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Madame Anne Marie ESTÈVE  lors de la deuxième guerre mondiale Madame Estève et Jeanne (1951)   Nos deux familles se fréquentaient depuis deu...

Anne Marie Estève

Madame Anne Marie ESTÈVE 
lors de la deuxième guerre mondiale

Madame Estève et Jeanne (1951)

  Nos deux familles se fréquentaient depuis deux générations. Il se trouve quelques analogies entre elles. 
    De père en fils, ils se succédèrent au conseil municipal de La Réole. 

    M. Estève, beau-père de madame Estève, reçut une médaille à l’Exposition Universelle de Paris en 1900 pour la création d’un alambic ; mon arrière-grand-père en reçut une, à Bazas en 1890, de la société d'agriculture pour l’invention d’un greffoir (greffage de vignes européennes sur des porte-greffes américains résistants au Phylloxéra). 

    Madame Estève et ma grand-mère avaient en commun leur prénom : Anne Marie.
    À La Réole, elles étaient surnommées les sœurs jumelles !  

     En effet, elles aimaient se rencontrer à leurs propriétés ou au hasard de courses en ville. On voyait alors bavarder longuement ces deux dames, de même silhouette, au caractère bien trempé. Il leur en fallait, car elles étaient devenues veuves jeunes, peu avant la déclaration de la deuxième guerre mondiale.
    Elles avaient à charge, chacune, quatre enfants et des propriétés à gérer.
    L’une était attachée aux Landes et veuve d’un pharmacien, l’autre, haut-marnaise et veuve d’un architecte. L’une était téméraire, l’autre plus prudente.

    Madame Estève fut, à partir de 1943, locataire de ma grand-mère au Tunnel, et ce jusqu’en 1951. 
    L’été, elle se retirait au " Point du jour ", sa propriété de Montagoudin, d’où la vue sur la plaine de la Garonne, s’étend des collines de Nicole à l’est, à l’orée de la forêt landaise au sud et vers La Réole à l’ouest, illuminé les soirs d’été par de magnifiques couchers de soleil rougeoyant.
    Pendant cette période troublée, outre sa vie cachée de résistante, madame Estève menait une simple vie de mère de famille
Madame Estève 

    

Ma tante note dans son agenda de l’année 1944 :

 En mars : "Madame Estève, maman et moi assistons à un colloque chez les Martinesque (professeur de lettres classiques au lycée de La Réole) donné par M. Bousquet qui leur montre des travaux de fouilles d'un collègue archéologue". (Jean Bousquet, cousin des Labrousse, marchands de chaussures à La Réole, fut helléniste à l’École Normale rue d'Ulm, puis en devint son directeur. En tant qu’archéologue, il dirigea les fouilles de Delphes après guerre). 
    En juillet : " Je rejoins madame Estève à la plage du Rouergue par une journée très chaude. Elle y surveille ses enfants". Plus tard, "Madame Estève vient nous apporter du miel". Un autre jour, "Madame Estève se rend à notre métairie de Blaignac, puis viendra déjeuner à la maison".
    En septembre, "Madame Estève amène son fils Claude, qui va rester une semaine chez nous".

    

Madame Estève et la Résistance

    Une plaque pour les Justes parmi les nations, avec cette inscription tirée du Talmud :
" Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier " a été posée à la gare Saint-Jean de Bordeaux et trois personnes du canton de La Réole y figurent, dont : Anne-Marie Estève… (Sud-Ouest)                                     

    
Jeanne Estève, sa fille aînée, relate les circonstances de l’engagement de sa mère dans la Résistance :
    " Après l'exode de 1940, ma mère avait rencontré une parente de deux prêtres (les frères de Solages), l'un dans le Tarn et l'autre à Toulouse. C'est grâce à eux qu’elle a eu connaissance du message du 22/8/1942 de l'archevêque de Toulouse, Monseigneur Salièges, lu dans toutes les églises du diocèse. 
    Ce message disait : " Dans notre diocèse, des scènes épouvantables ont lieu dans les camps de Noé et du Récébédou contre les Juifs. Tout n'est pas permis, ils font partie du genre humain ".
    Membre d’un réseau de résistance et de soutien, madame Estève fournissait des faux papiers et des cartes d’alimentation, organisait la cachette de nombreuses familles juives.
    À cette époque, elle habitait, avec ses quatre enfants, 3 place du Tunnel à La Réole? pendant l'année scolaire et à Montagoudin pendant les vacances, où elle cacha des juives allemandes, tchèques, une jeune hollandaise (pendant un mois, la faisant passer pour une fille au pair) et Hélène Alvarez-Pereyre de Bordeaux, qu’elle présenta comme une nièce en convalescence. Quant aux parents Alvarez, elle les envoya en lieu sûr en Lot-et-Garonne.
    Ils y restèrent quelques mois, avant de gagner Agen. Le fils aîné du couple - la trentaine - fut planqué dans une ferme à proximité du " Point du Jour ".  

 " Ma mère a été nommée " Juste " par l'institut Yad Vashem en 1991 et décorée à Pau en 1992. Hélène Alvarez-Peyreyre et son frère ont témoigné en sa faveur ", indique Jeanne Estève.
    " La première fois que j'ai rencontré Hélène, c'était dans un camp d'éclaireuses en Lot-et-Garonne, pendant l'été 1943. Elle est venue plus tard à La Réole."
(Femmes lot-et-garonnaises, citoyennes engagées)

Correspondances de Jeanne Estève à sa mère, du camp d’éclaireuses près de Clairac
- datées du 9/7/1943 :
     " Hier, deux Juives sont arrivées avec une cheftaine d'Agen (l'une s'appelle Mitil et va à la prière catholique ; elle vient de Villeneuve. L’autre, d'Agen, qui est bien gentille, est tombée, d'une hauteur de trois mètres, sur le dos ; ce matin, elle voulait partir, mais elle va quand même rester huit jours."

- du 15/7/1943 :
    " Aujourd'hui, nous étions en train de répéter un chant de promesse, quand une dame juive est venue annoncer à la gentille fille de 17 ans que son frère, qui venait d'être reçu au bachot, est mort de congestion en nageant. Nous pleurions comme des Madeleine. Elle est repartie à Agen et ne reviendra pas au camp. Elle m'a donné son adresse : Hélène Alvarez-Pereyre. Est-ce un nom juif ? N'est-ce pas un nom un peu espagnol ? "

       Madame Estève plaça aussi quelques semaines, deux jeunes femmes juives chez madame D. (famille réfugiée à La Réole), qui relate le fait dans son journal de guerre. 


Gilles, petit-fils de madame Estève explique sur Généanet :
    La famille Alvarez-Pereyre vivait à Bordeaux, en zone occupée par les Allemands. Cependant, ce n’est qu’en août 1942 que la famille décida de s’enfuir. Ils avaient beau avoir tous la nationalité française, ils craignaient d’être arrêtés. Ils réussirent à franchir la ligne de démarcation. Un an plus tard, la famille apprit que son nom figurait sur une liste de personnes à arrêter. M. Alvarez-Pereyre contacta alors Anne-Marie Estève. …
    La grande amitié l’unissant à la famille Alvarez-Pereyre persista bien après la guerre. elle était de toutes les célébrations, partageant les joies et les peines. 

Ph. Souleau : " La ligne de démarcation en Gironde ". Éd. Fanlac (p180). 

    En juin 1942, menacé par les Allemands, le Dr Jacques Levy, médecin à Bordeaux, décida de passer en zone libre, grâce au chef du groupe de résistance organisé dans l'enceinte de l'hôpital Saint-André. Un membre du réseau et lui, partirent en voiture jusqu'à Préchac, puis en vélo à Beaulac, prenant un chemin dans les bois pour atteindre Tierange et le Ciron.        L'oncle du guide, habitant Beaulac, avait prévu un signal : un papier jaune, attaché à un piquet signalait qu'une patrouille allemande venait de passer et que la route était libre pour traverser la ligne de démarcation. Ils se dirigèrent ensuite vers Cudos, puis Grignols où une voiture attendait pour le cacher chez Mme Estève à Montagoudin, où il restera deux ans. 


Mme D. en décembre 1942 note dans son journal :

     " Une de mes filles a la gale, qu'elle a du attraper à l'école. Nous avons fait une lessive monstre de ses vêtements. Depuis six jours, je suis, avec trois de mes filles, à l'hôpital, à cause de cette épidémie ; il n'y a plus de médicaments. Nous avons soufré les chambres, fait des étuves, repassages : rien n'y a fait. Nous avons toujours des démangeaisons, malgré tous les soins prodigués !
Je suis allée voir un médecin, qui nous prescrit une pommade. Peu d'effet, je suis désespérée.

    Nous partirons à l'hôpital avec nos matelas, couvertures, vêtements pour les passer au formol (contre quatre litres de pétrole introuvables !), mais notre venue est reculée, un petit malade y a la diphtérie. 

    Une dame apprend notre triste sort et nous parle d'un médecin juif caché dans les environs, spécialiste des maladies de peau. Elle propose de lui demander son avis. Nous le verrons demain.

En fait, nous étions guéries depuis très longtemps : nous n'avions qu'une simple irritation due à l'Ascabiol, employé beaucoup trop longtemps ! "

      Ce médecin était le Dr Levy, caché chez Mme Estève, à qui il avait loué une partie de la maison de Montagoudin. Il y vivait avec sa femme et ses quatre enfants.


Mme D. écrit le 15/8/1944 :

" Le dimanche 13 août, nous avons fait un pique-nique à Montagoudin, chez Mme Estève par une chaleur de plomb fondu : 30° à l'ombre, sans air, à 150 m d'altitude, avec un horizon superbe, excessivement étendu. La propriété est admirablement exposée, mais en ce moment entourée de maquis, qui descendent des bois pour faire sauter les rails : dix-sept mètres vendredi dernier, raccommodés de suite, car les Allemands ont, dans chaque train, une équipe d'ouvriers avec un wagon de matériel.

     La veille, le " Point-du-Jour " avait été cernée par des Hindous sous la conduite de chefs allemands, visitant à fond la maison pour y trouver des maquisards. Il n'y en avait pas, sauf le docteur Levy qui eut le temps de s'enfuir en pyjama dans les bois…"

Jeanne Estève est restée amie avec Françoise Levy, sa fille ; son père est devenu professeur de faculté de médecine après la guerre, m’a-t-elle dit.


Interview de Jeanne Estève 
(Lot et Garonne, terre d'exil, terre d'asile. Les réfugiés juifs pendant la guerre)

 Jeanne Estève 
    " Pendant l'occupation, ma mère est restée en contact avec le prêtre du Tarn et son frère de Toulouse, Monseigneur Bruno de Solages a, du reste, été arrêté en juin 1944. Déporté, il est revenu de Dachau après la fin de la guerre. Ma mère était aussi en relation avec une assistante sociale d'Agen, Mme Geismar, qui cherchait des hébergements pour les jeunes Juifs ", poursuit Jeanne. 

    " En 1942, ma mère a aussi rencontré une famille d'origine allemande réfugiée à Mongauzy. Ils sont venus habiter Montagoudin où Mr. Rosenthal fut arrêté en février 1943 pour être envoyé au camp de Gurs, puis Drancy, puis vers une destination inconnue, d'où il n'est jamais revenu."  

Souvenirs de Michèle Perrein, d'après "Entre chienne et louve" (p.216)
    "En sixième, une petite fille, qui s'appelle Rosenthal et que je raccompagne, me dit qu'elle est allemande, que son père dirigeait une fabrique de porcelaine, mais qu'ils ont été obligés de s'enfuir. Françoise Rosenthal vit avec sa mère, son frère et une petite sœur dans une maisonnette qui était inhabitée, selon moi, depuis toujours… Du père, je ne demande rien.."

Mme D. écrit en mars 1943 :
    " À Montagoudin se trouve un Juif allemand, qui avait fui en 1938 et depuis était métayer.
    Il s'était engagé pour la durée de la guerre. La semaine dernière, les gendarmes sont venu le prendre chez lui pendant la nuit, car c'est toujours la nuit qu'ils font de telles opérations.
    Ce malheureux est maintenant dans un camp en Allemagne ; il a écrit à sa femme qu'on attendait qu'il y ait assez de Juifs pour être fusillés. Que les gendarmes français acceptent de faire cette sale besogne, c'est révoltant. "  

    Il s'agissait de M. Rosenthal venu vers 1942-43, au " Point du Jour" , que madame Estève prit au départ, comme « homme à tout faire »  pour couper des bûches.
    Les enfants Estève le regardaient faire : toutes les cinq minutes, il s'arrêtait trop fatigué ; jamais, il n'avait fait de travail manuel. Madame Estève lui proposa alors de s'occuper de sa métairie - comme planque, ce qu'il accepta, ayant femme et enfants. Il fut, seul, arrêté (son épouse et ses enfants n’étant pas juifs) et mourut en déportation " me raconta Jeanne Estève.   
    Jeanne avait conservé deux cartes qu'il put écrire à sa mère : l’une d’un camp en France, l'autre dans le train le menant en Allemagne.          

Ph. Souleau : " La ligne de démarcation en Gironde ". Éd. Fanlac 

        L'abbé Pierre Chaillou apporte son soutien à la résistance ; membre du réseau Wheelwright en 1943, il accueille dans son presbytère de nombreux fugitifs.
    Il autorise le gendarme Rigoulet à réunir ses lieutenants dans le prieuré et à emprunter ce bâtiment comme point de passage entre la gendarmerie et les rues adjacentes (p127).

D'après le livre de Michel Slitinsky: "Trois filles et Vingt garçons"
(Cahiers du Réolais n°77)  

   Le 20 mai 1944, jour de marché à La Réole, la famille Rosiers venait de regagner sa ferme, quand un bruit de moteur de traction ronfla du côté de la route.
    Comme une alerte avait été donnée dix jours plus tôt, provoquant dans la nuit la fuite des fermiers, le père Rosiers eut un réflexe rapide. Dès qu'il aperçut la tâche noire aux limites de sa propriété, il s'enfonça avec sa femme et sa fille dans la haie jouxtant un champ de blé pour gagner les bois et la campagne. Ils trouvèrent refuge à Morizès chez un ami de la Résistance.     À leur tour, ils connaissaient la clandestinité, jusqu'aux premiers jours de la Libération. C'est l'abbé Chaillou, du réseau Buckmaster, qui recommanda cet éloignement.
    Les Allemands occupèrent la ferme, après l'avoir pillée et avoir découvert sept tonnes d'armes dans un séchoir à tabac !

Mme D. note 

- le 15/1/1944 :   
    À Bordeaux: rafle de Juifs. 
    Tous les Juifs de La Réole tremblent. Près d'ici, dans un village, en pleine nuit, on vient avertir qu'une rafle aura lieu; de braves gens vont avertir des familles; on se divise les enfants; on cache les grandes personnes dans les maisons, dans les bois, puis le péril passé, tout rentre dans l'ordre jusqu'au jour où l'alerte ne sera pas donnée.

- le 7/5/1944 :
    " Pourquoi le vicaire de notre paroisse s'est enfui ? Et le presbytère a-t-il était fouillé ? Les prêtres n'ont pas à prendre parti, car leur ministère doit les amener chez les gens de toutes opinions."

Ma tante marque dans son agenda au 24 mai 1944 : 
    " Les Allemands encerclent La Réole ; l'abbé Chaillou a disparu ".
Le père Chaillou fut évacué vers Toulouse par madame Estève, m’apprit Jeanne.

Récit d’après Jeanne Estève du départ de l’abbé Chaillou
     " Ma mère partit avec lui, en vélo, prendre le train à Marmande pour le mettre à l'abri, après le démantèlement du réseau. (Elle était le contact sûr de la résistance de La Réole avec le réseau de Toulouse). Le vélo de l’abbé avait été " emprunté " au curé de La Réole, ne sachant rien de l'engagement de son collègue. 
    Arrivés près de la gare de Marmande, ils y trouvèrent une atmosphère bizarre. Ils décidèrent de pousser jusqu'à Agen ; bien leur a pris, la gare de Marmande était surveillée. 
    Un moment, ma mère étant fatiguée, ils se reposèrent à l'ombre d'un arbre. Soudain, elle entendit l'abbé éclater de rire : " Si mes paroissiens nous voyaient ainsi serrés ensemble ! " 
 ( Maman raconte une version un peu différente, d’après les dires de Mme Estève, elle-même : Lors d'une attaque d'avions italiens sur la route, nous nous sommes réfugiés dans un fossé. " Si Mme S. – grenouille de bénitier, genre très bordelaise - nous voyait, quel scandale ! " lui dit l’abbé en riant.) 

    Tous deux arrivèrent jusqu'au père Bruno de Solages sans encombre. Le père Chaillou fut planqué dans un maquis du coin. Ma mère mit les deux vélos en bagage accompagné et rentra à La Réole. Elle récupéra le sien, pendant que M. Galibert (avoué à La Réole) se chargea du vélo du curé. Il demanda à son fils de le déposer discrètement à l’entrée de l'église de La Réole. Or, il tomba sur le curé, qui, trop heureux de récupérer sa bicyclette, ne chercha pas à en savoir davantage. "


    Recteur de l'Institut catholique de Toulouse, il aida les réfugiés espagnols à la fin des années 1930, puis les réfugiés polonais.
    Avec son archevêque, Mgr Saliège, le 19 février 1939, il rappelle avec fermeté que l'Église condamne le racisme. Rapidement, il y protège les juifs (dont un certain Aaron de 14 ans, devenu le Cardinal Jean-Marie Lustiger) avec son cousin l'abbé René de Naurois. 
    Il est menacé de mort par des groupes collaborationnistes. Arrêté lors de la rafle locale du 8 au 9 juin 1944, il est déporté. 


    L’abbé prend rapidement position contre les nazis et dénonce l’antisémitisme. Il est nommé aumônier des étudiants de Toulouse par Mgr Saliège. En 1941, il se sert de ce titre comme couverture pour sauver des juifs recherchés par la police de Vichy et les Allemands. En 1942, il participe activement à la résistance en zone libre (Pau, Toulouse, Grenoble) en lien avec le mouvement Combat. Il fait passer des Juifs en Suisse par le col de Balme. Puis, il doit s’exiler en Espagne pour échapper à la Gestapo et rejoint l’Angleterre. Il débarque le 6 juin 1944 sur les côtes françaises en tant qu’aumônier avec le grade de capitaine.


    Archevêque de Toulouse est connu pour ses prises de position, dès 1933 et surtout pendant l'Occupation, où il dénonce les déportations de Juifs, le STO et les exactions nazies. 
      La région de Toulouse étant un centre important de réfugiés lors de l'exode de 1940, l'Église contribue à l'effort d’accueil des civils. Repéré à Londres comme un des archevêques qui s'opposent aux Allemands et à la collaboration, il reçoit des émissaires gaullistes (dont Michel Debré) et une lettre du général de Gaulle lui demandant, comme à d'autres prélats, un geste montrant un certain désalignement de l'Église sur les autorités de la France collaborationniste. 
     Le 23 août 1942, Mgr Saliège ordonne la lecture, dans toutes les paroisses de son diocèse, d'une lettre pastorale. Malgré l’interdiction de la publication de ce message par arrêté préfectoral de Pierre Laval, elle paraît dans La Semaine Catholique et est diffusé sur les ondes de la B.B.C.
    Laval convoque alors le secrétaire de la nonciature du Vatican pour demander, mais en vain, la mise à la retraite de Mgr Saliège. 

    En 1943, un certain nombre de prêtres s'efforcent de fournir de faux certificats de baptême dans leur paroisse. Mobilisant diverses congrégations et réseaux, l'aide apportée s'amplifie, dans le diocèse et l’archevêché de Toulouse : filières d'évasion, passages en Espagne par des circuits pyrénéens, documents d'identité, cartes de textile, faux certificats de baptême, camouflage des jeunes dans les écoles catholiques et les couvents.
    C'est son action de protection des Juifs qui convainc la Gestapo finalement de l'arrêter le 9 juin 1944. Mgr Saliège ne doit son salut qu'à son état de santé et à son grand âge.  
    Sans avoir jamais rejoint la Résistance proprement dite, il fut reconnu " compagnon de la Libération" par le général de Gaulle. Il reçut aussi la distinction de " Juste parmi les nations ".  


Mme D. note dans son journal, le dimanche 1er/10/1944 : 
    Mme Estève a aidé des Juifs, dont le docteur Lévy, qui est retourné à Bordeaux.
    L'archevêque de Montauban, celui de Toulouse ont élevé la voix aux moments les plus durs. L'un paie encore en Allemagne cette pitié chrétienne.
    Au regard de ces récits, on peut être étonné que madame Estève n’ait jamais été dénoncée comme résistante. Il semble que bon nombre de Réolais était au courant de ses actions.
    Peu souvent, par la suite, elle nous parla de cette vie cachée et nous avons appris l’essentiel plus tard, par sa fille Jeanne, qui avait gardé toute sa correspondance avec les frères de Solages. 


Son petit-fils Gilles écrit :
    " Elle n’accepta aucune rémunération pour cette œuvre de sauvetage, entreprise par pure générosité et qui lui faisait courir, à elle et à sa famille, d’énormes risques. 
    Lorsqu’elle apprit que Yad Vashem s’apprêtait à lui conférer le titre de "Juste parmi les Nations", elle refusa cet honneur, ne revenant sur sa décision que sur l’insistance de ses enfants et de ses petits-enfants. 
    Lors de la cérémonie, elle déclara n’avoir rien accompli de bien extraordinaire et s’être contentée de « se faire quelques amis » ".  
    
                                                                          (Généanet)

                       


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