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Le Mois de l'Amitié à La Réole

1 - Le choix de La Réole
2 - Déroulement des "Mois de l'Amitié"
3 - Toutes les photos
4 - Autres lieux des "Mois de l'Amitié" 
5 - Commentaires

    Après lecture du livre "Plus de frontières pendant un mois" voilà donc plus d'informations sur ce Mois de l'Amitié qui a dynamisé La Réole dans les années 60. 
    Créé  en 1956 à Saint-Céré (patrie de Jean Lurçat) dans le Lot, Lotois du Monde son succès l'a fait passer à 2 villes en 1960, 3 en 1962 et la quatrième La Réole en 1964.
Les étudiants du Mois de l'Amitié avec Lous Réoulès (Photo T Checchetti)

    Tous les ans Saint-Céré, Montargis, Bergerac et
La Réole depuis 1964 recevaient, à cheval sur Juillet et Août des étudiants (scolarisés en France) venus de différents pays du monde.
    Ceci à l'initiative de l'Association des Amis de la République Française dont le Président était M. Maurice Schuman, ancien Ministre, et le Directeur, M. Robert LANGE, auteur du livre "Plus de frontières pendant un mois".    
    L'association gérait le financement, par une vente d'objet venus du monde entier via les ambassades de France, appelée Vente des Nations, et qui a lieu début décembre au Parc des expositions Porte de Versailles à Paris.

1 - Le choix de La Réole
Extrait de "Plus de frontières pendant un mois"

Un village insolite
La Réole répond à cet impératif que nous avons déjà énoncé: priorité aux villes de moins de cinq mille habitants (chiffre du dernier recensement: quatre mille six cent cinquante). Cette pittoresque petite ville, bâtie en amphithéâtre sur les collines dominant la Garonne, compte quelques rues escarpées et parfois si étroites que plusieurs d'entre elles sont à sens interdit: il existe même une zone bleue où le disque est obligatoire et le stationnement limité à une heure, tout comme à Paris. Son ancien Hôtel de Ville comporte une salle spacieuse où le "Rotary" offre un somptueux dîner aux chandelles aux stagiaires du Mois de l'Amitié. On accède à l'ancien couvent des Bénédictins, devenu le nouvel Hôtel de Ville, par un admirable portail en fer forgé de Blaise Charlier ??, une voûte splendide et un majestueux escalier de pierre, assurant à l'immense bâtisse qui surplombe le fleuve une étonnante grandeur... La beauté de cette ancienne forteresse, dont ce n'est pas le lieu ici de conter l'extraordinaire histoire, n'est pas- et il s'en faut - le seul attrait de ce village insolite.
Après la rentrée du troisième trimestre de 1964, les responsables de l'organisation des rencontres universitaires internationales se réunissaient dans le bureau du Maire de La Réole, qu'entouraient ses adjoints, le principal et l'intendant du lycée, pour décider de l'installation des étudiants dans l'annexe moderne du lycée, et désigner le directeur de ce stage.
Guy Rapin venait à peine de terminer sa classe lorsque le concierge lui apprit que le principal l'avisait qu'il lui fallait se rendre d'urgence dans le cabinet du Maire.

2 - Déroulement des Mois de l'Amitié

   Guy Rapin (†2025), réolais, professeur de Biologie, a assumé la gestion locale de 1964 à 1973. Responsables en 1965 au côté de Guy Rapin : Simone Artins, Mlle Debayle, Régine Clavet, Josée Dubourdieu, Lucette Fabre, Françoise Moreau, Mr JC Lasserre, Jean Roland, Jean Marie Lefevre, Mr Paris Proviseur du lycée.
J'ai eu au téléphone Odile Jeannesson qui s'est occupée de l'intendance du Mois de l'amitié en 1968, elle remplaçait Simone Artins (malade).
L'intendance consistait à acheter la nourriture pour les étudiants, un cuisinier s'occupait de la fabrication des repas : Odile bénéficiait des fournisseurs de ses parents, épiciers à La Réole.
Les étudiants étaient hébergés aux Jacobins.
Odile a assuré le remplacement de Simone Artins en 1968 et a transmis ses informations à Régine Clavet.

    C'était une rencontre de jeunes gens et de jeunes filles de pays très divers, de toutes religions ou idéologies, étudiants de disciplines les plus diverses.
    M. LACHASSE, inspecteur d'Académie, qui résidait au Moulin de Loubens, avait proposé que cette rencontre se fasse dans la ville accueillante de La Réole.
    Il s'agissait de faire connaitre à ces jeunes une petite ville française, et sa région, le Sud-ouest (Bordeaux, la Dordogne. les Landes, Pau et le Pays Basque) ; des excursions étaient à organiser.

Ancien hôtel de ville, Exposition de dessins d'enfants : Mr Arnaud (Unesco) Mr Goergler (Inspecteur Primaire) (Photo T Checchetti)

    Par ailleurs, chaque Rencontre proposait un thème de réflexion et de débat présenté par une personnalité ;
Ainsi ; "Les jeunes face à l'enseignement" présenté par M. Louis JOXE, ancien Ministre, "L'action de l'UNESCO dans le domaine de l'Enseignement", "Les moyens modernes de communication avec les masses" , "L'adaptation de l'Enseignement au contexte africain", etc.

    Ces Rencontres ont été à l'origine de découvertes et de nombreux liens d'amitié entre ces jeunes, qui s'approfondissaient ensuite quand ils se retrouvaient parfois en France ou à Paris ou dans leurs pays respectifs.

14 juillet à La Réole, à droite les étudiants du mois de l'amitié (Photo T Checchetti)

    Et elles ont été aussi une découverte et un enrichissement pour les réolais et tous ceux qui ont approché et aidé les "Mois de l'Amitié" pendant ces années.

    Lors de chaque session le Rotary Club de La Réole invitait les étudiants pour une soirée: 
Un album photo avec des extraits du livre d'or signé par des étudiants :  Ici

Quelques documents :
Une plaquette présentant le Mois de l'amitié 1968 Ici
Des articles de presse Ici
Un album photos de Horst, Etudiant Allemand en 1969 
Ici
Images du mois de l'Amitié Ici

Le "Mois de l'amitié" des Amis de la République Française
"Le Monde" Publié le 09 juillet 1965 à 00h00 - Mis à jour le 09 juillet 1965 à 00h00
L'association des Amis de la République française, présidée par M. Maurice Schumann,
a tenu 
mercredi une conférence d'information avant le départ pour le Mois de l'amitié de quelques deux cents étudiants de toutes nationalités dans les centres de Bergerac, Montargis, La Réole, Saint-Céré, El Jadida*. Organisées depuis 1956, ces rencontres ont déjà réuni près de deux mille étudiants de cent quatre pays.
* Le Maroc organisa un Mois de l'Amitié à El Jadida en 1963-64 et 65.

Souvenirs de Michel Balans (†2024) :
"J'avais proposé à Guy Rapin d'inviter la Compagnie Dramatique Universitaire de Bordeaux (CDUB) pour laquelle je venais de faire les maquettes des costumes et du décor -Électre- de Jean Giraudoux, Jacques Albert-Canque assurant la mise-en-scène."
Juillet . . . 1968 ! Ébullition, ébullitions ! Ils ont présenté un deuxième spectacle : de retour d'un stage dans le sud de la France ; une création collective (dans le genre de l'époque). La météo ne permis pas la représentation prévue dans le parc du château des Quat'Sos (plancher au sol, et spectateurs sur les talus). Il fut joué au premier étage de l'ancien Hôtel de ville absolument bondé. Le public assis à même le sol ou debout contre les murs et très proche des acteurs : cette situation imprévue a participé au succès de la représentation. (voir photos).

Qui se souvient de cette représentation ?
Album photo ICI

Les spectateurs sont debout ou assis, les acteurs jouent au sol - Le mendiant J. Albert-Canque
Les spectateurs sont debout ou assis, les acteurs jouent au sol - Le mendiant : J. Albert-Canque.
Salle des conférences :soirée finale 1964 avec Guy Rapin à la guitare. Photo colorisée en 2021
Juillet 1973 - A gauche Marie-France et Guy Rapin, à droite nœud papillon veste claire Mr Robert Lange (responsable national), veste sombre Mr Lachasse  (Photo Bernard Sanderre) Photo colorisée 2023


Juillet 1973 - Photo Bernard Sanderre Photo colorisée 2023
1965 : Avec Lous Réoulès- AR gauche à droite : Luc et Jeannette Mothes, Guy Rapin
Bas : Janine Mothes, Maryse et Bernadette Sage, X

3 - Toutes les photos
Guy Rapin, qui a dirigé "le Mois de l'Amitié" de 1964 à 1974 m'a transmis plusieurs centaines de diapositives que j'ai numérisées.
Lien vers la totalité des diapositives
Lien vers les groupes
Lien vers Photos solo
Lien vers Photos 1964-1969
Certaines diapositives n'étaient pas datées...

4 - Autres lieux des "Mois de l'Amitié"  
Les rencontres internationales de Saint Céré :
Sous la présidence de Jean Lurçat, les clubs UNESCO et l'association des citoyens du monde
Le Mois de l'Amitié à Saint Céré
Lotoisdumonde et Garry Davis citoyen du monde

5 - Commentaires
    Merci à Guy Rapin pour tout ce qu’il nous a apporté..il nous a appris la saveur et le sens des choses…adieu généreux grand frère et compagnon de tant d’aventures. Guy Vidal
    Pour ses anciens élèves, le souvenir d'un prof qui motivait ses élèves par du concret, herbier, cartes postales et toujours le sourire ! 
Raymond Vaillier
    Guy était ,dès la quatrième en 1962 , notre prof accessible , d'autant plus qu'il lui arrivait dans l'émotion de bégayer et de rougir.
Cette année là, il nous a permis d'inaugurer les sorties pédagogiques à l'extérieur : une révolution !
Prologue: une rencontre sous la pluie avec le potier réolais.
Suite: déplacement en bus vers le moulin de Caussarieu, les mines de lignite d'Hostens, le musée de Villandraut et le lit du Gat Mort à Cabanac (à la recherche des oursins fossiles): inoubliable et Guy nous a donné ses photos de cette expédition.
Et puis, le Mois de l'Amitie, que je contribuais à accueillir chaque année à Saint Macaire , avec tous les drapeaux des pays représentés accrochés sur la tour du château de Tardes.
En 1965, j'y ai connu Avner Falk ,un israélien qui m'a fait découvrir les kibboutzim et je n'ai pas manqué d'aller le voir à Jérusalem en 1970 et de travailler en kibboutz. Nous sommes toujours amis
aujourd'hui... Jean Marie BILLA

Souvenirs de Michel Balans :
"J'avais proposé à Guy Rapin d'inviter la Compagnie Dramatique Universitaire de Bordeaux (CDUB) pour laquelle je venais de faire les maquettes des costumes et du décor -Électre- de Jean Giraudoux, Jacques Albert-Canque assurant la mise-en-scène."
Juillet . . . 1968 ! Ébullition, ébullitions ! Ils ont présenté un deuxième spectacle : de retour d'un stage dans le sud de la France ; une création collective (dans le genre de l'époque). La météo ne permis pas la représentation prévue dans le parc du château des Quat'Sos (plancher au sol, et spectateurs sur les talus). Il fut joué au premier étage de l'ancien Hôtel de ville absolument bondé. Le public assis à même le sol ou debout contre les murs et très proche des acteurs : cette situation imprévue a participé au succès de la représentation. (voir photos).
Qui se souvient de cette représentation ?
Album photo ICI

Les spectateurs sont debout ou assis, les acteurs jouent au sol - Le mendiant J. Albert-Canque





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Sommaire-tous-les-articles

   

L'article Mois de l'amitié en photos a été intégré dans l'article mois de l'amitié général      

Mois de l'Amitié

 


Guy Rapin, qui a dirigé "le Mois de l'Amitié" de 1964 à 1974 m'a transmis plusieurs centaines de diapositives que j'ai numérisées.

D'abord un article sur le Mois de l'Amitié :  Article sur le "Mois de l'Amitié"

Les Photos

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Certaines diapositives n'étaient pas datées... 

    Selon l'ordinateur que vous utilisez vous avez une possibilité de commentaires en bas de l'article, n'hésitez pas si vous reconnaissez des personnes, ou si vous avez des anecdotes










I -   Origine de la Garde Nationale II - Quelle organisation en Gironde III - La Garde Nationale à La Réole en 1870 IV - Fin de la Garde Nat...

I -  Origine de la Garde Nationale
II - Quelle organisation en Gironde
III - La Garde Nationale à La Réole en 1870
IV - Fin de la Garde Nationale
V -  Reconstitution de la Garde Nationale en 2016
 La tribune de l'histoire 2016-26'  Podcast : La Garde Nationale -26'

I - Origine de la Garde Nationale
    La Garde Nationale, fondée le 13 décembre 1636 dans le Massachusetts, est la plus ancienne composante des forces armées des États-Unis et l'une des institutions les plus durables du pays.
    La Garde Nationale est historiquement l'ensemble des milices de citoyens formés dans chaque commune au moment de la Révolution Française, à l’instar de la Garde Nationale créée à Paris en 1789 et placée sous le commandement de La Fayette. 
Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération 14 Juillet 1790
 
    Inscrite dans la constitution en 1799, ses officiers sont alors élus par la population et ne peuvent effectuer deux mandats successifs, confirmant son statut de force de sécurité nationale et démocratique.     Son rôle était d'assurer le maintien de l'ordre dans chaque commune en temps de paix mais également la défense militaire du pays en temps de guerre en complément de l'armée régulière. 
    Elle a existé sous tous les régimes politiques de la France jusqu'à sa dissolution en juillet 1871 au  lendemain des insurrections communalistes qu'elle a soutenues et de la répression de la Commune de Paris.
Thèse de Mr Richard Balestrat 

JOURNAL OFFICIEL
DES LOIS SUR LA GARDE NATIONALE 

Art. 1. La Garde Nationale est instituée pour défendre la royauté constitutionnelle, la Charte et les droits qu'elle a consacrés, pour maintenir l'obéissance aux lois, conserver ou rétablir l'ordre et la paix publique, seconder l’armée de ligne dans la défense des frontières et des côtes, assurer l'indépendance de la France et l'intégrité de son territoire.
Toute délibération prise par la Garde Nationale sur les affaires de l'Etat, du département et de la commune, est une atteinte à la liberté publique et un délit contre la chose publique et la constitution.
Art. 2. La Garde Nationale est composée de tous les Français, sauf les exceptions ci-après.
Art. 3. Le service de la Garde Nationale consiste:
1º En service ordinaire dans l'intérieur de la commune;
2º En service de détachement hors du territoire de la commune;
3º En service de corps détachés pour seconder l'armée de ligne dans les limites fixées par l'art 1.
4. Les Gardes Nationales seront organisées dans tout le royaume; elles le seront par communes.
Les compagnies communales d'un canton seront formées en bataillons cantonaux lorsqu'une ordonnance du Roi l'aura prescrit.
5. Cette organisation sera permanente; toutefois, le Roi pourra suspendre ou dissoudre la Garde Nationale en des lieux déterminés.
    Dans ces deux cas, la Garde Nationale sera remise en activité ou réorganisée dans l'année qui s'écoulera, à compter du jour de la suspension ou de la dissolution, s'il n'est pas intervenu une loi qui prolonge ce délai.
    Dans le cas où la Garde Nationale résisterait aux réquisitions légales des autorités, ou bien s'immisçait dans les actes des autorités municipales, administratives ou judiciaires, le préfet pourra provisoirement la suspendre.
    Cette suspension n'aura d'effet que pendant deux mois, si pendant cet espace de temps elle n'est pas maintenue, ou si la dissolution n'est pas prononcée par le Roi.
INTRODUCTION
    La Garde Nationale intégrante de la force publique, comme telle, a participé à tous les événements importants qui secouent le pays de la révolution en 1789 à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Pourtant elle reste fort méconnue !
    Les racines lointaines de cette institution plongent dans le moyen-âge. C'est entre le XI et le XIIIe siècle qu'apparaissent en France les milices urbaines ou communales. Elles assurent la sécurité des cités et apportent au Roi les ressources du ban et de l'arrière-ban. Elles perdurent durant tout l'ancien régime.     Elles sont alors levées pour assurer le complément des troupes royales. A la veille de la révolution ces gardes bourgeoises ne sont bien souvent plus que des corps d'apparat.
    Mais l'institution est essentiellement révolutionnaire. Elle naît de par la volonté de la nouvelle assemblée, qui pour s' assurer une force de maintien de l'ordre qui lui soit dévouée, arrête la création d'une Garde Nationale le 13 juillet 1789.
    Il s'agit de créer des bataillons de marche ou bien de constituer une réserve d'un bataillon par district.

II - Quelle organisation en Gironde
    La réorganisation de la Garde Nationale en Gironde est particulièrement compliquée, sujette aux aléas de la politique nationale et internationale, étalée de 1814 à 1818.
    De la première Restauration à la fin des cents jours, il faut préciser dès le départ que la Garde Nationale existait avant la première restauration, le département avait une Garde Nationale sédentaire qui avait été en partie sollicitée lors les levées en masse de 1813-1814.
    Ainsi chaque bourg et village du département possédait une Garde Nationale essentiellement à vocation militaire. Une enquête de 1816-1817 montre bien qu'à cette époque la Garde Nationale est présente dans tous les arrondissements et quasiment dans toutes les communes. Voici tiré de cette enquête un tableau récapitulatif.
Arrondissement
Nombre de communes ayant une Garde Nationale
Bordeaux 142
Libourne 129
Blaye 46
Bazas 49
La Réole 95
Lesparre 30
Total 491
490 communes sur près de 550 ont une Garde Nationale en 1816 soit près de 90% des communes du département.
    Cette réorganisation est une volonté gouvernementale. C'est un des premiers actes du gouvernement provisoire de Mgr De Talleyrand. Le 5 avril 1814 il ordonne, par une circulaire, la formation dans chaque ville, bourg  et village d'une Garde Nationale sédentaire mise sous les ordres de l'autorité municipale. Un des premiers principes est posé, il s'agit d'une Garde Nationale sédentaire.
    Il est réaffirmé dans l'ordonnance royale du 16 juillet 1814 qui régit la réorganisation des Gardes Nationales du Royaume. Dès son premier article, la Garde Nationale y est définie comme étant sédentaire et divisée en gardes urbaines et rurales.

Une enquête de l'administration datant vraisemblablement de la fin 1816 ou du début 1817 montre les effectifs  : 
Arrondissement./ officiers /S-officiers-Gardes // Population
Bordeaux.             739.          /16747                 // 199250
Bazas                    116            / 3145                   // 38837
Blaye                    96             / 2774                      // 51705
Lesparre                92            / 1532                      // 33172
Libourne.              409          / 11453                    // 103397
La Réole.              123          / 2732 //                  // 51302
Total.                     1575           / 38383                  // 477663

    Les Gardes Nationaux sont donc au nombre de 38 383. Avec les officiers ce sont 39 958 Gardes Nationaux. Ils représentent près de 8,5% de la population estimée de la Gironde
    Mais surtout d'après cette même étude, ce total représente près de la moitié des hommes de 20 à 60 ans qui payent une contribution. Le Préfet souligne dans le rapport précédemment cité que c'est inacceptable. Aussi présente il un contre-projet en collaboration avec le général Loverdo.
    Ce contre-projet propose une organisation qui numériquement est chiffrée à 8752 nationaux et officiers de toutes les armes répartis entre les six arrondissements du département.
La Réole 240 /Noaillac 50 /Hure 40/ Saint Macaire 50 /Caudrot 50/ Saint Ferme 50 /Pellegrue 50 /Sauveterre 50 /Blasimon 50
    Les Gardes Nationaux sont de moins en moins nombreux à accomplir leur devoir.
En 1824, les services ordinaires des villes sont en grande difficulté. Tout service cesse dans les campagnes après cette date et Bordeaux cesse ces activités en 1827.
Une Garde Nationale matériellement délaissée :
    Le pouvoir se méfie et il n'aide pas la Garde Nationale. Il faut rappeler que l'armement, l'équipement du personnel est à la charge des membres. Faire partie de la Garde Nationale est un devoir onéreux. Tous ne peuvent pas se payer les équipements complets.
    Seuls 18% des Gardes Nationaux sont équipés et encore sont-ils répartis sur les centaines de communes qui bien souvent ne comptent que quelques membres habillés. Les gardes nationales entièrement habillées à 100% sont très rares. Seule St Estèphe a ces 120 Gardes Nationaux habillés.
Les grandes villes ont des Gardes Nationales incomplètement habillées et équipées mais c'est elles qui obtiennent les meilleurs résultats.
    Bordeaux est équipée et habillée à près de 80%, Libourne à près de 68%, La Réole à 84% dépassé par Caudrot 95% (77 sur 81). Blaye et Bazas réalisent un mauvais score. Les Gardes Nationales de Blaye et Bazas ne sont habillées qu'à 20%. Pour ce dernier arrondissement, Langon dépasse de loin Bazas puisque sa Garde Nationale est habillée et équipée a plus de 90%.
    Ces quelques chiffres montrent assez bien que les seuls citoyens ne peuvent s'armer et s'équiper totalement. L'Etat doit intervenir. Méfiant vis-à-vis de l'institution, il est préférable pour lui de savoir qui est armé et ainsi réguler un armement qui pourrait devenir sauvage et dangereux.
    475 communes ayant organisées une Garde Nationale représentent près de 83% des communes du département. Toutes ces communes ont fait leur demande durant la période d'août et de septembre mais il existe certains retardataires. Comme l'arrondissement de La Réole qui ne rend ces demandes que le 23 novembre 1830, l'arrondissement de Lesparre qui envoi une première demande de 14 communes au 28 octobre complété par un envoi ultérieur de 7 communes. Globalement l'on peut dire que le département à la fin septembre pratiquement couvert par la nouvelle Garde Nationale Mais certains arrondissements sont plus motivés que d'autres. Les demandes sont moins fortes pour les arrondissements de Lesparre et Bazas. Il n'en reste pas moins que globalement la Garde Nationale est présente dans pratiquement tout le département.
    Cela fait un total de 58 317 Gardes Nationaux. Un chiffre important qui est à rapprocher des 39 000 hommes de la Garde Nationale au début de la Restauration mais aussi de l'estimation du préfet de Napoléon Premier lors des Cent Jours. Ce nombre est supérieur aux deux estimations. Il s'agit donc d'une large ouverture des rangs de l'institution. Pourquoi un nombre si élevé ? S'agit-il d'un simple jeu d'écriture des maires ou bien d'un réel engouement ?

    Ces chiffres montrent nettement que l'on a les hommes mais pas l'armement. Bien souvent ces armes sont concentrées dans quelques villes importantes. Bordeaux, Libourne (550 de fusils), Castillon (120), Saint Foy (125 fusils), La Réole (100), Lesparre (25 fusils), Pauillac (42 fusils), Blaye (320 fusils), Bazas (104 fusils). A ces armes légères il faut ajouter des armes lourdes comme les pièces d'artillerie. Bordeaux possède dès le mois d'août 2 pièces de campagne de calibre 6 ainsi que 2 obusiers de même calibre. Libourne est la seule autre ville à avoir des pièces d'artillerie : 2 pièces de 8 de campagne. Encore faut-il que les armes dont on vient de dresser le tableau soient en état de fonctionnement. 

    L'on peut avoir des doutes sérieux ; par exemple les armes de Bazas sont pratiquement toutes hors de service et il en va surement de même pour les autres armes. Si l'artillerie bordelaise fournie par les militaires de la place est en état bien que fort vieille, l'artillerie libournaise est complètement hors d'état. Les canons, changés en 1831, ont un défaut et auraient éclaté si on avait utilisé une charge de guerre.

    Finalement le département n'a reçu qu'un peu moins de 18 000 fusils de toutes sortes.
L'Etat a satisfait moins de 45% de la demande. Depuis le 31 août une circulaire demande de n'armer qu'un vingtième de la population, de fait cette circulaire est à peu près respectée en Gironde
    Les dernières livraisons sont du 23 juillet 1832. Pour l'armement lourd, l'Etat est encore plus circonspect. Ce n'est qu'en janvier 1832 que l'artillerie bordelaise se voit dotée de ces 12 pièces de 6 de campagne. Libourne échange ces deux pièces de 8 inservables contre deux pièces de 4 de campagne et d'un caisson, la dotation reçu est la même pour Pauillac. Blaye n'est pas dotée de pièces, cette compagnie doit se servir de celles de la forteresse en cas de guerre. La Gironde est dotée par l'Etat de 16 pièces d'artillerie. En novembre 1831 le gouvernement en avait distribué 600.
    Les partisans du gouvernement sont majoritaires. Ils commandent 23 compagnies de la ville. 
La compagnie des voltigeurs du bataillon de la légion sud de la ville centrée sur le quartier du Hâ est particulièrement visée. Elle est dite composée de juifs et de gens du barreau et est proposée à la dissolution. Ce qui ne sera apparemment pas fait.
    Les rapports des sous-préfets lors des élections signalent tout de suite les anomalies. 
Ainsi l'on sait par le rapport du sous-préfet de La Réole que la Garde Nationale de la ville de la Réole est commandée par un républicain. Le sous-préfet de Libourne note que les Gardes Nationales de son arrondissement ne sont pas animées de mauvais esprits. Les compositions n'alertent pas les sous-préfets en 1843. Les élections de 1846 n'amènent pas de transformations notables, seule la Garde Nationale de la Réole élit maître Bellos qui appartient à l'opposition démocratique mais qui est dit sans danger pour l' ordre. Globalement les centres de commandement restent jusqu'aux élections de 1846 aux mains des partisans du gouvernement. Si l'on note quelques incidents en 1832 comme la destitution du capitaine commandant la Garde Nationale de Sablons, petite Garde Nationale à deux compagnies de 206 Gardes Nationaux  au total, rien de tel n'est à noter par ailleurs. Le fait qu'il n'y est pas de dissolutions montre assez la fidélité des Gardes Nationaux du département
Toute la Garde Nationale est réorganisée le 23/11/1849
    La Garde Nationale est, en France, une unité militaire rétablie en 1830 au moment des Trois Glorieuses après avoir été dissoute en 1827.
    En janvier 1849, un décret de Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, supprima la moitié des bataillons de Gardes Nationaux  et réorganisa les autres. Il se méfiait de la garde nationale. Les Gardes Nationaux  mobiles furent finalement et définitivement licenciés le 31 janvier 1850. Il leur était reproché leur indiscipline et d'engendrer plus de discorde que d'en résoudre.
(Wikipédia)
Thèse de Richard Balestrat 


Journal L'Union 02/02/1851
Journal L'UNION La Réole 
Une tentative de suppression de la Garde Nationale !
Qui sera réalisée en 1871 !
    
III - La Garde Nationale à La Réole en 1870

Carnet de Guillaume Fauchez du 26-09-70 au 23-2-71


La totalité du carnet numérisé ICI

Les membres de la Garde Nationale à La Réole : beaucoup de noms nous sont familiers !


Totalité des membres de la Garde  : IcI 

IV - Fin de la Garde Nationale
    La démobilisation est tardive. Ils ne sont de retour dans leurs foyers que dans le courant du mois de mars 1871.
    Le 25e régiment de mobile est licencié le18 mars, les hommes passent par Beaune et finalement ne sont de retour que le 28 à Bordeaux sans tambour ni fanfare.
    Partis dans la liesse populaire, nous disent les chroniqueurs, ils reviennent en vaincus et aucun auteur ne décrit ce retour. Ils ne décrivent que l'émotion ressentie par les mobiles à la vue de la ville de Bordeaux. Les hommes retrouvent leur foyer dans une certaine indifférence. Et les archives ne parlent pas de réjouissances populaires. Tout se fait dans le calme. Les mobilisés sont démobilisés le 2 mars mais la nouvelle ne se répand dans les corps que le 5 mars. Les circonstances du retour de ces corps ne nous est pas connue.
    Mais le sort de la Garde Nationale se joue à Paris. Tout tourne autour de l'organisation militaire de la France.
    Et la réflexion commence dès l'assemblée de Bordeaux. Le 28 avril 1871 est créée une commission de réflexion. Tous ces membres sont d'accord pour une armée nationale composée grâce à un service actif court mais généralisé, complétée d'une réserve instruite. La loi de 1868 semblait bonne mais n'ayant pas atteint son but, elle sera abrogée. La loi militaire n'est votée qu'en 1872. Mais déjà en 1871 le service obligatoire est en marche et la Garde Nationale n'a plus sa place au sein de ce système.
    Le 6 juillet 1871, 130 députés déposent un projet de loi visant à supprimer la Garde Nationale et à la désarmer. Les affrontements sont violents et pour la première fois de son histoire le principe de la Garde Nationale et son existence même sont en cause. L'avis général est parfaitement exprimé par le général Pélissier tentant de sauver au moins provisoirement l'institution.
    Pour lui, la Garde Nationale est “une grande institution qui fut la conquête de 1789, qui a rendu tant de services au pays en 1792, de 1830 à 1851, qui en 1870 a été d'une immense utilité contre l'ennemi. Faisons la disparaître puisqu'elle n'est plus en harmonie avec les institutions militaires que nous préparons actuellement, mais traitons là avec les honneurs que méritent son origine et ses services".
    Un enterrement de première classe que l'on ne lui accorde pas malgré le soutien de Mr Thiers ce qui occasionne de graves incidents de séances, il annonce même son intention de démissionner.
La dissolution est votée le 25 août.
Louise Michel, en uniforme de la Garde Nationale,
peu avant sa dissolution.

Dissolution de la Garde Nationale en 1871
    Le 25 août 1871, à la suite des événements de la Commune, fut votée une loi de dissolution des Gardes Nationales dans toutes les communes de France. De plus, l'article 6 de la loi du 27 juillet 1872 prévoit que « tout corps organisé en armes et soumis aux lois militaires, fait partie de l'armée et relève du ministère de la guerre », mettant un terme à l'essence même de la Garde Nationale.(Wikipédia)

V - Reconstitution de la Garde Nationale en 2016


    En juillet 2016, à la suite de la série d'attentats terroristes revendiqués par l'organisation État islamique, et qui ont frappé la France, le président de la République  François Hollande annonce la reconstitution d'une Garde Nationale composée de réservistes volontaires. Celle-ci a été officiellement constituée en octobre 2016.
    En 2024, l'on dénombre 84 000 réservistes opérationnels.
Defense.gouv.fr/garde-nationale



  En 1952 , dans un article des Cahier du Réolais n° 1 1, Louis Desgraves , conservateur de la bibliothèque municipale de Bordeaux (1947-19...


 En 1952, dans un article des Cahier du Réolais n° 11, Louis Desgraves, conservateur de la bibliothèque municipale de Bordeaux (1947-1970), président de l’Association des bibliothécaires de France, inspecteur général des bibliothèques (1970-1983) et, confirme la plus ancienne impression connue en Guyenne à La Réole en 1503, soit 12 ans avant Bordeaux et 21 ans avant Agen.

I - L'IMPRIMERIE A LA REOLE DE 1678 à 1690  : Cahiers n°11 en lien puis transcodé en texte

II - LES ORIGINES DE L'IMPRIMERIE A LA REOLE Anatole Claudin 1894

III - NOTICES SUR LES IMPRIMEURS ET LIBRAIRES BORDELAIS  Ernest Labadie 1900 

IV - L'IMPRIMERIE DE LABEUR: Éditions - Journaux aux 19e et 20e siècles à La Réole (Michel Balans)

V - L'IMPRIMERIE A LA REOLE 1930-2021 (Michel Balans)


I -L'IMPRIMERIE A LA REOLE DE 1678 à 1690 

Article des Cahiers du Réolais n°11 de Louis Desgraves

    L'existence à La Réole d'un atelier d'imprimerie dans les toutes premières années du XVI° siècle est attestée par le Manuel de Bazas imprimé par Pierre Besson dès 1503.
On ne sait quelle fut la durée du séjour de Besson à La Réole et s'il y exécuta d'autres travaux.
On peut cependant supposer qu'il y fut appelé par les moines du prieuré bénédictin. (P.. Courteault : les origines de l'imprimerie à La Réole, Rev. Hist. Bordeaux 1926).
    On lui doit, en tout cas, la plus ancienne impression connue en Guyenne, puisque l'imprimerie fut introduite à Bordeaux aux environs de 1515 et à Agen en 1524.
    Dix ans s'écoulent avant qu'on retrouve la présence d'un autre imprimé à La Réole.
Un contrat passé par devant maître Jacques Gorces notaire à Bordeaux, le 3 Juin 1512, mentionne Léonard Bardoc, habitant de La Réole, qui vend à un libraire bordelais "le nombre et quantité de troys cens ordonnances royaux, darrainièrement faictes" (Arch. Hist de la Gironde, t XLVIII, 1913, p.480).
    Trois ans plus tard, en 1515, Jean Maurus, établissait une presse à La Réole et publiait, le 15 Juin 1517, une espèce de vocabulaire grammatical des mots composés et des dérivés de la langue latine, mis en ordre et rédigé par l'imprimeur lui-même à l'usage de la jeunesse qu'il était chargé d'instruire (A. Claudin : les origines de l'imprimerie à La Réole en Guyenne 1517 Paris 1894).

    Douze jours après, le même imprimeur faisait paraître une traduction de l'Opus Tripartum de Gerson que l'évêque de Bazas, Amanieu d'Albret lui avait demandé de publier ; enfin, avant son départ de La Réole en 1517, Jean Mautus imprimait les Consitutiones synodales Ecclesiae Vasatensis.
    Après Pierre Besson et Jean Maurus, il faut attendre jusqu'en 1679 pour retrouver mention d'un ouvrage imprimé à La Réole. La proximité de Bordeaux où, dès 1572 l’imprimerie connaît avec Simon Millanges une ère de prospérité qu'elle ne retrouvera plus ensuite explique, semble-t-il, l’absence de tout atelier d'imprimerie à La Réole.
Aussi faudra-t-il une circonstance exceptionnelle pour que l'imprimerie y refleurisse pendant quelques années.
    Cet évènement fut l'exil du Parlement de Bordeaux qui, à la suite de la sédition de 1675, s'installe à La Réole au mois de mai 1678 et y demeura jusqu'à son retour dans la capitale de la Guyenne en 1690 (Dupin Hist. de la Réole, Gauban Hist. de la Réole, Bascheron des Portes : Hist. du Parlement de Bordeaux).
    A son arrivée à La Réole, le Parlement avait trouvé exerçant dans cette ville deux marchands libraires: Louis Labbé (Labadie : Notices. biographiques sur les imprimeurs et libraires bordelais... Bordeaux 1900. p.48) et Jean Séjourné qui à sa librairie avait joint une modeste imprimerie; son fils Pierre lui succèdera bientôt.
    Un troisième imprimeur, Claude Labottière, attiré par la présence du Parlement, ne tarda pas à venir ouvrir boutique à La Réole; peut-être y fût-il envoyé par les imprimeurs bordelais de Lacourt chez lesquels il avait été compagnon (Bouchon : Hist. d'une imprimerie bordelaise 1600-1900 Bordeaux 1901, p. 68). Jacques Mongiron-Millanges, ému par cette concurrence, s'empressa d'aller s'installer, lui aussi, auprès du Parlement.
    Nous avons relevé, sans que cette liste prétende être complète, dix huit impressions réolaises entre 1679 et 1690. Quinze d'entre elles sont des arrêts, déclarations ou édits imprimés à l'usage du Parlement.
 
En voici la liste :
1. Subercasaux (Guillaume). Histoire d'une femme morte par la picqure d'une araignée. La Réole. J. Séjourné, 1679 (B.M. Bordeaux).
2. Ordonnance des corps de ville fixant le prix des logements dans les hôtelleries; le prix des vivres et denrées tels que lard, huile, volaille, gibier, poisson, bois marchand; le prix des transports en bateaux et des charrois. L.R. C1 La Bottière imprimeur et marchand libraire, 1681 (Arch. Mun La Réole H.H 9)
3. Recueil général des édits et déclarations, arrêts du conseil et de toutes les cours souveraines du royaume, qui ont été donnés concernant la justice et la religion sous Louis le Grand. L.R. Cl Labottière 1684. (B. M, Bordeaux).
4. Recueil général des édits, déclarations de Louis le Grand, arrêtés du conseil et de toutes les cours souveraines du royaume, qui ont été donnés contre ceux de la religion prétendue réformée, depuis l'édit de Nantes jusques à présent, avec les enregistrements du Parlement de Guyenne. L.R. Cl Labottière. 1684 (B.M. Bordeaux).
5. Déclaration touchant la certitude du jour de retour dans le royaume de ceux de la R.P.R. qui en sont sortis. Fontainebleau 12 Novembre 1685. L.R. Cl Labottière 1685 (B.M. Bordeaux)...
6. Lapeirère (Abraham) Décisions sommaires du palais mises par ordre alphabétique.L.R.. Cl.Labottière 1689 (Catalogue J.Delpit n°887)
7. Déclaration du Roy portant ampliation sur l'édit des duels du 30 décembre 1679 L.R. J.Mongiron-Millanges 1680 (B.M.Bordeaux)
8. Déclaration du Roy portant déffences à toutes sortes de personnes tant de l'un que de l'autre sexe, d'accoucher des femmes tant de la religion catholique apostolique et romaine que de ceux de la R.P.R. L.R. Mongiron-Millanges 1680 (Arch. Dep. Gironde C. 3784)
9. Déclaration du Roy portant défense contre le port d'armes et de la chasse. Donné à St-Germain en Laye le quatrième décembre 1679. Enregistrée en Parlement le 7 Février 1680. Mongiron-Millanges 1680 (Arch. dép. Gironde C. 3784)
10. Déclaration du Roy portant règlement pour la punition des faussaires et falsificateurs et les peines qu'ils en doivent encourir. Donné à St Germain en Laye au mois de mars 1680. Enregistrée à La Réole en Parlement le 12 Avril 1680.L.R. Mongiron-Millanges 1680 (Arch dep. Gironde C.3784).
11. Édit du Roy portant règlement général sur les duels. Avec les règlements de Messieurs les Maréchaux de France, sur les diverses satisfactions et réparations d'honneur. Donné à St-Germain en Laye au mois d'août 1679. L.R. Mongiron-Millanges 1681 (B.M. Bordeaux fonds D)
12. Chabannes (Jean-Joseph de) Harangue prononcée à l'enregistrement de l'édit de révocation de celui de Nantes. L.R.Mongiron-Millanges 1686. (B.M. Bordeaux)
13. Arrest du Parlement de Guyenne confirmatif d'une sentence rendue par le lieutenant criminel de Saintes, par laquelle le cadavre de feu Pierre Joufflier, ci-devant greffier de la juridiction de Mornac est condamné d'être déterré par l'exécuteur de la Haute-Justice, traîné sur une claie et exposé à la voirie, et ses biens confisqués pour crime de lèze-Majesté, apostasie et relaps, ayant refusé les sacrements de l'église après sa conversion. L.R. Mongiron-Millanges s.d. (1687) (Arch. dép. Gironde C.3784)
14. Arrêt du Parlement de Guyenne, portant condamnation aux galères perpétuelles, et confiscation des biens contre les nommez Régaud et Deschamps, nouveaux convertis accusez du crime d'évasion contre les défenses de Sa Majesté. Mongiron-Millanges s.d (1687) (Arch. dép. Gironde C.3784).
15. Arrest du Parlement de Guienne, qui a condamné Pierre Gache à être pendu et étranglé et ses biens confisqués pour être venu d'Angleterre à Bordeaux, dans le dessein de suborner des nouveaux convertis et favoriser leur sortie hors du royaume. Et par ce même arrêt Joseph Len drinthon, maître d'un vaisseau anglais, et Isabeau Maron, aubergiste femme de Jean Capon, chapelier de Bordeaux, sont aussi condamnés aux peines portées par la Déclaration de Sa Majesté, pour avoir favorisé l'évasion des dits nouveaux convertis. Cet arrêt contient aussi des condamnations contre plusieurs accusés dudit crime d'évasion. L. R. Mongiron Millanges s.d (1687) (Arch. dép. Gironde C 3784)
16. Déclaration du Roy, portant règlement des peines auxquelles les femmes et filles qui ayant été bannies, ne gardant pas leur ban, seront condamnées. Donnée à Versailles, le 29 jour d'avril 1687. Avec l'arrêt d'enregistrement du 28ème May 1687. L.R. Mongiron-Millanges, s.d. (1687) (Arc dep Gironde C.3784)
17. Edit du Roy portant que les matelots seront censez regnicoles et exempts du droit d'aubaine après cinq ans de service, sans être tenus de prendre de Sa Majesté des lettres de naturalité. Donné à Versailles au mois d'avril 1687. Avec l'arrêt d'enregistrement du 28ème May 1687. L.R. Mongiron-Millanges s.d. (1687) Arch dép Gironde C.3784)
18. Lettres patentes du Roy en faveur de Monseigneur le Mareschal de Lorge pour le commandement en chef de la province de Guienne. L.R. Mongiron-Millanges 1689 (B.M. Bordeaux)


II - LES ORIGINES DE L'IMPRIMERIE A LA REOLE 
Anatole Claudin 1894 -39 pages
Plaquette extraite de la Revue Catholique de Bordeaux - Tiré à 100 exemplaires -Non mis dans le commerce

 Le texte intégral



III - NOTICES SUR LES IMPRIMEURS ET LIBRAIRES BORDELAIS Ernest Labadie 1900


70   IMPRIMEURS ET LIBRAIRES BORDELAIS
LE MORE (JEAN),

    Imprimeur à La Réole, vers 1516-1518. Jean Le More, en latin Maurus, naquit à Coutances, en Normandie, à la fin du xv siècle.
    Il fut d'abord imprimeur à Paris dès 1507 et on le rencontre dix ans après à La Réole, en 1517.
On connaît, en effet, trois ouvrages sous ce millésime, imprimés dans cette petite ville : le premier est un  Vocabulaire grammatical de la langue latine et le second une édition du livre de Jean Gerson, l'Instruction des Curez. De ces deux impressions réolaises il ne reste que les exemplaires de la Bibliothèque de Bordeaux, N 14586 et 33209.
    Le troisième ouvrage est une édition des statuts synodaux de Bazas, publiée par l'évêque de cette ville, Amanieu d'Albret : Constitutiones synodales Ecclesia Vasatensis..., dont l'unique exemplaire, découvert tout récemment, est conservé à la bibliothèque de Troyes, A 1503.
    Jean Le More avait installé son atelier typographique à La Réole, dans le collège de cette ville.
    On suppose que, tout en pratiquant l'art typographique, il professait la grammaire, et c'est ce qui expliquerait sa présence dans un établissement d'enseignement. Il ne séjourna que peu de temps dans le Bordelais, car en 1518 on le trouve à Lectoure, de 1522 à 1532 à Montauban, et de 1532 à 1550 à Toulouse. On ignore la date de sa mort.
    Jean Le More est le plus ancien typographe connu établi dans le Bordelais, le premier livre imprimé à Bordeaux étant daté de 1519 (V. l'article Gaspard Philippe)..

IV - L'imprimerie de labeur : Éditions - Journaux aux 19e et 20e siècles à La Réole (Michel Balans)

    Au XVI° siècle, le premier imprimeur de Guyenne, disciple de Gutenberg, Jean MAUR,
de Coutance, s'installe à La Réole.
On note :
XVII° siècle = Jacottière
XVIII° siècle = Laguillotière,  fils
XIX° siècle = Pasquier – Vigouroux – Fayaut – Larrieu – Beylard – Vve Champas – Moulin
XX° siècle = Fayaut, Beylard, Vigouroux, Balans, Maumy, Aristéguy.

JOURNAUX
1868-1914?Le Girondin Journal de  La Réole :  BNF
1833-1842 = Les Tablettes, La Réole  Imprimeur J. Pasquier  BNF devient l'Union : Numérisé  ICI
1842-1944 = L'UnionImprimeur Pasquier puis Henrion puis  Vigouroux (1863)   BNF          Numérisé  ICI
1880-1888L'Avenir Réolais  BNF devient l'Indépendant Réolais
1888-1944 = L'Indépendant Réolais  BNF
1885-1920?= L'Agriculteur réolais   BNF
1895-1898 = Le Réolais  Imprimeur Vigouroux  BNF
1908-1920 = Le Paysan Mutualiste  BNF devient L'Union agricole  BNF (imprimé à La Réole)
1936-1944 = La Tribune Républicaine - Balans BNF
1944-2007 = Le Réolais  Vigouroux- Gimenez- Mothes

La paroisse édite un journal à tirage limité.(La Liaison  BNF )
La Commune ( Tempo )
L'association : les Cahiers du Réolais

- Voir l'étude de Louis Desgrave (1921-1999) sur l'imprimerie à La Réole
aux XVIe et XVIIe siècles : Conférence L Desgraves 1979
Michel Balans

V - L'imprimerie à La Réole 1930-2021 (Michel Balans)
Presse typographique Heidelberg - Format colombier- 0,60 x 0,80

Je me souviens de l'imprimerie rue Camille Braylens.
    Mon père dirigeait cet atelier moderne de 1936 à 1944. Il avait appris le métier à l'Imprimerie FAYAUT, 18, rue Armand Caduc, avec Maurice et sa fille Marguerite.
En même temps il avait appris le métier de relieur et de papetier.
J'ai grandi dans le bruit des machines et l'odeur de l'encre. Il y avait une nouveauté, rare à l'époque ; une linotype qui fabriquait des caractères en plomb. Plus faciles à manier, plus rapide, pour concevoir les colonnes d'un journal.
    Un clavier, type machine-à-écrire permettait la rédaction et la composition.
Un petit four électrique maintenait du plomb en fusion. Chaque ligne sortait de la machine.. La rotative Heidelberg grand format imprimait le journal et ... affiches des bals de l'époque.
Deux presses à pédale et à moteur servaient pour les travaux courants.
Il y avait trois ouvriers. Henry Maumy, le principal, l'apprenti Pierrot Barbillat et un autre occasionnel.
Le vendredi était un jour d'effervescence avec la mise sous bande et l'expédition du journal aux abonnés de la région.
Presse typographique à pédale puis à moteur

    La place permettait l'installation de nombreuses casses typographiques de caractères, anciens et modernes, en bois et en plomb. Un comité de rédaction se réunissait dans le bureau chaque semaine pour préparer le numéro suivant.
Ce comité se composait de René Bourillon, Jean Counilh, Choisnet, Roux, Tracou, Fournier.
A La Réole Il y avait deux autres journaux chaque semaine.
Ce journal, la Tribune Républicaine, qui professait de idées de droite disparaît en 1944.
Les dirigeants, sauf mon père, seront inquiétés, condamnés à la perte de leurs droits civiques.
Le matériel du journal est vendu.
    Nous déménageons de notre logement qui était au-dessus de l'imprimerie avec un grand jardin.
Nous habitons maintenant au 18, rue Armand Caduc. Le matériel d'imprimerie va dans la première cave. Je ferais une année d'apprentissage avant de partir à Bordeaux. Finalement mes parents vendent l'imprimerie et le commerce qui sera loué à M. Sanfourche pour devenir magasin de chaussures.

Casse typographique

    Ma mère travaille à la Mairie de La Réole. Mon père, devient employé, chaque semaine, travaille dans des imprimeries de labeur à Bordeaux jusqu'à une année avant la retraite.
    Il travaille chez H. Maumy son ancien ouvrier, aujourd'hui patron d'une grande imprimerie, successeur de Beylard.
    Sa fille, Catherine Aristéguy, continuera à porter le flambeau.
L'autre imprimerie, Vigouroux, dirigée par sa fille Josette Vigouroux Gimenez continuera le journal, le Réolais jusqu'en 1999 (total 56 ans).
Florence Mothes le rachète pour le vendre par la suite ?
    En 2021 il n'y a plus qu'une imprimerie à La Réole (à Frimont).
Le graphisme, le design, la communication, la reproduction, l'ordinateur ont bouleversé de fond en comble ce métier d'imprimerie.
    Il demeure réservé à une élite cultivée, rare et riche.
L'image est reine sur le plan technique mais à quel prix ?
Le livre relié est cher. Les journaux sont sur internet. Le papier est menacé.
Les emballages de la grande distribution avalent les forêts.
Michel Balans

V - L'imprimerie à Bordeaux (Collection DR)



Simon Millanges :
Extraits
 -  Aujourd'hui, de l'imprimerie Millanges, il ne reste que la porte remarquablement décorée du
16 rue Saint-James : des 
pilastres soutiennent un entablement et une corniche saillante ; l'entablement est orné d'une frise d'animaux fantastiques, encadrée de médailles ; au-dessus, un cadre carré, aujourd'hui vide, est entouré d'une composition globalement triangulaire associant vases, guirlandes et putti, le tout sommé par un Christ en douleur ; ce décor qui doit dater des années 1530, est attribué au maître maçon Guilhem Médion, par le professeur d'histoire de l'art Paul Roudié (1916-1994)[

- En 1580 et 1582, il publie les deux premiers livres des Essais de Montaigne ;
Mongiron-Millanges, Jacques (1618?-1695) 
Responsabilité : Auteur, Imprimeur libraire (Texte imprimé)
Naissance : 1618? Mort : 1695-04-14
Période d'activité : 1649-1692

Imprimeur-libraire ; imprimeur ordinaire du Roi et de la ville [de Bordeaux] (1649-1692) ; imprimeur du collège de Guyenne. - Fils de l'imprimeur-libraire de Bordeaux Claude Mongiron et petit-fils par sa mère de l'imprimeur-libraire Simon Millanges.
Né en 1617 ou 1618. Travaille chez son oncle l'imprimeur libraire Guillaume Millanges avant de lui succéder en juin 1649. Imprime de nombreuses mazarinades pendant la Fronde. Capitaine de la milice de la Jurade de la paroisse Saint-Éloi.
Dit âgé d'environ 55 ans lors de son mariage, le 25 août 1672. Rachète peu après (sept. 1672), en vente publique, le fonds de librairie de Pierre Maffre (m. avril 1671) et de son associé Guillaume Taupinard ; inventaire du fonds à cette date.
Imprime à La Réole de 1680 à 1689, pendant l'exil du parlement dans cette ville, tout en conservant son atelier à Bordeaux.
Se démet de ses charges d'imprimeur ordinaire de la ville et d'imprimeur du parlement en faveur de Simon Boé, en déc. 1692, et semble avoir alors cessé d'exercer.
Adresse : Bordeaux : 1649-1692. - Rue Saint-James
Adresse : La Réole : 1680-1689



  sommaire-tous-les-articles Patrick Espagnet 1950-2004 Natif de Grignols, pensionnaire au Lycée de La Réole dans les années 60, Pa trick e...

 sommaire-tous-les-articles

Patrick Espagnet
1950-2004

Natif de Grignols, pensionnaire au Lycée de La Réole dans les années 60, Patrick est mort en 2004 après avoir brulé la chandelle par les deux bouts, entre journalisme, rugby, corridas, et beaucoup d'alcool... 
 
1950 : Naissance à Grignols
1961 : Collège et lycée, interne, à La Réole
1968 : Faculté de droit à Bordeaux
1969 Faculté de lettres à Bordeaux
1972 : Pion au lycée technique de Bayonne
1974 : Pion au lycée de Bazas puis de Marmande
1976 : Pion au lycée technique de Banquefort
1977 : Objecteur de conscience à l'ONF à Saint-Gaudens puis à la FOL à Bordeaux
1978 : Grilladin au « Piano en croûte >> à Bordeaux
1979 : Entrée à l'IUT de journalisme de Bordeaux, diplômé en 1980
1980 : Stagiaire au journal Sud Ouest à Biarritz et à Pau
1981 : Journaliste à l'hebdomadaire “Bordeaux actualités” de Sud Ouest
1983/1996 : Journaliste à Sud Ouest (locale, sport), à Pau puis à Bordeaux.
1997 : Formation en CAP cuisinier, travaille dans la restauration à Bordeaux
2002 : Publication de La Gueuze
2002 : Publication de Les Noirs
2003 : Publication de Madones, Les Chemins de l'arène, et XV histoires de rugby
18 janvier 2004 : Décède chez lui à Bordeaux à l'âge de 54 ans

Journaliste

Dans un livre très intéressant :
 "Journal Sud Ouest : les articles qui ont marqué l'histoire depuis 1944"


Page 122, un article de Patrick Espagnet du 30/08/1992 "Serge au fond du cœur"
Le texte complet ci dessous :
1992
C'était le plus grand arrière du monde
Avec 93 sélections et 38 essais marqués en équipe de France, Serge Blanco est un monument du rugby. Son jubilé, qui réunit le gotha de ce sport, est terni par le décès de sa mère, survenu quelques jours auparavant
Serge, au fond du cœur
Patrick Espagnet-30 août 1992
Le plus grand arrière du monde tire sa révérence, ce soir, au stade d'Aguilera. Le terrain de Biarritz qu'il n'a jamais voulu quitter. Une légende s'en va mais un homme reste, un vrai.

    Et le malheur est arrivé avec sa face immonde. Salopard qui choisit les moments de bonheur pour grimacer sa hargne. Et on sait qu'au fond du cœur quelque chose s'est brisé comme une branche morte. Ironie terrible : l'enfance s'en va quand le jeu s'arrête. Mais le rugby n'est-il pas toujours une histoire d'enfance qu'il faut un jour ou l'autre quitter. L'être tant aimé, la mère, celle de tous les secours, de toutes les indulgences, de tous les amours celle-là s'en est allée au moment du sacre. Le massacre joyeux d'une légende ailée.
    Odette, la mère chérie, est partie à l'instant où une aventure d’homme, de drôle, de joueur - au sens risqué du terme - se finissait pour mieux se croire, pour mieux se dire, pour mieux se montrer à la face d'un monde qui paie cher pour regarder. Les tuiles aussi sont en Canal…
Mais le malheur n'est pas toujours funeste. Il faut le toréer comme ces Miuras qui sortent mal mais finissent bien. Au nom de celle qui lui a fait la peau noire et l'âme claire, Serge va, encore une fois, descendre dans l'arène Aguilera. Il aurait pu tout annuler. décommander les télés, avertir les radios, dire aux 117 copains qui ont joué avec lui en équipe de France qu'on le ferait une autre fois. Il a choisi d'être sur le pré comme il a toujours été, simple et généreux. Et tellement fort.
    D'où vient cette force d'ailleurs ? De cette peau qui ne veut pas blanchir ? De cette enfance qui ne veut pas vieillir? De cette audace qui ne veut pas lâcher? De ce talent qui ne veut jamais dire non? Quel est le miracle Blanco ? Il est simple, finalement. C'est l'histoire d'un type un peu bronzé. Black et d'équerre. Avec des jambes et des bras. Comme tout le monde bien sûr mais un peu mieux que tout le monde.Lui au moins sait s'en servir : demandez aux footeux à qui il met quelques démonstrations de temps en temps. C'est l'histoire d'un mec à qui la vie n'a pas fait de cadeau. Il a fallu se la jouer, se la vivre et éviter parfois les gros cons qui vous arrivent sur la gueule. Le genre de troisième ligne assassin qui n’a jamais fait une passe mais qui casse. Casser Blanco n'est pas donné à tout le monde. Quelques Anglais s’y sont essayés, mais ils n'en sont pas fiers. Même leur presse populaire l’aime. Être aimé par celle-la c'est tout bon ou tout mauvais. Pour Serge, ça va.
    Chez Dassault au Boucau, il parait qu'il y a des fraiseuses qui font du bruit toute la journée. Elles grignotent le temps et la tête. Mais elles n'entament pas l'amitié. Dans son bureau de PDG du centre de thalasso d’Hendaye. Serge se souvient d’elles. Il se rappelle, à voix haute, la peine et la solidarité. “Tu sais, dit-il, parce qu'il ne tutoie pas que des anges, j'ai eu autant de bonheur avec mon boulot et mes copains d'usine que j’en ai depuis que la vie m’a souri. C’est d'abord une histoire d'humilité et d'honnêteté. Le rugby c'est ça aussi. Il faut savoir qu'il faut prouver. Des types plus doués que moi, il y en a eu sans doute. Mais quand je les rencontrais, je me disais qu'il fallait que je sois meilleur. Je les perçais, je les trouais, avec quelquefois des cannes de pépé et la peur de leur beauté, de leur jeunesse. J'étais supérieur un moment, parce que je l'avais voulu. Et c'est un peu ce sentiment qui m'entraîne dans la vie. Je suis un manœuvre, moi, tu sais. J'ai gardé de ma jeunesse l’orgueil du travail bien fait. Je ne suis pas compliqué, je suis un homme tranquille. Il se trouve, pas forcément par hasard, que la célébrité me tombe dessus. Mais je n'ai pas l'impression de changer. Tu vois les vrais copains, je sais toujours où ils sont, et là je pense, par exemple, à Jean Condom. Je vais arrêter ce soir. Pas question de faire des adieux style Compagnons de la chanson. J'espère, si le boulot me le permet, pouvoir entraîner les cadets du BO. Question de rester dans ce rugby qui m'a donné beaucoup. Remercier, comme je le pourrai un club que je n'aurais pas quitté pour tout l'or du monde. J'ai eu une longue carrière, avec des joies et des peines. Des moments que je ne peux pas détailler parce que les mauvais sont, dans le souvenir, presque meilleurs que les bons. J'ai eu plus de joies, peut-être parce qu'un peu plus de chances que d'autres, je pense à Lansaman ou à Nadal. Je pense à d'autres aussi, moins connus, qui jouent dans les petites divisions et qui font le rugby français”
    Ce rugby qui va connaître ce soir une espèce de fête comme jamais il n'aurait pu imaginer. Grâce soit rendue aux sponsors, aux télés, aux épiciers de la beauté. Un grand artiste s'en va, un numéro 15 dans le dos. À pas feutrés, comme un chat génial, comme un félin dans la brousse des corps fumants, comme cette gazelle immobile que jamais nous ne tuerons, comme ce funambule qui valse avec la poussière des étoiles. Pour m'être emmêlé les songes dans les boucles d'or de Jo Maso. Pour avoir eu des sommeils agités par une passe de Dédé ; je sais les rêves des enfants. De ceux qu’un ballon oblong a bercés sur les prairies des dimanches et à travers les lucarnes des samedis après-midi.
    Serge flottera toujours dans le vent des rêves. Il jouera avec les anges et même les méchants ne lui feront pas deuil. Il sera tombé tellement souvent, dans l'en-but comme un grand oiseau blessé, le nez dans la boue du bonheur. Saoul de la folie d'une course. Crucifié de plaisir. Ivre de s'être échappé d'un numéro 7 rogneux.
    Libre enfin, dans l'air plus léger plus vif : un air de liberté. Serge, il paraît qu'aujourd'hui tu t’en vas. Mais tout le monde sait, à Christchurch comme à Labouheyre, à Espelette comme à Johannesburg, que tu seras toujours là.  Au fond du cœur.

Un autre article dans le même livre :
page 108, un article de Patrick Espagnet du 30/08/1987 "Avec les fans de Madonna"

Études et rugby


Lycée La Réole 1966 - équipe des profs :
Moussilac, Baloup, Patrick Espagnet en bas droite maillot blanc (16 ans. Donc pas prof !!!)

5 février 1969
Faculté de Droit et Sciences Economiques : 24 - EN Chirurgie dentaire : 14
Debout de gauche à droite:
"Recteur" Malet, Patrick Espagnet, Jean-Claude Sainlos, Pierre Camou, Rémy Courrègelongue, Robert Sirat, Ferré, Alain Moga, Bernard Lapasset
1er rang accroupis:
Th. Thibaud, Philippe Darmuzey, Jacques Magnes, Jean-Pierre Vergnolles, Bernard Maurel, Michel Gilles, Jean-Pierre Castets
Une belle brochette ;

Pierre Camou, (1945-2018) Président de la Fédération Française de Rugby de 2008 à 2016
Alain Moga ;dit "Bambi" ancien président de CA Béglais et bras droit de Chaban Delmas à Bordeaux
Bernard Lapasset (1947-2023) Président de la FFR de 1991 à 2008, président de l'International rugby board (IRB) du 1er juillet 2008 au 1er juillet 2017. En avril 2015 il est nommé coprésident avec Tony Estanguet de la Candidature de Paris pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2024 
Philippe Darmuzey : réolais, fils du pharmacien de La Réole, auteur de livres sur le rugby.(Albaladejo..)
C'est au Bar Basque que les soirs de corrida, Patrick Espagnet, ancienne plume disparue de Sud Ouest, venait dédicacer ses poèmes et haranguer les compagnons d'une vieille bataille estudiantine lentement élevée au statut de légende.
Espagnet m'apostrophait pour mes antécédents d'étudiant-résident sur la célèbre place de la Victoire à Bordeaux. Puis il récitait comme un aboyeur de soirée la composition de notre équipe sortie victorieuse d'un match universitaire mémorable. Ici, nous entrons dans le grand mystère des réalités qui deviennent légende par les hasards de la vie.
Depuis des années, aux fêtes de Dax, on entendait nier la simple existence d'un match Droit-Chir'Dent' de 1969 et donc son résultat qui sanctionna la défaite des «odonto-rubipèdes » ! Le plus savoureux est que ce que l'on croyait être une simple attitude de franche rigolade d'anciens étudiants s'est avéré très inexplicablement plus sérieux que prévu. La sagesse que nous ont enseignée Montesquieu et quatre ou cinq années de droit et de rugby nous suggéra de ne pas aller jusqu'à l'exposition en place publique des suspects pourfendeurs de l'Histoire ; mais tout en souhaitant ne pas les humilier, nous voulions leur donner l'occasion de faire amende honorable ou de se taire à jamais.
En même temps nous prendrions un plaisir rare à nous remémorer une victoire historique de notre belle équipe de juristes-économistes contre le plus brillant rassemblement de dentistes-rugbymen de tous les temps (trois titres de champions de France universitaires) !
Philippe Darmuzey in "Dans la peau d'Albaldejo"

Nécrologie Patrick Espagnet : Sud-Ouest

- 19 janvier 2004 / Diplômé de l’IUT en 1980 (Année Spéciale) Patrick Espagnet est décédé à Bordeaux le 18 janvier 2004.

Le texte suivant a été publié dans Sud-Ouest lundi 19 janvier, sous la plume de Christian Seguin.

Patrick Espagnet est mort hier, probablement au lever du jour, chez lui à Bordeaux, seul, à quelques pas de la place de la Victoire. L’ancien journaliste de « Sud-Ouest » aurait eu 54 ans en août. Chez nous, il a vécu une quinzaine d’années, en marge des convenances, comme un clochard céleste, entier, brillant, excessif. Celui que nous appelions le « joli petit talonneur de Grignols » ne traversait pas la vie dans le passage clouté qui mène au salon de thé. Il était du dehors, du feu des grands soleils du sport, des ovations taurines, des empoignades de l’amitié dans les bistrots où l’on se regarde dans les yeux.
Patrick Espagnet était fier d’être un fils de la Haute Lande et son atavisme de gemmeur aurait pu l’y faire rester. On ne sait quel vent de terre l’avait d’abord poussé en faculté de droit où il s’était illustré en tête de mêlée, dans le même attelage que Bernard Lapasset, l’actuel président de la Fédération française de rugby. Puis en faculté de lettres qui ne menait qu’au plaisir de savoir lire.
Un jour, Patrick Espagnet a voulu devenir journaliste, alors que les mouvances alternatives de 68 l’avaient collé à la plonge du Piano en croûte, un restaurant du vieux Bordeaux. Il s’était inscrit à l’IUT à l’âge où les autres ont déjà entamé un plan de carrière et il avait envoyé une série d’articles au journal.
De Libourne à Pau, à la rédaction locale de Bordeaux et au service des sports, « Sud-Ouest » s’est honoré d’accueillir un type hors normes, un type à pleurer. Quand il aimait, il criait, quand il ne comprenait plus, il était muet de larmes.
De ce parcours incandescent, nous garderons sa relation viscérale au sport à qui il doit d’avoir été heureux. Patrick Espagnet avait cette sensibilité qui suppose qu’on la dissimule pour continuer de vivre. Qu’il soit sous le panier du grand Orthez, à la Coupe du monde de rugby de 1995, derrière la main courante des Béglais, au cœur de l’académie où il retrouvait la joie pure de l’enfance, Patrick nous a donné le roman vrai des profondeurs de notre région. On attendait Espagnet parce qu’il exprimait un patrimoine sudiste, une oralité mise en mots, avec suffisamment d’ampleur et de générosité pour intercaler quelques moments de grâce. Il faut ouvrir ses trois recueils de nouvelles : «_Les Noirs », « Quinze histoires de rugby » et « La Gueuse », pour comprendre à quel point il voulait lire le cœur des hommes. La musique ne s’éteint pas. Nous sommes seuls avec son talent.

Jean-François Meekel, Sud-Ouest
Patrick Espagnet s’est tiré, bordel ! Le Passant Ordinaire


Crématorium de Mérignac, un lundi matin pourri de janvier. On est là, nombreux, blafards, à embrasser des copains pas vus depuis longtemps, à se saluer, discrètement, d’un signe de tête. Putain !
Que l’on préférerait être ailleurs ! On est pourtant venu à cette cérémonie religieuse qui l’aurait bien fait ricaner, lui, à la messe, y’a que le vin qui l’aurait tenté. Dans ce décor qui ne ressemble à rien, normal, la mort ça ressemble à rien, on se demande ce qu’il aurait pu sentir, humer, écrire.
Pas la peine, aujourd’hui, c’est lui qui part en fumée et nous qui peinons autour de quelques mots bien torchés par un confrère.

Il s’est tiré avec son mal de vivre, entre sa tendresse pour les ami(e)s aussi massive que cette détresse qui le jetait dans une ivresse devenue sa compagne et son destin. Bordel !
Il venait de publier coup sur coup 4 bouquins qui résument dorénavant tout son panthéon, les femmes (1), les toros, le rugby, les bistrots. Des poèmes et de magnifiques textes courts qui seuls nous relient à lui.

(1) Dernier en date : Madones, poèmes accompagnant des photos de Frédéric Desmesure, chez Atlantica. Les autres ont été chroniqués ici même.

Écrivain


  
 Attention! Cet ouvrage n'est surtout pas un livre de sport. Pas question d'y relire qui a marqué contre qui, à quelle minute et quel était l'âge du capitaine. Non, ce livre c'est d'abord quinze histoires de mecs, comme disait l'autre. De mecs, de nanas, de cons, de sympas, d'arbre, de stades et même de cochon.
Le talonneur de quatrième série y côtoie celui des All Blacks, l'entraîneur landais bidon le gueulard de Musard, l'Italien de la vallée la belle pute de luxe, la bourrique intello l'analphabète, le vieux supporter le cochon dans le maïs…
D'évidence l'auteur a raclé les fonds de tiroir de sa jeunesse et de sa mémoire. Il l'a fait sans vraie nostalgie, mais avec ce plaisir subtil qu'on a lorsqu'on découvre au fond d'un buffet une photo d'équipe jaunie, un cahier d'écolier, une feuille de marronnier séchée, une licence de cadet…
Le rugby a changé, dit-on. Mais l'Ovalie demeure. Elle reste ce pays sans réelles frontières. Un pays aux simples contours de l'amitié. Une amitié nouée au creux des mêlées, aux limites de la douleur et, parfois, aux rivages de la grâce.
"XV histoires de rugby" nous laisse persuadés que malgré le professionnalisme envahissant, ce sport ne sera décidément jamais comme les autres

Extrait ; Andy, une des quinze nouvelles :

Andy 

Masterton. Nouvelle-Zélande. Un drôle de bled. Un trou du cul d'un monde qui aurait pas de fesses. Des rues coupées au couteau, droites et longues et qui sentent autant la vie qu'un cyber-café sent le bistrot.
Deux pubs. Quelques magasins de fil de fer barbelé, de clôtures en tous genres. Quelques garages de machines agricoles. Des épiceries achalandées comme pour passer les Rocheuses. Des gens costauds, sympathiques et lisses, usés comme des pionniers.
Masterton. Deuxième match de l'équipe de France de Berbizier en Nouvelle-Zélande. Un match du mercredi, comme on dit en tournée. Un match de peu, mais avec toutes les trouilles. Celle des remplaçants qui aimeraient bien gameller à l'auge des tests. Celles des titulaires qui ont peur de lâcher le fricot. Déjà le catalan Macabiau semble sur le point de goûter le bois du banc...
Le groupe, comme ils disent, est tendu. Avec des clans qui paraissent s'observer. Sans vraie joie. Avec un entraîneur plus abbé de Lannemezan que jamais.
On a mis cinq heures de bus pour arriver là. On rencontre même pas une équipe de province. Simplement il s'agit, en toute reconnaissance pour immenses services rendus, de faire plaisir à Brian Lochore, le magnifique et mythique numéro huit Black des années soixante. Il est éleveur de moutons, comme presque tout le monde ici. Un colosse à la gueule de John Wayne mais dont on soupçonne qu'il n'aura jamais besoin d'une Winchester pour inquiéter la menace...
Le bus, sur une route impeccable, s'est promené de montagnes en forêts, de vallées en rien du tout pour aboutir dans une plaine immense où, d'un côté des troupeaux de cerfs paissent, et de l'autre des moutons comme une écume de forte marée.
Le paysage est sublime. Seulement il y manque des traces. Celles que l'homme, chez nous, laisse au fil des siècles. Un mur déglingué. Une ferme abandonnée. Le clocher d'une église. Un château en ruine. Les signes d'une vie, d'une humanité même si elle est partie en fumée.
Non, là, rien ! Si ce n'est la minéralité, l'origine de la terre, et comme un vide sans signification, sans passé, sans projet.
Et c'est un petit sentiment de malaise qui nous picote dans ce décor sans âge. Le fantastique n'est pas loin. Une plongée dans un monde sans repères, sans histoire, sans homme.
Les premiers barbelés nous ont rassurés. Il y en a sur des kilomètres. Et des moutons comme s'il y en avait neigé. Mais pas l'ombre d'une ferme. Pas la trace d'un berger. Pas de champs. Pas de barrières. Pas de murets moussus. Une beauté à l'état pur, sans états d'âme qui vive.
On débarque là, dans cette bourgade de l'Ouest, avec une équipe qui vient y chercher un avenir face aux meilleurs du monde. On est là aussi parce que des paysans d'ici, quand ils sont venus chez nous pour des tournées de trois mois à l'époque héroïque, ont été parfaitement reçus par les paysans béarnais ou basques, des bergers comme eux.
Ils s'en souviennent les vieux bouseux Blacks. Ceux qui ont eu l'honneur de porter le maillot à la fougère et dont ce périple fut sans doute la seule occasion de leur vie de quitter leur trou du cul du monde. Des costauds. Des rudes. Des taiseux. Sans trop de civilisation sinon celle de leurs muscles et des travaux de bête avec leurs bêtes, des milliers de bêtes à engraisser, à tondre, à tuer, à congeler...
Alors ils nous ont bien reçus. Dans un cinq étoiles complètement incongru dans un bled pareil. Un palace insensé avec piscines, jacuzzis, restaurants, bars, salles de conférence, coiffeur, manucure, boîte de nuit... Tout ça reluisant et vide comme un œuf.
Plus tard on nous expliquera que Masterton est le rendez-vous des maquignons et des fermiers, et que des millions de moutons y trouvent marché. On y règle le prix du gigot sur ordinateur entre Londres et les Capucins, Santa Fe et Rungis.
Pour l'instant le lieu est déserté. C'est peut-être pas la saison de la côtelette d'agneau... Le palace ringard est quasi mort dans ses silences de musique enregistrée.
L'équipe de France somnole entre deux tarots et deux baby-foot. Elle a débuté à Whangarei par une victoire facile chez les "paysans de la mer", ceux-là. Au nord de l'île du Nord dans un décor de Polynésie. Là où ont débarqué les faux époux du Rainbow Warrior. Ici, ce serait plutôt l'Auvergne profonde ou le Montana.
Dans les rues balayées par un vent d'hiver austral, on croise des familles entières. Le grand-père, le père, le fils et les petits-enfants. Ils sont tous pareils. Un chapeau en cuir, un immense cache-poussière du même métal qui leur tombe jusqu'aux pieds, des bottes, des claudications de vachers, de vrais cow-boys de western italien.
Ils ont des yeux clairs et des rides de durs. Ils sont le plus souvent suités par des maoris aux gueules d'Apaches. Cheveux longs dans le dos retenus par un bandeau, vêture ample et bigarrée, face plate et cuivrée, tatouages à tous les étages. Mais le plus maigre des Apaches, de l'île du grand nuage, pèse au moins un quintal. Ce sont sans doute les ouvriers agricoles des familles tout-cuir...
Ils sont tous venus au match, ces cow-boys et ces indiens du Pacifique. Un match international au bled, c'est pas tous les samedis. Leur ferme de quelques milliers d'hectares est à soixante kilomètres de là, nulle part, au milieu de ce pays que nous avons traversé sans apercevoir leur trace. Ils ne viennent sans doute au bourg que pour acheter des barbelés, de la farine, du savon et pour voir du rugby.
C'est leur fête ce mercredi là. La veille, ils ont déambulé en ville comme une horde sauvage des plus paisibles. Ils se sont saoulés avec application. Surtout les Indiens. Les deux pubs ont été pleins d'une douceâtre morosité, sans agressivité mais avec cette espèce de résignation hagarde qu'ont les oubliés de tout. De l'Altiplano à la Lozère...
Dans l'hôtel de luxe des Français, un suiveur tricolore est descendu vérifier l'absence de nanas au bar. Le barman est effectivement seul devant ses cinquante mètres de comptoir.
Une soupe tiède dégueule des violons dans les enceintes. Le whisky est bon et pas cher. Les cacahuètes salées. Les chips un peu mous. Les cow-boys et les Indiens, croisés au saloon, doivent camper en dehors de la ville, encore un coup du shérif, pense furtivement le suiveur avec une réminiscence du vieux John Ford.
Il sourit de cette pensée sans pour autant être ravi d'un tel début de tournée. Il a acheté le tour complet "avec" l'équipe de France. Un vieux rêve de gosse qu'un petit héritage lui a permis de se payer.
Le temps dure trois whiskies. Il entrevoit parfois, entre deux couloirs, le survêt d'un joueur pressé.
La zizique d'ambiance ne s'arrange pas. Du sirop dégoulinant. Le barman fait l'occupé. Rangeant des dizaines de bouteilles et de verres, on ne sait trop pour qui.
Arrive alors un costaud en blazer. Une bête. La gueule bien rapetassée. Les oreilles en brocolis. Pas besoin de lui demander s'il a joué en tronche... Il s'assoit à côté. Il sourit et lance "Hello!"
Le suiveur répond de même avec son mauvais accent.
Une pause et le costaud sans plus de cérémonie lui demande ce qu'il boit. Le Français a peine à comprendre. Il fait l'éberlué. L'autre lui fait un signe de levage de coude.
"Whisky", il ose. Le néo-zélandais fait signe "deux" au barman. Ils choquent les verres. Se sourient.
On sent pourtant la barrière de la langue se poser, invisible mais inéluctable, entre eux.
Le suiveur tricolore remet ça d'un petit mot bredouillé au loufiat. Le costaud semble heureux.
À peine le verre est-il sur le comptoir qu'il se lance dans une autre commande.
À toi, à moi, pense le suiveur. Il veut peut-être me défoncer la gueule ce gros sympa, mais il sait pas sur qui il est tombé...
À la cinquième tournée, le rouge pique les joues du gaillard kiwi. Il bronze à vue d'œil et on lui devine soudain du sang maori dans les rides du sourire.
La conversation s'est limitée à des "santé", "cheers", "prosit", "welcome"... Quelques claques dans le dos. Durailles pour le Français.
Et puis, tout d'un coup, avec toujours un sourire des plus amicaux, le costaud se tourne vers le suiveur frenchie et lui lance: "Who are you?"
L'autre a compris qu'on lui demandait qui il était finalement. Il est bien embêté. Avec son pauvre anglais aurait bien du mal à lui expliquer ce qu'il fait là, le tour-operator, sa femme qui râle, son boulot, sa vie, ses collègues, sa maîtresse et tout le tremblement... Alors il répond vite, sans plus réfléchir, comme pour se sauver.
Antoine Capétout, number two in Grignols !...
Whaouhh! Great! Fantastic! Fabulous!
Le gros gueule de joie. Il l'étreint, le fond dans son énorme carcasse, rigole comme un perdu et, particulièrement ravi, lance son pedigree.
Andy Dalton, number two All Black!
Voilà comment le numéro deux des premiers champions du monde de rugby a accueilli l'humble talonneur de la réserve de Grignols. D'égal à égal. Pour lui, du pareil au même. Numéro deux en quatrième série ou chez les All Blacks, kif-kif bourricot!
Y'a vraiment qu'au rugby qu'on peut imaginer ça, s'est dit le petit joueur de Grignols en se réconciliant aussitôt avec Masterton, morne plaine.


Tauromachie

 2000 -Éditeur(s) : Loubatières

22 poésies d'un ancien rugbyman, journaliste sportif, inspirés par la tauromachie et le Sud. ©Electre 2024

elié – 2 avril 2003
de François Ducasse (Auteur), Patrick Espagnet (Auteur)

La tauromachie est un profond mystère. Plus on s'en rapproche et plus elle s'éloigne. Les vieux vous le disent souvent, comme à regret, même ceux qui ont vu Manolete, surtout ceux qui ont vu Manolete.
Ils vous l'avouent un soir de vieil apéritif, ils n'y comprennent rien ! Être aficionado ne signifie pas seulement que l'on aime. On souhaiterait que cela veuille dire aussi que l'on connaît mais connaît-on jamais ce que l'on aime ? C'est ce mystère que tente de percer à jour François DUCASSE.
Nous le suivons de Salamanque à Séville, de Nîmes à Dax, depuis le campo de chez Victorino MARTIN ou Juan Pedro DOMECQ jusqu'aux arènes et hors arènes pendant les ferias.
Trente années à photographier les toros et les figuras que sont NIMENO, Richard MILIAN, EL CORDOBES, ESPLA, Paco OJEDA... trente années de passion ! Du sang, du vin, de la sueur et des larmes - de joie ou de rage suivant les cas - les chemins qui mènent aux arènes ne sont pas de tout repos..

Poésie 

2001- Éditeur(s) : Culture Suds

Dix nouvelles sans queues ni têtes. Avec l'esprit qui n'oublie pas pendant que les sens s'énervent. Dix nouvelles d'un nom de pite, de pichet, de bringue douceâtre. Des boissons tendrement alcoolisées où, dans les glottes désabusées, ruisselle la bonté finale des choses, et les regrets... et l'espérance si tenace. ©Electre 2024

Compilation 

L'ébranleur des zincs de marbre (une presqu'anthologie)
600 pages
Castor Astral Littératures 28 Novembre 2013

    C'est un regard, un style, une façon d'écrire. Une truculence et un humour, une indépendance d'esprit et une culture, un amour d'un coin de France qui peut se partager. C'est une " presqu'anthologie " car nous avons fait des choix en retenant seulement une partie de ses écrits, notamment les articles trop liés à l'actualité. Entretiens avec des proches de Patrick Espagnet, leurs paroles proposant un portrait en creux, autant du " personnage " que de l'homme d'écriture.

Vincent Moscato-Tampon
L'expression "Les Rapetous" vient d'où?
D'un gars qui était talonneur de Grignols, un village à côté de Bordeaux, journaliste à Sud-Ouest, Patrick Espagnet. Un mec brillantissime, qui buvait beaucoup. Il est mort jeune, à cinquante et quelques années. Les Rapetous, ça nous allait.! 
Les Rapetous (vidéo 18")

Interview de Patrick Espagnet  Ici

Journaliste
Dans un livre très intéressant :
 "Journal Sud Ouest : les articles qui ont marqué l'histoire depuis 1944"

page 108, un article de Patrick Espagnet du 30/08/1987 "Avec les fans de Madonna"

Le texte complet ci dessous :
1987
Avec les fans de Madonna
    Madonna en concert au parc de Sceaux, c'est un événement national. Des fans girondins en déplacement pour la voir, c'est un événement régional.
    Un journaliste de Sud Ouest les a accompagnés et raconte

MADONNA AU PARC DE SCEAUX
Patrick Espagnet - 30 août 1987

Bordeaux Sceaux en autobus avec le fan-club bordelais. Les amoureux de la phosphorescente Madonna sont bien clean.

Οnze heures du soir, place des Quinconces. Le bus ronronne doucement. Les chevaux des Girondins écument leur bave de bronze. Départ prochain. Départ comme à la colo de nos enfances. Les parents sont là. Un peu tendus. Ils ont amené leur fils-fan, leur fan-fille pour partir voir, loin, l'Idole aux bas résille.
Ils agitent vaguement des bras à travers les vitres du bus. Ils recommandent encore de ne pas prendre froid, de faire attention, d'être gentil. Au fond des sacs, on sent presque se craqueler les œufs durs. Le Coca chauffe déjà. Les adieux s'éternisent.
Il est minuit quand les deux chauffeurs désabusés, de Langon, passent le pont d'Aquitaine
Le fan-club bordelais de Madonna vogue vers sa promise.
Il est étonnamment sage. Pas la moindre excitation. Pas le plus petit tremblement de passion. On dirait une troupe de boy-scouts qui va accomplir ses promesses. Sage comme une image.

Les petites filles modèles commencent à s'énerver
Mais les images ont du mal à venir. Sur la vidéo qui bafouille, cafouille, crachouille, pète, crépite, bégaie sans que jamais la star n'apparaisse.
Enfin, elle est là, la Madonna: son filet de voix de voyoute envahit le bus qui avale le ruban. Les petites filles modèles commencent à s'énerver. Sans plus. Avec des mollesses de débutantes. On découvre soudain qu'elles ont des mitaines à résille et des crucifix comme pendants d'oreilles.
Elles se perdent les yeux, dodelinent lentement leurs frisettes et psalmodient comme à Qom.
Les fidèles sont au boulot. Ils singent les lèvres de la petite blonde et articulent des mots qu'ils ne comprennent pas. Tant mieux, de toute façon, il parait que c'est nul...
Le bus taille la route. On attaque des clips torrides où Louise Ciccone, plus connue sous le nom de Madonna, démontre qu'il faut surtout prendre son cul pour une lanterne.
Étonnante contradiction - apparente en tout cas entre ces adolescents d'une sagesse à peine froissée et cette Vierge qui joue les putes sur écran vidéo. Mais les fans connaissent l'Histoire.
Ils savent qu'elle est passée par toutes les stations du calvaire. Qu'elle a été brune, mariée, crado, potelée, maigre, Marylin, barjo sévillanne et platinée. Ils se racontent son histoire, entre deux coups de Coca, comme l'élève de troisième, celle de Catilina.
La nuit est longue, malgré le diesel opiniâtre. On attaque alors les films de la diva.
Le premier est une espèce d’andouillerie où un lutteur de lycée, américain of course, tombe amoureux à grand renfort de sueur et d'homo sexualité combative, d'une auto- stoppeuse frisée. On n'y aperçoit la Madonna que trente secondes. Ça suffit pour que le bus se réveille soudain. Le fin du fan, c'est finalement la rareté, la fugacité de l'apparition. Mais cette bêtise musclée n'était qu'un hors-d'œuvre. Des clips plus costauds, plus osés, devaient, par la suite, nous régaler les fantasmes.
Et puis, on se mit à rechercher Suzanne désespérément. Mais les paupières commençaient à sérieusement fatiguer. Et le pomo? Quand c'est qu’on va nous mettre le pomo? “Ils nous l’avaient pourtant promis!”, lança dans la nuit autoroutière une gamine de 13 ans. Elle prêchait dans le désert. La Beauce sans doute. Nous n'eûmes pas le plaisir ensommeillé de voir la Madone à genou.
Le jour se leva sur le panneau Dourdan. Une aube claire, rose. sans tache. La promesse d'une journée plus chaude qu'une chanteuse de rock. Elle le fut. Les Hauts-de-Seine se firent petits sous un soleil tétu
Le château de Sceaux, le parc et ses buissons, l'immense allée coiffée comme un parachutiste, les vigiles, les chiens et même les CRS, tout fut assommé par cet été qui n'a pas dit son dernier mot.
Le Fan-club bordelais est arrivé un des premiers. Le bus s'est paume. Déjà les grilles du parc étaient assaillies par des centaines de teenagers. Calmes sages propres. Presque trop.
On se demandait si on était à un concert de rock ou à un jamboree des Eclaireurs de France. Décidément, les amoureux de la phosphorescente Madonna sont bien clean. De sulfureuse, elle ne semble plus avoir que le bout de l’allumette .
Difficile, maintenant, de refuser le parc de Sceaux
La petite ville bourgeoise de Sceaux en avait peur. Le maire avait cru faire ce qu'il fallait pour empêcher le concert. Mais les intérêts supérieurs des élections présidentielles en ont décidé autrement. Un proche de la municipalité nous confiait que cet ukase corrézien posait, au fond, un problème juridique grave et remettait en question l'idée même de la décentralisation, Maintenant ajoutait-il, il nous sera très difficile (sinon impossible, dans la mesure où nous ne serons pas toujours en campagne électorale) de refuser le parc de Sceaux à un producteur qui déciderait de “monter un gros coup !”
Pourtant le même proche du maire avouait, en milieu d'après- midi, que les choses se passaient relativement bien. Il faut dire que l'intérieur a parfaitement fait les choses et qu'il “a mis le paquet!”
Au vu des forces de l'ordre en présence, on a pu effectivement s'apercevoir très vite que l'intérieur n'avait pas chômé. La Vierge de Baye City serait bien gardée.
Même si un flic placide et néanmoins goguenard nous glissait sur le parking brûlant: «Depuis quelle balance sa petite culotte en scène, on peut l'appeler la Madone des slips...
Ah! nostalgie, quand tu nous tiens !

Raffut : revue de rugby n°12 avril 2025 

Interview de Vincent Etcheto 
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