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Cahier du Réolais n°03

Cahiers du Réolais par auteur ICI par article ICI

SOMMAIRE

Couverture Place du Mercadiou à St Macaire             P. LAVILLE
A nos amis La Rédaction
Sauveterre Notes historiques.                                         R. SABOURIN
Aeboque passioun                                                         G. LANOIRE
Petites annonces 1788
La Réole au début du XIXe siècle                                 R. ARAMBOUROU
De quelques prénoms                                                      L. JAMET
La Maison du "Prince Noir"                                           P. LAVILLE
L'industrie en Gironde à la fin du XVIIIème Siècle      R. ARAMBOUROU
La verrerie royale de St Macaire                                      R. NOUAT

Activités de la Société Le Secrétaire
Tous droits de reproduction réservés.
Adresser manuscrits et communications au rédacteur :
R. ARAMBOUROU, Professeur au Collège, LA REOLE
Ce numéro a été mis en distribution en JUILLET 1950

A NOS AMIS
    Nous avons le plaisir de commencer avec ce numéro la publication d'une série d'articles sur SAUVETERRE que son Maire, M. Roger SABOURIN, a bien voulu nous adresser.
    Nous serions heureux de voir cet exemple suivi de tous ceux qui dans l'ancien arrondissement de La Réole s'intéressent à leur petite patrie et pourraient nous envoyer un article, si court fût-il.
    Secrétaires de Maire, qui, dans les archives communales, avez des trésors insoupçonnés du public et si savoureux parfois, qu'un bref commentaire rend accessibles à tous ; Notaires, détenteurs d' archives si importantes ; Propriétaires, dont les papiers de famille racontent souvent de charmantes et passionnantes histoires ; Médecins, Prêtres et Instituteurs, amateurs et connaisseurs des choses et des gens du passé, qui pouvez avoir noté de vieux usages, de vieilles coutumes en train de disparaître ou attirer l'attention sur les beaux sites et les curiosités de votre Commune, c'est à vous tous que cette revue s'adresse, ses pages vous sont très largement et bien cordialement ouvertes.
    Nombreux sont ceux qui auraient plaisir à vous lire.
    Enfin nous ne saurions oublier ceux qui préfèrent la lecture de ce que d'autres ont écrit et voudraient être assurés de pouvoir trouver nos Cahiers. Nous nous permettrons de leur donner un conseil : ABONNEZ VOUS !
    Notre revue qui débute est tirée à un nombre restreint d'exemplaires, à peu près celui de nos abonnés dont les cotisations sont les seules ressources dont nous disposons pour couvrir les frais d'édition. Le montant des abonnements calculé au plus juste doit aider à donner à notre publication la plus large diffusion. Mais nous ne pouvons pas en augmentant notre tirage bien au-delà du nombre de nos abonnés risquer d'avoir des invendus.
ABONNEZ-VOUS !
Vous nous aiderez à faire vivre et améliorer nos Cahiers et vous serez sûrs de pouvoir lire les articles qui vous intéressent.
    Le prochain numéro des Cahiers, outre la suite de l'article de l'ancienne verrerie  M. NOUAT, Bibliothécaire à l'Université de Bordeaux, sur la verrerie de Saint Macaire contiendra d'autres articles sur cette localité digne à bien des égards de retenir notre attention et la continuation des Notes Historiques sur Sauveterre.
    Nous avons dû pour des raisons techniques modifier nos Cahiers. Nos amis pourront constater que les changements survenus sont loin d'être au détriment de la présentation et de la qualité de notre revue.
    Que la Municipalité de LA RÉOLE dont le généreux concours ne nous a pas fait défaut, trouve ici l'expression de la gratitude des AMIS du VIEUX RELAIS
LA RÉDACTION
    Le montant des abonnements : 150 francs par an peut être versé directement par chèque postal au compte de M. ARAMBOUROU, Professeur au Collège La Réole (Gironde) C.C.P. BORDEAUX 172226

SAUVETERRE de GUYENNE
NOTES HISTORIQUES

    Nous avons quitté LA RÉOLE et ses maisons serties dans le côteau. A ses pieds, domptée, la Garonne majestueuse semblait se reposer d'une course éperdue. Aux beaux jours, notre regard surpris découvrira que ses eaux tumultueuses sont devenues un corps chétif dans un lit démesuré.
    Le guide nous aura montré l'Esplanade des Tilleuls, l'orgueilleux Monastère des Bénédictins, le Château des 4'Sos, parlé des légendes locales sans taire les couplets savoureux de Jean de la Réoule. Le Dropt franchi, nous découvrirons SAUVETERRE, la vieille Cité dégagée du corset de ses remparts.
    Elle nous guette au passage et nous retient pour faire l'offrande de son passé lointain. Ses portes anciennes en demeurent le témoignage
    Fondée en mordant sur les paroisses de St Léger et St Romain de Vignague, cette bastide fut l'enjeu de luttes sévères consignées dans les cartulaires. Les archives municipales situent la création de la Ville en 1281 sous le règne de Philippe Le Bel, suzerain du roi d'Angleterre Edouard Ier.
    A la suite des traités signés par Henri III et Louis IX le monarque anglais restait possesseur d'une fraction de la Guyenne.
    De nombreux historiens se sont penchés sur l'origine de la cité notamment l'Abbé EYMERY, curé en 1854 dont les études ont été en partie détruites en 1898 lors de l'incendie du presbytère, GAUBAN historien de LA RÉOLE, JUDDE de LARIVIÈRE, de la MONTAIGNE, membres éminents de la société historique de la Gironde, Léo DROUYN dans les Variétés Girondines et en dernier lieu le Docteur Fernand DURODIE, natif de Sauveterre.
    Chercheur infatigable, le Docteur DURODIE a fait don à la Ville d'un ouvrage considérable édifié sur de patientes recherches. Les documents consultés au Record Office de Londres pour la période d'occupation Anglaise, aux Archives nationales et départementales ont projeté leur lumière et nous permettent de mieux connaître une origine controversée. Les notes que nous publions sont puisées copieusement dans ces notes inédites.
    Antérieurement à la construction de la cité nous trouvons un prieuré dont l'existence ne fait aucun doute pour tous les auteurs qui se sont occupés de notre Ville. Les vestiges en sont d'ailleurs nombreux : caves voûtées avec enclaves de statues, fenêtres à meneaux cruciformes visibles dans la ruelle reliant la rue Ste Catherine à la rue St Romain.
    D'après M. de La Montaigne les Bénédictins chassés de LA RÉOLE par les Normands se réfugient dans ce prieuré et ne revinrent dans leur Monastère qu'en l’an 977 rappelés par Gombaud évêque de Gasconie et son frère Guillaume Sanche, duc de Gascogne.
    Ce qui paraît confirmer l'existence de ce prieuré à une époque très reculée est la découverte faite en 1823 lors de la démolition de la charpente de l'église. Une poutre maîtresse portait la date de l'an 1100.     Or cette pièce de bois n'était pas la première mise en place. Les piliers qui descendaient jusqu'au pavé recouvraient des peintures à la fresque d'objets religieux. L'exercice du culte chrétien y avait donc précédé la formation de l'œuvre qui ne pourrait être due à la munificence de quelque duc d'Aquitaine.
Roger SABOURIN

ABECQUE PASSIOUN

Qhi qu qu'eymi, ezuya 'la blanque marguerite,
Seinti la rose et lou jasmi'n,
Cueilli des plantes de mèrite,
Et couri lou loung daou camin

Adori tout deins la natüre
Aymi la frescou daou mati'm,
L'aymi, elle et sa chevelure,
Adori sa pèt de sati'n

Aymi becop la poésie,
Suy amouroux de libertat
Sou progrès, tabé, m'extasie,
Laeu dizy, te, plén de fiertat !

Lou chant, mey tabé la musique,
Soume tout art, ein general,
Même ein aqueste république,
Soun per jou, toutioure u'n régal.

Aymi lou souleil,
mey la lune, Adori l'estiou, lou printeimps,
Aymi la Bie et n'ein ey qu'une
Espèri la garda loungteimps…

Gustave LANOIRE Félibre Réolais (1861-1941)

PETITES ANNONCES
La communauté de LA REOLLE désirerait trouver un sujet pour remplir la place de Régent ; elle exige de lui des certificats de bonnes mœurs et de catholicité et une connaissance parfaite de l'écriture et des calculs. Les honoraires de cette place sont de 500 livres, sans compter la rétribution à laquelle chaque étudiant est astreint.
S'adresser à Messieurs les Maire et Jurats de la dite Ville ou, à Bordeaux à Monsieur PALLANDRE aîné libraire Place St Projet
Journal de Guyenne Nº 339 : 4 Décembre 1788

LA REOLE au DÉBUT du XIXème SIÈCLE
Les archives municipales fournissent un certain nombre de documents. qui permettent, en dépit de nombreuses lacunes, de nous faire une idée assez précise de l'existence, de nos concitoyens d'il y a cent cinquante ans Ces pièces s'échelonnent de l'an XI (1803) et 1813 et figurent dans la série F de l'inventaire communal.

LES HABITANTS et LEURS OCCUPATIONS
"On ne compte pas aujourd'hui dans cette ville plus de 3.800 habitants en y comprenant les femmes, les enfants et les vieillards.
"Neuf cents familles ont leur domicile dans cette Commune, 81 personnes vivent de leurs revenus et, de ce nombre, plus d'une moitié vit bien médiocrement. Il y a 14 ménages qui cultivent leur propriété, cent sont occupés des terres d'autrui, soit comme fermiers, métayers, faisandiers - ou vignerons ; environ 200 individus de tous sexes se louent à la journée ou à l'année ; on évalue au quart le nombre de ceux qui se louent à l'année
"Point de négociants, mais il existe 62 marchands tenant boutique. Il y a 184 artisans. Soit un total de 246 personnes. Un rapport de 1812 chiffrera à 230 le nombre des patentés (marchands et artisans) et à 40 celui des ouvriers et employés. Ce même document indique que 139 personnes sont en 1812 employées à la navigation, mais en 1803 on a seulement noté 4 mariniers propriétaires de bateaux
"Il y a environ 200 indigents ou qui mendient ou qui reçoivent des secours. On ne connaît point d'errants appartenant à la Commune. S'il en existe le nombre en est bien petit ".
Cependant en 1812, 300 indigents sont assistés à domicile et il y a 200 mendiants errants.
Le paupérisme se serait donc accru de façon considérable. Ce fait est d'ailleurs à rapprocher de la diminution du nombre des patentés.
"Il y a 13 hommes de lois en comprenant ceux qui composent, le Tribunal et 4 notaires."
En 1812 il existe 6 prêtres et un compte moral de Juin 1808 nous apprend que " le culte continue à s'exercer sans trouble ; on a toujours pour MM. les Curés et desservants le respect qu'inspire leur caractère ; ceux-ci se conduisent bien si ce n'est M. FOUGET, curé, qui fait fort bien le service intérieur de son église mais manque de charité envers ses confrères et qui a besoin de l'autorité de ses supérieurs pour se plier à ce qu'exigent les convenances locales à l'égard des magistrats et du public."
"Deux médecins il y en aura 3 en 1812, 2 chirurgiens, 2 sage-femme viennent au secours de l'humanité souffrante”. "L'état sanitaire est satisfaisant mais le temps où les maladies font le plus de ravages est celui de l'été ou la fin de cette saison qui est ordinairement très chaude."
"La petite vérole n'y a pas fait depuis longtemps des ravages sensibles, l'inoculation y était connue depuis longtemps mais elle ne pouvait pas être mise en pratique chez le peuple à cause du haut prix du salaire qu'exigeaient les inoculateurs.".
Un rapport de 1807 indique que 30 individus ont été vaccinés, que, "les gens de l'art sont assez zélés pour propager la vaccine mais ils ne parviendraient qu'avec la persévérance et... le temps à en faire adopter l'usage par les gens de la campagne toujours les derniers à mettre à profit les découvertes utiles et bienfaisantes. Les curés des paroisses devraient particulièrement être chargés d'éclairer les peuples à cet égard, de concert avec les magistrats "En 1811, 63 personnes furent vaccinées.
"La Commune, eu égard à sa population, qui est de 3800 âmes, a fourni un nombre considérable de militaires dans la Révolution (215). On compte environ 40 militaires encore en activité, il y a 9 militaires retirés avec pension.. . dont la masse s'élève à la somme de 2.939 francs annuellement Il n'existe plus de réquisitionnaires de 1793 ou ils sont en activité ou retirés avec congé ou amnistiés ou exemptés par le mariage.
"Les conscrits des ans XI et XII sont au nombre de 60 y compris les infirmes "

LA SITUATION MORALE
Le compte moral trimestriel du maire au sous-préfet nous indique en avril 1806 : "...relativement aux mœurs elles me paraissent s'être améliorées sous quelques rapports.
Je serai moins fondé à le dire pour le trimestre actuel : il a été plus fertile en enfants nés hors le mariage.
Il en a produit deux, fruits d'un honteux dérèglement. Ce qui est beaucoup eu égard aux trimestres précédents, mais peu comparativement aux temps antérieurs de 14 ou 15 ans ; encore faut-il ajouter que l'une des personnes à qui appartiennent ces enfants habite peu ma commune.
Néanmoins, malgré que ce trimestre ait trompé mes espérances, j'estime toujours que les mœurs se sont améliorées, j'en tire la preuve :
- 1º de cette foule innombrable qui se porte dans le temple sacré de la religion avec une ferveur remarquable
- 2º de ce qu'on ne trouve plus depuis longtemps sous notre halle, sur les portes de notre hospice d'enfants abandonnés, ce qui était très fréquent autrefois.
- 3º de ce que on ne voit plus maintenant le mauvais exemple que donnaient jadis la majorité des pères de famille en allant dans les cabarets à toutes les heures fixées pour les repas.
- 4º de ce que on ne voit plus les maisons de jeu journellement fréquentées comme elles l'étaient autrefois qu'il paraît que le goût de cet amusement innocent de la danse est le seul qui se soit maintenu parmi les jeunes gens habitants de La Réole.
- 5º de ce que ces cris poussés naguère contre l'usure ou un intérêt excessif s'apaisent insensiblement.
En Juin 1808 : "les mœurs sont toujours à peu près dans le même état, les enfants sont tenus dans la soumission et l'obéissance qu'ils doivent à leurs parents…
Le taux de l'intérêt est celui fixé par la Loi.
Il n'y a eu ni circulation de marchandises prohibées (depuis le blocus) ni de fausse monnaie. "Le compte du 3e trimestre de 1810 ne signale rien de spécial sinon une curieuse réticence : “Quant aux mœurs, elles sont toujours à peu près dans le même état " et après avoir rayé : “plutôt dominées par le vice chez certains individus que absolument bonnes”, le maire ajoute : "elles ne se sont point améliorées. "

L'ESPRIT PUBLIC
    En 1806 les habitants de La Réole se font remarquer par une entière obéissance aux lois et par tout l'amour et la fidélité qu'inspire le chef de l'Etat. On ne peut donner d'autre meilleure preuve de sa bonté, en 1806 l'esprit public est si bien qu'il serait difficile de l'égarer ou de le pervertir.
    Tous propos contraires au bon ordre seraient bientôt proscrits et ses auteurs dénoncés aux tribunaux. Il ne s'est manifesté ni sédition ni révolte "
    Mais le compte moral ne se borne pas à la situation générale ; le maire y indique, aussi, les doléances des habitants: "Ils se plaignent du poids des impôts. Le plus grand nombre ne peut les acquitter qu'en faisant le sacrifice de ses besoins indispensables”.
    Le manque de travail ajoute au malheur des circonstances et toutes les classes font des vœux pour cette paix qui doit retirer les arts de cet état de langueur qu'ils éprouvent en ouvrant à l'agriculture et au commerce les canaux de la prospérité. Les impôts ne sont pesants et difficiles à acquitter que parce que l'industrie est sans vie et que le principal fruit de l'agriculture est dans un état de stagnation faute de débouchés. S'ils peuvent être rendus à leur ancienne activité les habitants de La Réole supporteront avec moins de peine le poids des charges publiques d'autant qu'une diminution serait le résultat de la Paix"
"Les subsistances n'ont point cessé d'abonder, le commerce en est très libre. Mais le défaut de nos anciens débouchés des colonies le rend si restreint qu'il existe une stagnation funeste aux propriétaires. Le prix du blé et celui du vin, principales ressources du pays, n'est nullement proportionné avec les frais excessifs de culture, ce qui les appauvrit et les met dans la plus grande gêne pour acquitter l'impôt". (compte de 1808)
    Les conscrits de 1809 sont successivement partis, quelques-uns, du canton avaient abandonné leur chef de conduite en route, mais ils n'ont pas tardé à reconnaître cette erreur et à la réparer.
Ces désobéissants momentanées ayant donné lieu à des rappels de remplacement, il en est résulté que le canton a fourni 12 hommes en sus du contingent fixé. Les pères de famille observent qu'à mesure que le conscrit rejoint, le remplacement devrait être congédié ce serait conforme à l'esprit de la législation sur la conscription, autrement les conscrits solidaires et les communes sont sans intérêt à ce que les conscrits qui ont désobéi rejoignent les intéressés disent qu'on fait payer cher aux autres la faute passagère des conscrits que la publicité du tableau de mouvement ne sert qu'à convaincre que le monde qu'on suit devient toujours plus désastreux pour l'agriculture en la privant de tous ses bras.
Enfin, le dossier contient une curieuse lettre du Sous-Préfet au Maire.
Elle est datée du 22 Décembre 1813 : "Monsieur, les circonstances deviennent chaque jour plus intéressantes et l'administration doit nécessairement avoir fait des remarques autant sur l'esprit public, la rentrée des contributions, les réquisitions, les appels des conscrits, etc...que sur l'agriculture, les mœurs, le culte. Cependant le compte du dernier trimestre manquait de beaucoup d'éléments et M. le Préfet l'a remarqué... Nous ignorons la réponse faite par le Maire.
A cette époque, LAINE, député de Bordeaux, venait de lire au Corps Législatif un rapport sur les abus, du Gouvernement et les troupes françaises avaient évacué l'Espagne talonnées par Wellington.

R. ARAMBOUROU

DE QUELQUES PRÉNOMS
    Dans les registres de l'État Civil, les contrats de vente ou de mariage, de la foule des Jean, Jeanne, Pierre, Marie etc... se détache parfois un prénom peu fréquent ou curieux. Nous avons voulu chercher parmi les prénoms de ce genre donnés dans notre région depuis la Révolution ceux qui présentaient un caractère particulier.
    On constate souvent que le même prénom était porté par plusieurs membres de la même famille.
        Des mentions du genre de François, fils de François.... François, son frère..... sont courants.
Qu'un des fils porte le prénom de son père est normal, mais que deux fils aient le même prénom cela devait paraître embarrassant. Comment l'expliquer sinon par un "moindre effort de recherches ?”
Ce qui justifierait aussi la fréquence des Second ou seconde, Troisième ou même môme Trois Cinquième et Septième, Cadet et Benjamin.
    Une coutume curieuse, qui paraît donc régionale consiste et pour les filles seulement à fabriquer un prénom d'après le nom de famille.
    On trouve ainsi : Latalie Iattes, Borguinotte, Berguin, Treisille Tros, Bourgadieurette Bourgadion, Sarille Lasserre, Dulina Dulin, Murantine Murat, etc.... La femme perdant son nom dans le mariage, peut être voulait on ainsi rappeler son nom de jeune fille à ses enfants et descendants..
    Une sœur du Conventionnel Bergoeing de St Macaire, portait le joli nom de Charmante.
    D'autres prénoms d'affection de ce genre sont assez répandus, et jusqu'à la période actuelle sont Aimé, Fidèle, Chéri ou Chérie, Désiré ou Désirée, Mondésir.
    Enfin on trouve des prénoms de circonstance en faveur surtout sous La Révolution et l'Empire : Mirabeau, Viala, Tara, Marceau et Kléber. On enregistre encore un Floréal en 1862 et un Danton en 1908.
    Mais si l'on trouve trois ou quatre Joséphine, il n'y a pas un seul Napoléon pendant la période impériale. Lors de l'exposition des souvenirs militaires des 29 et 31 avril, on a pu voir l'engagement volontaire d'un jeune Réolais nommé Godard, né en 1792, à qui ses parents, sans doute pour prouver leur civisme, avaient donné le nom de Décadi Artichaut. Le calendrier révolutionnaire avait institué la semaine de dix jours et remplacé les saints par des noms de vertus, instruments aratoires ou de légumes.     L'enfant avait dû naître le dernier jour de la semaine, Décadi, consacré à l'artichaut et l'on n'était pas allé chercher plus loin des prénoms moins originaux.
Ainsi la lecture des vieux textes éclaire-t-elle parfois d'un jour assez curieux la psychologie de nos pères.
L. JAMET

FOLKLORE LOCAL : LES FIANÇAILLES
    Vers 1845, Lamarque de Plaisance, correspondant pour la Gironde de la Commission des Monuments Historiques, notait on un petit recueil : "Usages populaires de l'Ancien Bazadais" le cérémonial en usage autre fois à l'occasion des diverses fêtes de famille telles que fiançailles mariages, baptêmes, etc...
L'ancien Bazadais comprenant autrefois à peu près l'arrondissement de La Réole, notre Bulletin paraît tout indiqué pour perpétuer le souvenir de ces vieilles traditions presque entièrement disparues de nos jours
    Avec le lit, quelques aunes de toile, un bachorey (vaisselier), orné de 12 fourchettes en fer, 12 d'étain, 12 assiettes de faïence à fleurs, une armoire en cerisier ou un coffre, la jeune fille se mettait en ménage. Parfois elle apportait moins encore.
    La fortune du futur n'était pas plus considérable. Souvent il n'avait que ses bras.
Il semble qu'en présence d'une dot aussi modeste, un contrat de mariage devenait complètement inutile, cependant l'usage était de s'y conformer. Le jour des fiançailles précédait de peu celui de la noce.
    Au jour fixé, les futurs époux accompagnés de la famille et de quelques amis, arrivaient chez le Notaire. Les conventions étant rédigées, ainsi que l'inventaire détaillé des meubles et objets composant la dot, au moment où le Notaire va apposer sa signature, il est arrêté par les chants qui commencent de la part des amis de la fiancée :

Boute noutari sou parey blu
Que ne la batti pas cer ségu
Boute Noutari su lou rapey
Que ne la batti pas samay

Mets Notaire sur le papier bleu
Qu'il ne la batte à coup sûr
Mets Notaire sur le papier
Qu'il ne la batte jamais

Cette observation a excité la susceptibilité des amis de l'époux qui s'empressent de répliquer :

Lou Noutari qu'à bien manquat
De n'aougé marquat sou countrat
Ce que lou bouc porte scu cap

Le notaire a bien manqué
de n'avoir pas marqué sur le contrat.
Ce que le bouc porte sur la tête.

La cérémonie des fiançailles se terminait sur ces couplets :
(à suivre)    A. TOUZET

LA MAISON du PRINCE NOIR

    Les amateurs de belles vieilles choses connaissent cette ancienne demeure réolaise, encore bien gothique d'allure, qui est située Rue des Menuts et qu'on a pris l'habitude de désigner sous le nom de "Maison du Prince Noir"
    La partie gothique du bâtiment présente sur la rue un mur pignon très aigu, agrémenté de crochets sculptés en assez mauvais état ; au bas des rampants sont deux curieux morceaux de sculpture : à droite un lion tient un écusson avec les trois fleurs de lys les armes de France ; à gauche un monstre bizarre, à tête de chien aux ailes de chauve-souris, tient un écusson où Léo Drouyn a déchiffré la "guivre" avalant un enfant, signe distinctif du duché de Milan.
    La fenêtre du premier étage est ornée de deux anges présentant des écussons mais les têtes et les bustes ont été abattus et on ne distingue que les robes et les pieds.
    Il faut entrer dans la cour pour voir la façade principale et ses fenêtres à meneaux de pierre, encadrées de moulures en baguettes croisées aux angles, selon la mode du XVème siècle finissant. La lucarne du grenier est surmontée d'un fronton à crochets et se termine par un fleuron en fleur de lys.
    Mais la partie la plus remarquable du logis est la belle tour octogone qui contient l'escalier et qui forme saillie dans l'angle de la cour de nobles marches de pierre forment de confortables degrés qui s'élèvent en une vaste spirale appuyée d'un côté sur le mur extérieur et à l'intérieur sur un noyau central formé par le bout des marches elles-mêmes. La voûte d'escalier est soulignée par des nervures qui reposent sur des culs de lampe ornés d'un ange. Deux belles fenêtres à meneaux éclairent l'escalier.
    Une tourelle continue l'escalier pour accéder à la terrasse qui couronne la tour. Vue du dehors, cette tourelle s'agrémente d'une statue d'ange portant un écusson et qui forme cul de lampe, d'une frise de feuillages et d'une sorte de niche ou de cartouche qui devait encadrer un bas-relief.
    A l'intérieur du logis on peut admirer la grande cuisine dallée dont les poutres vénérables et la cheminée renaissance fourniraient un cadre idéal pour le 1er acte de Faust... Il faut aussi voir le grenier et son ingénieuse charpente en ogive, belle comme une voûte de cathédrale et qui fait penser à quelque ancienne coque de vaisseau retourné.
    La partie Est du bâtiment date du XVIIème siècle. Elle fut construite pour le Président Daulède de LESTONAC, lors des séjours que fit le Parlement de Bordeaux à La Réole qui vint s’y réfugier en 1653 et en 1678.
        La maison appartint au siècle dernier au Vicomte de Seguin. De nos jours elle appartient à M. TILHET que nous tenons à remercier ici pour la bonne grâce avec laquelle il nous laissa toujours visiter sa demeure et y relever les croquis qui accompagnent cet article.
P. LAVILLE



L’industrie en Gironde à la fin du XVIIIème Siècle

    Le hasard de recherches aux Archives Départementales nous a mis sous les yeux une lettre adressée de LA RÉOLE le 27 Mai 1788 par DUNOGUES de Casseuil, subdélégué de l'Intendant de Bordeaux, en réponse à un questionnaire expédié par la Généralité à toutes les subdélégations de Guyenne.
    "Monsieur, pour pouvoir exécuter les ordres que vous venez de me donner par la lettre dont vous m'avez honoré le 15 du courant, j'aurais besoin d'être fixé sur la signification du mot USINE et sur l'application de celui de BOUCHE À FEU ; j'ai inutilement cherché le premier dans plusieurs dictionnaires tel que celui de l'Académie Française, celui des Sciences et Arts de Richelet.
Il ne se trouve dans aucun discours.
    Veuillez, Monsieur, m'envoyer les éclaircissements nécessaires sur ces deux objets pour me permettre d'exécuter vos ordres avec tout le zèle et l'exactitude que je leur ai voué.
    Je suis avec le plus profond respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur."
Etienne Victor Dunoguès, sieur de Casseuil, subdélégué de La Réole nous dirions aujourd'hui Sous-Préfet - avait alors 58 ans et occupait ces fonctions depuis 21 ans. Ce n'était donc ni un débutant dans la carrière administrative, ni un vieillard inaccessible aux nouveautés. On se tromperait lourdement en pensant que ses connaissances devaient être bien rudimentaires pour ne savoir quel sens donner à ce mot Usine dont l'usage si universel aujourd'hui nous incline à croire qu'il a toujours fait partie de la langue française.
    BOURRIOT, le subdélégué de Bazas, pas plus que son collègue de LA RÉOLE, ne pouvait donner les renseignements demandés par l’intendant. Il répondait le 9 Juin 1788 : ... "Comment me serait possible de les lui fournir sans une idée exacte de la signification des mots USINE et BOUCHES à FEU".
    Mon premier soin fut de faire de la recherche dans le dictionnaire encyclopédique, dans celui de l'Académie Française et ailleurs, mais je n'ai trouvé nulle part le mot Usine, je suppose qu'il signifie forge ou toute autre manufacture exploitée par le moyen du feu. Quant aux mots bouches à feu, j'ai vu qu'ils signifiaient canons, mortiers ; mais M. l'Intendant me demanderait combien il y a de canons, de mortiers, dans le département ?
    Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien fixer mes idées relativement à ces expressions : usine, bouches à feu."
    C'est que de tels mots ne sont usités à la fin du XVIIIème siècle que dans les régions industrialisées : pays du nord, de l'est et du centre de la France où existent les premiers grands établissements industriels modernes, et dans les grandes villes où les relations commerciales en ont propagé le sens et l'usage.           Mais dans les régions méridionales où l'activité économique se borne à la production des denrées agricoles et au travail de quelques entreprises peu importantes telles que verreries, raffineries on ne connaît que les mots manufacture ou fabrique utilisés depuis près de deux siècles pour désigner les établissements industriels occupant une main d'œuvre plus importante que celle employée par l'artisan dans son atelier.
    L'ignorance de nos subdélégués est conforme à celle du milieu où ils évoluent,
méconnaissance bien excusable somme toute si l'on songe à l'isolement de ces régions si éloignées par les lenteurs des moyens de communication des grands centres où se sont créés les bases de cette économie moderne fondée sur la houille, le machinisme et le nouvel esclavage des travailleurs

R.  ARAMBOUROU

LA VERRERIE ROYALE de SAINT MACAIRE

    Le lieu-dit "La Verrerie ", dans cette partie de la paroisse de Saint-Maixant qui fut rattachée à la Commune de SAINT MACAIRE vers 1860, rappelle encore aujourd'hui l'existence au XVIII siècle d'une manufacture qualifiée alors : verrerie royale de St Macaire
    Même si cette verrerie était jugée "médiocre" par LATAPIE le fameux inspecteur, des arts et manufactures de la Guyenne, à la fin du XVIIème Siècle, son étude n'en reste pas moins intéressante par les aperçus qu'elle nous ouvre sur la vie sociale de ce temps.
    Notre documentation principale provient de la série C des Archives Départementales de la Gironde et surtout des papiers laissés par le riche négociant bordelais Antoine FONTANILLE

LES VERRERIES GIRONDINES
    Grâce à son sable et à ses bois, le Bazadais était alors par excellence et le pays des gentilshommes verriers qui se succédaient de père en fils, cela depuis des siècles dans l'art difficile de travailler le verre .. Au XVIIIème siècle, les mêmes familles fabriquaient toujours de menus objets de verre de fougère (verre vert) ou de verre blanc, cependant que dans les ports de l'estuaire girondin s'installaient les premières manufactures de verres à bouteilles d'un caractère diffèrent : non plus artisanal mais industriel.
    En 1723 un Irlandais naturalisé, Pierre MITCHELL, fondait à Bordeaux, une verrerie pour verre noir à bouteilles, genre anglais, le four était alimenté par du charbon de terre ; en 1725, un Allemand de Wützbourg cette fois, obtenait un privilège pour Bourg ; en 1749, un bourgeois de Bordeaux, VAN de DRANDE dont le grand-père était d'origine hollandaise, établissait à Libourne une nouvelle verrerie royale.
    Dans la seconde partie du siècle, les manufactures de ce type se multiplièrent à Bordeaux, la consommation des bouteilles ne faisant que croître, les marchands devenaient plus nombreux et les fabriques ne pouvaient plus suffire.
    Avant Mitchell, écrit un contemporain désireux d'obtenir, lui aussi, un privilège : “les habitants de cette ville se servaient de bouteilles simples, couvertes d'osier, extrêmement fragiles ; chaque famille en avait pour le plus, une douzaine, mais ayant connu dans la suite l'utilité qu'il y avait à mettre en bouteilles le vin de provision et à vider une barrique toute à la fois, un chacun courut à la fabrique Mitchell".
    Les paysans eux-mêmes emportaient aux champs une bouteille du type nouveau, plus résistant ; enfin, des colonies lointaines, les demandes affluaient. L'Intendant TOURNY écrit que : "bien des habitants des Isles à leur aise sont devenus plus délicats et que, pour boire du meilleur vin, du vin vieux, ils en demandent en bouteilles. "(lettre du 28 décembre 1751 à Trudaine).

LES VICISSITUDES d'UN GENTILHOMME VERRIER
    Précisément, c'est avec l'intention de vendre aux Colonies qu'un certain Charles de BIGOT, écuyer, réclame l'autorisation de créer une manufacture à Saint Macaire. Les Rigot sont originaires de la Lorraine, pépinière de nombreux verriers ; au XVIIème siècle ils se sont installés en Bourbonnais où nous retrouvons Charles de Bigot en 1758 probablement ouvrier à la verrerie royale de Souvigny.
    Bigot, sieur de Clairbois, fier de sa noblesse de " verre ", vagabond, d'humeur un peu fantasque, représente assez bien l'ancien gentilhomme possesseur de titres pittoresques qui, non loin de Saint Macaire, travaillaient dans les bois du Bazadais, aidés seulement par deux ouvriers, nobles eux aussi, assistés de manœuvres roturiers. Comme eux, Bigot était pauvre et dans la nécessité de louer ses bras dans les manufactures récentes.
Ce travail ne devait guère lui plaire, car dès 1758, nous le voyons se livrer à diverses démarches, solliciter un protecteur moyennant promesse d'une somme qu'il ne possède sans doute pas, pour installer à Bacalan une verrerie "propre à fabriquer toutes espèces de verres en vitres et bouteilles".
    Le propriétaire de la verrerie MITCHELL par une lettre du 1er Février 1753 tempête contre ce concurrent possible et aussi contre un dénommé Gaillard, son ancien ouvrier en bouteilles, qui demande, lui, un privilège pour Langon "la concession de pareils privilèges à des ouvriers ne peut que produire un mauvais effet parmi les ouvriers enhardis par de pareilles concessions".
    L'un et l'autre ne purent rien obtenir. En attendant, Bigot vient en 1760 à la verrerie de Libourne et s'engage pour 5 ans comme souffleur. Mais il poursuit son idée, il a l'exemple de son père, François, qui a obtenu un privilège pour Roanne et se débat, péniblement d'ailleurs, avec ses associés. Lui, cherche maintenant à s'installer à St Macaire et cette fois réussit malgré les propos de son maître libournais Van de Brande, qui le qualifie de "simple et misérable ouvrier en bouteilles, faiseur de projets, coureur de verrerie, sans pain, sans secours, chargé de famille".
    Un arrêt du Conseil Royal du 7 septembre 1762, revêtu de lettres patentes, enregistrées au Parlement de Bordeaux, le 28 Juin 1763, lui permet d'établir une manufacture de verre à vitres, où il n'emploiera que du charbon de terre.
    Van de Brande avait prévu qu'en réalité, Bigot chercherait à transformer ensuite cette verrerie à vitres en verrerie à bouteilles. Peu importe ! Bigot s'établit à St Macaire et en 1764, à quarante ans, épouse en secondes noces la fille d'un avocat au Parlement, procureur au siège de la Ville.
    Dès 1765, les registres paroissiaux mentionnent la mort d'un “ouvrier de la verrerie de cette Ville " et par une lettre de 1767 nous savons que Rigot a “commencé à travailler à faire des bouteilles "
    Toujours sans argent, il s'est associé à un riche marchand bordelais LASSUS qui dirige l'exploitation mais peu de temps après la Veuve PONTOIS “négociant à Bordeaux" succède à Lassus et réussit par divers arrêts royaux à exploiter la verrerie sous son propre nom ; quelques années plus tard, elle fait faillite dans ses entreprises bordelaises entraînant la chute de la verrerie (1771).
    Excellente occasion pour Bigot de reprendre non pas son privilège - il le conserve toujours - mais la verrerie que les héritiers se disputent et qui, en 1778, est très délabrée ayant été recouverte en simple chaume. Le gentilhomme verrier aurait trouvé dit-il un local hors des murs de St Macaire, entre le couvent des religieuses et les promenades de la Ville. Les officiers municipaux et les dames Ursulines présentent à Monseigneur l'Intendant des regrets contre cet établissement dont la fumée gênerait les religieuses, la promenade et l'Hôtel de Ville "situé vis à vis le lieu où l'établissement doit être projeté"
Bigot n'a plus qu'à demander de s'établir, non loin de là, sur l'emplacement de la verrerie abandonnée. Son secret désir.
    Il n'a évidemment plus d'argent, forme une association avec un bourgeois bordelais Barthélémy RIVIERE et y fait entrer comme directeur aux gages de 1000 livres par an, son fils Henry âgé de vingt ans, qui travaille déjà depuis quelques années dans une grande verrerie bordelaise. L'apport d'argent frais permet de construire les premiers bâtiments et c'est cette verrerie en construction que Latapie, Inspecteur des Manufactures, observe durant sa tournée de 1778.
    Les affaires sont peu brillantes, franchement mauvaises, la guerre sévit en Amérique et sur mer provoquant le chômage dans les verreries girondins privées de débouchés extérieurs et d'une grande partie du combustible.

UN RICHE NÉGOCIANT de LA ROUSSELLE
    En 1781, par acte du 1er décembre et pour une durée de 5 ans, Bigot trouve un quatrième fermier en la personne d'Antoine FONTANILHES. Ce négociant du quartier de la Rousselle d'origine toulousaine, riche et amateur de chansons légères, inscrit à la corporation des droguistes, entretient des correspondants en de nombreux pays et a monté dans un quartier périphérique de Bordeaux une raffinerie qu'il fait exploiter par un commis. Créancier de Bernard Latapy, propriétaire de la verrerie royale de Bazas, il a voulu, profitant de sa qualité temporaire de commissaire du séquestre, devenir le maître de cette manufacture. Latapy réussit à évincer Fontanilhos et son commis, déjà installés. C’est alors que la ferme de St Macaire s'offre au négociant raffineur
    L'accord entre Bigot et le nouveau fermier règne, à peu près, jusqu' en 1784, puis Bigot, alors âgé de 60 ans, perd sa femme et fatigué, manifeste le désir de se retirer pour laisser la place à son fils devenu Directeur de l'entreprise bordelaise où il avait travaillé durant sa jeunesse. Henry de Bigot suscite immédiatement des difficultés à Fontanilhes et sans connaître exactement l'évolution du conflit, nous apprenons que bientôt la verrerie de St Macaire passe aux mains des associés FAURES, BEYES et Cie mentionnés encore sur les "almanachs de commerce" de l'année 1792.
Entre-temps Fontanilhes était décédé.
    Nous appuyant essentiellement sur les papiers Fontanilhes, nous allons, maintenant, pouvoir établir la marche de cette entreprise et les conditions de vie des ouvriers de ce temps.

LA DIRECTION d'UNE ENTREPRISE au XVIIIe SIÈCLE
    Nous savons malheureusement peu de choses sur la production de cette fabrique ; elle fournissait peut être quelques verres à vitres mais surtout des bouteilles variées (grand et petit frontignan, à huile, de demi-pot, à l'anglaise) et des dame-jeanne enveloppées de leurs claies en osier confectionnées par l'ouvrier clisseur (mentionné aux registres paroissiaux de Notre Dame du Pian 1784).
    Les matières premières étaient débarquées au port, les bateaux allaient chercher les terres nécessaires vers Cahors, le charbon dans la même région du Quercy et surtout vers l'estuaire girondin, lorsque la paix revenue en 1783, promit d'employer le charbon anglais de beaucoup supérieur, pour les opérations de fonte de matières. Les sables étaient à proximité, le salicor ou soude de varech provenait de contrées assez différentes, quant aux cendres lessivées elles étaient prises aux environs de Bordeaux (Langoiran et ailleurs) à la grande colère des verriers de cette Ville.
    Antoine Fontanilhes entreprit de suite quelques réparations, il fit construire des logements pour le personnel.
    Évidemment il ne s'agissait pas pour lui de résider à St Macaire, il y délégua un commis ou homme de confiance. Nous voyons, par la correspondance de ce dernier, fonctionner sur le vif une manufacture moins importante que celle de Mitchell ou de Van de Brande et qui occupe environ vingt à trente ouvriers.
    En principe, Fontanilhes a affermé St. Macaire et dans les actes il est qualifié de "fermier ", ce n'est là qu'une fiction juridique, les ouvriers principaux qui savent écrire adressent toujours leurs requêtes à "Monsieur Fontanilhes propriétaire de la verrerie royale”.
    En Bazadais, la plupart des gentilshommes verriers demeurent propriétaires et directeurs de leur petites verreries mais dans les grandes verreries c’est à dire dans les entreprises moyennes de la Gironde, le bailleur de fonds est l'authentique propriétaire et le gentilhomme verrier un ouvrier qualifié qui dirige les opérations techniques et la main d'œuvre..
    L'attitude de Fontenilhes à Bazas a déjà permis de déceler un homme qui s'entoure de multiples précautions. Son "commis" à St Macaire est chargé d'établir les livres, rédiger des rapports très détaillés et fréquents, veiller en un mot à la marche des affaires.
    Mais le magasinier chargé de recevoir les bouteilles, les "établir en entrée et sortie, veiller à la manœuvre de la cour "détient aussi une part d'autorité, ce qui semble déplaire singulièrement au commis.
    Ce dernier, par ailleurs, rend compte sans la moindre indulgence des faits et gestes du "directeur" Charles le Bigot, dont nous mesurons par la même, la fonction subalterne de technicien.
    On se défie aussi de lui, sans doute, puisque l'un des souffleurs se voit qualifié de "directeur adjoint" dans son contrat.
    En l'absence du propriétaire réel règne une atmosphère peu propre à des rapports confiants et cordiaux, il serait intéressant de pouvoir connaître, avec autant de précisions, l'atmosphère d'une autre manufacture celle de Bazas, par exemple, où durant ces mêmes années 1780 le nouveau fermier PINAUD passe pour un homme honnête, humain, réglant toutes les difficultés en bon accord avec ses ouvriers
R. NOUAT
(à suivre) dans le prochain numéro : SALAIRES & CONDITION OUVRIÈRE

ACTIVITÉS de la SOCIÉTÉ
EXPOSITION des 20 et 30 AVRIL
    À l'occasion du Congrès Départemental des Anciens Combattants, la Société avait installé dans la bibliothèque municipale, grâce aux collections des archives communales et des amateurs locaux, un ensemble très complet de documents militaires de 1789 à nos jours : affiches, proclamations, citations, bons de réquisition, liste des conscrits, etc... On pouvait voir aussi des pièces d'équipement shakos, képis, casques, épées et armes.

EXCURSION du MARMANDAIS
    Le 7 Mai une quarantaine d' “Amis du Vieux Marmandais", arrivés en autocar ont été reçus par MM JAMET, COUNILH, ARAMBOUROU et LAVILLE.
La Marmory, le Château des 4 Sos, le Monument des Bénédictins, l'Eglise, le Sault, la Maison du Prince Noir furent particulièrement appréciés. On se quitta au pied du balcon de l'Ancien Hôtel de Ville et les excursionnistes continuèrent vers St Macaire, Villandraut et Bazas. A leur tour, la 15 Juin, un groupe d'élèves du Collège de Marmande, a visité sous la conduite de MM. Jamet et Arambourou, La Réole et St Macaire.

REUNION du BUREAU du VENDREDI 2 JUIN
    On décide d'adresser à M. le Président du Comité des Fêtes la lettre suivante : "Les Amis du Vieux Réolais, soucieux de maintenir les traditions locales, ont décidé de contribuer cette année, dans la mesure de leurs moyens, aux dépenses engagées pour réaliser la procession sur l'eau des fêtes de l'Ascension.
La Société tient à votre disposition la somme de Francs : 1000
Distribution du No 2 des Cahiers. Cette distribution a été retardée à cause de la maladie de notre trésorier Camille Biot. La Société s'excuse auprès de ses abonnés et souhaite à M. BIOT un prompt et complet rétablissement.
Le Secrétaire,

Cahiers du Réolais par auteur ICI par article ICI

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