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Pierre Broustet. Fondateur de la cardiologie bordelaise

Pierre Broustet naît en 1904, à La Réole, dans une famille de médecins.
Après de solides études, son père l'oriente vers la médecine où brillant élève, il gravit tous les échelons.
    En 1930, il entre dans le laboratoire du physiologiste Victor Pachon.

    II réussit le doctorat avec une thèse portant sur la cardiographie : méthode consistant à recueillir les variations des tensions musculaires de la pointe du cœur.

    En 1937, il décroche l'agrégation de médecine générale. En 1949, il devient titulaire de la chaire de thérapeutique à la Faculté de médecine de Bordeaux et en 1956 de la chaire des maladies du cœur et des vaisseaux.. 
    Disciple du professeur Pierre Mauriac, il enseigne et applique une médecine humaniste. "Prodiguant ses soins de jour comme de nuit avec beaucoup de dévouement. Il était appelé directement par ses patients quelle que soit la pathologie. Ses compétences pour les maladies du cœur le faisaient appeler en consultation par ses confrères médecins, mais aussi pour tous les cas difficiles de pathologie générale.
    Il était un des rares à Bordeaux à posséder à son cabinet un électrocardiographe, qualifié de portatif, mais dont le poids avec les accus devait dépasser les 30 kilos. Son maniement était extrêmement délicat, et le succès de l'enregistrement n'était pas garanti, tout particulièrement au domicile du patient. Le tracé était enregistré sur film photographique qu'il fallait faire développer chez un photographe. 
    Le résultat de la consultation ne pouvait être connu qu'après examen du tracé le plus souvent le lendemain". (Dr Jean Cazeau)
    Le professeur Pierre Broustet dispose dans son cabinet d'un appareil de radioscopie, permettant d'apprécier le volume du cœur et de l'aorte d'observer l'état des poumons..
    Jusqu'aux années 1960, pour traiter les problèmes cardiaques, le médecin Broustet tient compte des maladies non encore éradiquées provoquant des anomalies des veines et des artères comme la tuberculose, la syphilis et le rhumatisme articulaire aigu.

    Après la guerre de 1939-1945, pour mieux connaître les maladies congénitales du cœur et apprendre les nouvelles techniques, il se rend aux États-Unis en compagnie du chirurgien Dubourg.
    En 1949, de retour à Bordeaux, il pratique plusieurs expériences sur des chiens, avant de réussir en juin, à la clinique Pasteur, la première intervention pour la correction d'une malformation cardiaque congénitale dite "tétralogie de Fallot ou maladie bleue.”
    En 1950, s'ouvre à Bordeaux, à l'hôpital du Tondu, un service médico-chirurgical de cardiologie avec deux chefs de service : Pierre Broustet et Georges Dubourg. Par la suite, chacun reprenant son autonomie, Pierre Broustet devient le patron de la clinique médicale cardiologique et s'entoure de collaborateurs réputés. Il envoie ses jeunes praticiens faire des stages en Amérique pour "y apprendre là-bas ce que, moi, je ne peux vous enseigner".

    Formateur de nombreux cardiologues, Pierre Broustet publie un manuel de cardiologie et un traité sur ses travaux scientifiques concernant l'hypertension, l'insuffisance cardiaque, les troubles du rythme, les coronaropathies.
    Membre, puis président de la Société française de cardiologie, ses publications servent encore de référence.
    La première greffe du cœur réalisée le 3 décembre 1967 par le chirurgien Christian Barnard au Cap, en Afrique du Sud, ne le surprend pas. Il suit de très près les avancées techniques de la science et jusqu'à la fin de sa vie, en 1974, organise conférences et colloques.
    Bien que titulaire des plus hauts diplômes, cet éminent professeur, ce médecin humaniste n'a jamais cherché à quitter Bordeaux où plusieurs membres de la famille Broustet continuent à faire la réputation de la médecine.

"Les Illustres de Bordeaux" in Les Dossiers d'Aquitaine ISBN :978-2-84622-255-6


Cahiers du Réolais n° 97


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Histoire de l’hôpital cardiologique de Bordeaux

Gallon Philippe
mardi 26 avril 2016

Les débuts de la chirurgie cardiaque à Bordeaux
Enfant bleue Sud-Ouest 4 septembre 1949

    Tout commença un matin de Juin 1949, à la clinique Pasteur de Bordeaux ; le docteur Georges Dubourg s’apprêtait à opérer Jeanine For… 15ans atteinte de la maladie de Fallot, cardiopathie cyanogène. Le chirurgien allait réaliser un shunt entre l’artère sous-clavière et l’artère pulmonaire droite ou opération de Blalock-Taussig, du nom des concepteurs -Baltimore aux Etats-Unis.
    Autour de lui, se tenaient le Pr. Pierre Broustet à l’origine de l’évènement, l’anesthésiste Roger Bahuet, le « réanimateur » Jacques Duhart, l’infirmière instrumentiste Mle Buhan, l’étudiant Jean Gazeau qui s’occupait de l’appareil ECG et sœur Hélène, religieuse de Sainte Marthe, cheftaine du bloc.
Auparavant, à 7 h du matin, tout le monde avait assisté à la messe dans la chapelle de la clinique.
    Antérieurement, ces enfants devaient être opérés soit à Paris par Charles Dubost, soit à Lyon chez Paul Santy. Les hôpitaux bordelais étaient vieillissants et leurs chirurgiens peu entreprenants, raison pour laquelle Pierre Broustet, professeur de thérapeutique, féru de cette cardiologie naissante et moderne, s’était adressé au chirurgien le plus en vue à Bordeaux, mais « privé » : Georges Dubourg.
    « Que faut-il faire ? » avait demandé Dubourg ; « c’est simple », a répondu Broustet, « vous allez à Baltimore, chez Blalock, vous former à cette intervention ».
    C’est ainsi qu’à 45 ans, ce chirurgien a laissé sa clinique et ses patients pour partir, fin 1948, aux Etats-Unis. A son retour, il s’entraina, sur des chiens dans un réduit de la faculté de médecine, à réaliser cette si difficile suture vasculaire, à points séparés, au fil de soie, « nette et sans froncement ». Le danger était l’hémorragie par la fuite de sang entre 2 points ou déchirure des parois de l’oreillette. Des Etats-Unis, il avait aussi rapporté un nouvel appareil d’anesthésie, moderne, avec manomètres de contrôle de pressions des gaz, circuit fermé et ballon de ventilation.
    L’anesthésie de cette intervention a été : cyclopropane à l’induction, éther, N2O et oxygène pour l’entretien, ventilation manuelle avec masque facial. Rien de noté sur l’analgésie, morphine sans doute. A la fin de l’opération, la jeune fille fut réveillée sur table et déclara : « je ne me rappelle plus de rien, sauf qu’en me réveillant, il me semblait que j’étais au cinéma ». Cette opération eut un grand retentissement à l’époque à Bordeaux avec les honneurs de la presse régionale.
    A cette époque, les médecins étaient préoccupés, au plan cardiaque, par les insuffisances cardiaques pour lesquelles les médicaments étaient peu efficaces comme la classique digitaline, la théobromine, diurétique à base de théophylline et la pose de sangsues sur la région hépatique…        Pour l’hypertension artérielle, au régime sans sel, on associait un vasodilatateur : la papavérine.
Les patients étaient vus, le plus souvent, au stade d’œdème aigue du poumon ou d’hémiplégie. Parmi les troubles du rythme, la fibrillation auriculaire dominait.
    Son enregistrement ECG était difficile car les appareils étaient rares. Sa réduction reposait sur les sels de quinidine, la Quinicardine, traitement bien codifié, efficace mais dangereux, car par allongement du complexe QRS, la contraction du cœur diminuait en fréquence et en puissance avec risque d’arrét cardiaque, donnant des émotions aux jeunes internes chargés de le surveiller…     L’angine de poitrine ou angor était fréquente, mais c’était une pathologie de ville, on en voyait très rarement à l’hôpital. De diagnostic surtout clinique (ECG rares, transaminases qui n’arriveront qu’en 1954 et les CPK en 1960). La trinitrine restait le traitement miracle qui supprimait instantanément la douleur mais ne traitait pas la cause. En cas d’infarctus, on prescrivait encore la Khelline, ou Khella, sorte de fenouil à action antispasmodique et vasodilatatrice et pour « soutenir » le cœur, des injections intra musculaires de camphre. Si par chance le patient pouvait étre hospitalisé « en clinique », alors un traitement anticoagulant, Héparine toutes les 6 h surveillée par le temps de coagulation, pouvait limiter l’extension de la nécrose myocardique.
    Le pronostic était rude, un patient sur trois faisant un infarctus mourrait dans l’année. Seules, les endocardites infectieuses commençaient à étre traitées avec des chances de guérison grâce au tout nouveau traitement apporté par les américains : les antibiotiques, la pénicilline.

    Au plan chirurgical, bien sur, on abordait ni dans ni autour du cœur, laissant les jeunes enfants atteints de malformations cardiaques évoluer spontanément vers le décès. C’est pourquoi, cette intervention de Blalock-Taussig eut un énorme retentissement, pour la première fois on pouvait les sauver. Au plus vite toutes les équipes s’y sont mises, occasion, comme à Bordeaux, de moderniser les pratiques médico-chirurgicales.

Pierre Broustet (1903-1974)

    Pierre Broustet, 46 ans en 1949, était de ces médecins impatients de pouvoir agir, chercher et progresser. Interne en 1924, il avait fait sa thèse dans le service du Pr. Pachon, sur l’ECG dans l’insuffisance cardiaque. Agrégé en 1937, mais professeur qu’en 1949 car, faisant parti de l’écurie du Pr. Pierre Mauriac (1882-1963), ancien doyen de la faculté de médecine, il subit, dommage collatéral, la mise à l’écart de son « patron » à la Libération.
    Passionné par la cardiologie, il fut sans doute le premier à posséder un appareil à ECG, un Boulitte modèle 1922, avec galvanomètre à cordes et impression de l’image ECG sur un film photographique qu’il fallait faire développer chez le photographe du quartier. Il s’ennuyait à l’hôpital ou le chef de service discourait plus volontiers de philosophie ou sur l’œuvre de Montaigne que sur les nouveautés médicales. Comme les médecins hospitaliers de ce temps, il recevait l’après-midi « ses » patients à son cabinet ou à la maison de santé protestante Bagatelle à Talence.
    C’était là , et non pas à l’hôpital Saint-André, qu’il avait installé son ECG et ce fut ainsi qu’il fit en 1948, par hasard, l’enregistrement en direct, d’une « grande onde coronarienne transitoire » chez un patient en pleine crise de douleur angineuse. Il fit le diagnostic de spasme coronarien et publia son observation, malheureusement dans une revue locale, ce faisant voler la vedette, 10 ans plus tard par Prinzmetal…

Georges Dubourg en 1954

    Georges Dubourg était un chirurgien du privé. Né en 1903, Interne en 1926, il n’était « que » chirurgien des hôpitaux, barré à l’agrégation par un collègue dans de sombres histoires de rivalités.     Il fut le premier à Bordeaux à réaliser l’anastomose porto-cave, la pancréatectomie ou l’œsophagectomie, c’était « Le chirurgien » de Bordeaux. Grand, sec, distingué « aristocratique », cultivé, d’un humour caustique, il était très technique quand il opérait et, avec une apparente facilité, tout ce qui apparaissait compliqué devenait simple…
    « Pas un geste inutile, pas une minute de perdue ».
    Pierre Broustet pensait qu’il fallait, à Bordeaux, un centre de cardiologie, autonome et performant comme dans les grandes villes de France. Les hôpitaux Saint-André et Pellegrin étaient saturés et les chefs de service peu enclin à faire de la place et à laisser partir ces patients cardiaques, même si on ne pouvait rien pour eux. Il se réfugia alors à l’hôpital de Tondu, proche de Pellegrin où le Pr. Portmann, nouveau doyen, « offrit », à Pierre Broustet, 12 lits de son service.
    Georges Portmann, «grand patron», personnage médiatique, sénateur de la Gironde, était le chef de la grande école bordelaise d’ORL, côtoyant et soignant les grands de ce monde.
    Bien qu’il y eu d’autres services et l’école d’infirmières, le Tondu comme on disait familièrement, était « Son » hôpital.
    Le Tondu, ancien hôpital plus ou moins prison, bâti en 1892, à l’origine pour les prostituées bordelaises, était austère, mal commode et sombre. Seule la cour jardin- centrale, style cloître avec déambulatoire, donnait un peu de lumière. Quoiqu’il en soit, ce fut en avril 1950 que Pierre Broustet y ouvrit le service de cardiologie : deux salles de six lits chacune, à gauche et à droite de cette cour centrale. A gauche, salle A pour les hommes, à droite salle B pour les femmes.
    Les enfants étaient mélangés avec les adultes. Salles communes avec des lits de chaque côté, plus une chambre à chaque extrémité pour isoler les cas graves. Enfin, il pouvait mettre en application ses deux principes de fonctionnement, l’excellence et la multidisciplinarité.
    D’abord, le service sera commun, malades médicaux et chirurgicaux mélangés. Ensuite, s’entourer des meilleurs de ses élèves et les envoyer compléter leur formation à l’étranger chez les plus grands, avec, à leur retour, chacun une spécialité dans la cardiologie dans le but d’être au maximum et d’en faire profiter toute l’équipe, au service de tous : « vous apprendrez là -bas ce que, moi, je ne peux vous enseigner ! ». Le premier fut Robert Castaing, qu’il envoya en 1949-50, un an à New York, hôpital Bellevue chez André Cournand. Il y apprit le cathétérisme cardiaque. A son retour, il installa, dans le sous-sol du Tondu, une salle de cathétérisme où par dénudation d’une veine, il montait la sonde de Cournand dans le cœur droit (le cathétérisme gauche n’existait pas encore) pendant qu’un étudiant surveillait en permanence l’ECG. Cette salle servait également de salle pour l’angiographie naissante, de salle de cours, de laboratoire pour les gaz du sang et… de chambre de garde ! De temps en temps elle était inondée par les eaux du Peugue, petite rivière qui traversait le coin avant de se jeter dans la Garonne. Alors, véritable « branles bas de combat », tout le monde était rappelé pour mettre les divers appareils au sec !
    Le second fut Pierre Blanchot parti apprendre l’électrophysiologie chez Paul Dudley White à Boston, puis chez Prinzmetal au Cedars Lebanon de Los Angeles. Le troisième fut Jean Gazeau qui passa deux ans à l’Institut de Cardiologie de Mexico chez les professeurs Chavez, Sodi-Pailleres et Cabrera.

Sud-Ouest 19 janvier 1950

    En 1949, Georges Dubourg repartit, cette fois pour Stockholm auprès de Clarence Crafoord, apprendre la très difficile chirurgie de la coarctation de l’aorte.
     Intervention qu’il fit en janvier 1950 toujours à la clinique Pasteur. Cette fois encore, il eut les honneurs de Sud-Ouest. Cette même année, il se lança aussi dans la cure des péricardites constrictives d’origine tuberculeuse. Codifiées depuis 1947 par Paul Santy (Lyon) et Louis Barraya (Nice). Opérations très compliquées par un double risque mal maitrisé à l’époque, celui de l’anesthésie avec la défaillance cardiaque par mauvaise compliance du muscle cardiaque et bas débit et le risque redoutable aussi, pour le chirurgien, d’hémorragie par déchirure des parois du cœur sur les adhérences tuberculeuses fortes et serrées.
    Heureusement, Roger Bahuet et Jacques Duhart connaissaient bien la notion de remplissage vasculaire et l’urgence à compenser les pertes sanguines. Duhart, interne en 1936, était un véritable réanimateur avant la lettre, sans doute le premier à Bordeaux. Célibataire, il habitait dans la clinique et surveillait ses malades nuit et jour, même les dimanches… dont il passait la journée invité chez ses collègues, finissant par faire partie de la famille !

    Georges Dubourg commença à opérer au Tondu. Salle « prêtée » d’abord un jour par semaine, le vendredi matin, puis le programme augmentant, un 2ème jour, le mardi. Il se faisait apporter de la clinique tout le matériel nécessaire ainsi que le linge (sarraus, pantalons de bloc, bottes, mitaines qu’il portait sous ses gants car il était allergique au latex). Son instrumentiste de la clinique, Mlle Buhan, venait spécialement pour l’aider au bloc et s’occuper du matériel. Plus tard, en 1954, il fit la première commissurotomie mitrale à Bordeaux. Enfin on « entrait » dans le cœur. Il publie en 1956, trois cas sur ses 40 interventions, dont un avec un décès, de déchirures per opératoire de la paroi de l’oreillette, complication redoutable car la pression du sang et le flot hémorragique continuaient à déchirer l’oreillette comme du papier mouillé.

    A partir de 1957, il commença les premières cures de l’atrésie tricuspidienne, sous hypothermie. Il s’agissait, comme pour la commissurotomie mitrale, d’aller au doigt, écraser et ouvrir la valve tricuspide.
    Le patient, intubé et ventilé au ballon d’anesthésie, était refroidi par un bain prolongé d’une demi-heure dans une baignoire d’eau glacée ; sa température descendait à 33-32°, qui avec l’inertie atteignait 31-30°. Puis, il était sorti rapidement de la baignoire, séché, et installé sur la table d’opération. L’incision était bilatérale dans les 4ème espaces intercostaux plus sternotomie médiane. Puis, clampage des 2 caves, arrêt circulatoire à cœur battant, ouverture sur bourse de l’artère pulmonaire, introduction du doigt ou du bistouri, dite "al volapié*", et ouvrir les valves tricuspides. Le tout ne devant pas durer plus de 5, maximum 7 min sous peine de troubles ischémiques et neurologiques. Egalement, quelques cures de fermeture de CIA furent faites selon cette technique. compliquée à mettre en œuvre, demandant beaucoup de personnel spécialisé. Grevée de complications et de mortalité post opératoire trop importantes, cette technique fut, à Bordeaux, vite abandonnée au profit de la machine cœur-poumons ou CEC circulation extra-corporelle qui arrivait à point nommé.

    Ce fut en 1955 que Charles Dubost, à la clinique Marie Lannelongue, rue de Tolbiac à Paris, fit la première opération dite à « cœur ouvert ». La pompe était le modèle Lillehei-De Wall avec oxygénateur à bulles. En 1957, il exposait à Bordeaux ses 24 premières interventions.
    Dès lors, l’équipe bordelaise, renforcée d’Henri Bricaud et de Francis Fontan, commença à s’entrainer, toujours sur des chiens, dans les sous-sols du Tondu, à cette nouvelle technique. 
Henri Bricaud, aidé d’un technicien en électricité, monsieur Daney, s’entraina spécialement à la machine cœur-poumon. 
Là, c’était le modèle dit de Senning avec oxygénateur à disques positionné en hauteur, obligeant le sang à remonter dans le bocal en s’oxygénant au contact des disques sur la surface desquels arrivait l’oxygène. Francis Fontan, chef de clinique, aidait Georges Dubourg. Leur « première » eut lieu au printemps 1958, pour la fermeture d’une CIA. Henri Bricaud en salle d’opération « aux manettes » de la CEC.
Henri Bricaud (1925-2010),

    Henri Bricaud (1925-2010), interne en 1948, chef de clinique du Pr. Broustet,et fut agrégé en 1958. Il apprit auprès de Robert Castaing le cathétérisme cardiaque, utilisant, à une époque, même la voie trans thoracique, directement dans le VG –ventricule gauche ! On dit que pendant que le docteur Martin radiologue injectait dans une veine du bras le produit opaque pour l’angiographie, Henri Bricaud dénudait la veine de l’autre bras pour le cathétérisme ! Rapidement, il s’est imposé comme le second du Pr. Broustet, voyant tout, supervisant tout, organisant tout.
    Décontracté, il avait l’habitude d’entrer dans son bureau par la fenêtre, heureusement situé au rez-de-chaussée… Stagiaire aussi à l’Institut d’Hygiène, il devint en 1954, chargé de recherche au CNRS avant de créer en 1964, l’unité 8 cardio-vasculaire de l’INSERM dont il sera longtemps le directeur. Plus tard, il sera le dernier doyen de la faculté avant de fonder en 1970 et de présider l’Université Bordeaux II, associant aux disciplines médicales les sciences sociales et même l’œnologie ! Il succéda au Pr. Broustet à la chaire des maladies cardiaques.

    Comme tous les internes de ce moment, Francis Fontan était entré, en 1952, dans le service de Georges Dubourg, pour apprendre la chirurgie générale. Il l’apprendra à ses côtés à la clinique Pasteur, mais surtout au Tondu. Il se formera et s’enthousiasmera à cette nouvelle et moderne chirurgie du cœur. En 1957, il sera chef de clinique du Pr. Broustet car Dubourg, rappelons le, n’était pas encore professeur et, par conséquent, ne pouvait avoir de chef de clinique. Il le deviendra l’année suivante, mais gardera, de cette année une formation de cardiologie médicale, une grande expertise.
    En 1959, le Pr. Broustet lui confie l’autopsie d’un jeune enfant atteint d’une atrésie tricuspidienne décédé dans le service. Ce fut à partir de cet évènement qu’il se mit à étudier quelle technique chirurgicale, supprimerait définitivement cette malformation, … La solution : « restaurer la petite circulation avec suppression du mélange des sangs droit et gauche. La Veine cave supérieure se drainant vers l’artère pulmonaire droite, la veine cave inférieure vers l’artère pulmonaire gauche, mise en place de 2 homogreffes valvulaires pour empêcher le sang de refluer et fermeture de la CIA ».
    Après des années de recherches, de tâtonnements et de chirurgie expérimentale, l’occasion se présenta en avril 1968. Pierre Broustet lui présenta le cas d’une fillette atteinte de cette pathologie et lui demanda s’il pouvait l’opérer. Fontan lui répondit : « Monsieur, je me prépare depuis longtemps, mais sur le plan de l’expérimentation, c’est un échec, aucun chien n’a survécu ». 
Le Pr. Broustet lui dit alors : « bien, je vous fait confiance ». L’opération eut lieu le 25 avril 1968. Ce fut un succès complet. En 1970, il en fit deux autres et publia ses observations dans la revue « Thora». Connue sous le nom « d’opération de Fontan », elle eut un grand retentissement dans le monde de la chirurgie cardiaque.
F. Fontan P. Broustet Le Tondu 1971

    Comme son collègue Bricaud pour la cardiologie médicale, Francis Fontan prendra petit à petit l’autorité sur le service de chirurgie, d’autant que Georges Dubourg, toujours bi appartenant, passait beaucoup de temps pour sa clientèle privée de chirurgie générale dans sa clinique. 
    Il finit par le remplacer en 1968. Il fut, également, à l’origine et le concepteur de l’hôpital cardiologique du Haut Lévêque, ouvert en 1978. Chirurgien hors pair, innovant, exigent, sévère, mais créateur d’une grande école de chirurgie cardiaque recevant des étudiants et stagiaires du monde entier, monsieur Fontan laissera une empreinte exceptionnelle dans le milieu médical et cardiologique bordelais, national et international, faisant quelque peu « oublier » son patron, le fondateur de cette discipline, Georges Dubourg.
    Officier de la Légion d’Honneur en 1954, Georges Dubourg fut nommé, en 1958, professeur avec chaire de chirurgie des maladies cardiaques, crée spécialement pour lui et ce, malgré qu’il ne fut pas agrégé. Il fut élu à l’Académie de médecine en 1969. Il décéda en 1981.
    Quant au Pr. Broustet, il ne prit jamais tout à fait sa retraite et continua à conseiller, à mettre sa notoriété au service de tous. Ce fut, en 1974, en regardant un France Angleterre de rugby, qu’il mourut d’une crise cardiaque, maladie qu’il avait combattu toute sa vie.

Sources :
1. Journal de médecine de Bordeaux
2. Archives des maladies du cœur et des vaisseaux
3. Entretiens et interviews de nombreux témoins de cette époque dont
le professeur Fontan le 29 janvier 2013
le professeur Jean-Paul Broustet le 20 janvier 2014

* "Al volapié" est un terme tauromachique : au moment de la mise à mort, le torero debout droit et genoux serrés, porte l’estocade avec l’épée, bien droite dans la nuque du taureau.

Sommaire-tous-les-articles Histoire de Ponts I -  Le Pont de Saint Denis de Pile II - Fin de vie en 2024 III - Le Pont du Rouergue IV - Le p...


Histoire de Ponts

I -  Le Pont de Saint Denis de Pile
II - Fin de vie en 2024
III - Le Pont du Rouergue
IV - Le pont de bateaux à La Réole
V - L'accès au pont du Rouergue
VI - L'avenir du pont du Rouergue
VII - Historique du Pont du Rouergue

I - Le pont de St Denis de Pile a été construit en 1931
 par Gaston Leinekugel Le Cocq en 1931, s'effondra lors des essais de mise en charge, faisant une vingtaine de victimes, l’un des lourds camions utilisés ayant causé l’arrachement ses tiges de suspension d’un tablier trop élargi par rapport aux culées d’origine. Gaston Leinekugel le Cocq fut une nouvelle fois blessé,  mais son fils, Jehan,  âgé de 25 ans, alors directeur de l’usine de Larche y laissa la vie…
    Le pont fut reconstruit en 1941.
Il s'agit du pont de Saint Denis de Pile

Une photographie du pont écroulé, prise le 3 juin 1931, le jour même de la catastrophe.
© Crédit photo : Archives Sud Ouest

    Tragique accident ce 3 juin 1931 à Saint-Denis-de-Pile, petite ville de Gironde. Au moment des essais officiels de ce nouveau moyen de franchissement de l’Isle, ce sont plus d’une dizaine de camions de gravier qui testent la résistance du nouvel ouvrage, remplaçant l’ancien pont qui était en bois. Malheureusement, sous le poids de la charge, le pont ne tient pas le choc et s’écroule dans la rivière, un affluent de la Dordogne. De nombreuses victimes et de blessés sont à déplorer.

II - Fin de vie en 2024
    Les premiers résultats ont conduit à la fermeture du pont de Saint Denis de Pile à toute circulation, y compris piétonne dès le 16 février 2024.
Les analyses ont depuis démontré une évolution plus rapide que prévu des pathologies du pont et concluent que son état nécessite sa fermeture définitive pour la sécurité de tous.
Dans cette optique, et afin d’assurer la sécurité des usagers, Étienne GUYOT, préfet de la région Nouvelle Aquitaine, préfet de la Gironde, a pris un arrêté d’interdiction de stationnement, de circulation et de toute activité nautique sous le pont suspendu de Saint-Denis-De-Pile.
Peu de participation pour la consultation (terminée depuis le 18/07/2025) !!
Pas de reconstruction en pont suspendu.

III - Le Pont du Rouergue
    Le nouveau pont a été construit en 1934 et inauguré le 21 mars 1935 (sans test de charge suite à l'accident de 1931 à Saint Denis de Pile).
1934 - Construction du Pont :Casquette blanche à gaucheJean Poitevin grand père de Bernard Sanderre

IV - Le pont de bateaux
    En 1938 un câble ayant rompu le pont a été fermé plusieurs mois et remplacé par un pont de bateaux installé par le Génie puis en 1940 par une navette fluviale lorsque l'armée a récupéré son matériel pour aller défendre les frontières. (le 29 décembre 1939)

Témoignage vidéo de Daudi Aubagnan




Un bus sur le pont de bateaux
(photo transmise par Michel Dader)

Michel Dader a aussi trouvé sur Rétro News des articles traitant du pont du Rouergue : ici
Voici cet article de "La France de Bordeaux" transcodé :

Le lancement d'un pont de bateaux à La Réole
    Pour joindre les deux rives de la Garonne, momentanément séparées par l'accident survenu au pont métallique, les militaires, en cinq heures, ont réalisé une liaison nouvelle 
(DE NOTRE ENVOYE SPECIAL)
    On sait que, le 28 mai dernier, un culot de retenue des câbles de soutènement du pont suspendu de La Réole ayant cédé, la circulation des véhicules fut suspendue, les piétons seuls gardant le droit de passage.
    Huit jours plus tard, un autre culot s'ouvrait à son tour, provoquant le fléchissement d'un second câble  et, dès lors, l'accès du pont fut interdit à tous, piétons, automobilistes, charretiers, la traversée en barque restant le seul moyen de liaison entre l'Entre-Deux Mers réolais et le Bazadais.
    Emu de cette situation, extrêmement pénible pour les populations, tant réolaises que bazadaises, M. le député de La Réole, René Thorp, fit tant et tant avec obstination et volonté, qu'il parvint à obtenir la réalisation d'une liaison provisoire des deux rives par un pont de bateaux.
C'est ce pont-là qui a été jeté dimanche, en cinq heures, par le génie militaire, avec une activité, une célérité, une réussite complètes.
Grâces en soient rendues au dévoué député de La Réole qui, en la circonstance, a bien mérité de ses commettants.

L'installation du pont de bateaux
C'est un détachement de 196 hommes du 6e génie d'Angers qui a mené à bien l'établissement du pont.
Le matériel nécessaire à l'entreprise était arrivé dans la semaine par voie ferrée.
Samedi 15 juillet, à 10 heures, 61 hommes, dont 1 officier, 9 sous-officiers et 51 soldats, arrivaient à leur tour.
    Le même jour, à 15 heures, un nouveau contingent de 4 officiers et 135 hommes, sous-officiers et soldats, se trouvaient à pied d'œuvre, à côté de leurs camarades.
    Dès samedi soir, les têtes de pont, rive droite et rive gauche, étaient solidement ancrées. Dimanche matin, dès le jour, les sapeurs du 6° génie se mettaient à l'ouvrage et, avec une déconcertante rapidité, les bateaux s'alignaient, les poutres de soutènement se jointaient, le plancher s'allongeait,
Les hommes en bourgeron* blanc, munis du plastron de kapok dit de sauvetage, s'affairèrent cinq heures durant sous la conduite immédiate du sous-lieutenant Trièze, cheville ouvrière de tout ce jeune monde en travail, en bel et bon travail,
    Les embarcations, glissant sur le fleuve, se plaçaient si vite, si vite, qu'on en perdait le compte; le tablier de fers à U s'échafaudait sur les barques; le plancher recouvrait les fers a U.
    Vers midi, l'ouvrage était presque à point.
Les coups de marteau ou de maillet assuraient la finition des jointures; les ancrages des barques se faisaient définitifs : 160 mètres de pont flottant étaient hardiment réalisés.
Travail prestigieux, accompli avec une sûreté méthodique qui remplit d'étonnement et d'aise les quelques quatre ou cinq mille curieux accourus, tant au bord de la digue rive droite que sur les terrains de rive gauche.
    Et comme une expérience aussi instructive ne saurait assez être exploitée, M. le colonel du 6° génie, tandis que les bateaux s'ajoutaient aux bateaux, fit une conférence érudite à de nombreux officiers de réserves convoqués à cet effet.
*Courte blouse de toile que portent les ouvriers, les soldats, pour certains travaux.

La parade
    A 1 heure de l'après-midi, la jonction était réalisée. Au coup de sifflet des chefs, les pontonniers s'étant placés à la pointe des embarcations, levèrent leurs avirons droit vers le ciel; et bordés à bâbord et à tribord par ce garde à vous spécial, M. le colonel chef d'état major de la région; M. le colonel commandant le 6° génie ; M. le commandant Froissard, du génie de Bordeaux; M. le député René Thorp; M. Grillon, maire de La Réole, et ses adjoints, MM. Trey et Laporterie ; MM. Valentin Maurin, conseiller général de Pujols-sur Dordogne, et Cyprien Lacoste, maire et conseiller général de Saint-Symphorien; M. l'ingénieur en chef du service vicinal Ballan ; M. Ingénieur Godichon, de La Réole; M. Vion, sous-préfet suivis de nombreuses notabilités locales, effectuaient, aller et retour, le premier passage.
    Après quoi, les chefs s'étant placés sur la promenade du Port, les sapeurs, soudain transformés, impeccables sous leur capote bleue, rapidement échangée contre les treillis de travail, jambières aux mollets, marchant alignés comme à la parade, défilèrent, fiers et dégagés, pour rejoindre leur réfectoire où un repas confortable, arrosé de bons vins vieux offerts par l'édilité réolaise.

Un repas cordial
A l'hôtel Terminus, les officiers et officiels se retrouvèrent en un repas cordial, mais animé et de choix.
Les officiers de réserve avaient leur table ; aussi les sous-officiers du 6e génie.
Aux personnalités déjà citées, s'étaient jointes des notabilités locales ou régionales, parmi lesquelles M. Carrier, président du Syndicat des automobiles de place et de garage de la ville de Bordeaux; M. Monnusseins; les conseillers municipaux de La Réole, etc., etc.
Dîner soigné, vins excellents, ambiance parfaite.
Au dessert, M. le député René Thorp exprima avec chaleur sa reconnaissance au 6° génie, à son colonel éminent, à ses officiers, à ses sapeurs experts, et se félicita du moyen de communication, si nécessaire, entre les deux rives garonnaises heureusement et brillamment réalisé.
M. le colonel du 6° génie, en une allocution remarquable, marquée au coin de l'érudition la plus éclectique, répondit au député et rendit hommage à ses sapeurs, fiers de leur arme et de leur science, l'une et l'autre vouées au profit des autres armes, selon le mot du président Daladier. Il termina par un hommage délicat à la terre girondine, par un toast à la France, vigilante et sûre de sa force.
M. Grillon, maire de La Réole, en quelques paroles amicales, remercia M. le député Thorp de son action efficace pour la réalisation du pont de bateaux de La Réole, et eut des mots fort aimables pour le 6e génie, ses sapeurs et son chef éminent.
Pour finir
    C'est sur ces aimables paroles que se termina une journée importante pour la région réolaise puisqu'elle a pratiquement supprimé son demi isolement avec le Bazadais.
Le pont de bateau réalise, en effet, la jonction de La Réole, par Fontet, avec Aillas, Grignols et Bazas.
Ajoutons que la journée se déroula sous le signe du variable: les averses succédant au soleil, celui-ci cédant aux averses. Il paraît, au dire des augures, que c'est promesse de succès dans les entreprises.
Celle d'aujourd'hui a été conclue pour une durée de trois mois, et pour un passage de véhicules jusqu'à 11 tonnes de poids total.
    D'ici là, le pont métallique doit être réparé, ce qui est possible, non pas certain. Mais comme 35 sapeurs du 6e vont rester à La Réole, pour veiller aux grains et aux barques, envisageons les jours qui viennent avec confiance !
Dans l'après-midi, le nombre de piétons qui traversa le nouveau pont, fut considérable.
On a beau faire le malin, une plateforme au ras de l'eau, bien que ce ne soit point dangereux, ça fait tout de même quelque chose, au moins les premiers jours.
Max G.-L.


V - L'accès au pont du Rouergue
Texte ci dessous

    Déjà interdit aux véhicules, l'ouvrage vital pour la commune mais fragilisé ne sera bientôt plus accessible du tout. La municipalité est vent debout contre la décision du Département
Jérôme Jamet       jamet@sudouest.fr

    Le pont du Rouergue, qui re lie les deux rives de la Garonne à La Réole, en Gironde, va être totalement fermé à la circulation. Déjà interdit aux véhicules depuis août 2021 par mesure de sécurité, l'emblématique ouvrage suspendu ne pourra plus être emprunté non plus par les cyclos et les piétons, coupant la ville en deux.
    Selon le maire de La Réole, Bruno Marty, la fermeture est imminente. Cette mesure provisoire sera prise par le Département de la Gironde qui a averti le maire mercredi. Le soir même, le conseil municipal a voté à l'unanimité une motion contre cette décision unilatérale Sollicité par Sud Ouest, le Département, propriétaire du pont, n'a pas expliqué la situation pour le moment. Mais selon Bruno Marty, le pont sera fermé dès que les températures passeront en dessous des 5 degrés. Le froid entraînerait des risques structurels pouvant remettre en cause la solidité de l'édifice de métal. Or de telles températures sont attendues sur le Réolais à partir de mercredi prochain.
    Le pont sera dès lors fermé pour une durée indéterminée, m'a annoncé hier le Département, rapporte Bruno Marty. Cela pourrait durer jusqu'aux mois de mai ou juin. C'est une douche froide alors que le Département s'était engagé à réaliser des travaux importants de rénovation pour rouvrir le pont à la circulation des véhicules sur une voie. Aujourd'hui, il n'y a plus de travaux annoncés, tempête le maire.

Mesure radicale
    En décembre dernier, 20 suspentes métalliques sur les 194 qui relient les câbles porteurs au tablier avaient été remplacées. Les anciens câbles et d'autres éléments ont été confiés au Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), qui devait les expertiser afin de connaitre la réalité de l'état de l'ouvrage
    Il semble que les conclusions de l'étude du Cerema ont conduit le Département à prendre cette mesure radicale de sécurité. Mais Bruno Marty reproche au Département de ne pas avoir été informé des résultats de cette étude, connus, selon lui, depuis plusieurs mois. Cela devait être fait en transparence avec nous. Mais j'ai été informé au dernier moment. Nous aurions dû être associés à cette décision grave qui va fracturer la ville en deux.
    Cordon vital entre les deux rives du fleuve, le pont permet de relier le centre-ville au quartier du Rouergue, sur la rive gauche. Les habitants qui l'utilisent quotidiennement à pied ou en cyclo devront faire une boucle de 5 km en voiture pour se rendre dans le centre-ville, via le pont de la D9 qui traverse la Garonne en amont.
    Inauguré en 1935, le pont du Rouergue est en mauvais état, fragilisé par la corrosion. Il est depuis plusieurs années surveillé de près par les services du Département, propriétaire de l'ouvrage.
    De premières études avaient été engagées après l'effondrement en 2019 d'un ouvrage similaire à Mirepoix-sur Tarn (31) qui avait causé la mort de deux personnes. Elles ont conduit depuis l'été 2021 à interdire la circulation de tous les véhicules.
    Sur les réseaux sociaux, où le maire a alerté ses concitoyens, de nombreux habitants s’inquiètent déjà des conséquences pour rejoindre les établissements scolaires, la gare, les administrations, les commerces, le marché... Si le pont ferme aux piétons, je fais comment pour amener mes enfants à l'école ? Je n'ai pas de permis, témoigne une habitante du Rouergue.
Sud Ouest

VI - L'avenir du pont du Rouergue
Le département de la Gironde, propriétaire et gestionnaire du pont, a pris l’engagement de conserver le franchissement de la Garonne à La Réole.
Le pont du Rouergue, quelle que soit la solution adoptée, ne sera cependant pas rouvert aux circulations des véhicules de plus de 3,5 tonnes, en raison des surcoûts que cela engendrerait. Ce serait également incompatible avec la possibilité de transit des axes routiers alentour.


120 participants, pour la consultation publique sur l'avenir du port du Rouergue, mieux qu'à Saint Denis de Pile (seulement 10) mais pas de quoi être fier !!!


VII - Historique du Pont du Rouergue

Le pont du Rouergue   
L'histoire des ponts du Rouergue


Sommaire-tous-les-articles I -   Origine de la Garde Nationale II - Quelle organisation en Gironde III - La Garde Nationale à La Réole en 18...


I -  Origine de la Garde Nationale
II - Quelle organisation en Gironde
III - La Garde Nationale à La Réole en 1870
IV - Fin de la Garde Nationale
V -  Reconstitution de la Garde Nationale en 2016
VI - Napoléon, La Réole, la Garde Nationale 
VII - Autre témoignage sur la Garde Nationale

 La tribune de l'histoire 2016-26'  Podcast : La Garde Nationale -26'

I - Origine de la Garde Nationale
    La Garde Nationale, fondée le 13 décembre 1636 dans le Massachusetts, est la plus ancienne composante des forces armées des États-Unis et l'une des institutions les plus durables du pays.
    La Garde Nationale est historiquement l'ensemble des milices de citoyens formés dans chaque commune au moment de la Révolution Française, à l’instar de la Garde Nationale créée à Paris en 1789 et placée sous le commandement de La Fayette. 
Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération 14 Juillet 1790
 
    Inscrite dans la constitution en 1799, ses officiers sont alors élus par la population et ne peuvent effectuer deux mandats successifs, confirmant son statut de force de sécurité nationale et démocratique.     Son rôle était d'assurer le maintien de l'ordre dans chaque commune en temps de paix mais également la défense militaire du pays en temps de guerre en complément de l'armée régulière. 
    Elle a existé sous tous les régimes politiques de la France jusqu'à sa dissolution en juillet 1871 au  lendemain des insurrections communalistes qu'elle a soutenues et de la répression de la Commune de Paris.
Thèse de Mr Richard Balestrat 

JOURNAL OFFICIEL
DES LOIS SUR LA GARDE NATIONALE 

Art. 1. La Garde Nationale est instituée pour défendre la royauté constitutionnelle, la Charte et les droits qu'elle a consacrés, pour maintenir l'obéissance aux lois, conserver ou rétablir l'ordre et la paix publique, seconder l’armée de ligne dans la défense des frontières et des côtes, assurer l'indépendance de la France et l'intégrité de son territoire.
Toute délibération prise par la Garde Nationale sur les affaires de l'Etat, du département et de la commune, est une atteinte à la liberté publique et un délit contre la chose publique et la constitution.
Art. 2. La Garde Nationale est composée de tous les Français, sauf les exceptions ci-après.
Art. 3. Le service de la Garde Nationale consiste:
1º En service ordinaire dans l'intérieur de la commune;
2º En service de détachement hors du territoire de la commune;
3º En service de corps détachés pour seconder l'armée de ligne dans les limites fixées par l'art 1.
4. Les Gardes Nationales seront organisées dans tout le royaume; elles le seront par communes.
Les compagnies communales d'un canton seront formées en bataillons cantonaux lorsqu'une ordonnance du Roi l'aura prescrit.
5. Cette organisation sera permanente; toutefois, le Roi pourra suspendre ou dissoudre la Garde Nationale en des lieux déterminés.
    Dans ces deux cas, la Garde Nationale sera remise en activité ou réorganisée dans l'année qui s'écoulera, à compter du jour de la suspension ou de la dissolution, s'il n'est pas intervenu une loi qui prolonge ce délai.
    Dans le cas où la Garde Nationale résisterait aux réquisitions légales des autorités, ou bien s'immisçait dans les actes des autorités municipales, administratives ou judiciaires, le préfet pourra provisoirement la suspendre.
    Cette suspension n'aura d'effet que pendant deux mois, si pendant cet espace de temps elle n'est pas maintenue, ou si la dissolution n'est pas prononcée par le Roi.

INTRODUCTION
    La Garde Nationale intégrante de la force publique, comme telle, a participé à tous les événements importants qui secouent le pays de la révolution en 1789 à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Pourtant elle reste fort méconnue !
    Les racines lointaines de cette institution plongent dans le moyen-âge. C'est entre le XI et le XIIIe siècle qu'apparaissent en France les milices urbaines ou communales. Elles assurent la sécurité des cités et apportent au Roi les ressources du ban et de l'arrière-ban. Elles perdurent durant tout l'ancien régime.     Elles sont alors levées pour assurer le complément des troupes royales. A la veille de la révolution ces gardes bourgeoises ne sont bien souvent plus que des corps d'apparat.
    Mais l'institution est essentiellement révolutionnaire. Elle naît de par la volonté de la nouvelle assemblée, qui pour s' assurer une force de maintien de l'ordre qui lui soit dévouée, arrête la création d'une Garde Nationale le 13 juillet 1789.
    Il s'agit de créer des bataillons de marche ou bien de constituer une réserve d'un bataillon par district.

II - Quelle organisation en Gironde
    La réorganisation de la Garde Nationale en Gironde est particulièrement compliquée, sujette aux aléas de la politique nationale et internationale, étalée de 1814 à 1818.
    De la première Restauration à la fin des cents jours, il faut préciser dès le départ que la Garde Nationale existait avant la première restauration, le département avait une Garde Nationale sédentaire qui avait été en partie sollicitée lors les levées en masse de 1813-1814.
    Ainsi chaque bourg et village du département possédait une Garde Nationale essentiellement à vocation militaire. Une enquête de 1816-1817 montre bien qu'à cette époque la Garde Nationale est présente dans tous les arrondissements et quasiment dans toutes les communes. Voici tiré de cette enquête un tableau récapitulatif.
Arrondissement
Nombre de communes ayant une Garde Nationale
Bordeaux 142
Libourne 129
Blaye 46
Bazas 49
La Réole 95
Lesparre 30
Total 491
490 communes sur près de 550 ont une Garde Nationale en 1816 soit près de 90% des communes du département.
    Cette réorganisation est une volonté gouvernementale. C'est un des premiers actes du gouvernement provisoire de Mgr De Talleyrand. Le 5 avril 1814 il ordonne, par une circulaire, la formation dans chaque ville, bourg  et village d'une Garde Nationale sédentaire mise sous les ordres de l'autorité municipale. Un des premiers principes est posé, il s'agit d'une Garde Nationale sédentaire.
    Il est réaffirmé dans l'ordonnance royale du 16 juillet 1814 qui régit la réorganisation des Gardes Nationales du Royaume. Dès son premier article, la Garde Nationale y est définie comme étant sédentaire et divisée en gardes urbaines et rurales.

Une enquête de l'administration datant vraisemblablement de la fin 1816 ou du début 1817 montre les effectifs  : 
Arrondissement./ officiers /S-officiers-Gardes // Population
Bordeaux.             739.            /16747                 // 199250
Bazas                    116              / 3145                   // 38837
Blaye                    96               / 2774                      // 51705
Lesparre                92              / 1532                      // 33172
Libourne.              409            / 11453                    // 103397
La Réole.              123             / 2732                      // 51302
Total.                     1575           / 38383                   // 477663

    Les Gardes Nationaux sont donc au nombre de 38 383. Avec les officiers ce sont 39 958 Gardes Nationaux. Ils représentent près de 8,5% de la population estimée de la Gironde
    Mais surtout d'après cette même étude, ce total représente près de la moitié des hommes de 20 à 60 ans qui payent une contribution. Le Préfet souligne dans le rapport précédemment cité que c'est inacceptable. Aussi présente il un contre-projet en collaboration avec le général Loverdo.
    Ce contre-projet propose une organisation qui numériquement est chiffrée à 8752 nationaux et officiers de toutes les armes répartis entre les six arrondissements du département.
La Réole 240 /Noaillac 50 /Hure 40/ Saint Macaire 50 /Caudrot 50/ Saint Ferme 50 /Pellegrue 50 /Sauveterre 50 /Blasimon 50
    Les Gardes Nationaux sont de moins en moins nombreux à accomplir leur devoir.
En 1824, les services ordinaires des villes sont en grande difficulté. Tout service cesse dans les campagnes après cette date et Bordeaux cesse ces activités en 1827.

Une Garde Nationale matériellement délaissée :
    Le pouvoir se méfie et il n'aide pas la Garde Nationale. Il faut rappeler que l'armement, l'équipement du personnel est à la charge des membres. Faire partie de la Garde Nationale est un devoir onéreux. Tous ne peuvent pas se payer les équipements complets.
    Seuls 18% des Gardes Nationaux sont équipés et encore sont-ils répartis sur les centaines de communes qui bien souvent ne comptent que quelques membres habillés. Les gardes nationales entièrement habillées à 100% sont très rares. Seule St Estèphe a ces 120 Gardes Nationaux habillés.
Les grandes villes ont des Gardes Nationales incomplètement habillées et équipées mais c'est elles qui obtiennent les meilleurs résultats.
    Bordeaux est équipée et habillée à près de 80%, Libourne à près de 68%, La Réole à 84% dépassé par Caudrot 95% (77 sur 81). Blaye et Bazas réalisent un mauvais score. Les Gardes Nationales de Blaye et Bazas ne sont habillées qu'à 20%. Pour ce dernier arrondissement, Langon dépasse de loin Bazas puisque sa Garde Nationale est habillée et équipée a plus de 90%.
    Ces quelques chiffres montrent assez bien que les seuls citoyens ne peuvent s'armer et s'équiper totalement. L'Etat doit intervenir. Méfiant vis-à-vis de l'institution, il est préférable pour lui de savoir qui est armé et ainsi réguler un armement qui pourrait devenir sauvage et dangereux.
    475 communes ayant organisées une Garde Nationale représentent près de 83% des communes du département. Toutes ces communes ont fait leur demande durant la période d'août et de septembre mais il existe certains retardataires. Comme l'arrondissement de La Réole qui ne rend ces demandes que le 23 novembre 1830, l'arrondissement de Lesparre qui envoi une première demande de 14 communes au 28 octobre complété par un envoi ultérieur de 7 communes. Globalement l'on peut dire que le département à la fin septembre pratiquement couvert par la nouvelle Garde Nationale Mais certains arrondissements sont plus motivés que d'autres. Les demandes sont moins fortes pour les arrondissements de Lesparre et Bazas. Il n'en reste pas moins que globalement la Garde Nationale est présente dans pratiquement tout le département.
    Cela fait un total de 58 317 Gardes Nationaux. Un chiffre important qui est à rapprocher des 39 000 hommes de la Garde Nationale au début de la Restauration mais aussi de l'estimation du préfet de Napoléon Premier lors des Cent Jours. Ce nombre est supérieur aux deux estimations. Il s'agit donc d'une large ouverture des rangs de l'institution. Pourquoi un nombre si élevé ? S'agit-il d'un simple jeu d'écriture des maires ou bien d'un réel engouement ?

    Ces chiffres montrent nettement que l'on a les hommes mais pas l'armement. Bien souvent ces armes sont concentrées dans quelques villes importantes. Bordeaux, Libourne (550 de fusils), Castillon (120), Saint Foy (125 fusils), La Réole (100), Lesparre (25 fusils), Pauillac (42 fusils), Blaye (320 fusils), Bazas (104 fusils). A ces armes légères il faut ajouter des armes lourdes comme les pièces d'artillerie. Bordeaux possède dès le mois d'août 2 pièces de campagne de calibre 6 ainsi que 2 obusiers de même calibre. Libourne est la seule autre ville à avoir des pièces d'artillerie : 2 pièces de 8 de campagne. Encore faut-il que les armes dont on vient de dresser le tableau soient en état de fonctionnement. 

    L'on peut avoir des doutes sérieux ; par exemple les armes de Bazas sont pratiquement toutes hors de service et il en va surement de même pour les autres armes. Si l'artillerie bordelaise fournie par les militaires de la place est en état bien que fort vieille, l'artillerie libournaise est complètement hors d'état. Les canons, changés en 1831, ont un défaut et auraient éclaté si on avait utilisé une charge de guerre.

    Finalement le département n'a reçu qu'un peu moins de 18 000 fusils de toutes sortes.
L'Etat a satisfait moins de 45% de la demande. Depuis le 31 août une circulaire demande de n'armer qu'un vingtième de la population, de fait cette circulaire est à peu près respectée en Gironde
    Les dernières livraisons sont du 23 juillet 1832. Pour l'armement lourd, l'Etat est encore plus circonspect. Ce n'est qu'en janvier 1832 que l'artillerie bordelaise se voit dotée de ces 12 pièces de 6 de campagne. Libourne échange ces deux pièces de 8 inservables contre deux pièces de 4 de campagne et d'un caisson, la dotation reçu est la même pour Pauillac. Blaye n'est pas dotée de pièces, cette compagnie doit se servir de celles de la forteresse en cas de guerre. La Gironde est dotée par l'Etat de 16 pièces d'artillerie. En novembre 1831 le gouvernement en avait distribué 600.
    Les partisans du gouvernement sont majoritaires. Ils commandent 23 compagnies de la ville. 
La compagnie des voltigeurs du bataillon de la légion sud de la ville centrée sur le quartier du Hâ est particulièrement visée. Elle est dite composée de juifs et de gens du barreau et est proposée à la dissolution. Ce qui ne sera apparemment pas fait.
    Les rapports des sous-préfets lors des élections signalent tout de suite les anomalies. 
Ainsi l'on sait par le rapport du sous-préfet de La Réole que la Garde Nationale de la ville de la Réole est commandée par un républicain. Le sous-préfet de Libourne note que les Gardes Nationales de son arrondissement ne sont pas animées de mauvais esprits. Les compositions n'alertent pas les sous-préfets en 1843. Les élections de 1846 n'amènent pas de transformations notables, seule la Garde Nationale de la Réole élit maître Bellos qui appartient à l'opposition démocratique mais qui est dit sans danger pour l' ordre. Globalement les centres de commandement restent jusqu'aux élections de 1846 aux mains des partisans du gouvernement. Si l'on note quelques incidents en 1832 comme la destitution du capitaine commandant la Garde Nationale de Sablons, petite Garde Nationale à deux compagnies de 206 Gardes Nationaux  au total, rien de tel n'est à noter par ailleurs. Le fait qu'il n'y est pas de dissolutions montre assez la fidélité des Gardes Nationaux du département
Toute la Garde Nationale est réorganisée le 23/11/1849
    La Garde Nationale est, en France, une unité militaire rétablie en 1830 au moment des Trois Glorieuses après avoir été dissoute en 1827.
    En janvier 1849, un décret de Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, supprima la moitié des bataillons de Gardes Nationaux  et réorganisa les autres. Il se méfiait de la garde nationale. Les Gardes Nationaux  mobiles furent finalement et définitivement licenciés le 31 janvier 1850. Il leur était reproché leur indiscipline et d'engendrer plus de discorde que d'en résoudre.
(Wikipédia)
Thèse de Richard Balestrat 

Journal L'Union 02/02/1851
Journal L'UNION La Réole 
Une tentative de suppression de la Garde Nationale !
Qui sera réalisée en 1871 !
    
III - La Garde Nationale à La Réole en 1870

Carnet de Guillaume Fauchez du 26-09-70 au 23-2-71
Documents fournis par Brigitte Mangeot Bulik
 

La totalité du carnet numérisé ICI

Les membres de la Garde Nationale à La Réole : beaucoup de noms nous sont familiers !


Totalité des membres de la Garde  : IcI 

IV - Fin de la Garde Nationale
    La démobilisation est tardive. Ils ne sont de retour dans leurs foyers que dans le courant du mois de mars 1871.
    Le 25e régiment de mobile est licencié le18 mars, les hommes passent par Beaune et finalement ne sont de retour que le 28 à Bordeaux sans tambour ni fanfare.
    Partis dans la liesse populaire, nous disent les chroniqueurs, ils reviennent en vaincus et aucun auteur ne décrit ce retour. Ils ne décrivent que l'émotion ressentie par les mobiles à la vue de la ville de Bordeaux. Les hommes retrouvent leur foyer dans une certaine indifférence. Et les archives ne parlent pas de réjouissances populaires. Tout se fait dans le calme. Les mobilisés sont démobilisés le 2 mars mais la nouvelle ne se répand dans les corps que le 5 mars. Les circonstances du retour de ces corps ne nous est pas connue.
    Mais le sort de la Garde Nationale se joue à Paris. Tout tourne autour de l'organisation militaire de la France.
    Et la réflexion commence dès l'assemblée de Bordeaux. Le 28 avril 1871 est créée une commission de réflexion. Tous ces membres sont d'accord pour une armée nationale composée grâce à un service actif court mais généralisé, complétée d'une réserve instruite. La loi de 1868 semblait bonne mais n'ayant pas atteint son but, elle sera abrogée. La loi militaire n'est votée qu'en 1872. Mais déjà en 1871 le service obligatoire est en marche et la Garde Nationale n'a plus sa place au sein de ce système.
    Le 6 juillet 1871, 130 députés déposent un projet de loi visant à supprimer la Garde Nationale et à la désarmer. Les affrontements sont violents et pour la première fois de son histoire le principe de la Garde Nationale et son existence même sont en cause. L'avis général est parfaitement exprimé par le général Pélissier tentant de sauver au moins provisoirement l'institution.
    Pour lui, la Garde Nationale est “une grande institution qui fut la conquête de 1789, qui a rendu tant de services au pays en 1792, de 1830 à 1851, qui en 1870 a été d'une immense utilité contre l'ennemi. Faisons la disparaître puisqu'elle n'est plus en harmonie avec les institutions militaires que nous préparons actuellement, mais traitons là avec les honneurs que méritent son origine et ses services".
    Un enterrement de première classe que l'on ne lui accorde pas malgré le soutien de Mr Thiers ce qui occasionne de graves incidents de séances, il annonce même son intention de démissionner.
La dissolution est votée le 25 août.
Louise Michel, en uniforme de la Garde Nationale,
peu avant sa dissolution.

Dissolution de la Garde Nationale en 1871
    Le 25 août 1871, à la suite des événements de la Commune, fut votée une loi de dissolution des Gardes Nationales dans toutes les communes de France. De plus, l'article 6 de la loi du 27 juillet 1872 prévoit que « tout corps organisé en armes et soumis aux lois militaires, fait partie de l'armée et relève du ministère de la guerre », mettant un terme à l'essence même de la Garde Nationale.(Wikipédia)

V - Reconstitution de la Garde Nationale en 2016


    En juillet 2016, à la suite de la série d'attentats terroristes revendiqués par l'organisation État islamique, et qui ont frappé la France, le président de la République  François Hollande annonce la reconstitution d'une Garde Nationale composée de réservistes volontaires. Celle-ci a été officiellement constituée en octobre 2016.
    En 2024, l'on dénombre 84 000 réservistes opérationnels.
Defense.gouv.fr/garde-nationale

VI - Napoléon à La Réole en 1808
Il y a deux-cent dix-sept ans, le 28 juillet 1808 une dépêche tombait sur le bureau du maire de La Réole annonçant que l'empereur Napoléon en personne traverserait la ville dans les jours suivants ! Grosse effervescence de l'édile, Basile Montaugé ( les initiales sont toujours d'actualité!) qui invita immédiatement les réolais...à nettoyer devant chez eux en priorité ! Les services municipaux construisirent un arc de triomphe et on fit venir six cents hommes de la garde nationale ! Puis on attendit …
  Le 31 à quatre heures du matin, cinquante carrosses et cent « motards » à cheval s'arrêtaient au niveau actuel du bureau de tabac de François Laforge, pas pour acheter des clopes mais parce que c' était là qu'il y avait le plus de place ! Devant Napo, le maire prononça un discours de...quatre minutes ! Puis, comme il n'y avait rien pour loger tout ce monde, le cortège repartit rapidement jusqu' au port de Saint-Macaire où il embarqua derechef pour Bordeaux ! Le passage éclair de l'empereur n'avait donc eu aucun autre résultat que de salir la cité nettoyée deux jours avant par ses habitants ! 
  Cette histoire, rigoureusement authentique et figurant dans les registres de l'empire et les archives municipales, tendrait à prouver au moins deux choses qui sont que la signalisation concernant le centre-ville historique n'était toujours pas au point, et que l'hôtellerie locale balbutiait « grave » comme on dit dans le parler réolais !
  Depuis cette date on ne trouve aucune trace du passage d'un personnage aussi célèbre chez nous, à part Patrick Sébastien en 2005 et Cyril Féraud il y a quelques mois, mais est-ce réellement comparable ? Alors qui sera le prochain qui viendra admirer nos pierres millénaires ? Les paris sont ouverts ! Ceci-dit, dans notre vieille cité dont on apprécie la tranquillité, personne n'est vraiment pressé...surtout si on est obligés de laver nos devant de portes !
  Version 2025 par Christo Laroque de l'article des Cahiers du Réolais N°36

Il y a cent cinquante ans : NAPOLEON Ier à La Réole (1808).

    Rentrant précipitamment d'Espagne pour faire face à la 5° соalition, l'Empereur traversa La Réole le 31 juillet 1808. Voici le récit que fit de son passage un contemporain resté anonyme :

    "MM. les officiers municipaux de La Réole, prévenus de l'arrivée de S. M. l'Empereur,se sont disposés depuis quelques jours à le recevoir, d'une manière aussi brillante qu'il leur serait possible. En conséquence, ils ont organisé la garde nationale; ils ont fait faire un drapeau neuf orné des aigles de l'empire. Ce drapeau fut porté le 28 juillet à l'église, sous l'escorte de la garde nationale, où il fut béni par M. Pouget, curé. La plus grande partie des habitants assistèrent à cette cérémonie.

    "MM. Les officiers municipaux, pour donner plus de lustre à la réception de l'Empereur, voulurent qu'il y eut un arc de triomphe à l'entrée du grand chemin qui conduit à Marmande; ils firent faire un plan, qui fut remis pour son exécution au sieur Chambon, artiste. En conséquence, il fut élevé quatre colonnes d'environ 25 pieds de hauteur, surmontées d'un chapiteau en arc avec corniche, frise et architrave d'ordre composite, le tout revêtu de laurier, garni de tableaux et d'emblèmes rappelant les actions mémorables de l'immortel NAPOLEON. Autour de ces emblèmes flottaient des drapeaux tricolores.Sur le sommet de cet arc de triomphe, où était une couronne impériale, furent placés, contre l'avis du sieur Chambon, des pots à feu. Les choses ainsi disposées, des canons furent placés aux allées des Justices, et M. le Maire donna l'ordre que chaque habitant illuminat sa demeure à l'entrée de la nuit. La ville était pleine d'étrangers et de gens de l'arrondissement, dont plusieurs suivirent MM. le Préfet et le Sous-Préfet, qui se rendirent à Lamothe, frontière du département. A neuf heures du soir, la Garde Nationale défila depuis la mairie jusques hors la ville, et se mit en haie sur le chemin, elle étoit composée d'environ 600 hommes, chaque officier à son poste, drapeau déployé. Les tambours battoient au champ, accompagnés de violons, clarinettes, hautbois et d'une timbale, le tout dans le plus grand ordre. "A minuit, l'ordre fut donné d'allumer les lampions et les pots à feu, qui étoient à l'arc de triomphe. Chacune des personnes qui étoient employées ou qui par zèle vouloient contribuer à l'embellissement de cet ouvrage, avoit son opinion qu'elle vouloit faire prévaloir au préjudice de celle du sieur Chambon. Du choc de tant d'opinions différentes naquit le désordre et le feu, qui consuma cet édifice, de manière qu'à l'arrivée de l'Empereur il n'en restoit aucun vestige. MM. les officiers municipaux qui avoient fait tant d' efforts pour donner à S. M. une preuve de leur zèle et de leur respect, furent très sensibles à cet événement.

    "Enfin, le 31 juillet à quatre heures et demi du matin, S. M. arriva; elle avait été précédée ou fut suivie de cinquante voitures à 4, 6 ou 8 chevaux, pour le service desquelles on avoit donné des ordres à plusieurs maîtres de poste de se rendre ici avec une certaine quantité de chevaux. Ce passage de voitures dura trois fois vingt-quatre heures. Les chevaux de Marmande conduisoient jusques à La Réole et ceux de La Réole jusques à Langon.

    "L'Empereur étoit dans sa voiture, ayant, à son côté gauche, l'Impératrice-Reine son auguste épouse. A peine M. Montaugé, maire, eut-il le temps de lui adresser son compliment, dont copie est ci-après, que les postillons firent partir la voiture comme un trait. Les cris de Vive l'Empereur! Vive l'Impératrice! les accompagnèrent jusques hors la ville.

    "L. M. avoient été escortées par une garde d'honneur à cheval composée de seize officiers de la Garde Nationale de l'arrondissement, qui s'étoient rendus à Lamothe; un pareil détachement ici le premier et les accompagna jusques au port de St Macaire elles entrèrent dans le yacht qui leur avoit été amené de Bordeaux et sans toucher à Langon, elles descendirent la rivière.

DISCOURS de M. MONTAUGE, maire

Sire,
    "Le Maire de La Réole vient porter aux pieds de V. M. I. & R. l'expression du profond respect dont ses concitoyens sont pénétrés pour Elle.
    "Pleins d'admiration pour les hauts faits, les grandes actions dont V. M. a rempli les fastes de l'univers, nous sentons que, pour louer dignement, il faudrait parler la langue des dieux et être doué de tous les grands mouvements de l'âme qui produisent l'éloquence. A défaut de ces deux grands moyens qui nous manquent, nous osons espérer, Sire, que vous voudrez bien écouter le langage simple et naïf de nos cœurs que nous venons vous présenter.
    Nous n'étalerons point à V. M. la pompe et la symétrie des phrases étudiées, mais nous lui exprimerons, avec toute la chaleur du sentiment, combien nous sommes glorieux d'être nés français, de vivre sous les lois d'un prince magnanime qui ne fait de conquêtes que pour former une seule nation c'est-à-dire un peuple d'heureux, d'un conquérant ami de la justice, protecteur des sciences, des arts, du commerce, en un mot de tout ce qui immortalise les grands hommes.
    Nous admirons surtout Sire, le héros qui, d'une main victorieuse, lance sur ses ennemis des foudres vengeurs, et de l'autre répand à grands flots des bienfaits sur ses peuples. Nous formons des vœux bien ardents, Sire, pour que V. M. après avoir achevé ses exploits guerriers, ferme glorieusement le temple de Janus et jouisse tranquillement du fruit de ses victoires"

"Passage de Napoléon Ier à La Réole (1608) Récit d'un témoin.         Archives  Municipales 

VII - Autre témoignage sur la Garde Nationale

La Garde Nationale à La Réole pendant la Guerre de 1870 : Notes de Jean Fauchez






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