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" Je me souviens ". Le  livre de  Georges Perec   en 1978  pourrait être la devise de ce blog. Des souvenirs numérotés, brefs, et ...

Je me souviens II (suite)

"Je me souviens". Le  livre de Georges Perec en 1978  pourrait être la devise de ce blog.
Des souvenirs numérotés, brefs, et qui parlent à toute une génération.
    Je vous propose une version un peu plus longue avec possibilité de compléments si vous avez envie de rajouter des détails. J'attends vos souvenirs... réolais bien sûr 


Sommaire :

1 - L'ouvroir

2 - Les Bains-douches

3 - Les incendies de 1949


3 - Les incendies de 1949

    Je suis catastrophé par ces incendies qui ravagent à nouveau la Gironde.... et cela m'a rappelé bien entendu ceux de 1949 (140.000 hectares du massif landais durant l'été) et 100.000 autres hectares durant les années précédentes....

    En août 1949 je me trouvais en vacances avec mes parents à Andernos (où mon cousin Pierre Andrieux venait d'être nommé géomètre du cadastre).

    Mes parents avaient loué une maison en bordure de la voie ferrée (maintenant piste cyclable) à la hauteur de la plage du Béteil et du Mauret...

    Le vendredi 12 août, vers 16h, par un temps magnifique, on a vu du centre d'Andernos une mince colonne de fumée s'élever en direction de Bordeaux... Personne ne s'inquiétait..... Mais vers 19h, mon frère et moi sommes allés dans un lotissement à la hauteur du passage à niveau en direction de la forêt... et nous étions là, de 20 à 30 personnes scrutant le ciel vers l'est....     On a vu arriver un homme venant de la forêt, un forestier, sans doute, hagard nous dire : "Sauvez vous ! Tout crame ! Partez vite !...." Affolement de toutes les personnes et mon frère et moi sommes vite revenus vers la maison, où déjà, ma mère et ma sœur aînée Monique rangeaient nos affaires dans les valises pour aller les porter chez mon cousin qui habitait le long de la route départementale. Pour traverser la voie du chemin de fer, nous traversions au plus court sans faire le détour par le passage à niveau. Je crois que ma sœur transportant 2 valises a traversé la voie ferrée au moment où l'autorail en provenance de la gare d'Andernos arrivait....et une des valises s'est ouverte sur les rails!.... Heureusement l'autorail n'allait pas vite, s'est arrêté bien avant et d'ailleurs a rebroussé chemin en direction d'Andernos.



    Nous sommes restés un moment chez mon cousin et puis les flammèches la fumée, le ciel de plus en plus rouge.... Bref mon père et mon cousin ont décidé d'aller en direction de la plage et de nous arrêter chez une native réolaise, Geneviève Giresse qui habitait là toute l'année?.... Elle nous a tous accueillis et nous a rassurés.... Mais quand elle a vu à son tour les flammèches tomber dans son jardin, nous avons tous repris notre périple en direction de la plage du Béteil... Tous les habitants d'Andernos et les estivants s'y sont retrouvés.... les gens complètement affolés.... Un homme cherchant désespérément  ses enfants qu'il avait confiés à un automobiliste.... Mon père et mon cousin les hommes de notre groupe commençaient aussi à s'inquiéter sérieusement, d'autant plus que la mer montait.... et ce ciel de plus en plus rouge en direction de la forêt. 

Au loin on voyait les lumières d'Arcachon.... 

    Mon cousin Pierre Andrieux avait un petit voilier (sharpy ou sharpie) et je l'entendais dire à mon père qu'il mettrait son voilier à l'eau, pour y mettre ma mère, sa femme enceinte les plus jeunes des enfants sur le bateau et les plus grands s'accrocheraient étant dans l'eau....J'écoutais;;; et cela a été ma plus grande surprise d'enfant de 11 ans... Je me suis aperçu que les adultes pouvaient aussi avoir peur et être affolés comme les enfants...

    Nous sommes restés tous sur cette plage jusqu'à 3h du matin et puis nous sommes revenus chez Mme Giresse.... le feu s'étant arrêté à la voie ferrée à quelques mètres de notre maison.... La route et la voie ferrée avaient servi de coupe-feu...Mon père et mon cousin sont allés aider les pompiers comme la plupart des adultes avec des moyens dérisoires... Couper des branches de pin et taper sur les feux de broussailles... Je crois me rappeler que les pompiers d'Andernos avaient seulement un camion avec une motopompe... Il y avait une piscine au Mauret et elle a été vidée en un éclair....

    Nous avons passé le restant de la nuit chez Mme Giresse et en cours de matinée nous sommes revenus d'abord à la maison de mon cousin puis à la nôtre....Les rues du lotissement étaient jonchées de vêtements de linge de valises que les gens avaient abandonnés dans leur fuite vers la plage....

    A aucun moment je n'ai vu aucune autorité civile (communaux, gendarmes...). Nous étions laissés à nous-mêmes sans aucun moyen de communication... Le téléphone était rarissime à l'époque !... Donc aucunes informations sur ce qui se passait à Andernos et autour....

    Mais cette fois le 12 août, il n'y a eu aucune victime et je pense aucune maison détruite.... Une dizaine de jours plus tard cela a été la catastrophe de la Croix d'Hins  et de Saucats avec plus de 80 morts....

        Oui je m'en souviendrai de mes vacances au bassin à Andernos !..


Article Sud Ouest 08-1949

Jean Marc Patient (qui avait 11 ans en 1949)


2 - Les Bains-douches

    Les Bains-douches publics de La Réole sont construites en 1913 à l’initiative de la Caisse d’Épargne. Situées dans un des deux bâtiments construits sur les quais en dessous des Tilleuls, séparées du jardin public par la voie ferrée. On y accède par un grand escalier. Au rez-de-chaussée il y a un lavoir public.
    Dans les années 1936-1945 notre maison n’était pas encore équipée de salle d’eau.
    Tous les samedi nous allions en famille aux bains-douches. Dans  la salle d’attente on y retrouvait, mélangés, les notables et les prolos. Des box abritaient des petites cabines avec une baignoire et une douche.
    A l’entrée, en échange du ticket de paiement Mme Lampurée, à la caisse,  remettait un numéro de cabine, des serviettes impeccables, un bonnet de bain et des chaussures en caoutchouc ainsi que du savon de marseille. Les hommes étaient d’un côté, les dames de l’autre. Chaque cabine avait au sol une clayette en bois. En entrant on était saisi par le bruit intense de la chaudière, la vapeur, l’odeur de javel.
    Parfois le sol tremblait au passage du train juste en dessus. Dès l’entrée une impression bizarre nous saisissait, jeunes enfants, combinaison d’hostilité et de confort. Mélange avec le vrombissement menaçant des chaudières et la douceur des carreaux blancs et des serviettes épaisses et moelleuses offraient un contraste saisissant.
    La salle d’attente était le dernier salon où l’on cause, une belle occasion de faire le tour des ragots. La vie publique métissée avait à cette époque son charme qu’elle a perdu de nos jours.
    Bientôt un ascenseur géant reliera les quais à la place des Tilleuls, en dessus. L’imposant escalier restera une douce évocation liée à ces bains-douches du passé.
    Que sont devenues ces cabines ? A Bordeaux une d’elles est devenue un café-théâtre.
    Le dernier Bains-douches de Bordeaux a fermé en 2016 ICI
Bains douches 1e étage

     Michel Balans                        

1 - L'Ouvroir

    Lorsque j’étais enfant, vers quatre, cinq ans, tous les  soirs j’accompagnais ma tante Henriette, célibataire, à la salle à manger de l’Ouvroir, l’orphelinat de filles près de l’Hôpital. 
    Elle y avait grandi avec ses deux sœurs orphelines parisiennes, nièces de Sœur Cécile Penelle la supérieure de la communauté des Filles de la Charité, directrice de l’Hôpital-Hospice et directrice de l’Ouvroir  
    Cet établissement avait reçu l'appellation de Maison Claire-Cuba lorsqu’une riche parisienne, Mme Sarcey, en devint la mécène. (A la fin de la guerre de 14-18 ces maisons accueillaient les enfants des zones de guerre (article du blog ICI)
    A mon époque (1939-40) il y avait une trentaine de jeunes filles de la 7e à la troisième
    Sœur Vincent était la religieuse responsable et Mlle Blanche Denis (sœur du tailleur), la contremaîtresse. 
    Elle était entourée de Renée Sarton, des sœurs Boudet, Marcelle et Berthe, Sylvette Thomas (future Mme Lalanne). 
    Les jeunes filles apprenaient la couture. Dans les années 1947, l’Ouvroir s’appelle «Foyer de Jeunes filles». Je me régale lorsqu’on nous sert de la salade cuite et en dessert de la pâte de fruit. 
    Le matin, à huit heures, il arrivait que je serve la messe à la chapelle une semaine. 
    Ma mère a récupéré le piano que sa tante Sœur Cécile Penelle avait offert à l’Ouvroir.  J’y ai joué mes premières gammes. C’est ma nièce Marine-Delphine qui en a hérité. 
    Certains soirs d’été, après diner, nous allions en promenade dans un terrain, en plein champs, en-dessous de Laubessa appelé «la Poudrière». 

    Aujourd’hui le bâtiment abrite un service spécialisé du Centre hospitalier réservé aux handicapés lourds. La chapelle est conservée. J’ai légué mon harmonium qui a rejoint les deux autres instruments muets. Acheté à Mlles Ortel et Barbe, professeurs de piano. L’Instrument ayant appartenu au père Ortel, pasteur dans le Lot-et-Garonne.     
    Centenaire, ma mère après un séjour, décède à l’hôpital, reçoit l’absoute à la chapelle en 2004. Sa deuxième sœur Henriette en 2000 à 97 ans y avait reçu la même bénédiction.
    Lors des obsèques de leur tante, la Mère supérieure Cécile Penelle, en 1927,   tante des orphelines parisiennes, le maire Grillon lu un discours qui faisait l’éloge de cette religieuse exemplaire pendant la période de la Grande-guerre, l’Hôpital étant devenu militaire avec une direction médicale du docteur Tronche et du docteur Jude avec des annexes au Collège et à l’École d’agriculture. Sœur Cécile est arrivée de Paris, jeune supérieure en 1898. Son économe était M. Giresse. Père de Geneviève Darvand. 
    En 1955, la communauté est réduite, les religieuses quittent l’hôpital pour s’installer en ville. André Queyrens devient directeur du futur Centre hospitalier.
        Rappel pour une bonne compréhension : Sœur Penelle s'appelle Julie dans le civil
        (nom de baptême) et Cécile en religion
Michel Balans

              






2 commentaires:

  1. Excellents souvenirs Michel ! A Bordeaux, ma cousine et marraine Hélène Baché était propriétaire des Bains-Douches Saint-Projet, situés sur la place du même nom, dans la rue Ste Catherine... Ça ne désemplissait pas jusque vers 1960 où ça a commencé à décliner quand les salles de bain ont été installées chez les particuliers...

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  2. Merci pour ce pan de l'Histoire réolaise.

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