur,

    Un appel du Tribunal militaire Allemand  hier matin dès mon arrivée à mon cabinet m’a obligé de tout abandonner et je suis revenu à mon cabinet après midi n'ayant pu pour cela me présenter à vous.
    Ce matin encore je commence à plaider à 8h30 pour une affaire qui durera la majeure partie de la journée.
    Je ne veux pas retarder davantage à vous donner tous les renseignements que vous désirez..
    Je ne connais pas le dossier de Pierre Gemin et ne le connaîtrai jamais, car c’est une affaire d'espionnage tout à fait caractérisée : je ne serais même pas admis à la plaider en raison du caractère ultra secret de l'affaire. Je n'ai pas pu voir l'intéressé et ne le verrai pas -
    Je puis cependant affirmer qu’il est poursuivi pour espionnage et vu ce que je sais - mais le secret professionnel m’interdit de révéler - je sais qu'il ne peut échapper à une condamnation à mort s’il est jugé.
    J’ai connu son activité dans l'affaire des 2 frères Lapeyronnie, fils du docteur Lapeyronnie de Bordeaux : et je n’ai pas été autorisé à voir le dossier.
    J’ai seulement assisté comme avocat aux deux audiences : le rôle de Gemin est certain ; il a déclaré travailler pour les services français. Gemin était présent et entendu comme témoin car il avait  cherché à enrôler les deux garçons .J'ai eu  l'occasion de parler de lui à des gens qui l'avaient approché notamment à des membres de professorat du lycée. Il est ai je compris, très intelligent et très doué -  Il en donne l'impression indiscutable - je ne  cache pas que j'ai été très ému en le voyant a ces deux audiences et sachant le sort qui l’attend tôt ou tard.
    J'ai fait pour aider moralement sa mère tout ce qui était possible.
    Il m'apparaît que la famille comme le garçon indépendamment de l'accusation que je n'ai pas à juger, sont absolument dignes d'être aidés.
    J'ai fait et ferais l'impossible pour eux.
    Voilà Monsieur le directeur ce que je voulais vous dire hier. Je passerai vous confirmer et vous donner un commentaire sur ces éléments de fond.
    Je vous prie……..


  1. Concernant les dernières lettres des 70 otages fusillés de 21 septembre 1942, les familles des fusillés ont rendu publiques la plupart d’entre elles. À ce sujet, on lira les dernières lettres d’otages de Louis Laverny et  Gemin dans le livre de Christophe Dabitch, : 24 octobre 1941, Bordeaux, les 50 otages, un assassinat politique, Éditions C.M.D, 1999, page 121-122,
    ou bien celles de plusieurs fusillés (pages 215 à 218) et en fin de couverture celle de René Mellier dans l’ouvrage du Comité du souvenir des fusillés de Souge (ouvrage collectf), 
    Les 256 de Souge, fusillés de 1940 à 1944, Le Bord de l’eau, 2014.


Lettres à un jeune Français Jérôme Jamet j.jamet@sudouest.fr Texte de l'article : ci dessous Il retrouve les lettres d'une jeune jui...

Lettres à un jeune Français

Jérôme Jamet j.jamet@sudouest.fr

Texte de l'article : ci dessous

Il retrouve les lettres d'une jeune juive autrichienne

    Lire les lettres de Kitty, c'est ouvrir et refermer les parenthèses d'un bout de vie emporté par la folie nazie. Ce bout de vie, c'est celui d'une adolescente autrichienne d'origine juive, Kitty Eisenstein. De février 1938 à mai 1940, la Viennoise se livre à son correspondant français de La Réole, en Gironde, le jeune Robert Lesbats. Elle a bientôt 15 ans. Lui est âgé de 16 ans.
    Entamé à la veille de l'Anschluss, cet échange épistolaire où le tragique se mêle à la candeur adolescente est un témoignage exceptionnel. Il est constitué de 25 lettres découvertes fortuitement en novembre 2022 par le fils de Robert. La correspondance était soigneusement rangée dans un carton, oublié chez la sœur de Robert Lesbats. La voici aujourd'hui révélée dans un recueil publié à compte d'auteur destiné à la famille et au proches.
    Jean-Michel Lesbats n'avait jamais entendu son père parler de Kitty Eisenstein. Quand il met la main sur l'épaisse liasse de lettres, l'ancien professeur d'allemand du lycée Sainte-Marie à Bordeaux les déchiffre une à une. Très vite, il perçoit la puissance du témoignage de la jeune femme. Mais aussi son caractère, sa force, sa sincérité, son espièglerie malgré les malheurs qui nous font aimer Kitty. Tout comme Robert a dû lui aussi éprouver des sentiments pour cette correspondante qu'il n'a pu rencontrer malgré les promesses d'ado. Kitty veut vivre. Et c'est sur Robert qu'elle s'appuie. «Je suis si heureuse quand je reçois du courrier de l'un de mes amis, alors on n'est plus si seule», lui écrit-elle en mai 1939.

Nuit de cristal 

“Robert et Kitty auraient-ils accepté que leur correspondance fût dévoilée?», s'interroge Jean-Michel Lesbats. «Alors qu'ils semblaient vouloir qu'elle reste secrète, j'en ai pris l'initiative, pensant que chacun des deux aurait compris l'importance de ce témoignage sur une période marquante de l'histoire.» Les lettres de Robert sont hélas introuvables. Elles sont restées à Vienne quand Kitty et sa mère sont parvenues à fuir l'Autriche et gagner Londres en décembre 1938. “Je n'ai pu faire franchir la frontière à aucune de tes lettres parce que tu y insultais tellement Hitler et que les douaniers lisent chaque lettre", lui explique Kitty dans son courrier du 29 janvier 1939. Au fil des lettres de cette correspondance à sens unique, c'est d'abord une amitié entre deux adolescents que l'on voit grandir. Mais c'est aussi le récit très lucide de Kitty sur les conséquences de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie. «Maintenant, la vie est fabuleuse pour les Aryens, le problème c'est qu'ici on ne tolère plus les juifs», livre telle le 5 juin 1938. «Nous sommes ici si humiliés que nous avons complètement oublié ce qu'est un être humain», écrit-elle encore. Son père Arthur a été arrêté en mars 1938 puis interné au camp de concentration de Dachau. Il sera transféré à Buchenwald en septembre 1938.

"Je prie Dieu que le national-socialisme ne continue pas à s'étendre dans aucun pays, car alors le monde sera condamné à sa perte"

    Bientôt, ce sera la Nuit de cristal. Kitty évoque à mots couverts le pogrom. 

    Dès lors, il faut «partir aussi vite que possible», confie-t-elle à celui qu'elle considère comme son seul ami.     Les valises sont prêtes dans l'appartement où la mère et sa fille vivent désormais à l'écart du monde. «Nous avons dû tout trier, à commencer par les vêtements et jusqu'aux lettres et à la vaisselle. Une tâche pénible et écœurante».
    Du haut de ses 15 ans, Kitty pressent le cataclysme à venir et alerte son ami français: «Je prie Dieu que le national- socialisme ne continue pas à s'étendre, dans aucun pays, car alors le monde sera condamné à sa perte.» De lettre en lettre, alors que son monde s'effondre, son amour pour Vienne, pour l'opéra, le cinéma, les montagnes, Kitty reste aussi cette pétillante adolescente qui taquine son «cher Robert». «Mon gros bêta», le surnomme-t-elle parfois affectueusement. On perçoit peu à peu la naissance d'un amour adolescent. "Quel est ton idéal de fille?», s'avance-t-elle avant de se décrire physiquement. La jalousie pointe quand Robert lui parle d'une amie. Elle le gronde gentiment quand il lui pose une question trop intime dans une précédente lettre.
    Kitty et sa mère finissent par gagner New York en mai 1940. Deux lettres seront encore envoyées de la grande ville américaine qui l'éblouit. «Ton amie du Nouveau Monde, pour toujours ta Kitty», signe-t-elle son avant- dernière lettre connue. La guerre fait désormais rage en France et aucune missive ne semble plus être parvenue à Robert. Lui aussi est rattrapé par l'histoire. Il sera enrôlé dans le service du travail obligatoire en Allemagne.
    Après la guerre, Robert Lesbats deviendra vétérinaire à La Réole. Et gardera pour lui le secret de sa correspondance avec Kitty. Qu'est devenue la jeune femme?
    Jean-Michel Lesbats a lancé les recherches aux États-Unis et en Autriche. Kitty a épousé un compatriote rencontré lors de sa traversée en bateau entre l'Angleterre et les États-Unis.     Elle décède en 1962 à New York, à l'âge de 38 ans, sans enfant.

Robert Lesbats était élève au collège de La Réole puis vétérinaire à La Réole


194 pages ; 21 x 15 cm ; broché

ISBN 978-2-9593061-1-2

EAN 9782959306112

Résumé :
    Une jeune élève juive autrichienne de Vienne, Kitty Eisenstein, et son correspondant français de La Réole, Robert Lesbats, commencent un échange épistolaire en février 1938, un mois avant l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne. La famille de la jeune fille est contrainte par le régime nazi à fuir, tout d'abord vers Londres puis jusqu'à New York. Il ne nous reste que les lettres de la jeune fille qui se confie pendant plus de deux ans, de février 1938 à mai 1940, à son ami français. Cette correspondance a été son soutien pendant ces dramatiques épreuves. Et on découvre au fil de ces 25 lettres, retrouvées par hasard lors d'un déménagement, une relation qui devient de plus en plus intime entre deux jeunes gens qui ne se rencontreront jamais.

    Cette histoire vécue il y plus de 80 ans, on peut la découvrir dans un livre auto-édité par

Jean-Michel Lesbats, le fils du correspondant de la jeune juive viennoise, et disponible en

s’adressant à cette adresse : jmc.lesbats@gmail.com. au prix de 18 euros.

Robert Lesbats était le fils du boulanger Michel Lesbats


     La lettre de VP2R se présente sous la forme d'une double page en PDF, le texte  provient de différents membres de VP2R.       La mi...



    La lettre de VP2R se présente sous la forme d'une double page en PDF, le texte  provient de différents membres de VP2R. 
    La mise en page est effectuée par François Laville et Dominique Riboulleau en assure la coordination : https://vp2r.blogspot.com/

Texte de François Laville




Texte de François Cantegrel



Texte de Raymond Vallier

Texte de François Laville



Texte de Solange Ménival


Texte de JP Trouillot et F Cantegrel 






Texte de Francois Laville




Texte de Raymond Vaillier


Une présentation vidéo du télégraphe Chappe :


Texte de Franck Viort




























        Les femmes prennent part pour la première fois aux Jeux en 1900 , à Paris. Sur un total de 997 athlètes, 22 femmes ( soit 2,2 %) con...

      Les femmes prennent part pour la première fois aux Jeux en 1900, à Paris. Sur un total de 997 athlètes, 22 femmes ( soit 2,2 %) concourent dans cinq sports: le tennis, la voile, le croquet, l'équitation et le golf.

Lors des premiers jeux auxquelles elles sont autorisées à participer en athlétisme, elles étaient 10 % à Amsterdam en 1928.

    Le CIO s’est engagé pour l’égalité des sexes dans le sport. Il est écrit dans la Charte olympique, chapitre 1, règle 2.8, que le rôle du CIO "est d’encourager et soutenir la promotion des femmes dans le sport, à tous les niveaux et dans toutes les structures, dans le but de mettre en œuvre le principe d’égalité entre hommes et femmes."

    Avec l’ajout de la boxe féminine au programme olympique, les Jeux à Londres en 2012 sont les premiers où les femmes concourent dans tous les sports au programme. Depuis 1991, tout nouveau sport souhaitant être inclus au programme olympique doit obligatoirement comporter des épreuves féminines.

    Aux Jeux à Rio en 2016, 45% des participants sont des femmes.     

Cette année lors des Jeux Olympique de Paris 50 % de femmes vont participer aux épreuves.

Qu'en est-il du sport féminin à La Réole ?

    A ma connaissance (?), il n'y a pas de trace de sport féminin avant la seconde guerre mondiale (Si vous avez des informations, je suis preneur...)

    J'ai connaissance de 4 sports pratiqués dans les années 40-60. Basket Ball, Volley Ball, Aviron, Natation.

    Une section de scouts féminine organisait des sorties vélo  dans la campagne en 1940 Mais pas de compétition…

Scoutisme 1940

I - Basket-Ball

    Selon Jean Claude Pourrat  une section Basket féminine a été créée en 1941 à l'Amicale Laïque.     Les seules photos connues datent de 1949-1950


Haut : X, Danielle Souilla, Raymonde Bouchon, Yvette le Carre
Bas : Mouliner ép. Carrasset X, X, Paulette Durrieu

Raymonde Bouchon ép. Brunet m'a confirmé la date de cette photo d'équipe 1949-50 

II - Volley-Ball

Gauche Haut : Thomas, Bon, X, (Mr Thomas entraîneur), Josette Laffitte, Reine Debes, X, Juju Thomas
Gauche Bas : Barbe, Colette Cardonne, Riffaut

L'équipe Féminine : Haut gauche : Ninou Roques-Juliette Tomas- Josette Loustaut-  X,X, Juliette Thomas-Janine Bon  ----  Bas gauche : Roselyne Riffaud (ép. Coutareau) - Josette Cots (fille de Frédéric) - Mimi Stel (ép. Savariaud)- Pierre Tomas (entraineur)




III - Aviron

   Souvenirs de Josy Brégal :

    En 1963 après les fêtes de fin d’année, mes parents prendront la suite de la pâtisserie Pétrovitch au 18 rue des frères Faucher.

    A La Réole pas de sport au lycée pour les filles et pas de club de sport...

Alors ! Quel sport pour nous ?

    Mon père, Henri Brégal, qui connaissant l’aviron par ses cousins de Montauban, se renseigne au club de La Réole :  effarement des dirigeants ! Prêter nos beaux bateaux fabriqués chez Caron à Castillon à de frêles jeunes filles… Qui de plus risquent de mettre en émoi les rameurs et perturber leurs entraînements.

    Toutefois les dirigeants proposent un filet de volley-ball et le terrain jouxtant le club où après guerre Pierre Tomas entraînait une équipe féminine de volley dont faisait partie Ninou Roques.

    Pour cette relance à l’été 64 quelques filles du Rouergue nous rejoignent et avec ma sœur nous en trouvons quelques unes au lycée. Mais, pas d’équipe adverse pour faire des match

Et voilà l’équipe de 1964 emmenée par les sœurs Brégal

Haut gauche : Claude Grollier, Danielle Luquedey, Marie Jeanne, Claude Terrible, Josette Ceccon, Catherine Bregal, M.Françoise Dupuy Milieu gauche : Josy Bregal, Corinne Gatuing, Annie Guiral, Béatrice Benedet, Yvette Grangeneuve Bas gauche : Michèle Roques, Geneviève Gauban

    Pendant l’été, sans leurs entraîneurs, les garçons du club viennent jouer au volley et en retour initient les volleyeuses à l’aviron.

  Quelques filles du volley nous suivent dont Annie Guiral, Béatrice Bénédet, Michèle Roques  et Yvette Grangeneuve.
    Avons nous commencé au tank à ramer (sorte de piscine -tank- avec au centre des sièges permettant l'entraînement en salle).

C’est fort possible je n’en ai pas souvenir.
Ce qui est certain, c’est que nous avons commencé à ramer en yole à 4.

    A la rentrée, Henri Brégal réitère sa demande et les dirigeants de l’ASR, autorisent les féminines à condition qu’elles n’utilisent pas les entraîneurs réservés aux seuls garçons.
    Les premières équipes sont formées à partir des joueuses de volley.
    En 1966, est-ce par « radio-bassin » qu’Huguette Noel-Leys, monitrice basée à Sainte-Foy la Grande, a entendu parler de nous ?
    Avec elle nous passons au 4 de pointe ( 4 rameurs, chacun une rame) quelques unes s’essaient en skiff. ( 1 rameur avec 2 rames)
    Henri Brégal très occupé par son métier demande à sa fille aînée de prendre en charge l’encadrement des féminines. Mais c'est lui qui assure les déplacements organisés par Huguette Noel-Leys 

Un stage à Sainte-Livrade fin 67
Dominique la 4ème en partant de la gauche derrière une rameuse de Ste-Foy. Devant l’autre porte Yvette Grangeneuve et ma sœur et avec les lunettes de soleil Huguette Noel-Leys.

Michèle Roques (barre) Josy Brégal, Annie Guiral, Yvette Grangeneuve, Cathy Brégal
Bouée : Jean Brégal Ponton : Michel Terracher, Michèle Capdeville   Juillet 1966

    Les régates s'enchaînent, déplacements en car Citram avec le chargement des bateaux sur la galerie du toit. Pas encore d’autoroutes, des départs dès 6h du matin pour les régates lointaines Bayonne ou Cognac, ambiance assurée au retour.

    Des sœurs de rameurs nous rejoignent dont Michèle Capdeville et Dominique Cologni puis ce sera le tour des Mascotto frères et leur sœur Henriette fin 1967.

1967 - Yvette Grangeneuve-Dominique Cologni-Henriette Mascotto-Cathy Bregal (Barreur Josy Brégal).

1971 - Dominique Cologni est championne France en skiff senior, participe aux régates internationales de Munich, en quatre barré où elle termine 2° et est sélectionnée pour les championnats d'Europe à Berlin-Est. 

1972 - A Trémolat, nouveau titre apporté à l'Aviron Réolais par Dominique Cologni en skiff senior.

Dominique Cologni finaliste aux premiers championnats du Monde "ouverts aux femmes" à Lucerne Wikipédia aviron_1974

« Les Championnats du monde d'aviron 1974, quatrième édition des championnats du monde, se déroulent du 29 août au 8 septembre 1974 à Lucerne, en Suisse. Le plan d'eau est celui du Rotsee, un petit lac à côté du lac des Quatre-Cantons. 

C'est la deuxième fois que ce bassin est utilisé (les premiers championnats du monde s'y étaient déroulés en 1962) mais c'est la première fois que sont organisées des épreuves féminines. 157 équipages masculins représentant 32 nations s'y disputent les huit titres, dont l'apparition du quatre en couple sans barreur. Chez les féminines, il y a 21 nations. ».

1982 - Dominique Cologni revient au club. Coupe de France des cadettes, à Chàlons-sur-Saône, Corinne Chastres, titulaire du huit cadettes, remporte une brillante victoire qui permet à l'Aquitaine de remporter la coupe de France des cadettes. 

A Cazaubon, aux Tests Nationaux, Dominique Cologni remporte, pour la quatrième fois consécutive, le skiff seniors féminin toutes catégories. 

A Mâcon, au mois de juillet suivant, Dominique Cologni offre un nouveau titre de champion de France en skiff seniors féminin toutes catégories, à l'Aviron et Sauveteurs Réolais. 

1983 - Aux championnats d'Aquitaine, à Cazaubon, Corinne Chastres s'attribue une très belle 2° place en skiff junior féminin derrière Origoni (Mimizan) et s'ouvre les portes des championnats de France à Mâcon. 

Josy Brégal à l'origine de la section féminine 

    Elle a créé, avec son père, la section féminine d'aviron, en été 1965. Elle débuta en "yole", aux côtés d'Annie Guiral, Betty Bénédé, Claude Terrible, Yvette Grangeneuve, Michèle. Roques, Cathy Brégal (sa sœur), Michèle Capdeville, et d'autres encore. 

Très vite elle les motiva pour les embarquer en outriggers tandis qu'elle faisait ses débuts en skiff.

C’est en 1968 pour ses 20 ans (début mars) que son père Henri Brégal avait accompagné quelques filles à Trémolat voir des sélections nationales. 
Huguette Noel-Leys y était avec Henri Hélal, entraîneur national. À partir de là Josy reçut sa première convocation pour les stages équipes de France à la barre du 4x

    Elle fut finaliste en quatre de couple aux internationaux de France (à Enghien), d'Allemagne (à Berlin), de Hollande (à Amsterdam), finaliste aux championnats d'Europe, médaille de bronze aux championnats de France. En 1969, elle était à la barre du quatre juniors de l'Aviron et Sauveteurs Réolais, médaille d'argent à Vichy. 

    Après une éclipse de quelques années (pour cause de maternité) on la retrouve en 1976, à la barre de l'équipe de France : médaille d'argent aux internationaux de France (à Vichy), 4°aux internationaux d'Allemagne (à Duisbourg), médaille de bronze aux internationaux de Suisse (à Lucerne). En 1977, elle est finaliste aux internationaux d'Allemagne (à Manheim). de Tchécoslovaquie (à Prague). Pendant ce temps elle passa ses diplômes d'entraîneur (1er et 2e degrés). Elle contribua en grande partie aux succès de nos rameurs, de 1968 à 1976. L'aviron lui a beaucoup apporté mais elle s'y est donnée à fond.

Dominique Cologni


PALMARÈS NATIONAL 

19 70 : Championne de France en skiff juniors à Marseille
1971 : 1re aux Critériums Nationaux seniors à Vichy, en skiff
1972 : 1re aux Critériums Nationaux seniors à Mâcon, en skiff
1974 : Championne de France toutes catégories en quatre barré à Tours
1976 : Championne de France toutes catégories en deux sans barreur à Vichy
1976 : 1re aux Championnats Internationaux de France à Vichy, en quatre barré
1979 : Remporte les Tests Nationaux en skiff, à Cazaubon
1979 : 1re aux Championnats Internationaux de France à Vichy, en quatre barré
1980 : Remporte les Tests Nationaux en skiff, à Cazaubon
1981 : Remporte les Tests Nationaux en skiff, à Cazaubon
1981 : Championne de France toutes catégories en skiff, à Mâcon
1982 : Remporte les Tests Nationaux en skiff, à Cazaubon
1982 : Championne de France toutes catégories en skiff à Mâcon 

PALMARÈS INTERNATIONAL 

1971 : 4° au match France-Allemagne à Hanovre en skiff
1972 : 6° au match triangulaire à Amsterdam en quatre de couple barré
1972 : 4°aux Championnats d'Europe à Brandenbourg en quatre barré
1973 : 1° au match triangulaire à Vichy en quatre barré
1973 : 6° aux Championnats d'Europe à Moscou en quatre barré
1974 : 1° au match triangulaire à Munich en quatre barré
1974 : 1° aux Championnats Internationaux d'Allemagne à Duisbourg, quatre barré
1974 : 4° aux Championnats du Monde à Lucerne en quatre barré
1975 · 5° au match triangulaire à Amsterdam en quatre barré
1975 : 9° aux Championnats du Monde à Nottingham en huit barré
1977 : 8° aux Championnats du Monde à Amsterdam en deux sans barreur
1977 : 2° à la Coupe d'Europe à Tours en deux sans barreur
1979 : 8° aux Championnats du Monde à Bled en deux sans barreur
1981 : 7° aux Championnats du Monde à Munich en skiff
1982 · 6° aux Championnats du Monde à Lucerne en quatre de couple barré 

Dominique Cologni co-auteur de ce livre sur l'aviron

Dominique nous a quitté à 58 ans en 2011

    L'année 1970 marquera le début d'une longue carrière avec son premier titre de championne de France. Viendront ensuite une dizaine de titres nationaux et internationaux avec l'Aviron Réolais, l’US Métro et l'équipe de France d'aviron avec laquelle elle participera à de nombreux championnats d'Europe et mondiaux, pendant une douzaine d'années (4è en 1974 et 6è en 1982). Championne exemplaire par son courage et sa volonté de vaincre, elle a su mettre ses compétences professionnelles au service de son club et de la Ligue d'Aquitaine où elle fut à l'origine des Pôles-espoir d'entraînement pour les jeunes. Cette volonté de toujours aller de l'avant, ce caractère affirmé mais aussi ce sourire, nous ne l'oublierons pas. 

IV - Natation

    Pendant l'occupation les restrictions de déplacements ont créé une envie d'activité locale,
    Par exemple une équipe de Water Polo avec Jacques Baudaux, Marcou Pareau, Marc Morel, Marcin,.Jo Petiteau, Jean Arrouays, Jacky Pareau.... Ils s'entraînaient dans une piscine flottante accrochée au pont : compétitions ? On voit une foule nombreuse sur la berge.

Equipe de Water Polo 1943 : 

    Avant la construction de la piscine au début des années soixante, on se baignait à la plage du Rouergue.

    Dès l'ouverture de la piscine, c'est la famille Lascroux qui devint le fleuron de la natation réolaise.
https://photos.app.goo.gl/u5eCYHbqSAuRdrrt6 continue à concourir avec l'équipe de Langon.


On pouvait y admirer Parvati Chavoix-Jodjana  effectuant  des longueurs de brasse.
La piscine réolaise étant ouverte que l'été c'est avec le club de Marmande qu'elle gagnât tous ses trophées.


Les records de natation de Parvati entre 70 et 89 ans


En 2024 toujours recordwoman en Nouvelle Aquitaine
















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    Polémique au sujet de la synagogue de La Réole : les avis de Michel Dupin en 1839, Octave Gauban en 1873...et la synthèse par Christian Bougoux en 2003 



Michel Dupin 1839

Notice historique et Statistique page 122-126

La Synagogue.

 - Dans la rue Blandin se trouve un bâtiment en carré-long de 23 mètres sur 11 mètres 40 centimètres, dont l'architecture nous semble appartenir aux douzième ou treizième siècle. Son entrée, située au midi sur la Grand-Rue, et en face celle des Juifs (1),

(1) Il est question de la carreïre dos Juziüs dans un titre de 1454.

se composait d'un parvis à piliers carrés avec des arcades en ogive, et d'un porche au fond duquel, et sur un perron, s'ouvrait la porte principale qui subsiste encore (1).

    Son encadrement est formé de deux colonnes engagées dans le mur, et dont les chapiteaux offrent deux têtes hideuses grinçant des dents.

    Dans l'intérieur du fronton qui les couronne, sont sculptées trois têtes humaines, dont l'une à longue barbe, emblème de la divinité et de la sagesse; deux autres colonnes plus petites supportent la plate-bande de cette porte, par laquelle on communique à une grande salle où se voit une antique cheminée en hotte renversée, avec figures, entre autres une chimère et une syrène à tête de femme et corps d'oiseau.

(1) Le parvis est d'une construction postérieure à celle du porche; il sert actuellement d'écurie à la maison Dulau. Le parvis et le porche présentent ensemble 15 mètres 45 centimètres de profondeur: ce qui donne à l'édifice entier une longueur totale de 38 mètres 45 centimètres.


    Le temple occupait le deuxième étage, éclairé sur la rue Blandin par deux belles fenêtres gothiques, dont l'une s'est conservée : elle est formée de deux cintres en ogive peu aiguë et en retrait, dont les moulures sont une imitation des cintres en brique des Romains: ils reposent sur des colonnes. Sur l'appui sont quatre autre colonnes de moindre dimension, rangées en balustre et surmontées de trois petites arcades à jour.

    A l'opposite de chaque fenêtre, et au milieu d'un cintre supporté également par deux colonnes, le mur latéral est percé d'une petite ouverture évasée en meurtrière avec colonille. Les divers chapiteaux sont décorés de figures grotesques d'un bon travail; la grande fenêtre surtout est d'une sculpture soignée.     Quelle fut la destination spéciale de ce bâtiment? C'est en vain que nous avons consulté nos archives à cet égard; mais son architecture prou- vant un monument religieux, nous devons le regarder comme la synagogue des Juifs, qui, comme nous l'avons déjà dit, habitèrent cette ville dans des temps reculés. Son étendue et ses distributions intérieures annoncent qu'il servait à l'habitation du rabbin.

    A l'est de la rue des Juifs, et au bout méridional de l'ancienne rue des Galants, sont les restes d'un autre bâtiment en briques sarasines, que la tradition locale, d'accord avec un manuscrit du dix-septième siècle, désigne sous le nom de la Synagogue, et au-devant duquel existait la place appelée Rodrigue ou du Carrot (1). On y voyait encore, à la même époque, la chaire en pierre avec le pupitre où le rabbin prêchait.

1) La place du Carrot dépend aujourd'hui de la maison Monier, et le prolongement de la rue des Galants, qui y aboutissait, transformé en jardin, est également une propriété particulière, ce prolongement ayant été usurpé vers 1774 et la place peu de temps après.

    On connaît les persécutions que les juifs éprouvèrent sous Philippe-Auguste. En 1250 il en était rentré un grand nombre en Guyenne; la plupart s'étant fixés alors à La Réole, ou plutôt y étant revenus pour reprendre leur commerce, construisirent l'édifice qui fait le principal objet de cet article; et lorsqu'après les nouveaux bannissements prononcés contre eux, dans les premières années du siècle suivant, les portes du royaume leur furent rouvertes, ils choisirent, en remplacement de leur temple primitif qui avait été confisqué, la maison de la rue des Galants.

    D'après une vieille chronique, les juifs avaient leur cimetière sur le coteau de Laubessa, à peu près au nord-est et non loin de Saint-Michel.


Octave Gauban 1873
Histoire de La Réole  pages 377-379

Synagogues

    M. Dupin a donné ce nom à des restes de constructions romanes dans la rue Blandin et à l'Est de la rue des Juifs. L'édifice de la rue Blandin a trois fenêtres; la première s'ouvre dans un grand arc à plein cintre; elle est cintrée et divisée en deux baies par une colonnette; au-dessus sont disposés cinq segments de cercles renfermant trois têtes coupées et deux autres figures entièrement dégradées; les têtes sont sculptées en ronde bosse et celle du centre a les cheveux partagés sur le milieu du front; le grand cintre repose sur deux colonnes ayant des têtes de monstres pour chapiteaux. 
    Les deux autres fenêtres sont cintrées et encadrées de quatre colonnes à chapiteaux corinthiens, dont les roses sont remplacées par de petites figures.
    L'intérieur présente des embrasures surmontées d'un grand arc, qui en contient deux autres, quelques débris d'arcades romanes et une cheminée du XVIe siècle, c'est-à-dire, de construction bien postérieure au corps de logis.
    Les restes de murs remarqués près de la rue des Juifs sont en briques sarrasines; ils ne présentent aucun caractère architectonique, ce qui permet de former des conjectures sur la destination de l'édifice auquel ils appartenaient.
    M. Dupin propose de considérer le bâtiment de la rue Blandin comme le temple des juifs et l'habitation de leur Rabbin. Les juifs, expulsés de la Guyenne sous Philippe-Auguste, seraient revenus dans la ville vers 1250 et y auraient construit cette synagogue. Bannis de nouveau au XIVe siècle, puis rappelés au XVI, ils auraient relevé leur temple dans la rue des Galants, à l'Est de la rue des Juifs. 
    Nous ne pensons pas que la population juive ait jamais été assez nombreuse à La Réole pour élever l'édifice considérable que rappellent les débris de la rue Blandin. 
    La ville a eu sans doute des juifs au Moyen-âge; le nom donné à une rue ne laisse aucune incertitude à cet égard ; mais nous ferons observer que la charte de 977 ne parle (art. 57) que des juifs de passage et impose à l'entrée de leurs marchandises des droits d'octroi très lourds; que, dans la charte des franchises accordées au XIIIe siècle à Monségur, Éléonore de Provence s'interdit formellement le droit d'établir un juif dans cette ville, sans le consentement des habitants. En 1281, le roi d'Angleterre écrivait à son sénéchal de Gascogne qu'il y avait peu de juifs dans la Guyenne, parce qu'on les rançonnait sans mesure (1).
(1) Rymer, t. 1, 2me partie, p. 196. [XIII s.]


    Ces malheureux n'étaient pas seulement en butte aux exactions des collecteurs d'impôts; toutes les villes et, notamment, les petits centres de population, les expulsaient comme des réprouvés, des ennemis du Christ et des usuriers, ou, selon l'expression d'un chroniqueur, comme des bêtes malfaisantes (1). 
    Il n'est donc pas probable qu'ils aient eu le pouvoir ou, tout au moins, l'audace de construire, au XII siècle, au milieu d'une population hostile, un temple décoré de toutes les richesses de l'architecture du temps et d'exciter ainsi la haine et les convoitises des habitants. Nous ne contestons pas l'existence d'une synagogue à La Réole. 
    Nous admettons même la conjecture qui attribue cette destination au bâtiment beaucoup plus récent de la rue des Galands; elle est justifiée par le nom donné à une rue voisine et par le texte d'un manuscrit du vin siècle, qui appelle ces ruines la synagogue; mais l'édifice de la rue Blandin n'a aucun caractère spécial qui le désigne comme un temple juif.
(1) Continuateur de Nanguis,ann 1321

L'ancienne synagogue de la Réole
Christian Bougoux 2003


- Localisation de la Synagogue : le quartier juif
    Cette synagogue n'a jamais été située rue Blandin, comme on s'est évertué à le répéter, puisqu'elle n'y possédait ni porte, ni poterne, elle se trouvai très exactement à l'entrée et dans l'axe de la rue des Juifs, avec laquelle elle communiquait, directement par la longue avant-cour que nous aurons à décrire, et peut être indirectement par un souterrain refuge connecté au mikvé. Construite sur un point culminant de la ville (cote 40 m), elle constituait à la fois le sommet et le terme du quartier juif, défini par l'îlot historique compris entre la rue des Juifs et celle des Galants. Nous ignorons tout, sur les circonstances de la fondation de la colonie de La Réole.

    L'histoire locale n'a pas retenu le mot dont usaient les juifs de La Réole pour désigner leur quartier. À l'instar de ce qui s'observe au Sud Ouest et au Nord Est de la France, il est probable qu'une expression dérivée de “ kahal ", la communauté des juifs, ait eu cours.

    De même que les juifs d'Espagne faisaient usage du mot call pour indiquer leurs quartiers, les juifs alsaciens appelaient familièrement leur communauté : kelle (ou kaal).

    Pour les communautés en question, chacun sait que la coutume était de s'implanter en priorité dans les grandes villes, ou alors dans celles de moindre importance, se trouvant de préférence sur un grand axe de communication terrestre ou fluvial, propice au négoce.

    Si on s'en tient à la dernière ligne droite de la Garonne (130 km environ), est ainsi attesté le témoignage de colonies juives à : Bordeaux, Rions, La Réole, Marmande, Agen, par l'archéologie, la toponymie et les textes historiques, depuis la plus basse époque.

    La contribution principale de l'immigration juive en France remonte à la période gallo-romaine (pax romana), qu'il se soit agi de citoyens libres (édit de Caracalla,) ou de rescapés des diasporas massives imposées par Rome, en 70 et 135. Toutefois, au niveau de l'histoire locale il est quasiment impossible de dater ou chiffrer ces mouvements de population, les informations étant aussi rares que flagrantes sont les divergences entre les historiens.

    Malgré tout, il n'est pas chimérique de penser qu'un comptoir existait probablement à La Réole au VIe siècle, dans la mesure ou Bordeaux, en ce même siècle, la colonie d'orientaux, juifs dès lors en possession du commerce de qui justifierait en partie l'existence d'une certaine synagogue de La Réole semble avoir été mentionnée par l'écrit du VIIe s, que citait Octave Gauban.

    Ce constat qui implique la présence quasi permanente d'un quorum de ??? dans la ville (un minyan) laisse entendre que pas moins de dix familles y avaient depuis longtemps fait souche. 

    Qu'en était-il de cet ancien quartier juif ? Mieux vaudrait confesser notre totale méconnaissance de son extension ou de son aspect, à peine savons-nous qu'il s'articulent autour de 2 rues.


- La Rue des Juifs, qui suit grosso modo la direction nord-sud, comme le cardo des villes romaines.  Elle redescend vers le fleuve, par une série d'escarde destueux et pittoresques que verrouille la Porte de la Mer (ou du Saut). Ladite rue s'élargissait par son milieu, en une placette trapézoïdale qu'on peut imaginer jadis entourée d'échoppes et, sans doute, pas très éloignée d'un des puits de la communauté, le plus souvent appelé le "puits des juifs". 

    La charge symbolique de cette rue, bornée au septentrion par sa synagogue et ouverte au sud, sur l'océan et la terre promise (Eretz Israël), n'aura certainement pas échappé aux lecteurs.


- La Rue des Galants, dont l'appellation évoque une activité extra confessionnelle, est certainement plus récente. Issue de la placette évoquée plus haut, elle dessinait vers l'Est une boucle continue qui venait se raccorder au bas de la rue des Juifs.

Différentes usurpations de terrain à titre privatif avaient, déjà au XVIIIe s, réduit l'ancienne rue au statut d'impasse des Galants.


    À lire Michel Dupin, que nous citerons in extenso, c'est justement dans le périmètre de ces appropriations abusives qu'agonisait la seconde synagogue de La Réole. 

A l'est de la rue des Juifs, et au bout méridional de l'ancienne rue des Galants, sont les restes d'un autre bâtiment en briques sarrasines (sic) que la tradition locale, d'accord avec un manuscrit du septième siècle, désigne sous le nom de la Synagogue, et au devant duquel existait la place appelée Rodrigue ou du Carrot. On y voyait encore, à la même époque « la chaire en pierre avec le pupitre où le rabbin prêchait.


- Le quartier juif de La Réole au Moyen Age était la tradition locale étaient trop proches l'une de l'autre pour pût y avoir de distincts. D'autre part, pas sûr qu'elles aient été simultanément en fonction ce qui impliquerait la présence de 2 communautés s'excluant mutuellement. Il  est plus prudent de penser qu'au cours du temps, une synagogue en aura supplanté une autre. Concrètement seules les grosses agglomérations possédaient plusieurs quartiers juifs : Marseille, Naples, Paris, Montpellier qui regroupa jusqu'à 4 juiverie et bien sûr Bordeaux. 


Le cimetière judaïque 

    D'après une vieille chronique que Dupin avait exhumée, les juifs avaient leur cimetière sur le revers méridional du coteau, au lieu-dit Laubessa Lo Bessac), i.e. au nord de la crypte où, selon la légende, des anges auraient nuitamment enseveli la Recluse..

    Il y avait là aussi, le grand cimetière paroissial, dont on peut supposer qu'une parcelle avait été détachée vendue à la communauté juive. Chaque année, ces juifs réolais acquièrent sans doute à l'évêque de Bazas le “droit de cimetière”, d'un montant qui n'est pas connu.

    A titre indicatif, il en coûtait annuellement 2 livres de poivre aux juifs d'Aix-en-Provence (au XIIe s.) et, 2 livres de poivre à leurs coreligionnaires bordelais, en 1356.

    Nous ne ferons plus parler, aucune des pierres de ces deux cimetières médiévaux que l'urbanisation a fini par réduire en poussière. Faute de mieux, nous ferons constater que l'ancien cimetière juif répondait exactement aux ordonnances de la communauté.

    Situé hors de la ville, loin des demeures et sur une colline, nul canal ne le traversait et un mur protecteur était censé l'enclore. De surcroît, l'exposition méridionale du terrain avait permis d'orienter les tombes vers Jérusalem. En effet, la nostalgie de ces collines de la vallée du Cédron, littéralement hérissées de pierres tombales, car on identifiait le lieu à celui du “Jugement dernier”, semble bien avoir conditionné la fréquence de cette disposition du « cimetière juif à flanc de colline ». Au point que l'expression Mont des Juifs (ou Mont Judaïque) en était venue à désigner leurs cimetières, dans le langage médiéval courant, à Bordeaux, Narbonne, Marseille (St Charles), Rome, Porto, Rouen, Barcelone, Haguenau, etc.


    Qu'ils fussent juifs ou chrétiens, les cimetières de l'époque obéissaient généralement la même ordonnance, dictée par une hiérarchie sommaire et, par conséquent, ils avaient le même aspect. L'absence de croix et l'usage, qui n'était pas systématique, d'une datation et d'une épigraphie hébraïques faisaient la différence. Selon l'origine des ressortissants, les tombes se signalaient soit par des dalles couchées sur le sol (usage séfarade), soit par des stèles verticales fichées en terre (usage ashkenaze). Les riches mausolées, comme le célèbre tombeau du juif Caïphas, au Mont Judaïque de Bordeaux, représentaient en ce temps-là une exception notable. Sur l'importance du cimetière réolais, nous ne disposons d'aucune indication. Aux tombeaux des dix familles fondatrices - quorum pré requis à son ouverture - il convient de rajouter peut-être plus d'une centaine d'inhumations, sachant aussi que les juifs d'autres villages voisins, qui ne disposaient pas de lieu de sépulture, ont pu “s'associer” à la communauté de La Réole. Il n'est pas improbable, compte tenu de l'antiquité du terrain et de l'exhaussement du sol, que quelques pierres tombales des XII ou XIIIe s. dorment toujours sous les jardins du coteau.


    En l'état, ce cimetière, tout à fait virtuel, ainsi que les deux synagogues signalées, sont les uniques et derniers témoignages de cette antique colonie juive, dont nous ne savons strictement rien d'autre. Quid de ces structures communautaires qui encadraient le quotidien de toute juiverie où qu'elle se trouvait : l'école, l'hospice, les bains rituels, l'abattage (shekhita). le four à pains azymes et tous les espaces d'approvisionnement appliquant la Kashout ? Peut-être comprendra-t-on que la synagogue de La Réole avait pu, au moins partiellement, répondre à ces exigences identitaires.


Maison Seguin

- 1846  Plus d'escalier, la porte “à peu près bouchée est devenue fenêtre”, 

- 1850 Un épais mur de ribots a définitivement obturé l'ancienne porte

- 1891 La Sté Archéologique de Bordeaux en excursion est logée au Grand Hôtel, une construction moderne qui a englobé l’ancienne annexe de la synagogue.

 Les excursionnistes pouvaient encore observer, à l'arrière-plan de gouttières sauvages, le portail surplombant la cour de l'hôtel. 

-Début XXe, J.-A. Brutails et Mareuse prennent les derniers clichés du portail in situ, conservés aux services des Monuments Historiques

- 1916 :  On retrouve à Paris le portail démonté, où il sera vendu au Isabella Stewart Gardner Museum de Boston. Depuis lors il a été, sous le vocable plus commercial de « Bordeaux Portal », intégré comme l'entrée de la cour Centrale du musée américain, entre deux parois recouvertes de carrelage mexicain et sous la vigilance amusée de la chaste Artémis.

     A première vue, l'ordonnance architecturale et la facture du décor participent du style roman, du reste, il ne s'est trouvé personne pour contester les datations jusqu'ici proposées, autour de la dernière décennie du XIIe siècle. Cette synagogue de La Réole, qui aurait ainsi vu le jour un peu après 1186, serait ainsi une des plus anciennes de France.


- Description du portail

    Très différent des portails de la plupart des églises de la région, qui s'épanouissaient dans un avant-corps en saillie, celui-ci est complètement encastré dans le mur. La seule partie débordante concerne l'encadrement de l'arc cintré, à savoir les 2 impostes et l'archivolte en demi-cercle. C'est vraisemblablement le risque de porte-à-faux, au-dessus d'un perron fragilisé par son évidement intérieur, qui a commandé cette option insolite. 

    La conséquence indirecte en a été une meilleure conservation des sculptures, qui restèrent à l'abri des ruissellements. L'examen attentif de la coupe de ce portail révèle l'intrusion du portail dans la pièce elle-même et l'épaississement conséquent des maçonneries environnantes, dont la consolidation de l'angle sud-est par un épais contrefort extérieur. Preuve que l'installation à l'étage d'une semblable structure était quand même chose malaisée.

    Deux paires de colonnes, logées chacune dans un ébrasement ni profond, ni très ouvert, encadrent la porte d'entrée. Les 2 colonnes extérieures sont sommées de têtes monstrueuses et grimaçantes, dites engoulants ou “gloutons”, qui supportent, par le biais des 2 tailloirs-impostes, le gracieux fronton polylobé du premier plan.

Les deux colonnettes intérieures portent un massif linteau monolithe, sur la face duquel, un méandre en bas-relief défile ses 8 boucles.


Conclusion

    Parvenus au terme de cette quête, notre conviction que la Maison Seguin avait bien été une ancienne synagogue, s'est fondée sur maints éléments. a renforcé le faisceau des présomptions de départ.     Nous persistons à considérer que son implantation topographique et symbolique, dont la convergence la conception fonctionnelle de l'ensemble, la disposition spécifique des espaces autour d'un patio central, cet étonnant portail dérobé et hissé au premier étage, l'affirmation orientaliste des décors (surtout la double baie patronnée et d'autres menues particularités par nous relevées, ne font que conforter l'idée que l'hypothèse d'une ancienne synagogue paraît être la meilleure.

    Maintenant est venu le temps de de rendre justice à Michel Dupin qui essaya en vain de défendre, contre l'incrédulité générale, ce qui était pourtant une évidence première.     Par paradoxe, c'est pourtant à certains adversaires de la thèse synagogale que nous restons les plus redevables. Sans les observations enregistrées avec minutie par le chercheur Léo Drouyn, bien des particularités signifiantes seraient passées inaperçues.

    Citons en vrac : la “pierre d'évier” au bas de l'escalier, les boulins* d'ancrage de balustrade sous la fenêtre, les sculptures figurées de la cheminée qui a disparu; au second étage, l'existence d'une tribune haute et l'absence d'un moyen de chauffage, la singularité des 2 caves basses où, espérons le, sommeillent toujours des témoignages de la présence des Juifs (ustensiles, graffiti, symboles juifs, hypothétique genizah* etc.).

    Le plan architectural qu'il nous a été donné de redécouvrir s'était merveilleusement adapté, autant à l'étroitesse du terrain à bâtir qu'à la polyvalence du programme préétabli. Ni église, ni monastère, la synagogue médiévale avait, au-delà de sa destination strictement cultuelle, à jouer un rôle central plus exigeant, d'ordre éducatif, culturel, social, économique et politique. La formule choisie ici, d'un complexe monumental à plusieurs étages, répondait à l'ensemble de ces exigences. Cet édifice-ci avait manifestement été construit d'un seul jet et pour ce seul usage, à une date inconnue de nous, laquelle avait coutume d'être hermétiquement donnée, par une citation hébraïque gravée dans la pierre.

    L'origine de cette conception architecturale, caractérisée par la superposition d'étages à usages distincts, procède d'une tradition propre à la France. À l'époque, la typologie médiévale des synagogues d'Occident, qui dépendait à la fois des ressources de la communauté et de l'architecture locale dominante, se concentrait sur trois schémas principaux.


* Boulin : trou pratiqué dans un mur de colombier et servant de nid aux pigeons; p. ext. vase de terre servant au même usage.

* Une gueniza ou guenizah est la pièce d’une synagogue servant d’entrepôt, principalement pour des ouvrages traitant de sujets religieux rédigés en hébreu, devenus inutilisables


     Pour en revenir à La Réole, ce très curieux compromis que l'on a pu observer, entre un sévère plan originaire d'Ashkenaz et une ornementation de type romano-séfarade, servait peut-être de trait d'union entre les fidèles, les uns venus de la France du Nord (Tsarfat) et les autres des natifs, supposés autochtones, d'origine méridionale.

    Se pose alors l'inévitable question : quels étaient donc ces Juifs de La Réole qui occupaient tout un quartier et possédaient cimetière et synagogue ?     Il n'y eut jamais l'ombre d'une réponse et, l'objet de ce livre étant autre, il suffira de proposer quelques pistes de réflexion.

    Sachant que dans la littérature usuelle, la cartographie du Judaïsme médiéval en Aquitaine ressemble trop souvent à ces "Terra Incognita", de géographes ayant superbement ignoré ces bourgades aux senteurs rustiques, telles que Rions, Marmande ou La Réole. Cela dit, il paraît normal que l'Histoire ne retienne en priorité que les bourgs qui, comme Ramerupt, Bagnols, Mende (Lozère), Lunel, Milhaud, Sauve, Girona ou Lucena, ont joué un premier rôle dans l'élaboration de la pensée et de la mystique juive. D'un autre côté, force est d'admettre que la contribution des Juifs de Gironde semble totalement absente, dans l'enrichissement de cette Littérature juive, qui avait connu un fabuleux essor aux XI/XIIIe s., en Normandie, Île de France, Languedoc, voire la Champagne où Rabbi Gershom ne dénombrait pas moins de 72 éminents rabbanim.

    Pourtant, rien que dans la métropole (Bordeaux) environ 2 à 300 familles, s'il faut en croire le roi Edouard Ier, quand il reproche à son connétable qu'en raison de sa fiscalité écrasante “à peine s'il reste 150 familles juives à Bordeaux” (en 1281).

    Or les communautés si féconde de Narbonne ou Lunel n'avaient guère été plus peuplées, 300 juifs chacune en 1170, d'après le voyageur Benjamin de Tudèle. Cet irritant silence scripturaire des yeshivot de la Guyenne au Moyen Âge n'est qu'un mystère provisoire, que la recherche historique pourra sans aucun doute dissiper.


    En bref, l'histoire des juiveries de Gironde, durant toute la période du moyen âge (476-1453), se résume comme une page blanche, avec cet avantage sans prix pour les vies humaines, qu'aucun pogrom sanglant ne l'a jamais entachée.

     A pointer donc, même si ce n'est pas l'objet de l'ouvrage, que “du temps où la Guienne était anglaise”, les Juifs ont ignoré la persécution physique. En réalité, dans les usuels, tout se passe comme si l'histoire de ces “Juifs de Guienne” n'avait finalement commencé qu'au XVe s., par l'immigration à Bordeaux des Portugais, ces communautés que la trop funeste Inquisition Espagnole avait expulsées (Megorashim). L'importance socio-économique de ces nouveaux Chrétiens, souvent naturalisés, intégrés et devenus grands bourgeois, finira par occulter, dans l'esprit de l'historien, ces obscurs coreligionnaires du moyen âge dont on ne connaît plus rien. Passe encore pour la bourgade de La Réole, qui ne dépassait pas 40 familles, mais pour la ville de Bordeaux qui, du temps d'Aliénor et Henri II, comptait probablement une dizaine de synagogues, notre frustration est absolue.

    Concrètement, pour revenir à la communauté fantôme de La Réole, sa configuration sociologique est donc laissée à l'arbitraire de l'imagination, aussi devons nous en rester aux réflexions générales.

    En premier lieu, l'importance des populations sémitiques de la basse vallée de la Garonne ne doit pas être sous-estimée. Depuis la Paix carolingienne jusqu'aux Plantagenêt, la condition des Juifs du territoire avait été, de manière continue, assez favorable à l'épanouissement des communautés. Comme on retrouve toutes ces juiveries établies en bordure du fleuve, “ la route qui avance”, on devine qu'elles furent peu ou prou colonisées par ces marchands juifs surnommés Radanites.

    Ces  “marchands de luxe”, qui jouirent, jusqu'aux Croisades, du monopole de l'approvisionnement des marchés d'Occident, en métal précieux, tissus de luxe, denrées exotiques, épices etc., conjointement avec les Syriens et autres Sarrasins.

    Population polyglotte et entreprenante, pratiquant un judaïsme originel, longtemps hermétique aux exégèses du Talmud. L'existence d'un premier peuplement de natifs (Tochavim) à La Réole est une quasi-certitude, surtout si on arrive à démontrer un jour qu'il y exista cette 2e synagogue évoquée par Dupin. En 1734, quand M. de Boucher rendit son rapport sur les 350 familles de Bordeaux, il en a bien retrouvé quelques-unes qui, ”de père en fils, y sont depuis un temps immémorial”. En se fixant en Gascogne, ceux des descendants de ces marchands qui sillonnaient le monde du Tafilalet jusqu'à Pékin, se sont essayés à tous les métiers autorisés, de sorte qu'il serait illusoire de vouloir réduire la communauté de La Réole à un rôle mercantile, le grand talmudiste Rashi n'était-il pas un propriétaire viticulteur de Champagne ?


    Chronologiquement, ceux qui ont financé notre synagogue se situent dans le sillage de Richard Cœur-de-Lion. Il paraît légitime de les associer aux bonnes relations commerciales établies entre Londres et Bordeaux, ce qui sous-entendrait donc l'arrivée de sang nouveau et de capitaux issus des riches juiveries de Normandie. En retenant au passage que les juifs d'Angleterre étaient essentiellement des Français de rite ashkénaze (Tsarfatim). Ce Richard qui vint séjourner à La Réole en 1190, avant son départ en Palestine, n'était pas l'antisémite que certains ont dépeint, d'ailleurs il plaçait son honneur à protéger ”ses Juifs”.

    Mais la malice voulut que la populace londonienne prit prétexte de son couronnement pour improviser un misérable pogrom, affront cuisant qui obligea le nouveau roi à faire pendre les principaux coupables. C'est de son côté qu'il faut chercher, davantage que dans les archives du sombre et retors Jean sans Terre, qui était, comme l'on sait, dépourvu de moralitas.

La synagogue, avons-nous constaté, comporte assez d'innovations pour suspecter les commanditaires d'avoir rompu avec les ultra conservateurs. En particulier, cette présence de sculptures figurées est commune aux seules synagogues de Rouen et La Réole. L'édifice était donc moderne pour l'époque, sans doute à l'image de ceux qui le financèrent, portés par une prospérité dont ils ont emporté le secret. Contrairement aux lieux communs pieusement entretenus, il ne manquait pas de courants libéraux et modernistes dans les communautés juives de l'époque, la bouillonnante communauté de Saragosse, trop avant-gardiste pour les censeurs des XII & XIIIe s., fut constamment fustigée et taxée d'immoralisme.


    Bien que le début de la rue des Juifs soit la porte du Sault (Sel), nous ne devons pas penser que le sel fût le monopole du quartier juif comme il l'avait été jadis pour les Juifs du Maghreb. Ce marché du sel, que se disputaient manu militari Agen et La Réole, ne pouvait pas dégager, à proximité de 'océan, les mêmes marges qu'au Soudan ou au Ghana. En fait, le débouché principal du port de La Réole étant l'Angleterre et le produit à plus forte valeur ajoutée étant alors le bon vin, n’importe quel armateur réolais, protégé par les franchises que Jean sans Terres avait dû confirmer en 1206 .pouvait construire sa fortune en exportant les produits de la vigne.

    Londres précisément des “Wine merchants of Reole”, tenaient des comptoirs, dans la vieille et cosmopolite City, au milieu des artisans du cuir (cordwaners) et des banquiers.

    Ce quartier nord de College Hill (métro Mansion House), finit par porter le nom de “La Réole” et son édifice le plus remarquable était un traditionnel fondouk qui regroupait les appartements privés, les entrepôts et les salles de vente, en une unique et immodeste Tour, à l'échelle de la réussite du vin de la Réole. 

    Le peuple anglais, qui jamais ne put prononcer Reula autrement que Rayole ou Royall, l'appelait par corruption Tower Royal. C'est curieusement, après le décret d'expulsion des Juifs d'Angleterre par Edouard Ier (1290), que la Tour en question devint propriété de la Couronne sous le nom de Queen's Wardrobe, ce qui inclinerait à penser que ce sont peut être des Juifs de La Réole qui avaient été spoliés en ce jour mémorable (?)

    1453 signe la fin de l'histoire anglaise en Gascogne, cette curieuse et atypique province où la condition de vie des juifs médiévaux semble avoir plus clémente que dans le reste de la France.

     En fait, ce millésime ne devait en rien modifier le quotidien des Juifs de Bordeaux.

    Ceux qui y demeuraient encore n'eurent pas le temps d'être inquiétés par  “l'édit de bannissement des juifs de France”, vieux d'un demi-siècle (Charles VI, 17-9-1394).

    Bien mieux, après 10 ans de pénitence, le roi Louis XI autorisa par ordonnances tous les étrangers, “sauf les Anglais”, à s'installer dans la ville; ce qui permit aux marchands portugais, en majorité séfarades, d'obtenir droit de cité à Bordeaux. Alors commença la séfaradisation des communautés. Elle fut lente - étalée sur 3 siècles -, discrète, car ces crypto-juifs étaient convenus de pratiquer ouvertement les rites catholiques, et définitive, en ce sens que le processus absorba les anciennes coutumes (minhaguim) et joua indirectement son rôle dans la volatilisation des archives juives du département.

    Le destin des Juifs de la Réole, qui fut tantôt anglaise, tantôt française, a forcément été beaucoup plus aléatoire. De plus, l'installation des Jacobins dans la petite cité (1221), ces Chiens du Seigneur (Domini canes) à la solde de l'Inquisition, augurait peut-être des difficultés nouvelles pour les descendants du “peuple déicide”, comme l'on disait encore.            Mais, par-delà l'Institution religieuse ou séculière, la considération que les Juifs avaient généralement acquise, par leur honnêteté et leur faculté d'enrichir toute la société civile, faisait alors l'unanimité. Et la société gasconne identifiait peut-être les négociants juifs avec ses intérêts. Or la solidarité gasconne n'était pas un vain mot. Ainsi, lorsque Simon de Montfort voulut faire le siège de la ville-sœur Marmande, en 1213. les marins réolais filèrent lui barrer le fleuve. Un an plus tard, avant que la ville ne tombât (1214) La Réole avait déjà recueilli en ses murs toute la population civile menacée par la fureur des croisés.

    Cinq ans après, hélas, rien ne pouvait enrayer le ”Massacre de Marmande, plus effrayant encore que celui de Béziers car il n'eut même pas pour excuse la fureur d'un assaut”,

    La garnison s'était rendue au prince royal Louis (père de saint Louis) et à Amaury de Montfort, qui discutaient sous la tente du sort des habitants. Un charitable évêque leur souffla qui alors “de tous les tuer comme hérétique", ce qui aussitôt fut fait par la soldatesque.

    "On tua tous les bourgeois, avec les femmes et les petits enfants tous les habitants jusqu'au nombre de cinq mille", précisait l'historien Guillaume Armoricus ( 1165-1227). qui avait assisté à cette tuerie aussi horrible que gratuite. En réalité, ce fut un carnage indescriptible (lire la “Chanson de la Croisade”) et cette sordide victoire des princes du Nord, baignée du sang de milliers de civils innocents, consacrait le triomphe de l'infamie, au nom de la « Foi ». 

    On comprend que cinq ans plus tard (1224), quand le même Louis VIII, surnommé «le Lion», fit le siège de La Réole, il put entrer sans coup férir, dans cette ville hostile mais terrorisée. 

    Dieu seul sait à quoi rêvaient nos Juifs de la Réole, à observer sous les fenêtres de la Rue Blandin, le farouche exterminateur de Marmande qui paradait avec son armée. La roue de la Fortune avait bien tourné.

    Les auteurs restent partagés sur le sort des juifs de La Réole entre le XIIIe et le XVe siècle. Tout ce qu'on réussit à lire, dans un bref passage de M. Dupin, c'est qu'en 1250 “un grand nombre de juifs s'étaient alors fixés à La Réole” Mais, passé ce millésime, leur histoire s'estompa dans le mystère le plus épais. Nous évoquions en introduction, le destin pendulaire de la ville, qui fut de façon répétée, tantôt anglaise et tantôt française, de telles circonstances ne facilitent pas vraiment la tâche des historiens.

    Côté anglais -”The Edict of expulsion of the Jews”, de 1290, fut appliqué illico et drastiquement aux insulaires : 16000 juifs furent contraints de prendre le bateau avant la Toussaint.

    La plupart des historiens considèrent alors “qu'Edouard Ier les expulsa tous d'Angleterre et de Guienne”. En Guyenne toutefois, l'application du décret demande à être nuancée.

    Dans le corpus des “Rôles gascons”, réunis par Charles Bémont (1900), nous n'avons recensé qu'une dizaine de petits textes officiels faisant état d'expulsions de Juifs de Gascogne. Suivant la formule convenue, précisant qu'au nom du roi, les représentants de l'autorité se sont saisis des personnes et des biens, “deputati ac constituti ab eo ad capiendum Judeos Vasconie et bona eorum, bene et fideliter se habuerunt, etc”.

    Il semble que l'expulsion n'aurait pas du tout eu ce même caractère massif qu'en Angleterre. Primo, le roi Edouard, obnubilé par l'unité territoriale et tenu en échec par les Gallois et les Ecossais, avait d'autres soucis que le règlement de la question juive en Gascogne. Secundo, la souveraineté anglaise en Guyenne fut brutalement confisquée en 1294, par les conquêtes de Philippe le Bel.

    Dans ces conditions, on peut supposer que l'Édit resta lettre morte à La Réole, où par ailleurs Edouard Ier connaissait tous les notables par leur nom. En 1294, ne leur réclamait-il pas pressamment le secours des habitants pour l'aider à reconquérir la terre de Gascogne dont le roi de France l'avait dépouillé. Côté français, les troupes françaises ont occupé la ville pour de courtes périodes en 1224, 1294, 1324, 1373 et de façon définitive en 1442.

    En parallèle, les édits du bannissement des juifs hors de France datent de 1182, 1306. et 1394.     

    Avec la reconnaissance et la complicité des habitants, la “communauté” a très bien pu passer entre les gouttes, sauf en 1442 où la législation du royaume de France s'inscrivit dans la durée. Le seul fait qu'en 1454, un titre de propriété mentionnât toujours la carreire dos Juziüs, donnerait à penser qu'ils n'étaient pas partis depuis longtemps.

    En dépit de la violence et des vexations inhérentes à ces siècles de fer et même si le “pieux” roi saint Louis avait jeté l'opprobre sur les fils d'Israël, en faisant griller publiquement 24 charretées de manuscrits Juifs dans un burlesque auto-da-fé, l'âme juive a réussi à survivre. Parfois avec la complicité de la société civile, prompte à sauvegarder, ceux qui avaient condamné les excès de l'idéologie dominante, qu'elle soufflât de Rome ou de Paris.

    L'histoire a ses ressorts que l'historien ne connaît pas, mais, à ce jour, faute de pouvoir retracer le chemin de ces hommes sans histoire, il nous reste des pans entiers de leur belle synagogue romane, ce qui n'est pas la moindre des consolations.



BIBLIOGRAPHIE

ETUDES LOCALES (GIRONDE-LA REOLE- AQUITAINE)

- Beaufleury Louis Francia (citoyen L.F.B) « Histoire des Juifs à Bordeaux et à Bayonne, depuis 1550», Bergeret, Bordeaux, an VIII, 1800

- Cahiers de Réolais, 1954, t.19, article de J. Delor sur les Jurats de la ville et les bénédictins

- Congrès archéologique de France, Bordelais et Bazadais, SFA, Paris, 1990. L'ancien Hôtel de Ville de La Réole, Thierry Soulard, pp.117-26

- Detcheverry Arnaud, “Histoire des Israélites de Bordeaux”,Balarac jeune, Bordeaux, 1850

- Drouyn Léo, Bulletin Monumental, Tome XIX, 1853, Note descriptive sur une ancienne maison de La Réole », pp 451-5

- Drouyn L., “ La Guienne Militaire”, Didron, Paris, 1865, pp. 160 sq.

- Drouyn L.,  “Les albums de dessins”, Coll. Larrieu & Duclot, CLEM, Camiac, 1998, vol. 2, pp. 98 à 141

- Ducourneau Alexandre, « La Guienne historique et monumentale », Imp.Coudert, Bordeaux, 1842, chapitre la Réole pp. 264 sq.

- Dupin Michel,  Notice historique sur La Réole  reprint 1996: Office d'édition du livre d'histoire, Paris

- Gardelles Jacques, " Aquitaine Gothique ", Paris, Picard, 1992 pp 130-5

- Gardelles J.Millénaire du prieuré de La Réole 1978, Actes du Colloque.

Société des Bibliophiles de Guyenne, Bordeaux, 1980 Histoire de la Réole », Vigouroux, la Réole, 1873

- Gauban Octave,  Lapouyade J.-F., Actes de l'Académie Royale, Bordeaux, Lawalle, 1846,

 Essai de statistique archéologique, La Réole au Moyen Âge »

- Lapouyade, Bulletin Monumental, XIII, 1847, Derache, Paris, « Architecture civile du Moyen Age à La Réole », pp. 203-06

- Gassies Eric, Etude de la maison Seguin à La Réole, rapport de fouille, 1994. 28 pages, Service Régional de l'Archéologie d'Aquitaine

- Loirette Gabriel, La Réole, 1941, plaquette 19 p. extraite du Congrès archéologique de France, tenu à Bordeaux en 1939, tome CII

- Martin Emile,"La Réole à travers les âges", Archives Historiques de la Gironde, t. XXXV, Bordeaux, 1900


NOTULES & APOSTILLES

1 Drouyn Léo, « La Guienne militaire », Didron, Paris, 1865, p. 165 

2 Dupin Michel, “Notice Historique sur La Réole ». La Réole, 1839, pp. 122-25 

3 “Compte Rendu de la Commission des Monuments Historiques de la Gironde tome V, Lavigne, Bordeaux, 1844, p. 12. Un sieur Conqueret possédait un «moulin à nef » à La Réole sur la Garonne, qui fut forcé de l'enlever en 1837

4 Drouyn L., “Voyage à pied sur les bords de la Garonne”, Auch, 1858, p. 8

5 Drouyn Léo in “Bulletin monumental», 1853, Paris, t. 19, F Note sur une ancienne maison de La Réole », p. 458

6 Drouyn L., in “La Guienne Militaire”, op. cit., 1865, р. 160

7 Gauban O, “Histoire de La Réole”, Vigouroux, La Réole, 1873, pp. 377-79 

8 4134 habitants en 1872 (Dict. Bouillet, Hachette, 1872); 4271 Hts. en l (Dict. géographique de Paul Joanne) et 5016 Hts en 1985

9 Véritable ville frontière et verrou stratégique entre l'Agenais et le Bordelais la France et l'Angleterre

10 Principalement ceux souvent cités d'A. Ducourneau, M. Dupin et O.Gauban 

11 Épisode évoqué par Maurice Druon dans « les Rois maudits », quand Charles Valois put reprendre la ville au Comte de Kent, qui en assurait la défense

12-2/11/1206, octroi de la «Charte de franchise " aux Bourgeois, logés à l'Hôtel de Ville. Ils étaient 6 à 12 jurats, 12 prud'hommes et quelque 40 conseillers

13 Ducourneau Alexandre, « La Guienne historique et monumentale »,


L'ancienne synagogue de la Réole 

4e de couverture
    Vue de La Réole aujourd'hui, l'ancienne fille du fleuve, jadis encombrée de gabarres et de moulins à eau, expose au soleil ses quais désertés. Après avoir beaucoup pâti de l'abandon général, son patrimoine médiéval devrait à moyen terme susciter les réhabilitations qu'il mérite.
    La synagogue dont il est question dans cet ouvrage est d'époque romane, ceci expliquant sans doute l'abondant décor figuré, principalement des têtes humaines ou des gloutons avalant une colonne, que normalement on ne s'attendrait pas à rencontrer en pareil lieu.

    Au plan de l'histoire de l'art il s'agit d'un bâtiment très important, par l'originalité de son architecture et la qualité de son ornementation, mais plus encore du fait qu'il est un des rares témoignages de ce type d'édifices en France. 
    Les Juifs avaient accoutumé, durant le Moyen Age, de fixer leurs colonies le long des axes commerciaux. La basse vallée de la Garonne se trouvait ainsi jalonnée par leurs communautés à Bordeaux, Agen, Rions, Marmande. Rien d'étonnant à ce qu'il en fût de même pour la cité de La Réole dont la prospérité méritait l'admiration de villes plus importantes mais moins bien situées. 

    Même si l'Histoire n'a rien cru retenir du séjour de ces Juifs à La Réole, la survivance de cette synagogue égarée est un fait objectif dont il convient de désormais tenir compte 
Christian Bougoux _ Bellus édition 2003


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