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1- Scoutisme à La Réole pendant la seconde guerre mondiale. (d'après quelques extraits de lettres et souvenirs) Souvenirs d'Irène co...

Scoutisme à La Réole pendant la seconde guerre mondiale.

1- Scoutisme à La Réole pendant la seconde guerre mondiale.
(d'après quelques extraits de lettres et souvenirs)

Souvenirs d'Irène compilés par sa fille Brigitte Bulik

Scoutisme en France

    Créé en 1907 par Baden Powell en Angleterre, le scoutisme se développe très vite en France. Les Éclaireurs de France (EDF: mouvements sans référence religieuse), les Éclaireurs unionistes (mouvement protestant) sont créés dès 1911 et les Scouts de France (mouvement catholique) en 1920.
    À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, il y avait en France près de 141.000 scouts.
    À la déclaration de la guerre, le scoutisme est privé de nombreux cadres, mobilisés, mais il tient, grâce aux plus âgés et, surtout, aux plus jeunes.
    Il était fréquent, en ces temps de non-règlementation, de confier pour l’été 1939 un camp scout à des jeunes à peine âgés de 18 ans...
    Entre 1940 et 1945 des centaines de jeunes éclaireurs, éclaireuses et de cadres se sont engagés dans la lutte contre l'occupant et le gouvernement de l'époque, dans la protection des enfants juifs et pour la libération de la France.
    Les E.D.F. avec leurs cadres "laïques", sont ouverts à tous.
    Ainsi, de jeunes juives furent accueillies lors de camps d'Éclaireuses Réolaises.

Origine de l'engagement scout d'Irène et Geneviève     Irène avait comme professeur de lettres, en classe de seconde au collège de La Réole, Jean Martinesque qu'elle n'appréciait guère, car il était sévère (et pourtant les Martinesque devinrent, plus tard de très bons amis de mes parents...). Irène connut Lucienne Martinesque grâce à une des amies de sa mère : Mme Foltz, habitant le "Séjour", propriété près de La Réole; elle était protestante comme les Martinesque.

Jean et Lucienne Martinesque
    Lucienne Martinesque, ayant fait du scoutisme dans sa jeunesse, proposa à Irène et sa sœur Geneviève d'animer, à La Réole, la troupe d'éclaireuses qu'elle venait de créer. Les deux sœurs furent enthousiasmées. D'autres jeunes filles, dont Micheline (éclaireuse à Bordeaux, native de Savignac) et la fille du proviseur en faisaient déjà partie. Ma famille avait déjà eu un contact avec les scouts unionistes (protestants), lors de la débâcle en fin 1939, venus nettoyer une maison mise à la disposition de la mairie pour l'accueil de réfugiés.     Le scoutisme fut une aubaine pour les jeunes filles de La Réole.     À cette époque, les petites villes de province, ne proposaient guère, pour elles, de mouvements de jeunesse à la découverte de la nature.     On y apprenait, lors de réunions hebdomadaires, les différents nœuds, l'alphabet morse, les chants scouts, des jeux.     Des sorties étaient organisées par les cheftaines - toutes activités nouvelles pour ces jeunes villageoises de 13-14 ans, qui n'avaient jamais quitté leur famille. 2 - 1939     Le 21/11/1939, Irène écrit : 
    "... La fille du principal du collège, qui a 18 ans, essaye de former un groupe de scouts ici, mais n'ayant pas 20 ans, elle ne sait si elle trouvera une cheftaine à Bordeaux. J'en ferai partie avec Geneviève (on y apprend à se débrouiller, à économiser et cela forme le caractère)...".

    et le 6/12/1939 : "... Notre clan de scouts marche très bien pour le moment: nous sommes onze et faisons une sortie chaque jeudi : promenades, chants, jeux, etc...     Nous avons un costume spécial, que l'on aura le droit de porter une fois la promesse faite (savoir la loi, faire suffisamment de sorties)".

Jeanne première à droite

3 - 1940
    Le 8/1/1940, Geneviève écrit à ses grands parents :     "... Merci pour vos étrennes, cela ne pouvait pas nous faire plus plaisir à Irène et moi, car il va falloir acheter les uniformes scouts. Nous avons une loi très dure à suivre et à apprendre de très nombreuses choses. J'espère former un groupe de louveteaux."...

    Le 19/2/1940, Annette (leur mère), écrit :      "... Geneviève, avec deux autres jeunes filles, a formé un groupe de quatorze louveteaux. Jean-Jacques (frère de Geneviève) est enchanté de cette distraction du jeudi après-midi. Irène a dessiné une tête de garçonnet qui sert d'affiche de propagande à l'entrée de l'église."...

    et le 23/5/1940 :     "… Nous suivons avec angoisse la marche rapide des événements. L'exode en auto ne cesse pas; toutes les voitures, dans lesquelles les réfugiés sont entassés, ont sur le toit trois à cinq matelas ficelés pour se protéger de la mitraille ! Il me semble revoir 1914 sous d'autres cieux. D'abord les autos luxueuses (et rapides), puis des jours après, les voitures plus légères; à présent, ce sont les voitures populaires, plus ou moins usagées. Beaucoup de Belges, harassés, séjournent à La Réole et voudraient se loger, mais repartent, faute de trouver asile. Les villages environnants, qui n'avaient pas eu leur contingent de réfugiés en septembre, en reçoivent (par exemple Barie: cent dix).     Ce sont des Belges, Luxembourgeois et Français, tous sans rien ! Le groupe scout, dont fait partie Geneviève, va se mettre à coudre pour les pauvres petiots."...

4 - 1941 

    Avril 1941, lors des vacances de Pâques, une fête scoute rassembla à Marmande, toutes les patrouilles des environs. Les deux cheftaines, Irène et son amie Micheline, ont défilé et assisté à une soirée.

Micheline et Irène 

Parmi les éclaireuses, Michèle Barbe ("Infernale" d'après Irène), était amoureuse d'un lycéen de La Réole, futur réalisateur de films...
Souvenirs de Geneviève :.
    Michèle venait parfois rejoindre Édouard la nuit. Un soir, sa mère entra dans la chambre pour souhaiter bonne nuit à son fils.     La jeune fille dut s’aplatir sous les couvertures et rester immobile pour passer inaperçue !     Geneviève s'engagea dans le scoutisme moins longtemps que sa sœur.     Elle participa cependant à plusieurs camps. Elle était secondée par d'autres cheftaines, dont une, Bernadette V. qui resta son amie et proche voisine.
Geneviève, 3° à droite et à sa droite Irène puis Micheline

    Le local des louveteaux se trouvait à la Hargue (en patois, la forge) situé sur la route de Saint Hilaire, près de l'ancienne école d'agriculture.     Notre petite métairie était, à cette époque, inhabitée.     Geneviève y fit peindre, par sa troupe, de petits pots de cactus, destinés à la vente scoute d'avril 1941.

À la "Hargue"

Sais-tu pourquoi quand vient novembre, J'aime par les sentiers jaunis, Aller vers la Hargue où les nids Étaient si joyeux en septembre? C'est que les lavoirs couleur d'ambre Parmi les joncs aux troncs brunis, dans leurs murmures infinis Me plaisent autant que ma chambre ! Le chemin montant est désert: La ferme close lance en l'air Un brin de vie intérieure... Que m'importe les noirs frissons,  La bise effeuillant les buissons La campagne est belle à toute heure !...                 de Georges Lanoire

Michèle Barbe   et   Ninou Roques

5 - Les Éclaireuses Réolaises

Pierrette Bergegère ; Jacqueline Barbe (future professeur d'espagnol) et sa cousine Michèle Barbe, dite Michou (future romancière).

Michèle (épouse Maurin) et Monique Chardon (épouse Sturnich), Colette Galard (future antiquaire, épouse Comblat), Marie Claude Despin (future marchande de chaussures) ; Jacqueline Dumestre (fille du directeur d'une école de La Réole) 

Jeanne (future professeur d'anglais) et Catherine Estève (future infirmière), Suzy Fabre (épouse Lapeyre), Lisette Fazembat (fille de cultivateur, épouse Dubrana)

Jacqueline Lacoumère (épouse Terrible), Jeannette Lestieux (future professeur de maths, épouse Colin), Josette Latrille épouse Maixant ;

Colette Pareau, Ninou Roberty, Louise Argenta, (future bijoutière, épouse Roqueflot), Ninou Arrouays (future boulangère, épouse Roque), Jacqueline Villemberg.

Jacqueline B.  (2° droite au 1° rang)

 Souvenirs de Jacqueline Barbe        Premières sorties autour de La Réole, avec les nombreux chants qui égayaient les marches et les veillées ; des jeux d'adresse, tel que le traderi dera, où il fallait allier mémoire, rythme et adresse (passage d'un objet à la personne voisine, tout en chantant); ou encore le jeux du foulard, du béret...     Un jour de sortie, toujours marchant et chantant, rencontre d'une couleuvre écrasée sur la route : choc avec la vie de la nature !

Jacqueline B. (2° à gauche dernier rang)

Souvenirs d'Irène : Au début de sa rencontre avec Micheline, Irène la trouvait "braque", avec sa grande cape qui volait au vent. (En fait, elle était exubérante et très sympathique. Elle devint une très chère amie d'Irène). Elle ne venait pas régulièrement aux réunions, poursuivant des études de lettres à Bordeaux.

Micheline  

Irène illustrait les couvertures des programmes de divertissements des groupes scouts réolais.

Exemple de programme :

* Première partie

1) Les canards (chant mimé), par les petites Ailes; 2) Le roi Renaud (chant mimé), par les Éclaireuses; 3) Les deux timides (de Labiche) par les Éclaireuses aînées.

* Deuxième partie

1) L'orthophoniste (chant mimé), par les petites Ailes; 2) Le curé de Cucugnan (d'après Daudet), par les Éclaireuses, 3) Le tour du monde en chansons et le chant dit "des forçats de Sibérie", par les Éclaireuses aînées et les Éclaireuses.

* Entr'acte: Vente de friandises et tirage des bourriches.

    Le local des éclaireuses se situait à la "sous-préfecture", puis dans une usine de pneus (rue des Menuts). Lors des réunions, les éclaireuses faisaient des jeux de plein air, des virées en vélo... Irène vit, un jour, arriver Jeanne et Catherine, alors que sa troupe s'aventurait à la Hoche (petit bois au sud du "Séjour", au sein duquel coule le Lahots, qui chute en une petite cascade).     Les sœurs, conquises par les activités, intégrèrent le groupe.

Irène à droite

    Parfois, un grand chef venait leur rendre visite.     Des week-ends étaient programmés aux environs de La Réole : notamment à Saint Sève, au Mirail, ou encore à Saint Félix de Foncaude, etc...

(dessin d'Irène du camp de Foncaude)

Irène, au milieu

Les grands camps, en général d'une à deux semaines, étaient attendus de toutes :

- 1941: Camp, en juillet, à Saint Jean de Cole, en Dordogne. (Les deux suivants: camps de cheftaines (1942) à Sainte Foy-la-Grande et à Ambazac).

- 1943: Camp, en juillet, à Clairac, en Dordogne, chez un cultivateur, ami des Martinesque.

- 1944: Dernier camp, en septembre, à Pujols/Ciron.

- juillet 1941 Le 2/7/1941, Irène écrit à Mme Martinesque: "Nous avons fait un très bon voyage, mais nous voilà à Thiviers en panne ; Sympa (cheftaine juive alsacienne, commissaire aux réfugiés à Thiviers, qui, en février 1945, put rentrer chez elle à Strasbourg) ne trouve aucun véhicule pour transporter nos bagages, nous allons sans doute monter les tentes sur place dans un parc. Demain, nous prendrons la route pour Saint-Jean-de-Cole. Nous sommes très nombreuses, je crois que le camp sera épatant, mais pour moi, cela aurait été vraiment chic si toutes les éclaireuses et vous même, aviez pu venir. Akela (totem d'Irène).

- Le 5/7/1941, Annette écrit: "Geneviève part trois jours, la semaine prochaine     camper dans les Landes pour passer cheftaine. Elle coud son sac de couchage et a trouvé un sac à dos formidable (coût 340 francs - pour la maman!) à la boutique du scoutisme de Lyon. Irène est partie, dans les premiers jours d'août, camper dix jours en Dordogne avec neuf fillettes de La Réole."

Les 5 et 9/7/1941, château de la Martonie, Saint-Jean-de-Cole, Irène écrit : "Voilà cinq jours (depuis le 1er août) que je suis au camp et qu'il pleut, ce n'est pas de chance!     Heureusement, nous sommes nombreuses (une soixantaine de jeunes filles) et nous sommes installées dans un vieux château historique, avec couloirs sombres, oubliettes, pont-levis...     Nous sommes très bien nourries (les denrées ont été débloquées par le gouvernement), nous avons tout en abondance et c'est extrêmement bien cuisiné.     Nous allons toutes grossir de plusieurs kilos !).     Nous couchons pour le moment, tant qu'il pleut, dans un grenier à foin, c'est un très grand dortoir (cependant, quelques tentes sont montées).     Je suis cheftaine et vaguemestre du camp. Nous ne restons que douze jours (c'est bien dommage que notre section ne reste pas jusqu'à la fin), et pour l'instant, nous n'avons eu qu'un seul jour de beau. Hier, nous avons visité la très belle église du village; je vais y retourner avec deux camarades pour prendre quelques croquis.     Le pays est très joli. S'il faisait beau, nous ferions de très belles excursions : par exemple demain, nous devons partir en vélo dans les plus jolis coins de la Dordogne (du côté de Brantome, Saint Pardoux). Je suis très, très prise (mon courrier s'en ressent) : tous les soirs, nous (cinq ou six cheftaines) avons des conseils de chefs et nous veillons dans de vieilles salles voûtées du château jusqu'à minuit - une heure du matin. C'est plus dur que je ne croyais, mais je m'y suis fait des amies.     Nous revenons le 12 juillet et moi, je repars à un autre camp le 27."

Saint Jean de Cole
Souvenirs d'Irène :
    Lourde malle qu'il fallut porter de la gare au village : les cheftaines y arrivèrent épuisées (plusieurs kilomètres). La propriétaire du château, où elles campaient, s'habillait à l'ancienne (sans doute récupérait-elle les vêtements de ses ancêtres, du fait de la pénurie de tissu et aussi par économie). Les cheftaines s'étant aperçues qu'elle leur chipait de la nourriture, il fut instauré un tour de garde : l'une d'entre elles devait dormir à côté des victuailles. Le pharmacien du village les avertirent de ne pas boire l'eau du puits, soit disant empoisonnée par les Allemands. Il leur vendit une poudre de Perlinpinpin, qui fut utilisé pour cuire des prunes. Presque toutes les éclaireuses furent malades. Elles décidèrent alors (aussi à cause du temps pluvieux) de louer une maison dans le village.   

Cependant, Irène garde de très bons souvenirs de ce séjour.                                   Virée, 59 ans plus tard, pour revoir Saint-Jean-de-Cole: elle en était ravie. 

Souvenirs de Jacqueline B.     "Saint-Jean-de-Cole, près de Thiviers, fut mon premier camp scout, où il fallut se familiariser avec la vie en pleine nature et loin des parents (elle avoue qu'au début, elle pleurait sous ses draps les premières nuits); gonfler le matelas pneumatique, préparer draps et couverture, duvet ou édredon.      Après observation météorologique par notre cheftaine Akéla (grand loup), habituée au cadre mi-rustique mi forestier de son domaine familiale, secondée de T.D (totem d'une autre cheftaine), qui, plus âgée, donnait des conseils, nous allâmes au grand pré avec nos tentes, piquets, maillet et cordages.     Premier repas du soir rapide, car la nuit profonde approchait ; petite veillée avec chants, suivie de la prière. Quand tout à coup, surprise par un orage tonitruant, ramassant en toute hâte sandales, cravate et tout notre barda, nous nous enfuîmes à toutes jambes à travers la grande prairie, notre chargement nous ralentissant et l'orage nous paralysant. Quelle équipée, quelle sauce!     C'est ainsi que nous arrivâmes, battant chamade, mouillées, trempées, essoufflées, épuisées et de plus, sans pouvoir retrouver le douillet de nos lits, mais un grenier à foin. Ma paillasse toute plate, mon duvet complètement dégonflé gisaient sur le sol.     Le matin, au réveil, après une nuit agitée, je cherchais en vain mon joli pull jacquard, tricoté par ma mère. J'en aurai pleuré! Mais alors, sous les traits d'une sympathique et jolie gitane, réapparut ma "vestoune" toute dégoulinant d'eau, ramassée dans quelque flaque. Son camp était installé dans un pré un peu plus loin.         Ma grand mère m'avait pourtant tellement recommandé de fuir, si je voyais se profiler à l'horizon la moindre roulotte ou bohémienne : vite, vite, toutes jambes dehors, je devais abandonner mes jeux et regagner immédiatement la propriété familiale."

Les 13 et 24/7/1941, Annette écrit :     1) "Geneviève devait aller camper près de Nérac, un coup de soleil l'en a empêché. Irène prépare son départ en fin de mois, et fin septembre, elle ira probablement dans un camp de chefs, près de Nice".      2) "Geneviève est guérie. Comme elle a raté son camp, elle ira à un autre début septembre en Dordogne. Quel dommage que la tente coloniale (son père fut sous-officier au Maroc) soit si lourde, elle aurait bien servi, mais la porter sur le dos, il ne faut pas y penser! "

    En août 1941: Geneviève est reçue cheftaine de louveteaux.

 (Incroyable, un de ses louveteaux habite en région parisienne dans ma résidence! Malheureusement, il n’a plus aucun souvenir).

Le 2/9/1941, Annette écrit :  ... "Geneviève ne peut repartir en Haute-Vienne comme elle l'espérait: elle s'est trop fatiguée au camp et surtout, à Agen, en allant voir le Maréchal (elle a voyagé avec ses scouts dans des wagons de marchandises); elle a eu le genou enflé et le docteur qu'elle a consulté, lui ordonne quinze jours de lit et de chaise longue. Elle a forcé sur sa rotule et sans soin, cela pourrait finir en épanchement de synovie. Elle n'a pas de chance avec les camps!              Quant à Irène, c'était ou le camp ou la visite du Maréchal (Il faisait une tournée dans toute la zone libre). Agen fut choisi; elle y est allée avec ses éclaireuses.     Elles étaient aux premières loges, puisque la troupe faisait la haie d'honneur.           Le groupe félibréen a dansé et a offert au chef de l'État de superbes pommes (il avait reçu pèches, raisins, etc...  à profusion)."...

     

Irène, 3° à dte au premier rang, Micheline à sa dte , Jacqueline B. (derrière Irène au deuxième rang)
 

6 - 1942

Sorties des louveteaux en 1942 Dimanche 1er mars 1942    8 heures ¼ : rassemblement, 8 heures ½: messe; 9 heures ½: montée du drapeau; feu, course aux drapeaux; déjeuner + vaisselle; préparation de scènes mimées; jeux de Peaux rouges-Visages pâles; course de saut en longueur; chant du Roi Arthur; tourbillon; goûter chocolat; présentation des scènes mimées; jeu (la folie); grand hurlement; descente des couleurs, remise du fanion.  

Jeudi 5 mars :     2 heures ½: jeux de piste; histoire; jeu de première étoile portant sur les nœuds; saute mouton; 5 heures ½: salut. 

Jeudi 12 mars:     2 heures: rassemblement au local (à la Hargue); départ pour la Hoche; enlèvement de Mowgli; jeu de la bûche; loi de la promesse; grand hurlement.   

Jeudi 19 mars:          réunion de secteur à Marmande : départ 9 heures; passage du pont vers Casteljaloux ; Pluie, feu poussif, grand jeu l'après midi avec les louveteaux.

Jeudi 29 mars:     Mijéma ; à 2 heures, inspection (propreté des foulards ou ficelles; chants; apprentissages de nœuds, jeu de la balle au camp (balle aux prisonniers), du béret, gymnastique, lasso, sémaphore; grand hurlement. 

Mardi 31 mars:     au Mirail, départ 9 heures; jeux; ramassage de bois, cuisine de pommes de terre et d'œufs sous la cendre; chasse au loup noir; jeu d'approche; goûter.


CAMP des louveteaux du 8 au 12 avril 1942, aux environs de Tonneins; voyage en train.

CAMP de cheftaines à Sainte Foy-la-grande, juillet 1942     Irène et Micheline se rendirent à bicyclette, pour camper avec une institutrice (cheftaine de pionniers), à Sainte Foy-la-Grande, chez des amis des Martinesque. 

    Micheline, restant toute la journée en pyjama et chantant de sa voix grave, fit jaser: "Il y a un garçon et deux filles sous la même tente" déduit le voisinage !!      Elles pédalèrent ensuite, jusqu'à Périgueux; le voyage dura trois jours.     Souvenir d'une nuit d'insomnie dans un grenier, près de sacs de blé, au milieu de rats ! 


Micheline                        Irène

7 - 1943 Camp d'éclaireuses à Matalène (Lot et Garonne) – juillet 1943  (Correspondances de Jeanne et Catherine à leur mère)

LETTRES de Catherine et de Jeanne, le 7/7/1943     1) Les gens nous ont très bien accueillies: nous sommes logées dans une laiterie; il y a trois grandes pièces à notre disposition. Pour le petit déjeuner, nous aurons du chocolat au lait. Pour l'instant, il pleut. Dès qu'elle cessera, nous nous amuserons bien. Samedi, on aura de la viande.     T'en fais pas pour le ravitaillement, on se débrouillera. Envoie nous du chocolat, dès qu'il sera arrivé.     Hier, nous sommes montées sur les vaches, je te raconterai dans une autre lettre. Tatine    

    2) Nous avons fait un très bon voyage, seulement nous étions un peu serrées. En descendant à Tonneins, nous avons fait cinq kilomètres à pied pour venir ici.            Nous sommes dans un joli coin entre deux mamelons et nous avons une vue sur Tonneins et une autre sur les collines de Nicole.     Nous sommes près d'une petite laiterie, nous aurons donc du lait.      Nos hôtes comptent dix personnes, dont sept enfants (cousins). Ils sont bien gentils et distingués. (Il s'agissait d'enfants juifs de Sainte Foy la Grande, d'où provenaient les Martinesque, amis avec les propriétaires de Matalène, protestants eux-mêmes)

    Comme ce matin il a plu, nous avons nettoyé la maison, qui nous a été prêtée. Le sol est carrelé : une pièce est pour l'économat, une autre pour le dortoir et la dernière est la penderie-cabinet de toilette.      Ce matin nous avons fabriqué des porte-manteaux avec des branches et de la ficelle: j'en ai deux pour moi. Cet après midi, nous avons discuté et fini de nettoyer la maison.     Après 4 heures, nous avons reçu les bagages, que nous avions laissés à la consigne de Tonneins. Ce soir, Irène est arrivée, parce qu'elle s'était arrêtée à Marmande pour prendre des pommes de terre ; nous avons très bien mangé.     Nous avons assez de sucre pour quinze jours, mais pas assez d'argent. 

    Demain, des éclaireuses d'Agen, de Villeneuve et d'autres patelins vont arriver.     Il va falloir monter les tentes avec des piquets, que j'ai coupés cet après midi.

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    Après le dîner, nous avons dansé. En rentrant, il y a eu un désastre: un chien est passé par un carreau cassé, et a déchiré les sacs de vaisselle. Celui de Tatine n'a presque rien, mais le mien a été retrouvé dans les ronces en mille miettes: un couteau a été perdu, deux serviettes, les deux assiettes et le torchon sont inutilisables. 

Le lendemain : Nous avons bien dormi dans notre dortoir; il paraît que cette nuit, il a plu et venté, mais je n'ai rien entendu. Je couche près d'Irène, qui est aux petits soins pour moi, peut être parce que tu lui as demandé. Pour déjeuner, Cascade (la grande cheftaine) m'a prêté une assiette. 

CARTE de Catherine, le 9/7/1943     Mercredi soir, nous sommes allées jouer sur le dos des vaches. Nous avons bien ri. Michèle Barbe était devant moi, quand tout à coup une vache arrive sur elle: elle veut s'échapper et me fait tomber dans une bouse de vache; ma robe en était pleine.      Au retour, c'étaient des chiens qui étaient venus manger notre pain, du jambon et le sac de vaisselle de Jeanne a été traîné dans un buisson: assiettes cassées, deux serviettes toutes déchirées, ainsi que le torchon. Si tu avais vu la tête des éclaireuses!

LETTRE de Jeanne, le 9/7/1943     Je t'écris pendant le temps de repos, à 2 heures 30 de l'après midi. Tatine va très bien; moi un peu moins, j'ai mal aux intestins.      Hier, nous avons assez bien mangé: des nouilles, peu de pain et une compote de prunes bien bonne. Nous nous sommes réveillées à 7 heures 30; nous avons pris un café au lait et à 10 heures, il y a eu le salut aux couleurs. Cascade nous a divisé en quatre clans: je suis avec Michou Barbe et quatre autres éclaireuses. Nous devons nous occuper du ravitaillement dans les environs et faire la connaissance du pays, des légendes pittoresques du coin. C'est épatant, nous avons le meilleur travail; en plus, cela m’entraîne pour la grande école où je voudrais aller (collège?).     Tatine est dans le clan des jeux avec les deux Juives, qui sont arrivées hier avec une cheftaine d'Agen (l'une s'appelle Mitil et va à la prière catholique; elle vient de Villeneuve et veut à tout prix que Tatine lui couse ensemble ses couvertures pour en faire un sac de couchage. Je ne sais pas comment cela va finir).     Hier, l'autre Juive, qui est bien gentille, est tombée, d'une hauteur de trois mètres, sur le dos; ce matin, elle voulait partir, mais elle va quand même rester huit jours.                               J'oubliais de te dire qu'hier soir après le dîner, les autres sont parties voir un vieux moulin. Je suis restée pour garder le camp et faire la vaisselle: c'était ma BA.     Avant midi, nous avons monté une cuisine et deux cabinets de toilette (D'après la fille du propriétaire, c'était son père qui les avait creusés). Après midi, la Juive d'Agen m'a donné une tartine de pain pour le goûter, parce que nous avons assez faim.      On vient de siffler le conseil de chefs de clan et des seconds. Que va-t-on décider? Maintenant, je suis fatiguée et vais dormir. Pour dîner, nous avons eu de la soupe et des haricots, j'en ai beaucoup mangés.

CARTES de Catherine et Jeanne, le 12/7/1943     1)… On va tous bien. Pour dîner, on a eu de la soupe au vermicelle, un œuf et des haricots. J'ai fini le plat, alors la cheftaine m'a dit que j'allais grossir. J'ai dit: "Oh, oui, parce que maman a dit que si on revenait maigre, on ne reviendrait plus". Toutes les cheftaines ont bien ri. Tatine     2)… Aujourd'hui, on s'est régalé de soupe aux fèves, du bœuf en daube avec des carottes sautées; la sauce était de vin et de graisse, des poireaux en vinaigrette, des poires au jus. On s'amuse très bien. Je n'ai pas encore été malade; je dors sous la tente. Il y a un temps splendide. Demain, on va se baigner (à la plage de Clairac); ça sera la première fois. Jeanne LETTRE de Catherine, le 13 et 14/7/1943  … Je couche sous la tente jusqu'à ce soir. Nous mangeons bien et nous nous amusons très bien. Nous sommes allées nous baigner hier; l'eau était exquise. J'ai appris un peu à nager.      Hier soir, pendant qu'on dormait sous la tente, il a plu. Aujourd'hui, il vente. J'ai beaucoup bruni. On va me donner un totem, peut être mercredi. Je continuerai ma lettre demain, on vient de siffler.     Ce matin, des éclaireuses faisaient leur promesse. Cinq minutes avant le début, la tante d'une d'entre elles arrive, elle embrasse sa nièce, puis s'en vient dehors. Pendant ce temps, on répétait notre chant pour la promesse. Tout à coup, on entend des cris: tout le monde se précipite dehors et on voit l'éclaireuse à genoux, devant sa tante, en train de pleurer. Elle venait de lui annoncer que son jeune frère de 17 ans venait de se noyer. Ce fut une grande douleur pour tout le camp.      Je vais très bien; je t'envoie le menu du petit déjeuner d'aujourd'hui: potage, café au lait. Déjeuner: potage de légumes, lapin, purée de pommes de terre, prunes.      Dîner: potage maison, salade de betteraves, carottes Vichy, compote de prunes.

LETTRES de Jeanne, les 14 et 15/7/1943     Nous allons toutes les deux très bien. Nous avons acheté du pain pour un franc. Nous avons assez à manger, beaucoup plus qu'au début.      Dimanche dernier, nous sommes allées à la messe à Clairac, qui est à trois kilomètres de Matalène. Le curé nous a très bien reçues.     Comme il y avait une fête de Cœurs Vaillants et d’Âmes Vaillantes, il nous a placées avec ces dernières. Nous sommes revenues vers 2 heures de l'après midi.      Lundi, nous sommes allées nous baigner au Lot; nous avions pied jusqu'au milieu de la rivière. Nous avons fait la connaissance d'une éclaireuse de Paris, venue nous voir aujourd'hui. Nous avons goûté au bord de l'eau. Comme une amie avait attrapé une insolation en venant, elle m'a donné son goûter!      Mardi, il y eut, comme tous les jours, salut aux couleurs. Les cheftaines ont changé les spécialités des clans. Je suis affectée aux jeux; il y aura un feu de camp à la fin du séjour. Notre clan doit faire une représentation de demandes en mariage à travers les âges: aux temps préhistoriques, les hommes assomment leur femme; maintenant le fiancé demande la main de la jeune fille et en même temps un pot de graisse, etc....      Hier soir, nous avons fait une veillée pour la promesse des Réolaises (les Barbe entre autres). Nous sommes allées chercher du bois plusieurs fois, tout en bavardant; notre clan s'entend à merveille. Je comprends ce que signifie être éclaireuse.       Aujourd'hui, nous étions en train de répéter un chant de promesse, quand une dame juive est venue annoncer à la gentille fille de 17 ans que son frère, qui venait d'être reçu au bachot, est mort d'hydrocution en nageant. Nous pleurions comme des Madeleine. Elle est repartie à Agen et ne reviendra pas au camp.     Elle m'a donné son adresse : Hélène Alvarez-Pereyre. Est-ce un nom juif ? N'est-ce pas un nom un peu espagnol?                                      (Elle fut à l'origine de la nomination de "Juste parmi les Nations" de leur mère, ayant aidé des Juifs pendant la guerre).     Les éclaireuses ont fait leur promesse devant le drapeau français. Ce soir, nous nous sommes très bien amusées. Les cheftaines étaient si gaies, que nous avons cru qu'il y allait avoir un jeu de nuit. Je l'ai même parié un franc, mais j'ai perdu!     Quand tu m'auras envoyé un peu d'argent, je vais m'acheter un petit carnet pour que les éclaireuses dessinent quelque chose et signent: ce sera mon carnet autographe.     J'avais aussi oublié de te dire que je prépare mon brevet de fermière très sérieusement: j'apprends à tirer le lait et à laver les mamelles des vaches en passant les mains entre les fesses; la première fois, cela m'a un peu dégoûtée, mais maintenant tout va bien.     J'écrème aussi le lait avec une machine spéciale et je soigne les lapins; en allant chercher de l'herbe, j'en profite pour manger des prunes autant que je veux, c'est épatant! Avec une amie, qui me réveille tous les jours à 7 heures du matin, nous allons à la grange, ainsi que le soir à 6 heures.     Ce matin, une cheftaine épatante (Sympa) est partie, c'est très dommage.     À midi, nous nous asseyons à l'ombre d'un chêne; aujourd'hui le rôle de mon clan était hôtesse et ménagère (c'est à dire : ménage et service de la table).     Cascade m'a donné deux plats à récurer: le plat de nouille et celui de la crème.        Nous avons maintenant assez à manger, surtout à midi et au goûter.      Depuis deux nuits, nous couchons sous la tente du grand père de Michèle Barbe, où nous sommes très bien. Actuellement, je t'écris sous cette tente, appuyée sur le canapé formé de nos paillasses et des couvertures: j'étouffe ; heureusement que cet après midi, nous allons au Lot.     À midi, les cheftaines ont dit que nous ferions de la cuisine de trappeurs. Trappeurs, c'est à dire que nous partirons le matin de bonne heure avec quelques pommes de terre, un œuf et deux allumettes.     Nous ferons au moins quinze kilomètres et nous ne rentrerons que le soir.     Je crois que notre clan va à un endroit que j'ai repéré : c'est à deux ou trois collines plus loin, à un calvaire d'où l'on voit la réunion de la Garonne et du Lot (Le Pech de Berre).       Demain, nous sommes marmitonnes; comme on part, on ne fera pas les marmites. Le clan de Tatine doit s'occuper de secourisme et de l'amélioration du camp: elle arrange les cabinets ; comme ces derniers sont entourés de figuiers, elle, aussi, mange beaucoup de fruits. Après la paix (signal du coucher), les cheftaines ont joué à saute-mouton, même la commissaire Sympa, c'était crevant !     Bientôt, on nous totémisera; je crois que Tatine s'appellera Noisette et moi Antilope ou Cigogne. Si c'est Cigogne, on continuera à m'appeler Jeanne ! Michou Barbe m'apprend que demain, on ira au calvaire. Jeanne

Souvenirs d'Irène (qui n'en a guère, son esprit étant occupé ailleurs: prochaines fiançailles…)     Elle était avec Micheline et deux éclaireuses polonaises juives, qui possédaient un petit chien. Un jour, un gendarme est venu s'assurer qu'elles ne s'étaient pas enfuies pour se cacher. Une autre éclaireuse juive, venant d'Agen, a vu ses parents tués sous ses yeux; elle se suicidera vers 16-17 ans.     Un grand chef avait décidé un grand jeu de nuit, dont le secret fut bien gardé, puisqu'Irène ne fut pas mise dans la confidence. Une nuit, on vint la réveiller, signalant que le propriétaire de la ferme avait, sans doute, eu un accident en tombant de cheval, près d'une vieille tour : il n'était pas rentré et il fallait le chercher. Elle pensa aller à Clairac avertir les gendarmes, mais préféra alerter sa troupe: "Vieille tour, cheval, blessé", afin de retrouver rapidement le disparu ; la fille du propriétaire pleurait à chaudes larmes. 

(En fait, la jeune paysanne pouffait de rire (raconta-t-elle, 69 ans plus tard lors d'une rencontre fortuite) et d'après son souvenir, c'était le cheval qui était blessé et elle, tremblant de peur, qui était allée se cacher dans la tour. Elle n'avait rien oublié de ce camp scout!     Sa famille cacha de nombreux Juifs pendant la guerre (d'où les nombreux "cousins" dont Jeanne parle dans sa lettre). Devant la maison existait alors un vieil arbre, dans lequel les enfants avaient fabriqué une cabane. De là, ils pouvaient surveiller la route et prévenir si des Allemands approchaient. Ce qui arriva un jour, tous les enfants juifs se réfugièrent dans les bois et pendant trois jours, les paysans leur apportèrent à manger).

Toutes crurent à cette histoire et se démenèrent pour retrouver le fermier. Tout se termina dans la joie!                                                         




Souvenirs de Michèle Perrein, d'après son livre "Entre chienne et louve" (p. 217)     "À onze ans (elle en avait plutôt 14!), je campe dans les collines du Lot et Garonne du côté de Clairac où, autrefois, protestants et catholiques se sont battus... 

Montée du drapeau
    Nous hissons le drapeau français à tour de bras; nous naviguons la nuit, faisons des feux, des signaux lumineux. Nous sommes en zone libre. Il y a une fille brune aux yeux bleus (Pomme), qui hurle dans son sommeil sous la tente.     Elle est d'Agen. "Nous sommes juives" me dit Mytil, qui a quinze ans. Pomme montre des photos d'elle avec ses parents adoptifs dans la piscine d'un paquebot. Ses parents ont disparu. Pomme le dit en ricanant nerveusement. Mytil me fait signe de ne pas poser de questions, un doigt sur les lèvres. J'ai une admiration sans bornes pour Mytil, qui me donne l'impression de tout connaître de la vie. Au retour, je ne parle de rien à mes parents. Je fais partie du silence de l'occupation.         C'est le silence, qui a accueilli, dans ma ville, le martèlement des bottes allemandes, quand nous avons cessé d'être en zone libre… Elles faisaient trembler le pont…

    Sans doute, ai-je d'autres images: toutes les écoles, toutes les institutrices se transportant à Marmande pour agiter des rubans bleus pour acclamer le maréchal Pétain. "Maréchal nous voilà", … chanson que nous avons apprise en classe.  …       Plus tard, je me rappelle les caleçons longs du proviseur hissés à la place du drapeau (Le frère d'Irène faisait partie des chenapans) dans la cour du collège; la réquisition de nos classes par les Allemands et notre dispersion à travers la ville: un cours à l'ancienne sous-préfecture, un cours à l'école des filles, à celle des garçons: la grande pagaille, le silence".

Souvenirs de Jacqueline B. de "ce camp, où je subis la totémisation".     "Comme j'excellais au jeu du Foulard, où je me faufilais entre mes compagnes pour faire gagner mon équipe, mes cheftaines me donnèrent le totem de Kaa, le bon serpent du Livre de la Jungle. Douleurs de quelques épines bien acérées, rencontrées au cours de mon exploit reptilien, que m'imposèrent mes coquines cheftaines, dans ce fourré inextricable de ronces, bois morts, végétation épineuse où je ne devais pas faire bouger la moindre herbe ni feuille et en sortir sans une larme !     Les cheftaines avaient eu l'heureuse idée de prévoir un rite important du scoutisme: en grand uniforme, cravatées, nous fîmes la promesse avec ses douze articles de loi scoute. Que de grands moments nous vivions, alors que nos cheftaines nous remettaient, non sans émoi, la feuille de trèfle, symbole de notre engagement!"

1944

EXTRAIT d'un carnet de Geneviève     Les 6 et 19 janvier : sortie des éclaireuses. Le 16 avril : grande sortie d'éclaireuses. Le 31 juillet : Irène part à Barsac pour obtenir l'autorisation de faire un camp sur un des terrains de nos cousins, à Pujols/Ciron. Le 1er août : retour, le soir: on se réjouit, son camp d'éclaireuses s'y fera. Le 6 août : sorties d'éclaireuses. 

Camp d'éclaireuses à Pujols sur Ciron, en septembre 1944 

    Le 7 septembre 1944 : Irène part à Pujols/Ciron pour son camp d'éclaireuses. (nécessité d'une autorisation de circuler).      Le 9 : il ne fait pas chaud sous tente.         



Souvenirs d'Irène     Ce camp dura une semaine, au bord du Ciron.      Un jour, lors d'un pique-nique, une pie vola le morceau de viande qui se trouvait dans son assiette.      Une nuit, les deux cheftaines allumèrent une bougie à l'intérieur de citrouilles, sculptées par elles. Elles allèrent réveiller leurs éclaireuses qui dormaient à poings fermés sous leur tente; ces dernières eurent une belle frayeur, Halloween étant alors méconnu en France!  

Irène, 1° à gauche;                      Jeanne 4° à gauche 


Jeanne, 3° à gauche, 2° rang


Iréne, première à droite

    Le dernier jour du camp, des éclaireuses tuèrent une couleuvre, entrée dans leur tente. Elles décidèrent que toutes devaient tenir entre leurs mains le serpent, même Irène qui avait une sainte horreur des reptiles. Plus tard, le serpent fut attaché comme trophée, sur le porte-bagage du vélo de l'une d'entre elles. Or, lors du trajet du camp à la gare de Barsac, il glissa dans les rayons de la roue arrière, provoquant un arrêt de la troupe, qui leur fit rater le train du retour! 

Ce fut le dernier camp scout pour Irène et la fin de la troupe d'éclaireuses à La Réole.

Épilogue

Le 15 avril 1984, Irène écrit :      "Retrouvailles, dans un restaurant à Arcachon, de mes éclaireuses (perdues de vue depuis 38 ans; laissées à 16 ans, je les retrouve grands mères !).     Elles ont du mal à se reconnaître ! Journée passée trop vite". 

et le 26 août 1984     Nouvelle réunion de quinze éclaireuses (et cinq maris) au restaurant de Fontet, se remémorant avec plaisir leurs souvenirs scouts.

Deux filles sur ses six enfants et trois petits enfants sur cinq suivirent ses traces dans le scoutisme:     -  deux éclaireuses unionistes     -  deux petits fils : chefs de troupe et leur cousine : cheftaine; tous trois aux Scouts de France.


 En 2021, les souvenirs d'Irène reviennent, quatre-vingt ans plus tard, devant les photos de son aventure scoute.


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