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       En l'an 2000, " Le Réolais" reprenait une série d'articles de L'Union , son prédécesseur jusqu'en 1945. Vo...

1900-2000 : articles du journal 'l'Union'

     En l'an 2000, "Le Réolais" reprenait une série d'articles de L'Union, son prédécesseur jusqu'en 1945.
Voici ces articles transcodés à partir des archives du "Réolais".

I - La Réole, sous préfecture de Gironde (François Cantegrel)

II - Quand le tabac fermentait à la Réole (1908-1983) (Alexandre Georgeault)

III - Échouage du “Ville de La Réole” 

IV - La lumière électrique

V - L'éclairage de la Gare



I - La Réole, sous préfecture de Gironde

    En 1900, La Réole est sous-préfecture, ainsi que Bazas. Elle l'est restée pendant 126 ans, de 1800, date de la création des arrondissements(an VIII) de la République), jusqu'à la réforme administrative du gouvernement Poincaré (1926) qui en supprima une centaine.
    Qu'il s'agisse de la formation des découpages nouveaux, entre 1789 et1900, ou de leur révision en 1926, le cas de La Réole est un cas à part.
    Un ouvrage très récent (octobre 1999), publié et édité à Paris par Claude Martin, "Ces sous-préfectures oubliées" , fait état de ces particularités.  Article de François Cantegrel

Découper la Guyenne 

    “C'est (...) le 29 septembre 1789 que le comité de constitution de l'Assemblée Nationale présente une première ébauche de la nouvelle carte administrative du pays. Il avait divisé la Basse Guyenne en trois départements dont les chefs-lieux devaient être Bordeaux, Dax et Agen. Le Bazadais était compris dans le département de l'Agenais. 
    Ancienne capitale de “cité" gallo-romaine, évêché important, chef-lieu de sénéchaussée, siège de présidial, Bazas pouvait protester à bon droit (malgré sa décadence économique et démographique) contre la désinvolture avec laquelle on la traitait. De son côté, La Réole, cité la plus active du Bazadais, et qui pouvait s'enorgueillir, elle aussi, d'un passé glorieux, protesta énergiquement contre son rattachement à l'Agenais. (...) 
    Lavenüe (député de Bazas) présente au comité de constitution un plan qui divise la province en quatre départements au lieu de trois, donc. Il s'agit de ceux de Bordeaux (...), d'Agen (...), de Dax (...) et“ des Landes ” (...). 
    Aucune ville ne pouvait s'imposer indiscutablement comme chef-lieu du département “sans nom”, aussi la rivalité qui opposa La Réole à Bazas fut peut-être la cause principale de l'échec du projet.” (C. Martin, ouvrage cité, p. 22-23)
    Pourtant les Réolais et Bazadais avaient eu gain de cause sur un point : ils ne dépendaient pas d'Agen, mais de Bordeaux. Finalement, le Consulat créa, en 1800, les arrondissements, circonscription intermédiaire entre les cantons et les départements, à une époque où les trajets jusqu'à la préfecture étaient fort longs. Et, à la tête de l'arrondissement, les sous-préfectures et les sous-préfets. La Gironde, premier département de France par l'étendue, n'avait pas moins de cinq sous-préfectures: Blaye, Lesparre, Libourne, Bazas et La Réole.     Jugement de Salomon : faute d'attribuer une préfecture à l'une des deux, on dotait chacune d'une sous préfecture... 
    A La Réole, la sous-préfecture fut installée dans le prieuré bénédictin, récupéré par l'Etat en 1791 en tant que bien national. 

    Elle occupait le côté sud du cloître. Parmi les “locataires” du vénérable bâtiment, l'histoire a surtout retenu le nom du premier, Constantin Faucher, l'un des deux jumeaux. 
Le premier démissionne ; le dernier déménage 

    Ce que Claude Martin dit (ouvrage cité, p. 30) du célèbre jumeau est édifiant: “Le Sieur Faucher fit, dès 1803, détruire deux des quatre galeries du cloître (...). Il n'eut pas le temps de détruire les deux autres comme c'était son intention. Il faut dire que le sous-préfet vendait à son profit les matériaux ainsi “ récupérés ”. Les agents des domaines réussirent à mettre fin à l'entreprise. Le sous-préfet fut invité à présenter sa démission, ce qu'il fit immédiatement (dès 1803) en devenant probablement le premier sous-préfet démissionnaire de l'histoire
    Le dernier sous-préfet de La Réole s'appelle M. Botton... Nommé ici en 1925, il eut à fermer dès l'année suivante la maison que son lointain prédécesseur avait tenté de démolir.    Mais il n'eut pas à déménager très loin, comme bien des sous-préfets déchus. Cas presque unique parmi la centaine de suppressions de 1926, celle de la sous-préfecture de La Réole, en même temps que celle de Bazas, a eu pour effet d'en faire apparaître une à Langon. Comme en 1800, les deux cités rivales sont renvoyées dos à dos. Cependant, le nouveau sous-préfet de Langon n'est autre que M. Botton, qui eut donc à aménager ses bureaux à moins de vingt kilomètres de son précédent poste. 
    Comme il arrive parfois, le décret du 10 septembre 1926 n'était pas d'une clarté éblouissante. S'il prévoyait bien la suppression de la sous-préfecture de Bazas, nulle mention n'était faite de celle de La Réole. C'est ce qui explique, semble-t-il, les réactions mesurées des Réolais, à commencer par leurs élus. Bien sûr, ils relevaient que le canton de La Réole faisait partie du nouvel arrondissement de Langon, à côté de celui de Bazas.
    Le chroniqueur anonyme de l'Union (19 septembre 1926) fournit des explications à cette bizarrerie administrative : “L'anomalie du décret qui ne nous supprime pas ne peut avoir d'explications que dans l'inertie de nos mandataires d'une part et de l'autre dans la vigilance de nos voisins qui nous ont très habilement supplantés”.
    Et d'appeler à la formation d'un Comité de Défense des Intérêts locaux. En vain.
 
Protestation de la ville de La Réole 
    Quelques jours plus tard (26 septembre), l'Union donne un compte rendu du Conseil Municipal où “la Municipalité tout entière est disposée à protester par tous les moyens contre cette mesure arbitraire, protestation allant jus qu'à la démission collective si nécessaire". 
Avant de citer en entier la “protestation de la ville de La Réole”, portée à Paris par le Maire, Claude Martin (ouvrage cité, p. 400) revient sur la particularité du cas de La Réole. 
"Les édiles de Langon, bénéficiaires du transfert, ne veulent pas “jeter de l'huile sur le feu”.
    Un adjoint au maire de cette ville adresse, le 29 septembre 1926, une lettre à M. Grillon, maire de La Réole. L'auteur (agissant ou non pour l'ensemble de sa municipalité ?) dément que M. Papon, maire de Langon, ait effectué un voyage à Paris pour obtenir le transfert de la sous-préfecture de La Réole à Langon, comme M. Grillon le croyait. Il rappelle que ce n'est qu'à cause du décret du gouvernement, que Langon est devenue sous-préfecture et que cette décision a été prise sans que l'appréciation de M. Papon ait été sollicitée. 
    L'auteur ne se permet pas d'ajouter ce que les Réolais contemporains n'ont pas dû manquer de penser, à savoir que cet adjoint anonyme pouvait avoir été chargé de mentir à la place du maire... 
    Le maire ne s'avoue pas vaincu pour autant. “Jusqu'au 14 mars 1931, soit près de cinq ans après la suppression, M. Grillon adresse encore une lettre aux sénateurs de la Gironde et aux députés de l'Aquitaine. Prenant argument des conséquences néfastes du transfert pour la ville, il demande l'appui de ses correspondants pour réclamer le rétablissement de la sous préfecture...”(C. Martin, ouvrage cité, P. 401). 
    A cette date, Raymond Poincaré n'est plus Président du Conseil. A Paris, le gouvernement de la République a d'autres soucis. A Langon, le sous-préfet arrondit comme il peut les angles dans son nouvel arrondissement. A La Réole, sous le pont suspendu, la Garonne suit son cours. 
François Cantegrel


II - Quand le tabac fermentait à la Réole (1908-1983)
Un article de Alexandre Georgeault
Alexandre Georgeault nous a quittés le jeudi 29 mars 2012, à l'âge de 85 ans.

    A la sortie Est de la ville, en bordure de l'avenue Gabriel Chaigne (R.N. 113), de beaux et vastes bâtiments, abritent depuis novembre 95, les musées de La Réole (musée automobile, du matériel agricole, militaire et ferroviaire). Ils ont été créés par André Sagne, Réolais bien connu, dynamique et passionné qui a toujours fait preuve d'une activité débordante. 

“L'entrepôt” 
    Aujourd'hui encore, pour de nombreux Réolais, ces bâtiments sont “ l'Entrepôt” (sous-entendu “des Tabacs ”). C'est une appellation qui est restée dans les mémoires. Or les dénominations successives ont été “Magasin des Tabacs en feuilles" dans les premières années seulement, puis Entrepôt des Tabacs jusqu'en 1961, enfin “Centre de Fermentation des Tabacs”  jusqu'à sa fermeture en 1983. 
    Ces appellations n'ont modifié aucunement les missions de l'établissement à savoir l'achat, la fermentation, le stockage et les expéditions dans toute la France à la demande des manufactures. Ce centre était très important, il a traité jusqu'à 2000 tonnes en une année.
    Les retombées économiques furent considérables. 

Répondre au désir des planteurs 
    Avant la création de l'entrepôt de La Réole, les planteurs livraient leurs récoltes à Langon, ce qui n'était pas simple pour les cultivateurs des communes riveraines du Lot et Garonne.
    La distance était grande. En outre, pendant la dernière décennie du siècle dernier et au début de celui-ci, l'Etat accorda, à plusieurs reprises, des augmentations des droits de plantation. Le Réolais en fut grandement bénéficiaire. Le tabac était cultivé dans presque toutes les exploitations (elles étaient petites et nombreuses à cette époque).
    Les nombreux séchoirs que l'on voit encore dans nos campagnes en témoignent.
Pas tout à fait cependant ; beaucoup ont disparu du paysage, et certains de ceux qui résistent encore aux outrages du temps sont parfois dans un état de santé inquiétant. 
    Il n'y a plus de “médecin" pour veiller sur eux ! Les petites exploitations sont de plus en plus rares et les tabaculteurs de moins en moins nombreux : ils ne sont plus que 80 en Gironde. 
    Dans notre région, le tabac a longtemps été la principale source de revenus pour beaucoup d'agriculteurs. 
    Au tournant du siècle, l'augmentation des surfaces plantées imposait soit l'agrandissement de l'entrepôt de Langon, soit la création d'un entrepôt à La Réole. Les planteurs voulaient que soit retenue la deuxième solution et leurs organisations exercèrent de fortes pressions auprès des autorités de l'arrondissement de La Réole (député, sénateur, conseillers généraux, municipalité de notre ville). 
    Dès les dernières années du siècle dernier, les responsables prirent conscience de l'intérêt économique d'une telle création et œuvrèrent en conséquence. 

Une longue et douloureuse gestation 
    Les premières démarches auprès des pouvoirs publics furent effectuées par la municipalité de La Réole dès 1892. De très nombreuses suivirent. Le député Gabriel Chaigne et le sénateur Thounens intervinrent également.
    On fit valoir que 1700 planteurs étaient intéressés par cette création. 
    Mais l'Etat tardait à prendre une décision. Hésitant entre l'agrandissement de l'entrepôt de Langon et la création d'un établissement à La Réole, il faisait alterner le chaud et le froid, monter les enchères. 
    La ville de Langon, soutenue par le député Constant, de Bazas, hostile au projet de La Réole, s'engageait à supporter la totalité de la dépense inhérente à l'agrandissement de son établissement. Malgré les difficultés, le maire de La Réole, M. Perrein, ne baissa jamais les bras. Il fit nombre de voyages à Paris pour plaider le dossier auprès des ministres successifs et des personnalités influentes. Le député Chaigne et le sénateur de l'arrondissement ne restaient pas inactifs. Le combat fut rude et long. Finalement, l'Etat fit le choix de La Réole.
    La convention entre la ville et le directeur général des Manufactures de l'Etat fut signée le 4 novembre 1905. La Réole faisait don du terrain et mettait à la disposition du ministre des finances la somme de 150 000 francs au titre de sa contribution au financement des travaux.     Seulement 27 communes acceptèrent d'aider financièrement la ville. 
    L'adjudication eut lieu le 17 mai 1906. Après plusieurs années d'efforts, La Réole allait enfin avoir son “ Magasin des Tabacs en feuilles “ qui finalement fut terminé en 1907. 


Les premières livraisons 
    La première campagne de livraison dura du 9 janvier 1908 au 19 mars, au profit de 51 communes. Grande fut la satisfaction des planteurs : ils n'avaient plus besoin d'aller livrer à Langon dont l'entrepôt fut quand même agrandi. 

De l'achat à l'expédition 
    Après le triage par longueurs et couleurs, la confection des manoques (assemblage de 25 feuilles dont l'une servait de lien), la confection des balles (assemblage de 200 manoques), les planteurs livraient leur récolte selon un calendrier fixé par l'administration. 
Arrivée des balles...(collection. C Laroque)

    Suivant les années, la campagne commençait courant décembre ou début janvier et elle se terminait courant mars. 
    La matinée même de la livraison, le tabac était pesé, examiné en présence du planteur, par deux experts : l’un représentait l'administration, l'autre les producteurs. Chacun prélevait une manoque dans les balles pour déterminer contradictoirement la qualité de la récolte et arrêter un classement (A1, A2, B1, B2, etc...). A partir de 1959 fut accordée une prime au tabac léger, ce qui entraîna une modification des indices de classement: L1, L2 pour le tabac léger; P1, P2 pour le tabac nourri; PP1, PP2, PPK pour le tabac lourd. Ce classement transmis aussitôt à la comptabilité permettait à celle-ci d'établir le montant de la somme à payer.
    Le titre de paiement était remis le jour-même au planteur, en fait à celui ou celle qui était propriétaire de l'exploitation. Il y avait des satisfactions, il y avait des déceptions; certains planteurs estimant que leur récolte était sous-évaluée. 
    Mais bien sûr, la décision appartenait aux experts et à eux seuls. 
    L'expertise terminée, le tabac était transporté dans les salles de fermentation. En effet, après séchage les tabacs ne constituent pas encore une matière première directement utilisable en manufacture. Il est nécessaire de leur faire subir un traitement : la fermentation qui a essentiellement pour but de développer leurs qualités particulières et de rendre la conservation plus facile. Les méthodes utilisées varient en fonction du type de tabac. 
    Dans notre région on ne cultivaient que le Paraguay entrant dans les mélanges utilisés pour les Gauloises et le Scaferlati (tabac pour la pipe ou les cigarettes roulées à la main). 
    Et la fermentation du Paraguay se fait en masses
    Ces masses sont construites sur le plancher, elles se composent de plusieurs bancs construits côte à côte. La longueur des bancs est fonction de la largeur de la pièce : leur largeur peut aller jusqu'à 2 mètres pour une même hauteur. Dans ces bancs sont placés des tubes en bois contenant un thermomètre. La température ne doit pas dépasser 50°
    Pour éviter le dépassement de température, le banc est défait et un autre est construit. Les manoques du dessous passent dessus et celles de l'extérieur à l'intérieur. 
    Cette opération s'appelle le retournement, dont le nombre varie en fonction de plusieurs facteurs. Trois sont parfois nécessaires avant que la température ne se stabilise.
La fermentation peut durer de 2 à 3 mois. La construction des bancs, les retournements incombaient aux femmes. C'était un travail désagréable: chaque fois, il fallait secouer les manoques pour les aérer et les débarrasser des saletés. L'abandon du manoquage au début des années 70 a permis de monter et de retourner mécaniquement les bancs ce qui a simplifié le travail, mais hélas, entraîné une diminution sensible de la main-d'œuvre. 
    La fermentation terminée, le tabac était pressé, emballé dans les toiles, stocké et expédié à la demande. 

Un bon employeur 
    Il existait deux catégories de personnel : les permanents (ils avaient le statut d'employés de l'Etat) et les saisonniers
    Appartenaient à la première catégorie, l'entreposeur (chef de centre), le chef d'atelier principal, les chefs d'ateliers (3 à 4), les agents techniques (3 à 4 également) et les administratifs (peu nombreux). 
Entrepôt 56 Mmes Dubourg, Mongie...(collection. C Laroque)
Entrepôt 56 : Michel Rapin, Jean Artins...  (collection. C Laroque)

    Les saisonniers étaient employés en fonction des besoins. Les hommes, une trentaine, assuraient la manutention.
    Un petit nombre, payé par la fédération des planteurs, travaillait seulement pendant la période de livraison : il prenait le tabac sur le quai de déchargement pour le transporter dans la salle d'expertise.
    L'autre groupe, payé par la SEITA, assurait la manutention entre la salle d'expertise et les pièces de fermentation. On faisait également appel à lui pour le stockage et le chargement des wagons lors des expéditions. 
    Ces expéditions se faisaient à dates fixes. 
    Les femmes (environ une centaine) montaient les bancs de fermentation et procédaient au retournement. Certaines travaillaient seulement quelques mois, voire un mois, d'autres (un petit nombre) presque toute l'année. 
    Le centre avait la réputation d'être un bon employeur. A qualification égale, les salaires étaient nettement supérieurs à ceux pratiqués dans le privé et un acompte était versé le 15 du mois. 

Les retombées économiques 
    Cet établissement a grandement bénéficié à l'économie locale. Il assurait des revenus non négligeables aux planteurs dont profitaient le commerce réolais. Et, lors de la livraison de la récolte, ils mangeaient au restaurant (le repas était souvent payé par le propriétaire de l'exploitation). 
    Tous les saisonniers hommes avaient une autre activité. La plupart étaient agriculteurs.           Nombreuses aussi étaient les femmes ayant un emploi. Ainsi les salaires versés par l'établissement augmentaient les ressources des ménages dont bénéficiaient largement l'économie locale. 

Une mort programmée 
    Hélas le déclin du centre de fermentation a commencé dès le début des années 1970 avec la diminution de la production qui chutait d'une année sur l'autre de 10% en moyenne avant de se stabiliser à un niveau très bas. La mécanisation du travail liée à la fermentation a joué, elle aussi, un rôle important. 
    Il en a résulté une diminution progressive de l'activité et du personnel.
    La dernière récolte livrée a été celle de 1982 et l'établissement a fermé définitivement en 1983 au profit de celui de Langon. Ainsi ce centre qui avait tant apporté à l'économie locale, succombait, terrassé par l'évolution du monde agricole, la mécanisation et la nouvelle politique de la SEITA, en recherche constante de compétitivité, qui fermait petit à petit ses centres.
    Le progrès est parfois cruel. 
A. Georgeault 


Elian Crampes
En ce qui concerne l'entrepôt des tabacs, j'ai travaillé en tant que saisonnier pendant 30 années, trois mois par an, décembre, janvier février. J'ai embauché à la Réole de 1971 à 1983 et à Langon de décembre 1983 à la fermeture en 2001.
Langon a été le dernier centre de stockage et de fermentation à fermer en France.
Les planteurs avaient leurs propres établissements pour réceptionner et acheter le tabac aux planteurs et ensuite il était transporté au centre de Langon. Nous recevions tout le tabac de la moitié sud de la France.
Actuellement il ne reste que 4 producteurs en Gironde qui produisent du tabac blond. 


En 1995 André Sagne reconvertit l'immense bâtiment en Musée de l'Automobile
Le musée ferme en 2006.
Le contenu du musée est vendu aux enchères



2009 - 41 appartements dans l'ancien musée.
La société Les Cuisines AS, a revendu cet immense immeuble, à un particulier
Une quarantaine d'appartements de 120 à 200 m², vont y être installés.
L'Atelier d'architecture Baobab, de Bordeaux, assure la maîtrise d'œuvre du «Clos du Musée»

2012 - Marché Fermier : organisation du marché nocturne ce samedi 25 août dans l’ancienne manufacture de tabac  Reconversion réussie pour la manufacture

Avril 2012 : Article de Christo Laroque
Défilé...
Sacré Lydie ! 
Elle te fait des trucs incroyables !
Dans un ancien entrepôt de tabacs d'un village de 4.000 habitants ! En pleine cambrousse !
Non seulement les gens se pressent sur cinq rangs et cinquante mètres pour applaudir, mais elle t'habille d'un coup de patte les Réolais par générations entières! Grand-mère, mère et fille défilent, mari et femme, ados et fillettes se baladent, à l'aise, portant la mode Carpe Diem sous les projecteurs... Pas de chichis, pas de mannequins figés dans des attitudes étudiées.
On est là pour voir ce qu'on pourra porter tous les jours et ça enlève le côté guindé de ceux qui se prennent trop au sérieux. Pari gagné : on ira dès cette semaine au magasin de la rue Armand Caduc, jeter un coup d'œil à la petite robe sixtie's en couleurs parce qu'on sait qu'on pourra la mettre, même à La Réole, même ailleurs!
    Et le monsieur au premier rang a déjà presque sur le torse la chemise de lin blanc qui lui a tapé dans l'œil! Je le sais : je l'ai vu... La Réole défile pour la mode, et en plus on connaît tout le monde! Magie de la rencontre, du lieu, de la convivialité et de la simplicité. Après, on mange et on boit en qualité! Et, mecs et nanas mélangés, devinez quoi : on parle chiffons! Même dans les années 50 personne n'aurait osé faire ça! Et les serveurs qui amènent le punch et les verrines ne sont même pas en smoking! Inutile, ça ne pourrait que casser l'ambiance «bon-enfant»...et d'ailleurs il y en a au moins deux qui n'entreraient plus dans leur costume de mariage! Mais après avoir vu ça ils sauront où aller pour se fringuer... 
«Carpe Diem», ça veut juste dire que le moment présent a un avantage sur tous les autres:il nous appartient.
    Et ça signifie aussi qu'une femme qui en a dans la tronche peut cueillir le jour pour l'offrir à ses contemporains, afin qu'ils se revêtent de sa beauté. Il est plus de onze heures du soir et on discute encore. Il n'est pas impossible non plus que samedi soir Lydie soit parvenue à apprivoiser et à cueillir aussi la nuit..
    Aujourd'hui, l'ancienne manufacture est utilisée pour des événements festifs ponctuels et à partir du mois d'octobre 2014, elle va devenir un lieu de «coworking»: plusieurs entreprises vont s'y installer pour travailler dans un espace de travail partagé et collaboratif.

2014 : L'ancienne manufacture de tabacs s'est reconvertie sous l'impulsion de l'association «Manufacture et Cie» en un haut lieu d'exposition pour un marché des créateurs mais aussi culinaire avec la gastronomie.

2016 : Arrivée d'entreprises : Champ de Pub, en décembre 2014 + Solutions Natures, l'INSUP, (organisme de formation), l'ADAPEI, (personnes en situation de handicap), l'association Reliance, (Développement personnel). un cabinet d'infirmiers, une entreprise de construction et d'assainissement.

2018 : Huit entreprises installées ces dernières années. Véronique Booker, chargée de la commercialisation et de la location des bureaux, indique qu'il ne reste que « 40 m² à louer ».
Des travaux ont été entrepris par la SARL Cedreloup pour remettre en état certaines parties du lieu. 


III- Échouage du “Ville de La Réole” 

    La Garonne était un fleuve très fréquenté au début du siècle, le “Ville de La Réole", qui effectuait le transport de marchandises La Réole-Bordeaux, faisait partie de cette flotte.
Nous relatons aujourd'hui son échouage et son renflouement sur les quais de La Réole en 1907. 

    Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 avril 1907, le bateau à vapeur“ Ville de La Réole”, appartenant à M. Brassens et faisant le service de marchandises entre La Réole et Bordeaux, s'est échoué à quai. On avait commis l'imprudence de l'amarrer trop court ; les eaux ayant baissé, le bateau s'est couché sur le flanc. Il avait encore à bord une partie de sa cargaison qui a été perdue ou bien avariée. Toute la journée de dimanche, on a procédé au sauvetage et nombreux étaient les curieux qui assistaient à cette opération. 
    Bien que nous ayons eu cette semaine une  petite crue de la Garonne, on n'a pu encore le renflouer. Ce travail ne pourra avoir lieu que dans quelques jours avec des éléments venus de Bordeaux. 

Bateau échoué 
    Le vapeur, “Ville de La Réole", qui s'est échoué à quai dimanche dernier, ainsi que nous 
l'avons déjà annoncé, est toujours dans la même position, le niveau de la Garonne étant trop élevé pour permettre à l'entreprise des opérations de renflouement.
 
Opération de renflouement 
    Le remorqueur n°2, un chaland et un bateau de service de l'administration des Ponts Chaussées apportant le matériel nécessaire au renflouement du vapeur “Ville de La Réole" échoué à quai, sont arrivés le mercredi 24 avril 1907. Les opérations préliminaires ont aussitôt commencé ; la pose des chaînes qui doivent servir à redresser le bateau avant de le soulever, paraît devoir être longue et difficile étant donné la nature du lit de la Garonne où de nombreux piquets empêchent le glissement des chaînes. Le scaphandrier Deubagnet fait partie de l'équipe envoyée par l'administration.

Premier échec 
    Les opérations de renflouement du vapeur “Ville de La Réole” n'ont pas réussi dans la première partie de leur exécution. 
    Le jeudi 3 mai 1907, une manœuvre va être tentée qui donnera, il faut l'espérer de meilleurs résultats. Il s'agit de fermer toutes les ouvertures de vapeur et de pomper l'eau contenue à l'intérieur. Le bateau ainsi allégé se relèverait en partie de lui-même; des palans feraient le reste.

Renflouement réussi 
    La deuxième tentative de renflouement du vapeur “Le Ville de La Réole ", ce jeudi 3 mai, a parfaitement réussi. Le scaphandrier Deubagnet, énergique et adroit autant qu'intelligent, a bouché toutes les ouvertures du bateau qui a été rapidement aidé par une pompe à grand rendement.
    Le bateau, une fois redressé, a été réparé provisoirement et conduit à Bordeaux où il sera mis en chantier de réparations, avant de reprendre ses activités de service de marchandises entre La Réole et Bordeaux.

Le "Ville de La Réole"
    Le bateau de transport à  vapeur “ Ville de La Réole “ qui, on se le rappelle, resta longtemps échoué à  quai, où il fut renfloué à  grand renfort de matériel, est devenu la propriété d'une société composée de MM. Boyer, Lecourt et Grillon de La Réole, qui l'a fait remettre complètement à neuf, pour reprendre le service régulier des marchandises entre La Réole et Bordeaux.
    Dimanche 1er décembre 1907, vers 6 h 1/2 du soir, le vapeur faisait tapageusement sa rentrée dans les eaux de La Réole. Les pétards, bombes et fusées signalaient son arrivée, tandis que le bateau évoluait lentement dans la nuit, éclairé de ses feux multicolores.
    Un public nombreux assistait à l'atterrissage et le soir une fête intime réunissait le personnel en un banquet où on a copieusement fêté le retour du bateau à la vie commerciale.

IV - La lumière électrique 
    Dès son arrivée à La Réole, la lumière électrique fut source de conflits. On en était aux balbutiements de l'électricité qui soulevait beaucoup d'inquiétudes chez certains Réolais de l'époque. En 1907, partisans et adversaires de la lumière électrique s'affrontaient par journaux interposés. 
L'Union s'en était fait largement l'écho. Il nous apparaît intéressant de publier in-extenso quelques articles de l'époque relatant l'arrivée de l'électricité aux deux cafés du Rouergue, pendant les fêtes de ce quartier et à la gare de La Réole. 

L'Union du 30 mai 1907 
La lumière et les contribuables 
    C'est sous cette rubrique "La lumière et les contribuables” que le correspondant du journal “La France du Sud-Ouest” du samedi 25 mai 1907 raconte (oh! sans méchanceté) une petite histoire d'électricité qui n'est qu'une diatribe de plus contre la municipalité de La Réole. 
    Évidemment, on ne peut se fâcher en lisant les balivernes qui sont étalées dans les colonnes de ce journal et même les adversaires du maire, habitant le Rouergue, ont dû sourire en songeant combien le parti pris peut aveugler ceux qui ne veulent pas voir. 
    Mais, en dehors du faubourg du Rouergue, beaucoup de personnes peuvent prendre à la lettre les affirmations du correspondant de ce journal, et il est bon de leur faire toucher du doigt un fait qu'ils ignorent, mais qui montrera la bonne foi de l'article. 
    A propos de la fête du Rouergue de 1905, La France du samedi 25 mai 1907 dit : 
Le café Pareau possédait une installation fixe et éprouvée, utilisant l'énergie électrique conduite au Rouergue par une canalisation installée pour longtemps, c'est-à-dire sérieusement. Aussi, ce soir-là, le soir de la fête, la municipalité, prévoyant que l'énergie électrique produite par le câble conducteur de l'usine du Rouergue serait insuffisante en raison de la quantité de lumière consommée chez les particuliers, et par exemple dans les deux établissements principaux, donnant individuellement une fête ; la municipalité fit procéder à l'installation hâtive d'un câble conducteur volant devant fournir, au café voisin, c'est-à-dire à Mme Amoureux, établissement de la Bastide, la quantité de lumière nécessitée par la grandeur de sa maison, de ses jardins, et surtout par l'éclat qui devait obscurcir la gloire du pauvre café voisin". 
    Vous avez bien lu, le café Pareau possédait une installation fixe, éprouvée, sérieuse. Et bien, prenez le contraire, et vous serez dans la vérité. Avant ce jour de fête, aucune lampe électrique n'avait jamais brillé au café Pareau, tandis que Mme Amoureux possédait, la première au Rouergue, et depuis longtemps, installation fixe et éprouvée dont il est parlé. 
    Après cela, jugez du reste de l'article, et comprenez, si vous pouvez, comment le “parti politique" qui voulait favoriser Mme Amoureux ne lui fournit pas, ce soir-là, la lumière dont elle avait besoin pour écraser l'établissement rival, celui qu'il fallait enfoncer par esprit politique et qui fut, dit “ La France”, resplendissant de lumière. 
    La réalité est plus simple : sans y chercher la politique, nous devons faire connaître la vérité, en rétablissant les faits. 
Mme Amoureux, abonnée au service d'électricité de la ville, avait déjà utilisé chez elle la lumière électrique pour la fête de 1904, et le résultat avait été des plus brillants tant au point de vue de la lumière que du succès. Quelque temps avant la fête de 1905, M. Pareau, maître d'un établissement non abonné à la lumière de la ville, demanda une concession de quelques jours, sans doute pour rivaliser avec l'établissement Amoureux qui, l'année précédente, avait obtenu les faveurs du public. 


    M. le Maire eut, selon nous, le tort de consentir à cette concession provisoire, car les câbles conducteurs, même supplémentaires, furent insuffisants pour le nombre considérable de lampes installées. Un seul établissement eût dû être éclairci : l'abonné. 
    S'il en eût été ainsi, le procès qui vient de se terminer par la condamnation partielle de la ville (et qui, oh! dérision, a été intenté par celui des deux établissements que “La France " désignerait comme l'ami politique de la municipalité), n'eût pas lieu. Mais alors, l'établissement Pareau n'ayant pas eu de lumière, ses amis eussent crié : "À l'arbitraire ! à la partialité!” 
    Telle est la vérité dans sa simplicité; elle se réduit à une question de boutique. 
La France” a entrepris depuis longtemps une campagne contre la lumière électrique et y mêle la question politique. Tous ses efforts pour envenimer la querelle n'y réussiront pas et elle n'empêchera pas les demandes de concessions d'électricité de devenir chaque jour plus nombreuses, ce qui est la preuve manifeste de son peu d'influence et du mal-fondé de la guerre qu'elle fait à la municipalité. 
    On aurait pu s'en arrêter là ! Mais non bien sûr ! Partisans et adversaires de la municipalité, ont continué à se chamailler par articles de journaux interposés et finalement la conclusion de cette affaire (si on peut appeler cela une affaire !) sera livrée dans l'Union du 2 juin 1907 par un dernier article du rédacteur à l'encontre du journal “La France”: 
A “La France" 
vous leur fîtes seigneur 
en les croquant beaucoup d'honneur 
    “La France” se sert à notre endroit d'une appellation qui n'a rien pour nous déplaire et qui nous fait beaucoup d'honneur, le "journal officiel de la municipalité" dit-elle en parlant de l'Union !
    Certes, c'est là un titre que nous ne dédaignerions pas d'inscrire en manchette, s'il nous était décerné par d'autres. Néanmoins nous la remercions de la petite réclame qu'elle nous fait ainsi inconsciemment. Malheureusement le restant de l'article n'est pas à l'avenant et nous lisons quelques lignes plus loin, par exemple, "mieux vaut un sage adversaire qu'un maladroit ami”. Or, dans l'espèce, le sage c'est lui, le correspondant, et le maladroit, c'est nous; trait charmant de modestie et qui peint bien l'homme. 
    Mais pour revenir à l'affaire de lumière, nous constatons avec plaisir que notre contradiction nous donne satisfaction sur le seul point que nous avons discuté, à savoir que l'établissement Amoureux, possédait l'installation dite sérieuse, fixe et éprouvée et non pas l'établissement Pareau, comme il était écrit dans “La France”. Dès lors, le premier article de ce journal tombe de lui-même et nous arrivons à notre conclusion que la politique n'avait rien à voir dans cette affaire d'éclairage d'établissements rivaux. 
    Quant au procès qui vient d'être jugé et où il a été question d'insuffisance de lumière, il est la condamnation des adversaires de l'éclairage électrique, qui, par esprit de politique, critiquèrent, dans une mémorable séance du Conseil municipal, le projet d'installation de la municipalité qui, à leurs yeux, était trop fort, trop grand et trop beau pour La Réole. 
    Nous, Réolais de cœur, qui avons fermement soutenu la municipalité sur la question de la lumière, nous n'avons pas oublié le temps encore rapproché où, à la date exacte que nous tenons aujourd'hui, les valets de ville décrochaient nos modestes quinquets à pétrole pour les remiser dans les greniers de l'hôtel de ville, laissant ainsi à la lune et jusqu'au mois de septembre le soin de nous éclairer à l'occasion.
    Aussi nous remercions une fois de plus la municipalité Perrein de nous avoir doté de cette brillante lumière, qui sera certainement sa plus belle œuvre, à la faveur de laquelle nous pouvons circuler en toute sécurité et aller au besoin le soir, jusque sous le hall de “La France”, lire, en fumant un petit londrès, un journal, fût-il le plus mal imprimé.” 



“Le Réolais" le jeudi 23 décembre 1999 
“Malgré ces querelles, le progrès était en marche et les cafés Pareau, Doux, Girault, La Bastide, et bien d'autres, ont fait la renommée du quartier du Rouergue... et aujourd'hui force est de constater que l'énergie électrique est partout, qu'elle est devenue nécessaire et qu'elle rend un maximum de services... mais, pendant ce temps-là, le Rouergue ne possède plus de cafés ouverts à tous et ça... c'est vraiment dommage!” 


V - L'éclairage de la Gare

Après l'article, publié la semaine dernière, concernant la lumière électrique et son arrivée aux cafés du Rouergue, voici celui concernant l'éclairage de la gare qui met toujours en évidence l'affrontement des partisans et adversaires par journaux interposés. 

6 Janvier 1907 
    La “France du Sud-Ouest” se fait l'écho de plaintes au sujet de l'éclairage de la gare et ce n'est pas la première fois qu'elle bat cette corde. Comme elle, nous partageons cette manière de voir et nous trouvons extraordinaire que la Compagnie du Midi ne sente pas la nécessité de rompre avec de vieilles traditions et ne cherche pas à améliorer cette situation. Éclairer la gare est indispensable, mais la bien éclairer est utile et nécessaire. On évite ainsi bien des accidents et elle devrait savoir ce que ça coûte, ne serait-ce que le procès Dentière. 

    Mais là où nous ne partageons pas la manière de voir de ce journal où plutôt celle de son correspondant, c'est lorsqu'il semble vouloir faire retomber la faute de cet état de choses sur l'administration municipale. 
    Le soin d'éclairer la gare incombe à la Compagnie et non à l'administration municipale.
Si la gare n'est pas bien éclairée, c'est donc la faute à la Compagnie. 

    La ville, à grands frais, a établi l'électricité. Déjà un grand nombre de maisons sont éclairées par ce procédé et tous les jours on opère de nouvelles descentes. Elle a un tarif uniforme pour tout le monde. S'il était exagéré, on ne verrait pas cette lumière se répandre d'une manière aussi suivie. 

    Faudrait-il à la Compagnie un tarif spécial et pour elle baisser les prix ? Ça nous paraîtrait assez singulier. Nous connaissons en ville bien des maisons qui ont un nombre d'ampoules au moins égal sinon supérieur à celui que pourrait prendre la gare, et ces maisons sont soumises au tarif commun. Si on faisait des faveurs à la Compagnie, elles ne manqueraient pas de se plaindre et elles auraient raison. 

    Nous félicitons M. le Maire de se tenir ferme et personne ne pourra le blâmer de mettre toute son énergie à défendre les intérêts de la ville qu'il administre avec tant de dévouement et de zèle. 

    S'il avait deux poids et deux mesures, s'il favorisait les gros au détriment des petits, on lui tomberait dessus à bras raccourcis et on aurait raison. Il ne commettra pas cette faute. Que la Compagnie se le tienne pour dit, et si elle veut satisfaire les voyageurs et avoir sa gare bien éclairée, qu'elle s'incline devant les faits acquis. Tout le monde y trouvera son profit. 

    Ce même journal se plaint de la malpropreté des trottoirs et en attribue la responsabilité au manque absolu d'édicules *.
Il semble également en faire retomber la faute sur l'administration.

    Il serait bien aimable de nous signaler les endroits où, dans nos rues étroites, on pourrait placer ces édicules et de s'informer auprès des propriétaires s'ils laisseraient adosser à leurs mai sons des foyers d'infections. 
La critique est aisée, mais l'art est difficile. 
La polémique continue au sujet de l'éclairage de la Gare 


    Dans notre édition du 6 janvier 1907, nous avons parlé de l'éclairage de la gare au sujet de deux articles parus dans la “France du Sud-Ouest” et, comme ce journal, nous avons regretté que notre gare ne fut pas mieux éclairée. 

    Le correspondant de ce journal semblait insinuer qu'il y avait de la faute de l'administration municipale; que la municipalité aurait dû faire des concessions. Nous avons trouvé ce procédé mauvais et nous avons soutenu qu'il existait un tarif et que ce tarif devait être égal pour tout le monde, aussi bien pour les gros que pour les petits. Voilà le résumé de notre article. 

    Le correspondant de “La France” prétend aujourd'hui n'avoir jamais demandé de concessions. Qu'on en juge par l'extrait suivant de l'article paru dans le numéro du 29 octobre dernier. Après avoir rendu le conseil municipal responsable dans une certaine mesure de “l'obscure clarté" de la gare pour n'avoir pas voulu accorder une concession raisonnable à la Compagnie du Midi pour la fourniture de l'électricité, il ajouta “Cette parcimonie nous étonne étant donnés les bénéfices considérables que l'entreprise d'éclairage procure à la ville. Aussi avons-nous le timide espoir que la municipalité interviendra dans cette importante question et qu'avec la générosité qui la caractérise elle offrira ses chers lampions à la Compagnie du Midi”. 

    Oui ou non, est-ce demander une concession ? Oui, certes, et cela ne fait de doute pour personne. A qui la demande-t-on ? À la municipalité. 
La municipalité est une collectivité et dans une collectivité, c'est toujours à la tête qu'on s'adresse. Ici, la tête c'est M. le Maire, voilà pourquoi nous ne l'avons pas mis en cause et nous avons pris sa défense. 

    La querelle que nous cherche le correspondant de “La France" ne tient pas debout. Il a cru devoir l'agrémenter de quelques... aménités à notre adresse. Ces... aménités ne nous touchent pas, nous n'en avons cure. Elles partent de trop haut pour arriver jusqu'à nous. Nous n'avons jamais, nous, rêvé de nous abriter sous la coupole du Palais Bourbon !!!
Le café devant la Gare (concession tenue par Valmy Chardon) collection Daniel Outteryck

17 janvier 1907
    Toujours l'éclairage de la Gare 
Le correspondant de “La France du Sud Ouest” a un véritable talent : celui de déplacer les questions. 
L'autre jour, il soutenait qu'il n'avait jamais demandé à la municipalité et, par suite, au maire, de faire des concessions à la Compagnie du Midi pour l'éclairage à l'électricité de la gare. Nous lui avons démontré par A + B qu'il avait tort et, à l'appui, nous avons donné un extrait de sa correspondance. 
Devant cette preuve irréfutable, il vire de bord et prétend que nous nous fâchons. Il a même recours à Rabelais qui doit se trouver bien étonné de se voir mêlé à cette sauce. 

    De colère, chez nous, il n'y en a point ; nous avons répondu du tac au tac et voilà tout. 
A bout d'arguments, il revient aux édicules. Il se complait tellement dans cette question qu'il entre dans les détails peu poétiques et encore moins bien odorants. 

    Quand il aura répondu à notre invite et qu'il nous aura dit quels sont les propriétaires qui subiront sans déplaisir ces édicules à côté de leurs maisons et qui préfèrent leurs senteurs nauséabondes aux parfums d'Arabie, nous courberons la tête. Nous plaindrons ces individus dont l'odorat est oblitéré, mais, nous, nous aimerons toujours mieux le parfum des roses. 

Cinq ans plus tard 
Dimanche 4 février 1912 

A la Gare de La Réole
 

Nous croyons savoir que la Compagnie du Midi, cédant au désir qu'a maintes fois manifesté la population réolaise, par l'intermédiaire du Conseil municipal, relativement à l'éclairage défectueux de la gare de La Réole, vient d'entrer en pourparlers avec l'administration municipale pour faire poser une quarantaine de lampes électriques. Cette amélioration depuis longtemps désirée sera favorablement accueillie. 

* Edicule : Petite construction placée sur la voie publique (toilettes...) 

Dans l'agenda de Jean, article paru le 19/11/2020   

Le 3 mai 1875: allé à la commission chargée par le Conseil municipal de trouver des emplacements pour lieux publics. Je suis chargé d'étudier un petit projet.




 


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