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Vendredi 6 décembre 2024
Inhumation de Michel Balans au cimetière de La Réole. Sa nièce a transmis une interview de Michel Balans sur son rôle déterminant dans le retour de l'orgue à La Réole (rôle confirmé par Jean Pierre Trouillot dans son discours). Après JP Trouillot, ce fut au tour de Bernard Castagnet d'être convaincu, puis la création d'une association qui débouchera sur le retour de l'orgue à La Réole avec l'aide de nombreux donateurs. (Le 16 novembre, Jean-Pierre Sanfourche, membre très actif de l'association,  est décédé et a été enterré à La Réole ).


Interview Michel Balans

Travaux graphiques de Michel Balans

Les métiers de bouche à La Réole au 20e siècle
Frères Faucher
Ce diaporama est tiré d'un livre d'artiste de Michel Balans consacré aux Jumeaux de La Réole , les frères Faucher. A partir d'une série de dessins préparatoires du moyen métrage tourné à La Réole d'après la chronique locale en 1980.
César et Constantin Faucher, frères jumeaux, ont un destin peu commun, rigoureusement parallèle. Nés et morts aux mêmes dates ( 1760– 1815 ) ils seront militaires et hommes politiques victimes des changements fréquents et impitoyables du cours de l'Histoire. ( ici, la Terreur blanche ). Ils s'adonnaient à la poésie.
En 2016 Laurent Vachon a réalisé ce diaporama pour « Trou-de-mémoire-digital » avec le concours de l'auteur et d'Arnaud Guittard.

La Recluse
Ce diaporama de 9mn environ, réalisé en 2016 à partir des dessins et du texte de Michel Balans, a pour thème la légende de la Recluse à La Réole (France, région Aquitaine, département Gironde: une ville située au sud-est de Bordeaux).
Cette légende relatée dans l'Histoire de La Réole, d'Octave Gauban en 1873, se déroule dans un lieu dit à l'est de La Réole ( 33190 ).
En 1956, Michel Balans écrit un poème sur le sujet qu'il reprend pour en faire le scénario d'un court métrage produit par l'association le Petit Atelier en 1984.
La légende de La Recluse se situe approximativement à l'époque Mérovingienne (500 - 751 ); On retrouve des traces sur le chemin de Compostelle en Espagne, à Obanos, où avec quelques transformations, elle est représentée en plein air sur la place avec les habitants du village. L'introduction de l'épisode des sept péchés capitaux est une invention de l'auteur. Sept bancs de pierre voisinent avec la croix de mission du lieu dit sur la route de Marmande. Les péchés capitaux n'existaient pas à cette époque du moyen-âge.
La voix de Marie Dulac lit le texte du poème. Michel Balans improvise à l'orgue la partie musicale. Ce diaporama réalisé par Laurent Vachon reprend les images numérisées de la plaquette et du livre d'artiste.

Abbon  Regulamore

Ce diaporama réalisé par Laurent Vachon en 2016 s'intitule Régulamore. C'est le titre d'un poème de Michel Balans qui est devenu le scénario du film tourné d'après une chronique réolaise du 9ème siècle.
Un court métrage en "super 8" produit par le Petit Atelier en 1977. Une plaquette éditée à compte d'auteur a été réalisée plus tard.
C'est le récit du moine bénédictin Saint Abbon de Fleury sur Loire, mort en martyr à La Réole en 977. Les illustrations sont accompagnées par une musique originale, à l'orgue, de Michel Balans, interprétée par le compositeur.

Derniers textes souvenirs de Michel Balans :
Les métiers de bouche à La Réole au 20e siècle
Je me souviens :
Petite ville rurale, La Réole, au 20e siècle, offre à ses habitants les commerces d’alimentation traditionnels.
Bouchers, charcutiers, boulangers, pâtissiers, s’éparpillent dans la cité. Le marché du samedi apporte ses primeurs. Certains commerces perdurent, d’autres font place à des concurrents.
Cafés, restaurants se déplacent. Dès 1875 une usine d’alcool, des Frères Perrein, produit le Barricot, alcool de prune réputé, repris par Cazaubon en 1950. La société disparaît en 1960.
La brasserie Goletzinowsky Bonvoisin fabrique de la bière à Lillet. Pour la fête de la Crouzille, pour Rameaux, des marchands venus du Lot et Garonne vendent des tortillons.
Pendant la guerre de 40, une réfugiée du nord, Léa, passait dans les rues avec son bidon de lait dans un charreton et vendait à domicile.
Les magasins d’alimentation société l’Aquitaine ont deux boutiques, une, rue Gambetta, l’autre, rue Armand Caduc. Les épiceries générales sont les plus nombreuses. Chez Darolles au Martouret, Despouy, Mme Martin rue Gambetta. Coco Martin et sa sœur, rue A. Caduc, Joseph Casasnovas, rue A. Caduc, Mme Bacot, rue Ste Colombe, Trillot, place du Turon, Barthe, rue A. Caduc, et leur fille Milhote, Matra, puis Durand, rue A. Caduc, les Mallet, frère et sœur, Mme Poublanc, avenue Mal Leclerc, Virepinte, rue Lagrave. Mme Boyvineau sur les Quais, Mme Ferrand et son perroquet, place de la Halle, Mme Joussaume, rue A. Caduc. Jean Casasnovas, frère de Joseph, grossiste, rue Gambetta, avait des comptoirs en Afrique et exerçait un commerce de gros de fruits et légumes exotiques. Il vivait avec sa famille à Frimont.
Deux grands marchands de vins en gros se partagent le marché, Pujol à Lillet, et Delas, rue Général Leclerc. Au Luc, Vandroy d’Azin vend ses pêches. A St-Agnan les Rocher vendent des melons et des brugnons. Au Luc Régula un cru classé de vin rouge utilise le site.
Le charcutier Carrère est remplacé par David, rue A. Caduc. Gérard est rue Ste Colombe.
Sous le tunnel, la boucherie Latrille tient boutique. Les frères Maixant sont place G.Chaignes, Marrens, rue Lagrave, Buffandeau et Merlin rue A. Caduc, Durand rue Numa Ducros.
La boulangerie Putcrabey est en haut de la rue A. Caduc. Lesbats en bas de l’avenue du Général Leclerc, Clément et Roques rue Ste Colombe, Berger, rue Gambetta, Gimberteau au Martouret.
Et Rue Neuve un dépôt de pain ?
Les pâtissiers Terrancle et Pétrovitch, rue des Frères Faucher, font concurrence à Feyfant puis Sanderre, puis Terrien, rue A. Caduc, Bourbon, rue A. Caduc, Pesdebosc, rue Numa Ducros. Longtemps, M. Blasimey, pêcheur professionnel en Garonne, vend à domicile avant qu’un poissonnier s’installe rue Armand Caduc à la place des peintres Rosis.
Le café du Turon, sa terrasse, son billard puis son cinéma le Rex, est tenu par les frères Faure.
La Strada au Turon remplace le garage Thomas. Au Rouergue, le Café Pareau fait face au café de Mme Raynaud. Le café de la Gare tient compagnie au pont suspendu. Rue A. Caduc, le Cercle Gambetta et son billard attendent sa fermeture. Le cinéma Casino s’apprête à disparaître avec le café Mongie repris par Delis. Le restaurant et l’hôtel du Terminus disparaît dans un incendie sur les quais. Le Grand Hôtel- Restaurant Fabre, rue A. Caduc ferme boutique. L’hôtel du Centre, rue A. Caduc ne tient pas longtemps. L’auberge réolaise route de Marmande remplace le restaurant Lahy. Chez Durand, salle modeste, au début de la rue des Frères Faucher tient quelque temps. Les Fontaines, d’abord rue Ste Colombe, puis rue St Michel à la place de la maison Simon tient bon la barre. Le Quat'sauces, rue Général Leclerc, tient la route. A Frimont, le restaurant Rapin a tenu compagnie au tennis voisin.
Un temps, quatre fontaines publiques existaient : une double à roue au Turon, une place des Jougadoux, une rue Armand Caduc, une sous le Tunnel, au puits artésien. Il y avait un urinoir public place des Tilleuls.
Les cantines scolaires, municipales, confectionnent les repas des établissements réolais ainsi que pour la Résidence les Jacobins. Le Centre hospitalier, façonne ses repas.
A Gironde sur Dropt,, à Monségur, à Sigalens, Fontet, Langon, de bonnes tables attendent les gourmands.
Dans les années 80, au Turon, le dimanche matin, se tenait un petit marché. Un écailler ( Balans ? = Un cousin ? ) installé sur le trottoir du billard Faure, vendait des huîtres.
L'abattoir, à Lillet, au pied du château des Quat’ Sos aujourd’hui fermé, accueillait les bêtes de Hilaire, éleveur, et d’autres. Lors des Foires de la Toussaint au foirail sur les quais, des bestiaux sont rassemblés. A une époque, un Comice agricole de La Réole décernait des prix réputés.
A Fontet, le fils Laborde vendait des canetons.
Aujourd’hui certains bistrots, crêperies, font salon de thé avec terrasse et galerie d’art.
On compte un restaurant asiatique.. Certains font le repas à emporter..
Le marché du samedi matin apporte toujours ses volailles, ses fruits et légumes frais. Il est nommé en 2023 meilleur marché de France.
Ajout de Jean Marc Patient, petit fils de Thérèse Beylard née Chardon.
A la longue liste de commerçants je me permets d'ajouter rue Neuve la boulangerie Vergne (une vraie boulangerie et non un dépôt de pain), l'entreprise Béîs le limonadier, les épiceries Mallet et Laclavetine en bas de la rue Chaigne (maintenant Général Leclerc je crois), Madame Petiteau épicière au croisement rue Neuve et chemin de Ronde (son mari Marcel et son fils Pierre dit Nino faisaient les taxis avec des tractions Citroën marchant au gaz)
Il y aurait beaucoup à dire sur l'épicerie Mallet où l'on ne voyait guère de clients (moi je n'en ai jamais vu) ... contrairement à l'épicerie Virepinte où Etienne et Jeanne, hauts en couleurs, officiaient...
Dans les métiers de bouche, il faut ajouter le commerce de grossiste de la famille Aubagnan à l'entrée du pont, maison hélas disparue pour laisser place à la route.
Il est fait également mention de Léa réfugiée qui livrait du lait. Au départ, avec un bidon de lait dans une petite remorque, elle livrait le matin le lait à domicile, employée par ma tante Andrée Laclavetine puis indépendante par la suite. Ce lait venait de la campagne fourni par Pierre Dubille de Pondaurat à nombre d'épiceries de La Réole. Je me rappelle, que l'été, quand il faisait chaud, le premier geste de ma tante était de prélever une petite mesure de lait pour le faire bouillir afin de s'assurer qu'il n'était pas "tourné". Rien n'était réfrigéré à l'époque et les épiceries n'avaient que des glacières. ....

Souvenirs de Michel Balans

- -Dans le court métrage de Edouard Molinaro : Chemins d'Avril dans lequel joue Michèle Perrein, je crois reconnaître dans le rôle de la fermière une ancienne voisine qui habitait rue Gambetta mariée à un cimentier, Mme Duphil. ( son prénom m'échappe )
Pour la première photo du tournage du film de Doudou j'opterais pour le château de Guilleragues sur la route de Monségur.
L'assistant du film : Jacques Cristobal, camarade de classe de Molinaro; fils d'épiciers de Gironde sur Dropt, deviendra un grand professionnel de la télévision = réalisateur du journal télévisé pendant au moins 20 ans.
- - Lors d'une rencontre avec Doudou (Molinaro) à La Réole comme je lui posais la question sur ses premiers films en 9,5mm : la rose et le réséda, et Sosthène, "avec Pierre Casalas" - etc. - tourné dans les murs du patro, futur Centre Jean Bosco - il me répondit que ces films étaient perdus ! ! ! Dommage.
- - Rue Armand Caduc mes parents tenaient une papeterie imprimerie avec une vitrine sur la rue dans laquelle j'ai fait mes premières armes. Tout s'est joué pour moi dans cette période.
Pierre Laville , professeur au collège, de la 6e à la troisième m'a appris le graphisme et le dessin que j'ai perfectionné plus tard à Bordeaux à l'École des Beaux-Arts. Je lui dois beaucoup.

- - La tuberculose était un fléau national combattu avec force. La ville de La Réole avait un dispensaire "dans le prieuré puis sur les quais" spécialisé, dirigé par une assistante sociale : Mlle Suzanne Pène.
En plus, la commune avait acheté un terrain à la ville d'hiver d'Arcachon pour y abriter un aérium.
Il y avait des séjours en été pour les jeunes réolais. Aujourd'hui à cet espace se trouve le Lycée Grand Air. Mlle Pène dirigeait également cet établissement rustique "le sol était en aiguilles de pins !".
J'y suis allé avec mes parents amis de Mlle Pène. Mon père bricoleur y a exécuté de menus travaux. Cela fait partie de mes souvenirs de la Réole. Je crois que cet aérium a été revendu à la ville d'Arcachon dans les années 60-65. Un autre dispensaire dit de prophylaxie à côté de l'ancienne école de filles, place St Michel, était dirigé par une autre assistante sociale : Mlle Jeanne Gaubert.
Elle a dirigé, pendant la guerre, le Centre du Secours National "à l'ancienne usine de caoutchouc, rue des Menus". Un local qui abritait le matériel de première nécessité : couvertures, châlits, masques-à-gaz, etc.. Beaucoup plus tard ce lieu fut la propriété de Ribera qui confectionnait des tabliers !
Mlle Gaubert avant cela dirigeait la clinique - privée - place du Monument au Morts, actuellement pharmacie Trouillot.
Ces personnalités, avec Mlle Larivet "ancienne propriétaire des Jacobins" jouaient un rôle social très important dans la commune avec les municipalités. "Boé - Delsol"

- - Je cherche des précisions sur un événement qui s'est déroulé dans quelques rues de la Réole vers 1948/1949. Les banques, nationalisées en 1945 font l'objet de mesures par l’État qui réquisitionne les habitants pour surveiller, jour et nuit les banques.
Habitant rue A. Caduc, voisin du Crédit Lyonnais, je vois des habitants, avec des fusils de chasse, assis sur le trottoir. Nous prêtons une chaise au curé de la Paroisse, Pierre Grenié, gardien comme les autres ! ( mon père lui prête son fusil de chasse ! ) - Amusant ??

- - Parvati Jodjana a logé chez les Balans, 18 rue Armand Caduc, pendant 3 ans, vers 1947.  Elle faisait les remplacements du docteur Montous qui venait le samedi. Elle a ensuite épousé Pierre Chavoix, médecin réolais.

Sommaire :
1 - Le secours national 1940
2 - L'imprimerie à La Réole
3 - Matinée théâtrale à Saint Jean Bosco
4 - Les Bains-douches
5 - L'Ouvroir
6 - Histoire de La Réole au XXI° siècle
7 - La ville de La Réole en 1940 - 45...
8 - Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle
9 - Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle (suite)
10 - Musique et Musiciens à La Réole
11 - Films tourné à La Réole par Michel Balans 


1 - Le Secours National à la Réole en 1940

La  guerre amène la mise en place à La Réole d’une antenne locale de l’organisme national “le Secours National”. Logé dans une ancienne usine de chaussures, rue des Menuts. 


Taxe de 2F pour le Secours sur timbre à 80F

Dirigée  par une assistante sociale, Jeanne Gaubert, avec un concierge M. Korf, un alsacien réfugié, de grande taille. Cet entrepôt abrite du matériel de secours.
Des châlits, des couvertures, des masques-à-gaz, des conserves de nourriture de première nécessité, du matériel de santé, Croix Rouge, etc. Il disparaît en 1944.

C’est aussi un lieu de propagande du gouvernement de Vichy. Les photos de Pétain s’étalent sur les murs.

Sur le plan national, de nos jours, la Protection Civile joue le même rôle.

Après plusieurs destinations ce bâtiment abrite aujourd’hui l’antenne de l’IDDAC*, avec un matériel scénographique de prêt.

Michel Balans

* Iddac (Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel), agence culturelle du Département de la Gironde.


 2 - L'imprimerie à La Réole 

Presse typographique Heidelberg - Format colombier- 0,60 x 0,80

Je me souviens de l'imprimerie rue Camille Braylens.          

    Mon père dirigeait cet atelier moderne de 1936 à 1944. Il avait appris le métier à l'Imprimerie FAYAUT, 18, rue Armand Caduc, avec Maurice et sa fille Marguerite. En même temps il avait appris le métier de relieur et de papetier.
    J'ai grandi dans le bruit des machines et l'odeur de l'encre. Il y avait une nouveauté, rare à l'époque ; une linotype qui fabriquait des caractères en plomb. Plus faciles à manier, plus rapide, pour concevoir les colonnes d'un journal. 
    Un clavier, type machine-à-écrire permettait la rédaction et la composition.
Un petit four électrique maintenait du plomb en fusion. Chaque ligne sortait de la machine.. La  rotative Heidelberg grand format imprimait le journal et ... affiches des bals de l'époque. 
    Deux presses à pédale et à moteur servaient pour les travaux courants.
Il y  avait trois ouvriers. Henry Maumy, le principal,  l'apprenti Pierrot Barbillat et un autre occasionnel.
    Le vendredi était un jour d'effervescence avec la mise sous bande et l'expédition du journal aux abonnés de la région.

Presse typographique à pédale puis à moteur

    La place permettait l'installation de nombreuses casses typographiques de caractères, anciens et modernes, en bois et en plomb. Un comité de rédaction se réunissait dans le bureau chaque semaine pour préparer le numéro suivant.
Ce comité se composait de René Bourillon, Jean Counilh, Choisnet, Roux, Tracou, Fournier.
    A La Réole Il y avait deux autres journaux chaque semaine.   
Ce journal, la Tribune Républicaine, qui professait de idées de droite disparaît en 1944.
    Les dirigeants, sauf mon père, seront inquiétés, condamnés à la perte de leurs droits civiques. Le matériel du journal est vendu.
    Nous déménageons de notre logement qui était au-dessus de l'imprimerie avec un grand jardin. Nous habitons maintenant au 18, rue Armand Caduc. Le matériel d'imprimerie va dans la première cave. Je ferais une année d'apprentissage avant de partir à Bordeaux.
    Finalement mes parents vendent l'imprimerie et le commerce qui sera loué à
M
Sanfourche pour devenir magasin de chaussures.

Casse typographique 
    Ma mère travaille à la Mairie de La Réole. Mon père, devient employé, chaque semaine, travaille dans des imprimeries de labeur à Bordeaux jusqu'à une année avant la retraite. Il travaille chez H. Maumy son ancien ouvrier, aujourd'hui patron d'une grande imprimerie, successeur de Beylard.
Sa fille, Catherine Aristéguy, continuera à porter le flambeau.
L'autre imprimerie, Vigouroux, dirigée par sa fille Josette Vigouroux Gimenez continuera le journal, le Réolais jusqu'en 1999 (total 56 ans).  
Florence Mothes le rachète pour le vendre par la suite ? 
    En 2021 il n'y a plus qu'une imprimerie à La Réole (à Frimont).
    Le graphisme, le design, la communication, la reproduction, l'ordinateur ont bouleversé de fond en comble ce métier d'imprimerie.
    Il demeure réservé à une élite cultivée, rare et riche. 
    L'image est reine sur le plan technique mais à quel prix ? 
    Le livre relié est cher. Les journaux sont sur internet. Le papier est menacé.
    Les emballages de la grande distribution avalent les forêts.
Michel Balans

3 - Matinée théâtrale à Saint Jean Bosco

Phalange Réolaise : Grand Concert  

le dimanche 14 avril 1920, à 15h.  Salle du patronage. 5, 3, 2 francs.

J’y vois des noms de pièces, avec distributions, des titres de films, des noms de  participants.

    En effet ce programme très éclectique présente : la batterie fanfare, des jeunes, des comédies, du cinéma burlesque (américain ).
    Il est imprimé chez Fayaut (par Marius Balans, sans doute ?).
    Mon père joue du tambour à la Batterie fanfare avec Raymond Cartier
    Je me pose la question sur le titre 2 : la Ronde des Fifis par les plus jeunes. ? ?
Les deux pièces mobilisent plus de dix acteurs. Cette salle sans balcon à l’époque peut donc présenter des spectacles et du cinéma. J’ai connu (en 1940) la salle avec balcon et au rez-de-chaussée, au fond, une estrade où se tenait le projecteur avant la construction de la cabine normalisée en 1946.
    Je ne connais pas l’auteur de la première pièce : Le Poulet, de Guillot de Saix.(Auteur dramatique, parisien, critique théâtral). Les acteurs sont Ciré, Roux, Pujol, Genet. S’agit-il de Jacquot Roux ? d’André Pujol ? De François Genet ? Certains jouent également au football-association .
    Le chanteur Espérandieu est sans doute le futur grand-père de Philippe Saujeon. On le retrouve dans la pièce de Courteline : “Un client sérieux”.
    Scène de tribunal avec ? Payou, Rapin ( Pierre ? ), ? Hamon, Henri Dubourdieu, son frère, Louis Dubourdieu, Jean Lanoire, André Pujol et ? Couture.
    La curiosité de cette matinée est la composition du programme, le mélange de pièces de théâtre et de projection de films. Les deux films sont dans le genre burlesque américain,
    Le thème du deuxième film, l’Aventurier, sera repris par Marcel Lherbier en 1934.
    Le programme est introduit par la Batterie-Fanfare. La Phalange réolaise présente ainsi ses activités masculines. Pas de nom de responsable. C’est le curé Maurice Larue qui est curé-archiprêtre avec l’abbé Commaney, vicaire. Qui dirige ? Est-ce au petit bonheur ?
    L’accompagnement musical du chanteur est-il Louis Roche ? Il joue déjà de l’orgue avec son professeur aveugle Claude Marchat.
    A un autre moment les jeunes filles de la paroisse avec leur groupe « les Enfants de Marie » font du théâtre avec un metteur-en-scène professionnel à la retraite, Jean Harlet (1), résidant avec sa femme à Fontet. Ma future mère Madeleine Penelle joue la comédie avec Geneviève Giresse, Rose Cocut, etc.
    La scène sera mieux équipée techniquement en 1946 avec l’abbé Grenié.
    A mon tour, en 1946-47 je chante et joue la comédie dans des opérettes écrites par les parents d’André Grenié, sur des musiques populaires. ”Le Prince Colibri” sur l’air de Compère Guillerie, par exemple.
    Je chante en duo avec Jean Rapin ou en solo: “Oh ! Nuit“ de Rameau, ou « le chant du prisonnier ». Michel Vidal chante ; Pierre Cazalas chante. Il joue dans les films, 9,5m/m, de Doudou Molinaro
    Cette salle de théâtre et de cinéma a une histoire riche en évènements culturels sur une très longue période (1920-1950).
(1) Monsieur Jean Harley (avec un y) son nom d'artiste, nom de famille : Louis Saujeon, (2 juillet 1885 à Pessac, mourut paisiblement à Fontet le 9 Avril 1961). il se disait "Poète en sabots"; oncle de Philippe Saujeon, mari d'Eugénie Laurence Champmas dite Ena Harley-Information Anne Laborde
Michel Balans

4 - Les Bains-douches
Les Bains-douches publics de La Réole sont construites en 1913 à l’initiative de la Caisse d’Épargne. Situées dans un des deux bâtiments construits sur les quais en dessous des Tilleuls, séparées du jardin public par la voie ferrée. On y accède par un grand escalier.
Au rez-de-chaussée il y a un lavoir public.
Dans les années 1936-1945 notre maison n’était pas encore équipée de salle d’eau.
Tous les samedi nous allions en famille aux bains-douches. Dans la salle d’attente on y retrouvait, mélangés, les notables et les prolos. Des box abritaient des petites cabines avec une baignoire et une douche.
    A l’entrée, en échange du ticket de paiement Mme Lampurée, à la caisse,  remettait un numéro de cabine, des serviettes impeccables, un bonnet de bain et des chaussures en caoutchouc ainsi que du savon de Marseille. Les hommes étaient d’un côté, les dames de l’autre. Chaque cabine avait au sol une clayette en bois. En entrant on était saisi par le bruit intense de la chaudière, la vapeur, l’odeur de javel.
    Parfois le sol tremblait au passage du train juste en dessus. Dès l’entrée une impression bizarre nous saisissait, jeunes enfants, combinaison d’hostilité et de confort. Mélange avec le vrombissement menaçant des chaudières et la douceur des carreaux blancs et des serviettes épaisses et moelleuses offraient un contraste saisissant.
    La salle d’attente était le dernier salon où l’on cause, une belle occasion de faire le tour des ragots. La vie publique métissée avait à cette époque son charme qu’elle a perdu de nos jours.
    Bientôt un ascenseur géant reliera les quais à la place des Tilleuls, en dessus. L’imposant escalier restera une douce évocation liée à ces bains-douches du passé.
    Que sont devenues ces cabines ? A Bordeaux une d’elles est devenue un café-théâtre.
    Le dernier Bains-douches de Bordeaux a fermé en 2016 ICI
Bains douches au 1e étage
     Michel Balans 
 
5 - L'Ouvroir
Lorsque j’étais enfant, vers quatre, cinq ans, tous les soirs j’accompagnais ma tante Henriette, célibataire, à la salle à manger de l’Ouvroir, l’orphelinat de filles près de l’Hôpital.
Elle y avait grandi avec ses deux sœurs orphelines parisiennes, nièces de Sœur Cécile Penelle la supérieure de la communauté des Filles de la Charité, directrice de l’Hôpital-Hospice et directrice de l’Ouvroir.
Cet établissement avait reçu l'appellation de Maison Claire-Cuba lorsqu’une riche parisienne, Mme Yvonne Sarcey, en devint la mécène. (A la fin de la guerre de 14-18 ces maisons accueillaient les enfants des zones de guerre (article du blog (ICI)
A mon époque (1939-40) il y avait une trentaine de jeunes filles de la 7e à la troisième.
Sœur Vincent était la religieuse responsable et Mlle Blanche Denis (sœur du tailleur), la contremaîtresse.
Elle était entourée de Renée Sarton, des sœurs Boudet, Marcelle et Berthe, Sylvette Thomas (future Mme Lalanne).
Les jeunes filles apprenaient la couture. Dans les années 1947, l’Ouvroir s’appelle «Foyer de Jeunes filles». Je me régale lorsqu’on nous sert de la salade cuite et en dessert de la pâte de fruit.
Le matin, à huit heures, il arrivait que je serve la messe à la chapelle une semaine.
Ma mère a récupéré le piano que sa tante Sœur Cécile Penelle avait offert à l’Ouvroir J’y ai joué mes premières gammes. C’est ma nièce Marine-Delphine qui en a hérité. Certains soirs d’été, après diner, nous allions en promenade dans un terrain, en plein champs, en dessous de Laubessa appelé «la Poudrière».
Aujourd’hui le bâtiment abrite un service spécialisé du Centre hospitalier réservé aux handicapés lourds. La chapelle est conservée. J’ai légué mon harmonium qui a rejoint les deux autres instruments muets. Acheté à Mlles Ortel et Barbe, professeurs de piano. L’Instrument ayant appartenu au père Ortel, pasteur dans le Lot-et-Garonne.
Centenaire, ma mère après un séjour, décède à l’hôpital, reçoit l’absoute à la chapelle en 2004. Sa deuxième sœur Henriette en 2000 à 97 ans y avait reçu la même bénédiction.
Lors des obsèques de leur tante, la Mère supérieure Cécile Penelle, en 1927, tante des orphelines parisiennes, le maire Grillon lu un discours qui faisait l’éloge de cette religieuse exemplaire pendant la période de la Grande guerre, l’Hôpital étant devenu militaire avec une direction médicale du docteur Tronche et du docteur Jude avec des annexes au Collège et à l’École d’agriculture. Sœur Cécile est arrivée de Paris, jeune supérieure en 1898. Son économe était M. Giresse. Père de Geneviève Darvand.
En 1955, la communauté est réduite, les religieuses quittent l’hôpital pour s’installer en ville. André Queyrens devient directeur du futur Centre hospitalier.
Rappel pour une bonne compréhension : Sœur Penelle s'appelle Julie dans le civil (nom de baptême) et Cécile en religion
Michel Balans



6 - Histoire de La Réole au XXI° siècle  

« voix plurielles»

    Au 19e et 20e siècle, des historiens, Michel Dupin, Octave  Gauban, Marc Malherbe, Pierre Coudroy de Lille,  Lucien Jamet et ses cahiers du réolais, J. Delors, R. Arambourou, F. Cantegrel, ont rédigé chacun un sujet ou une histoire de La Réole.
    De nos jours, à l’aide de l’informatique, d’internet, l’Histoire se raconte à plusieurs voix. Christo Laroque, Alain Lamaison, Michel Balans, J.- Pierre Trouillot, avec leurs amis, mémorisent les évènements du siècle passé et consignent ceux d’aujourd’hui. 
Pour dater, mettre un nom sur une photo de groupe, il est fait appel aux amis lecteurs. Ainsi la mémoire orale mise en commun gagne en précision. La transmission n’en sera que plus facile.

    Je participe à ce travail collectif avec des écrits titrés : "Je me souviens"

    Les sujets divers de ma famille, de mon enfance, nourrissent ces récits. Ma mémoire est bonne. J’utilise mes notes, anti-sèches. J’ai une mémoire visuelle fidèle. J’espère que cela intéressera  les nouveaux habitants qui viennent repeupler notre ville. Celle-ci renaît après avoir subi les affres de la mutation nationale. Son histoire depuis l’origine est en dents de scie.     Pour ma part mes créations plastiques ou autres (théâtrales, filmique, etc.) constituent un contre-point complémentaire original non négligeable. Passionné d’histoire, en participant aux travaux de la Mémoire de Bordeaux, de l’Institut d’Histoire de la CGT, je suis devenu un homme de bon vouloir, acteur et témoin de son temps.

    Mon activité professionnelle est consignée dans des fiches personnelles qu’il me faudra un jour rendre convenables.  Il reste encore beaucoup de choses à rendre lisible.

Exemple : le plan de la ville en 1940 / 50 avec le nom des rues et leurs habitants.
Ce matériel devrait trouver sa place pour être consulté dans un lieu municipal en projet ? 

    Il y a  encore beaucoup de trous noirs dans l’Histoire de La Réole.     
Par exemple sur le long séjour à La Réole du Parlement de Bordeaux qui a pourtant beaucoup modifié la cité. (multiplication des points d’eau potables, installation d’imprimeries librairies, etc.). 

    L’imprimerie, activité familiale, est un sujet qui me passionne. Mon père, imprimeur-typographe, a imprimé pendant 8 ans un hebdomadaire politique géré par une rédaction engagée contre les idées du Front populaire. La Réole avait à cette époque trois journaux d’idées en plus de la Petite Gironde bordelaise.
    Jean Maur (1), premier imprimeur en Gironde, venu de Constance, s’installe à La Réole en 1517. Il ouvre la voie à des imprimeurs artisans bordelais.

    La période de l’occupation allemande en 1940 est mal connue. La Réole était en zone libre, Langon en zone occupée.
Le Journal Officiel de Vichy fait un passage de deux jours en route vers Toulouse et Alger.
La Réole, ville de passage, encore une fois, est devenue stratégique sur tous les plans, religieux, politiques, économiques.

    Les multiples activités militaires, les péripéties culturelles, sociales, sanitaires ont fait de cette cité importante de Gironde, une histoire riche, dense, qui colore les pierres de son superbe patrimoine architectural.
    La guerre de Cent ans commence à la Réole avec le premier tir de bombarde sur les tours du château des Quat’Sos et se termine à 60 km de là, à Castillon la Bataille !

    Accrochée à un rocher dominant la Garonne c’est un lieu de passage, de traversée à gué de la Garonne, que les moines avisés ont su gérer en créant la ville Régula, (la Règle en latin qui donne La Réole) à côté de leur monastère. .
    Ils deviennent riches et très convoités par le voisinage noble laïque et religieux. Ceux-ci, malgré eux, fournissent un Saint Abbé :  Abbon, venu  de Fleury, mort martyr à La Réole en 777.

    Dans les projets futurs un CIAM est prévu dans une maison ancienne de la rue Peysseguin, propriété de la commune. L’ancien prieuré bénédictin vidé de ses administrations sera consacré à la culture. Deux espaces publics pour développer les différentes approches de la mémoire  réolaise.
Bel avenir pour un passé, un présent, un futur.

    La ville a d’autres projets dans ses cartons. 
L’actuelle écriture plurielle de La Réole propose parfois  plusieurs éclairages d’un même sujet. Contradictoire parfois le récit s’articule au plus près du sujet pour en révéler sa richesse et sa complexité. Les oublis sont rares. Ce qui a échappé à l’un ne l’est pas forcément à l’autre.

Ainsi la mémoire demeure vivante et accessible à tous.

Michel Balans, Mai 2023 


7- La ville de La Réole en 1940/45...

ville zone libre / ville zone occupée


    La France est en guerre contre l’Allemagne depuis 1939. Le maire de La Réole est le docteur Boé (divers droite). Mon père est rappelé sous les drapeaux. Ma mère le remplace à l’imprimerie du journal, au clavier de la linotype. Henry Maumy fait tourner la boutique avec Pierrot Barbillat... La Tribune Républicaine, hebdomadaire de sensibilité de droite est dirigé par une comité de rédaction avec R. Bourillon, J. Counilh, H. Choisnet, G. Roux, Bonnet, Fournier. etc..

    Nous habitons l’appartement au-dessus de l’imprimerie au n°14, rue Camille Braylens avec un grand jardin qui donne sur une colline dominée par l’École de garçons et l’École maternelle

    Le "Journal Officiel", JO de Vichy, (deux personnes, un journaliste avec son chien et un metteur en page) en route pour le sud, s’arrête deux jours, pour imprimer son journal sur le matériel moderne, unique de la région,

    La France est coupée en deux, nord/sud, séparés par une ligne de démarcation qui passe à 15 km, à Pian sur Garonne entre Langon et St Macaire. Pour traverser et aller à Bordeaux il faut un laisser-passer et subir une fouille. Le gouvernement est à Vichy.

    Les années s’annoncent noire avec les restrictions, la défense passive, il y aura des collaborateurs, et des résistants. FFI -  (le colonel  Cabane, père de Claude, futur rédac-chef de l’Huma, se marie avec Marcelle Larrieux- Goletzinowsky qui devient Mme Cabane).

    Des combattants anglais posent des mines sur des bateaux allemand dans le port de Bordeaux (opération Frankton en 1942), blessés, recueillis par des réolais, soignés à l’hôpital par le docteur Chavoix, avec la complicité de tout l’hôpital, religieuses comprises. (Ils seront capturés à l'hôpital et fusillés).

    Chassés par les bombardements des réfugiés du Nord et de l’ Est se replient sur la région. 

La Réole après les réfugiés Italiens, Espagnols, Portugais d’avant guerre, accueille  les Polonais les Alsaciens les Lorrains, juifs parfois.

    A l’école nous sommes avec les nouveaux qui s’appellent Rosenthal, Holchaker. Un professeur de violon polonais en ville se nomme Goletzinowski.

    Les denrées viennent à manquer. Les tickets font leur apparition. Les restrictions imposent leur dure loi. Le rationnement réduit l’alimentation et les denrées principales.

    Un temps, par sa position géographique, La Réole en première ligne de la France non occupée retrouve sa place de sous-préfecture, politiquement, administrativement, religieusement. Le chanoine Larrue, curé de La Réole, suppléait à distance pour le Sud, l’évêque Feltin à Bordeaux.

    La Résistance fera de La Réole une plaque tournante. Puis toute la France devient entièrement occupée en 1942 et une garnison allemande habillée en vert de gris (les doryphores) est logée au Collège et dans l’École de garçons. Il s’y tiendra également les bureaux de la Komandatur.

    Le couvre-feu, l’éclairage public éteint donnent à la ville le soir un aspect lugubre.

La défense passive fait peindre les vitres de fenêtres en bleu. La sirène des alertes, sur le toit de l’église, résonnent de façon sinistre. Le Secours National s’installe rue des Menus dans une ancienne usine. C’est une réserve de matériel de premiers secours dirigée par une assistante sociale : Jeanne Gaubert, et par M. Korf, un réfugié de l’Est, concierge.

    Mon père, prisonnier, travailleur dans une mine de cuivre allemande, s’évade avec un camarade. Ils traversent la Forêt noire pour rejoindre la Suisse. Le passage chez les scouts lui a appris à se diriger avec l’étoile polaire et les étoiles. Ils circulent la nuit avec une boussole de fortune fabriquée avec une lame de rasoir aimantée et une boîte en carton.

Il reprendra son travail de typographe au journal.

    Pierre Laville, professeur de dessin au collège, prisonnier, ramera un carnet de croquis précieux reportage sur la vie du stalag qui sera édité et exposé au musée Jean Moulin de Bordeaux.

    Le gouvernement de Vichy et sa propagande adresse des articles pour le journal toutes les semaines.

    Dans les écoles on chante «Maréchal nous voilà !

A la radio unique, André Dassary ressasse le même refrain. La photo du Maréchal est partout avec la francisque tricolore. Il adresse des lettres à tous les enfants. On distribue en classe  des biscuits vitaminés et du lait en poudre, une horreur. L’école de garçons repliée dans la seule école maternelle non occupée ? part l’après-midi dans les prés  en classe verte. Le soir, tout volet fermé, on écoute Radio-Londres et ses messages personnels codés.

    Après la Libération à l’école on chantera  avec M. Kremps, « La République nous appelle, ou Sambre et Meuse. Et la Marseillaise ».

    Mais avant, au repas, les rutabagas, les topinambours, les salsifis remplacent les pommes de terre. Le pain devient noir, le lait écrémé. Les restrictions suppriment la viande des étals du boucher et du charcutier. Des abattages clandestins se font à St-Aignan et St-Sève où mon père se rend en vélo pour prêter main forte. Un soir, il se fait arrêter par les gendarmes qui confisquent le beau morceau de bœuf tout frais qu’il ramenait.

    Le rationnement touche tous les produits. Les tickets permettent l’obtention de certaines denrées de première nécessité. Le pain, le beurre, le lait. Parfois il faut faire la queue chez le commerçant. Le sucre est remplacé par la saccharine. Le gland remplace le café.     Les bananes et les oranges ne reviendront qu’à la Libération avec le chewing-gum, les stylos Parker et les bas nylon.

    La pénurie d’essence oblige les véhicules à s’équiper de gazogène. La société Autobus, dirigée par Jean de Saint Denis, ingénieur venu de Lille, qui assure la liaison avec le département, a équipé ses véhicules de cet engin encombrant, peu gracieux mais utile.

Les jeunes gens sont appelés au travail obligatoire en Allemagne. (STO).

    La Réole est au cœur de  différents réseaux de résistance. Des héros seront célébrés, Albert Rigoulet, Jacques Terrible, abbé Boudot, (vicaire) Mme Thérèse  Estève, (honorée comme Juste, qui cachera des juifs dans sa propriété de Montagoudin) Jean Badets, radio, aide aux parachutages (capturé et interné à Buchkenwald), Daniel Faux, de Lorette (St Michel Lapujade ) surnommé papa Faux et sa femme animent le maquis local Buckmaster où un combat fait des victimes des deux côtés ainsi qu’à Blasimon (où des maquisards sont fusillés) et à Mauriac. Natif de Caudrot, Pierre Gemin du réseau Chador est dénoncé, incarcéré au Fort du Ha, fusillé à Souges en 1942, à 22 ans.

    Une semaine, je servais la première messe de 7h de l’abbé Boudot, vicaire, à la chapelle de la Vierge. J’avais ses chaussures à hauteur des yeux quand j’étais à genoux au bas des marches. J’étais frappé par l’état de ses chaussures, pleines de boue et de paille. Depuis le presbytère à côté de l'église, le chemin est court et propre. J’étais intrigué. Je restais muet..    
J’ai su plus tard qu’il passait la nuit en parachutages clandestins avec des maquisards et n’avait pas de temps de se changer pour être à l’heure pile pour sa messe basse. Je n’en parlais à personne. Ainsi à ma façon, sans le savoir, j’étais complice et résistant.

    Nommé ailleurs, l’abbé a eu une fin tragique en plongeant dans une piscine avec peu d’eau.     C’est l’abbé André Grenié qui lui succède pour créer le Centre St-Jean Bosco en 1947.

Au nord de La Réole, Massugas, localité de Ste-Foy la Grande, abrite une propriété de Maurice David Matisson, psychothérapeute bordelais, très actif avec son réseau de maquisards. Robert Bry, avocat bordelais, Roger Cabane, militaire gradé, mari de Marcelle Larrieu, sont avec lui. Les réseaux acheminent des combattants de l’ombre pour aider les plasticages, les sabotages. D’autres résistants plus discrets œuvrent dans l’ombre. Simone future Savariau, réfugiée de Longwy, employée au secrétariat de la mairie, fait partie d’un réseau. Elle fabrique des faux papiers avec un faux tampon réalisé avec des pommes de terre. Rustique et efficace.

    A la Libération un Comité de Résistance présidé par M. Trey (Tabac-Presse - grand-père du docteur Henry) assisté du docteur P. Chavoix, précède l’élection du maire Jean Delsol (rad-soc),

    Nous étions, ce dimanche 31 août 1944, chez nos amis Marcelle et Raymond Cartier, à St-Aignan pour le dépiquage. Le matin, la machine à dépiquer était en train de fonctionner avec les hommes sur un terre-plein devant le séchoir tandis que les femmes préparaient le repas à l’intérieur de la ferme. Une horde de soldats mongols allemands débarque fuyant devant les maquisards, du sud vers le nord. Les femmes leur offrent de l’eau et font monter les enfants au grenier. Ils repartent vite. Pendant ce temps, le dernier allemand quitte la ville de La Réole. Le temps de la France libre est arrivé.

    Les tractions avant Citroën arborent le V de la victoire avec la croix de Lorraine. FFI, trois lettres, complète la décoration. Des jeeps américaines font leur apparition. Des hommes armés sillonnent la ville. Le Collège est devenu le siège FFI. Un va et vient anime la ville.

    Pour fêter la Libération un grand bal populaire est organisé sur la place du Turon par les Femmes Françaises. Avec un groupe de jeunes réolais de la paroisse (Rapin, Filleau, etc) je tire les cordes des cloches de l’église à toute volée qui nous soulèvent dans les airs. Un autre grand bal a lieu sur la place des Tilleuls où quelques jours suivants sur le kiosque, des femmes dénoncées pour collaboration allongée seront tondues et filmées par Jean Saubat. Triste spectacle.

Le garde municipal Chasserey et ses fils tirent des petites charges au canon d’alarme face à la Garonne.
Des oriflammes tricolores traversent les rues. Le portrait de De Gaulle commence à apparaître.

    Dans les jours qui suivent Jean Saubat filmera à la gare le retour par le train des prisonniers. Scènes émouvantes. 

    La vie reprend lentement son cours. Les mauvais souvenirs s’effacent bien que les règlements de compte apportent leur lot de sévérité et d’injustice : R. Bourillon,  J. Counilh, P. Tracou, sont déchus de leur droits civiques. Mon père, ancien  prisonnier évadé, échappe aux sanctions politiques mais l’imprimerie est vendue. La Tribune républicaine disparaît. 

    Il restera deux journaux hebdomadaires. Pour quelque temps Beylard imprime l’IndépendantHenry Vigouroux imprime le Réolais. Josette Vigouroux-Gimenez (sa fille)  finira par vendre à Florence Mothes en 1999 qui à son tour fermera boutique trois ans après.

Une grande page se tourne. 

    En 1946 ma famille se replie au n°18, rue Armand Caduc, chez les Fayaut.

    En 1950 j’y ferait une année d’apprentissage à l’atelier sans conviction, avant de partir à Bordeaux définitivement faire les vitrines des Nouvelles Galeries. 

    Marius vend son petit matériel d'imprimerie. Il sera simple ouvrier typographe dans une grande imprimerie bordelaise (Bière-Biscaye), il a une chambre en ville et prend ses repas au Foyer Henry Bazires. Avec le train, il revient à la Réole tous les week-ends.

Ma mère Madeleine, devient employée de mairie, auxiliaire, à l’État civil.

    En 1943, un curé zélé de Dieulivol, l’abbé Demazière, qui a creusé une petite grotte sur le modèle de Lourdes, en dessous de l’église, lance le Grand Retour de Notre-Dame de Boulogne.
Transportée à pied elle doit rejoindre Boulogne en passant par Bordeaux. C’est une statue de la madone sur son bateau. Il y a cinq exemplaires en France. Je suis dans le cortège qui l’accueille au petit matin sur la route à St-Hilaire. La procession, avec Jean Rapin,  chante « Chez nous soyez Reine ..et  Reine de France, etc, » (des Cantiques disparus depuis), jusqu’à l’Église St-Pierre où N. D. reste un jour avant de repartir.

    Cette longue période agitée, (1940 / 45 / 50) peu évoquée, non répertoriée, complexe, a laissé des traces profondes, en ville et alentours. Elle précède la période dite des «trente glorieuses» ou le pays se redresse vaillamment. Mais La Réole poursuit son déclin économique, social, culturel. Le point zéro sera atteint en 1980. L’agriculture a disparue, le activités se déplacent. Le centre-ville vide devient une friche. La périphérie gagne quelque peu en logements et grandes surfaces.

Puis, à nouveau, elle remonte la pente avec courage.

Grand Zig-zag de la vie. 

    Objectif 2020, 2050 ! la route est longue. Les projets abondent. Ville d’art et d’Histoire elle utilise son patrimoine en guise de moteur économique. Elle attire les artistes, de nouveaux habitants.

Récemment, la revue Télérama lui consacre une couverture et un article qui la compare à la proche banlieue bordelaise grâce à la route et au chemin de fer. Ville où il fait bon vivre.

C’est la ville qui m’a vu naître, où j’ai grandi, qui m’a inspiré, qui m’inspire encore. J’ai encore quelques souvenirs à mettre au jour.

                                                                Michel Balans Mai 2023


8 - Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle


    Ce panorama du théâtre à la Réole s’attachera davantage à la pratique du théâtre amateur plus qu’à une activité professionnelle. Seul le théâtre ambulant au 19e répondait à des critères professionnels.

    Au 20e et 21e quelques troupes professionnelles, rares, de passage à La Réole, représentent cette catégorie

    Surtout, comédies et comédiens passent de l’état du pur divertissement à l’état du service public, de l’éducation.

    Au 21e siècle, les comédiens devenus «intermittents», sont organisés pour défendre leurs droits et assurer leur formation. Les communes pilotent la culture municipale, y compris l’activité théâtrale.

    Aucune indication sur la présence de comédiens à La Réole durant les 18e et 19e siècles.

Les parvis d’église accueillaient des mystères du Moyen-âge.

Est-ce que la paroisse St-Michel avait un parvis ? Il semble que non. 

    Par « l’Agenda de Jean », nous apprenons que le Café Gallaud du Turon accueillait des artistes, des saltimbanques ambulants et des séances musicales. 

On peut imaginer les spectacles de cirque en plein air sur les quais ou place des Jougadous. Jean, dans son Agenda, signale le passage des cirques Bazola et Rolla avec leurs numéros équestres. La troupe équestre Farina fera également un passage.

    Les informations sont plus précises pour le 19e et surtout le 20e siècle.

    Il s’agira de noter davantage les productions et les comédiens amateurs.

    Au 19e siècle : 

Dès 1865, à l’Eden-théâtre (futur Casino) on peut voir des pantomimes et au Café Gallaud plus tard on peut entendre des chanteurs, chanteuses, (du Grand Théâtre de Bordeaux), des opéras ( ? ) Lucrèce Borgia ! ?

    En 1870 on refait le buffet de l'orgue Stoltz, installé en 1843 à St-Pierre.

Les sociétés de musique : l’Orphéon et la Philharmonie recueillent des prix dans des concours régionaux.

    Au 20e siècle : 

    Dès 1920 la Salle de la Phalange réolaise, (patronage paroissial ) dans l’ancienne École libre, les groupes de la paroisse se produisent. Les garçons, avec la « Phalange réolaise » jouent des comédies, burlesques, style comiques troupiers avec Marius Balans, Peres, Duranthon, etc.. Les jeunes-filles, “Enfants-de-Marie”, jouent des classiques avec Molière ( les Femmes Savantes ) ou  « le Flibustier ». de Jean Richepin.

    Un professionnel parisien à la retraite, habitant Fontet, Jean Harlet ( Saujeon ) met-en-scène Madeleine Penelle (future Balans), Geneviève Giresse, (future Darvand), Rose Cocut (future Labrousse) ...etc .

    Mes parents, chacun jouant de son côté, se rencontrent dans les coulisses ou dans la cour d’entrée. Quelques mois après le traquenard d’une jalouse, ils se marient.  Avec ma sœur, je suis né de ces rencontres théâtrales. . . !

En 1946 avec ma voix de soprano je monte, à mon tour, sur les planches de cette salle avec mes camarades Vidal, Descos, Lanoire, Barbe, de St-Denis, Darvand, Filleau, Grisel, Lanoire, etc. 

Je chante des opérettes écrites par les parents bordelais de l’abbé André Grenié.

La salle fera aussi Cinéma. Edouard Molinaro y présente ses premiers courts-métrages (disparus).

En  1952, Le théâtre amateur fait partie de la politique culturelle d'État depuis la Libération.
La décentralisation théâtrale est une préoccupation importante. 

Dès 1959 un Ministère de la Culture pilote l’organisation de cette décentralisation avec l’Éducation Nationale et le Ministère de la Jeunesse et des Sports. 

Le théâtre fait partie de l’éducation. Chaque région est dotée d’une structure, un Centre Régional Art Dramatique ( CRAD )  qui consiste  à former, aider les troupes amateurs.

En 1950 c’est Jean Lagénie qui préfigure le poste d’instructeur et directeur du CRAD d’Aquitaine à Bordeaux. 

En 1952 il vient à La Réole jouer « Numance » de Cervantès, adapté par Marrast, avec Raymond Paquet, en plein air, au cloître du Prieuré. La venue de ce spectacle est un événement artistique et politique majeur.

En 1964 Raymond Paquet qui le remplace viendra faire la mise en scène des Jeunes du théâtre réolais et jouer la « Foire aux farces ». 

En 1984 c’est Jacques de Berne qui succède à Paquet et dirigera un stage où à  cette occasion j’écris une adaptation d’une pièce de Tirso-de-Molina  «Mais qu‘est-ce qui fait courir les filles, le soir, sur les bords de la Garonne ? » Jean de la Réoule en est le héros.  Ce spectacle sera joué en plein air au cloître et à St Macaire. 

Un deuxième stage en 1989 ramène Jacques de Berne, CTP de jeunesse et Sports sur le bord des quais pour jouer un texte de Marie Dulac : «le Pavillon de la Marie-Jeanne ». Quatrième stage de Jeunesse et Sports à la Réole dont je suis un peu à l’origine

 Dans les années 1946-47, en plein air, place des Jougadous, le théâtre Ferranti et la famille Durozier donnent des spectacles. ( ce sont des théâtres privés ).  

Toute la semaine, chaque soir, une pièce est présentée : drames, comédies alternent devant un public attentif. ( il n’y a pas encore de télé !). C’est une famille entière qui joue tous les rôles. « Les deux orphelines, Ces dames au chapeau vert, le Cheminot, les Misérables, les Trois mousquetaires, etc. etc.. ».

    Au 20e siècle à La Réole, il y avait trois salles qui accueillent des spectacles réguliers. Dans la salle du Casino, un grand bâtiment en deux parties : une grande salle avec balcon, deux issues rue des Tilleuls et une petite salle en rez-de-chaussée, entrée rue Armand Caduc. L’ensemble est séparé par un petit café et son logement, rue des Tilleuls. L’ensemble a été détruit pour faire un parking. 
Des tournées et des spectacles du Collège voisin trouvent place.  

    Dans la salle de l’Amicale Laïque, place des Justices, le Gymnase, des tournées, des spectacles scolaires, des productions locales trouvent une scène. Et des spectateurs.

    En 1946, sur la scène du Patronage paroissial, les Ames Vaillantes ( groupe féminin, adulte : Yvette Noël, Simone Jude, Monique Rapin, etc. ) jouent : ces “Dames au chapeau vert”, et des extraits de “La maison de Bernada Alba” de Garcia Lorca : mise en scène collective.

    En 1948 sur la scène du Patro, mon père joue ”Gardien-de-phare” avec un fils Gaboriaud. Ils font leur propre mise-en-scène.

    En 1968, la Compagnie-Universitaire-de-Bordeaux joue “Electre”, de Giraudoux, à l’occasion du Mois de l’Amitié au premier étage de la vieille Halle. Mise en scène de Jacques Albert-Canque. J’ai réalisé les costumes et le décor. 

    Au Casino, en 1946, le Collège présente son spectacle de fin d'année. 

    Michèle Barbe, future Michèle Perrein (surtout connue pour ses romans, elle écrira deux pièces de théâtre) et Edouard Molinaro (Doudou) (futur réalisateur qui fera plus de 58 mises-en-scène de films ) ils jouent « la Paix-chez-soi » de Courteline. Grand Succès.  Ils deviennent des professionnels à Paris, chacun dans sa spécialité.

    En 1947 à l’Amicale Laïque le Cours Complémentaire de Filles présente son gala de fin d’année, un des meilleurs. Mme Laborde, directrice et son équipe, avec Edouard Molinaro, prof-de-gym, chorégraphe, présente des spectacles remarquables, celui de 1947 est particulièrement réussi spécialement les ballets.  

Ma sœur Suzy joue Dandin dans les “Plaideurs” de Racine.  

L’orchestre « l’Union Musicale » se produit également. 

    En 1947Germaine de St-Denis, pour l’Association des familles, à l’occasion de la Fête-des-mères, met en scène une pièce de Berhe Bernage, dans laquelle avec d’autres (J.Pierre Bonnac, etc.)  je joue un enfant de “mon paternel”  qui lui joue un père de retour de captivité avec Mlle Jandel, sa femme, (future Mme Larroze). 

    En 1970, le Théâtre-des-Jeunes de La Réole qui s’est créé à la suite des trois représentations de 1963-64-65 présentera ses propres productions avec les frères Jacques et Christian Larroque, Max Labadens, Pierre Carasset, M. Terracher, Jean Virepinte, Oris Braga, sa femme Jacqueline, , etc.. 

    Oris Braga et Jacqueline créeront un atelier café-théâtre à Loubens.  

Le Casino, et la salle des Gymnases feront cinéma pendant longtemps. En 1949 viendra le Rex, où s'installera l’ Écran réolais et son complexe de deux salles.

En 2000, une strasbourgeoise, la fille d’un architecte réolais, conseiller municipal, Antonia de Rendingerjoue avec succès les humoristes solos à Paris. Sous le nom d'Antonia.

Le Théâtre des Jeunes, en 1963-64-65 avait joué en plein air des montages de Jean Pérot, Simone Artins, Guy Rapin, Michel Balans. Sur la place de la Halle, au Cloître, devant le mur de ville des Jacobins. ( J. Avadjian, J. Pauly, R. Vanetelle, Jean Virepinte, Pierre Falloux, etc.)

Dans les années 1970-80, un professeur de lettres du Collège, Paul Esquinance, fait des mise en scène dans la troupe qu’il a créé  « I-Corrigi ». Son talent est reconnu.

Sa disparition prématurée laisse la population stupéfaite et on donnera son nom au collège.

De cette troupe amateur sortira Frédéric Vern, qui créera à son tour la Compagnie professionnelle « Aurore » basée  à Lamothe-Landerron. Des ateliers s’y multiplient : la Grange, la Fabrique. Ils accueillent en résidence d’autres compagnies. Ils se spécialisent dans la marionnette.

Une troupe : « Vivacité »,  crée un festival et présente plusieurs productions. Ils joueront avec le théâtre de la ville jumelée, italienne : Sacile, la pièce de Goldoni : « Barouffe a Cogghia ».

On y rencontre : Michel Collin, Olivier Bayle-Videau, Bernard Lasserre, Isabelle Maille, Frédéric Vern, d’autres. En 2010 ils montent : Le Malade Imaginaire  mis-en-scène par Frédéric Vern. Ces troupes mi-amateur mi-professionnelles bénéficient  de petites et multiples subventions des Pouvoirs Publics. On parle de théâtre-de-rue. 

    Les grands cirques ne tournent plus. Finies les parades de Pinder, de Bouglione dans les rues réolaises.

      Le Conseil Général de la Gironde installe à la Réole (dans l’ancienne usine de caoutchouc, rue des Menuts) une antenne de lIDDAC (structure culturelle du Conseil Départemental) avec du matériel scénographique de prêt.


La danse avec Art et Santé, en 1938-39 présente des spectacles au Cloître.

En 1946 Marcelle Larrieu fait danser les adolescentes avec le Cours complémentaire de filles.

   Le groupe  Lous Réoulès, infatigable, danse les rondes du folklore. Dans les années 70 des Écoles de danse (Arrouays-Hass) présentent leurs galas à l’Amicale.

  Au 21e siècle, l'École de danse Élodie-St-Martin” présente son travail au Prieuré. 
Aujourd’hui 
« A corps-danse » présente son gala aux Bénédictins. Ses cours se donnent au Studio-Lévite. 

Une agence de spectacles, rue Jean Moulin, les Givrés-du-Plumeaufédère le spectacle vivant.  

Maintenant les mairies, les Communautés de Communes subventionnent davantage la culture et apportent leur soutien financier au théâtre amateur et pro. de la ville et autres activités artistiques.  

En 2002, le Conseil Départemental de la Gironde lance chaque été un programme de spectacles itinérants : Scènes d'été.

Certains passent par La Réole, en plein air ou à la salle de l'Amicale Laïque. Cela dure jusqu'en 2021.

Des spectacles équestres se présentent dans l’église et devant le porche ou au pied du château. Les jardins de l’Espace Jean-Bosco accueillent des groupes de théâtre de rue, de danse et de musique électro. 

Durant l’été 2021, ”Chemin-des-Arts” (soutenu par la mairie) invite un spectacle parisien sur « Jeanne d’Arc » par les « Ateliers-d’Amélie ». - Spectacle professionnel. 

Dans les années 2020 la pratique théâtrale amateur (et professionnelle) se dilue dans l’air du temps. Des scolaires s’y frottent timidement. La décentralisation a fait long feu. Le Conseil Départemental apporte son aide avec les ”Scènes d’été” qui coordonnent entre les productions et les communes. 

Mais la flambée des années 40 / 90 s’éteint doucement. D’autres activités apparaissent, timides, orientées marionnettes ou images projetées. Les publics se dispersent. Les Pouvoirs publics aident un navire qui coule. La société mute.  

Les divertissements se multiplient sous des formes différentes et variées. L’éducation n’est pas sûre d’y trouver toujours son compte. 

Avec patience, les comédies et les comédiens attendent en coulisse. . .

Cité remarquable avec courage et ténacité, La Réole reste une terre d’artistes.

Au fil du temps femmes et hommes ont partagé leur art inspirés par la Garonne et les pierres ouvragées.

Ville d’art et d'histoire, elle offre au futur matières à créer encore.


9 - Comédies et comédiens à La Réole au 20° siècle - (suite)

Durant la période 1920 / 1930 un groupe de jeunes filles de la paroisse St-Pierre, les Bérets Blancs, dirigée par les Filles de la Charité, religieuses  de l’Hôpital, jouent la comédie sur les planches du patronage  de garçons : la Phalange réolaise. Le metteur en scène est Jean Harley, retraité du spectacle parisien, habitant Fontet. Madeleine Penelle ma mère ), Geneviève Giresse, Rose Cocut jouent Molière et Jean Richepin.

Laure Touzet, fille du Bibliothécaire, récite des vers de Lamartine en plein air, sous les arbres du château d’Aillas.

Marius Balans ( mon père ) joue les troufions, comiques troupiers, avec Peres et d’autres de la Phalange réolaise.

A mon tour, dans les années 40 / 50, je monte sur les planches du Centre St-Jean Bosco, dirigé par l’abbé André Grenié. Je chante et joue dans des opérettes ou en solo ou en duo avec Jean Rapin. C’est le "cordonnier organiste" Louis Roche qui m’accompagne au piano. Les parents bordelais d’André Grenié ont écrit deux opérettes, le Prince Colibri, la Foire de Séville, dans lesquels j’ai le rôle principal.

Ma sœur Suzy chante et joue la comédie avec le Cours complémentaire de filles dirigé par Mme Laborde. (rôle de Dandin dans les Plaideurs de Racine). 

Mme Cabane  chorégraphie de superbes ballets aux Gymnases.

Le CRAD de Bordeaux vient jouer dans le cloître : Numance, mis en scène par Jean Lagénie. ( 1947 ? )

Un retraité du spectacle parisien Cathalot, chanteur de fantaisie se produit au Casino ou sur la scène de l’Amicale Laïque. Il se promène en ville avec une magnifique rose de son jardin à la boutonnière. 

La scène de l’Amicale accueille des tournées et le spectacle de fin d’année du Cours complémentaire de filles. Une troupe s’y produira à partir de 1665. Sur la scène du Casino, pour le spectacle de fin d’année du Collège, Michèle Barbe ( future Perrein ) et Doudou Molinaro, jouent la Paix chez soi, de Courteline. Elle chante en solo la Chèvre. Grand succès qui la suivra longtemps après dans la cour du collège.

Mme Marchand, professeur de chant, chante en solo « le cher anneau d’argent ». 

Goletzinovski, réfugié polonais violoniste virtuose se produit sur les planches du Patro et de l’Amicale.

Dans les années 1940-1950, sur la place des Jougadous un théâtre ambulant, en plein air, joue chaque soir un programme différent. La famille Ferranti, concurrente de la famille Durozier, produit des mélodrames comme : les Deux orphelines, Jean Valjean, le Cheminot, la Porteuse de  pain,  etc.

Pendant une vingtaine d’années, avec le groupe folklorique Lous Réoulès, qu’il préside, Luc Mothes récite des poèmes et chante en patois. Suzy Lesbat, la fille du boulanger, récite la Cigale et la Fourmi version patoisante.

Michel Vidal, habillé en fille, chante une chanson de petite fermière au patro avec Pierre Cazalas qui chante un répertoire zazou dans la mode du temps. 

Monsieur Jolibert, réfugié, chante à l’église pour Noël, un vibrant Minuit Chrétiens.

Jeannot Rapin chante son succès : Beth Ceu de Pau.

Les Routiers de Bordeaux, les trois cousins Grenié, Michel, François, Bernard, les  Escholiers de Guyenne de Bordeaux viennent chanter au patro pour des Kermesses des Séminaires.

Mme Simone Grollier et le coiffeur Lucien Léger chantent à l’Amicale laïque. Mme Bouts présente ses chorégraphies.

La chorale de l’église assure les offices, une quinzaine femmes et hommes dirigés par « Chubert » ( Louis Roche ). 

Mlle Suzanne Darbrun, professeur de musique au collège, donnera quelques récitals (vieille halle ).

Dans les années 1990, un professeur du collège, Paul Esquinance, produira des spectacles d'élèves en fin d’année de bonne tenue. Frédéric Vern, un de ses élèves,  dirigera par la suite la compagnie Aurore, basée à  Lamothe - Landerron.  

Trois années, 1963, 64, 65 des jeunes réolais jouent en plein air des montages de Simone Artins, Guy Rapin, Michel Balans. Le thème récurrent est La Réole. Le CRAD vient jouer les Farces du Moyen-Age. En 1968, pour le Mois de l’Amitié, la CDUB vient jouer : Electre,  de Giraudoux, dans la vieille halle.

A l’Amicale laïque une troupe se met en place, le Théâtre des Jeunes avec Oris Braga, Jacqueline sa femme, J. Virepinte, V. Beylard, C. Boutet, P. Carasset, M. Terracher, Danial-Fortin, J. Laulan, M. Lussac, J. Fortin, Ch. Maumy, Espaignet, Debès, F. Siret, Orlandi, Boulin, Cazaudumec, Dauriac, Ribera, Roqueflot, Maurin, Baloup, Pividori, Galy, Beylard, Boutet, Teynier, les frères Laroque, Max Labadens, G. Carrasset auxquels se joindront Daniel Villatte et Jacky Maurin de Langon, et d’autres.

 Plus tard, une autre troupe, I Coriggi, avec M.F. Marichella, Tomasella, Dupart, Doux, Bourbon, Ventriboux, Richin, puis Bernard Lassere, Olivier Bayle-Vigneau, Michel Colin, verra le jour sur plusieurs saisons. Elle ira  à Sacile, ville jumelle italienne jouer son spectacle  Barouf à Coggia. Son Malade imaginaire fait un malheur.

Deux stages de réalisations d’Art dramatique initiés par la Direction Régionale de la Jeunesse et les Sports, sous la direction du CTP Jacques De Berne, se tiendront à la Réole. Je signe l’adaptation d’une pièce de Caldéron  : Mais qu’est-ce qui fait courir les filles, le soir, sur les bords de la Garonne-Qui est représenté dans le cloître du prieuré et à St-Macaire.

Le Conseil Général de la Gironde crée un dépôt de matériel scénographique, relais de l’IDDAC, à La Réole, ancienne usine, rue des Menus. Ce dépôt ira par la suite à Aillas.

Le Festival Vivacité anime la ville avec du théâtre, de la musique électrique. 

En 1989, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française, dans le cadre de sa convention avec le Conseil général, le Petit Atelier de Bordeaux joue à l’Amicale Laîque sa création : Entracte 89 de Max-Henri Gonthié.  J’avais fait le décor et la mise-en-scène.  

Le public d’aujourd’hui jouant celui du 18e siècle. Le public réolais est chauvin : la salle était vide.

L’école de musique produit son concert-spectacle de fin d’année. Les écoles de danse produisent également leur spectacle de fin d’année. 

Les pratiques culturelles évoluent avec le temps. La musique amplifiée séduit davantage les jeunes. Le théâtre vivant perd de son attrait.

En périphérie, durant l'été, une troupe d’amateurs et de professionnels présente : l’Opéra de Barie. Entre Barie, Bassanne, Castets en Dorthes,  Pondaurat, en plein air, des opérettes à l’ancienne, brûlent les planches.

En 2022, une nouvelle venue, Elise Dubroca, comédienne, ouvre rue Jaganeau,  le «5 bis» un atelier alternatif pour l’accueil et la formation de professionnel du théâtre vivant. Dans un garage aménagé  elle propose des activités..

Une nouvelle expérience artistique à La Réole s’annonce !

                                                 Michel Balans  Avril 2023


10 - Musique et Musiciens à La Réole

    A l’origine la ville s’est construite autour d’un monastère. Le chant des moines a résonné très tôt et sera avec la cloche et la crécelle les premières sonorités qui retentissent.

    Les processions hors les murs, entre les maisons ou dans la campagne porteront le chant en plein air. Des instruments à vent ou à cordes viendront renforcer la voix.

    Les bergers de Laubessa jouent de la flûte de roseau. Les bruits qui ne pensent pas rempliront la ville. L’enclume du forgeron, sous la main de Charlut, la sonnaille du charretier, l’appel des trompettes lors des attaques, des sièges, etc.

    Les troubadours, les Pèlerins de Compostelle, de passage, pratiquent leur musique.

On peut penser que le séjour du Parlement de Bordeaux à La Réole pendant plusieurs années a amené des pratiques de musique de salon, avec clavecin, épinettes, etc . Des facteurs ont dû s'installer en ville.

    Au 18e siècle les Bénédictins font construire un orgue pour leur église. Jean-Baptiste Micot est choisi. Son fils Pierre et sa famille s'installent à La Réole. Un de ses enfants est baptisé à l’église St-Michel. Des souffleurs actionnent la soufflerie. Des religieux musiciens jouent parfois accompagnés du serpent. Cet instrument est davantage utilisé dans l’église paroissiale Saint-Michel pour accompagner le chantre. Les bateliers de la Garonne venus d’Agen ou de Bordeaux apportent leurs chants repris par les lavandières réolaises . Un air domine tous les autres : Jean de la réoule moun amic...avec la maristingo, etc..

    Début 19e siècle : l’orgue Micot est enlevé par l’archevêque de Bordeaux pour remplacer le sien saccagé par la Révolution française. Les réolais avaient su protéger le leur malgré la transformation de l’église en grange à foin. Au début du 19e siècle la paroisse St-Pierre se dote d’un nouvel orgue. C’est J. Baptiste Stoltz, choisi par le conseil de fabrique qui effectue le travail pour le compte de la maison Daublaine-Callinet de Paris en train de faire faillite. Il est inauguré par Félix Danjou organiste titulaire de N. Dame de Paris.

La chapelle de l’Hôpital abrite deux harmoniums qui deviennent trois lors de ma donation de l’instrument acheté chez Jeanne Barbe, dont l’amie Madeleine Ortel avait hérité de l’harmonium de son père pasteur protestant dans le Lot-et-Garonne.

    Début 20e siècle :

Un orgue de chœur Commaille vient s’ajouter derrière le maître autel au grand orgue de tribune.
Les souffleurs sont recrutés chez les malades handicapés de l’hôpital. Ils sont systématiquement baptisés Auguste. L’orgue Stoltz sera électrifié en 1920. L’organiste est un aveugle 
Claude Marchat qui sera le professeur de Louis Roche, des années plus tard.

    Vers 1860 un nouveau clocher plus important est construit sur l’église. Il abrite trois cloches qui carillonnent gaiement. Seul le tocsin résonne pour les évènements graves comme les incendies ou la crue de la Garonne. En 1940 une sirène électrique sur le toit de l’église alertera pour prévenir des bombardements ou les crues de la rivière. L’ancienne Halle possède une horloge avec une cloche qui sonne les heures. La chapelle de l’Hôpital a également une petite cloche. Quand le vent tourne, souffle venant de l’ouest on entend la cloche de Fontet qui sonne l’Angelus.

    L’orphéon municipal joue le dimanche sur la place des Tilleuls, vers 1900, où sera construit un kiosque à musique. Une deuxième formation philharmonique verra le jour avec un concours qui rassemblera plusieurs villes.

Dans les années 40 / 50 « l’Union musicale regroupe des musiciens enseignants qui jouent ensemble à l’occasion des fêtes, de la Ste Cécile, ou diverses occasions, etc. On y compte Louis Roche au piano, à la contrebasse, au violon, cordonnier, professeur de piano, organiste, accordéoniste dans les bals du dimanche, violon à Lous Réoulès, etc., M. Saint-Guily, violon, Mme Bomaty, piano, Mme Vidal, violon, Mlle Larrieux, piano, son père M. Larrieux, violon M. Dumestre, violon, M. Mougenot, hautbois, M. Chabane, clarinette, M. Merlin, violon, M. Cluzan, violon, M. Lacombe (dit Cigale), trompette, , etc.

    Vers 1936 - 40 chaque dimanche soir sur les bords de la Garonne un bal populaire, champêtre avec une sono éraillée attire les danseurs..

    En 1952, le curé Pierre Grenié paye de ses deniers la réfection de l’orgue par Puget.

Le Stoltz est séparé en deux parties pour se voir complété par l‘orgue de chœur Commaille.

A l’église Simone Gratias, suppléante de Louis Roche, accompagne les offices à l’harmonium. Mme Germaine de St-Denis et sa fille Colette jouent de l’orgue ainsi que la fille du président Buffandeau.

    Les paroissiens chantent en extérieur lors des processions de la Fête Dieu, de reposoirs en reposoirs ou lors des Rogations dans la campagne environnante. La chorale à l’église regroupe une vingtaine de chanteuses et chanteurs Mlle Roux, Mme Laffargue, Jean Rapin, S. et M. Balans, M. Jolibert, et sa fille, Monique Rapin, André Laroche. Mme Cholet, la fille de Toto, Roger Guillemin, Sabine Ladougne, etc. Dans les années 2000 Olivier Richin est l’animateur paroissial du chant de l’assemblée, alors que Michel Vidal accompagne la messe du dimanche.

    En 1940 les Gardes mobiles à cheval de Frimont ont une musique qui parfois défile en ville.

Plus tard, Prélude, chorale dirigée par Claude Cuvilier de Morizès, et Michel Pac, deviendra Point d’orgue avec Olivier RichinPierre Goumarre dirige un chœur de femmes Artis VocesMme Poudens dirigera un temps la chorale Point d’orgue.

M. Lahy est le tambour de ville qui déclame des annonces dans la rue. M. Diars joue le tambour à Lous Réoulès et dans la clique batterie fanfare de l’Amicale laïque dirigée par Boyvineau.
Deux fanfares sont face à face, la clique de la Phalange réolaise, côté paroisse, et la batterie de l’Amicale Laïque, non confessionnelle.

François Genet, le fils du Notaire, l’oncle de Pierre Coudroy de Lille, à Paris, sous le pseudo de François Pouget produit et présente l'émission "Gravures précieuses", chaque dimanche sur la RTF, présentant l'actualité discographique (33 tours).
Une voix voilée inimitable. Parfaitement ignoré des réolais.

    Fin 20ème siècle la Fête de la musique offre l’occasion à divers groupes de musiques électriques de jouer en ville. Musicacité rendra l’espace Bosco un lieux d'événements divers.

Un professionnel, chef de chœur de musique ancienne s’installe à La Réole : Jean-Christophe Candau. Avec sa formation Vox Cantoris il organise des concerts, des masters classes, un Festival : les Riches heures de La Réole. Il enregistre différentes musiques arabo-andalouses, mexicaines. Parfois antérieures au grégorien. Il chante dans les petites églises du canton. Il utilise l’église de diverses façons pour en tirer la meilleure acoustique. L’église St-Pierre possède une acoustique exceptionnelle en Gironde.

    Chaque année des concerts de musique classique sont programmés par Raymond Vallier et Franck Glaunès dans la salle de Conférences du Prieuré ou dans le couloir de la mairie. (Espace St-Benoît). Le piano à queue monte l’escalier tournant seul, grâce à un petit robot manipulé par l’accordeur.

Avec le retour du nouvel orgue récupéré de Bordeaux en 2015, des concerts d’orgue sont offert dans l’église. Des organistes réputés sont invités dans la tribune (Thierry Escaich, Françis Chapelet, Paul Goussot, Michel Bouvard, etc.)

La Communauté des Communes met en place une École de musique dirigée par Fabienne Pasquet et Marielle Guillon, qui offre un concert donné par les élèves en fin d’année.

Il n’y a pas de classe d’orgue. Pépino Ripamonty, Jean-Laurent Coezy, Pierre Goumarre, Anne Monferrier, suppléent Catherine Torralba, titulaire, conservatrice de l’orgue Micot-Wenner-Quoirin à la suite de Uriel Valadeau et présidente des Amis de l’orgue de La Réole.

Le lycée Renou  accueille un club de jazz pour les élèves.

La proximité de Monségur où se déroule depuis des années le célèbre Festival de Jazz renforce la pratique musicale.

La Réole est une ville de musique. Il reste encore des projets à réaliser comme le réemploi de l’orgue Stoltz, conservé, pour un plan « Santé et musique d’orgue ».

La Réole est une Ville d’Art et d’Histoire.

Michel Balans



(1) Jean Maur : Jean Le More



Texte transcodé : IMPRIMEURS ET LIBRAIRES BORDELAIS

LE MORE (JEAN), imprimeur à La Réole, vers 1516-1518. Jean Le More, en latin Maurus, naquit à Coutances, en Normandie, à la fin du xv siècle. Il fut d'abord imprimeur à Paris dès 1507 et on le rencontre dix ans après à La Réole, en 1517. On connaît, en effet, trois ouvrages sous ce millésime, imprimés dans cette petite ville: le premier est un Vocabulaire grammatical de la langue latine et le second une édition du livre de Jean Gerson, l'Instruction des Curez. De ces deux impressions réolaises il ne reste que les exemplaires de la Bibliothèque de Bordeaux, n°14586 et 33209. Le troisième ouvrage est une édition des statuts synodaux de Bazas, publiée par l'évêque de cette ville, Amanieu d'Albret: Constitutiones synodales Ecclesiæ Vasatensis..., dont l'unique exemplaire, découvert tout récemment, est conservé à la bibliothèque de Troyes, A 1503.

Jean Le More avait installé son atelier typographique à La Réole, dans le collège de cette ville. On suppose que, tout en pratiquant l'art typographique, il professait la grammaire, et c'est ce qui expliquerait sa présence dans un établissement d'enseignement. Il ne séjourna que peu de temps dans le Bordelais, car en 1518 on le trouve à Lectoure, de 1522 à 1532 à Montauban, et de 1532 à 1550 à Toulouse. On ignore la date de sa mort. Jean Le More est le plus ancien typographe connu établi dans le Bordelais, le premier livre imprimé à Bordeaux étant daté de 1519 (V. l'article Gaspard Philippe) 


11- Films tournés à La Réole par Michel Balans

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César et Constantin (les jumeaux de La Réole) - 1980

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Chronique réolaise adaptée et réalisée par Michel Balans d'après Octave Gauban. Tournage en décors naturels au Maine blanc et à La Réole.

Dialogue de Claude Bourgeyx. Une production du Petit Atelier Bordeaux 1980




Frritt Flacc - 1983     

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d'après une nouvelle de Jules Verne. 
Adaptation de Jacques de Berne.
Caméra Jean Louis Hedin
Tourné au Maine blanc, Castelmoron d'Albret et La Réole
A obtenu le 2° prix de scénario au Festival du cinéma de Blanquefort




Régulamore -1978

Lien ci-dessous 

Régulamore ICI

Un poème sur Saint Abbon, martyr de La Réole, de Michel Balans d'après la chronique réolaise.
Tourné à Pondaurat et Castelmoron d'Albret.
Une production du Petit Atelier.

Dans ce court métrage  (Régulamore - 1978 ) il y a 19 acteurs réolais (du club des anciens) Madeleine et Marius Balans, Mme St Martin, M. Joinel, Mme Lamaison, Didy et Lucien Jamet, et leur neveux,  Philippe Sanderre et Pierre Cologni, M. Lachasse, Jean Artins, M. et Mme de Nayer, M. et Mme Pierre, Jeanine Aubagnan, M. et Mme Jarel.

Projeté à la Salle des Conférence de La Réole en 1978

1986 - "Un touriste à Bordeaux"    

Cliquez ici



Un touriste à Bordeaux 
d'après le livre de Stendhal "Mémoires d'un touriste"

Une scène tournée à La Réole dans le grand escalier de la Salle des conférences avec Roland Vidotto et Simone Filleau.




La Recluse - 1984
Scénario d'après un poème de Michel Balans, tiré de la légende Réolaise.
Tourné au Maine Blanc. 
Mise en scène Jacques de Berne 
Production Petit Atelier

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    Claude Riffaud, décédé le 7 décembre 2016, était capitaine de vaisseau honoraire, officier de la Légion d’honneur et croix de guerre avec quatre citations.

    Claude Jean Riffaud est né le 21 mars 1924 à CAUDROT (Gironde). 
Il étudie au collège de La Réole et obtient un baccalauréat Mathématiques ET un baccalauréat Philosophie en 1941 à 17 ans.
 
Baccalauréat Mathématiques ET un baccalauréat Philosophie en 1941 à 17 ans.
   
    Lors des 100 ans du collège de La Réole, dans le cadre du film "Le 4e mur", il donne une interview (2'28")   Interview - La Réole
    Il est venu présenter l'Opération Famous dans les années 80 au Lycée. (Alain Garrigou)
Bernard Clavière a connu Christian Riffaud capitaine au long cours, frère de Claude et marié à Tanya Mamontoff antiquaire à Caudrot. Leurs filles Hélène et Catherine fréquentaient le lycée de La Réole

    Il poursuit ses études au lycée Montaigne à Bordeaux. En 1941 il fait la connaissance d'Yves la Prairie* de mère bordelaise, d'un an son aîné, qui prépare, lui aussi, l'école Navale. Ils resteront toujours très liés. * Ils se retrouveront au CNEXO en 1969

    Comme son camarade, Claude Riffaud est un jeune résistant. Il a 18 ans. Il aime la nature, est excellent chasseur et pêcheur. II résiste, mène des hommes et des femmes - résistants, Juifs, soldats, aviateurs au pied ou à travers les Pyrénées. La pression de la Gestapo et de la Milice se fait intense sur le réseau Alexandre (groupe Edouard) dont un membre est arrêté et sera fusillé. Claude Riffaud et ses camarades se décident à s'évader de France.

    Claude Riffaud quitte la France à la mi-octobre 1943 en compagnie d'Yves la Prairie, Alain Sciard, Jacques Perrot.. Ces évadés connaissent les geôles espagnoles mais rejoignent la France libre.

Le Militaire
   Claude Riffaud rallie le Maroc : il arrive le 7 janvier 1944 à Casablanca et intègre l'Ecole navale, port matriculaire : Bizerte. 

    De février à septembre 1944, il sera sur le Jean Bart à Casablanca, puis les élèves poursuivent leur formation de novembre 1944 à janvier 1945 au centre Siroco 20, à 26 km d'Alger. Les jeunes Bordaches* effectuent ensuite un stage embarqué de plusieurs mois avec le grade de matelot.*Officiers de l'école navale

    Enseigne de vaisseau 2e classe en 1946, puis 1e classe en 1948.
    En 1951, il intègre le Commando Hubert. ( commando de Marine)
    Claude Riffaud, alors enseigne de vaisseau du Commando Hubert, suggère à l'état-major de la Marine nationale de créer une unité française d'élite, à l'instar des célèbres nageurs de combat italiens de la Seconde guerre mondiale.
    Une année passe avant que le capitaine Robert Maloubier, un ancien agent secret du Special Operations Executive britannique, fonde officiellement le corps tricolore des Nageurs de combat.
Claude Riffaud, nageur de combat n°1

    De 1953 à 1955, Claude Riffaud dirige le Commando Hubertrebaptisé commando d'action sous-marinepremière unité opérationnelle des nageurs de combat.
Le Commando Hubert version nageur est né. 

Capitaine Bob (Robert) Maloubier et Lieutenant Claude Riffaud
Capitaine Bob (Robert) Maloubier et Lieutenant Claude Riffaud

    Leurs missions ? Le renseignement sous-marin, les opérations de sabotage ou encore les attaques clandestines de ports. Parmi tout le matériel nécessaire à leurs interventions à l'image des boussoles ou des jauges de profondeur, les militaires utilisent également des montres comme instruments de mesure.
    Cependant, aucune d'entre elles n'est alors spécifiquement conforme aux attentes des hommes-grenouilles menés par Maloubier. 

    C'est donc après avoir essayé eux-mêmes, sans succès, de réfléchir à un garde-temps fiable et adapté à leurs missions sous-marines, que Maloubier et Riffaud se tournent vers Jean-Jacques Fiechter. Entre 1950 et 1980, ce passionné des fonds marins, grand amateur de plongée, a dirigé la maison Blancpain.
    Ensemble, les trois hommes vont mettre au point la première montée de plongée moderne, caractérisée par une boîte étanche et une lisibilité parfaite.
    Nous sommes en 1953 et Blancpain présente officiellement la « Fifty Fathoms ». Un nom qui signifie littéralement « cinquante brasses » en anglais - soit 91 mètres, la profondeur maximale atteignable par un plongeur autonome - et tiré du chant d'Ariel dans The Tempest, l'œuvre écrite par William Shakespeare vers 1610.
    La montre est approuvée par les forces spéciales françaises et se distingue par trois brevets : une couronne doublement verrouillée, un fond vissé par un système de joints toriques et une lunette munie d'un mécanisme de blocage.
    Cette légende des mers fête en 2023 son soixante-dixième anniversaire. L'occasion pour Blancpain de dévoiler de nouvelles itérations taillées pour les abysses.
fifty-fathoms-70-ans-de-regne-sous-les-mers-
  Wikipedia :  LBlancpain Fifty Fathoms est l'un des modèles les plus célèbres de l'entreprise horlogère suisse de prestige Blancpain.
    Elle est considérée comme la première montre de plongée militaire1. Elle a été créée en 1953, à la demande du Capitaine Robert Maloubier et de l’Enseigne de Vaisseau Claude Riffaud, qui ont créé un an plus tôt le Corps des Nageurs de Combat, la première unité française de nageurs de combat, et qui sont alors à la recherche d'une montre de plongée robuste et fiable, adaptée aux exigences militaires. C'est ainsi qu'est née la Fifty Fathoms, étanche à une profondeur de 50 brasses, comme son nom l'indique. 

    En Indochine, il commande le Landing Ship* l'Etendard, puis l’Adour (un LST).
*
Bâtiment de débarquement de chars dans la marine nationale française
    En 1957-1958, il commande l’aviso océanographique 
Elie Monnier, tout en étant officier en second du Groupe d’Etudes et de Recherches Sous-Marines.(actuellement CEPHISMER)

Aviso Elie Monnier et le Bathyscaphe FNRS3 en 1954

    Après avoir commandé le 1er Bataillon d’intervention, il passe trois ans (1960-1963) au SDECE où il est responsable des «Opérations maritimes clandestines ».
    De 1963 à 1965, à Norfolk, il est le chef des « Renseignements stratégiques » à l’état-major de Saclant.(commandement allié Atlantique de l'OTAN)
    En 1966-1967, il commande l’Ecole de plongée de la Marine.

L'océanologue

    C’est alors que, commandant en second du porte-avions Clemenceau et nommé au commandement de l’Ouragan, il répond favorablement à l’appel que lui lance Yves la Prairie, le Directeur général du CNEXO, nouvellement créé, et se fait mettre en position « hors cadres » pour devenir successivement chef du département « intervention de l’homme sous la mer » de 1969 à 1973 ; directeur du Centre Océanologique de Bretagne de 1973 à 1976 ; directeur général adjoint du CNEXO (opérations) de 1976 à 1978 ; directeur de cabinet du DAG du CNEXO, puis inspecteur général jusqu’à sa retraite au 1er octobre 1986.

Académie de marine : Séance du 14 février 2018  Éloge de Claude Riffaud

Éloge de Claude Riffaud

    Cet éloge est prononcé en présence de la famille de Claude Riffaud, par Philippe Dandin, Directeur adjoint scientifique de la Recherche au Centre national de Recherches météorologiques, successeur de Claude Riffaud dans la section Navigation et océanologie.
    Né en 1924, Claude Riffaud se place dans la lignée des grands pionniers de l’exploration sous-marine, aussi bien par le moyen de la plongée humaine autonome que par celui des engins sous-marins profonds.
    Plus jeune que les Le Prieur, Tailliez, Dumas, Cousteau, Houot, il est de ceux qui ont porté plus loin les performances accomplies par l’homme sous la mer.
    Officier fusilier, il fonde l’Ecole des Nageurs de Combat, puis commande de 1953 à 1955 le célèbre Commando Hubert, première unité opérationnelle des nageurs de combat.
    En Indochine, il commande le LSSL Etendard, puis l’Adour (un LST). En 1957-1958, il commande l’aviso océanographique Elie Monnier, tout en étant officier en second du Groupe d’Etudes et de Recherches Sous-Marines.
    Après avoir commandé le 1er Bataillon d’intervention, il passe trois ans (1960-1963) au SDECE où il est responsable des « Opérations maritimes clandestines ». 
    De 1963 à 1965, à Norfolk, il est le chef des « Renseignements stratégiques » à l’état-major de Saclant.(commandement allié Atlantique de l'OTAN)
    En 1966-1967, il commande l’Ecole de plongée de la Marine.
    C’est alors que, commandant en second du porte-avions Clemenceau et nommé au commandement de l’Ouragan, il répond favorablement à l’appel que lui lance le Directeur général du CNEXO, nouvellement créé, et se fait mettre en position « hors cadres » pour devenir successivement 
- chef du département « intervention de l’homme sous la mer » de 1969 à 1973 ; 
- directeur du Centre Océanologique de Bretagne de 1973 à 1976 ; 
- directeur général adjoint du CNEXO (opérations) de 1976 à 1978 ; 
- directeur de cabinet du DAG du CNEXO, puis 
- inspecteur général jusqu’à sa retraite au 1er octobre 1986.

    Claude Riffaud a conduit avec honneur et succès une carrière étourdissante, riche en découvertes exceptionnelles pour le monde maritime. 
    C’est lui qui a entraîné et formé des promotions de nageurs de combat et de plongeurs démineurs de la Marine.
    C’est lui qui a conçu, avec la COMEX, les programmes de plongée en « caisson », puis in situ qui ont permis à notre pays de tenir la tête durant dix années de tous les records de plongée professionnelle. 
    C’est lui qui a conduit, du côté français, les grandes opérations d’exploration des grands fonds sous-marins, FAMOUS aux Açores, RITA au Mexique et KAIRO au Japon. 
    Il a chaque fois tenu, avec une totale réussite, le rôle de responsable opérationnel, sous l’autorité du CNEXO et avec le concours scientifique de Xavier Le Pichon.
    Bien sûr, il a plongé personnellement avec Cyana et Nautile.
    Sa parfaite connaissance de l’Amérique et du Japon a fait de lui, en outre, le responsable français, pendant dix ans, de la coopération océanologique franco-américaine, et durant quatre ans de la coopération océanologique franco-japonaise.

    Le portrait de cette forte personnalité, dressé par l’amiral La Prairie lors de sa candidature à l’Académie, serait incomplet si n’était pas mentionné son talent de plume. 
    Claude Riffaud a écrit des scénarios pour six films de télévision et publié, outre de nombreux articles, quatre ouvrages : Demain la mer, en 1973 (couronné par notre Compagnie) ; Expédition Famous, en 1975 (également couronné) ; Les aventuriers du Portago, roman, en 1976 ; La Grande aventure des hommes sous la mer, en 1987, à la suite duquel il est élu dans notre Compagnie.
    Claude Riffaud, décédé le 7 décembre 2016, était capitaine de vaisseau honoraire, officier de la Légion d’honneur et croix de guerre avec quatre citations.

    L’amicale des Nageurs de Combat vient de donner l’information du décès, mercredi après-midi, de Claude Riffaud, qui portait le numéro « NC 1bis », c’est-à-dire le premier nageur de combat (NC) au côté de Bob Maloubier, qui nous a quitté le 20 Avril 2015 à 92 ans.
    Claude Riffaud né en 1924 à Caudrot (33), est devenu résistant à 17 ans, et est entré dans la Marine en 1944. Il fut capitaine d’un sampan en Indochine à 25 ans. Claude Riffaud est entré dans les commandos de marine, François puis Hubert (parachutistes).
    En 1951, enseigne de vaisseau, et inspiré par les pays limitrophes, et les célèbres nageurs de combat italiens de la Decima Flottiglia MAS qui a fait parler d’elle pendant la deuxième guerre mondiale, il suggère la création d’un corps de nageurs de combat à l’Etat-Major de la Marine … qui accepte.
    Pour ce faire, il est envoyé à Arzew en Algérie au Centre Interarmées des Opérations Amphibies afin d’y créer l’unité de nageurs de combat. Auparavant, il part se former chez les nageurs de combat italiens puis les SBS britanniques.
    Claude Riffaud est appelé à commander le commando Hubert, qui est devenu l’unité des nageurs de combat de la marine, de 1953 à 1958.
    Il prend ensuite le commandement de l’Elie Monnier, le bâtiment de plongée profonde du GERS (groupe d’études et de recherches sous-marines).
  Il entre ensuite au service action du Service SDECE (Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage) en charge de la collecte des renseignements stratégiques aux Etats-Unis.
    Revenu dans la Marine, il est commandant en second du porte-avions « Clemenceau »
   Claude Riffaud retourne à la plongée en créant le Centre National pour l’EXploitation des Océans (CNEXO), qui deviendra plus tard l’Ifremer. Développe le programme de plongée profonde, avec l’Archimède, bathyscaphe de la Marine française qui atteint un record de plongée à la profondeur de 9 500 mètres.
    Claude Riffaud a publié  de nombreux livres, dont des romans et une célèbre "Grande aventure des hommes sous la mer", avant de décéder Mercredi 7 Décembre 2016 à l’âge de 92 ans. Merci Mr Riffaud et RIP.

L'écrivain

Livres scientifiques


Un an avant la crise de 1973, mettant fin aux Trente Glorieuses, Claude Riffaud, ancien officier de Marine devenu responsable de « l’Aménagement du Plateau Continental » auprès du Centre national pour l’exploitation des océans, a écrit une histoire et un panorama des projets de pénétration, de conquête et d’exploitation de la mer, en privilégiant la rationalité industrielle et économique aux grands rêves d’habiter sous la mer.

 
En août 1973, le bathyscaphe français Archimède, accompagné de son bâtiment de soutien Marcel Le Bihan, exécutait la première phase de l’expédition « FAMOUS » (French American Mid Ocean Undersea Study). Au cours des mois de juillet et août 1974, l’Archimède et l’engin français SP3000 d’une part, le sous-marin américain Alvin d’autre part, accompagnés de leurs navires supports, en exécutaient la phase principale au cours de 51 plongées et de 228 heures passées sur le fond à 700 km au sud-ouest des Açores, dans cette grande vallée sous-marine qu’est le Rift médio-atlantique. C’était alors l’extraordinaire moisson de 23 000 photographies, de 100 heures de télévision, de 2 tonnes de roches prélevées par 3 000 mètres de fond sur 167 sites différents.
    Cet exploit remarquable, aboutissement d’un accord de coopération franco-américain datant de janvier 1970, d’un projet établi dans ses grandes lignes en août 1971, d’une longue et minutieuse préparation menée conjointement d’un bord à l’autre de l’Atlantique par le Cnexo (Centre national pour l’exploitation des océans) français et la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) américaine, devait permettre aux géologues et aux géophysiciens de faire un grand pas en avant dans la connaissance de l’histoire et de l’avenir de la Terre en leur apportant de précieuses indications sur la formation des océans et des chaînes de montagnes et sur l’activité sismique et volcanique du globe.
    C’est cette aventure sans précédent que content, dans un ouvrage passionnant, deux personnalités du Cnexo, Claude Riffaud, directeur du Centre océanologique de Bretagne et chef français du projet, et Xavier Le Pichon, géophysicien de réputation mondiale.

1988  (456 p.-[32] p. de pl. en coul.) : ill. ; 25 cm


 C'est une histoire de la plongée classique, complète, qui se lit avec plaisir, écrite par un ancien officier de la Royale qui a participé à l'aventure de la plongée en France, et qui fut d'ailleurs parmi les premiers brevetés du Commando Hubert. Sans doute s'il fallait écrire la deuxième édition maintenant le livre serait nettement plus volumineux et sûrement surprenant pour beaucoup tant l'histoire de la plongée a bénéficié des progrès de l'historiographie, grâce à des amateurs passionnés et aux des thèses d'état qui lui ont même été consacrés, tous ces travaux ouvrant par leur érudition le champ des connaissances sur le sujet. Quoiqu'il en soit, c'est la seule histoire de la plongée disponible en français (d'autres livres plus récents, si intéressants soient ils, ont un champ moins vaste).

Romans



À 4 000 mètres de profondeur, dans les entrailles d’une épave de légende, nous suivons le dramatique huis clos de trois hommes derrière les parois d’un sous-marin d’exploration. L’auteur — qui sait de quoi il parle — met en scène un face-à-face avec la mort, où le présent, le passé, le réel, et l’imaginaire se mêlent sans cesse. L’histoire qu’il nous raconte, est celle d’une bataille pour survivre, dans un univers d’une terrifiante hostilité. Les grands fonds marins, leur étrangeté de « monde à part » sont rendus à la manière d’un reportage.



A la fin du XVIIe siècle, Louis XIV dépêche une ambassade au Siam, dont le but officiel est la conversion du souverain bouddhiste à la religion catholique, et le but officieux de donner à la France une nouvelle colonie par le biais de l'Eglise missionnaire et s'assurer d'un bastion sur la route des épices.



1763-1764. Louis XV crée une nouvelle colonie en Guyane. Des milliers d’émigrants s’embarquent et se 
retrouvent isolés dans une jungle impénétrable.
Les habitants de Cayenne ne veulent pas connaître ces intrus qui, disent-ils, dépassent les quotas d’immigration admissibles, leur ôteront le pain de la bouche et sèmeront la discorde. La ville se barricade.
Désespoir, famine, l’aventure tourne au tragique. De multiples passions se déchaînent.
La fièvre jaune tue au quotidien et la fièvre de l’or du haut pays, tenu par les Indiens, ronge l’esprit d’aventuriers de toutes sortes.

Dans cet univers sans pitié, l’amour de Marie Santenac, fille de planteur, et d’un évadé des galères éclaire d’une lumière douce et romantique cette grande fresque passionnante.


Sur les eaux fangeuses du fleuve brésilien, le Maripola taille sa route. Il accuse près d’un siècle d’âge mais est encore flamboyant de cuivres et de dorures. Sur la passerelle de cet ancien steamer de l’Amazone, le capitaine Joao Cortal sanglé dans sa redingote et cravaté de noir, traîne sa nostalgie depuis que sa blonde épouse a mystérieusement disparu vingt ans plus tôt. Au nord de Cuba, Manuel le vieux pêcheur a frappé au cœur un grand espadon. Un garrot d’acier autour de la queue, un fer de gaffe en travers de l’ouïe, le sabreur des mers n’est plus qu’une dépouille ligotée à bâbord. Soudain la mer devient rouge de sang, une meute de requins fouille les chairs de l’espadon, arrachant des blocs de viande avec leurs dents de tueurs. Cargo mixte affecté aux lignes d’Extrême-Orient, l’Olympic quitte Liverpool avec quelques passagers dont une lady octogénaire excentrique et charmeuse. Le soleil se lève sur Papeete et la belle Helena s’étire dans son lit à baldaquin, son jeune amant la délaisse. Sur les côtes d’Annam, les marins du Tromblon voient émerger de la vase un dragon monstrueux venu de la nuit des temps. La mort du pêcheur de corail, le naufrage du cargo panaméen, les forçats des îles du Salut et bien d’autres composent ici un extraordinaire florilège de nouvelles. L’auteur, Claude Riffaud, membre de l’Académie de Marine, ancien officier et ex-inspecteur général d’Ifremer, conte superbement douze récits passionnants où l’amour et la mort, la violence et la tendresse s’expriment magistralement.

Version anglaise de l'épave oubliée




 1992 ; 432 pages
 Indochine 1946. De découverte en combat, une aventure bien rythmée, écrite d'un ton vif et aussi une réflexion grave sur les hommes et les évènements


Un soir, dans un bar de Singapour, un Chinois m’a raconté une mystérieuse affaire de sous-marin japonais coulé pendant la guerre, dans le Pacifique sud, avec un chargement d’or. Autour de ce fait divers - réel ou non, je ne l’ai jamais su - mon imagination s’est mise à dérouler une histoire. La voici. Deux hommes, ensorcelés par la magie de cet or sous la mer, se lancent à la recherche de l’épave. Ce sont deux aventuriers, deux desperados du monde moderne, qui n’hésitent pas à jouer leur vie, leur mort, avec une sauvagerie désinvolte. Lancés dans une quête dévorante et presque passionnelle, ils se battent contre l’épuisement, contre la peur, contre les requins ! Mais, alors que le vent murmure à leurs oreilles une vieille rengaine : « Si tu veux de l’or, mon ami, plonge, plonge toujours plus bas - plonge ou crève... », ils vont devoir se battre aussi contre les hommes. Car un groupe de révolutionnaires est également sur la piste de l’or. Puissants, efficaces, ces concurrents sont d’autant plus dangereux qu’ils disposent de techniques modernes. Et à leur tour, de façon méthodique autant qu’implacable, ils se mettent en chasse... Suspense dramatique, escalade de violence : c’est l’affrontement ! Mais derrière ces actions flamboyantes, ces impitoyables combats au milieu des splendeurs sous-marines, a lieu un autre affrontement, plus secret. Celui d’un homme et d’une femme pris dans les mailles d’un amour à la fois tendre et sensuel, un amour qui a parfois des accents désespérés, parfois ceux d’une éternelle jeunesse... C.R.


Posthumes (édités par sa fille) 

Dans ce récit se trouve une réflexion grave sur la lutte contre la terreur, le courage, l’honneur et l’amour.


Juin 1940. La France s’effondre. Des réfugiés, hommes, femmes, enfants dépenaillés, au regard vide déferlent vers le sud. Dans un village le long de la Garonne, tous ne recevront pas un accueil bienveillant. Marc Denois, jeune étudiant en droit, pas mobilisable vient en aide au pilote Louis Caroff dont l’avion s’est s’écrasé aux bords de la Garonne. Après la mort mystérieuse de plusieurs villageois les deux amis découvrent un monde de traitrise, de malveillance et d’horreur. Suite à l’appel du général de Gaulle, le 18 juin sur la BBC, Louis Caroff part pour l’Angleterre se joindre à La France Libre. Marc, épris de la belle Marie-Louise, comprend qu’il doit la quitter. Le cœur brisé, il ne lui reste qu’une voie de salut, il opte pour le képi blanc. Cinq ans plus tard à Saigon, leurs regards se croisent… Dans ces pages se trouve une réflexion grave sur les hommes, l’honneur, l’amitié et l’amour. Grande fresque dramatique et passionnante.

Juin de cendres version anglaise



Bathyscaphe

L’Archimède (Wikipédia)

La mise à l'eau le .
Archimède et le Marcel Le Bihan..

En novembre 1955, les membres du comité du bathyscaphe émettent le vœu que cet engin soit construit. La Marine demande alors à Willm et Houot de faire l'étude d'un avant-projet et de chiffrer le coût de la construction. En 1958, l'argent nécessaire ayant été réuni (avec participation de la Belgique grâce au Professeur Dubuisson), la construction est lancée à Toulon.

Le nouveau bathyscaphe, initialement nommé B 11 000 (B pour Bathyscaphe) car il pouvait atteindre des fonds de 11 000 mètres, est finalement baptisé "Archimède" et mis à l'eau le .

Ses caractéristiques sont les suivantes : longueur 22,1 mètres, largeur 5 mètres, hauteur 8 mètres ; la sphère a un diamètre intérieur de 2,10 mètres, une épaisseur de 15 centimètres et comporte 3 hublots, le flotteur comporte 20 réservoirs d'essence (171 000 litres) et un réservoir d'essence largable (3 700 litres).

La gabarre de mer de la marine nationale Marcel Le Bihan assure la mise en œuvre et le soutien de l’Archimède.

Le commandant Houot commande ce que l'on appelle désormais le « groupe des bathyscaphes ».

Après des essais satisfaisants en Méditerranée, se pose alors le choix de la fosse marine pour tester l'appareil aux grandes profondeurs. Pour des raisons budgétaires et politiques, il se porte sur la fosse des Kouriles, au nord du Japon. En effet, un navire océanographique soviétique y avait détecté des fonds de 10 500 mètres (en réalité on constatera que la profondeur ne dépasse pas 9 500 mètres).

Le  Houot et Willm effectuent la première plongée à grande profondeur de l’Archimède. Ils touchent le fond à 9 200 mètres et y restent 3 heures.

Dans les jours suivants ont lieu d'autres plongées d'essais dont une permit d'atteindre un fond à 9 500 mètres.

Désormais l’Archimède est opérationnel et il peut alors être régulièrement utilisé pour des travaux de recherche scientifique

De 1962 à 1974 l’Archimède effectue 208 plongées opérationnelles sur les plaines abyssales et dans les grandes fosses du globe (Méditerranée, Japon, Porto Rico, Grèce, Madère et Açores). L’Archimède est d'abord piloté par le commandant Houot (65 plongées), puis par les officiers en second O'Byrne, de Froberville (qui prendra en 1970 le commandement du Groupe des bathyscaphes), de Guillebon et Harismendy). 38 chercheurs de disciplines et nationalités diverses ont pu plonger pour réaliser des programmes scientifiques.

En 1974, l'Archimède participe à l'Opération FAMOUS (French-American Mid-Ocean Undersea Study), expédition franco-américaine d'exploration géologique de la dorsale médio-atlantique 


Revue Cols Bleus 1997-06-07








Documents transmis par son fils Hervé :

Laisser-Passer 1942 ( Caudrot en Zone Libre)


Permis de conduire militaire 1946



Livret de famille 




J'ai appris de nouvelles choses sur Riffaud :
Il s'est marié en 1951 et a eu au moins 2 enfants, sa fille qui a publié ses écrits posthumes et un fils Hervé avec qui je suis en contact. 
Ils habitaient Toulon, (mariage en 1951) où son fils habite encore 
Bizarre qu'il n'ait pas écrit ses mémoires...
Il serait venu vers 80 présenter l'opération Famous au lycée de La Réole..
Son frère Christian capitaine au long cours marié à Tanya Mamontoff, avait le château Gayon à Caudrot... 

sommaire-tous-les-articles Un destin exceptionnel et dramatique GEMIN (Pierre Jean) est né à Caudrot le 9 juin 1921.      Fils de Jean Robe...



Un destin exceptionnel et dramatique

GEMIN (Pierre Jean) est né à Caudrot le 9 juin 1921.
    Fils de Jean Robert, charpentier puis cafetier et de Jeanne née Dubourg, Pierre Gemin, fut élève de l'Ecole laïque de Caudrot du 1er octobre 1927 au 14 juillet 1933, puis du Collège de La Réole du 1er octobre 1933 au mois de juillet 1939, date à laquelle il passa brillamment les épreuves du baccalauréat.

    Il entra ensuite au Lycée de Bordeaux d'octobre 1939 au mois de mai 1940, puis passa au Lycée Saint-Louis, à Paris, pour y suivre les cours supérieurs de mathématiques spéciales et préparer l'Ecole de l'Air.
     Les succès qu'il avait obtenus dans ces divers établissements justifiaient tous les espoirs et l'accès des grandes écoles allait s'ouvrir à ce sujet d'élite quand éclata la guerre de 1939.

   Il a  participé à la manifestation des étudiants à l'Arc de Triomphe au 11 novembre 1940, (Voici un film relatant cette manifestation du 11 novembre 1940 ICI)
    Le lendemain de la manifestation, le commandement militaire allemand de Paris fait fermer tous les établissements d'enseignement supérieur de la capitale. Les étudiants provinciaux doivent rentrer chez eux.
     Il  rentre à Caudrot. Il en repart aussitôt, gagne l'Espagne en traversant à la nage la Bidassoa et va demander au consul d'Angleterre, à Bilbao, de le faire passer en Angleterre pour s'engager dans l'aviation.
    Le consul ne s'y prête pas et lui conseille de rentrer en France, où ses services peuvent être plus utiles. Pierre Gemin rentre à Caudrot en traversant à nouveau la Bidassoa à la nage et en évitant de justesse les balles des carabiniers, en sautant d'un train en marche.
    Grâce à un contact avec Albert Baudrillart, il rejoignit le réseau Chabor, sous-groupe du réseau Kléber-Terre, animé par des officiers du 2e bureau qui coopéraient avec le SOE. (Le Special Operations Executive est un service secret britannique qui opère pendant la Seconde Guerre mondiale. Le SOE est créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissout le 30 juin 1946.

    Il fut chargé de relever les plans des défenses secrètes du fameux Mur de l'Atlantique
    Il accompagna, entre autres missions, à la frontière espagnole trois officiers anglais tombés en parachute à La Réole.
    Il est d'ailleurs impossible de savoir avec exactitude les services qu'il a pu rendre, car la procédure allemande a été détruite, lors de la fuite, par les services de l'ennemi, et le chef direct de Pierre Gemin, déporté en Allemagne, est mort en captivité. Mais son rôle dut être important, car depuis son arrestation, le 9 août 1941, au café des Arts, à Bordeaux, jusqu'au 8 juillet 1942, date de sa condamnation à mort pour "aide à l’ennemi", il fut l'objet d'une longue instruction serrée et sévère.

    Les Allemands ne ménagèrent aucune torture pour le faire parler : sévices, écrasement des doigts, privations presque totale de nourriture, au point que cet athlète, à certains moments, ne pouvait plus se lever de son lit. Puis, de temps à autre, régime meilleur dans des cellules communes, succédant à l'emmurement dans un cachot sans fenêtres, pour abattre sa volonté et sa résistance morale et physique.
(Extrait de sa biographie ci dessous)

    Dénoncé avec d’autres membres de son réseau, arrêté à Bordeaux lors d’un rendez-vous le 9 août 1941, il fut incarcéré au fort du Ha dont il tenta vainement de s’évader. 
    Il fut torturé, puis condamné à mort pour "aide à l’ennemi" et fusillé le 13 juillet 1942.
    Dans sa dernière lettre à sa famille, il écrivit :"Dites-vous que votre Pierrot est mort pour une noble et grande cause."
    Il fut homologué au grade de Lieutenant des FFC, et reçut la Croix de Guerre avec palmes et la médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume.
Son nom est inscrit sur les monuments aux mort de Souge, de Caudrot. 
et, avec 299 membres de services spéciaux, sur le Monument commémoratif des Services Spéciaux de Ramatuelle (83).

Un monument unique :
    Le Mémorial de Ramatuelle est l’unique monument dédié aux membres des Services spéciaux morts pour la France, lors de la seconde guerre mondiale. Différentes cérémonies du Souvenir sont organisées chaque année, notamment pour le Débarquement de Provence (aout 1944 ) et la Commémoration du 8 mai 1945. Le monument est entretenu par la  Ville de Ramatuelle, avec la participation de l’AASSDN.(Association des anciens des services spéciaux de la Défense nationale).

Liste des noms inscrits
    Ce monument permet à l’Amicale d’honorer la mémoire des 299 héros morts pour avoir servi la France, dans l’ombre de l’histoire.
Une commémoration eut lieu le 15 août 1945 à Caudrot
Voici un film de cette cérémonie
Film Jean Saubat

Actuellement deux rues portent son nom à Caudrot et Gironde sur Dropt :

Le réseau Kléber, Vénus, Chador (ceux du SSDN)
    Le service de renseignement Kléber-Terre est un service permanent des armées en France. 
    Dissous par les allemands, mais maintenu dans la clandestinité, il apporte une aide décisive aux alliés. Son activité consiste à suivre toutes les évolutions des positions des troupes allemandes. Vénus, Chabor sont des sous groupes régionaux : Limoges et Périgueux en la circonstance.
    Plusieurs jeunes chrétiens venant du Nord de la France et voulant entrer en résistance rejoignent ce mouvement et traversent à de multiples reprises la ligne de démarcation. Six membres de ce réseau ou travaillant avec lui sont fusillés à Souge. Un agent double les a tous «
donnés ».

https://www.fusilles-souge.asso.fr/gemin-pierre-souge/

Service historique de la défense

GR 28 P 4 25 / 59 Dossier individuel de Pierre GEMIN 1941 1948 GR 16P 249873
Documents trouvés aux archives départementales de la Gironde

Lettre d'appel au préfet de la Gironde pour la libération de Pierre Gemin 


Transcodage de cette lettre :

10, rue d'Anjou 9 Mai 1942

Mon cher Préfet et ami,

 J'ai beaucoup hésité à vous écrire cette lettre mais après mûre réflexion, je ne crois pas devoir m’y soustraire.
    Voici le cas : je suis très lié avec une famille de Caudrot (gironde), ou j'habite en temps normal l’été.
    L’aîné des fils Pierre Gemin qui poursuivait de brillantes études en mathématique spéciales a été arrêté le 8 août par les allemands.
    Il va paraît il passer en jugement ces jours ci.
    Je crois savoir qu'il est mêlé à une affaire d'espionnage  mais  je ne sais dans quelle mesure ni dans quelles conditions.
    Il ne peut être question d'intervenir dans le jugement et c'est pour cela que je vous écris n'y aurait-il pas lieu, en accord avec les autorités Universitaire de suivre l’affaire et pour intervenir en cas de condamnation très grave.
    Laissera-t-on fusiller un enfant de 20 ans ?
    D'autant que c'est un très brillant sujet.
Je ne regrette pas de vous avoir écrit et de vous demander de vous intéresser à cette cause.
    Vous imaginez l'angoisse de sa famille et de ses amis dont je suis.
    Je pense aller à Bordeaux le 23.  
    Je demanderai à votre secrétariat si on peut vous serrer la main au moins entre deux portes.
    Merci d'avance car je suis sûr que vous compatirez 
Croyez cher Préfet et ami, à mes biens cordiaux sentiments


Notes de l'avocat : (Transcodés à la suite)




H. KAPPELHOFF-LANCON      27.05.1942.
Avocat à la cour d'appel de Bordeaux
8.rue Esprit des Lois 53-60

Monsieur le Directeur,

    Un appel du Tribunal militaire Allemand  hier matin dès mon arrivée à mon cabinet m’a obligé de tout abandonner et je suis revenu à mon cabinet après midi n'ayant pu pour cela me présenter à vous.
    Ce matin encore je commence à plaider à 8h30 pour une affaire qui durera la majeure partie de la journée.
    Je ne veux pas retarder davantage à vous donner tous les renseignements que vous désirez..
    Je ne connais pas le dossier de Pierre Gemin et ne le connaîtrai jamais, car c’est une affaire d'espionnage tout à fait caractérisée : je ne serais même pas admis à la plaider en raison du caractère ultra secret de l'affaire. Je n'ai pas pu voir l'intéressé et ne le verrai pas -
    Je puis cependant affirmer qu’il est poursuivi pour espionnage et vu ce que je sais - mais le secret professionnel m’interdit de révéler - je sais qu'il ne peut échapper à une condamnation à mort s’il est jugé.
    J’ai connu son activité dans l'affaire des 2 frères Lapeyronnie, fils du docteur Lapeyronnie de Bordeaux : et je n’ai pas été autorisé à voir le dossier.
    J’ai seulement assisté comme avocat aux deux audiences : le rôle de Gemin est certain ; il a déclaré travailler pour les services français. Gemin était présent et entendu comme témoin car il avait  cherché à enrôler les deux garçons .J'ai eu  l'occasion de parler de lui à des gens qui l'avaient approché notamment à des membres de professorat du lycée. Il est ai je compris, très intelligent et très doué -  Il en donne l'impression indiscutable - je ne  cache pas que j'ai été très ému en le voyant a ces deux audiences et sachant le sort qui l’attend tôt ou tard.
    J'ai fait pour aider moralement sa mère tout ce qui était possible.
    Il m'apparaît que la famille comme le garçon indépendamment de l'accusation que je n'ai pas à juger, sont absolument dignes d'être aidés.
    J'ai fait et ferais l'impossible pour eux.
    Voilà Monsieur le directeur ce que je voulais vous dire hier. Je passerai vous confirmer et vous donner un commentaire sur ces éléments de fond.
    Je vous prie……..


  1. Concernant les dernières lettres des 70 otages fusillés de 21 septembre 1942, les familles des fusillés ont rendu publiques la plupart d’entre elles. À ce sujet, on lira les dernières lettres d’otages de Louis Laverny et  Gemin dans le livre de Christophe Dabitch, : 24 octobre 1941, Bordeaux, les 50 otages, un assassinat politique, Éditions C.M.D, 1999, page 121-122,
    ou bien celles de plusieurs fusillés (pages 215 à 218) et en fin de couverture celle de René Mellier dans l’ouvrage du Comité du souvenir des fusillés de Souge (ouvrage collectf), 
    Les 256 de Souge, fusillés de 1940 à 1944, Le Bord de l’eau, 2014.


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