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  Comédies et comédiens à La Réole du 18 au 21 e siècles Ce  panorama du théâtre à la Réole s’attachera davantage à la pratique du théâtre ...

Comédies et comédiens à La Réole du 18 au 21e siècles (Michel Balans)

 Comédies et comédiens à La Réole
du 18 au 21e siècles


Ce  panorama du théâtre à la Réole s’attachera davantage à la pratique du théâtre amateur plus qu’à une activité professionnelle. 

Seul le théâtre ambulant au 19e répondait à des critères professionnels. 

Au 20e et 21e quelques troupes professionnelles, rares, de passage à La Réole, représentent cette catégorie.   

Surtout, comédies et comédiens passent de l’état du pur divertissement à l’état du service public, de l’éducation.
Au 21e siècle, les comédiens devenus «intermittents», sont organisés pour  défendre leurs droits et assurer leur formation. Les communes pilotent la culture municipale, y compris l’activité théâtrale.

    Aucune indication sur la présence de comédiens à La Réole durant les 18e et 19e siècles. Les parvis d’église accueillaient des mystères du Moyen-âge. Est-ce que la paroisse
Saint-Michel avait un parvis ? Il semble que non. 
    
    Par «
 l’Agenda de Jean », nous apprenons que le Café Gallaud du Turon accueillait des artistes, des saltimbanques ambulants et des séances musicales.    
    On peut imaginer les spectacles de cirque en plein air sur les quais ou place des Jougadoux. Jean, dans son Agenda, signale le passage des cirques Bazola et Rolla avec leurs numéros équestres. La troupe équestre Farina fera également un passage.

    Les informations sont plus précises pour le 19e et surtout le 20e siècle.
    Il s’agira de noter davantage les productions et les comédiens amateurs.


Au 19e siècle : 

    Dès 1865, à l’Eden-théâtre (futur Casino) on peut voir des pantomimes et au Café Gallaud plus tard on peut entendre des chanteurs, chanteuses, (du Grand-Théâtre de Bordeaux), des opéras (?) Lucrèce Borgia ! ?
    En 1870 on refait le buffet de l’orgue Stoltz, installé en 1843 à St-Pierre.
    Les sociétés de musique (l’Orphéon et la Philharmonie) receuillent des prix dans des concours régionaux.

Au 20e siècle : 

    Dès 1920 la Salle de la Phalange réolaise, (patronage paroissial) dans l’ancienne École libre, les groupes de la paroisse se produisent. Les garçons, avec la «Phalange Réolaise» jouent des comédies, burlesques, style comiques troupiers avec Marius Balans, Peres, Duranthon, etc.. Les jeunes-filles, «Enfants-de-Marie», jouent des classiques avec Molière (les Femmes Savantes) ou «le Flibustier». de Jean Richepin.
    Un professionnel parisien à la retraite, habitant Fontet, Jean Harlet (Saujeon) met-en-scène Madeleine Penelle (future Balans), Geneviève Giresse, (future Darvand), Rose Cocut (future Labrousse) ...etc. Mes parents, chacun jouant de son côté, se rencontrent dans les coulisses ou dans la cour d’entrée. Quelques mois après le traquenard d’une jalouse, ils se marient.  Avec ma sœur, je suis né de ces rencontres théâtrales. . . !

    En 1946 avec ma voix de soprano je monte, à mon tour, sur les planches de cette salle avec mes camarades Vidal, Descos, Lanoire, Barbe, de St-Denis, Darvand, Filleau, Grisel, Lanoire, etc. Je chante des opérettes écrites par les parents bordelais de l’abbé André Grenié.     La salle fera aussi Cinéma. Edouard Molinaro y présente ses premiers courts métrages (disparus).
  
    En  1952, le théâtre amateur fait partie de la politique culturelle d'État depuis la Libération. La décentralisation théâtrale est une préoccupation importante.
    Dès 1959, un Ministère de la Culture pilote l’organisation de cette décentralisation avec l’Éducation Nationale et le Ministère de la Jeunesse et des Sports.
    Le théâtre fait partie de l’éducation. Chaque région est dotée d’une structure, un Centre Régional Art Dramatique (CRAD) qui consiste à former, aider les troupes amateurs.

En 1950 c’est Jean Lagénie qui préfigure le poste d’instructeur et directeur du Crad d’Aquitaine à Bordeaux.     En 1952 il vient à La Réole jouer « Numance » de Cervantès, adapté par Marrast, avec Raymond Paquet, en plein air, au cloître du Prieuré. La venue de ce spectacle est un événement artistique et politique majeur.     En 1964 Raymond Paquet qui le remplace viendra faire la mise en scène des Jeunes du théâtre réolais et jouer la «Foire aux farces».      En 1984 Jacques de Berne succède à Paquet et dirigera un stage où à cette occasion j’écris une adaptation d’une pièce de Tirso-de-Molina  «Mais qu‘est-ce qui fait courir les filles, le soir, sur les bords de la Garonne ?» Jean de la Réoule en est le héros.  Ce spectacle sera joué en plein air au cloître et à St Macaire. 

    Un deuxième stage en 1989 ramène Jacques de Berne, CTP de jeunesse et Sports sur le bord des quais pour jouer un texte de Marie Dulac : «le Pavillon de la Marie-Jeanne». Quatrième stage de Jeunesse et Sports à la Réole dont je suis un peu à l’origine.

    Dans les années 1946-47, en plein air, place des Jougadoux,  le théâtre Ferranti et la famille Durozier donnent des spectacles. (ce sont  des théâtres privés).  Toute la semaine, chaque soir, une pièce est présentée : drames, comédies alternent devant un public attentif. (il n’y a pas encore de télé !). C’est une famille entière qui joue tous les rôles. « Les deux orphelines, Ces dames au chapeau vert, le Cheminot, les Misérables, les Trois mousquetaires, etc.».     Au 20e siècle à La Réole, il y avait trois salles qui accueillent des spectacles réguliers. Dans la salle du Casino, un grand bâtiment en deux parties : une grande salle avec balcon, deux issues rue des Tilleuls et une petite salle en rez-de-chaussée, entrée rue Armand Caduc. L’ensemble est séparé par un petit café et son logement, rue des Tilleuls. L’ensemble a été détruit pour faire un parking.  Des tournées et des spectacles du Collège voisin trouvent place.       Dans la salle de l’Amicale Laïque, place des Justices, le Gymnase, des tournées, des spectacles scolaires, des productions locales trouvent une scène. Et des spectateurs.     En 1946, sur la scène du Patronage paroissial, les Ames Vaillantes (groupe féminin, adulte : Yvette Noël, Simone Jude, Monique Rapin, etc.) jouent : ces “Dames au chapeau vert”, et des extraits de “La maison de Bernada Alba” de Garcia Lorca : mise en scène collective.     En 1948 sur la scène du Patro, mon père joue ”Gardien-de-phare” avec un fils Gaboriaud. Ils font leur propre mise-en-scène.     En 1968, la Compagnie-Universitaire-de-Bordeaux joue “Electre”, de Giraudoux, à l’occasion du Mois de l’Amitié au premier étage de la vieille Halle. Mise en scène de Jacques Albert-Canque. J’ai réalisé les costumes et le décor.      Au Casino, en 1946, le Collège présente son spectacle de fin d'année.      Michèle Barbe, future Michèle Perrein (surtout connue pour ses romans, elle écrira deux pièces de théâtre) et Edouard Molinaro (Doudou) (futur réalisateur qui fera plus de 58 mises-en-scène de films). ils jouent «la Paix-chez-soi» de Courteline. Grand Succès.  Ils deviennent des professionnels à Paris, chacun dans sa spécialité.     En 1947 à l’Amicale Laïque, le Cours Complémentaire de Filles présente son gala de fin d’année, un des meilleurs. Mme Laborde, directrice et son équipe, avec Marcelle Cabane, prof-de-gym, chorégraphe, présente des spectacles remarquables, celui de 47 est particulièrement réussi spécialement les ballets.     Ma sœur Suzy joue Dandin dans les “Plaideurs” de Racine.      L’orchestre « l’Union Musicale » se produit également.      En 1947, Germaine de St-Denis, pour l’Association des familles, à l’occasion de la Fête-des-mères, met en scène une pièce de Berhe Bernage, dans laquelle avec d’autres (J.Pierre Bonnac, etc.)  je joue un enfant de “mon paternel” qui lui joue un père de retour de captivité avec Mlle Jandel, sa femme     Le Casino, et la salle du Gymnase feront cinéma pendant longtemps.

    En 1949 viendra le Rex, où s'installera l’Écran réolais et son complexe de deux salles.

   
    Le Théâtre des Jeunes, en 1963-65 avait joué en plein air des montages de Jean Pérot, Simone Artins, Guy Rapin, Michel Balans. Sur la place de la Halle, au Cloître, devant le mur de ville des Jacobins. (J. Avadjian, J. Pauly, R. Vanetelle, Jean Virepinte, Pierre Falloux, etc.)
    En 1970, le Théâtre-des-Jeunes de La Réole qui s’est créé à la suite des trois représentations de 1963-65 présentera ses propres productions avec les frères Jacques et Christian Laroque, Max Labadens, Pierre Carasset, Michel Terracher, Jean Virepinte, Oris Braga, sa femme Jacqueline, etc.     Oris et Jacqueline, créeront un atelier café-théâtre à Loubens.
    En 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française le Conseil Général subventionne une pièce écrite par un bordelais vivant : Max-Henry Gonthié pour évoquer la Révolution française par la troupe du Petit Atelier de Bordeaux. Les réolais étaient invités à faire de la figuration en costume à l'Amicale Laïque. La scénographie et la mise-en-scène des 40 acteurs sont assurés par Michel Balans.     Cette pièce fut jouée au château de Cazeneuve à Préchac, en plein air, et dans la cour de l'Hôtel Saige à Bordeaux 
    De 1985 à 1995, un professeur de lettres du Collège, Paul Esquinance, fait des mise en scène d'abord avec la création de l'Atelier-Théâtre des élèves (1985), puis de la Troupe Adulte du Collège (1986), de la Compagnie iCoragi (1991), du festival VivaCité (1993).
    Après la disparition prématurée de Paul Esquinance en 1995, Daniel Cazenave-Gassiot prend en charge la troupe d'iCoragi, puis le festival VivaCité avec l'aide de Bernard Lasserre et Bernadette CousinClaudine Vern créé la troupe iCoragi Juniors pour les lycéens et étudiants.
La troupe iCoragi n'a jamais demandé de subventions, mais a toujours bénéficié de l'aide des Services Techniques de la ville de La Réole. 
Le collège de La Réole porte désormais le nom de 
Paul Esquinance.
    De cette troupe amateur sortira Frédéric Vern, qui créera en 2001 avec des camarades la Compagnie professionnelle, L’Aurore, un temps basée à Lamothe-Landerron, où l’association La Grange a accueilli pendant des années des résidences artistiques, stages, ateliers et spectacles. L’Aurore a créé La Fabrique, école de théâtre. 
     Vivacité, présente plusieurs productions. Ils joueront avec le théâtre de la ville jumelée, italienne : Sacile, la pièce de Goldoni : « Barouffe a Cogghia ».
    On y rencontre : Michel Collin, Olivier Bayle-Videau, Bernard Lasserre, Isabelle Maille, Frédéric Vern, d’autres. En 2010 ils montent : Le Malade Imaginaire  mis-en-scène par Jean Louis Vern.
Vivacité bénéficie du label Scènes d'été en Gironde. 

    En 2000, une strasbourgeoise, la fille d’un architecte réolais, conseiller municipal, Antonia de Rendinger, joue avec succès les humoristes solos à Paris. Sous le nom d'Antonia.

    Les grands cirques ne tournent plus. Finies les parades de Pinder, de Bouglione dans les rues réolaises.

    Le Conseil Général de la Gironde installe à la Réole (dans l’ancienne usine de caoutchouc, rue des Menuts) une antenne de l’IDDAC (structure culturelle du Conseil Départemental) avec du matériel scénographique de prêt.


    La danse avec Art et Santé, en 1938-39 présente des spectacles au Cloître.     En 1946 Marcelle Larrieu fait danser les adolescentes avec le Cours complémentaire de filles.

    Le groupe  Lous Réoulès, infatigable, danse les rondes du folklore depuis 1927.     Dans les années 70 des Écoles de danse (Arrouays-Hass) présentent leurs galas à l’Amicale.
    Au 21e siècle, l'École de danse “Élodie-St-Martin” présente son travail au Prieuré.  Aujourd’hui « A corps-danse » présente son gala aux Bénédictins. Ses cours se donnent au Studio-Lévite. 

    Une agence de spectacles, rue Jean Moulin, les Givrés-du-Plumeau, fédère le spectacle vivant.  

    Maintenant les mairies, les Communautés de Communes subventionnent davantage la culture et apportent leur soutien financier au théâtre amateur et pro. de la ville et autres activités artistiques.  

    En 2002, le Conseil Départemental de la Gironde lance chaque été un programme de spectacles itinérants : Scènes d'été.
    Certains passent par La Réole, en plein air ou à la salle de l'Amicale Laïque. Cela dure jusqu'en 2021.   

    Des spectacles équestres se présentent dans l’église et devant le porche ou au pied du château. Les jardins de l’Espace Jean-Bosco accueillent des groupes de théâtre de rue, de danse et de musique électro. 

    Durant l’été 2021, ”Chemin-des-Arts” (soutenu par la mairie) invite un spectacle parisien sur « Jeanne d’Arc » par les « Ateliers-d’Amélie ». Spectacle professionnel. 


    Dans les années 2020 la pratique théâtrale amateur (et professionnelle) se dilue dans l’air du temps. Des scolaires s’y frottent timidement. La décentralisation a fait long feu. Le Conseil Départemental apporte son aide avec les ”Scènes d’été” qui coordonne entre les productions et les communes.      Mais la flambée des années 40 / 90 s’éteint doucement. D’autres activités apparaissent, timides, orientées marionnettes ou images projetées. Les publics se dispersent. Les Pouvoirs publics aident un navire qui coule. La société mute.  

Les divertissements se multiplient sous des formes différentes et variées. L’éducation n’est pas sûre d’y trouver toujours son compte. 

Avec patience, les comédies et les comédiens attendent en coulisse. . . 




    Cité remarquable, avec courage et ténacité, La Réole reste une terre d’artistes.

    Au fil du temps femmes et hommes ont partagés leur art inspirés par la garonne 

et les pierres ouvragées.

    Ville d’art et d'histoire, elle offre au futur matières à créer encore.


Michel Balans (2021)

Jean Louis Vern (Paul Esquinance et successeurs)


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