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Lettres à un jeune Français Jérôme Jamet j.jamet@sudouest.fr Texte de l'article : ci dessous Il retrouve les lettres d'une jeune jui...

Robert Lesbats - Une correspondance oubliée depuis 80 ans

Lettres à un jeune Français

Jérôme Jamet j.jamet@sudouest.fr

Texte de l'article : ci dessous

Il retrouve les lettres d'une jeune juive autrichienne

    Lire les lettres de Kitty, c'est ouvrir et refermer les parenthèses d'un bout de vie emporté par la folie nazie. Ce bout de vie, c'est celui d'une adolescente autrichienne d'origine juive, Kitty Eisenstein. De février 1938 à mai 1940, la Viennoise se livre à son correspondant français de La Réole, en Gironde, le jeune Robert Lesbats. Elle a bientôt 15 ans. Lui est âgé de 16 ans.
    Entamé à la veille de l'Anschluss, cet échange épistolaire où le tragique se mêle à la candeur adolescente est un témoignage exceptionnel. Il est constitué de 25 lettres découvertes fortuitement en novembre 2022 par le fils de Robert. La correspondance était soigneusement rangée dans un carton, oublié chez la sœur de Robert Lesbats. La voici aujourd'hui révélée dans un recueil publié à compte d'auteur destiné à la famille et au proches.
    Jean-Michel Lesbats n'avait jamais entendu son père parler de Kitty Eisenstein. Quand il met la main sur l'épaisse liasse de lettres, l'ancien professeur d'allemand du lycée Sainte-Marie à Bordeaux les déchiffre une à une. Très vite, il perçoit la puissance du témoignage de la jeune femme. Mais aussi son caractère, sa force, sa sincérité, son espièglerie malgré les malheurs qui nous font aimer Kitty. Tout comme Robert a dû lui aussi éprouver des sentiments pour cette correspondante qu'il n'a pu rencontrer malgré les promesses d'ado. Kitty veut vivre. Et c'est sur Robert qu'elle s'appuie. «Je suis si heureuse quand je reçois du courrier de l'un de mes amis, alors on n'est plus si seule», lui écrit-elle en mai 1939.

Nuit de cristal 

“Robert et Kitty auraient-ils accepté que leur correspondance fût dévoilée?», s'interroge Jean-Michel Lesbats. «Alors qu'ils semblaient vouloir qu'elle reste secrète, j'en ai pris l'initiative, pensant que chacun des deux aurait compris l'importance de ce témoignage sur une période marquante de l'histoire.» Les lettres de Robert sont hélas introuvables. Elles sont restées à Vienne quand Kitty et sa mère sont parvenues à fuir l'Autriche et gagner Londres en décembre 1938. “Je n'ai pu faire franchir la frontière à aucune de tes lettres parce que tu y insultais tellement Hitler et que les douaniers lisent chaque lettre", lui explique Kitty dans son courrier du 29 janvier 1939. Au fil des lettres de cette correspondance à sens unique, c'est d'abord une amitié entre deux adolescents que l'on voit grandir. Mais c'est aussi le récit très lucide de Kitty sur les conséquences de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie. «Maintenant, la vie est fabuleuse pour les Aryens, le problème c'est qu'ici on ne tolère plus les juifs», livre telle le 5 juin 1938. «Nous sommes ici si humiliés que nous avons complètement oublié ce qu'est un être humain», écrit-elle encore. Son père Arthur a été arrêté en mars 1938 puis interné au camp de concentration de Dachau. Il sera transféré à Buchenwald en septembre 1938.

"Je prie Dieu que le national-socialisme ne continue pas à s'étendre dans aucun pays, car alors le monde sera condamné à sa perte"

    Bientôt, ce sera la Nuit de cristal. Kitty évoque à mots couverts le pogrom. 

    Dès lors, il faut «partir aussi vite que possible», confie-t-elle à celui qu'elle considère comme son seul ami.     Les valises sont prêtes dans l'appartement où la mère et sa fille vivent désormais à l'écart du monde. «Nous avons dû tout trier, à commencer par les vêtements et jusqu'aux lettres et à la vaisselle. Une tâche pénible et écœurante».
    Du haut de ses 15 ans, Kitty pressent le cataclysme à venir et alerte son ami français: «Je prie Dieu que le national- socialisme ne continue pas à s'étendre, dans aucun pays, car alors le monde sera condamné à sa perte.» De lettre en lettre, alors que son monde s'effondre, son amour pour Vienne, pour l'opéra, le cinéma, les montagnes, Kitty reste aussi cette pétillante adolescente qui taquine son «cher Robert». «Mon gros bêta», le surnomme-t-elle parfois affectueusement. On perçoit peu à peu la naissance d'un amour adolescent. "Quel est ton idéal de fille?», s'avance-t-elle avant de se décrire physiquement. La jalousie pointe quand Robert lui parle d'une amie. Elle le gronde gentiment quand il lui pose une question trop intime dans une précédente lettre.
    Kitty et sa mère finissent par gagner New York en mai 1940. Deux lettres seront encore envoyées de la grande ville américaine qui l'éblouit. «Ton amie du Nouveau Monde, pour toujours ta Kitty», signe-t-elle son avant- dernière lettre connue. La guerre fait désormais rage en France et aucune missive ne semble plus être parvenue à Robert. Lui aussi est rattrapé par l'histoire. Il sera enrôlé dans le service du travail obligatoire en Allemagne.
    Après la guerre, Robert Lesbats deviendra vétérinaire à La Réole. Et gardera pour lui le secret de sa correspondance avec Kitty. Qu'est devenue la jeune femme?
    Jean-Michel Lesbats a lancé les recherches aux États-Unis et en Autriche. Kitty a épousé un compatriote rencontré lors de sa traversée en bateau entre l'Angleterre et les États-Unis.     Elle décède en 1962 à New York, à l'âge de 38 ans, sans enfant.

Robert Lesbats était élève au collège de La Réole puis vétérinaire à La Réole


194 pages ; 21 x 15 cm ; broché

ISBN 978-2-9593061-1-2

EAN 9782959306112

Résumé :
    Une jeune élève juive autrichienne de Vienne, Kitty Eisenstein, et son correspondant français de La Réole, Robert Lesbats, commencent un échange épistolaire en février 1938, un mois avant l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne. La famille de la jeune fille est contrainte par le régime nazi à fuir, tout d'abord vers Londres puis jusqu'à New York. Il ne nous reste que les lettres de la jeune fille qui se confie pendant plus de deux ans, de février 1938 à mai 1940, à son ami français. Cette correspondance a été son soutien pendant ces dramatiques épreuves. Et on découvre au fil de ces 25 lettres, retrouvées par hasard lors d'un déménagement, une relation qui devient de plus en plus intime entre deux jeunes gens qui ne se rencontreront jamais.

    Cette histoire vécue il y plus de 80 ans, on peut la découvrir dans un livre auto-édité par

Jean-Michel Lesbats, le fils du correspondant de la jeune juive viennoise, et disponible en

s’adressant à cette adresse : jmc.lesbats@gmail.com. au prix de 18 euros.

Robert Lesbats était le fils du boulanger Michel Lesbats


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