Rechercher dans ce blog

Sommaire général Un danseur javanais en France :  Raden Mas Jodjana (1893-1972) Tous ceux qui ont connu Madame Chavoix-Jodjana méde...

Raden Mas Jodjana : de Yogiakarta à La Réole



Un danseur javanais en France : 
Raden Mas Jodjana (1893-1972)


Tous ceux qui ont connu Madame Chavoix-Jodjana médecin pédiatre, mariée au docteur Chavoix, se souviennent de sa haute stature et beaucoup l'ont vue nager inlassablement la brasse coulée dans la piscine municipale.
Certains se rappellent  un petit homme qui marchait dans les année 1970 à La Réole. C'était Raden Mas Jodjana le père de Parvati Chavoix-Jodjana.
Sa vie est résumée dans l'article ci dessous (cliquez sur le texte) :

Jodjana- article revue Archipel

    Il naquit en 1893 à Yogyakarta dans l'île de Java dans une famille aristocratique.
    En 1914, il poursuit ses études aux Pays-Bas (l'Indonésie était alors colonie hollandaise)
    En 1916 il se consacre à la danse ainsi qu'à d'autres activités artistiques (peinture, sculpture).
    Il rencontre en 1919 sa future femme la musicienne Alexandra Pop, descendante de Huguenots originaires du Pays Basque.
    Avec leur deux enfants Bhimo (1924) et Parvati (1926),
 ils parcourent l'Europe avant de fonder un centre culturel dans le Sud de la France.  
pour
    
Leur fils Bhimo étudiant en médecine à Clermont-Ferrand, pris dans une rafle en novembre 1943, mourut du choléra le 8 juin 1944  en déportation à Buchenwald
Parvati, éduquée pour devenir danseuse, choisit la médecine en hommage à son frère.

Lettre de la Croix Rouge

Haute-Bavière à l'attention de M. Hartman

Concernant: M. Raden Bagous Bhimo Jodjana, ressortissant néerlandais, interné à Buchenwald, bloc 26.

Cher M. Hartmann,

Je voudrais demander s'il serait possible, par l'intermédiaire de la Croix-Rouge allemande, de recevoir des informations détaillées sur l'état de santé de M. Raden Bagous Bhimo Jodjana, ressortissant néerlandais, qui réside à Buchenwald, bloc 26, sous le numéro 41. 002 est interné. Selon certaines informations, les autorités du Reich auraient pris la décision de libérer cet interné arrêté à Clermont-Ferrand le 25 novembre 1943 ; Toutefois, cette décision n’a pas encore été exécutée car la gravité de sa maladie ne permet pas son transfert. La mère de M. Jodjana, très troublée par les vagues nouvelles qu'elle reçoit, souhaitait avec impatience avoir plus d'informations sur l'état de santé actuel de son fils.

Je vous serais très reconnaissant de me permettre de répondre à la demande de Mme Jodjana.

Veuillez agréer, cher Monsieur Hartmann, l'expression de mon plus grand respect.

  Traduction de la lettre de droite 

CROIX-ROUGE ALLEMANDE Le représentant en France

 Paris, le 26 juin 1944, Avenue Kléber 46

 Numéro d'acte : VII N - Bu.

 Objet : Recherche sur le prisonnier civil RADEN BAGONS BHNO JODJANA

 11 JUILLET 1944-094449

 Présidium de la Croix-Rouge allemande - Bureau VII Ettal/Obb.

 Le représentant de la Croix-Rouge allemande en France a reçu une demande pour le prisonnier civil RADEN BAGONS BHNO JODJANA, né le 16 janvier 1924 à (La Haye-Hollande, nationalité javanaise (Inde néerlandaise), membre de la famille impériale de DJOZAGARTA (Java), qui fut arrêté le 28 novembre 1943 à Clermont Ferrand et se trouverait aujourd'hui au camp de concentration de WEIMAR-BUCHENWALD sous le numéro 41002/26.  Le lieutenant  Selon un communiqué de la Croix-Rouge française, la famille a désormais pu prouver son innocence et l'ordre de libération a été émis.  Malheureusement, la santé de la personne est si mauvaise qu'elle ne peut pas être rapatriée dans un avenir proche.  Les parents craignent une maladie grave et aimeraient avoir des nouvelles de l’état de santé le plus tôt possible de son fils et demander un transport accéléré vers son domicile

Le bureau local vous demande d'examiner et de signaler cette affaire.

XXXXXXXXX

Le représentant DRK en France : I.A. Dombach.

Traduction de la lettre de gauche

Après la Libération les parents furent nommé professeurs à l'Académie d'Art dramatique d'Amsterdam.
    Il prit sa retraite en 1964, alors que sa femme continua d'enseigner jusqu'en 1981.
 Raden Mas Jodjana est enterré à La Réole dans le caveau de la famille Chavoix-Jodjana
Raden Mas Jodjana
Raden Mas Jodjana


Dessin de RM Jodjana

Raden Ayou Jodjana
Raden Ayou Jodjana mère de Parvati

La tombe de la famille Chavoix-Jodjana
cimetière La Réole
Raden Ayou Jodjana
Parvati Jodjana
mariée au docteur Chavoix
1926-2019 

Madame la docteur Parvaty Jodjana-Chavoix à La Réole de 1950 à 2021

par Michel Balans

    Parvaty Jodjana, née en 1926, surnommée Vaty, est la fille d’un prince indonésien et d’une mère Hollandaise. Le prince Raden Mas Jodjana, est artiste, peintre et danseur traditionnel. Sa mère conférencière. 

Vaty, disciple de son père, est vouée à la danse.  Des tournées dans les centres culturels  et les ambassades européennes amènent la famille, en France, dans les Pyrénées, où la guerre les contraint à habiter le vieux Château de Vergoignan à Barcelonne du Gers pour y recevoir des réfugiés et donner des cours de yoga et de danse

    Bhimo  frère aîné de Vaty se destinait à la médecine, il est raflé par les Allemands, déporté à Buchenwald. Et il décède du choléra en captivité.

    En souvenir de son frère, Vaty se destine à la médecine et arrive à Bordeaux, jeune étudiante. Elle rencontre un camarade, étudiant en médecine, fils d’un ophtalmologue, le docteur Montoux qui vient tous les samedi à La Réole à la clinique privée de la place Gabriel Chaigne.

    La clinique est dirigée par Jeanne Gaubert. une amie de la famille Balans. Vaty apprend par le docteur Montoux que l’hôpital cherche une Interne.

En 1951, Vaty, étudiante de cinquième année, est recrutée par André Queyrens, nouveau directeur de l’Hôpital qui modernise l’établissement après le départ des religieuses.
    Dans un premier temps, par l’entremise de Jeanne Gaubert.     Vaty prend pension chez les Balans, rue Armand Caduc. Elle passe sa thèse à Bordeaux puis logera à l’hôpital. 

    Elle rencontre le docteur Pierre Chavoix en instance de divorce, petit fils du docteur Tronche, célèbre médecin réolais. Ils se marient. Elle s’installe en cabinet, pédiatre, avec Pierre, généraliste. Pierre a deux filles d'un premier mariage.

    Vaty participe à la vie municipale et devient conseillère municipale. 

    Sportive elle fait du cheval, de la natation, du ski nautique. Musicienne, elle joue du piano et de l ‘accordéon. Elle parle sept langues. Elle va en Corse  chaque été avec Pierre où ils habitent une bergerie sur la côte sud. A la suite d’une longue maladie, Pierre succombe à un cancer.

A la retraite, Vaty participe à des championnats de natation seniors. Son père vient passer ses derniers jours près de sa fille. Il est enterré au cimetière  de La Réole.

Vaty, devenue  veuve, part comme chaque été en Corse où elle est victime d’un AVC. Très diminuée, elle ne parle plus que l’allemand, elle passe ses derniers jours dans un Ephad corse où elle succombe en 2019 à 93 ans.  Elle y est enterrée.

Les records de natation de Parvatie entre 70 et 89 ans






1 commentaire:

  1. Souvenirs d'une fillette de 5-6 ans, vers 1957-58. Lors de mes vacances à La Réole, où je venais à Pâques et l'été, je tombai malade. Ma grand mère fit appel à l'épouse de son médecin de famille, le Dr Chavoix. Notre rencontre fut à la fois douloureuse et inoubliable, gravée dans ma mémoire d'enfant. Je me vois encore dans mon lit, quand une dame magnifique, mince, douce, entra dans ma chambre. J'ai eu l'impression qu'elle marchait sans toucher le sol. Elle prescrivit une piqûre quotidienne de Pénicilline pendant une semaine. Pour adoucir ma peine, ma grand mère m'offrait chaque jour un petit cadeau. Ce qui me fascina le plus chez elle, était son beau bronzage, que j'enviais. Évidemment, je ne connaissais pas son histoire familiale.

    RépondreSupprimer

Anciens articles

Recevoir les nouveaux articles

Nom

E-mail *

Message *