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     Il y a quelques années, le lundi 18 février 2013, Guy Labadens, cousin germain de Max et Mimi, a photographié ses souvenirs de vacances...

    Il y a quelques années, le lundi 18 février 2013, Guy Labadens, cousin germain de Max et Mimi, a photographié ses souvenirs de vacances réolaises des années 60.


Album photo

    Les images sont d'aujourd'hui, les souvenirs forcément d'hier.
    Foin de nostalgie, mais traces légères de moments de découvertes, de rencontres, de plaisirs avec celles et ceux qui ont composé le paysage d'une partie de ma jeunesse.
    La Réole si proche et si différente. Mes jeunes années courent le long de tes quais.


L'épicerie

La grand'mère de Suzy tenait une épicerie. Les étiquettes étaient écrites à la main, à l'encre violette, sur des morceaux de carton. Certaines, proches des produits plus gras avaient leur lettrage coulant, non sans grâce, vers le bas de l'annonce.
    L'épicerie a fermé son commerce avec l'arrivée massive des pointes Bic.

Le tabac journaux

Dans ce tabac journaux, il y avait un curieux mélange olfactif, à nul autre pareil, entre papier, tabac, confiserie. J'allais y chercher, pour le Pépé, le magazine Rustica et des Gauloises "disque bleu".
    Un jour, il y a peu, au hasard de mes nombreuses circulations, je suis tombé sur la même odeur, dans un tabac-journaux de Bretagne, autant qu'il m'en souvienne.
    L'enfant qui y achetait des bonbons se forgeait, sans le savoir, une mémoire pour la vie.

Lous Réoules

Cet ensemble folklorique fameux avait vu la rencontre de Max et de Suzy. Je me rappelle avoir vu danser Lous Réoules, devant le plus vieil Hôtel de Ville de France, un jour de fête. Ces danseurs étaient très aimés et très applaudis par les réolais.
    Au demeurant le groupe partait souvent en tournée pour donner des représentations à travers le département et bien au-delà.
    C'était le début des années 60 et il y avait toujours ce décalage pour moi, dans ce La Réole que j'aimais, entre la modernité qui poussait et ce que je ne nommais pas encore patrimoine et qui avait tant de richesse architecturale.
    Entre le Teppaz de ma cousine et la maison à colombage de la rue Peyssegin, entre Lous Réoules et l'arrivée des yéyés, entre Aliénor d'Aquitaine et Catherine Langeais il y avait ces écarts de temps qui nous constituent et nous guident sur la promenade de notre vie.

L'homme des vœux Bartissol

C'est à ce croisement, me semble-t-il, que l'oncle Marc crut rencontrer L'homme des vœux Bartissol.  
    Pour ce jeu radiophonique de Radio Luxembourg, il fallait dire à un inconnu demandant un renseignement géographique à priori incongru: "Vous ne seriez pas L'homme des vœux Bartissol? " 
S'il répondait : "Oui", on devait lui présenter immédiatement une capsule, même aplatie du fameux vin cuit et alors, L'homme des vœux Bartissol pouvait satisfaire un souhait de l'heureux gagnant.
    Il n'existait qu'un seul  Homme des vœux Bartissol pour tout le territoire français, en conséquence les chances de gain étaient réduites.
    Cependant le dimanche, les adultes trinquaient au Bartissol, qui avait supplanté pour un temps Byrrh, Cinzano et autre Martini.
    De Gaulle était au pouvoir, la loi Evin était encore loin.

La côte des Quat' Sos
  
C'était mon Izoard à moi. Longtemps je ne pu atteindre son sommet. 
    Certes la côte n'est pas très longue et le pourcentage reste très modeste, mais il me manquait toujours quelques coups de pédales pour arriver en digne grimpeur sur la place de l'église.
    Et puis un jour, dopé sans doute à la cuisine familiale et accompagné d'un moral de vainqueur, j'avalais le dernier lacet.
    Je vis flotter devant moi l'ombre de Charly Gaul et je me décernai, ipso facto, le surnom d'Ange des Quat' Sos.

La grille

 Cette porte est un peu emblématique de La Réole. Surplombant la Garonne, véritable œuvre d'art, elle illustre l'aspect patrimonial de la ville.
    Pour moi, elle évoque, à tort ou à raison, le mariage de mon cousin Max avec Suzy. 
    Y a-t-il eut une photo devant elle, les mariés sont-ils passés par le cloître avec celle-ci en fond, la noce a t'elle descendu l'escalier vers le fleuve? Des images sont là, mais la mémoire précise fait défaut.
    Cette porte a été photographiée des milliers de fois depuis ce jour de mariage: souvenirs de voyage, promeneurs du dimanche, cartes postales, guides touristiques, contre jour sur fond de ciel orageux, en argentique, en jetable, en iPhone, en bridge, en compact, en reflex, en noir et blanc et en couleurs.
Plus une, ci dessus.

Jean de La Réoule

Lors de nos premières visites à La Réole, sinon la première, mon oncle déclara qu'il fallait aller voir la statue de Jean de La Réoule située au centre ville et symbolisant la résistance des Réolais aux envahisseurs.
    Il avait certainement si bien présenté ce héros que je m'attendais à une statue imposante, peut être comme celle de Gambetta, sur les allées de Tourny de mon enfance.
    Arrivés sur la place de la Libération, enfin au Touron, il fallut nous tordre le cou mes parents et moi-même, pour apercevoir une toute petite statue du héros sus nommé, posée en hauteur sur un immeuble d'angle. Elle était sans doute haut perchée pour mieux voir les ennemis de loin.
    Celui qui ne fait que passer ne peut voir Jean de La Réoule. Il faut s'arrêter et regarder vers le haut.     La marque des plus grands.

Place du Martouret
   
Il y avait une amie de ma cousine, prénommée, je crois, Régine, qui habitait une maison autour de cette place.
    Le jour où elle lut les résultats du bac dans le journal Sud Ouest, elle avoua avoir dit, ce qui me stupéfia : "J'étais tellement sûre de l'avoir, qu'avant de lire la liste des admis, j'ai regardé les programmes de cinéma" .
    C'est à ce moment précis, je pense, que j'ai pris la décision d'arrêter mes études et de faire du théâtre.

Cinéma Le Gymnase
 
J'y ai vu, à la toute fin des années cinquante, avec mon oncle Marc, un western avec Randolph Scott     L'aventurier du Texas.
Allant très peu au cinéma avec mes parents, cette sortie, durant les vacances de Pâques, fût une véritable fête qui m'accompagne toujours. Mon oncle avait dit en sortant de la salle: "Ce western est bien, c'est une histoire d'hommes".
    J'ai revu, il y a peu, cette histoire d'hommes. Randolph Scott continue de chevaucher en solitaire, emportant son passé et ses secrets à la frontière du Texas et du Mexique, frontière matérialisée par un simple pont enjambant un bras du Rio Grande sur mon générique de  La dernière séance.


La route de l'aéroport

Après avoir passé le pont du Rouergue, nous prenions souvent la route de l'aéroport pour une balade vers le canal de Garonne. Le cousin Max avait assemblé un vélomoteur qu'il me confiait.
    Cet engin avait une particularité: le frein arrière était fixé sur la poignée de droite, contrairement aux montages traditionnels "Parce qu'on a plus de force avec cette main " justifiait mon cousin avec conviction.
    Encore fallait-il lâcher simultanément la poignée des gaz, qui elle était restée à sa place habituelle et serrer au même instant celle du frein.
    Un coup à prendre, réservé aux droitiers, entre lâcher prise et fermeté.

Le stade

Le stade, régulièrement inondé durant les grandes crues de la Garonne, était le fief du XIII. 
    Le terrain, naturellement gras, ne se prêtait pas toujours aux envolées légères de trois-quarts  inspirés. 
    A ma connaissance Puig Aubert, dit Pipette n'y botta pas ses drop goals de légende. 
    C'était un jeu plus âpre, de rentre tronche, de baffes sonores, de pisse blaire, de bouffe gazon. 
Les bagarres y étaient fréquentes sur le terrain comme dans les tribunes. On a encore en mémoire le visage de quelques spectateurs au verbe haut et aux poings lourds qui, le dimanche finissant, après avoir réglé son compte tant à l'arbitre qu'aux spectateurs adverses, juraient que le XIII était le vrai et beau jeu, par rapport à ce XV hautain et si amateur.
    Quand une profession de foi tient à quelques mandales et à une soustraction.

On the road

À l'époque où nous avions vu ma cousine et moi Johnny Hallyday aux fêtes de Blasimon, était paru un article dans Salut les copains où la vedette évoquait ses nombreuses tournées et les différents moyens de locomotion qu'il utilisait: trains, voitures, bateaux... 
    Il se représentait même ces modes de transports regroupés en une seule image comme dans les livres scolaires de notre enfance.
    Depuis les hauteurs de La Réole, tout est à la disposition de l'imaginaire du voyageur potentiel y compris, dans le lointain, le terrain d'aviation et le canal de Garonne.

Les quais

Les quais... lieu incontournable du marché du samedi matin, de la foire de Toussaint, des inondations spectaculaires et... d'un critérium cycliste.
    Je n'y étais pas à ce critérium, mais j'ai su qu'Anquetil, Geminiani et autres gloires de l'époque, avaient effectué sur un circuit court créé à l'occasion une prestation sportive et commerciale qui avait drainé les amoureux de la petite reine.
    Quand je circulai sur les quais, aux vacances suivantes, pédalant sur le vélo de ma cousine, longeant les bandes blanches, restes du tracé cycliste, je m'imaginai dans la roue des champions et ne reculant devant rien, les jours de folie, réglant tout le monde au sprint.

Le Rex
 Le Rex était le cinéma phare de La Réole, au prestige inégalé comparé aux deux autres établissements cinématographiques: Le Casino et Le Gymnase.

    Trônant au milieu de la place de la Libération, il ne pouvait échapper ni aux regards des autochtones ni à celui des voyageurs traversant la ville, surtout dans le sens Marmande Langon.

    Façade dégagée sur Le Turon, il était une invite à de grands spectacles en scope et couleurs.

Cependant je n'ai qu'un seul souvenir de spectateur dans cette salle et ce ne fut ni Ben Hur , ni Autant on emporte le vent, ni même Le docteur Jivago mais la très modeste Cuisine au beurre avec Fernandel et Bourvil, film 35 mm en noir et blanc et à la digestion instantanée. Cette comédie légère fait encore les fins de soirées des chaînes de la TNT alors que la façade du Rex invite toujours aux voyages du 7ème art.


Le marchand de journaux du centre


Nous y achetions de temps à autre, ma cousine et moi des publications correspondantes à nos âges et nos goûts.

    Mais surtout, nous allions chercher pour toute la maisonnée, la bible télévisuelle hebdomadaire : Télé 7 jours. Savoir qui Jacques Chabannes et Suzanne Gabriello allaient accueillir à Paris Club, qui rencontrerait qui, au prochain Intervilles et quel film cette semaine serait programmé le dimanche soir.

    Le magasin a fermé. La revue existe toujours, la télévision aussi.


La maison de la rue Duprat


Certainement le lieu par excellence de(s) mémoire(s): l'atelier de l'oncle Marc où grâce à une installation ingénieuse, un cordon, un seul, tiré de façon nette donnait la lumière à l'atelier, alimentait les machines et donnait vie à la radio ; les merveilles et les bocaux de cèpes de ma tante/marraine Yoyo, les poulets aux grains du Pépé (ses petits amis), le vaisseau spatial de Guy Léclair conçu et réalisé avec ma cousine Mimi.

    Au premier étage côté rue, l'ancienne chambre de mon cousin Max, avec ses livres de science fiction aux couvertures dessinées avec engins spatiaux extraordinaires, monstres et héros déterminés et un cendrier carré avec une tête de boxeur en relief encaissant un crochet du droit.

    Et puis il y avait Zappy, les J.O. de Rome à la télé en noir et blanc, le grand pré vert en pente, les toilettes au- dessus du Charros, ah... ces ploufs spectaculaires, les oiseaux en cage, la tourterelle jouant avec le chat, la famille Duraton, le téléphone dans le couloir, les locataires qui rient...

    C'était pour moi les vacances de Pâques ou d'été en amont de la Garonne et au bout de la ligne des autobus de la compagnie Citram.


La Réole - Images/Mémoire(s)

Avec:

Yoyo, Marc, Renée, Maurice, Mimi, Suzy, Max, le Pépé, les Sauvignon, Régine, Randoph Scott, les 4 Sos, Jean de La Réoule, Bourvil, De Gaulle, Evin, Fernandel, Zappy, L'homme des vœux Bartissol, Charly Gaul, Jacques Chabannes, Guy Léclair, Raphaël Géminiani, La famille Duraton, Aliénor d'Aquitaine, Puig Aubert dit Pipette, Catherine Langeais, Johnny Hallyday, Suzanne Gabriello...


Sauf erreur ou omission...



















Seul manque le cinéma Casino devenu un parking...







La Garde Nationale à La Réole - 1870 d’après les notes de Jean Fauchez, réolais qui y relate les événements à travers son vécu, d’abord à ...



La Garde Nationale à La Réole - 1870

d’après les notes de Jean Fauchez, réolais qui y relate les événements à travers son vécu, d’abord à Bordeaux, puis à La Réole.
[ Début juillet 1870, à Ems, se déroulent des négociations entre l'ambassadeur de France et le roi Guillaume Ier de Prusse concernant le conflit né de la candidature du prince de Hohenzollern au trône d'Espagne. N'obtenant pas satisfaction, ni de Guillaume, ni de Bismark, la France déclara la guerre, le 19 juillet 1870 à la Prusse. ]

JUILLET 1870
    Ce soir, 19 juillet 1870, la guerre a été déclarée contre la Prusse. On parle d’assembler la Garde Nationale mobile. Le 26, les préparatifs de la guerre se font avec beaucoup de vigueur et d'entrain.
Des trains entièrement chargés de munitions, de vivres et de soldats circulent continuellement.
    Les troupes d'Afrique débarquent à Toulon ; la flotte est prête à faire expédition dans la Baltique.
Le 27, la Garde Nationale mobile va recevoir les feuilles de route.
Le 30, l'Empereur s'est rendu à Metz comme commandant général de l'armée du Rhin.


Départ de la garde nationale mobile de la gare d'Aubervilliers en juillet 1870

AOÛT 1870
Le 3, les Français ont pris la petite ville de Saarbruck aux Prussiens. Elle a été réduite en cendres.
Le 5, les Prussiens ont attaqué ; ils étaient soixante mille contre huit à dix mille français. Deux généraux français ont été tués et un grand nombre d'officiers a été pris. L’ennemi est entré en France avec des troupes considérables. Ils y ont perdu sept à huit mille hommes ; nous, cinq à six cents. 
    Toute la France est étonnée. On propose des enrôlements volontaires pour aller au secours de l'armée. Grande animation dans Bordeaux.
    Le 8, on a convoqué la Chambre des députés et le Sénat pour proposer la levée des 20 à 30 ans pour le service militaire et des 30 à 40 ans pour la Garde Nationale sédentaire.
    Le 9, début des enrôlements volontaires. Le bureau était en plein air, sur le péristyle du Grand Théâtre ; spectacle vraiment imposant : ces jeunes gens se bousculaient pour se faire inscrire. Le soir, sur la place de la Comédie et à la Préfecture, foule immense et compacte, assez impatiente de nouvelles.
    Le 10, poursuite des enrôlements presque toute la journée; grande agitation dans la ville.
Ce soir, déferlement continu, du Cours de l'Intendance jusqu'aux quais, place de la Comédie, Allées de Tourny, Cours du 30 Juillet et rue Sainte-Catherine. Les engagés se sont emparés d'un drapeau arboré à un café sur l'Intendance. 
À 10 heures ½, la foule s'est portée à Tivoli, à l'établissement des Jésuites : ils ont ébranlé le portail de fer et le mur de clôture pendant ¾ d'heure, puis une charge d'agents de police et de mouchards les a dispersés à coup de casse-tête.
    Le lendemain, beaucoup de mouvements dans la ville.
    Le 16, combat entre les armées ennemies ; grandes pertes côté prussien. Deux jours plus tard, le maréchal Bazaine a refoulé une division prussienne dans les carrières de Jauvont.
Les escadres de la Baltique et de la Méditerranée ont fait la capture de plusieurs navires prussiens.
    Le 25, la Garde Nationale sédentaire est montée à Bordeaux et fait déjà le service de la troupe absente.
    Le 30 août, je suis allé me faire inscrire pour la Garde Nationale sédentaire.

SEPTEMBRE 1870
    Exercice de la Garde Nationale, le 1er septembre (depuis le 30 août, on se bat avec des succès et des revers entre Metz et Sedan); le lendemain, le combat continue, jour et nuit. Mac-Mahon est forcé de se replier sous le nombre des ennemis jusque sous Sedan. Il est gravement blessé. Failly a été surpris par l'ennemi et a été tué ; les uns disent par ses soldats, les autres disent par les mitrailleuses ennemies.
    Le 3, on annonce l'arrivée dans la rade de deux batteries flottantes de douze canons chacune.
La ville de Sedan a dû se rendre. Le général Weinpffin a signé la reddition. L'empereur a été fait prisonnier avec le reste de l'armée de Mac-Mahon, qui au départ comptait quarante mille hommes.
    Il ne reste plus que Bazaine sous les murs de Metz. Il a perdu beaucoup de monde et il est cerné. Strasbourg est à moitié détruite par les bombardements.
    La levée des hommes de 25 à 35 ans se fait à la hâte, mais on manque d'armes.

Le dimanche 4 septembre, la statue de l'empereur sur les Allées de Tourny a été jetée à terre.
    Cette statue équestre était en zinc d’environ un centimètre et demi d'épaisseur. Il n'y a ni opposition ni désordre, chose extraordinaire pour une foule d'au moins dix mille personnes. On a traîné le socle de la statue (tout le reste ayant été réduit en petits morceaux, y compris les jambes du cheval) jusqu'au fleuve, où elle a été jetée depuis le milieu du pont. Au retour, on a escaladé tous les drapeaux pour en enlever les aigles.
Ce soir à Paris, on a proclamé la République.
On a commencé à démolir, le 5, le piédestal de la statue. Le préfet a été démis de ses fonctions et remplacé. Le lendemain, l'Impératrice a abandonné les Tuileries, ainsi que la régence. Tous les ministres ont été changés et pris parmi les députés de gauche ; le sénat a été dissous.

Une cousine de Jean, habitant Libourne, décrit ce qu’elle y voit pendant ces événements :
Les Gardes Nationaux sont 1.500 à faire l'exercice tous les jours (3 heures, trois fois par jour). Ils sont écrasés de fatigue ; pourtant lors des repas, ils chantent à tue-tête la Marseillaise ; les Girondins ajoutent le Chant du Départ.
    Mon époux a été nommé caporal, car au second jour de l'exercice, le lieutenant, remarquant que le sous-lieutenant était inapte à commander des hommes, s'écria: " R., vous sentez-vous la force de commander et connaissez-vous la théorie ? ". " Non, mon lieutenant, je ne suis pas très fort, mais je l'étudie tous les jours ". Il espère passer sergent. Pour l'instant, il reste à Libourne : les jeunes gens non mariés sont dirigés sur Paris. N'étant pas en nombre suffisant pour former un contingent, les hommes mariés sans enfants vont être tirés au sort.
    Le 4 septembre, la ville de Libourne fut assez calme jusqu'au soir ; mais à l'arrivée du train de 11 h, quand on apprit ce qui s'était passé à Bordeaux (statue de l'Empereur traînée dans les rues et jetée à l'eau), il n'en fallut pas davantage. Cette nuit-là, j'entendis une rixe entre deux individus, des bruits de tambours, puis une rumeur qui allait toujours croissant ; la place de la Mairie était envahie par un attroupement. Peu après, une foule immense passait sous nos fenêtres, déambulant en rangs serrés, de la Place de la Mairie à la gare, en criant : " À bas l'Empereur, vive la République ". 
    Cela faisait un tohu-bohu d'enfer ! Tout le monde (les gens calmes, en simple costume, restaient - bien entendu - chez eux) regardait, aux fenêtres, défiler les émeutiers. Ceux-ci réclamèrent un drapeau. Comme il n'y en avait pas, on les fit entrer dans la buvette de la gare, où il leur fut distribué du vin blanc à discrétion et du tabac. Ils repartirent comme ils étaient venus, vociférant et devancés par les roulements de tambour. 
    Ils ne cessèrent de brailler jusqu'à 4 heures du matin ! Une heure plus tard, les va-et-vient reprirent avec, cette fois-ci, des drapeaux. Ils réclamèrent le buste de l'Empereur qui se trouvait dans la mairie et le brisèrent. Ils promenèrent, jusqu'à la gare, celui de l'Impératrice, ainsi qu'un grand portrait de son époux la tête en bas. Ils obligèrent tous les conducteurs croisés à crier : " Vive la République ", sinon ils les bloquaient.

Suite du récit de Jean :
    Le 10 septembre, Mac-Mahon n'est pas mort, comme on en avait fait courir le bruit. 
Les États-Unis d'Amérique nous envoie trois cent-mille fusils ; la Norvège et la Suède quatre vingt-dix-mille.
    Les Prussiens sont à 66 km de Paris. Le 11, il arrive, en masse, du monde de Paris, fuyant l'approche des Prussiens. Le général de Laon a fait sauter la citadelle, lorsqu'elle a été envahie par six-cents Prussiens. Il est mort avec eux. Le 24, on dit que Strasbourg a capitulé.
    
    Le 25 septembre, Jean Fauchez rentre définitivement à La Réole, n’ayant plus de travail, du fait de la guerre (arrêt de projets d’architecture).
Le 26, la Garde Nationale sédentaire de La Réole reçoit l’ordre de service n°1 :
« Le bataillon se réunira tous les dimanches à 3h de l’après-midi, sur la promenade des Tilleuls pour revues et exercices. Un poste de 24 hommes plus leurs chefs, fera le service de Sûreté et de Police et sera relevé toutes les 24h. Tous les Gardes Nationaux n’ayant pas accompli 35 ans seront réunis tous les jours de la semaine, dimanche excepté, de 8 à 10h du soir, pour être instruits et préparés au maniement des armes. Toutefois, ceux de la 6° Compagnie (hors ville) en sont dispensés les mardi, jeudi et samedi de chaque semaine ».

OCTOBRE 1870
    Jean reçoit le 3 octobre, un courrier du Service obligatoire - Garde Nationale de Bordeaux :  "Veuillez vous rendre le 5 courant à 6h ½ du matin très précise, en tenue et en armes à la Place des Armes ".
Le 4 octobre, ordre du jour des Gardes Nationaux réolais n°2 :
« Instruction et exercice des six Compagnies, tous les jours, sauf dimanche, par demi-section et à tour de rôle. Revue et exercice le dimanche à 2h, promenade des Tilleuls. Remise par le Maire de 26 fusils à chacun des chefs des six Compagnies... »
Le 24 octobre, l’ordre du jour n°3 modifie le précédent, « à la demande de tous les chefs de poste, en réduisant le nombre à 12 hommes. De plus, la 6° Compagnie étant de service 24h, ne pouvant travailler les champs, leur service sera allégé ; elle fournira chaque nuit un piquet de six hommes commandé par un caporal ou un sergent, pour faire une patrouille et devra se faire reconnaître par le poste de la Place du Turon, où le chef aura pris auparavant le mot de ralliement et ses instructions. Un tambour conduira la montée et descente de la Garde ».
    Le 28, la capitulation de Metz démoralisait toute la France et déshonorait le maréchal Bazaine.
L'armée de Paris tente une sortie par l'Est et l'armée de la Loire avance également.

NOVEMBRE 1870
    Le 7 novembre, l’ordre de jour n°5 précise que « chaque remplacement d’un Garde National pour le service de poste, dûment autorisé par son chef, sera fait uniquement par un membre appartenant à sa Compagnie. M. les chefs de Corps sont priés de veiller à ce que le prix du remplacement ne dépasse pas le prix de la journée d’un ouvrier. Le 13, inspection des armes ».
    Le 15, l’ordre du jour n°6 fait remarquer « qu’après la pause pendant les exercices du soir, beaucoup de Gardes Nationaux sont en retard ou déjà partis. Dorénavant le début et la fin du repos seront indiqués par un roulement de tambour ».

DÉCEMBRE 1870
    L'armée de Paris a traversé, le 2 décembre, la Marne ; deux jours plus tard, celle de la Loire recule sur Orléans, qu'elle avait déjà reprise aux Prussiens. Le 6, l’ennemi rentre dans Orléans.
Le lendemain, je reviens, vers 5 heures, à La Réole avec les célibataires de Sauveterre. Tous les cantons se sont réunis pour former un bataillon.
    Le 9, le gouvernement provisoire a quitté Tours pour Bordeaux. Ce déménagement a produit une mauvaise influence sur le pays. L'armée de la Loire a été coupée en deux par les Prussiens. Neige et gel depuis quelques jours.    
    Le 13, sont arrivés cinquante blessés à la gare de La Réole, et le lendemain, à 10 heures du matin, 550 lanciers, les officiers avec femmes, enfants et bagages, plus 250 chevaux ; la ville devient un dépôt pour réformer le régiment avec les célibataires de l'arrondissement de La Réole : 1.300 hommes en tout.
    Le 15, un cheval des lanciers a eu une cuisse écrasée d'un coup de pied ; on l'a abattu. J'en ai rapporté un morceau que tout le monde a trouvé excellent. Le 18, je suis allé faire l'exercice sur le port.
On a crié : " À bas le sergent major " à cause d'une convocation de Gardes aux Portes, que le capitaine adjudant avait ordonnée sans raison.
 
Des gardes nationaux, Gardes mobiles, français en 1870.

L’ordre du jour n°11 du 19 décembre est ainsi rédigé : « La Sédentaire et la Mobilisée, montent la garde à jour passé : ce soir, les mobilisés, demain la 1ère Compagnie et ainsi de suite alternativement ».
    Ce soir, le 23, on a élu le sergent-major (c'est moi), trois sergents et dix caporaux. Il est encore arrivé des lanciers avec des chevaux blessés à La Réole. Le 25, j’ai reçu l’annonce de la mort, à Bazas, d'un ami à cause de la picotte. Le 28, tout l'après-midi, le commandant des mobilisés a passé en revue les six compagnies formant le bataillon réolais. Le matin du 29 décembre, la Garde Nationale a été accompagner les mobilisés à la gare. La musique et quelques Gardes Nationaux les ont suivis jusqu'à Bordeaux. À 2 heures, je me suis rendu aux Quinconces, puis sur la place d'Aquitaine, où nous leur disons adieu. Ils vont camper à Bègles. Ce soir, vu des patineurs au Jardin Public.
    Il a neigé toute la nuit. Quinze centimètres de neige, le lendemain. Je suis retourné à La Réole.
Le 29 décembre, lettre du Maire au Commandant de la Garde Nationale: « Le Conseil municipal a exprimé le vœu que la Garde Nationale ne monte désormais qu’un poste de nuit de 12h ».

Voici les réflexions de Jean au sujet de l’année 1870 :
Cette année 1870 est une année de malheur : la variole a fait des ravages dans Bordeaux. On peut presque dire qu'elle a décimé la ville ; il y a eu beaucoup de cas de picotte pourpreuse, quelques cas de choléra. L'été a été d'une sécheresse comme on n'en a peu vue ; chaleur tropicale, jamais de pluie ; toutes les sources, puits, fontaines sont taris ; on ne trouve plus d'eau que dans les rivières et encore en très petite quantité (mon beau-frère a traversé la Garonne avec sa voiture en face de La Réole et sans se mouiller les pieds). Dans les Landes, les bœufs et les vaches meurent de soif dans leur étable. Il n'y a eu ni foin ni regain, ni légumes, ni pommes de terre.
    Pendant ce temps, l'Empereur ne sachant que faire, fait voter le plébiscite et déclare la guerre à la Prusse (qui a fait tout ce qu'il fallait pour se la faire déclarer). De notre côté, nous faisons trois corps d'armée avec 200 à 300.000 hommes contre les Prussiens qui sont 1.200.000 avec une artillerie comme jamais on a vu.
    Aussi le résultat est que notre armée recule ; nos ennemis envahissent l'Alsace, puis la Lorraine, puis l’Île de France, la Picardie, la Bourgogne, la Normandie, la Touraine. Toutes nos places fortes sont cernées et prises.
    Au désastre de Sedan, 150.000 hommes sont vendus par Napoléon III, le maudit.
Puis vint la trahison de Bazaine, qui rend Metz et son armée de 120.000 hommes sans avoir tiré un seul coup de canon. Enfin à Paris, Trochu et le gouvernement provisoire résistent, armés d'une façon formidable. De nouvelles armées se forment comme par enchantement ; on fait venir des armées des pays étrangers ; on fond des canons. Paris, cerné, communique avec la province par des ballons et la province avec des pigeons.

La Capitulation de Sedan vue  Honoré Daumier dans Le Charivari du 22 septembre 1870

    À l'été brûlant et un automne très sec, succède un hiver humide, pluvieux et froid, comme si nous étions transportés en Sibérie. Il a neigé deux fois et la neige est restée huit à dix jours. Les gelées ont été des plus rudes. Triste temps pour faire la guerre et camper. Nos Gardes Mobiles, nos soldats et nos mobilisés, qui n'ont jamais été aguerris et qui ont été si mal vêtus avec des draps de très mauvaise qualité et des vêtements insuffisants.
    Et tout le mal que font nos envahisseurs dans les pays qu'ils traversent : ils pillent, ils brûlent et n'ont de plaisir qu'à détruire, à anéantir. Ils violent et tuent des gens inoffensifs pour le plaisir de tuer.
    Ils ont même poussé la barbarie jusqu'à brûler vifs des femmes, des vieillards et des enfants ; ils ont crucifié des journalistes.

JANVIER 1871
    Ce soir, dimanche 15 janvier, la Garde nationale a fait une sortie : il manquait les deux tiers.
 Le surlendemain, est parti un escadron de lanciers (cent-cinquante hommes) nouvellement équipés.
    Le 21, la Garonne a monté jusqu'au champ de foire ; le dimanche 22 : pas de promenade pour la Garde Nationale.

FÉVRIER 1871
    Le 1er Février, on a reçu les conditions de l'armistice. Le lendemain, l'armée du successeur de Bourbaki a passé en Suisse poursuivie par l'ennemi. Aussitôt sur le territoire neutre, elle a été désarmée.
On parle de dix-mille hommes qui se seraient évadés. Le 7, grande distribution de bulletins avant le vote de demain pour l'élection d'un chef-lieu de chaque canton. Il y a peut-être moins d'absents que si l'on avait voté dans chaque commune.
Ils sont arrivés, tambour et drapeaux en tête ; les vieillards en véhicule.
    Le 9, la Garonne croît beaucoup.
    Le 19, lettre du commandant : "Bataillon de la Garde sédentaire de La Réole",
"En me plaçant à la tête de votre bataillon, vous m’avez donné une preuve de confiance et d’estime, dont je suis fier. J’ai fait tous mes efforts pour maintenir la discipline et faire comprendre à chacun qu’il devait prendre au sérieux ses devoirs de garde national. Élu après la prononciation de la république, je suis obligé, quoique à regret, de décliner l’honneur de vous commander.."
    Le 23, les exercices de la Garde Nationale sont suspendues, comme l’indique l’ordre du jour n°15: « Le service du Poste de la Place du Turon est suspendu jusqu’à nouvel ordre, signé Renou, maire de La Réole ».
    Le 27, on dit la paix signée, à quelles conditions ?
Dépêche annonçant l'armistice - À Bordeaux, le 29 janvier 1871
AVRIL 1871
    Le 7 avril, le dernier escadron de lanciers du Cinquième régiment est parti.
    Le 8, Jean note : « Après la guerre avec les Prussiens, les Parisiens se sont mis en guerre civile ; ils ont essayé d'aller à Versailles escamoter l'Assemblée nationale pour instituer le gouvernement par la Commune. Les armées sont obligées de cerner Paris et même, ce qu'il y a de plus pénible, de battre les Parisiens ».
    Le 21, la guerre civile avait commencé à éclater à Bordeaux, mais cela a été vite arrêté. Cependant, la troupe a fait feu sur le public. On parle d'un mort et quelques blessés. Les balles ont criblé les magasins en face de la Caserne du Cours des Fossés.

MAI 1871
    Le 13 mai, le gouvernement de Versailles a pris le fort d'Issy-les-Moulineaux et celui de Vanves va lui appartenir sous peu. Les communeux de Paris commencent à ne plus être d'accord. Leur ministre de la guerre a donné sa démission.
    Le 26, les communeux de Paris touchent à leur fin ; on dit plusieurs chefs pris et fusillés. Mais les vandales détruisent par le feu les principaux monuments de cette première ville du monde : les Tuileries, l'Hôtel de Ville, le Palais de Justice.

JUIN 1871
    Enfin le 8 juin, les derniers communeux de Paris sont pris ; la guerre civile est momentanément terminée.

JUILLET 1871
    Le 5 juillet, je suis allé faire signer la liste des fusils de la Garde Nationale de La Réole.

OCTOBRE 1871
    Le 16 octobre, je suis allé à La Réole, porter les bulletins de convocation aux Gardes Nationaux de la Sixième Compagnie.

DÉCEMBRE 1871
    Le 11, j’ai apporté, à la mairie de La Réole, la liste des fusils délivrés à la Garde nationale. C'est aujourd'hui ou cette semaine, que se fait le désarmement définitif de celle-ci.

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Autre évocation, à La Réole, de la Garde Nationale d’après le Journal de Toulouse, le 20/9/1849

    Dimanche dernier, le 16 septembre 1849, la Société d'Agriculture de la Gironde a célébré sa fête annuelle et procédé à la distribution de ses prix. Elle a fait choix cette année, pour son champ d'épreuves, du domaine de M. Duran de Laubessa, situé dans l'arrondissement de La Réole.
    À cinq heures du matin, un bateau à vapeur, affrété à cet effet, partait du quai de la Grave emportant les membres de la Société d'Agriculture et de nombreux invités, parmi lesquels on remarquait Mgr l'archevêque, M. le maire de Bordeaux...
    À son arrivée à La Réole, le bateau fut salué par des salves d'artillerie. Les passagers mirent pied à terre au milieu d'une population considérable. Ils furent reçus à leur débarquement par MM le maire (Boué), le sous-préfet (Gravier), le curé et les membres du Comice agricole de la localité.
Le cortège, escorté par la Garde Nationale en armes, se rendit à la sous-préfecture, d'où, après une courte station, on se remit en marche pour se rendre sur la propriété de M. Duran de Laubessa.
Là, un autel avait été dressé en plein air (sous les ormeaux bicentenaires). Avant de procéder aux opérations du concours, Mgr célébra la messe, en présence d'une foule compacte et recueillie... ]

Sommaire-tous-les-articles      Le Mois de l'Amitié à La Réole 1 - Le choix de La Réole 2 - Déroulement des "Mois de l'Ami...

    
Le Mois de l'Amitié à La Réole

1 - Le choix de La Réole
2 - Déroulement des "Mois de l'Amitié"
3 - Toutes les photos
4 - Autres lieux des "Mois de l'Amitié" 
5 - Commentaires

    Après lecture du livre "Plus de frontières pendant un mois" voilà donc plus d'informations sur ce Mois de l'Amitié qui a dynamisé La Réole dans les années 60. 
    Créé  en 1956 à Saint-Céré (patrie de Jean Lurçat) dans le Lot, Lotois du Monde son succès l'a fait passer à 2 villes en 1960, 3 en 1962 et la quatrième La Réole en 1964.
Les étudiants du Mois de l'Amitié avec Lous Réoulès (Photo T Checchetti)

    Tous les ans Saint-Céré, Montargis, Bergerac et
La Réole depuis 1964 recevaient, à cheval sur Juillet et Août des étudiants (scolarisés en France) venus de différents pays du monde.
    Ceci à l'initiative de l'Association des Amis de la République Française dont le Président était M. Maurice Schuman, ancien Ministre, et le Directeur, M. Robert LANGE, auteur du livre "Plus de frontières pendant un mois".    
    L'association gérait le financement, par une vente d'objet venus du monde entier via les ambassades de France, appelée Vente des Nations, et qui a lieu début décembre au Parc des expositions Porte de Versailles à Paris.

1 - Le choix de La Réole
Extrait de "Plus de frontières pendant un mois"

Un village insolite
La Réole répond à cet impératif que nous avons déjà énoncé: priorité aux villes de moins de cinq mille habitants (chiffre du dernier recensement: quatre mille six cent cinquante). Cette pittoresque petite ville, bâtie en amphithéâtre sur les collines dominant la Garonne, compte quelques rues escarpées et parfois si étroites que plusieurs d'entre elles sont à sens interdit: il existe même une zone bleue où le disque est obligatoire et le stationnement limité à une heure, tout comme à Paris. Son ancien Hôtel de Ville comporte une salle spacieuse où le "Rotary" offre un somptueux dîner aux chandelles aux stagiaires du Mois de l'Amitié. On accède à l'ancien couvent des Bénédictins, devenu le nouvel Hôtel de Ville, par un admirable portail en fer forgé de Blaise Charlier ??, une voûte splendide et un majestueux escalier de pierre, assurant à l'immense bâtisse qui surplombe le fleuve une étonnante grandeur... La beauté de cette ancienne forteresse, dont ce n'est pas le lieu ici de conter l'extraordinaire histoire, n'est pas- et il s'en faut - le seul attrait de ce village insolite.
Après la rentrée du troisième trimestre de 1964, les responsables de l'organisation des rencontres universitaires internationales se réunissaient dans le bureau du Maire de La Réole, qu'entouraient ses adjoints, le principal et l'intendant du lycée, pour décider de l'installation des étudiants dans l'annexe moderne du lycée, et désigner le directeur de ce stage.
Guy Rapin venait à peine de terminer sa classe lorsque le concierge lui apprit que le principal l'avisait qu'il lui fallait se rendre d'urgence dans le cabinet du Maire.

2 - Déroulement des Mois de l'Amitié

   Guy Rapin (†24-08-2025), réolais, professeur de Biologie, a assumé la gestion locale de 1964 à 1973. Responsables en 1965 au côté de Guy Rapin : Simone Artins, Mlle Debayle, Régine Clavet, Josée Dubourdieu, Lucette Fabre, Françoise Moreau, Mr JC Lasserre, Jean Roland, Jean Marie Lefevre, Mr Paris Proviseur du lycée.
J'ai eu au téléphone Odile Jeannesson qui s'est occupée de l'intendance du Mois de l'amitié en 1968, elle remplaçait Simone Artins (malade).
L'intendance consistait à acheter la nourriture pour les étudiants, un cuisinier s'occupait de la fabrication des repas : Odile bénéficiait des fournisseurs de ses parents, épiciers à La Réole.
Les étudiants étaient hébergés aux Jacobins.
Odile a assuré le remplacement de Simone Artins en 1968 et a transmis ses informations à Régine Clavet.

    C'était une rencontre de jeunes gens et de jeunes filles de pays très divers, de toutes religions ou idéologies, étudiants de disciplines les plus diverses.
    M. LACHASSE, inspecteur d'Académie, qui résidait au Moulin de Loubens, avait proposé que cette rencontre se fasse dans la ville accueillante de La Réole.
    Il s'agissait de faire connaitre à ces jeunes une petite ville française, et sa région, le Sud-Ouest (Bordeaux, la Dordogne. les Landes, Pau et le Pays Basque) ; des excursions étaient à organiser.

Ancien hôtel de ville, Exposition de dessins d'enfants : Mr Arnaud (Unesco) Mr Goergler (Inspecteur Primaire) (Photo T Checchetti)

    Par ailleurs, chaque Rencontre proposait un thème de réflexion et de débat présenté par une personnalité ;
Ainsi ; "Les jeunes face à l'enseignement" présenté par M. Louis JOXE, ancien Ministre, "L'action de l'UNESCO dans le domaine de l'Enseignement", "Les moyens modernes de communication avec les masses" , "L'adaptation de l'Enseignement au contexte africain", etc.

    Ces Rencontres ont été à l'origine de découvertes et de nombreux liens d'amitié entre ces jeunes, qui s'approfondissaient ensuite quand ils se retrouvaient parfois en France ou à Paris ou dans leurs pays respectifs.

14 juillet à La Réole, à droite les étudiants du mois de l'amitié (Photo T Checchetti)

    Et elles ont été aussi une découverte et un enrichissement pour les réolais et tous ceux qui ont approché et aidé les "Mois de l'Amitié" pendant ces années.

    Lors de chaque session le Rotary Club de La Réole invitait les étudiants pour une soirée: 
Un album photo avec des extraits du livre d'or signé par des étudiants :  Ici

Quelques documents :
Une plaquette présentant le Mois de l'amitié 1968 Ici
Des articles de presse Ici
Un album photos de Horst, Etudiant Allemand en 1969 
Ici
Images du mois de l'Amitié Ici

Le "Mois de l'amitié" des Amis de la République Française
"Le Monde" Publié le 09 juillet 1965 à 00h00 - Mis à jour le 09 juillet 1965 à 00h00
L'association des Amis de la République française, présidée par M. Maurice Schumann,
a tenu 
mercredi une conférence d'information avant le départ pour le Mois de l'amitié de quelques deux cents étudiants de toutes nationalités dans les centres de Bergerac, Montargis, La Réole, Saint-Céré, El Jadida*. Organisées depuis 1956, ces rencontres ont déjà réuni près de deux mille étudiants de cent quatre pays.
* Le Maroc organisa un Mois de l'Amitié à El Jadida en 1963-64 et 65.

Souvenirs de Michel Balans (†2024) :
"J'avais proposé à Guy Rapin d'inviter la Compagnie Dramatique Universitaire de Bordeaux (CDUB) pour laquelle je venais de faire les maquettes des costumes et du décor -Électre- de Jean Giraudoux, Jacques Albert-Canque assurant la mise-en-scène."
Juillet . . . 1968 ! Ébullition, ébullitions ! Ils ont présenté un deuxième spectacle : de retour d'un stage dans le sud de la France ; une création collective (dans le genre de l'époque). La météo ne permis pas la représentation prévue dans le parc du château des Quat'Sos (plancher au sol, et spectateurs sur les talus). Il fut joué au premier étage de l'ancien Hôtel de ville absolument bondé. Le public assis à même le sol ou debout contre les murs et très proche des acteurs : cette situation imprévue a participé au succès de la représentation. (voir photos).

Qui se souvient de cette représentation ?
Album photo ICI

Les spectateurs sont debout ou assis, les acteurs jouent au sol - Le mendiant J. Albert-Canque
Les spectateurs sont debout ou assis, les acteurs jouent au sol - Le mendiant : J. Albert-Canque.
Salle des conférences :soirée finale 1964 avec Guy Rapin à la guitare. Photo colorisée en 2021
Juillet 1973 - A gauche Marie-France et Guy Rapin, à droite nœud papillon veste claire Mr Robert Lange (responsable national), veste sombre Mr Lachasse  (Photo Bernard Sanderre) Photo colorisée 2023


Juillet 1973 - Photo Bernard Sanderre Photo colorisée 2023
1965 : Avec Lous Réoulès- AR gauche à droite : Luc et Jeannette Mothes, Guy Rapin
Bas : Janine Mothes, Maryse et Bernadette Sage, X

3 - Toutes les photos
Guy Rapin, qui a dirigé "le Mois de l'Amitié" de 1964 à 1974 m'a transmis plusieurs centaines de diapositives que j'ai numérisées.
Lien vers la totalité des diapositives
Lien vers les groupes
Lien vers Photos solo
Lien vers Photos 1964-1969
Certaines diapositives n'étaient pas datées...

4 - Autres lieux des "Mois de l'Amitié"  
Les rencontres internationales de Saint Céré :
Sous la présidence de Jean Lurçat, les clubs UNESCO et l'association des citoyens du monde
Le Mois de l'Amitié à Saint Céré
Lotoisdumonde et Garry Davis citoyen du monde

5 - Commentaires
    Merci à Guy Rapin pour tout ce qu’il nous a apporté..il nous a appris la saveur et le sens des choses…adieu généreux grand frère et compagnon de tant d’aventures. Guy Vidal
Pour ses anciens élèves, le souvenir d'un prof qui motivait ses élèves par du concret, herbier, cartes postales et toujours le sourire ! Raymond Vaillier
Guy était ,dès la quatrième en 1962 , notre prof accessible , d'autant plus qu'il lui arrivait dans l'émotion de bégayer et de rougir.
Cette année là, il nous a permis d'inaugurer les sorties pédagogiques à l'extérieur : une révolution !
Prologue: une rencontre sous la pluie avec le potier réolais.
Suite: déplacement en bus vers le moulin de Caussarieu, les mines de lignite d'Hostens, le musée de Villandraut et le lit du Gat Mort à Cabanac (à la recherche des oursins fossiles): inoubliable et Guy nous a donné ses photos de cette expédition.
Et puis, le Mois de l'Amitie, que je contribuais à accueillir chaque année à Saint Macaire , avec tous les drapeaux des pays représentés accrochés sur la tour du château de Tardes.
En 1965, j'y ai connu Avner Falk ,un israélien qui m'a fait découvrir les kibboutzim et je n'ai pas manqué d'aller le voir à Jérusalem en 1970 et de travailler en kibboutz. Nous sommes toujours amis
aujourd'hui... Jean Marie BILLA

Souvenirs de Michel Balans :
"J'avais proposé à Guy Rapin d'inviter la Compagnie Dramatique Universitaire de Bordeaux (CDUB) pour laquelle je venais de faire les maquettes des costumes et du décor -Électre- de Jean Giraudoux, Jacques Albert-Canque assurant la mise-en-scène."
Juillet . . . 1968 ! Ébullition, ébullitions ! Ils ont présenté un deuxième spectacle : de retour d'un stage dans le sud de la France ; une création collective (dans le genre de l'époque). La météo ne permis pas la représentation prévue dans le parc du château des Quat'Sos (plancher au sol, et spectateurs sur les talus). Il fut joué au premier étage de l'ancien Hôtel de ville absolument bondé. Le public assis à même le sol ou debout contre les murs et très proche des acteurs : cette situation imprévue a participé au succès de la représentation. (voir photos).
Qui se souvient de cette représentation ?
Album photo ICI

Les spectateurs sont debout ou assis, les acteurs jouent au sol - Le mendiant J. Albert-Canque





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