Les Grégarios
De l’ombre à la lumière, les grégarios (maintenant appelés Équipiers ou Domestiques en anglais) ont un rôle bien défini au sein de la formation cycliste. Leurs finalités, c’est de se mettre au service du leader, porteur de bidons, relayeurs, chasser les fugitifs, s’incorporer dans des échappées en contrôle pour ses leaders, même en "chasses-patates" lorsque les grégarios sont dans l’offensive entre deux échappées caracolant devant le peloton avec ses leaders.
Et ils peuvent aussi jouer des coudes pour se faire leurs places en encadrant leurs champions.
Le Vélo Club Réolais
Dans leurs années des grandes glorieuses, a eu ces années là, des renforts de premier plan à l’accent transalpin. En effet, nous avons assisté à un défilé de bouquets de fleurs grâce à cette jeune pléiade de coureurs talentueux et très disciplinés.
Ceci dit, c’est l’histoire de familles italiennes immigrées composées de jeunes garçons atteints de leur jeune majorité ou pas ayant déjà évolué dans le Cadore ou les pentes près de leurs domiciles dominant la vallée vénitienne en débutant ou en catégorie cadet.
Ils étaient habitués par des moyens modestes à faire des transports quotidiens, du lait, des poids excessifs, comme un certain coureur espagnol de Tolède j’ai nommé Fédérico Bahamontes surnommé l’aigle de Tolède, chercher de l’eau en bonbonne dans l’intérêt familial, à peine jeunes adolescents, ils étaient prêts à en découdre sur les circuits français, la seconde génération d’enfants se prénommait ;
Armand, Auguste, André, Gino, Mario,
Ils avaient décidé d’entrouvrir la porte de notre cité girondine et le club de vélo..
Mais avant les années 1958, le vélo club Réolais avait déjà connu la première équipée de grégarios durant la période de 1950-1952, ils s’appelaient Dante Roncali, Aldo Vecchiato, Louis et Mario Dalla Rosa, Jean Doucet, Jean Dihars et Gino Pianalto, ainsi sonnait le début des compétitions avec une majorité de fils de parents italiens ayant immigrés, ils avaient double licences italiennes et françaises (provisoires) car les familles n’étaient pas toujours naturalisées.. c’était la France et ses envies d’accueillir des mains pour travailler et c’est avec plaisir que le parmesan est venue agrémenter nos plats de pâtes.. et les légumes le matin dans les marchés matinaux, avec nos paysans italiens.. On ne devient pas des gregarios juste car il existe des fondamentaux, on devient grégarios pour progresser et c’est les premiers mots de ce volet d’écriture qui se révèlent de nouveau « passer de l’ombre à la lumière ».
Fin de l’année de 1957, la nouvelle génération pointe à l'horizon, ils allaient lors des premières sorties à l’entraînement, tomber nez à nez avec deux jeunes garçons les frères Cuch, deux jumeaux au physique identique comme au sourire éclatant.. De souche italienne, ils étaient nés en France, nous étions dans le second semestre de l’année.. car il faudra à Auguste Liéssi beaucoup d’abnégation avec son copain de rencontre au club et qui le sera toute sa vie, il s’agit d’Armand Pagnocca pour arriver à convaincre la mamma ! Auguste et Armand seront les grands frères en course, c’est une promesse qu’ils ont toujours tenue dans l’engagement vis-à-vis de la mère des jumeaux.
Fin 1958, la décision tombe, les jumeaux obtiennent le fameux sésame. Les aînés sont venus présenter les frères Cuch à leur boss au Vélo Club, le manager sportif et secrétaire général Pierre Dader et ils ont aussi rencontré Guy Mourgues, le futur Président de 1960 mais l’actuel trésorier de l’année, le Président était Monsieur Jean Saumagne, il sera relayé au poste début 1959, par Robert Martineau. Avec leurs futurs camarades, ils débutent en 1959.
Le cyclisme, c’est aussi en fonction de vos âges, Christian et François débutent en catégorie cadets, après c’est 4e, 3e où se trouvait Armand Pagnocca, et en 2 ans, 1960, 1961.. les radios, la presse, les observateurs n’étaient pas loin lors des arrivées des courses.. et les Cuch étaient très entourés, ils avaient bousculés toutes les codes de la hiérarchie et des décisions de les surqualifiés dans le Comité de Guyenne de Marcel Lathière.
L’équipe avait ses nouveaux leaders et ses grégarios, les rôles étaient à présent définis..
Les deux premières années de 1960 à 1962 ont été marquées par des faits de joie et de tristesse.
La garde rapprochée des grégarios est en route.. les victoires s’accumulent avec les gerbes de fleurs tous les dimanches, je n’exagère pas juste une pointe marseillaise mais un soupçon, tellement, ils écrasent l’adversité.
-1962, Christian quitte le Vélo Club Réolais pour continuer sa progression car son niveau a interpellé à Mâcon, il est souhaité qu’il rejoigne l’ACBB (Île de France) dans le meilleur des délais, le club parisien qui domine le vélo professionnel comme amateur concernant Christian et dans la même année, un 18 août sous une chaleur écrasante, un samedi, le drame frappe et ce n’est pas le club qui pleure mais la ville.. (voir article Christian Cuch dans les mémoires le concernant par un volet qui lui est consacré à titre d’hommage et à son frère jumeau). Le club est effondré, les dirigeants sont attristés au plus haut point, un jeune coureur n'est plus parmi eux.
Les grégarios avec Bernard Lataste, se mobilisent autour des forces du club secouées par cette disparition tragique de François. Bernard, toutefois, secoue les troupes.. N'oublions pas dans ses débuts le fameux Bordeaux - Saintes espoirs où il brilla de mille feux.
De grégario à leader, Armand Pagnocca s’élève en patron et frappe un grand coup en 1963 par une victoire éclatante d’abord à Monségur (voir photo 3), en se hissant tout sourire sur la ligne d’arrivée après la rude ascension de la côte du Christ seul.. , son dauphin ce jour-là est Auguste Liéssi rayonnant aussi sur cette pente raide de cette côte et qui avait joué le rôle du grégario de service pour son copain Armand, en contrôlant toutes les attaques pour rattraper Armand, ils étaient accompagnés dans leur ouvrage des Mario Stevanato, André Milanese, Gino Grecchi, Pellegrina et autres coureurs présents ce jour là du club., pour ne citer qu’eux, des noms qui surgissent de mes prises d’informations.
-1963, puis de nouveau Armand Pagnocca sonne la charge avec la nocturne succédant au Grand Prix international en enlevant cette épreuve pour les couleurs réolaises laissant à un tour de circuit de 600 mètres sur les quais, un certain Jacques Suire, le bordelais avec le maillot de l’ACBB, poursuiteur titré national comme sprinteur souvent à son avantage dans les arrivées massives, Christian était présent ! Cette course restera gravée dans les annales des gazettes réolaises longtemps.. quelques parties de cartes « pagnolesques » du quartier du Rouergue dans les cafés..
Les antisèches de la victoire ! Plus de la roublardise.. Ces grégarios, copie conforme de la Molteni, la garde du roi Eddy.
- 1964, vous avez cette jolie photo en présentation, avec les trois coureurs de l’équipe de France de poursuite olympique avec à côté leur challenger local du soir, vainqueur sortant Armand Pagnocca..(photo voir reportage Christian Cuch, la saga d’un cycliste).
-1965,1966, 1967, Puis le Vélo Club Réolais changera de présidence, les couleurs locales ont pour noms Simon Barès (photo d’une victoire), Jean-Claude Lagardère, Mario de Marchi (photo d’une victoire).. certains tiraient le rideau.. (Armand, Auguste et Bernard pour de longs et loyaux services rendus au Vélo Club..)
Mais les nocturnes cyclistes sous l’impulsion d’une municipalité très active pour préparer le circuit s’enchaînent 1965, 1966, 1967, 1969, 1970.. avec l’arrivée cette année-là, d’un coureur professionnel dans les rangs du Vélo Club décision du bureau unanime avec Pierre Dader par son statut de commissaire officiel drainant les jolies courses du sud-ouest les week-ends multipliant des signes pour recruter et le club passait de l’organisation de courses d’amateurs aux courses professionnelles en conservant une petite élite d’amateurs hors catégorie.. toujours parmi les courses de l’élite avec le concours de la FFC (Fédération Française de Cyclisme).
Bernard Dupuch évoluant avec Raymond Poulidor à découvrir dans le prochain chapitre des mémoires du Vélo Club Réolais devenait le nouveau porte-drapeau. Bernard évoluait au sein de la Fagor-Mercier de Louis Caput.
Michel Dader
Ancien secrétaire général du VC RÉOLAIS (1974-1979)
Ancien reporter sportif locaux et nationaux Sud-ouest et L’équipe
Sources :
Famille Armand et Jean-Pierre Pagnocca, Mario Stevanato, Auguste Liessi, Jeanine Dader.
Remerciements à mon jeune fils cadet et jumeau Maxence Dader pour sa participation à mes côtés.
Photo 1 - Grand Prix 1960, Victoire de Christian Cuch à ses côtés Armand Pagnocca en civil à droite François Cuch. Sur cette photo, il figure Pierre Dader à gauche et à ses côtés Jacques Battles.
Photo 2 - GD Prix de Barsac 1961 Victoire de Christian Cuch, derrière lui François Cuch avec leurs grégarios autour d’eux à leur droite, Auguste Liessi et Armand Pagnocca exténués par les efforts effectués. A gauche de Christian, Mario Stevanato puis, le Président Guy Mourgues.
Photo 3 - Victoire Armand Pagnocca second Auguste Liessi, les grégarios à l’honneur.. tout à gauche Michel Ducos, avec la casquette à l’envers tout à droite
Bernard Lataste et avec la casquette de travers André Milanese, ces deux coureurs avaient participé à cette épreuve cycliste, la côte du Christ, c’est le mur de la Fléche Wallonne.
en plus court mais aussi difficile de fort pourcentage..
Photo 4 - 1963 Nocturne cycliste Victoire d’Armand Pagnocca (maillot Mercier-Hutchinson) beau sourire au côté de la charmante demoiselle d’honneur qui lui remet le bouquet Monique Domange.
A gauche, Pierre Dader speaker de la course et au centre, entre Armand et Mlle Monique, Guy Mourgues, Président du VCR.
Ce soir là, Armand Pagnocca avait accompli l’exploit le plus retentissant, il avait gagné avec
un tour d’avance de 600 mètres devant l’excellent Jacques Suire, poursuiteur de l'équipe de France sur piste.
Photo 4 Prix des Commerçants Victoire de Jacques Suire (Mérignac) devant Armand Pagnocca (VC Réolais), speaker Louis Cumia, Pierre Dader assis table des commissaires entre les coureurs, nous apercevons avec le traditionnel béret de fête Robert Martineau Président du VCR 1959, ce dernier reviendra Président dans les années 1972.. à mes côtés..
Photo 5 - Deux grégarios :
A gauche, Auguste Liéssi et son nouveau vélo acheté par lui-même en 1960 cadre Peugeot la marque des grands !
A droite, Mario Stevanato, le courageux grégario au service des frères Cuch avec un sens du devoir exemplaire. (Photo prise Quartier du Rouergue).
Photo 6 -1965, l’espoir Simon Barès pris sous l’épaule du manager sportif du club Pierre Dader, il représentait la relève des frères Cuch, ici en épreuve de cadet seul contre les puissantes équipes de Miramont de Guyenne avec Tonnini, il démontra tout son talent de puncheur.. 7ème des championnats d’Aquitaine à Saint-Emilion, épreuve du Pas Dunlop qualificative au championnat de France.. seul en tête pourtant à 100 mètres de l’arrivée dans l’ascension de pavés à la sauce d’un Paris-Roubaix.
Photo 7 - 3/04/1967 Victoire Mario De Marchi (Tizac de Curton) Mario représente en seniors la relève du VCR, il y aura de nombreux podiums pour ce garçon. Nous remarquons à droite la présence d’Armand Pagnocca ( habillé en civil) à côté du club organisateur l’AS Libourne.
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