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         Lors de la visite de l'exposition Villes en Gironde au Moyen Age j'ai découvert ce portail acheté en 1916 (en pleine guerr...

Portail de la Maison Seguin : de La Réole à Boston

   
    Lors de la visite de l'exposition Villes en Gironde au Moyen Age j'ai découvert ce portail acheté en 1916 (en pleine guerre 14-18) par une riche américaine, et exposé dans son Musée Isabella Steward Gardner

    Une amie de Yves Vaillier, Anny Haneuse avait récupéré les photos ci-dessous du portail à Boston.
La porte dans le musée

     en 2016 avant restauration


Voici l'histoire du portail de la Maison Seguin aux États-Unis :
(Blog du Musée)
    Ce magnifique portail ornait autrefois le perron de la Maison Séguin, une maison du XIIe siècle à La Réole France, située à environ 80 km au sud de Bordeaux.
    Isabella Stewart Gardner a acheté l’ensemble de grès sculpté en juillet 1916, peu après la destruction de la Maison, l'a envoyé à Boston et  installée dans son musée
    Début 2020, le service de conservation du Musée Gardner a réparé la pierre et pris des mesures pour améliorer sa stabilité.



À gauche : Léo Drouyn (1816-1896), La Réole ,1865 ; À droite : Edgar Mareuse (1848-1926), Photographie de la Maison Seguin ,vers 1900

    Une gravure de 1865 et une photographie datant d'environ 1900 représentent le portail in situ de la Maison Seguin. 
    Sur ces premières images, vous pouvez déjà voir des fissures verticales des segments de pierre. 
    En 1989, en utilisant la technologie d'imagerie par radiographie gamma, les restaurateurs du Gardner Museum ont découvert des chevilles en métal dans tout le portail, dont deux qui comblent une fissure verticale dans le chapiteau droit, au sommet de la colonne droite qui soutient l'arc du portail. 
    Dans les années 1980 et 1990, les restaurateurs ont également repéré de nouveaux dommages au portail sous la forme de fissures horizontales rayonnant à partir de l'emplacement de l'un des goujons. Les broches en métal peuvent se corroder, comme c'était probablement le cas ici suite à l'exposition à une humidité élevée que le portail a subie avant l'installation de la climatisation.  
    Étant donné que le métal corrodé se dilate, cela aurait pu générer de nouvelles fissures dans la pierre. À l’époque, les restaurateurs ont choisi de se concentrer sur la consolidation de la surface en pierre du portail, car ils n’avaient pas encore trouvé de stratégie viable pour retirer ou stabiliser les broches métalliques.

    PORTAL BORDEAUX : DESPINNING A CAPITAL (Traduction ?)
    Un  portail souvent négligé  du musée bénéficie d'une grande amélioration dans notre laboratoire de restauration.
    Écrit par  ELLEN PROMISE, Restauratrice adjointe     Publié :17 Avril 2020
    Un  portail médiéval  encadre le passage entre les cloîtres espagnol et 
oriental du musée Gardner.
Le cloître Espagnol


Plan du rdc du musée : le portail est au niveau de la croix 

    En janvier 2020, le restaurateur de pierres monumentales Ivan Myjer et moi (Ellen Promise) avons commencé à examiner le portail et à créer un plan pour accéder aux broches. 
La Réole, Portail (détail), fin XIIe siècle, avant traitement

    Constatant que des parties de la pierre étaient détachées, nous avons soigneusement retiré les fragments fissurés un par un, découvrant finalement un gros goujon de six pouces de long. Comme nous l'avions soupçonné, la broche avait commencé à se corroder et à se dilater, exerçant une pression accrue sur la pierre adjacente.
La Réole, Portail (détail), fin XIIe siècle, en cours de traitement

    Avec plus de temps et de soin, nous avons percé le matériau de fixation doux et blanc entourant la broche et extrait le métal endommagé de la cavité de la pierre. Maintenant que les fragments de pierre ont été remplacés et les fissures comblées, le chapiteau est plus stable et semble intact pour la première fois peut-être depuis plus de 150 ans.

 La Réole, Portail (détail), fin XIIe siècle, après traitement

Le portail restauré


En 1993, lors d'une étude archéologique sur la commune de La Réole, différents éléments architecturaux ont été retrouvés au 7, rue Moussillac. 
    Ceux-ci ont été identifiés comme étant les vestiges de la maison Seguin, étudiée en 1861 par Léo Drouyn
    Considéré par lui comme l'un des plus beaux restes de l'architecture civile dans le midi de la France, cet édifice, que l'on croyait entièrement détruit depuis le XIXe siècle, peut être daté de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle.
Maison Seguin : photo de J-A BrutailsJean-Auguste Brutails (1859-1926)

Plan Maison Seguin (Drouyn 1853)Léo Drouyn (1816-1896)



La Maison Seguin à La Réole 

Circonstances de la découverte

    Au cours du mois de septembre 1993, une grande fenêtre médiévale portant un décor sculpté, a été dégagée des maçonneries d'un habitat privé situé à La Réole en Gironde. 
    Cette découverte s'est effectuée dans le cadre d'une étude, lancée par le Centre de Recherche sur l'Occupation du Sol de l'Université de Bordeaux III (C. R. O. S., URA 999 du C. N. R. S.) et le Service Régional d'Archéologie (S. R. A.), sous la direction de Sylvie Faravel, afin de réaliser le Plan d'Occupation des Sols Historique et Archéologique (P. O. S. H. A.) de la commune de La Réole. 
    Ce programme de recherche s'est traduit sur le terrain par un travail de recensement et de description systématique, parcelle par parcelle, de tous les ensembles ou vestiges architecturaux, civils et religieux, conservés dans cette commune.
    Lors de cette prospection, nous avons rencontré à l'intérieur d'une maison située au nº 7 de la rue Moussillac, une archivolte de grande ampleur. Cette dernière, d'une largeur maximale d'un peu plus de 3 mètres, est constituée de deux voussures  
(une voussure est la courbure du profil d'une voûte ou d'un arc).en retrait, décorées d'un motif en dos de livre. Un petit cordon à baguette encadre la voussure supérieure (fig. 1).
(Une archivolte est un bandeau formé de moulures plus ou moins ornementées qui encadrent une arcade en soulignant les contours supérieurs et inférieurs des voussoirs ou claveaux de l'arc. Wikipédia)
Fig 1 : Fenêtre de la Maison Seguin, Archivolte


    Cet élément d'architecture est conservé dans un habitat qui présente aujourd'hui quatre niveaux en façade, percés d'ouvertures rectangulaires récentes, à l'exception toutefois d'une étroite baie cintrée au deuxième niveau. L'élévation est en moyen appareil régulièrement assisé et l'on observe, visible sous l'enduit au-dessus d'une des fenêtres du troisième niveau, la trace d'un arc en plein cintre. Les murs sont très épais et bien appareillés. 
    Un certain nombre de vestiges conservés (espaces compartimentés par des murs ou des arcs, placard, niches...), indiquent que nous sommes en présence d'un habitat civil médiéval.
Fig. 2. Retombée de l'archivolte : Masque glouton
    L'archivolte est située au revers du quatrième niveau de la façade qui correspond aujourd'hui à l'étage de combles. Elle est recoupée par le plancher actuel et la base des voussures, lors de notre visite, n'était pas visible au troisième niveau dans la pièce au-dessous, car le mur avait été doublé postérieurement et recouvert d'un enduit. 
    À cet endroit toutefois, ce mur formait un décrochement à droite de la fenêtre. Une observation plus précise de la paroi permettait alors de conclure à la présence éventuelle, dans la maçonnerie, des supports de retombée des arcs. 
Fig . 3. Ébrasement

    À la suite de ce constat, nous avons reçu l'autorisation du propriétaire de pratiquer des sondages qui ont été réalisés en présence de M. J.-B. Faivre, architecte des Bâtiments de France. Ces sondages ont permis la découverte d'un ensemble de quatre colonnes engagées avec leurs bases, surmontées de chapiteaux portant un décor sculpté.

    A gauche, le chapiteau qui reçoit la plus grande voussure représente une tête d'homme barbu à côté d'une feuille d'acanthe. La moitié de son visage est bouché mais ce qui subsiste prouve qu'il s'agissait d'une sculpture de belle facture. Le chapiteau de la petite voussure, en retrait dans l'embrasure, montre un glouton à dents aiguës qui avale le fût (fig. 2). A droite, ce sont deux têtes humaines qui ornent les chapiteaux (fig. 3). Celle située sous la grande voussure, très érodée, est entourée par deux feuilles qui se retournent dans leur partie supérieure. Dans l'embrasure, une tête de femme, mieux conservée, doucement modelée, aux yeux exorbités et à la coiffure bien marquée. Les bases des colonnes sont toutes pourvues de griffes bien dessinées.

Identification des vestiges

    La structure et le décor de cette fenêtre monumentale nous ont amenés à la comparer à quelques-uns des éléments remarquables de l'architecture d'une maison noble de La Réole, dite maison Seguin, visitée et décrite en 1861, par l'archéologue Léo Drouyn (1). 
    Dans l'article qu'il lui consacre, Drouyn précise qu'il s'agit d'un énorme édifice dont certaines parties ont manifestement disparues au moment de sa visite et dont il est difficile d'évaluer l'ancienne étendue. Mais il a surtout réalisé, à cette occasion, une série de gravures qui sont autant de documents très précis faisant apparaître la qualité et l'importance du décor sculpté développé en différents points de la maison.
Fig. 4: La Maison Seguin d'après une gravure de Léo Drouyn 

    Deux de ces gravures reproduisent fidèlement la fenêtre récemment mise à jour (fig. 4). Elles montrent qu'à l'origine elle était constituée sous deux grands arcs en dos de livre, ceux que nous avons découvert, de trois arcades en arc brisé retombant sur des chapiteaux à feuillage et à têtes et surmontées d'un tympan nu. Les arcades qui étaient supportées par de minces, colonnettes ont disparues lors du percement, en 1871, de la fenêtre qui existe de nos jours. Les colonnettes que nous avons retrouvées sont celles qui reçoivent les grands arcs, la gravure de Drouyn en atteste. Cette dernière indique aussi qu'il existait primitivement deux fenêtres de même type, côte à côte.

    Par ailleurs la maison Seguin est bien connue par une autre gravure de Drouyn qui montre une porte surmontée d'un arc polylobé reposant sur des colonnettes aux chapiteaux ornés de gloutons et dont les lobes abritent de belles têtes (fig. 6). 
    Cette porte a été identifiée par J. Gardelles en 1969 avec celle conservée au Stewart Gardner Museum de Boston (2).
Fig 5 _Détail de l'ébrasement d'une fenêtre
d'après une gravure de Léo Drouyn

    Il faut signaler qu'à notre époque, tous les auteurs s'accordent à dire que la maison Seguin nom d'une famille seigneuriale possessionnée au XII siècle à Rions, petite ville proche vue par Drouyn, avait été entièrement détruite à la fin du siècle dernier.
Fig 6 : Porte de la Maison Seguin
d'après une gravure de Léo Drouin
 
    Or la découverte d'une des fenêtres, identifiée avec certitude, prouve qu'au moins la partie nord de cet édifice a été partiellement préservée de la destruction. 
    D'après les gravures dont nous disposons, ces fenêtres éclairaient une vaste salle, aujourd'hui divisée par des murs, la partie méridionale avec la seconde fenêtre étant peut-être conservée dans la maison mitoyenne. Nous nous attachons actuellement à déterminer quelle était la fonction de cette grande salle dont l'ampleur et le décor font supposer qu'elle jouait un rôle en rapport avec la vie publique ou administrative. 
    C'est d'ailleurs tout le problème de la maison Seguin à propos de laquelle il n'existe aucun renseignement historique, et dont l'appartenance même à cette famille du Bordelais, n'a jamais été rigoureusement établie. Quant au riche décor que nous avons décrit et que Drouyn considérait comme celui de “l'un des plus beaux restes de l'architecture civile dans le midi de la France”, il se laisse rattacher à d'autres œuvres de la région qui témoignent de cette grande activité des sculpteurs en Bordelais à la fin du XII et au début du XIIIe siècle qu'avait déjà mise en lumière J. Gardelles (3) (Eric Gassies).

(1) Léo Drouyn, La Guienne militaire, Bordeaux, 1865, t. II, planches nº 54, 56 et 57.

(2) Cf. la publication des sculptures romanes conservées au Stewart Gardner Museum par , VIII/2, 1969, p. 50-51,

(3) Jacques Gardelles, La sculpture monumentale en Bordelais et en Bazadais à la fin du XIe et au début du XIII siècle, dans Bulletin monumental, 132/1, 1974, p. 29-48.

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